« J'me les gèle grave. » pensa-t-il. Expression qu'il avait découvert en traînant le pas dans les rues de la ville. Les jeunes l'utilisaient parfois. Même les filles. Il s'était étonné d'apprendre que les filles avaient évolué ainsi, en ayant aussi des testicules. Quand il avait fait part de sa découverte à son Magicien, Zachary, celui-ci eut un drôle de regard et semblait découragé. Il tenta une explication, mais elle s'était rapidement tournée vers d'autres sujets plus loufoques. Pour finir, Edgar en avait déduit que ce n'était qu'une banale expression de gamins idiots et immatures , selon les dire de son maître. Il ne semblait pas apprécier la nouvelle génération. ou plutôt, il ne lui prêtait pas une grande importance. Zach n'avait qu'un mot en tête. Vengeance. Dès son entrée dans ce monde moderne, Edgar du cohabiter avec une bête instable, désespéré et tendu, qui ne pensait qu'à venger sa très chère fille, Lilith. Ce n'était pas une tâche facile. Déjà que lui-même s'avouait instable suite à sa misérable découverte (qu'il était un pur enfoiré, doublé d'un manipulateur), il se donnait l'impression d'être dans un mauvais sitcom où deux célibataires essayaient de reprendre leur vies en mains, sans succès et bourré de péripéties plus étranges les unes que les autres. Bon, célibataire était peut-être exagéré. Zach avait encore sa précieuse femme, Agatha. Edgar n'avait jamais vraiment été intéressé par les femmes, ni par les hommes, mais il se demandait parfois comment le Blackwood avait pu écarter une si belle femme. Le Djinn soupira à cette pensée. En fait, il avait tout repoussé. Sa femme, ses fils, sa maison, son métier... il était devenu, en quelque sorte, pitoyable. Edgar aurait probablement jadis ri de sa gueule, mais maintenant, il ne ressentait qu'une part de pitié. Arg. Il détestait la pitié. Mais il la ressentait.
Caché dans l'ombre d'une ruelle, Edgar déposait son regard azur sur sa proie. Azraël Blackwood. Quelques semaines que le Djinn s'était fait invoqué et peu de jour après, il s'était mis à stalker toute la famille Blackwood. Son passe-temps favori, en bref. Et dévorer des fondants au chocolat, mais ça, c'était une autre histoire. Bref, Edgar s'était fait une petite analyse de la famille, avec l'accord de son magicien. Agatha, une femme forte à l'apparence à la fois douce et dure. Belle, charmante. Il ne s'était pas attardé sur elle, ça viendra plus tard. Balthazar, un enfoiré sadique qui aimait bien foutre la merde. Un peu trop risqué de l'aborder, le Djinn le gardait en réserve. Gaspard, sensible et faible... probablement le black sheep. Son intelligence n'a pas étonné le Djinn, mais il préféra ne pas croiser son chemin pour le moment. Il ne voulait pas se coller à ce mec. Azraël... l'ange de la mort, le chasseur, le beau mec aux yeux bleus un peu difficile à caser. Edgar avait de la difficulté à lui mettre une étiquette. Il hésitait. Il avait tenté de récolter des informations auprès de Zach, mais il n'arrivait pas à coller les morceaux du puzzle. Az semblait différent tout en étant un blackwood. Pas comme Balty, ni comme Gaspy. Un mélange de Zach et Agatha ? Tout ça intriguait Edgar. Beaucoup trop. Rester en retrait et observer l'humain n'était plus suffisant. Il devait lui adresser la parole, avoir un contact visuel, voir ses réactions. Il avait l'impression d'être une adolescente qui faisait une fixation sur un camarade de classe. À cette pensée, Edgar se raidit et hésita encore une fois. Et puis merde, il n'avait pas attendu toute une soirée pour se dégonfler.
Prenant une démarche calme et droite, il avança et attendit son tour pour entrer dans le Zanzibar. Déjà au premier pas, il détestait l'ambiance. La chaleur que dégageait le lieu, étouffait le Djinn. Sa respiration augmentait à une allure folle. Il n'allait pas pouvoir rester longtemps ici. Il aurait tellement aimé se transformer en un petit oiseau et foutre le camp, mais il était têtu. Il se devait d'aborder le fils de Zach. Être en contact avec la famille du magicien était crucial, mais jamais, au grand jamais, ils devront apprendre sa réel identité. Pas avant un moment. Edgar voulait réunir la famille, c'était son désir secret. Sa mission secrète. En parallèle, il s'informait sur le tueur de Lilith. Mais il préférait s'attarder sur les Blackwood.
Dans une tentative désespérer de se calmer, le Djinn s'écroula sur un siège et se murmura de prendre de grandes respirations. « Respire... expire... respire... expire... et merde.. » Alors qu'il se sentait un peu bien, il sentit ses joues prendre en feu. Le Djinn était rouge comme une tomate. Il n'avait pas du tout été discret, soit, mais jamais il aurait pensé tomber au côté de sa proie. À sa droite se trouvait Azraël Blackwood. Avait-il remarqué sa présence ? Avait-il remarqué son malaise ? Et merde... Edgar réfléchissait beaucoup trop. Il aurait voulu l'observer de loin, mais la situation lui empêchait. Et pourquoi avait-il rougit !? « ouais, pourquoi j'ai rougi.. ? » di-il d'une voix grave en penchant légèrement sa tête. Il ouvra grands les yeux en remarquant qu'il venait de parler à voix haute. Tranquillement, il tourna son regard bleu vers celui d'Azraël. Discrétion 101 avec Edgar C. Bender, le meilleur Djinn de la région.
Un mec me suit. J'ignore qui il est, ni même pourquoi il me suit, mais je sais que je ne suis pas fou. J'aimerais dire que c'est mon instinct de flic qui l'a repéré, mais ce serait totalement me foutre de la gueule du monde. Je n'ai jamais été un flic de toute mon existence, cette plaque à ma ceinture ne veut strictement rien dire en dehors "Hey guys ! J' me fous totalement de vos gueules et vous, vous n'y voyez que du feu. Pauvres cons !!" Même si je dois bien avouer que je ne joue pas un si mauvais flic, je n'ai foutrement rien d'un vrai flic. Ce n'est qu'un rôle, de l'apparat, de la poudre aux yeux pour obtenir les réponses que je cherche. Qui a tué ma soeur ? Voilà la seule question qui me hante depuis quasiment 5 ans. Je veux savoir, je veux pouvoir confronter l'enfant de putain qui a osé lever la main sur ma soeur, qui a osé gagner le combat et qui lui a ôté la vie. C'était une guerrière, une amazone et même si nous ne nous entendions pas forcément toujours très bien, je respectais ses talents de chasseuse. Elle était douée, foutrement douée. Ce qui signifie que celui qui a fait ça l'est aussi. Il sera un adversaire de taille, j'en suis persuadé et j'ai hâte de pouvoir le traquer et le confronter à mon tour. Qui gagnera ce combat ? Qui remportera la victoire ? Qui perdra la vie ? Dieu que tout cela m'excite, vous n'avez pas idée.
Est-ce que le type qui me suit est le meurtrier de Lilith ? Si c'est le cas, il est vraiment mauvais niveau discrétion. Je ne prétends pas l'avoir remarqué immédiatement, parce que pour être honnête j'ignore depuis quand il me suit. Mais je sais que j'ai finis par le remarquer, ce qui tend à prouver que soit il est mauvais à la traque, soit alors c'est une ruse pour m'attirer à l'écart et me foutre soit disant une branler. Je ne prétends pas que je le gagnerais à coup sûr, j'ignore tout de mon adversaire il est difficile de faire des pronostics pour le moment. Mais que sait-il de moi ? Là est toute la question. Qui est-il ? Et que me veut-il ? Tout cela me titille depuis un moment, je veux savoir alors c'est pour ça que j'ai décidé de le laisser faire, espérant qu'il finira bien par venir de lui-même me voir, me confronter ou je-ne-sais-quoi encore. Peut-être que je fais fausse route sur toute la ligne, peut-être n'a-t-il rien à voir avec Lilith. Je pense à elle parce que je suis sur la trace du meurtrier et qu'au vu du peu d'infos que je trouve, je commence à me dire qu'il est au courant et qu'il efface ses traces, me narguant par la même occasion. Mais peut-être que cette histoire est trop présente dans ma tête et que c'est pour ça que je me fais des films. Mais s'il n'a rien à voir avec Lilith, qui est-il ? Un frère dont j'ignore l'existence ? Un cousin ? S'il est venu nous buter, c'est pareil, soit c'est un parfait débutant, soit alors il est sacrément rusé. Est-ce un prétendant ? ahahahah cette idée me fait marrer mon dieu. Je me suis déjà fais draguer une seule fois par un gay et j'avoue que ça m'avais bien fait marrer. Il s'est pris une droite, j'étais obligé mon honneur était en jeu, mais au fond, j'en ai rien à foutre de l'orientation sexuelle de ce type, j'avais juste envie de le cogner pour lui faire comprendre qu'il ne m'approche juste pas. Stay away from me dude !
Ce soir je veux des réponses et je les obtiendrais. S'il faut que je le menace de lui trancher la gorge, je le ferais sans hésiter, bien au contraire j'y prendrais même beaucoup de plaisir. Je me rends au Zanzibar. Ce n'est pas mon bar préféré mais pour ce type, je préfère pour être honnête. Je m'installe au comptoir, je me commande une bière et j'attends. Va-t-il venir jusqu'ici ? Va-t-il s'installer à côté de moi ? S'il s'installe à une table, c'est moi qui viendrais à sa rencontre, soyez-en sûr. Je n'attends pas trop mine de rien, il me tombe presque dessus le pauvre bougre. « Respire... expire... respire... expire... et merde.. » Donc le mec était vraiment cinglé. Je l'entendais marmonner dans sa barbe, je ne saurais être sûr de ce que j'ai entendu mais c'était chelou. Il se parlait à lui-même ... Est-ce un pote à Balty ? Non parce que ça se pourrait au vu de l'énergumène. Mais dans ce cas là, qu'il se le garde parce que je n'aurais pas la patience de jouer les assistante sociale pour être honnête. « ouais, pourquoi j'ai rougi.. ? » donc là c'était le pompom. Au moins il se rendait compte qu'il était rouge comme une tomate et qu'il venait de le dire à haute et intelligible voix. Je le fixe du regard, un léger sourire aux lèvres. Il me fixe. Je le fixe, j'espère le rendre mal à l'aise. "Ca va bien se passer Dude ! J'me rends bien compte que t'es pas tout seul dans ta tête mais sérieux mec, respire, reste calme et bois un coup, ça te fera du bien, sinon tu vas nous péter une durite !" Et pour être honnête, même si son état mental me passe totalement au dessus, j'aimerais qu'il reste clean jusqu'à ce que j'en ai finis avec lui, sinon ça va rapidement me gonfler et je vais devoir lui faire du mal ... J'obtiens toujours mes réponses, d'une façon ou d'une autre, mais est-ce vraiment de ma faute s'ils m'obligent parfois à user de la manière forte pour avoir ce que je souhaite ? C'est bien de leur faute s'ils ne lâchent rien par fierté ... ou idiotie.
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