Quand deux licornes se rencontrent (Ksenia & Lana)

Ksenia ∞ Lana

Est-ce que les Mashmallows me donnent envie de dormir ? Non pas vraiment. Ca me remplie le ventre, mine de rien, ça a beau être léger, le sucre cale bien, mais ça ne me donne pas envie de dormir, au contraire, plus je mange du sucre et plus je deviens une pile électrique. Quand j'étais gamine, mes parents me limitaient ma consommation de sucrerie sinon je devenais ingérable, les pauvres. D'une certaine façon, heureusement qu'ils n'ont eu qu'une seule enfant, 4 des comme moi et mes parents nous auraient abandonnés dans la forêt j'en suis sûre. Bon à ce qu'il paraitrait, on se calme quand même un peu quand d'autres enfants naissent dans une famille, mais je dois bien reconnaître que je ne le sais pas, je n'ai jamais eu la chance de vérifier cette théorie. « Ah non moi le sucre ça m'excite, j'ai de l'énergie à revendre et je suis ingérable. » Lui dis-je en riant de bon coeur. C'était amusant de constater qu'on était tous vraiment différent et que certaines choses agissent différemment sur nous selon notre organisme. Je trouvais la nature tellement bien faite qu'elle m'épatait de jour en jour. Je pris mon menton dans ma main pour réfléchir à ce qu'elle venait de me dire. Si les deux adversaires sont atteints de la même anomalie, en effet ça change totalement la donne. Si chacun tourne dans un sens opposé, il ne se rencontrerait qu'une seule fois dans le tour, du coup en effet ça n'avancerait pas bien vite ce duel. « Et si on prend en compte les pauses, parce que tourner sur soi, c'est fatiguant quand même, ce duel ne se terminerait jamais au final, sauf peut-être par forfait, parce que là sincèrement, au bout d'un moment, tu en as marre je pense ... » Dis-je d'un ton très sérieux, comme si nous discutions d'une théorie révolutionnaire qui allait changer la face du monde.

Elle avait malheureusement raison, un climat pesant c'était abattu sur la ville récemment. Les gens avaient peur, ils craignaient un malheur sans même savoir à quoi il pouvait ressembler. Et je crois que c'était certainement ça le pire, avoir peur de l'inconnu. On sait qu'un malheur va se produire, mais on ignore quand il va se produire, ni même sous quelle forme. Pourtant Bray restait Bray à mes yeux. J'avais envie d'oublier immédiatement tout ce qui s'était produit jusqu'à présent, non pas par manque de respect pour les victimes mais parce que justement, j'étais persuadée que ce n'était pas leur rendre hommage de voir Bray comme un champ de bataille, mais plutôt comme la ville que nous avons toujours connue. Parce qu'au fond, ce n'est pas Bray qui a changé, ce sont les gens à l'intérieur qui ne sont plus les mêmes.  « C'est justement ça le problème, les gens ne voient plus Bray comme une ville paisible où il fait bon de vivre, mais comme le théâtre d'horreur sans nom. Mais la ville en elle-même n'a pas changé, ce sont certaines habitants qui sont responsables de notre malheur et pas Bray elle-même. Je refuse de les laisser remporter cette victoire. Je veux que les gens retrouvent la joie de vivre ici et l'envie d'y rester pour fonder une famille, pour offrir les mêmes souvenirs à leurs enfants que ceux qu'ils ont eu durant leur enfance. » Oui je suis idéaliste, peut-être trop, je veux bien l'admettre, mais les gens sont tellement pessimistes qu'il faut bien des gens comme moi pour contrebalancer cette négativité. Je suis persuadée qu'une ville est à l'image de ses habitants. S'ils ont peur, alors elle sera effrayante. Je veux changer les mentalités afin qu'elle ne soit plus effrayante, mais agréable et belle, comme elle l'a toujours été.

Ksenia était volontaire pour venir nous aider à vendre des cupcakes et essayer de changer les choses et j'en étais la plus heureuse du monde. Il m'en faut peu, je veux bien l'admettre mais c'est plutôt une bonne chose, au moins je ne coûte pas cher. Elle sortie un carnet sur lequel elle inscrivit son numéro. Je la vis hésiter, ce qui était normal si elle était ici depuis peu de temps. Il faut toujours un temps d'adaptation pour mémoriser son numéro de téléphone. Je la regardais en souriante, compréhensible et j'attrapais le papier quand elle me le tendit. « Merci, je te contacterais pour te tenir au courant alors. » Elle me parla ensuite de la ville où elle a grandit. Je ne connais absolument pas le nom mais c'est normal, en dehors de Kiev, je ne connais strictement rien à l'Ukraine. Sa vie avait l'air tellement intéressante que j'aurais pu passer des heures à l'écouter parler. Malheureusement l'alarme de mon téléphone me rappela à l'ordre. Me connaissant, si je ne me mets pas une alarme pour me rappeler que j'ai un rendez-vous chez une cliente pou des essayages de sous-vêtements, j'oublie. Je l'ai déjà fais par le passé, du coup il vaut mieux que j'évite que ça se reproduise trop sinon je vais perdre ma clientèle. C'est ma mère qui m'a donné l'astuce et elle est plutôt efficace. Là, encore une fois, sans cette alarme j'aurais passé le reste de ma journée à discuter avec Ksenia, oubliant totalement ma cliente. Elle m'aurait certainement appelé mais ça aurait fait mauvais genre quand même. Je sursautais légèrement, comme à chaque fois, et j'arrêtais l'alarme. « Je suis désolée, je vais devoir t'abandonner, je dois aller travailler. Je suis vendeuse de sous-vêtements à domicile et j'ai une cliente à aller voir dans une heure. Il faut que je rentre récupérer mes affaires ... Mais ça a été un véritable plaisir de te parler et j'aimerais beaucoup que l'on prenne un café un de ses 4 si ça te dis ... » Lui dis-je en lui offrant mon plus beau sourire. Nous serions forcément amené à se revoir si elle venait vraiment nous aider à vendre des cupcakes pour notre collecte mais si on pouvait se voir en dehors, ce serait encore mieux. Après sa réponse, je la saluais et attrapa mes affaires pour m'en aller. Quelqu'un allait venir me remplacer, en attendant une de mes collègues était encore sur le stand pour tenir le fort. Le sourire aux lèvres et le coeur léger, je repartis chez moi aux anges, contente d'avoir fait une nouvelle rencontre et j'en étais persuadée, heureuse de m'être fait une nouvelle amie.