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 Guess I'll sleep when I am dead | AIP ft. V. Shura Bäckähäst

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Ses mains tremblaient. Colère et frustration, retenues dans le silence. Il fallait être assez négligent sans doute pour ne pas remarquer à quel point le sujet secouait son interlocuteur. Mais elle ne voyait jamais qu’elle-même, Aleksandra. Ironique, j’y consens, quand on faisait preuve d’une curiosité débordante et même envahissante, que l’on voulait tout savoir sur celui qui nous faisait face. Seulement elle était comme ça, l’esprit affûté au milieu des calculs mais bien souvent un pachyderme en termes de subtilités. C’était probablement de là que venait son caractère imbuvable, tout comme le fait qu’on l’appréciait davantage pour ses courbes et son argent que pour sa sympathie. Egocentrique autant qu’elle était égoïste, à ne pas voir plus loin que le bout de son nez, à rouler sur les drames sentimentaux des autres avec la légèreté d’un M103. Elle n’était pas méchante pourtant, mais que voulez-vous, c’était à peu près aussi facile de l’aimer que de la vomir par tous les orifices. Tuer ? Allez savoir si elle aurait pu. L’occasion ne s’était jamais présentée à elle, mais elle préférait sa vie à toutes les autres. Ceci dit, si elle était née sans faille ni faiblesse apparentes, celles-ci s’étaient très largement creusées d’elles-mêmes avec les années, alors ses mains auraient sans doute trop tremblé pour pouvoir tirer droit. Mais appuyer sur un gros bouton rouge et déclencher la mort à distance, pour ça elle n’aurait pas eu froid aux yeux. Et s’il s'était agi, allez savoir pourquoi, d'un incendie criminel - eh bien, pour ça non plus.
Pourtant, contre toute attente, les choses semblaient aller un peu mieux maintenant qu’elle se passait de sarcasme et de méchanceté gratuite. Il ne s’était pas encore lassé de la laisser vivre et avait même fait preuve d’une patience remarquable, ce qui était plus qu’un peu encourageant. De son côté, l’humeur était plutôt enthousiaste, la réponse de Shura lui avait étiré son ombre de sourire, un peu moqueur certes mais plutôt bon enfant. « Va savoir. Il semblerait que l’homme ganté, encagoulé et armé ne soit pas reconnu comme une figure rassurante à découvrir chez soi en pleine nuit. Si tu pouvais te passer d’afficher un visage coupable dans le cas où notre hôte finirait par se lever surtout. Plus c’est gros, plus ça passe, pas vrai ? » Ce faisant, elle orienta ses pas hors du salon jusqu’à finalement se raviser tout à fait. Trottinant jusqu’à la jupe de son tailleur délaissée un peu plus loin, elle s’en saisit et repartit vers la cuisine, d’un bon pas cette fois, et l’enfila une fois sur place pour se rendre à son tour un peu plus présentable. Enfin, présentable - c’était sans compter qu’elle était rendue assez décoiffée pour effrayer les corbeaux et toujours les pieds nus, mais il n’avait qu’à se présenter à un horaire correct après tout.

Elle avait rempli la bouilloire et placé l’eau à chauffer, s’attelant désormais à fouiller les placards un à un en quête d’un sachet familier. Petite cambrioleuse à son tour en quête d’herbes addictives - ironie, quand tu nous tiens. Son attention s’était reportée sur lui lorsqu’il l’avait rejointe en cuisine, et elle eut un rire léger en entendant sa question. Elle se  tourna de son côté, appuyé sur le comptoir, à demi-pensive. « Plus douce que je ne le voudrais. Si cela ne tenait qu’à moi, je lui aurais déjà scié les jambes, au moins cela l’aurait faire tenir en place. J’ai voulu lui fracasser la mâchoire, mais en fin de compte, ça tenait plus de la claque. Tu as remarqué que ma force laissait à désirer. Alors il ne me reste plus qu’à le rabaisser plus bas que terre… pour compenser. » Mine de rien, elle restait assez bavarde, cette Moscovite. Peut-être était-ce parce qu’elle prenait rarement le temps de jouer les commères avec ses amies, sans doute parce qu’elle n’en avait pas.
Elle tapota distraitement du doigt sur le plan de travail, et reprit ses recherches avec un léger soupir. Sa voix, elle faisait de son mieux pour y placer une impression de détachement. D’une certaine manière, elle savait combien elle était stupide pour n’avoir pas encore lâché l’affaire. Dix ans à se répéter qu’elle ne retournerait jamais ramper vers ce rat qui l’avait abandonnée par pure lâcheté, mais dix ans à ne pas le sortir de son crâne, pour au final en arriver ici, à accourir au premier signal avec la haine pour excuse. C’était tellement pitoyable. Elle ferait mieux d’en rougir mais par fierté vous savez, on fait semblant d’assumer les choses les plus absurdes et on s’obstine à répéter qu’on n’a pas tort. « Nos fiançailles remontent à dix ans plus tôt. » Elle fit une pause brève, cela faisait toujours quelque chose de le dire à haute voix. Bray était sous l’enseigne des retrouvailles. Dix ans pour l’un, vingt pour l’autre, c’était de quoi lui rappeler à quel point sa vieillesse était inévitable, ce qui ne manquait pas de lui creuser les traits d’un peu de contrariété. « Ce qui ne me rajeunit pas vraiment. Je ne suis toujours pas mariée - d’une certaine manière, je pense que ça donne une bonne vision d’ensemble du problème… Ah! ». Elle avait arrêté son regard sur la boite à sucre, ce qui était une bonne compensation. Ceci dit, il leur manquait encore quelques détails, comme deux tasses, deux cuillères et une théière. Et puis, accessoirement, du thé.
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Il se tut définitivement, renforçant sa bulle protectrice et sa coquille increvable pour ne pas laisser s’échapper plus de vérités à propos de son absence. Parfois, il avait du mal à réaliser. Il n’avait pas vu le temps passé, ce dernier courant presque aussi vite que lui. C’était légèrement embarrassant tout de même, mais Vlasi estimait qu’en matière d’explications à donner, il en avait fourni suffisamment pour l’instant. Ses dents supérieures étaient venues mordre sa lèvre inférieure, tic qui laissait entrevoir que le voleur faisait taire sa colère. Il ne voulait pas s’emporter, il ne le voulait jamais face à autrui. Parce qu’en soit, s’il cédait à ses pulsions, il donnait en quelque sorte la victoire à l’autre. Et ça, Kochtcheï est un peu trop fier pour se le permettre. Il n’arrivait plus à penser ni à réfléchir, préférant détourner le sujet sur Aleksandra qui avait autant de choses à lui raconter sans doute. Il ne put retenir une légère esquisse en l’entendant le juger sur l’impression qu’il donnait et sa proposition quant à trouver plus légale comme façon d’être. Allons bon, ce n’est pas comme s’il faisait un effort déjà de jour, on pouvait tout de même lui accorder le luxe de tirer la gueule en pleine nuit. Il avait simplement levé les yeux en l’air à sa remarque, ne répondant rien. C’était le mieux à faire, ça ne ferait que s’éterniser de toute façon.
A la place, il l’avait vaguement regardé revenir pour attraper sa jupe, laissant un ricanement aussi léger que peu moqueur s’échapper de ses lèvres en voyant un tel spectacle. Si, c’était drôle. Du point de vue d’un cambrioleur qui n’avait pas spécialement prévu de se taper la discute avec l’invitée de son hôte, c’était drôle. Voir même bon enfant. Shura avait fini par la rejoindre dans la cuisine pour discuter un peu plus de ce fameux homme qui l’avait traîné jusqu’ici. Il ne souhaitait pas se mêler de ses affaires –du moins pas plus qu’il y a vingt ans-, mais il voulait étancher une curiosité maladive. Il écoutait sans rien relever pour le moment, préférant la laisser terminer tandis qu’il la regardait fouiller à son tour les placards dans l’espoir de trouver des infusions. Il prit une grande inspiration pour se retenir de faire un commentaire, comme celui qui signalerait qu’il avait des herbes à infuser dans son sac tout autre qu’elle ne risquait pas d’aimer. Au lieu de ça, il prenait appuis sur le côté de la porte, curieux et désireux dans savoir plus sur cet homme. Cependant, quand il espérait pouvoir lui répondre, aucuns sons n’avaient traversé sa bouche. Sa voix était bloquée, volatilisée. Si c’était un contrecoup de sa voix enrouée de tout à l’heure, ce n’était vraiment pas drôle. Il ne faisait pas bon de voler dans cette maison,  n’ayant jamais eu à encaisser une telle chose aussi foudroyante.

Parfait ! Lui qui n’était pas très bavard en temps normal, ça n’allait pas arranger ce vilain défaut. Ou qualité, tout dépendait quelle partie on prenait. Glissant ses doigts pour masser sa pomme d’Adam, il était quelque part content qu’Aleksandra était trop concentrée dans sa recherche de thé pour remarquer que le russe ne pouvait rien dire. Dans un silence contraint, il écoutait, ne ménageant pas sa stupeur en relevant les sourcils quand elle annonça que ses fiançailles s’étaient déroulées il y a déjà dix ans. Décidément, il devrait s’intéresser un peu plus à son entourage russe, car il ne s’attendait pas à ceci. Ou alors, cela avait l’effet d’un brutal retour à la réalité. Lui qui avait passé vingt ans à cavaler et ne pas se rendre compte du temps qui passe, dix et vingt ans étaient des nombres qui chiffraient méchamment le temps passé à courir. En dix ans, il aurait pu aussi se ranger, fonder une famille loin de Voronej et Moscou, se poser. Et non, au lieu de ça, il n’avait pas changé. Il avait laissé simplement un soupir s’échapper de ses lèvres à défaut de pouvoir avoir du son et il avait attrapé deux tasses et deux cuillères. Il les avait glissé devant la moscovite, chaque cuillères entreposées dans le contenant pendant qu’il se mettait en quête d’une théière. Shura faisait partit de ses feignants qui préféraient prendre un sachet Lipton avec une bouilloire électrique à porter de main plutôt que de se fatiguer à prendre une théière, doser lui-même l’infusion, etc… En plus, vu sa consommation de thé par mois, ça lui revenait à beaucoup moins chère que d’acheter du matos spécifiques à thé.

Cela dit, ça le démangeait vraiment trop de répondre et ne pas être dans la capacité de le faire qu’il avait attrapé son portable dans la poche intérieure de sa veste en tissu. A défaut d’avoir du papier et un crayon sous la main, autant faire avec ce qu’il avait. Il s’était mis à écrire le message qu’il souhaitait faire passer, mettant son portable sous le nez d’Alek ; Quelle idée de se marier aussi… Oui, tout ça pour ça. Mais, en vue de sa mine totalement stoïque et imperméable, c’était sa franchise et son calme qui parlaient avant les reproches. Il ne lui reprochait rien, c’était sa vie. Elle en faisait ce qu’elle voulait après tout. Vlasi avait fini par dégoter le thé, ouvrant le bocal pour sentir si c’était ça et si ça n’avait pas moisi vu l’endroit propice à l’oublie où il était entreposé. Puis, il avait troqué entre son portable et la boite de thé, estimant qu’elle avait eu suffisamment de temps pour le lire et qu’il puisse changer pour la suite de sa réponse ; Pourquoi tu t’es fiancée ? Le plus drôle, c’est que malgré la cocasserie de sa situation, Kochtcheï demeurait impassible et sérieux comme si tout ceci était parfaitement normal. Il avait remis le portable sous son nez, sur la boite, avant de s’appuyer sur le bar de la cuisine derrière lui, croisant les bras en attente d’une réponse. Il ne trouvait pas cette fichue théières, mais il lui avait sorti les tasses, les cuillères et le thé donc ça compensait à son humble avis.

(Post-défis n°1)
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Peu après ses derniers mots, la cuisine s’était faite incroyablement silencieuse. Vlasi s’était tu et semblait peu disposé à lui répondre, mais il n’y avait rien d’étonnant à cela en fin de compte. Quand on avait une vie dangereuse et palpitante, faite d’aventures et de longs voyages, de braquages, de cassages de gueule et de coups de pistolet, que pouvait-on bien trouver d’intéressant à une histoire de romance et de trahison digne d’Amour, Gloire et Beauté ? Il n’était sans doute pas le genre de personne à se poser derrière un feuilleton à l’eau de rose ponctué de rires additionnés après tournage - sinon peut-être après s’être coulé une douille monumentale. Mais elle ne s’en vexait pas, après tout, elle-même détestait les histoires d’amour, et détestait admettre en vivre une. De toute façon, elle n’avait pas de sentiment pour quiconque, pas vrai ? Donc elle n’avait pas à se sentir concernée par le problème en fin de compte. Oui, en fin de compte, on s’en moquait assez, elle préférait de loin entendre ce que lui avait à dire.
Il s’affairait pendant ce temps, dénichant finalement la vaisselle qu’il leur fallait. Elle le remercia d’un sourire - elle avait souvent le “merci” difficile, mais le geste était là. Elle lui lança un regard intrigué en le voyant saisir son téléphone et y taper quelque chose. Un SMS ? Demandait-il à ce qu’on vienne le chercher, désirait-il à ce point échapper à la conversation ? Ou peut-être prévenait-il ses commanditaires qu’il leur faudrait attendre une nuit supplémentaire. Oh, peu importe en fait, il pouvait bien faire ce qu’il voulait. Elle fut prise de court pourtant lorsqu’il vint lui glisser l’appareil entre les mains. Elle qui aurait rechigné de laisser même un ami toucher le sien, elle trouvait cela à peine croyable - mais elle préféra ne pas le relever, pour lire plutôt ce qu’il y avait inscrit. Elle n’y sentait aucun reproche, tout juste une plaisanterie, mais ces quelques mots l’intéressaient bien moins que la manière même dont il les lui avait exprimé. « Tu… as perdu ta voix ? » Elle n’avait pu s’empêcher d’exprimer le fond de sa pensée, mais au moins ne ressentait-elle pas l’envie de se moquer. Enfin pas tout à fait.
Le temps qu’elle lui réponde, il avait déniché le thé et lui avait repris le téléphone des mains, pour le lui remettre presque aussitôt. Pourquoi. Ah, la bonne question. Elle avait soupiré légèrement en lui rendant son téléphone - il en avait plus besoin qu’elle, de toute évidence. Elle s’était remise à fouiller le temps de chercher ses mots, mettant finalement la main sur la vilaine théière. « Je n’ai pas vraiment eu le choix. J’approchais de mes 30 ans, il était clairement temps que je me marie. Pour un homme, le célibat se tolère peut-être à tout âge, mais c’est encore délicat d’être vieille fille en Russie. » Surtout dans son milieu, il fallait bien le dire. Elle s’était mise à doser le thé avec expertise et habitude, le regard rivé sur ses propres gestes. Elle se donnait l'air impassible, il faut dire aussi qu'elle l'était - le sujet la remuait bien moins qu'on aurait pu le penser. Elle se foutait pas mal de se laisser dicter sa vie sentimentale, elle était plutôt touchée par le fait que celle-ci ait échoué - parce qu'échouer, elle détestait ça. « Mon père trouvait qu’il était un homme bien, il aura fallu peu de temps pour démontrer le contraire. Comme quoi, il lui arrive d’avoir tort. » Mauvaise foi. Il valait cent fois mieux qu’elle se tape cette tête de mule de marin qu’un Ò Murchù, mais admettons. L'avoir fuie pendant dix ans était un argument valable pour lui faire des reproches.
« Tu as l’air d’avoir une assez mauvaise opinion du mariage. » Elle lui jeta un coup d’oeil, tout en versant l’eau bouillante dans la théière. Ils n’avaient plus qu’à attendre l’infusion, mais elle n’avait rien contre bavasser en attendant. Même seule, à vrai dire elle parlait bien assez pour deux. « Je dois avouer que j’ai du mal à me départir de l’idée de fonder une famille. Je ne comprends pas comment on peut aimer l’idée de vieillir et mourir seul. Il faut compter aussi que plus l'on atteint un âge avancé, plus il est difficile de se trouver quelqu’un, et plus il est difficile d’avoir des enf… » Ah. Ah, oui. Ce mot-là, il passait difficilement ses lèvres maintenant, il s’était noyée dans sa gorge à son tour, comme si elle avait été prise également d’une extinction de voix. Son regard se perdit dans le vide un bref instant, et elle ponctua cette phrase désastreuse d’un long soupir de profonde lassitude. Rien contre lui cependant, elle ne se le reprochait qu’à elle-même. Elle saisit tour à tour la théière et les deux tasses pour les déposer sur la table de la cuisine, et elle tira une chaise pour s’y asseoir avec comme un peu d'agacement, avant de finalement retrouver sa voix. « Bien sûr, c’est de plus en plus courant de ne pas se marier. Tu fais bien ce que tu veux, même si c’est une opinion stupide. » Elle avait rattrapé la conversation de son mieux, se forçant même à y mettre une pointe d’humour peu sincère et soulignée d'un sourire. Elle préférait ne pas s'attarder sur le sujet délicat de la progéniture qu'elle n'aurait jamais. Et puis, après tout, elle était mal placée pour juger qui que ce soit, puisqu’elle n’était toujours pas mariée.
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Loin de là l’idée de vouloir la laisser dans le silence, mais Shura n’était pas très disposé à discuter. Il fallait voir le bon côté des choses, ça ne changeait pas beaucoup de son quotidien. Il était plutôt du genre frileux en matière de bavardage, n’ouvrant la bouche qu’en cas d’extrême nécessité ou bien pour faire décrocher un mot à son interlocuteur. Ou lui proférer des menaces comme elle avait pu le constater par elle-même un peu plus tôt. Avait-il l’espoir qu’elle ne remarque rien ? Oui et non. Disons qu’il aimerait bien, mais qu’il s’attendait à ce que ça finisse par tiquer en vue du grand silence dans la pièce. Il faisait de nouveau quelque chose de ses mains. Une façon de prouver qu’il était loin de s’en foutre de ce qu’elle racontait. Au contraire, elle rassasiait sa curiosité. Est-ce qu’il se serait montré aussi attentif vingt-ans plus tôt ? Non, pas du tout. Il n’allait pas mentir, ça ne servait à rien de toute façon. Vlasi avait eu bien d’autres choses à s’occuper à ce moment-là, à commencer par ne pas crever de soif, de faim ou d'une balle dans le dos. Les ustensiles nécessaires pour le thé étant prêts à être utiliser devant elle, il avait trouvé un moyen de pallier à cette soudaine extinction de voix en passant par le biais de son portable. Drôle de méthode, c’est entendu. Mais c’était toujours mieux que de la laisser sans réponse avec une appréhension peu flatteuse pour lui. Alors quand la question avait fini par tomber, il avait simplement haussé les sourcils en reprenant sa fouille. Est-ce qu’elle disait ça par plaisanterie ou par véritable constat médical ?
Oh, il allait bien finir par le savoir. Shura la laissait finir les préparatifs, reprenant son portable tandis qu’elle répondait à sa question. Difficile de se concentrer à la fois sur la réponse et sur l’orale, surtout en vue de son débit. Il allait faire un tir groupé en commençant par répondre à l’interrogation au sujet de sa voix. Puis, au fur-et-à-mesure de son récit, son message s’agrandissait. Le mariage c’était … Rien pour lui, totalement inutile. Quel intérêt de s’unir à quelqu’un hormis avoir une jolie bague sur le doigt ? Il y avait une petite esquisse aux coins de ses lèvres à sa remarque. S’il était mauvaise langue, il lui rétorquerait bien de regarder où le mariage l’avait mené, sentant bien que c’était un sujet assez tendu. Il ne fallait pas être stupide, cela sautait aux yeux. Cette façon de s’arrêter, de parler lentement, de s’échapper dans ses pensées dès qu’elle avait tenté d’évoquer le sujet des enfants … Ouai, il était d’accord sur ce point, il était préférable de ne pas en parler.

Il continuait de pianoter sur son téléphone, remarquant son retour parmi les vivants que lorsqu’il entendu la théière et ses comparses en céramique être déplacées. Il avait bientôt terminé, alors il refusait de bouger, restant planté adossé au plan de travail de la cuisine. Shura n’avait sans doute jamais écris autant avec l’aide de son téléphone. Ses messages se résumaient la plupart du temps à de simple ok je-m’en-foutiste. Il n’était pas adepte des longs SMS, que ça soit pour les recevoir ou pour les envoyer. Car dans le premier cas, il n’aura pas le courage de le lire jusqu’au bout. Et dans le deuxième, il se dit que le receveur pense peut-être comme lui et que ça ne vaut pas le coup de se fatiguer. Le point final mit, il avait fini par s’installer à son tour à la table, lui mettant l’énorme pavé à pixel sous le nez pendant qu’il prit sa tasse : Possible. Et si on ne s’attardait pas trop sur ma voix qui répond absente ? Homme ou femme, je ne vois pas trop la différence en matière de célibat’. Mais c’est sûr que ce n’est pas dans ton château qu’ils t’auraient appris à voir les deux genres sur un même pied d’égalité. Se marier pour ne pas faire tâche, tu parles d’une gloire. Tu sourirais si t’étais vraiment heureuse avec ton gars. Et tu ne dormirais pas chez un inconnu au passage. Je n’ai pas une opinion très positive sur le mariage, c’est vrai. Je trouve que ça m’est totalement inaccessible en plus d’être une contrainte. Une paire d’alliance me fait plus peur qu’une paire de menotte, si ce n’est pas idiot. Au moins, tout seul, je peux aller où bon me semble et mettre personne en danger. C’est ce qui m’aide à relativiser. Je suis totalement incapable d’être mari ou bien père. Et puis j’vais sûrement crever à la fin de cette cavale, alors autant minimiser les chances de manquer à quelqu’un. C’est un peu une forme de compassion pour les autres. Si mon opinion est stupide, alors la tienne est totalement conne.

On ne pouvait pas lui reprocher de tourner autour du pot, ça c’est sûr. Il n’y avait rien dans le regard de Shura. Pas de compassion, pas d’air désolé, pas de moquerie, pas de jugement. C’est ce qu’il y avait de bien quelque part avec lui, il restait neutre, sans jamais d’excès. Ça évitait la plupart du temps les débordements intempestifs ou bien les paroles blessantes. Aleksandra devait être totalement consciente qu’ils avaient grandi dans des milieux opposés. Et que donc, ce qu’on leur avait appris était tout aussi différent que leurs entourages respectifs.

(Post-défis n°2)
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Tout ce temps, il l’avait passé recroquevillé sur son téléphone, pianotant ses touches à une vitesse folle, composant un pavé de texte interminable qu’elle voyait depuis sa place. C’était assez désagréable au fond comme situation, son interlocuteur ne la regardait pas et semblait affairé, inattentif. Même si elle savait que toute cette rédaction lui était destinée, et que cela devait être aussi pénible pour lui que pour elle, elle ne pouvait s’empêcher de se renfrogner un peu. Il était aphone - on aurait facilement convenu que le moment était très mal choisi pour rattraper le temps perdu. Cela dit, ils étaient techniquement encore en plein cambriolage, alors le moment était mal choisi déjà de base. Peut-être ferait-elle mieux d’abréger, de passer le sujet, de l’envoyer paître, plutôt que de se bercer de cette impression de parler au vide. Et en même temps il faisait un tel effort pour maintenir la cadence à l’écrit qu’elle s’en laissait un peu toucher, et ne relevait rien pour ne pas le contrarier. Elle attendit donc patiemment dans le silence qu’il ait terminé, tout en profitant de cette pause pour leur servir le thé, une fois qu’elle eut jugé celui-ci suffisamment infusé. Et lorsqu’il en eut terminé, elle prit sans un mot le téléphone pour y lire ce long pavé, en dépit d’un léger découragement. Enfin, c’était mieux que pas de réponse du tout.
Elle commença sa lecture, passant brièvement sur ce qui concernait sa subite extinction de voix. Il témoignait d’une opinion radicalement différente de la sienne, globalement sur tous les points soulevés. Cela annonçait la couleur, et cela risquait d’être glorieux s’ils se mettent à débattre et à camper chacun leurs positions. Enfin, considérant le fait qu’elle était la seule apte à parler et que lui devait se débattre à l’écrit pour développer quoi que ce soit, elle s’en sortirait probablement vainqueur. Il faut dire que la vision d’Aleksandra était assez traditionnaliste de manière globale - aussi curieux que cela puisse paraître pour une forte tête. L’égalité homme - femme était à ses yeux une douce illusion, enviable a priori, mais la porte ouverte à la décadence occidentale. Ne pas se marier, voilà une drôle d’idée. Elle l’avait eu pourtant, après le petit incident “Piotr Narychkine” - elle s’était mise en tête de ne plus croire un homme et de ne plus se marier. Elle représentait en quelque sorte la femme affranchie, la femme libérée, celle qui a fait du travail son objectif de vie, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Et pourtant, malgré ça, malgré cette envergure qu’elle se donnait, elle ne pouvait s’empêcher de voir en l’homme une figure de domination qu’elle se sentait de respecter. L’homme qui ne dominait pas était l’homme faible, l’homme décadent. Une opinion curieuse, facile à objecter, mais elle y baignait depuis l’enfance et avait beaucoup de mal à en changer.

Ayant fait l’inventaire de ses arguments de réponse, elle repoussa le téléphone vers lui en un soupir. « Mon mariage n’est pas une histoire de bonheur, pas plus qu’une histoire d’amour - c’est à l’origine une histoire d’argent et de bonne fréquentation. Cela m’importait peu d’épouser sans amour, de toute façon j’ignore ce sentiment. C’est plutôt l’impression d’être tournée en ridicule qui m’insupporte. Je ne suis pas heureuse avec lui, et d’ailleurs je ne suis plus avec lui et n’en suis pas plus heureuse. Alors j’estime être en droit de dormir chez qui je veux, n’en déplaise à ce pleutre. Et de toute façon, je ne souris jamais. » Enfin, elle souriait parfois, mais le plus souvent par moquerie ou pour affaires, alors on en déduisait ce que l’on voulait. Ceci établi, elle approcha sa tasse de thé à deux mains pour se les y réchauffer, plongeant son regard dans l’eau tranquille. « Mais le mariage est un bien nécessaire lorsque les années passent. C’est une histoire d’appui et de soutien, de force, et un jeu de domination. La comparaison aux menottes est imparfaite - dans un tel cas, tu es le seul prisonnier. En ce qui concerne les alliances en revanche, chacun appartient à l’autre, et c’est ce qui permet à l’ensemble de fonctionner. Deux ont plus de force qu'un seul. Si tu aimes la solitude et que tu penses qu’elle ne te pèsera jamais, grand bien te fasse. Si ton ambition de vie, c’est de mourir, en fin de compte ton point de vue n’est pas très étonnant. Le mariage ne représente rien s’il n’est pas envisagé dans la durée. Mais si d’avoir l’intention de vivre, plutôt que de se noyer dans la compassion pour un individu que l’on ne connait pas, est ce que tu appelles une opinion totalement conne, alors je ne crois pas avoir aucun moyen de te faire entendre un raisonnement intelligent. »
Il n’y avait pas plus d’agressivité dans sa réponse qu’il n’y en avait eu dans la sienne. En fin de compte, ils s’étaient comme entendus sans le dire pour accepter les mots durs l’un de l’autre sans s’en formaliser. Elle s’en foutait assez, au final, ce n’est pas comme s’il lui arrivait à la cheville. « Il n’y a pas plus d’égalité entre les hommes et les femmes qu’entre ceux qui vivent dans un château et ceux qui naissent dans les égoûts. Et, de ce que je vois, l’opinion sur le mariage diffère de même. Mais ce n’est pas vraiment important, alors peut-être devrions-nous laisser cela de côté. » Elle lui lança quelques regards, hésitant à lui faire part de sa curiosité. Il devait avoir une vie dangereuse et complexe, et affronter pas mal de choses, pour penser que l’on souffrirait de s’attacher à lui. Elle n’avait pas d’exemple de ce genre en tête, Aleksandra. Elle ne savait pas ce que c’était, de vivre en bas. « N’as-tu jamais pensé à te poser et faire en sorte de ne plus représenter un danger ? Tu es sous pression ? Tu es pourchassé ? » Ce n’est pas comme si elle avait l’intention de le vendre, après tout. Tout ce qu’elle aurait pu faire, à l’extrême limite, c’était l’aider.
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Ce n’était pas le geste le plus poli qu’il aurait pu faire, sans aucuns doutes. Mais, il ne fallait pas qu’Aleksandra se méprenne : il ne restait pas le nez rivé sur son écran par plaisir. Le portable était une alternative à son extinction de voix le temps qu’elle cesse. Combien de temps ce genre de mal dure en générale ? Pas très longtemps, non ? Shura l’espérait. Car on ne peut pas dire que ça soit tombé aux meilleurs moments. Il avait laissé le temps à la slave de lire son pavé de pixel et pendant ce temps, il s’était installé à son tour à table. Il tirait sa chaise en silence, l’installant convenablement pour se vautrer dedans. La tenue n’avait jamais été son fort. Il préférait ressemblait d’avantage à une panthère avachie plutôt qu’un dos droit à vous raidir le fessier. Il soupirait un peu, lassé. Il ne pouvait pas se défendre comme il le souhaitait sur le sujet. Aussi dépannant pouvait être le clavier d’un téléphone, ça ne changeait pas la praticité des cordes vocales. Il n’y avait pas de tonalité dans un message, c’était libre d’interprétation. Kochtcheï n’avait fait que répondre à la question, de manière plus ou moins cru d’ailleurs. Il ne pesait pas ses mots ni cherchait à être tact dans sa façon de s’exprimer, pourquoi un sms y changerait quelque chose ? Il avait saisi la tasse, se permettant de regarder le contenu discrètement. Une fois la phase de prévention passée, il en avait pris une gorgée. Sans plus, ça n’était pas mauvais, mais ça ne lui faisait pas autant d’effets qu’un bon café.
Mais plutôt que de s’attarder sur ses gouts, il écoutait avec attention Aleksandra qui avait de quoi dire. Oui, il était têtu. Oui, il n’allait pas changé d’avis sur la question. Mais non, il ne continuera pas ce débat. Pourquoi ? Par flemme. Juste par pure fainéantise parce qu’il n’avait pas envie de refaire un énorme pavé sur son téléphone. Et aussi parce qu’il respectait son opinion sans forcément y prendre parti. C’était son choix de vie, mais elle était au moins assurée qu’il ne lui enviait pas. Shura s’était redressé un peu pour redéposer la tasse sur la table. Elle était à peine entamée, mais ils n’étaient visiblement pas pressés non plus. Sinon, ils ne seraient pas posés dans la cuisine à papoter sur une paire d’alliances. Ou de menottes. Quoi que, pour ce qui est de ces dernières, il y avait tout de même une petite once de jeux et de défis.

Il avait repris son portable en le faisant glisser sur la table. Shura attendait qu’elle termine son monologue. Il ne pouvait pas rivaliser avec un clavier face à un tel flot. Cela dit, son visage parlait pour lui : toujours aussi stoïque et sans débordement émotionnel. Rien, le néant. Ce qu’on pouvait appeler couramment une tête de cons car il était persuadé que sa vision était la bonne. Peu importe ce que dirait sa compatriote. Et puis, il se souvenait de sa façon d’être, de cette vision hautaine voir même insupportable. Le je-m’en-foutiste de Kochtcheï jouait en la faveur d’Aleksandra car ça l’aidait grandement à passer outre son comportement et cette façon de regarder de haut les autres. Un comportement digne d’une petite bourge. Il était persuadé que de toute façon, le bon dieu le lui rendra. A la place, il maintenait le silence et il jouait avec sa tasse. Il la faisait tourner, incapable de ne rien faire de ses mains. Il avait relevé le regard en sa direction à sa question, le plantant dans le sien. Est-ce qu’elle croyait vraiment qu’il avait envie de lui répondre ? Non. Pas du tout même. C’est dans ces instants que sa voix lui manquait énormément et qu’il ne pouvait pas se défendre comme il le voulait. Il savait comment ça allait se terminer s’il lui répondait : elle allait encore prendre ses grands airs et soudainement tout savoir. Personne ne sait, absolument personne et c’est mieux ainsi. Car il ne pouvait supporter ce genre de personnes qui avait tout vu et tout fait. Qui, sous unique prétexte d’avoir de l’argent à ne plus savoir quoi en faire, se plaisait à poser leurs fesses sur le dos des plus pauvres à quatre pattes. Cette pensée le faisait rire quelque part. Lui qui n’était pas du genre révolutionnaire pensait comme eux. C’était pitoyable, il était pitoyable. Allons bon, il avait de nouveau tapoté sur son clavier. Elle lui avait fait un instant confession, c’était normal qu’à son tour il réponde. Aussi déplaisant soit-il.

Si, plus d’une fois même. J’ai essayé, je n’y arrive pas. Il se passe des choses ici qui me dépassent totalement… Tu les verrais, je passerais pour un enfant de cœur à côté. C’est… Indescriptible. Je ne serais pas comment t’expliquer, même avec ma propre voix. La limite ne devait pas être franchie. Et là, ils vacillaient entre la passer et rester derrière. Il ne pouvait pas expliquer à Aleksandra si elle ne savait rien des créatures surnaturelles. Si tout ceci était relégué au rang des contes et des légendes. Il ne pouvait pas aller plus loin, pas sans risquer d’être prit pour un fou. Et connaissant la soviet, il y avait de fortes chances. Il avait de nouveau glissé le téléphone en sa direction, reprenant sa tasse pour en boire une gorgée sans la quitter des yeux. Il voulait sonder, voir s’il pouvait s’aventurer à lui en dire plus ne serait-ce que par sa réaction et les mots qu’elle va choisir. Ces mêmes mots qui allaient l’aider à se décider si, oui ou non, il devait lui dire. La dernière fois qu’ils se sont vus, il lui avait déjà caché. C’était trop frais, trop effrayant et trop honteux. Maintenant, ça faisait partit de son quotidien. C’est ce qui lui avait permis de bouger autant en si peu de temps. Il n’était pas croyant, mais parfois il était tenté de remercier le seigneur pour ne pas avoir atterrit entre quatre planches jusqu’ici. Il s’en mordait la lèvre, faisant enfin preuve d’un instant de faiblesses. Ce n’est pas franchement le sujet qui lui plaisait le plus donc si elle n’avait pas envie de savoir, c’était mieux ainsi.

(Post-défis n°3)
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Cette fois-ci, pour son plus grand plaisir, il s’était abstenu de tapoter sur son clavier de téléphone et ne l’interrompit pas plus tandis qu’elle lui exposait son opinion. Il la regardait, attentif, la tasse de thé à ses lèvres, comme toute véritable conversation devait être. Surtout, cela signifiait pour Aleksandra qu’il ne répondrait potentiellement pas au débat, et qu’elle en sortait donc vainqueur, ce qui n’était pas pour déplaire à cette tête de mule. De toute façon, y avait-il vraiment lieu de discuter mariage, puisque ni l’un ni l’autre n’était encore passé par là ? Ils restaient deux quasi quadragénaires célibataires, ce qui dans l’ensemble était assez peu glorieux, alors peu importe qui avait tort et qui avait raison, au fond.
En fin de compte, il avait repris son téléphone - il faut dire que s’il n’avait répondu que par son silence, l’ambiance aurait soudainement pris une tournure moins agréable, et Aleksandra n’était pas tout à fait partisante du malaise. Déjà qu’ils ne débordaient pas de sentiments, qu’est-ce que cela aurait donné s’ils avaient aussi cessé de discuter. Vlasi n’aurait eu d’autre choix que de rentrer chez lui - en supposant qu’il ait un chez-lui - et Sacha n’aurait plus eu qu’à tuer le temps jusqu’au matin, puisqu’elle ne fermerait pas l’oeil de toute façon. Alors elle profita d’avoir l’occasion d’une pause, alors que lui-même lui répondait par écrit, pour prendre à son tour quelques gorgées de thé - après tout, elle l’aimait quand il était encore brûlant, et plus le temps passait, plus il s’en éloignait. La réponse ne tarda pas, il avait écrit bien moins pour cette fois, et au premier regard elle put voir qu’il n’avait fait que répondre à sa question, et laissait bienheureusement le débat de côté.

Pourtant, il n’avait en rien satisfait sa curiosité, il l’avait même excitée encore davantage. Un message composé de délicieux mystères, et qui rechignait à dévoiler quoi que ce soit. Se passait-il vraiment des choses à Bray qui soient si terribles pour que cela impacte son existence entière ? Quel était le secret derrière son éternelle cavalcade déjà longue de dix années ? Qu’y avait-il d’à ce point inexplicable ? Elle était restée pensive derrière ces quelques mots, sourcils froncés. Qu’il y ait pire en ce monde que Vlasi, cela, elle s’en doutait. Il était peut-être cambrioleur, armé, mafieux et tout ce que l’on voulait, un garnement de la plèbe, un rejeton des bas fonds, mais elle ne le voyait pas comme un homme mauvais, pas plus qu’un monstre d’ailleurs. Elle pouvait le charier et le pousser un peu hors de ses gonds - du moins tenter - voire, éventuellement, le traiter de quelques noms, mais elle n’en faisait pas une horreur de ce monde, quand bien même aurait-il déjà tué. Il faut dire que dans sa profession, elle en connaissait, des hommes cruels. Le milieu des affaires était après tout un joyeux concentré de connards qui encensaient l’exploitation de l’homme par l’homme, et elle ne trouvait pas cela beaucoup plus louable que d’entrer par effraction chez un gusse aléatoire pour dérober un bijou maudit. Cela dit, elle n’était pas si différente de ces joyeux connards, à cela près qu’elle n’était pas joyeuse, mais elle se garderait bien de s’épandre sur le sujet.
Plutôt, elle devait bien reconnaître qu’il lui avait seulement donné une folle envie de savoir tout ce qui se cachait sous ces allusions vagues, mais elle ne savait pas s’il en parlait ainsi pour la faire supplier ou parce que, réellement, il ne comptait pas lui en parler. Elle réfléchit un moment, renvoyant le téléphone de l’autre côté de la table en hésitant. Elle aurait sûrement dû prendre des précautions, jouer de manipulation pour l’amener à parler, mais elle n’était pas forcément dans de bonnes dispositions et se sentait d’humeur brute - rien de bien étonnant quand on voyait son caractère et son comportement. Son ton direct n'empêchait pas que ses mots étaient totalement dénués de violence, ils étaient même emprunts d'une sorte de légèreté pensive plutôt que d'insistance. « Comment, tu n’y arrives pas. Comment, tu es dépassé. Que peut-il y avoir de si terrible dans cette ville, ce village, ce pâté de maison en bord de côte ? J’y arrive à peine, je n’en ai rien vu encore, mais tout me semble normal et remarquablement mort et ennuyeux. Vas-tu me dire que c’est le repère d’un groupe mafieux irlandais ou quelque chose comme ça ? Non, pourtant, c’est assez facile à décrire, ça. Ce doit nécessairement être autre chose, mais quoi - tu m’intrigues beaucoup. » Elle parlait tant pour lui que pour elle-même - de formuler son incompréhension lui permettait d’y voir plus clair, et pourtant non, elle n’en déduisait rien. C’est qu’elle était beaucoup trop terre à terre pour envisager quelque chose que son cerveau ne pourrait pas décrire.
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Ce n’était que partie remise. Il n’y avait aucune gloire ou satisfaction à tirer lorsque l’interlocuteur ne disposait pas pleinement de ses moyens d’élocutions. Vlasi s’était contenté de prendre une grande inspiration en guise de ponctuation, relevant les sourcils dans le même élan. Son faciès semblait dire qu’il en avait marre et qu’il n’avait pas envie de s’aventurer plus loin, mais ses pensées étaient plutôt en train de lutter contre la fatigue. Ainsi, la bouffée d’oxygène lui permettait de se battre contre les potentiels bâillements à répétition qui ne seraient pas bien vu du point de vue de la lady. En même temps, qu’est-ce qui était bien vu de son côté ? C’était une bonne question, il faudra qu’il songe à la poser ultérieurement. Shura comptait bien terminer son thé et repartir d’ici au plus vite pour revenir en forme le lendemain, mais elle lui avait demandé quelque chose qui ne lui plaisait pas trop. Dans le sens où il ne saurait comment l’expliquer. Hormis passer pour un fou, cela ferait un débat de plus sans aucunes chances de se défendre. Il s’était figé en se plongeant dans son regard, un air à la fois sévère et septique. Ses doigts tapotaient contre la tasse, seul signe que ses songes le travaillaient avec nervosité. Il pesait le pour et le contre, cherchait comment il pourrait amener ce sujet sans qu’elle se moque à peine celui-ci entamé. Il avait repris son portable et sa réaction ne lui laissait présager rien de bon. Qu’est-ce qu’il avait à y perdre ? Dans le meilleur des cas, elle le prendra pour un menteur. Dans le pire, pour un illuminé. Le mieux à faire, c’était de prendre un chocolat fraîchement pris dans un des placards pour trouver une occupation à ses songes et à ses doigts. Il raffolait du chocolat, presque autant que le café, mais se limiter tout de même dans sa consommation pour ne pas ressembler à une demoiselle dépressive en manque d’attention. D’abord un engloutit, puis un deuxième par gourmandise, il tendait la boite à Aleksandra pour échanger avec son téléphone.
Cela dit, il ne pouvait s’empêcher de laisser un fin sourire amusé apparaître dans le recoin de ses lèvres. Un pâté de maisons en bord de côté et des mafieux irlandais … Il aurait largement préféré que ça ne soit qu’un souci d’Irish Mob, mais c’était autre chose. A moins que les criminels du coin soient partisans de la chasse et du dépouillement de créatures magiques. Ce qui pourrait tout à fait avoir un lien, c’est accordé. Le russe s’était redressé un peu, faisant tourner son portable coincé entre ses doigts. Elle ne le prendrait pas au sérieux. C’était évident, elle avait déjà tourné ceci à la plaisanterie, ça serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. Il avait cessé la ronde de son portable, lançant un simple : Qu’est-ce que tu penses des contes et des légendes ? En guise d’introduction. Il n’avait pas fait de grandes études, ni décroché de diplôme. Il n’était pas le plus délicat en matière de parole, ni le plus grand bavard qui soit d’ailleurs. Mais là, il faisait un effort. Preuve que derrière ce comportement autodestructeur, il y avait une logique qui s’opérait là-haut. Quand il n’était pas sous l’effet des stupéfiants bien sûr.

Shura lui avait laissé le temps de lire sa question avant de remettre l’écran face à lui, écoutant en même temps ce qu’elle lui répondait. Non pas qu’il n’y prêtait pas attention, mais c’était uniquement pour tâter un peu le terrain avant de se lancer. Parfois, il faut savoir être prudent. Ses doigts glissés à une vitesse folle sur l’écran pour ne pas perdre le fil de la conversation, ni pour la ralentir. C’est autre chose. Pas de mafia cette fois-ci, mais il est bel et bien question d’organisations. Elles sont autres, avec des cibles bien précises en tête. L’une d’entre elles traque des personnes qui ne sont pas normales et qu’elles jugent aberrantes pour la race humaine dans le but de les soumettre et de révéler leurs existences. L’autre souhaite plutôt que ces personnes demeurent anonymes. Elle protège leurs secrets. Mais l’une comme l’autre, elles sont assez musclées en matière d’intervention. J’ai déjà eu à faire avec des membres du premier cas et … Ce n’est même pas une question d’argent ou de remplir leurs gamelles, juste… Juste dominer des êtres humains. Ils ne sont pas comme tout le monde, mais je ne connais pas deux personnes à l’exact identique. Ces personnes-là tuent juste parce qu’elles ont un petit truc en plus qui leur déplait. Vlasi se rendait compte qu’au fur et à mesure de son pavé, il en disait trop. Que quelque part, c’est qu’il avait besoin d’en parler à quelqu’un, mais le faire avec Aleksandra qui était totalement étrangère à tout ça n’était surement pas la meilleure qualifiée pour l’écouter. Intérieurement, il s’en mordait les doigts. Il ne devait pas en dire plus. Si tôt elle aura fini de lire ceci, il s’en ira. Il avait déjà fini sa tasse de thé à ce propos et il semblait prêt à partir.

Le voleur s’était même relevé de sa chaise, se positionnant derrière elle pour prendre appuie sur le dossier. Il la regardait avec intérêt, essayant de sonder le moindre signe de sa part. Il avait même légèrement baissé sa tête pour y voir plus clair. Rien, rien qui semblait l’inquiéter pour le moment. Shura avait sortis ses cigarettes, il en aura bien besoin une fois qu’il sera retourné dehors.
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Il s’était lassé, c’était évident à l’oeil. Peut-être était-ce l’ennui, peut-être était-ce la fatigue, ou peut-être était-ce l’irritation qui lui agaçait les mains. Et tout à la fois, il avait son regard presque absolument rivé sur elle tandis qu’elle lui parlait. Elle le voyait hésitant, muet, presque fuyant. Rien d’étonnant, si l’on considérait qu’elle désirait le faire passer aux aveux. Cherchait-il ses mots, ou un moyen d’éviter la conversation ? Elle ne pouvait qu’espérer et attendre. Qu’il soit incapable de répondre directement la frustrait au plus haut point, c’était insupportable de devoir incessamment patienter jusqu’à ce qu’il ait terminé d’écrire. Dans d’autres circonstances, elle aurait pu compter sur la maladresse naturelle des individus, saisir un mot qu’il aurait échappé et déduire de là. Mais ici, pas moyen, et sa réponse serait choisie et soigneusement pensée. Elle était néanmoins sur le qui-vive, guettant absolument sa réponse pendant qu’il la tapait. Que pouvait-il bien y avoir de si terrible ? Il n’y avait rien à faire - elle ne parvenait pas à se l’imaginer.
Il ne lui avait alors présenté qu’une simple phrase. Essayait-il de décupler sa curiosité ? C’était loin d’être nécessaire, elle avait déjà envie de savoir et elle détestait attendre, elle détestait le suspense, elle y vouait même une haine féroce. Quoi qu’il en soit, elle lut la question, et ce fut d’abord l’incompréhension qui prévalut. Essayait-il de changer de sujet ou c’était là son amorce ? A moins qu’il ne regrette d’avoir parlé et se mette à lui raconter des fables ahurissantes, pour qu’elle cesse de s’interroger, ou pour tester sa crédulité. « J’ignore où tu veux en venir », commença-t-elle avec un peu de prudence, une prudence qui se changea peu à peu en un ton moqueur, tandis qu’elle le laissait recommencer à écrire. « J’aime mieux les faits réels que de me faire raconter des histoires. Si tu es en train de me narrer Les trois petits cochons, tu peux dès lors arrêter de taper. Nous avons tous les deux passé l’âge depuis longtemps, garde cela pour tes futurs enfants. A moins bien sûr que tu ne m’annonces que le folklore irlandais ait une quelconque importance avec notre affaire. »

Elle avait tapé dans la boîte de chocolats le temps qu’il ait terminé d’écrire (il faut dire qu'elle en était folle, au point d'en avoir développé une forme de dépendance). Elle n’avait rien d’autre à ajouter, il ne lui restait plus qu’à attendre rageusement pour pouvoir dévorer son récit, si tant est qu’il ait un peu plus d’intérêt que ce que sa question laissait présager. Elle était impatiente et le dévisageait, alternant le cacao et le thé pour compenser la frustration envahissante. Elle avait presque envie de lui arracher le téléphone des mains pour au moins amorcer sa lecture, car elle devait bien reconnaître qu’il l’avait malgré tout intriguée. Cependant elle n’en fit rien, jusqu’à finalement pouvoir s’en emparer. Au même instant, Vlasi semblait vouloir boucler cette séance désastreuse, mais tant qu’elle détiendrait son téléphone en otage, il n’irait de toute façon nulle part. Au comble de l’attente, elle reprit la lecture.
Autant dire qu’elle ne s’y était pas attendue. Et qu’elle avait oublié soudainement sa petite introduction, pour déduire de ces mots un sens tout à fait autrement. Organisations, voilà quelque chose qui sonnait ou terroriste, ou gouvernemental. Mais toujours est-il qu’après la façon dont il l’avait fait languir, elle envisageait quelque chose de gros. Il fallait se rendre à l’évidence : elle ne connaissait rien de Bray et pas grand chose de l’Irlande. Elle savait les accrocs et les attentats qu’il y avait eu entre Irlandais et Anglais - mais son savoir s’arrêtait là. L’Europe occidentale était donc bien moins paisible et pacifique que ce qu’elle présageait ? Mais la suite l’intéressa encore bien davantage. En particulier ces personnes anormales. Elle l’avait interprété derechef en terme de maladie mentale, et cela imprégna aussitôt un air grave dans ses traits. Il était resté assez flou dans les termes, elle ignorait de quelle anomalie il s’agissait, mais elle avait envisagé un peu tout. On parlait, après tout, d’une femme qui rangeait encore les homosexuels parmi les personnes instables et susceptibles de suivre un traitement, et qui se moquait bien qu’un homme vive ou crève s’il était sous l’effet de quelque syndrome neurologique ou psychiatrique. Et même, elle était d’avis de les enfermer à tout prix, en cela qu’il menaçait la sécurité et l’ordre public.
Elle s’était retournée vers Vlasi, son regard se posa gravement sur lui, il avait perdu toute trace de plaisanterie. C’est que son message laissait planer le doute sur un point - pour avoir dû en découdre avec ces organisations, pour qu’il sente sa vie menacée, cela signifiait-il… Qu’il en était ? Quelle que soit cette anomalie, le mot anormal aurait suffi pour que Aleksandra désire le condamner. Mais Vlasi, elle le connaissait un peu, et ils venaient de discuter plus ou moins toute la nuit. Elle avait le regard perçant, essayant de lire dans ses traits - elle cherchait le symptôme débilitant, elle cherchait ce qu’il avait d’anormal qui puisse justifier que l’on attente à sa vie. Mais en dehors de sa perte de voix subite, et de son passif de mafieux qu’elle tolérait tout à fait, il n’y avait rien à signaler.
« En quoi ces personnes sont-elles anormales ? Représentent-elles un danger ? C’est génétique ? Est-ce que… Vlasi, est-ce que tu en es ? Tu en caches ? ». Ce disant, elle s’était levée et mise à sa hauteur. Ce choix de mot digne d’un collabo, allié à la méfiance dans le ton et le regard avait de quoi tuer toute confiance. Et pourtant, il n’y avait pas non plus d’hostilité - parce qu’elle ignorait parfaitement ce dont il s’agissait, et parce que Vlasi ne lui inspirait pas de sentiment mauvais. Non pas qu’elle aurait laissé sa vie entre ses mains, mais elle avait une relative confiance en ce qu’il avait d’humain. Et sur bien des points, son humanité devait largement dépasser la sienne. Elle hésitait. Sans téléphone, pas de réponse - mais si elle le lui rendait, il risquait très certainement de fuir. Elle pressentait qu’il n’aimait pas le sujet, que leurs mots à chacun étaient mal choisis, que l’ambiance avait un peu changé. « Je ne m’attendais pas à quelque chose de ce genre. Mais s’il est question d’organisations extrémistes, je ne peux pas croire que cela se limite à Bray. D’autant que tes racines sont russes, n’est-ce pas ? Que se passe-t-il à l’échelle mondiale pour que l’on n’en entende pas parler ? Je ne peux pas croire que la censure et la corruption suffisent à compenser tout cela. » Et elle le dévisageait, le téléphone entre les doigts.
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La pression était belle et bien présente. Il pouvait lutter, il pouvait la contenir et ne pas la laisser exploser, mais il ne pouvait pas la renier. Alors, Vlasi s’efforçait de garder la tête froide et de se concentrer sur la conversation. Il n’avait qu’une hâte, c’est que tout ça se finisse. Il en avait marre de cette maison, marre de cette conversation à sens unique. Parce que oui, on ne pouvait pas dire qu’user de son téléphone pour l’alimenter était une réelle participation. Pianoter sur son clavier comme un forcené pour tenir le rythme devenait de plus en plus pénible. Ça doit être ça qui alimentait son impatience, lui qu’était si feignant en temps normal. Il ne fallait pas croire, c’était un effort incommensurable pour sa personne d’écrire des pavés par sms. D’ailleurs, pourquoi il se donnait la peine ? Il pourrait très bien couper cours la discussion et s’en aller. Il n’y avait plus rien dans sa tasse, ça lui faisait une excuse en plus pour se tirer. Mais non, elle lui tenait presque la jambe pour en savoir plus. Son introduction sur le sujet était bancale, il en était totalement conscient. Shura avait déposé sa main sur le front avec un air exaspéré et amusé à la fois. Non, il ne parlait pas des trois petits cochons, qu’est-ce qu’il en avait bien à foutre de ceux-là ? Il parlait d’autres contes, d’autres légendes. Mauvaise pioche donc, il allait devoir trouver autre chose. Puis le garder pour ses futurs enfants… Il se retenait de rire, parce qu’avoir des bambins dans les pattes, ce n’était clairement pas dans ses perspectives d’avenirs. Ça voudrait dire sédentarité, vie de familles, stabilité. Tout pour déplaire.
Vlasi n’avait pas prêté attention à son geste pour dérober un chocolat de sa boite, bien trop concentré dans son écrit. Ça sera le dernier, il ne souhaitait pas en dire plus. Il estimait en dire beaucoup trop déjà. C’est dans ce genre de circonstance qu’il se réalisait ne pas connaître si bien que ça ses fréquentations. Que son cercle d’ami était très restreint, qu’il ne savait pas tout parce qu’il n’avait jamais pris le temps de s’intéresser à qui que ce soit. Parce que là, tout de suite, il n’avait aucune idée de comment aller réagir Aleksandra face à son début d’explications. Il lui avait donné son téléphone, cherchant à sonder une quelconque réaction tandis qu’il s’était levé de sa chaise. Geste qui signifiait que son empressement avait pris le dessus et qu’il n’avait qu’une envie : partir. Fuir, comme d’habitude. C’est pour ça que personne ne pouvait le battre à la course, il a passé son temps à s’enfuir et à courir. Shura est rodé maintenant, question endurance.

C’est bien ce qu’il craignait, cela se voyait dans l’éclat des yeux de la slave. Il avait attisé sa curiosité, mais pas dans le sens qu’il aurait espéré. En même temps, à quoi Shura pouvait s’attendre d’elle ? Rien. Trop de sérieux, trop de gravité dans son regard qui avaient eu pour don de relever d’un cran les tensions de l’ex-mafieux. Un soupir agacé avait décompressé sa colère montante alors qu’il avait détourné ses yeux. Il avait maintenu le silence, il ne pouvait pas faire autrement de toutes manières sans son téléphone. Téléphone qu’elle gardait, ayant sans doute devinée ses intentions quant à la suite de cette soirée. Ça le faisait doucement grogner. Il aimait dérober les affaires des autres, mais lorsqu’il s’agissait des siennes, c’est une toute autre histoire. Alors il s’était rapproché pour venir le reprendre force. Il ne cachait personne, il n’y avait pas assez de places chez lui de toutes façons pour ça. Qu’est-ce qu’elle s’imaginait encore ? Elle le prenait pour le grand-méchant loup qu’attend de pouvoir bouffer les trois petits cochons, c’est ça ? Pas de chances, ce n’était pas du tout le cas. Il faisait tout pour ne pas être mêlé à ces organisations. Il n’avait fait que rapporter ses propres observations en mettant de côté les raisons pour laquelle il les avait acquis. C’était pour ça d’ailleurs qu’il cherchait à fuir, parce que ça commençait à un peu trop tourner autour de ses secrets qu’il tait à tous. Même à lui-même. C’était une part de son quotidien qu’il mettait de côté, qu’il ne cherchait jamais à extrapoler ou à dénicher l’utilité. Il n’en voyait pas. Il ne voyait qu’une énorme boite à emmerde quotidienne. La preuve avec la situation de ce soir. On ne peut pas dire que ça le mette totalement en joie de devoir en parler.

Elle insistait, mais elle posait aussi des questions intéressantes dont il n’avait pas vraiment songé. Sans doute, avait-il envie de lui répondre. Le premier magicien qu’il a rencontré et qui menait la chasse contre ces fameux anormaux était algérien et Vlasi était encore chez lui à Voronej. Ce qui peut laisser présager que ces pratiques traversent les frontières et qu’elles ne se cantonnent pas uniquement à Bray. Après, de là à dire que ces deux fameuses organisations avaient d’autres branches à l’étranger, il ne pouvait rien lui affirmer. Finalement, en forçant un peu, Shura avait brisé le silence avec sa voix quasi-muette, mais toujours aussi grave. « Si elles représentaient vraiment un danger, j’pense que tu les aurais déjà remarqué » avait-il dis en tentant la plaisanterie. Il grimaçait légèrement, l’effort lui rendant la gorge brûlante si bien qu’il était venu masser son cou dans l’espoir que cela améliore quelque chose. « Pour ce qui concerne l’international, j’en ai aucune idée. Elles sont actives dans cette ville. Durant mes voyages ces vingt dernières années, j’en ai croisé d’autres, de ce genre d’extrémiste, mais je ne saurais pas te dire s’ils y étaient rattachés. Tu me rends mon portable maintenant ou faut que j’te l’arrache des mains ? ». Il y avait un léger ton je-m’en-foutiste dans ses propos pour masquer ses inquiétudes. Dès qu’il aura de nouveau son téléphone, il s’en ira. Il n’avait pas envie de s’attarder plus longtemps ici de toute manière. « On remet cette conversation à plus tard si tu veux ». Si elle réussira à l’attraper surtout. C’est que la ville était petite, mais quand il voulait voir personne, il s’arrangeait toujours pour répondre aux absents sur les lieux de rendez-vous.
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Guess I'll sleep when I am dead | AIP ft. V. Shura Bäckähäst
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