Quand une partie de chasse dégénère... (Sayanel & Sasha)

Toute cette histoire part en cacahuète. J'imagine que c'est normal. En fait je n'en ai aucune idée, je n'ai pas de grandes expériences dans le domaine mais je ne vois pas comment ça pourrait être différent. C'est vrai, on traque des gens, au début tu as le droit à l'effet de surprise mais après, ce n'est plus le cas. Je me doute bien que les gens n'attendent pas gentiment de se prendre une balle en pleine tête, ils réagissent. Moi je réagirais personnellement. Bon, pas comme eux, mais je ferais un truc je crois. Wouhai, je suis même sûre que je me plaquerais au sol et je pleurerais toutes les larmes de mon corps. Y'a mieux comme réaction et surtout plus utile, je vous l'accorde mais je n'ai jamais prétendu être quelqu'un de courageux. Peut-être que je partirais en courant dans l'autre sens, c'est aussi une possibilité. Il y a aussi moyen que je reste stupide et interdite pendant un moment. Enfin tout sauf attaquer. Je me connais, je suis une trouillarde, je n'attaquerai jamais, je pourrais être blessée, voir pire. Non, la fuite c'est mon crédo. C'est à se demander ce que je fous ici en vrai. Je ne suis pas faite pour chasser des gens, je me voile la face, c'est certain. Et c'est maintenant que c'est trop tard que je m'en rends compte, un vrai boulet. Demain ça sera oublié et je serais repartie sur mon idée de vengeance, mais en cet instant, je suis très clairvoyante. Comme quoi, j'oublie très vite les bonnes idées mais les mauvaises restent longtemps.

En attendant, il faut que je me concentre. La fille que j'ai tenté de viser vient de partir en courant et je l'ai totalement raté. Le mec qu'a visé Sayanel et qui vient de se transformer lui saute dessus. Mon coeur rate un battement. Qu'est-ce que je fais ? Je n'ai pas le temps de réagir que Sayanel sort son couteau pour le blesser, le forçant, visiblement à lui faire retrouver sa forme humaine. Qu'est-ce que je fais ? Je vais l'aider ou je cours après la bonne femme ? J'hésite quelques instants avant de choisir de suivre la femme. Sayanel est un grand garçon, il n'a pas besoin de mon aide. Et puis que voulez-vous que je fasse ? Que je lui tire dessus ? Je risque de shooter mon mentor et là je serais dans la merde. Ne tentons pas le diable et faisons lui confiance. Je m'empresse donc de courir après la femme, sans trop savoir où ça va me mener. C'est une très mauvaise idée, c'est certain mais que voulez-vous, je ne vais pas rester les bras croisés, laissant tout le boulot à Sayanel.

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La situation est en train de dégénérer complètement, c’est un fait. Mais pour être totalement honnête avec moi-même, c’est un peu ce que je préfère dans les bastons. Bon, certes, de manière générale j’essaie de m’entourer d’au minimum UN bon chasseur et pas une novice, ou alors on me donne pas une mission de 2vs4, mais disons qu’hormis ces détails là, je suis plutôt content de faire couler du sang. Pourvu que le mien coule le moins possible, et on aura là un bon entraînement pour la petite, si elle finit pas par mourir. Elle a plutôt de la chance, en réalité, puisque sa cible est plus encline à se barrer en courant qu’à la combattre. Je préfère ça plutôt que l’inverse, si elle s’était retrouvée face à l’homme, sans doute n’aurait-elle pas eu les réflexes nécessaires pour sauver sa peau. Tandisqu’avec mon expérience, je vais peut-être perdre un bras mais m’en sortir vivant. Pas beaucoup plus réconfortant, je l’accorde, mais c’est mieux que rien. Je profite du fait que l’homme est légèrement sonné pour regarder du côté de Sasha lorsque j’entends un coup tiré par son arme. J’aurais pu m’attendre à ce que la femme ait retourné son propre flingue contre elle pour l’abattre, mais fort heureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé, et je vois la métamorphe ralentir drastiquement l’allure avant de reprendre sa course. “ Nice shot!” C’est à peu près tout ce que je peux en dire avant que l’homme se jette de nouveau sur moi.

Je ne suis pas spécialement à l’aise avec l’homme nu qui me saute dessus, tentant, de ses mains, d’atteindre ma gorge. Déjà parce que vu de l’extérieur, ça doit être le combat le plus étrange du monde et ensuite parce que je pourrais très bien tenter de le castrer avec mon couteau déjà couvert de sang, mais que je trouve pas ça honnête - et que très honnêtement, j’ai l’impression que si je fais ça, je vais le sentir par procuration et ça me fait pas plaisir. De toute manière, l’ours n’est pas si con, puisqu’en me sautant de nouveau dessus il m’a bloqué la main qui tenait le couteau. La bonne nouvelle, c’est que c’est un homme. D’une forte carrure, certes, mais un homme tout de même et non l’animal qu’il y avait auparavant. Je grogne un peu alors que je lui donne un coup de poing. Il encaisse le coup, presque sans broncher, tout son corps se déplaçant pour lui permettre d’accéder plus facilement à ma gorge. Désespéré comme il est, je suis quasiment sûr qu’il pourrait m’attaquer avec les dents si ça lui permettait de me buter, aussi je me débats comme un forcené.

HASARD

1 - Sayanel finit par récupérer son bras et en profite pour ouvrir en deux l’homme dans le sens de la longueur.
2 - Sayanel finit par récupérer son bras et en profite pour tenter de cisailler l’homme. Il le touche de nouveau et celui ci s’éloigne en rampant. Il ne reste plus qu’à le finir.
3 - A force de coups de poings, Say réussit à envoyer l’homme valser de nouveau, mais celui-ci, au lieu de réattaquer, part en courant vers la femme, malgré sa blessure (et donc vers Sasha)
4 - A force de coups de poings, Say réussit à envoyer l’homme valser de nouveau mais celui-ci, au lieu de réattaquer, part en courant pour sauter sur Sasha.
5 - L’homme finit par atteindre la gorge de Say et tente de l’étrangler. HELP

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Je ne sais pas trop ce qu’il faut faire dans ce genre de cas. Tu as la théorie et puis loin derrière tu as la pratique. C’est jamais la même chose, à croire qu’on se fout de notre gueule en nous parlant de cas théoriques qu’on ne verra jamais dans la vraie vie. J’imagine qu’ils partent du principe que notre instinct prendra le dessus en cas de problème, mais faut-il encore avoir un instinct. Je ne suis pas sûre d’en avoir un en vrai, sauf peut-être l’instinct de me barrer très loin. Mais vu que je dois aussi avoir une sorte d’instinct un peu stupide de faire des choses suicidaire, c’est à celui qui gagnera le plus de terrain. Là c’est plutôt mon côté suicidaire qui a pris le dessus. Au lieu de rester gentiment vers Sayanel en mode “C’est toi le prof, tu te démerdes”, je pars en courant après une métamorphe, sans savoir ce qui allait m’arriver. Il y a quand même une chance sur deux que se sentant prise à la gorge, elle fasse volte face et me saute dessus. On ne va pas se mentir mais j’ignore si j’aurai le réflexe de me défendre si ça devait arriver. Pourtant je cours, en essayant de gagner du terrain sur elle. Je ne suis pas bien épaisse donc en théorie je devrais courir plus ou moins vite mais la vérité c’est que je ne suis pas sportive du tout. On voit dans les films les gens courir sans presque être essoufflé pendant des kilomètres, moi au bout de 3 mètres j’ai l’impression de laisser un poumon derrière moi. Elle va courir longtemps la madame ? Limite j’ai envie de lui crier “STOP” ou “POUCE” ou “TEMPS MORT” rien que pour me laisser reprendre mon souffle. Mais je doute qu’elle soit très coopérative.

Je finis par m’arrêter, par respirer un bon coup et par tirer. Contre toute attente, mon tir est plutôt bien cadré et je la touche. Même moi j’en reviens pas. J’entends Sayanel me féliciter et je ne peux nier que je suis assez fière. Ca aurait été la lose si je m’étais plantée, même si ça aurait été totalement plausible dans mon cas. Entendre Sayanel me répondre me rassure un peu inconsciemment. C’est vrai, s’il prend la peine de me dire que c’est un joli tir ça signifie qu’il n’est pas en si mauvaise posture que ça …. si ? Moi si j’étais vraiment dans la merde, joli tir ou pas, je m’en carre complètement. J’essaye de ne penser à rien d’autre qu’à cette femme. J’essaye même pas de me dire que c’est une femme d’ailleurs, juste que c’est une cible à éliminer. Et pour le moment ça marche. Elle est touchée mais elle peut encore courir, mais fort heureusement, plus aussi vite qu’au début. Cela me permet de gagner du terrain. Je suis partagée entre une certaine fierté d’avoir pu la ralentir et l’idée que je vais devoir mettre fin à ses jours. Ne pense pas à ça Sasha ! Ne pense à rien d’autre qu’à viser et tirer. Ne pense pas aux conséquences que ça aura….

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J’ai cru que j’allais y passer. Mais c’est toujours dans ce genre de situations, que l’adrénaline atteint un sommet, que je me sens le mieux. Parce qu’y a pas les barrières de la vie en société, y a pas les conneries d’histoires de famille, de Lisbeth qui revient, de Gadreel qui me mène la vie dure. Non, là y a que moi et ma cible, et c’est le premier qui lâche qui a perdu. J’attrape mon couteau au dernier moment. J’étais à deux doigts de me faire lacérer, et pourtant. Je le lui plante dans le ventre pour remonter le long de son torse. S’il n’est pas mort sur le coup, il a bien souffert pendant la seconde pendant laquelle il était encore conscient. Son visage à quelques centimètres du mien à peine, je vois la dernière lueur de vie s’éteindre. Je devrais pas aimer ça autant, mais je me sens victorieux, j’aurais presque envie de rire. De toutes mes forces, je pousse le corps inerte de l’homme, désormais poids mort qui m’était tombé dessus. Je suis couvert de sang, mes mains sont rouges, mais bien heureusement, il n’y en a pas des masses qui soit le mien. Je mets un petit moment à me relever. La fin du combat, quelque peu intense, m’a un peu assommé. Mais je finis par reprendre appui sur mes deux jambes. De là, je peux observer le cadavre de la mère, et Sasha, son flingue toujours pointé, comme si elle ne revenait pas encore d’avoir réussi son coup.

” Wow. Pas si inutile que ça, finalement, hein?” Je sais pas vraiment si elle le prendra comme un compliment ou pas. Après tout, y a des choses que j’ai appris à oublier, avec l’éducation d’un chasseur. Je ne me rappelle pas ma première victime, la première que j’ai tuée. Je me souviens pourtant le premier humain. ça a beau avoir été en temps de guerre, j’en fais encore des cauchemars. Et si je me protège en considérant que les métamorphes sont loin d’être humains, elle ne pense sûrement pas la même chose. “ ça va aller? Il faut toujours qu’on retrouve la dernière. Je peux aller en avant si tu veux, elle ne doit pas être bien loin.” Je ne sais pas si elle me suit ou pas, mais je commence à partir. Je suis des traces qui partaient du campement. Avec le bruit, elle ne reviendra sans doute pas là, si elle a le moindre sens de réflexion.

Je finis par arriver dans une clairière. C’est là que les pas s’arrêtent. Je regarde autour de moi, mais je ne vois rien d’autre que des fourrés et le soleil qui baisse. “ Sors de là, c’est terminé.” Aucune réponse. Mais au bout de quelques secondes, alors que je vais pour faire demi-tour, je sens quelque chose me sauter sur le dos. C’est l’adolescente.

1 - Sayanel arrive à balancer la gamine à l’autre bout de la clairière et la tient en joue.
2 - Sayanel tombe au sol et s’ensuit une lutte d’un temps indéfini, personne ne semble avoir le dessus sur l'autre.
3 - Pris par surprise, Sayanel lâche son flingue et la gosse le récupère, elle le tient en joue mais ne tire pas.
4 - Pris par surprise, Sayanel lâche son flingue et la gosse le récupère, elle lui tire dans le bras.
5 - Pris par surprise, Sayanel lâche son flingue et la gosse le récupère, elle lui tire dans la jambe.

Je n’ai pas pensé. Je me suis contentée d’armer mon bras une seconde fois et de tirer. Penser à rien, juste à la cible qu’il faut atteindre, juste penser au tir, rien qu’au tir, oublier les conséquences qui vont s’en suivre. Et ce fut une réelle réussite. Sans que je sache vraiment comment j’ai réussi, la femme devant moi s’écroule sur le sol, morte. Et sur le coup, je reste sans voix d’avoir réussi mon coup. Je ne réalise pas tout de suite que j’ai mis fin volontairement à une vie. Je viens de tuer quelqu’un. Non, pour le moment, je ne suis focalisée que sur mon tir réussi. Je ne suis finalement pas aussi incompétente que je ne le pensais. J’ai réussi à abattre ma cible, j’ai enfin réussi quelque chose de mes 10 doigts. J’entends Sayanel à proximité, me féliciter pour mon tir. Je me sens fière. C’est con à dire, mais que mon mentor puisse ne pas me trouver si inutile que ça, ça me fait quelque chose. J’esquisse même un sourire de fierté. Wouhai, je ne suis pas si inutile que ça. Je fais un pas vers ma cible, puis un second et lentement, j’anéantie l’écart qu’il y a entre nous. Et ce n’est même pas à ce moment là que je réalise, mais quand Sayanel me demande si ça va. Mon cerveau ne comprends pas cette question, jusqu’à ce que mon regard se pose sur celui sans vie de la personne gisant à mes pieds. Et là tout prend son sens. La réalité vient de me frapper de plein fouet. Adieu frénésie du moment et bonjour angoisse et remord. Je viens de mettre fin à la vie d’une femme.

Je reste là, immobile, incapable de dire quoi que ce soit. Sayanel parle de la dernière survivante de ce massacre. Mon regard remonte vers lui et je le vois tâché de sang et je sens mon estomac se contracter. Je m’éloigne d’un pas avant de rendre son contenu. Nous sommes des meurtriers. Avant j’étais une victime, maintenant je suis une criminelle. J’en ai déjà fait des conneries dans ma vie, des actes criminels sans grande conséquence tel que des vols ou de la vente de drogue, mais jamais de meurtre. Et là c’est clairement ça. On ne peut pas parler de légitime défense, puisqu’on est venu ici sciemment pour les tuer. Pourtant je sais que ce sont des monstres, on n’arrête pas de me le dire. Et le souvenir des corps presque non reconnaissable de mon oncle et ma tante confirment cet avis. Mais pourtant, le corps qui gie devant moi à l’air parfaitement humain. J’ai un hoquet de désespoir et je sens ma vue se brouiller. Qu’est-ce que j’ai fait bordel ? Pourtant je n’ai pas le temps de m'appesantir sur ma vie de merde car j’entends du grabuge un peu plus loin. Je crois qu’il a retrouvé notre dernière victime. Sans trop réfléchir et mue par la panique, je cours dans la direction du bruit et tombe sur Sayanel au prise avec l’adolescente. Je ne peux pas me servir de mon arme sans risquer de blesser mon mentor, alors j’attrape un bout de bois à proximité et je me précipite vers eux, les larmes toujours ruisselant sur mes joues.

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