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 (basil) welcome to my cage, little lover

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welcome to my cage, little lover
basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
Cela se termine et il ne saurait dire s’il était ravi ou bien inquiet. Kochtcheï éprouvait non sans mal une certaine satisfaction de ce petit jeu entre eux. Mais plus les secondes avançaient, plus il avait l’impression que cela se retournait contre lui. Pourtant, il n’éprouvait aucune stupeur. Il savait que cela arriverait, il a pris en compte ce paramètre dans ses calculs. Maintenant, ce qu’il devait faire, c’est de ne pas se laisser déborder par les émotions. Pas comme cette nuit où il avait été plus que démuni. Ses caresses sur le dos de son chat deviennent moins tendres, plus distraites tandis qu’il écoutait la voix qui émanait de son téléphone. Sans était un très bon antistress, il devrait lui demander de venir sur ses genoux plus souvents. Ses ronronnements incessants l’apaisaient autant qu’une bonne dose de crack, et Kochtcheï ne savait même pas pourquoi. Il avait beau avoir décroché, il n’avait pas promis de parler. Alors, il écoutait. Il écoutait parce que c’est tout ce qu’il pouvait faire pour le moment. Parce que même avec toute la bonne volonté du monde, son propre corps refusait de lui répondre. Il était paralysé par un sentiment qu’il reniait en permanence : la peur. L’angoisse de cette nuit le hantait toujours. Toutes les absinthes et toutes les drogues du monde n’avaient pas suffit pour le faire oublier. Si ses yeux n’étaient pas desséchés, une larme aurait coulé pendant cet instant de latence. L’entendre suffisait à lui donner une impression d’invasion et il en frissonnait. A tel point que ses doigts ne l’écoutaient même plus et faisaient n’importe quoi. Ils froissaient sa feuille fine, ils tremblaient et ce n’était pas le manque. Cela ne pouvait pas être le manque avec tout ce qu’il s’était enfilé ces derniers jours.  
Puis Kochtcheï se fit violence. Pour bouger et pour prendre ce téléphone afin de lui répondre. Qu’espérait-il franchement ? Venant d’un esprit pareil, il n’était pas sûr de vouloir la réponse. Il préférait l’éviter, l’esquiver et enchainer sur le sujet. C’est pour ça qu’il l’appelait, non ? Pour avoir des indices menant à une solution. Le slave se mit à parler, marquant tout juste la ponctuation de ses phrases à cause de la monotonie de sa voix. Il ne cherchait pas à retenir son accent de l’est, il n’avait pas envie de faire des efforts pour lui. Même pour se faire comprendre. Le seul petit point exotique de sa voix fût ce surnom qu’il lui avait donné. Doc, plus court que Docteur, plus familier. Peut-être un indice sur ses vraies envies, celles qui le poussaient à jouer avec lui et à fermer les yeux sur ce qui s’était passé. Parce qu’en toute sincérité, il avait toujours cette curiosité dévorante. Cette nuit-là, avant la déchéance, avant l’humiliation et après l’ultime entrée, il l’avait laissé partagé sa passion. Quelques traces sont encore là, de cette envie de connaître, d’apprendre et d’écouter. Il s’efforçait simplement de les ignorer.

Et sa voix toujours aussi calme, mais plus ferme, qui lui donne un ordre clair  et net : pas d’obstacle entre eux. Pas le droit de faire intervenir qui que ce soit. Kochtcheï frissonne, déglutit et espère. Il souhaite que ses intuitions sont fausses. Que l’idée d’avoir embarquer Rory dans cette histoire sordide s’efface. Il ne pouvait pas, il l’embêtait déjà suffisamment avec son grand frère. Pendant quelques secondes, il flanche, il vacille, il est terrorisé, il angoisse. Le brun glisse sa main sur son cou pour prendre son poul, il s’accélère et il sent que ça revient. Que ça recommence, cette crise de peur qui paralyse tout, autant ses cordes vocales que ses gestes. Il se donne un coup de fouet mental, il doit faire comme si de rien était. Sa voix devient moins terne malgré ses efforts pour la maintenir ainsi, elle est plus vivante. Et il répond après un petit moment d’absence. “Sauf que c’est mon jeu, et donc mes règles. Il va falloir t’en tenir à ça. Je ne veux pas te voir, mais je n’oublie pas ce que je te dois. L’intermédiaire, comme tu dis, ne sait rien. Absolument rien. Tu es officiellement un ami à ses yeux, tu ne voudrais pas que cela change ?” Il ment à son meilleur ami, mais se montre honnête avec son ennemi. Mon dieu, mais est-il fou ? Aucune idée, il se contente de prendre les choses telles qu’elles sont. Son avocat n’aurait jamais accepté de faire son coursier s’il ne l’avait pas préalablement rassuré en disant du bien d’Egerton. Et Dieu sait que ça n’a pas été évident pour Kochtcheï. Il ne serait même pas surpris que bébé McCormick ait senti son mensonge à trois kilomètres.

Plutôt que de continuer dans sa justification -notamment inutile, mais bon passons-, il s’était plutôt attardé à continuer ce petit jeu. Cela commençait à devenir fatiguant, pour l’un comme pour l’autre, alors autant offrir une voie royale vers la fin… Pour mieux le laisser se vautrer. Il se retenait de ricaner, mais le pauvre, s’il savait. S’il savait à quel point le slave venait de le rouler et le bercer de faux-espoir. Il faut être suicidaire pour chercher le fossoyeur après ce qu’il lui avait fait subir. Mais ça tombe bien, il l’est un peu. Alors Kochtcheï continue de l’écouter et de partager ses suppositions. Il lui laisse le temps de finir ses deux hypothèses tout en griffonnant à son tour sur sa carte. Les cercles entourant la forêt et le planétarium venaient d’être barrés. Il ne restait plus que la rue d’Egerton. Or, s’il avait trouvé tous les numéros, pourquoi ne le rayait-il pas ? Shura laisse un léger ricanement s’échapper enfin. Trop, c’est trop, il n’arrive pas à se retenir. Il est satisfait pour lui d’avoir trouver le dernier chapitre de cette histoire, mais il manque encore la dernière page. Le slave avait repris son téléphone en main, prenant la parole après avoir calmé sa quinte de toux dû au mélange rire + fumée. “Je suis parfaitement logique. Mais je ne m'arrête pas que sur la science. Je prend absolument tout. Toutes les réponses possibles, même les plus fantasmagoriques, je les prends en compte. Seulement, je me doutais que tu allais chercher compliqué, alors j’ai fais au plus simple et au plus incohérent pour t’embrouiller.” Avait-il commencé pour se défendre. Il avait pris une pause pour prendre une bouffée de son poison, puis il reprit : “Concernant le zéro, je suis allé au-delà de sa définition mathématique -bien que la nullité est représentée par un zéro pointé. Je ne t’apprend rien, ce n’est pas moi qui est fait les grandes écoles. Cependant, c’est à sa forme écrite que tu devais t’intéresser. C’est un cercle, pas un point pour commencer. Une ligne qui revient à son commencement. La confusion vient des mots qui désignent sa fonction. Nul, son chemin s’annule en revenant à son point de départ. Ce qui fait de lui rien, et vide de sens. Cohérent pour les chercheurs qui ne savaient pas quel valeur donner au vide, au néant. Même la numérologie ne sait pas quoi lui donner comme sens, ni comment l'interpréter. Mais la numérologie n’aime pas non plus le vide, alors elle a pris un autre point de vue. Si le zéro est le cercle, l’éternelle continuité qui tourne encore et encore sur elle-même sans savoir arrêter telle une matrice, la logique de l’utopiste toujours en quête d'idéal veut que cela soit un nombre parfait. De rien, on obtient alors tout. Soit l’omniscience et il n’y a qu’un être qui la possède. C’est pour ça que le chiffre zéro est associé aussi au divin. Pas seul, il prend tout son sens accompagné d’un autre chiffre. Les indiens -car je ne t’apprendrais rien en te disant que c’est à eux que l’on doit notre actuelle utilisation du zéro- le voyaient comme un pont vers la voûte céleste. D’où leur représentation en forme d’oeuf car c’est ce qui contient la vie et qu’une femme enceinte, c’est vraiment trop chiant à dessiner. Messager parce qu’il avait la fonction de mule divine pour transmettre la volonté de Dieu. Une volonté qui s’interprète avec l'autre chiffre qui l'accompagne.”

Il voulait une réponse, des éclaircissements, les voici. Mais il a fallu que Kochtcheï s’arrête parce qu’il n’avait jamais autant déblatéré ce qui se passe dans son esprit à voix-haute. Et ça lui assèche la gorge nom de dieu ! Ça serait tellement plus simple et moins fatiguant de pouvoir transmettre ses pensées. Il avait pris une gorgée de vodka avant de finir. “Quand au huit, ouai, c’est une blague par contre. J’avais plus de courage en stock. T’as tous les chiffres, ça y est. Il y a deux zéro dans la combinaison: un en deuxième, et un en troisième. J’pense qu’arrivé à ce stade, t’as pigé que j’ai pas choisi les chiffres au hasard non plus. Mais bon, sait-on jamais, alors le huit est en cinquième.” Est-ce que c’est vraiment fini ? Non. Non, c’était beaucoup trop simple comme combinaison. Kochtcheï s’était allongé sur son canapé après cet effort monumental. Il avait pris son téléphone pour le poser sur lui, pas trop loin de sa bouche et il avait repris avec un petit sourire. Le genre de petit sourire malin qui apparaît sur son visage quand il réussi son coup. “Encore une chose, je ne laisse rien au hasard et tu es très loin de savoir comment je fonctionne. Mais je vais te donner un petit indice, voir deux : je mens. Un cinquième lettre est cachée chez toi. Je pense qu’on a passé le stade des politesses depuis un petit moment toi et moi donc tu ne me tiendras pas rigueur que j’entre chez-toi sans ta permission.” Une fois sa phrase finie, Kochtcheï avait raccroché. Il en avait déjà trop dit et un peu plus, il allait lui servir la solution sur un plateau d’argent. Quoi que, quand on sait qu’il a caché cette dernière lettre quelque part dans la cuisine, cette métaphore n’est pas totalement fausse. Et puis, s'il tentait de l'ouvrir sans, ça ne fonctionnera pas.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière

V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

Welcome to my cage, little lover


Tu avais commencé par cette courte remontrance avant de vous laisser venir à l’essentiel. Le coffre, le coffre dont tu voulais te défaire parce que tu avais des choses autrement plus intéressantes à penser, mais il aurait été trop frustrant de simplement le mettre de côté - d’autant qu’il était ton cadeau d’anniversaire, et ç’aurait été trop impoli de le négliger. Kochtcheï n’apprécie pas la remarque, son jeu ses règles, mais tu te fous bien qu’il ne l’approuve pas. Tu te fous qu’il ne veuille pas te voir, et tu es même prêt à l’accepter, mais tu tiens à ne garder ces petits échanges que pour vous seuls. Presque malgré toi, l’irritation te gagne, et tu ne lui laisses pas le temps de changer de sujet, tu lui réponds d’abord - et quand je dis répondre, la menace y est à peine voilée. « Kochtcheï, mon ami, j’ai fait le choix de ne pas te tuer pour ce que tu as vu mais cet engagement ne vaut pas pour tes intermédiaires. Je n’ai rien contre suivre tes règles, mais tu dois être prêt à en payer le prix. Alors un bon conseil : ne joue pas au con et ne mêle plus tes relations à nos affaires. » Il fallait que le sujet t’irrite beaucoup pour que tu te laisses aller jusqu’à lui faire peser une telle pression - un véritable comportement de pervers narcissique, qui te prenait pour ces rares êtres dignes de ton intérêt. Tu étais plutôt le genre à t’écraser et faire des concessions, à bien vouloir jouer sur les intermédiaires et les relations pour te donner une belle image, mais pour cette fois au moins, pour ce sujet, tu te laissais aller un petit peu trop. Et le ton de ta voix l’avait appuyé à l’excès, commençant avec une sorte de douceur désagréable autour du mot ami, pour tourner à une agressivité froide sur ton dernier conseil. Comptais-tu réellement tuer cet avocat qui n’avait rien demandé et ne savait rien ? Non, bien sûr. Aurais-tu été capable de le faire ? A l’évidence oui, tu ne te souciais ni de sa vie, ni de son bonheur. Cette absence de face à face commençait doucement à te mettre à fleur de peau, et cette drôle de possessivité apparaissait comme une tentative d’exercer ton contrôle sur une situation que tu avais laissé dégénérer en l’épargnant cette nuit.

L’ambiance était pesante, électrique et glaciale, bien que tu la sentais à peine. Tu n’aidais pas, il n’aidait pas non plus, il vous était trop difficile d’agir comme si de rien n’était. Peut-être tes pérégrinations mentales presque ridicules avaient su le dérider au moins un peu, peut-être tes galères de supposition avaient eu don de réchauffer un peu ce contact - ou peut-être et probablement pas, difficile à dire. Tu t’es enquis de bien des choses, tâtonnant le terrain, proposant des solutions. Tu ne t’étais pas attendu à ce qu’il te réponde une telle tirade après tous les silences où il s’était confondu. Il trouve assez réducteur de ne se limiter qu’à la science, et il s’amuse à soulever le temps qu’il t’a fallu pour parvenir à des évidences. Tu ne te vexes pas, tu l’as remarqué, mais tu ne te sens pas diminué pour autant - tu ne vois pas le mal à chercher l’exactitude, quitte à faire de la science presque une secte ou une idéologie. Il t’avait embrouillé, oui, et en même temps, le voilà qui s’expliquait pour t’éviter une longue et insoutenable torture mentale. Il t’explique tous les sens de son zéro : le sens mathématique, le premier t’étant venu à l’esprit naturellement ; la forme du chiffre, le sens métaphorique, des choses que tu es encore apte à comprendre. C’est plutôt lorsqu’il se met à te parler de numérologie qu’il te perd, ces fadaises dont tu te soucies peu, et c’est à peine si tu en tolères l’existence. Du divin et des voûtes célestes, des œufs, des mules, des femmes enceintes. Tu trouves cela absurde et pourtant tu ne dis rien, et tu n’as de cesse de l’écouter, attentif et réfléchissant à toutes ses affirmations pour y trouver un intérêt qui ne vient que difficilement. Tu avais tes éclaircissements au moins, même s’ils étaient un peu frustrants pour ton esprit rationnel - c’était un point de vue valable, et c’était assez bien joué. Et puis, cela te donnait une autre idée, une autre piste pour interpréter Kochtcheï. Cet homme avait plus d’une facette, et si elles n’étaient pas toutes pour toi d’un égal intérêt, tu ne pourrais jamais le connaître si tu en éludais.
Il te donne alors les emplacements de tes derniers chiffres que tu t’empresses de griffonner pour ne pas les perdre. Jusque là, tout était très scolaire et un peu trop net, en dépit de tes quelques lenteurs tout était trop simple à bien y regarder. Tu aurais dû y penser, mais tu pensais surtout à en finir pour être honnête. Mais dans ta lassitude, presque dans ton défaitisme, il sut trouver les mots pour réveiller chez toi une étincelle d’intérêt, une envie de pousser la chose au bout, une envie de t’y plonger entièrement - et c’était d’autant plus frustrant que tu ne pouvais pas te focaliser dessus. Tu es très loin de savoir comment je fonctionne. Je mens. Ces formules avaient trop de valeur. Elles empestaient une sorte de fierté ou d’auto-flatterie, ainsi que l’envie de te mettre en difficulté, mais c’était tout de même le genre d’affirmation qui excitait ta curiosité. Tu voulais savoir, il fallait que tu saches - que tu saches tout de lui, mais que croire ? S’était-il inventé une personnalité ? Toutes ces sortes d’indices inutiles avaient-ils été montés de toute pièce : la métamorphose, l’avocat un peu trop propre sur lui ? Tous ces chiffres étaient-ils dénués de toute utilité ? Qui était Kochtcheï, après tout ? Tu ne savais rien de lui, sinon qu’il était un mystère que tu avais décidé de pourchasser alors que lui-même t’avait déjà pris en chasse. Le chat et la souris, mais difficile de savoir qui de vous était lequel. Et il avait raccroché, pour ne pas arranger son cas.

Il fallait que tu fasses les choses dans l’ordre. Tu réunis donc toutes les pièces - coffre, enveloppes, indices, sur cette table, et positionna chaque chiffe dûment obtenu dans le bon ordre. Tu les avais tous - les six chiffres et leur place, te donnant cette solution : 100285. Tout aurait dû s’arrêter là. La solution était là, elle était là - mais il mentait. Il mentait et la véritable solution, s’il y en avait une, consistait en une ultime enveloppe planquée chez toi. Bien sûr, tu l’aurais cherchée, mais tu n’avais pas envie de répéter le planétarium et fouiller là où il n’y avait rien. Alors tu as d’abord essayé ce code, en sachant pertinemment qu’il ne fonctionnerait pas, mais tu t’en moquais puisque tu avais trois essais. Bien entendu, le code fut refusé, mais tu le savais, bien sûr que tu le savais. Tu n’avais plus qu’à chercher.
Alors tu as cherché, tasse de thé en main, cherchant une logique au lieu qu’il aurait choisi. Forcément tu as commencé par ton sous-sol, parce que tu es un imbécile incapable de comprendre comment fonctionne un traumatisme - comme s’il allait y retourner par plaisir. Mais en même temps, s’il était assez fou pour mettre les pieds chez toi, même en ton absence, n’avais-tu pas tes raisons de le penser ? Mais qu’importe, à force de chercher, tu finis par la trouver, cette dernière enveloppe, dans ta cuisine. J’aime tellement le rouge que j’en rajoute un peu partout. A l’évidence ce n’était pas seulement pour t’aider à choisir le ruban que tu mettrais sur son paquet cadeau en retour - et la couleur des enveloppes jusque là ne pouvait rester anodines. L’enveloppe rouge ? L’enveloppe rouge t’avait mené au chiffre 1, en première position. Un peu partout… Et à bien y regarder, il n’y avait pas de chiffre 9 dans sa combinaison. Tout à fait possible de décaler chaque chiffre d’un cran. Tu entres ce nouveau code : 211396, et cette fois-ci, il entre, et provoque un cliquètement. Tu es heureux d’en avoir fini ? Difficile à dire. C’est toujours difficile à dire.
Tu l’ouvres, ce maudit coffre, impatient de savoir ce qu’il renferme. Des photographies. De simples photographies, mais tu n’as pas de mal à reconnaître le modèle, pour l’avoir dénudé et étudié du regard toute une nuit. Tu reconnais le modèle, mais aussi le photographe. Mais plus important encore - pourquoi pensait-il que ce cadeau te ferait plaisir ? Tu es resté muet devant tout ce désordre, scrutant les photos dans leurs moindres détails. Sirius. Sirius. Sirius. Sirius ne t’avait pas parlé de lui, et il ne t’avait pas parlé de Sirius. C’était donc un hasard ? Un hasard que cet intermédiaire imprévu soit le seul homme auquel tu aurais envisagé de parler de Kochtcheï et de cette fameuse nuit ? Sirius était dans ta poche. Kochtcheï s'était exposé devant lui. Pourquoi te les avait-il envoyé ? Avait-il fait exprès de te les envoyer ? Savait-il que tu en reconnaîtrais la pâte artistique ? Et la métamorphose, et l’avocat, et les constellations, et ce tarot de malheur qui n’avait servi à rien. A présent que tu en avais fini avec ce code à six chiffres, c’était un milliard d’autres questions qui venaient à toi. Il fallait que tu le revois. Que tu lui parles. Il fallait que tu saches, que tu en aies le cœur net. Tu avais des idées, tant d’idées, et pas toutes très honnêtes ni très sages. Tu avais des questions à lui poser, des propositions à lui faire. Mais plus que tout, tu voulais le revoir. Tu laissas un message sur son téléphone, et tu espéras qu’il vienne. Il n’y avait plus rien d’autre à faire sinon attendre. Attendre dans le seul lieu où il vous était possible d'en parler. Ta cave.

AVENGEDINCHAINS
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basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
”On pourra pas dire que tu ne m’avais pas prévenu. J’vais faire de mon mieux.” avait-il dit ce jour-là, lorsque Sirius lui avait donné ses instructions. Pourtant, malgré la gêne bouffante, il n’avait pas rougis. Peut-être parce que le photographe voyeur y était allé en douceur. Année 30, ambiance Jazz, cigarette et bad guy en costume. Un thème qui lui avait convenu -non sans pousser une petite esquisse nerveuse face à la coïncidence en se demandant s’il avait la tête à l’emploi-, et qui l’avait contraint de porter veston, pantalon en tissu, chemise et cravate pour répondre parfaitement au cliché des mafieux bien habillés. Vlasi n’avait jamais été aussi élégant, si pointilleux sur les plies de sa chemise, avec ses cheveux coiffés et rabattus vers l’arrière. Mais ça ne lui avait pas plu, car il avait l’impression de s’habiller comme son père autrefois. Son patriarche faisait partie de ces mafieux qui aimaient faire bonne impression. Heureusement pour lui, cela avait été de courte durée. Car il avait fallu retirer le haut au beau milieu de la nuit, dans une rue aux murs de brique. La fumée de sa cigarette masquait son visage, sous tous les angles. Des poses aguicheuses contre son grès, il ne faisait qu’écouter et exécuter. Sur les premiers clichés, on pouvait lire un léger malaise, une légère tension tandis que ses mains tatouées de petit détail étaient immortalisées en train de défaire la cravate. Puis au fur et à mesure, il s’était détendu. Le menton levé, les yeux embués rivés vers le ciel, son serpent autour du cou mit en évidence et en relief par les nuances monochromes, il souriait. Une blague vaseuse lancée entre deux clics qui l’avait détendu. Pas de cicatrices autour du cou, une prise de vue datant d’avant le petit accident donc, ni de grimace. Quelques unes prises au mauvais moment, montrait Kochtcheï détournant le regard vers ce qui devait être l’entrée de la rue pour vérifier que personne n’arrivait. La chouette en avait profité pour le prendre dans cet élan naturellement méfiant, ponctuant ainsi son côté animal sauvage et toujours en alerte. Un aspect ponctuait par l’absence d’habits. Regrettait-il de les lui avoir envoyées, ces photos ? Non. Car ce n’est pas à la première impression qu’il fallait se fier. Ce n’était pas non plus par volonté de crâner, ou bien de récolter une quelconque attention. Si c’était le cas, il ne serait certainement pas passé par ce moyen. C’était une personne très pudique Kochtcheï, et il devait avoir une idée derrière la tête pour s’être résigner à user de ce genre de procédé.
Il ne regrettait en rien sa façon brutale de lui avoir raccrocher au nez. C’était fini, il devait se faire une raison et trouver une autre occupation. La menace très claire -aussi adoucie avec le mon ami soit-elle- lui trottait en tête, encore et encore. Elle étouffait ses mots, et elle monopolisait ses pensées. Il devait penser à autre chose. Aussi, Kochtcheï avait déposé son portable sur la table-basse, ne serait-ce que pour éloigner l’écran et le nom affiché encore dessus de son regard. Il avait juste eu à tendre le bras et revenir plonger sa main dans le pelage grisâtre de Sans. Ce bougre de chat avait pris ses aises, s’étalant de tout son long sur son ventre au point que son museau s’était coulé dans le cou de son maître. Un maître qui contrebalançait ses craintes montantes par des papouilles à son fidèle ami. Lui, au moins, il ne souhaitait pas sa mort et il ne le menaçait pas. Sauf pour ses croquettes. Un instant de tendresse, un appel silencieux à l’affection de la part du slave brisé par le vibreur de son téléphone portable. Ce fut Sans qui se leva en premier pour aller voir le téléphone puisque Kochtcheï ne semblait pas décidé à le faire. Le chat farceur avait piétiné sur l’écran du téléphone encore sur la messagerie, et il avait envoyé un SMS sans aucun sans. Digne de lui finalement. “Mais qu’est-ce que tu fous ….” grogna le paresseux de russe qui était en pleine rechute de fatigue. Il s’était retourné dans le bon sens de la marche et il voyait de ses propres yeux Sans assit sur son téléphone portable.

Face au ridicule de la scène, Shura n’avait pas pu s’empêcher de ricaner. Sa main remuait faiblement devant le museau du chat pour lui faire signe de déguerpir. “Aller.... Bouges ton royal cul de mon téléphone s’te plait... Mais dégage…” Cet imbécile de chat ne comprenait rien, et il croyait que son maître voulait jouer alors il essayait d’attraper sa main avec sa patte. Il avait fallu un élan un peu plus conséquent pour réussir à le pousser, même si ça lui avait coûté des griffes plantées entre le pouce et l’index. C’était une habitude maintenant, d’où le fait qu’il n’avait pas râler ou pester contre son animal de compagnie. Il avait fini par se rasseoir sur le canapé, les yeux à demi-ouverts, pour lire le message reçu en ignorant le SMS sans aucunes significations qui avait été envoyé à l’instant. Ses yeux s’étaient subitement arrondis en lisant le message reçu, et ses doigts resserrent leur emprise. Putain, mais … Il ne l’avait pas du tout écouté en faites ! Il ne voulait pas le voir, il ne savait pas comment faire plus clair que ça. Des propositions à faire ? Qu’est-ce qu’il avait trop dit ? Son teint pâlissait  au fur et à mesure que des films se déroulaient dans sa tête. Il espérait que ce qu’il avait dit en trop ne concernait pas leur petit secret commun. Sous l’effet de l’impulsivité, il avait envoyé un premier message, puis un second plus calme et plus craintif vis-à-vis de la ponctuation choisie. Et il décide de ne plus rien envoyer. Ne serait-ce que pour ne pas entrer dans son jeu et ne pas être tenté de continuer pour avoir toutes les réponses. C’était une ruse, Egerton n’était pas sourd. Disons plutôt qu’il filtre les informations selon ce qui l’intéresse, comme lui. Kochtcheï préfère jeter son téléphone sur la table-basse et passer ses mains sur son visage pour essuyer les angoisses qui agrandissent ses cernes. Il jette un œil sur son chat, ce dernier jouant avec une feuille à rouler abandonnée. “Qu’est-ce que je dois faire, j’y vais ou pas ?” Ouai, il doit être sacrément désespéré pour demander conseil à un être vivant incapable de lui parler.

Ce soir… Il ne sait même pas quelle heure il est. Et il s’en fiche après réflexion. Le slave estimait qu’il pouvait au moins prendre le temps de se préparer avant d’y aller. Car oui, il voulait y aller ! Il voulait savoir ! Il écoutait encore une fois que son impétuosité, à croire que la leçon n'était pas encore tout à fait entrée. Il était aller se doucher pour avoir meilleure mine et être un peu plus réveillé. Puis il est allé se changer pour mettre autre chose que son bas de jogging qui lui servait de pyjama. En voyant qu’il n’avait pas l’ensemble complet “offert” par son bourreau, il s’était pincé la lèvre inférieure. C’est vrai, il avait oublié ce petit incident dans la forêt. Tant pis, ce n’est pas comme s’il était attaché au pantalon, il n’avait qu’à en trouver un autre. La chemise par contre, il la voulait bien. Enfournant le fameux bas de jogging dans son sac à dos au cas où, avec sa lampe torche et ses “munitions” alcoolisées -aka un demi-litre de vodka-, il avait bouclé sa ceinture et il avait repris son chat dans ses bras pour le remettre à sa place. A savoir son coussin près de la fenêtre et non pas son lit à lui. Cigarettes, briquet, papiers, ce n’est qu’en palpant son dos qu’il avait remarqué l’absence de Beasty. Oui, seulement maintenant, c’est pour dire qu’il s’en sert souvent. Il pestait en silence, retournant coussins et couvertures, tiroirs et armoires à la va-vite sans aucuns succès. Tant pis, il ferait sans. Kochtcheï avait passé de nouveau sa porte, et il l’avait claqué derrière lui en prenant soin tout de même de la fermer à clé.
Direction West End et il n’était pas au plus haut de son entrain. En faites, il traînait même de la patte et il fumait distraitement comme une vieille habitude pour trouver un tant soit peu de réconfort. En arrivant devant le portail de la maison du diable, il avait eu un temps d’arrêt. Entre ce matin et maintenant, Kochtcheï trouvait que le temps s’était écoulé incroyablement vite. Pour dire qu’il n’appréciait pas être ici, il avait retiré son mégot terminé de ses lèvres, et il l’avait écrasé sur l’étiquette de la boîte aux lettres indiquant le nom du propriétaire. Le slave avait réajusté son sac à bandoulière sur son épaule, et il était entré dans la maison. Merveilleux, aucuns changements. Hormis une sensation d'absence. Il se promenait dans les couloirs, les mains dans les poches pour donner l’impression d’être détendu alors que ce n'était pas du tout le cas. Il passait la tête à chaque seuil de porte pour voir où était son hôte. Par vieil automatisme, il s’était mit à fouiller. Il retournait bibelot, ouvrait les tiroirs dès qu’il y en avait un qui passait sous sa main et lisait les notes qui croisaient son regard. Ses yeux avaient fini par se fixer sur la porte menant au sous-sol et un blocage l’avait cloué sur place. Non. Non-non, hors de question qu’il retourne là-dedans. Il avait laissé ses affaires à la porte d’entrée et tout comme durant sa première visite, il avait signalé sa présence en mettant en route la machine à expresso. A une différence près, c’est qu’il restait à côté jusqu’à ce que son café soit terminé. Ce n’est pas comme s’il comptait cavaler ou fouiller quoi que ce soit ce soir, il avait déjà eu ce qu’il voulait.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
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V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

Welcome to my cage, little lover


Le message que tu lui avais laissé était plein de fausses promesses et laissait entendre bien des choses. Tu l’avais voulu énigmatique, non pas pour te donner un genre, mais pour mettre toutes les chances de ton côté afin que ton jouet rapplique de lui-même sans trop d’hésitations. Il fallait qu’il vienne, tu aurais mal vécu qu’il finisse par ne pas venir. Et le temps qu’il te fallut pour recevoir une réponse te parut bien trop long. Du moins, pas tant : le premier message est assez rapide, mais rien de ce qu’il te dit ne fait sens. Des chiffres, des lettres dans un ordre incohérent, tu fronces les sourcils. Après une journée entière passée à décoder des trucs, tu t’es sincèrement demandé le sens caché qu’il pouvait y avoir derrière. Tu l’avais ouvert, son coffre, à quoi pouvaient bien servir ces chiffres ? Ou bien était-ce son digicode, et il t’invitait à te débrouiller à présent pour trouver où il logeait ? Tu lui avais pourtant expressément demandé de venir. Tu es resté devant, à t’interroger, tu lui as envoyé quelques points d’interrogation dans l’espoir d’une réponse, mais rien ne vient.
D’autres messages arrivent alors, après un laps de temps trop long à ton goût. Pire, sans la moindre mention au message précédent, et tu n’aimes pas la sensation d’être tourné en bourrique. Mais ces nouveaux messages font preuve, étrangement, d’une sorte de précipitation - voire d’angoisse, mais c’est interpréter un peu trop loin pour toi. Pourquoi réagir si tard, c’était comme si son premier message s’était envoyé avant qu’il ait lu le tien, et tu n’arrives pas à comprendre pourquoi ni comment il a été envoyé, et pourquoi il n’en fait pas mention. Il te manque une part de logique pour supposer l’existence d’un chat, en vérité toi et ta technophobie avez plutôt tendance à accuser le bug numérique. Décidément, ces téléphones, rien de fiable. Qu’importe, ceci dit : tu lui réponds, mais c’est votre dernier échange. De là, il décide purement et simplement de t’ignorer, et tu n’as plus qu’à attendre, et espérer qu’il vienne.

Tu avais de quoi t’occuper, passant le temps à étudier en détails à tour de rôle ces clichés dont tu ne connaissais que trop la patte. C’était de bon goût, tout était fait pour le mettre en valeur, mais à des années lumières de la saveur du modèle original. Ces tatouages, toi tu en avais gardé la vision maculée de sang, tu les avais vu onduler au rythme de sa respiration et de la tension de ses muscles. L’immobilité du papier glacé ne lui allait pas, mais à défaut, c’était un plaisant souvenir. Tu te mordit le doigt assez fort, le sang ne tarda pas à en mouiller l’extrémité - alors, tu suivis les contours de son torse pour y laisser ta propre trace, à l’image de ton souvenir. La blessure ne tarda pas à s’effacer, mais le papier gardait ton empreinte digitale écarlate encore fraiche. Cela te faisait sourire de pouvoir poser ton regard sur une chose semblable de nouveau, bien que ce ne soit qu’une piètre copie. Et tes yeux maintenant découpaient dans la chair les pointillés à suivre pour ouvrir cette jolie peau et exposer les entrailles que tu n’avais pas pu voir encore - ce dont tu rêvais presque malgré toi.
Il mit un temps fou, si bien que lassé d’attendre, tu t’étais remis à l’ouvrage, abandonnant les photographies dans la poche poitrale de ta chemise. C’est la machine à café qui te ramena à l’ordre, et tu regardas derechef ta montre pour estimer son retard. Au moins, il était venu, mais semblait peu enclin à te rejoindre au sous-sol. Soupir. Tu remontes les escaliers, puisque à l’évidence il fallait que tu viennes le chercher. Tu te présentes au seuil de la cuisine, et tu t’arrêtes à cette distance, tant pour son confort que pour lui barrer la sortie. « Bonsoir Kochtcheï, je suis ravi de finalement te revoir. » Il n’y avait pas la même agressivité dans ta voix qu’au téléphone. Il faut le dire - parce que tu étais sincèrement ravi de le revoir, tu n’avais plus l’irritation de devoir courir à l’aveuglette pendant que monsieur ne bougeait pas son popotin. « Tu ne veux pas descendre ? Mon cousin est à l’étage, et tu m’as fait promettre de ne pas évoquer certaines choses en dehors de cette pièce. Ce serait dans ton intérêt. » Tu t’écartes un peu du passage, histoire de l’inviter à s’y rendre - et en même temps le forcer à te passer juste à côté, espèce de troll. « D’ailleurs, j’y ai posé tes affaires. Tes vêtements et ton arme à feu. Elle est chargée, sait-on jamais qu’il te prenne l’envie de me tirer dessus - je m’en voudrais de rater ça. » Et tu souris, parce que tu te trouves drôle. Crétin.

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basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
Quel idiot, quel abrutit, quel con ! Trop obnubilé par l’envie de savoir ce que sous-entendaient les messages, c’est comme si sa rancune s’était envolée subitement pour laisser place à sa curiosité prolifique. Bien de trop même, elle envahissait son esprit d’une quantité industrielle de films et de questions. Ses migraines, ses fameuses migraines, revenaient à l’assaut comme autrefois. Mal de tête oubliée, contenue par l’herbe. Sitôt y avait-il pensé, sitôt le voilà à s’arrêter en chemin pour se rouler un “doliprane de fortune”. D’où la raison de son retard, ou plutôt, de son temps indéfinissable à venir. Kochtcheï ne savait pas quand il sortira une fois dans cette maison, alors il souhaite profiter de l’air frais au maximum. N’est-ce pas humain de sa part finalement ? Le motif avait beau être la volonté de connaître le sens caché de ses messages, il n’en reste pas moins habité par une humiliation très grande. Un trou dans son âme, une cavité qu’il essaye de combler tant bien que mal. Arrêtes d’y penser. Cela ne l’aidera pas. Il doit aller de l’avant sans chercher à faire demi-tour, comme il l’a toujours fait jusqu’ici. Et ce ne sera qu’une fois qu’il aura atteint son but qu’il se permettra de jeter un oeil pour voir ce qu’il laisse derrière lui. Derrière lui, tu parles. Il ne laissera rien. Rien de glorieux en tout cas. Avait-il parlé ? Avait-il briser ce “pacte” qu’il y avait entre eux ? Avait-il commèrer à qui que ce soit la débauche dans laquelle il l’avait plongé de force ? En était-il fier ? Un bref sourire nerveux apparaît quelque milliseconde. Ridicule. Il n’y a pas de quoi être fier. La maison finie par se dresser devant lui, et une boule se sert au niveau de son ventre. Pas suffisamment surpris pour se mettre à tousser sa fumée, Kochtcheï se contente d’écraser son mégot sur la boite aux lettres et d’entrer.
Rien n’avait bougé, mais il ne se sentait pas bien. Dans ces couleurs, dans ces pièces, dans cette cuisine, dans l’ensemble de son environnement. Il la sent, cette envie féroce de partir. De faire demi-tour, de fuir. C’était trop tôt pour lui, les plaies ne se sont pas encore fermées. Il fait de son mieux pour ne pas l’écouter. L’animal, le désireux de retrouver sa liberté. Avant de pénétrer dans la cuisine, il fait le tour du salon et il essaye d’ouvrir le tiroir. Une simple envie de voir s’il avait déplacé ses dossiers, ou bien si au contraire, il s’en fichait royalement. Car l’un d’entre eux l’intéressait particulièrement, et il tenait à le détruire. Alors il espérait très sincèrement que le dossier de Kochtcheï ne soit pas rester à la même place. Pas de chance -ou normalité-, la commode était de nouveau verrouillée. Un soupir avait traversé ses lèvres, las, et il était allé dans la cuisine.

N’importe qui pourrait penser qu’en buvant le liquide noir -non salé cette fois-, le slave fixait un point dans le vague tant il semblait figé. Il l’était. D’une certaine manière. Car ce point qu’il fixait était calculé. C’était l’angle très exact par laquelle Egerton allait arriver. Si bien que lorsqu’il fit son apparition par le seuil de la porte, Kochtcheï n’avait eu qu’à hausser un sourcil en entendant ses salutations et son ressenti sur sa présence ici. “Ce n’est pas un plaisir partagé.” Réplique immédiate et tranchante, hors de question de se laisser marcher sur les pieds. Pas après ce qui s’est passé. Le russe se redresse pour quitter son appuie contre le plan de travail de la cuisine. Il ne compte pas se rapprocher, oh non. Seulement se tenir droit. Question de politesse, mais aussi d’image renvoyée. Celle de l’assurance, de la confiance en soi. Pas du pardon cependant, car si ses yeux pouvaient jeter des éclairs, l’anglais serait déjà foudroyé. Descendre, vraiment ? Kochtcheï lève les yeux en direction du plafond et peste silencieusement. Il ne pouvait pas dire non, car l’argument était juste. Et il n’avait aucune idée s’il mentait ou non pour le pousser à retourner là-dedans. Aussi, il ne bouge ni répond tout de suite. Il faut attendre que le fossoyeur lui parle de ses effets personnels pour que Kochtcheï soit plus enclin à coopérer. Seulement après ceci, il décide de bouger. Il s’avance, il bouscule même au passage Egerton qui ne lui avait pas laissé assez de place pour passer visiblement. Ou alors, il l’avait fait exprès, allez savoir. “J’me disais bien qu’il me manquait un truc … J’espère que tu n’as pas fais mumuse avec.”

Commentaire hasardeux, bien qu’il aurait été embêté si -par mégarde- il se serait  tiré une balle dans le pied. Kochtcheï avait ouvert la porte avec une telle violence qu’elle avait claqué contre le mur. Geste qui témoigne d'une nervosité muselée. Sous la force du choc, elle s’était refermée derrière lui en lui laissant le temps de passer et de descendre les marches. Ô malaise. Il s’arrête à mi-chemin dans les escaliers, la respiration bloquée et des sueurs froides qui longent son cou. Voilà pourquoi il ne voulait pas aller dans cette putain de cave ; c’était la crise d’angoisse assurée. Et en plus, c’est étroit. Il avait tout intérêt à le contrôler s’il ne voulait pas faire de casses. Kochtcheï faisait mine de rien et malgré son pas assuré qui chancelait, il avait tout de même terminé de descendre les escaliers et de faire comme chez-lui. C’est un peu le cas maintenant, non ? Il ne lui en tiendra pas rigueur s’il s’installe dans un fauteuil ? Du moins, se laisse tomber dedans. Comme convenu, ses affaires étaient là et elles n’attendaient que lui. Autant ses fringues et son Nagant. C’est ce dernier qu’il avait pris en premier. Il avait ouvert le barillet pour vérifier qu’il était bien chargé. Soupir et misère, ce n’était pas des conneries. Ça l’aurait arrangé que ça soit le cas, au moins il n’aurait pas été obligé de se sentir reconnaissant. “Bon alors, qu’est-ce que t’avais de si importante à me demander/proposer ?” A la fin de sa question, il avait -enfin- sortit son portable de sa poche. Oui, il n’avait pas lu ses messages depuis, alors forcément, difficile de répondre immédiatement. Face à ce constat, Kochtcheï avait rangé son téléphone, son air de rien étant trop excessive pour passer inaperçu puisqu’il le saupoudrait d’une légère mimique involontaire.
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Basil Egerton
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V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

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Regarde comme ton petit chéri a l’air ravi de te voir. Son visage transpirait la joie de vivre et le confort, et même la position de son corps ne faisait que t’inviter à rompre la distance. Pour être tout à fait honnête, tu n’es pas surpris qu’il guette ainsi ton arrivée et se garde bien d’approcher de la menace que tu représentes. Tu ne perçois pas les éclairs dans son regard ceci dit, car tu es un abruti fini d’un point de vue social, mais pas au point de ne pas l’entendre dire à quel point tes bons sentiments allaient rester à sens unique. Tu ne peux pas lui en vouloir : il a objectivement raison. La seule chose qui t’étonne, en vérité, c’est la facilité avec laquelle tu l’as fait revenir chez toi. Il y avait eu certes de la manipulation, mais pas de menace à proprement parler, pas comme avec l’histoire de l’avocat un peu plus tôt. Il faisait si peu cas de te fuir, et tout à la fois, il ne voulait pas te voir, et le cocktail des deux t’étonnait à tous les instants. Mais quel régal de poser de nouveau tes pupilles sur la silhouette de ton “cambrioleur” - cambrioleur qui se contentait des effractions, puisque de vous deux, tu étais celui qui volait l’autre. Il y avait quelques indices dans ton comportement qui montraient l’évolution que tu voulais voir dans votre petit jeu. Tu t’amusais moins des petites chasses nocturnes sans face à face, les post-its étaient passés de mode et tout était rangé à sa place : pas même un petit piège pour t’amuser à lui coller des bâtons dans les roues et le contraindre à faire des efforts pour parvenir jusqu’à toi. Plus de faux semblants, la maison était ce qu’elle était : à tes yeux, tout ce qui comptait à présent, c’était vous.

Comme à ton habitude, tu ne t’offusques pas. Ses provocations, ses remarques désobligeantes, ses comportements désagréables et tout le reste, tu n’y répondais que de sourires, de soupirs et de patience. Tu as simplement attendu qu’il finisse son café, mais tu ne le quittais pas des yeux, ce qui devait lui faire passer l’envie d’y perdre trop de temps. Et en effet, il ne tarde pas à se mouvoir et suivre tes consignes, sans négliger le coup d’épaule au passage. Tu ne réagis pas, grand bêta que tu es - tu te contentes d’en déduire que ton contact ne pose pas problème, et cette idée te fait plaisir. Il s’enquiert de savoir si tu n’as pas joué avec son arme à feu, et la vérité, c’est que tu as été assez curieux pour l’observer, mais que tu n’as pas éprouvé l’envie d’aller plus loin. Une fois que tu as su quel en était le modèle, que tu t’es assuré qu’il n’y avait plus de trace de sang sur le métal ni d’empreintes de doigts qui t’appartiennent, tu l’avais abandonné sur la pile de vêtements propres. « Je ne l’ai pas testée. Si elle fonctionnait avant que tu viennes, il n’y a pas de raison que cela ait changé. Cela dit je ne m’en étonnerais pas, vu l’âge du modèle. » Tu ne t’y connaissais pas, en arme à feu, mais tu n’avais pas besoin d’être un expert pour constater que cela faisait un peu vieillot pour 2018. Au moins, il fallait reconnaître qu’elle collait au personnage.

Tu le suis tranquillement jusqu’à ta cave, lui laissant une légère avance et tenant tes propres portes puisqu’il semblait se faire un point d’honneur de te les claquer au nez. Et tu ne peux t’empêcher de te demander : est-ce qu’il veut ton attention, est-ce qu’il te provoque ? Tu ne comprends pas ce qu’il espère. Etait-ce vraiment une bonne idée, alors qu’il se trouvait entre quatre murs qui t’appartenaient ? Mais peu importe, tu t’assures en tout cas de refermer la porte du sous-sol derrière toi, et de demeurer sur la trajectoire qui le sépare du bas des escaliers. Et quel plaisir de refermer cette porte. Ici, vous pouviez parler du pire ; ici, c’était un peu comme s’il était à toi. Pris au piège, et tu pensais cela alors même que tu jurerais ne lui vouloir aucun mal. Kochtcheï s’affale dans ton fauteuil, parfait, il n’était donc pas si pressé de repartir. Tu avances jusqu’à te tenir devant lui, à quelque chose comme deux mètres de distance. C’est à ton tour, te dis-tu. A toi de le faire tourner en bourrique. Tu souffles du nez derrière un sourire, pour t’empêcher de ricaner. « J’en ai appris, des choses, pendant cette petite excursion. J’ignore si tu as été négligent ou si tu l’as fait exprès. » Les photographies sont encore là, dans la poche de ta chemise, débordant d’un bon quart - tu les attrapes et les parcoures mécaniquement, de la même manière qu’un peu plus tôt, lorsque tu patientais ici même.
« Ma première question serait : pourquoi m’offrir ces photographies, Kochtcheï ? Pourquoi prendre le risque de renforcer cette insoutenable obsession que j’ai pour toi, puisqu’à l’évidence, tu soulèverais un monde pour me prouver que tu aimerais être partout plutôt qu’ici. » Tu les réunis en une pile nette, posant le coin contre tes lèvres distraitement. Tu poses ta voix, tu prends le temps d'installer quelques silences. Tu veux lui montrer que toi non plus, tu n'es pas pressé. « Ce sont de belles photographies. Tu sais ce qu’elles me disent ? Qu’en dépit de mes efforts pour exclure une tierce personne entre nous, toi et moi avons en fait un ami commun. » Tu lui souris et tournes les photos dans sa direction, les ouvrant en éventail, découvrant parmis elles ton chef-d’oeuvre sanguinolent d’un peu plus tôt, et tellement évocateur. « Un ami qui se trouve être l’un des rares individus autorisé à descendre dans cette pièce. Hors, comme tu le sais, j’ai juré que notre petite mésaventure ne serait jamais soulevée en dehors de ce sous-sol. » Le voilà, le sous-entendu net : il se pourrait que tu aies trop parlé, et que le concerné ne soit autre que Sirius. Mais d’un autre côté, tu n’as pas trahi ta parole, ce qui fait tenir votre contrat envers et contre tout. D’autant qu’en soi, tu n’as pas fait d’aveu : en vérité, Sirius n’en sait encore rien, mais il aurait tout à fait pu.

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Kochtcheï ne le faisait pas exprès de se montrer si provocant, c’était dans sa nature visiblement. Puisque, avec les années, cela n’avait fais que s’amplifier. Cette façade je-m’en-foutiste, arrogante voir hautaine. Une sorte de carapace qu’il s’était construite pour se protéger de la réalité. Mais ce baraquement, son hôte s’amusait à jouer avec. A la percer de mille et une façon, à le déstabiliser et à remettre en doute cette confiance en lui qu’il avait. Cela faisait partit des nombreux points qui rendaient Egerton détestable à ses yeux. Il tenait tant à ce qu’il descende ? Très bien, il allait le faire ! De toutes façons, maintenant qu’il est là, il ne va pas faire demi-tour. Ce n’est pas correct, premièrement. Et deuxièmement, il n’a pas fini son café. Ses doigts resserrent leur étreinte autour cette tasse, et le slave prouve à sa manière que les choses ne se dérouleront pas de la même manière que la première fois. Il fait de son mieux pour taire sa peur. Cette terreur qui bouffe ses entrailles, nourrie par l’humiliation et l’amertume. Ce faciès stoïque, mais intérieurement agacé, qui ne prête tout juste ce qu’il faut d’attention au savant fou. Il grogne légèrement, il laisse exploser sa colère silencieuse en ouvrant la porte et il s’enfonce. Il plonge la tête la première dans ce lieu où il avait dû tout abandonner jusqu’à ce qu’il a de plus cher pour en sortir. Y reposer les pieds, c’est comme s’il venait de mettre tous ses efforts à la poubelle. Cela le blesse, et il ne peut s’empêcher d’inspecter le sol en bas de l’escalier pour s’assurer qu’il n’y ait plus aucune trace de ce qui s’est passé. Il ne veut même pas en parler, cela est classé dans les sujets tabous, dans le rouge voir noir.
Aucuns mots ne traversent sa bouche et Koctcheï se contente d’avancer. Tout ce qui se trouve dans ce sous-sol ne le rebute plus. Il avait vu pire, bien pire après tout. Alors il s’assoit, essayant de se mettre un minimum à l’aise pour arriver à tuer le temps ici et se concentrer sur autre chose que ses tremblements qui commençaient à refaire surface. Pas par le manque cette fois-ci, oh non. Il avait eu sa dose avant de rentrer dans cette maison, c’était autre chose. Quelque chose qu’il préfère taire. Le silence, c’est ce qu’il alimentait depuis qu’il était entré dans cette pièce. Le russe n’avait prononcé aucuns mots. Il n’y avait rien à dire de toute manière, pas tant qu’il aura la raison pour laquelle il l’avait attiré ici. Tandis qu’il inspectait son arme, il voyait le canon trembler au même rythme que sa main. Kochtcheï ne l’avait pas lâché pour autant. Tout en écoutant Egerton, il avait utilisé sa deuxième main pour saisir son propre poignet et ainsi, cacher son petit problème. J’en ai appris, des choses, pendant cette petite excursion. J’ignore si tu as été négligent ou si tu l’as fait exprès. « Je l’ai fait exprès. » Avait-il répondu du tac-au-tac afin de le couper dans son élan. Peut-être que Shura n’avait pas fait exprès sur tous les points -comme par exemple la loque qui lui servait de pantalon autrefois dans les bois-, mais la plupart, oui. « Fallait bien que je trouve un truc pour te motiver. » Son menton se relève, et un fin sourire arrogant se dessine sur ses lèvres. Au lieu de se concentrer sur ses craintes, le slave préfère entretenir ce masque, colmater les fissures qui se dessinent avec ses gestes. Le timbre de sa voix est toujours aussi sûr, les propos également, mais le fond devint bancal à la suite du petit discours de son hôte.

Kochtcheï manque de s’étouffer, et il se plie vivement en deux. L’animal pousse à la porte, il s’impatiente, il prend peur, et l’homme en fait les frais. Il résiste autant qu’il peut, il alimente son assurance et masque ses souffrances pour ne pas faiblir. « Pourquoi tu me poses la question si tu connais la réponse ? » Basil avait répondu lui-même à la question, pourquoi il le fait chier ; ils ont une connaissance commune. Si le slave a voulu passer un message, cela se retourne contre lui de plus belle. Aucunes subtilités, et il plisse son regard pour voir cet éventail devant lui. Du gris, du jaune, dans le meilleur des cas du noir, mais nul autre couleur. Sa vue change, baisse en efficacité et il est obligé de plisser le regard pour avoir les détails. Son teint pali, il joue avec sa honte. L’homme devient mitigé entre colère et humiliation, tandis que l’animal veut partir et tire sur les rennes pour prendre la direction qui lui plait. Le slave ferme les paupières, détourne la tête. Il veut retrouver ses yeux à lui. Il la secoue de droite à gauche, comme si cela allait aider en quoi que ce soit. Puis la colère gronde, éclate en silence tel un orage trop lointain encore. « Tu m’avais donné ta parole … ».

Trop vite, trop de pensée qui s’entrechoque, trop d’émotion à gérer. Kochtcheï rouvre les yeux, c’est presque ça. Cela clignote, entre couleur et monochrome. L’image a du mal à arriver convenablement, mais les gestes écoutent ses instincts. Il se lève, gardant son révolver dans une main, l’autre venant saisir le col de l’anglais. Mais elles tremblent, l’une comme l’autre. Il n’y fait pas attention dans un premier temps, bien trop obnubilé par les propos d’Egerton. « Dis-moi que tu ne lui as rien dis. DIS-LE-MOI ! » Ses nerfs lâchent, il sent qu’il s’est fait rouler une seconde fois. Pourquoi ? Parce qu’il est trop borné, trop curieux, trop imprudent. Il aime le danger, aussi rebutant est-il, sinon il s’ennuierait de sa vie. Il a besoin d’un objectif, d’un but, d’une mission. Il a grandi ainsi, avec l’esprit de compétition, d’être le meilleur, d’écraser ses adversaires. Mais pour cela, encore faut-il avoir quelqu’un à dépasser. Ce n’est plus le cas. Plus depuis qu’il est partit de sa terre natale, parce que c’est lui qui se fait dépasser par les évènements, et ça le terrifie de plus avoir aucun contrôle. D’ailleurs, en parlant de contrôle, il voit enfin que sa poigne est hésitante, que sa vue rechancelle. Merde et re-merde, il lâche tout, plaquant ses mains sur ses yeux en lâchant l’arme dans la foulée. « Dégage ! Dégage ! Dégage ! C’est pas le moment ! » Et là, il pète littéralement les plombs. Non-non, il ne veut pas se payer la honte devant lui. A moins que … Il baisse ses mains suffisamment pour pouvoir croiser son regard. Un instant de lucidité qui lui permet d’y voir clair « Tu l’as fait exprès. » Kochtcheï n’a pas le temps de savoir la réponse à cette remarque, il n’y arrive plus. Il essaye de se cacher à la hâte, se vautrant derrière le fauteuil puisque ses jambes ont décidé de le bouder, retirant un maximum d’affaire pour les sauver. La veste, la chemise, la ceinture, il s’arrête et il respire un bon coup. Son dos se déforme, sa colonne vertébrale se rallonge et il se met à quatre pattes sous la pression des os qui se reconstitue. A son âge, normalement, les métamorphes ne doivent pas autant souffrir d’une métamorphose. Mais Shura l’a refoulé tellement de fois -et continue de la refouler- qu’elle force encore le passage et engourdi ses membres. Au bout de longue minute, ce sont des hénissements qui s’envolent dans les airs, et des sabots qui claquent contre le carrelage. Il n’ose se relever, ayant du mal à voir s’il avait suffisamment de place pour le faire. Il se contente simplement de fouetter le sol avec le crin de sa queue, reprenant doucement mais bruyamment son souffle.
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Basil Egerton
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Quelle drôle de relation pouvait être la vôtre, quand on y pense. Tu ne voulais pas t’en faire haïr, et tu avais pourtant fait tout ce qu’il fallait pour. Lui revenait te voir en témoignant toute l’irritation du monde, après cette petite chasse qu’il avait pris le temps et la peine de construire rien que pour toi, tout cela pour une promesse jetée au détour. Vous étiez joueurs, tous les deux, un peu trop - il le fallait bien, puisque tout n’avait jamais été qu’un jeu, un jeu trop réel avec ce fond d’amertume. Surtout pour lui, il faut bien le reconnaitre. Tu avais repris la parole, c’était à ton tour de le faire tourner en bourrique, après cette journée passée à lui courir après. Tu en avais appris, des choses, oui, tu avais appris qu’il tenait parole, qu’il avait sacrifié de son temps pour toi, qu’il était un métamorphe, qu’il résistait toujours aussi mal à la tentation quand on lui faisait miroiter un petit secret. Tu avais bien sûr appris qu’il connaissait Sirius et avait posé pour lui. Tu avais appris au passage qu’il connaissait vraisemblablement ta date d’anniversaire, probablement ton âge, en bref qu’il avait dû fouiller. Qu’il ne t’avait pas oublié, au cours de cette pause forcée où il s’était volatilisé de ton décor. Tu n’avais pas eu à lui développer tout ça, lorsque tu lui as posé la question, lorsque tu as évoqué les découvertes que tu avais faites, la réaction avait été sans appel : Je l’ai fait exprès. Pas d’hésitation, pas de signe de faiblesse. Tu avais haussé un sourcil dubitatif, vraiment ? Car enfin, c’était se mettre à ta portée que de choisir de te découvrir tout cela. Ou bien il calcule ses moindres actions et se joue de toi, et tu te demandes pourquoi il souhaite te faire ce plaisir sans tâche. Ou bien il bluffe pour ne pas te donner du pouvoir sur lui. Ou bien, il ne se doute pas de l’envergure de ce qu’il t’a laissé savoir. Son arrogance, sa petite provocation. Pour te motiver, alors… Peut-être avait-il une sensation de plaisir à te faire suivre son parcours, peut-être cela lui donnait-il l’illusion d’avoir du contrôle sur toi, sur tes déplacements, tes activités ? Peut-être cherchait-il une forme de domination. Peut-être… Et pourtant, ici, ce n’était pas lui qui menait la danse. C’était ses mains qui tremblaient, et toi qui dirigeait la conversation. Le cas Kochtcheï te demeurait toujours si obscur. Tu posais des questions, parce que tu ne comprenais pas ses motivations, tu avais des suppositions et c’était tout. Pourquoi ces photos : pourquoi offrir des photos évocatrices à un homme qui avait dans cette pièce même rapiécé tout votre honneur pour son petit plaisir personnel ? Pourquoi renoncer à son semblant de domination pour venir au pied quand on l’appelle ? Et pourtant, c’était toi qui te sentait rattaché à ses chevilles, à force de vouloir contempler ce mystère, de vouloir le comprendre. A quel point avait-il calculé son coup ? Et s’il l’avait calculé, pourquoi vouloir t’obséder de cette façon, sinon par manque de reconnaissance peut-être ? Son but ne pouvait être seulement de te faire savoir qu’il connaissait Sirius. Parce que cette information, en fait, n’avait aucun intérêt.

Mais bon, tu avais continué. Et pour être honnête, tu n’en étais qu’à l’introduction, tu n’avais même pas commencé à toucher à sa coquille, mais il réagissait déjà trop. Etonnant ou décevant, difficile à dire. Il se tordait sous des à-coups inexplicables - en fait, tu n’avais jamais assisté à une transformation forcée, tu n’avais pas la moindre idée de ce qu’il lui arrivait d’abord, tu n’aurais jamais cru que ce serait si facile. Ce serait tout de même idiot qu’il meure ici d’un infarctus. Quoique, tu pourrais garder le corps pour toi au moins, tout ne serait pas perdu - mais c’est peut-être un peu tôt pour envisager sa mort. Tu ne sais pas ce qu’il ressent, tout ce que tu sais, c’est que c’est intense, et agréable à regarder. Il s’emporte, peut-être qu’il est en colère, peut-être qu’il angoisse, peut-être qu’il a peur. Le sentiment que tu ne lui soupçonnes pas du tout, c’est la honte, ça ne te vient pas à l’esprit. Tu aimes ça, pas vrai ? Voir les gens péter des câbles, perdre le contrôle, perdre les pédales. L’effet sur le corps, le teint qui pâlit, la sueur au front, les mains qui se crispent, qui arrachent les cheveux, les pupilles qui se rétractent, les veines, la respiration, la bouche. Il n’y a pas ça, chez les morts, c’est bien pour cela que tu ne laisseras pas cet imbécile mourir. Il te prend par le col, il te crie dessus : tu le laisses faire, sa force te déséquilibre mais tu te rattrapes, tu l’observes. Et tu en rajoutes une couche, pour le plaisir de le faire réagir. « Le problème avec Sirius, c’est qu’il ne sait pas tenir sa langue. » Bien sûr, comme si de savoir son secret partagé avec une personne ne suffisait pas. D’un autre côté, tu n’es plus vraiment sûr qu’il t’écoute, parce que dans sa crise de folie, il n’a pas vraiment l’air seul dans son crâne. C’est à toi qu’il dit de dégager ? Sans doute pas, tu es chez toi après tout. Et puis cet instant en suspens : tu l’as fait exprès, et l’expression de son visage est telle que tu ne peux pas t’empêcher de rire, peu importe qu’il ait raison ou non. Un rire qui s’évanouit bien vite, parce que tu assistais finalement à sa transformation. Et bien évidemment, tu as voulu régaler tes yeux du spectacle, tu l’as suivi pour ne pas qu’il y échappe, et il était nettement plus impressionnant en taille de cette façon. Un coup de sabot aurait sans doute suffit à te désosser le bras, mais ce n’était pas vraiment une nouvelle de toute façon, que tu ne faisais pas le poids. Une chance que ton sous-sol soit de bonne taille. Une chance, puisque la transformation avait épargné tes petites collections.
« Je ne m’étais donc pas trompé. Je comptais te parler de cela aussi, c’était la raison première de ta venue, mais tu ne m’as pas laissé le temps. Je ne m’attendais pas à ce que tu craques si vite, en fait je ne pensais pas pouvoir forcer la métamorphose sur toi. J'ai dû sous-estimer ton état. » Tu ne manifestais pas tant d'étonnement que cela, mais tu avais toujours cet air ravi insupportable. « C’était évident quand j’y pense, j’aurais dû le deviner plus tôt, tu semblais faire si peu cas du surnaturel alors que j’en trahissais le secret juste sous tes yeux. Bien sûr qu’il fallait que tu en sois. Pour répondre à tes inquiétudes : je n’ai encore rien dit à Sirius, c’est un bon ami mais il manque de tact et de bon sens. Cela dit j’aurais pu, j’envisageais cette possibilité. Mais je voulais aussi te garder pour moi. » Ta façon de le dire était assez déplaisante, elle banalisait une forme de possessivité qu’entérinait ton comportement obsessionnel immaîtrisé à l’égard de Kochtcheï. Comme si c’était un comportement normal, comme si c’était sain, mais il n’y avait rien de sain dans tes lubies, et rien de beaucoup plus sain dans ton regard, mais tu avais au moins l’air de savoir ce que tu disais. « Je ne pensais pas que tu reviendrais vers moi après ce qu’il s’est passé. Je pensais que notre accord passerait à la trappe, d’autant qu’il n’était pas très honnête. Je pensais que tu allais juste te volatiliser, c’était le plus intelligent à faire. » Tu semblais à peine réaliser tes propres mots. Ravi, absurde à quel point tu étais ravi. Dans tous les sens du terme d’ailleurs : on t’avait volé ta bonne conscience. « Mais tu es revenu avec tout ça... » Et tu t’es mis à rire, parce que c’était absurde. « J’ai encore tant à apprendre de toi, et non, je ne l’ai pas fait “exprès”. Ecoute, j’ai besoin de toi : je veux te proposer une expérience. Mais d’abord, laisse-moi voir la cicatrisation de ton cou, je veux voir si les points de suture ont tenu la transformation. » Tu t’es approché d’un bon pas, main tendue, l’oeil intéressé et le sourire jovial accroché aux lèvres. Décidément, tu ne t’inquiétais de rien. « Mon ami, tu es idéal, c’était un homme comme toi qu’il me fallait. Ce sera sans précédent ! Tu ne peux pas refuser. Il faudra que je t’ouvre un peu en revanche, c'est le point délicat. C’est un peu risqué aussi, d’autant que tu devras rester conscient, mais la science ne progresse pas sans sacrifice. Je jure au moins que tu ne sentiras rien. » Et tu étais là, guilleret, avec tes horreurs dans ta bouche de crétin.

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basil et shura

« Read between the lines, what's fucked up and every thing's all right. Check my vital signs to know I'm still alive and I walk alone »
Il avait beau vouloir faire comme si de rien était, il fulminait, il devenait fou. Il se retenait aussi longtemps qu’il le pouvait pour ne pas exploser face à sa propre bêtise. En faites, Kochtcheï regrette. Il regrette amèrement d’être venu, et peut-être a-t-il surestimé ses facultés à encaisser. Parce qu’à l’heure actuelle, son propre corps et son esprit ne semblaient pas vouloir répondre à sa volonté. Et quand c’est ta propre enveloppe charnelle qui commence à te dire fuck, t’as toutes les bonnes raisons du monde pour péter les plombs. Il écoutait d’une oreille distraite, il tenait du mieux qu’il pouvait. Ses propres mains refusaient d’écouter ses ordres. Elles tremblaient de peur, mais aussi d’empressements. Pressé de sortir, pressé de partir, l’étalon ne voulait pas rester dans cet endroit. Sauf que l’humain s’entêtait à rester le cul vissé dans ce fauteuil pour montrer Ô combien Egerton ne l’effrayait pas. Et que si sa simple présence pouvait le rendre confus, alors Koctcheï en tirait une satisfaction. C’était sa façon à lui de lui cracher à la figure, de lui montrer que son idiotie était peut-être des plus grandioses, il n’en restait pas moins un homme beaucoup plus honnête que lui. Ah ! Il n’en peut plus, des bouffées de chaleurs viennent l’étouffer, réchauffant la moindre parcelle de sa peau, l’empêchant de réfléchir convenablement. Il a l’impression d’être en ébullition, sur le point d’imploser tandis que la monochromie a pris place dans sa vision. Basil en rajoute une couche, comme si cela ne suffisait pas. Le slave s’emballe, écoute son impétuosité, saisit son col avec l’espoir de l’étouffer dedans, laisse exploser sa haine et sa frustration. Cela fait beaucoup, comme si tous les ressentis qu’il avait retenu jusqu’ici explosaient tel un feu d’artifice. Voilà, il craque. Sa coquille se fissure, et l’animal en profite pour passer les remparts. Kochtcheï se déteste. Il déteste cet animal qu’il juge ridicule au possible. Il n’y a aucune fierté d’être … ça. Sa mère était un cygne. Il ne s’attendait pas à se métamorphoser en vilain petit canard, mais au moins en oiseau tout comme elle. En quoi un canasson était représentatif de sa personnalité cachée ? Parce qu’il était têtu comme une mule ?
Possible. Dans tous les cas, cette transformation forcée lui donne l’impression de se faire arracher ses os, sa peau, sa chair petit bout par petit bout. Écartelé pour être agrandi, brisé pour être plié de force, c’est tout sauf agréable, et c’est pour ça qu’il s’efforce au quotidien à ne pas le laisser sortir. De soupir lourd et plaintif, ce sont des hennissements qui ont fini par traverser ses dents tandis qu’il demeurait couché. Est-ce que c’est toujours Shura ? Ou bien juste un animal bête comme ses pieds ? Enfin, ses sabots en l’occurrence. Dans un premier temps, l’équidé ne réagit pas ou peu aux mots de l’anglais. Il se contente de respirer bruyamment pour se remettre de ses émotions. Une espèce de vide demeure dans la lueur de ses yeux. Puis il finit par se relever en sursaut, surprit et coupé dans ses pensées en voyant autant d’enthousiasme de la part de son interlocuteur qui, non seulement content de dire à quel point il était prévisible, le perd en chemin car incapable de comprendre pourquoi tant de satisfaction dans sa voix.

C’était insupportable au possible, cette joie, cette attitude ravie. Cette même colère se retranscrivait dans le regard du cheval, prouvant que là-dessous, il y avait bien un être humain encore capable de réagir et qui était seulement retourner à ses plus bas instincts. Je n’ai encore rien dit à Sirius. C’est tout ce qu’il avait retenu dans ce monologue, car c’est aussi tout ce qui l’intéressait. Cela avait eu un effet plus ou moins apaisant, l’angoisse s’était dissipée en entendant cette réponse. L’étalon noir baisse sa tête, s’ébroue légèrement pour faire disparaitre les dernières loques de vêtements sur son dos et jette un regard suspicieux à l’anglais. Il remet le couvert, il recommence avec sa possessivité malsaine et déplaisante. D’abord au téléphone, puis maintenant de vive-voix. Au début, il pensait à une mauvaise blague, à un coup de jalousie qui pousse à dire des bêtises. Mais là, cela ne fait que confirmer son doute et une sensation de malaise qui le pousse à reculer d’un pas en arrière par reflex. La corne claque timidement contre le sol, et le cheval jette un regard en hauteur pour jauger cette dernière. Il va jusqu’à chercher la limite avec son museau, soufflant en ne la trouvant pas. Parfait, donc s’il veut se mettre sur ses deux pattes arrière, il pourra. Ce qui risque d’arriver bien plus tôt que prévu.
Koctcheï entends les phrases comme des reproches, comme une façon de le traiter ouvertement d’idiot, et cela le pousse à reporter pleinement son attention sur le savant fou. Savant fou qui s’approche l’air de rien. Comme s’il était son ami, comme s’il n’allait rien lui faire. Il avait déjà l’avantage de la force entre les deux, et avec sa métamorphose, cet avantage peut être facilement décuplé. Prudent donc, il conçoit à le laisser regarder car il n’y avait rien à voir. Hormis un pelage absent sur la peau cicatrisée et une longueur augmentée à cause de l’étirement de l’épiderme s’il peut dire ça ainsi, elle n’était pas sanguinolente ou réouverte. Elle avait eu le temps de se résorber de toutes manières et de faire partit du décor au même titre que ses tatouages. Du moins, il en est persuadé car si elle s’est rouverte après sa métamorphose, il ne sentait pas le sang coulait. D’ailleurs, ses tatouages avaient disparu, engloutis par la robe du cheval. Noir sur noir, quoi de plus étonnant finalement ?  L’instinct fait que l’étalon sent l’entourloupe arriver gros comme une maison. Il est bien trop satisfait, ce n’est pas bon signe. Ses pas s’agitent, les claquements contre le sol deviennent omniprésents et lorsqu’il lui demande ouvertement d’être son cobaye conscient pour le progrès scientifique, c’est l’apothéose. L’équidé prend immédiatement peur. Peur mélangée à de la colère, ce qui le pousse à repousser les doigts d’Egerton de la manière la moins délicate qui soit, en les mordant. Vivement, il recule, il reprend ses distances. Chose difficile, puisque l’espace est restreint. Il sent avec ses pattes-arrières coincé contre le mur, qu’il ne pourra pas aller plus loin. Alors il se cabre, se met sur deux pattes et repoussent le scientifique avec les deux autres. Il s’en contrefiche de le blesser, cela serait de bonne guerre après tout.

Kochtcheï s’agite, s’affole et ne fait attention à rien. Si bien qu’il avait renversé des choses qui s’écrasèrent au sol avec un tintement métallique -peut-être ses outils, ses scalpels, mais il espère que ça ne soit pas un quelconque bocal qui pourrait lui couter sa peau-. Il marche dessus sans craindre de se couper, il renverse la table-basse ainsi que la lampe qui demeurait dessus. Il est trop grand pour cette pièce, ce n’est pas une écurie ici après tout. Le bruit lui fait faire un écart, sa vision étant pitoyable lorsqu’il s’agit de voir ce qui se passe à ses pieds. Et en voyant le remue-ménage dont il était l’auteur, il avait fini par se calmer, baissant la tête pour voir ce qui était parterre. Réalisé ses conneries l’aidaient à abandonner son agitation, et il frottait le sol avec ses sabots pour ramasser sans grand succès. Voilà, ça aussi ça l’agace ; ne plus être capable de foutre quelque chose de ses doigts ! Sous réflexe de sa colère, ses pattes arrières donnent un coup en l’air avec la vitesse d’une fusée. Autant dire que le scientifique avec tout intérêt à ne pas être derrière au moment où c’est arriver s’il ne voulait pas se retrouver avec des os brisés. Car très sincèrement, Kochtcheï n’aurait aucune rancœur à l’envoyer à l’hopital. Cela serait même plutôt cocasse pour un médecin. Il finit attraper la lampe pour la foutre sur le fauteuil, sa queue fouettant l’air d’agacement. Ainsi, il ne pouvait pas le juger pour sa mauvaise foi où son impolitesse. Il réalisait que sa réaction avait été légèrement excessive -et qu’il avait oublié que non, il n’avait pas la corpulence de crevette habituelle-, mais il était trop fier pour l’admettre.
(c) DΛNDELION
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Basil Egerton
Basil Egerton
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V. Shura Bäckähäst & Basil Egerton

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Autant le dire tout de suite : quand on sait le mal que tu as à interpréter les émotions humaines, il est tout bonnement exclus d’envisager que tu puisses comprendre celles d’un animal quel qu’il soit. Tu observais cette forme massive trébucher sur tes meubles, se dépouillant à la hâte de ses vêtements, et tout ce que tu voyais, c’était un cheval. Tu n’en lisais pas le comportement, et le regard encore bien moins, malgré l’angoisse et la rage qui y crevaient avec évidence. Bien sûr, tu savais qu’il était toujours là, Kochtcheï était encore tapi quelque part sous cet imposant cuir noir qui rendait l’obscurité à ce point plus intense. Il devait t’entendre, tu espérais surtout qu’il t’écoute. Tu savais qu’il comprenait, qu’il avait encore ses pensées d’homme, ses sentiments, ses émotions - pourtant tu ne voyais qu’un cheval, rien d’autre qu’un cheval, avec un comportement de cheval comme si toute son espèce avait le même. Le danger, tu n’y pensais pas, tout comme tu n’imaginais pas la violence de tes propres mots. Fasciné, trop obsédé par des idées fixes, tu en oubliais l’horreur que cela représentait pour n’importe qui qui n’était pas toi. Surtout quand ce n’importe qui risquait prestement un aller simple sur le billard. Personne n’aurait pu s’enthousiasmer à l’idée de passer sur cette table que tu ne réservais qu'aux morts. Même Sirius, dont tu jurerais qu’il se laisserait immoler par le feu juste pour te faire plaisir si tu le lui demandais, même lui y aurait sûrement réfléchi à deux fois avant de s’y coucher sous tes scalpels. Il y avait des choses que tu aurais sans doute mieux fait de ne pas dire. Par prudence, et dans ton propre intérêt, comme ton intention de mettre sa vie en danger et de le garder conscient ce faisant, pire encore de le dire avec un sourire aussi large. Tu le croyais capable d’accepter cette idée, de se laisser tenter par un contrat de ce genre parce qu’il était unique et très osé - mais tu en oubliais le “temps de digestion” ; même un patient condamné avait droit à de la considération le temps d’accepter sa propre fatalité. Avec toi, c’était trop violent, trop abrupt, trop... - c’était trop. Mais tu souriais, en ajustant le col qu’il avait malmené un instant plus tôt alors qu’il avait quasiment tenté de t’étrangler. Tu te souciais si peu de lui et de toi-même, c’en était presque rageant.

Il fallait compter sur Kochtcheï pour te remettre à ta place - et comme l’on pouvait s’y attendre à force de ne pas prêter attention au danger : tu t’es fait croquer les doigts. Au sens littéral du terme d’ailleurs, tu étais trop étourdi. Tu parlais, avec ton flot d’audace sans filtre, et ton regard s’était fixé sur cette superbe cicatrice lui traversant l’encolure. Elle était propre, sèche, nette - très visible encore, mais un chef d’oeuvre de la nature. Et tu trouvais cela fascinant, que cette cicatrice-là fasse peut-être le triple de sa taille d’origine sans qu’il n’y paraisse rien, sans qu’elle ne soit endommagée, sans qu’il n’y ait une goutte de sang. Tu étais à ce point excité par cette observation que tu ne pensais qu’à l’écrire en détail tant que tu en avais encore une idée vive - et tu n’avais plus prêté attention à l’animal, au moment où celui-ci s’était décidé à mordre. Une douleur vive dans l’index, et pour une fois en sa compagnie, tu as eu un comportement logique, même humain : tu as eu mal, et tu as crié pour le faire savoir, retirant ta main pour la serrer fortement contre ton torse. Tu avais l’air un peu idiot, tu l’as regardé avec incompréhension, avant d’observer un peu mieux ton doigt - il saignait nettement mais ni les os ni les ligaments ne semblaient atteints, fort heureusement. Tes mains, elles étaient pour toi comme des mains d'artiste - tu aimais mieux mourir avec que vivre sans, et il n'était pas question qu'il te les abîme. « Tu n’étais pas obligé, qu’est-ce que tu es, un sauvage ? » Il y avait une colère passagère dans ta voix, et tu as porté ton doigt à ta bouche quelques secondes. Le temps, en fait, de faire passer la douleur, de réparer la peau et d’en laver le sang. Et puis tu l’as secoué un peu, et tu as approché Kochtcheï de nouveau, dans l’intention de l’apaiser - mais il a préféré reculer, et percuter tes affaires avant que tu n’aies l’occasion de l’arrêter. « Non ne- ! » Non, ça ne servait à rien, il n’y avait rien que tu puisses faire. Il n’écoutait pas et se cabrait, tu allais seulement risquer de prendre un coup si tu t’obstinais à avancer alors tu as fait quelques pas en arrière.
Tu ne regardais plus la bête, plutôt le sol avec tension et inquiétude, tu redoutais qu’il ne brise quelque chose de valeur. Enfin, quelque chose qui avait de la valeur à tes yeux. C’était frustrant - la moindre réaction déplacée aurait pu condamner des pièces uniques. Tout ce que tu aurais pu tenter avec succès, c’était de le droguer, mais tu craignais qu’il ne le réalise et s'affole de plus belle - tu aurais pu dire adieu à toutes tes pièces de collection alors. Tu t’es plutôt contenté d’une mise en garde, tirant sur la menace puisque tu n'avais rien d'autre, en le regardant tant bien que mal tenter de... De quoi d'ailleurs ? « Si tu détruis - si tu détruis ce qu’il y a sur ces étagères… Je te préviens, Kochtcheï, tu n’as pas intérêt- Oh, piss off ! » Tu étais tombé sur le derrière en voulant éviter sa ruade, et tu as rampé en arrière jusqu'au mur opposé, histoire de préserver ta vie un peu plus longtemps. Que pouvais-tu bien faire pour maîtriser une bête de plus de 500 kilos ? C’était peine perdue, il n’y avait rien d’autre à faire que d'essayer de la calmer par les mots. Ce qui impliquait de faire abstraction de ce qu’elle avait potentiellement détruit chez toi, et le tout en siégeant dans la poussière sur ton séant en toute élégance. « Arrête un peu de t’agiter, il y a bien assez de choses par terre pour ne pas que tu en rajoutes et tu vas me mettre en colère. » tu as commencé, avec un peu d'agacement, avant que tu ne soupires, marques un silence et ne redeviennes plus composé. Tu as dû comprendre à ce moment-là que tu étais allé trop vite en besogne, que tu n'aurais pas de résultats de cette manière. Tu ne devais pas être si pressé - l'empressement était un ennemi du progrès, aussi contradictoire que cela semble. « Calme-toi. Je ne suis pas en train de t’ouvrir, est-ce que je suis en train de t’ouvrir ? J’ai l’air armé d’après toi ? J’ai l’air dangereux ? Je ne peux pas le faire sans ton accord, je n’en ai pas l’intention. » Tu es resté posé un petit moment, et tu t’es finalement remis sur tes jambes avec un peu plus de prudence, en gardant tes distances puisque quelqu’un s’était levé du mauvais pied. Tu as tiré le fauteuil, l'as écarté du chemin et tu t'y es assis lentement avec un calme qui signifiait : regarde, je ne te fais rien, je ne domine rien, alors arrête d'essayer de me réduire en miettes. « On va attendre que tu retrouves une bouche, et on va parler tranquillement. C'est d'accord ? »

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