You just might see a ghost tonight. Shura&Vali

Faut qu’il le voit ce gamin, y a des trucs pas nets qui tournent à son sujet. Des fois, y a des merdes qui vous tombent sur la gueule, et c’est juste le fruit d’un malheureux hasard. Oui, Dieu vous crache ouvertement dessus dans ces moments, c’est pour ça qu’il ne faut pas y croire. Shura avait dégainé son portable à la sortie de l’immeuble où était censé crécher Vali, et autant dire que le SMS fait un peu flippé. Ça mérite d’être étoffé. Il s’est fait recaler à l’entrée direct, grosse pancarte Stop dans la figure. Bon cela dit, le russe, c’est pas le genre de type à qui on colle des barrières facilement sans avoir le retour de flamme. Parce que le propriétaire -ou du moins l’ex- de Vali en avait fait les frais. Il l’avait choppé par le col-back sans ménager de lui éclater les vertèbres contre le mur. Et si ça suffisait pas, il lui avait collé son flingue contre sa tempe. Voilà, déjà rien que l’approche, ça commençait plutôt mal. Shura s’est surtout laissé emporter par ses suspicions, il croyait que ce connard l’avait foutu à la rue. Mais pas du tout ! Entre deux jérémiades, il lui a révélé qu’en faites, c’est le gamin qui était partit de son propre chef. Un type en Rolls-Royce était venu le chercher avec ses affaires, et il en savait pas plus.
Autant dire qu’il l’avait foutu sur le cul. Shura l’avait lâché, le laissant nager dans sa frayeur, et il avait rangé son flingue. C’est comme ça qu’il s’est retrouvé avec un portable dans les mains. Problème : Vali connait son caractère à la con, donc s’il lui demandait direct où il était barré, il n’allait pas lui répondre. Donc ! Il faut le rouler. S’il n’était pas aussi pressé, il aurait sûrement demandé un coup de main à Egerton pour qu’il lui donne deux-trois idées, mais il allait faire sans. Déjà parce qu’il était hors de question de lui demander de l’aide. Et deuxièmement, c’est pas un assisté, il peut se débrouiller tout seul.

Oh ! Il sait ! Le slave se met à taper sur son clavier à une vitesse .... Surprenante -merci le t9-, et il avait un petit sourire fier accroché sur son visage.

Faut que j’te montre un truc, ramènes toi à l’immeubles désaffecté, rez-de-chaussée ! J’ai la flemme de monter. J’apporte la vodka.

Ah ça pour oublier, il avait bien oublié. Autant, Shura aurait pu s’en foutre comme de la dernière pluie. C’est pas comme si se préoccuper des gens, c’était dans ses habitudes. Autant, Vali avait une place particulière dans son estime et dans son coeur. Allez savoir, peut-être le besoin de combler l’absence de sa gamine. Oh non, le blondinet ne ressemblait pas du tout à Lucy, loin de là. C’est pas elle qui passerait son temps à picoler avec son père, ou bien à partager un joins avec lui. Elle a une sacro-sainte horreur du tabac et de son odeur. Elle était plus jeune que lui, de pas beaucoup, et elle était du genre rêveuse. Un peu bizarre, perchée comme ils diraient. Mais c’est pour ça qu’il aimait passer du temps avec : ils avaient ça en point commun. Ils ne venaient pas du même monde, mais dès qu’ils commençaient à parler ciel, étoile et planète, à rêver d’explorations et de découvertes, ils se rejoignaient. Shura n’a jamais planché sur des bouquins, ni même posé les pieds dans une école. Il a apprit à lire sur les avis de recherches, à écrire pour compléter les chèques et à compter sur des billets de banque. Le reste, les pensées de Soloviev, la musique de Stravisky, les écrits de Tchekhov et Pouchkine, et bien d’autre, tout ça, il l’a emmagasiné en autodidacte. Son père n’a jamais apprécié, car c’était une perte de temps inutile. Sa mère, elle, était plutôt du genre à l’encourager en lui rappelant chaque soir l’histoire de celui à qui il vola le nom : Kochtcheï.
Seulement voilà, si une chose l’horripile au plus haut point, c’est bien que l’on ne lui dise rien. Que les rares privilégiés qui peuvent se vanter de faire des allers et venus dans son cercle privés ne le tiennent pas un minimum au courant. Assit sur sa chaise, les coudes appuyés sur le semblant de table, la fumée qui s’échappe de sa bouche lui permet de se calmer. Bien sûr, Shura aussi a des choses à cacher. Cela se voit dans son cou, cette coupe nette qui longe le serpent tatoué. Ses deux étoiles à huit branches cachées, et dont une seule est visible à cause de sa chemise ouverte au même titre que le haut d’un mat de bateau.

De l’encre noire, ternit, qui lui rappelle chaque jour en sortant de sa douche qui il est, et d’où il vient. Ah c’est moi qui suis en retard merde. Le dragon avait été euthanasié à coup de marijuana, d’où le fait que malgré son retard, Shura était relativement calme. «Ouaip, j’ai bien cru que t’allais jamais venir...» Dit-il en penchant sa tête en arrière, s’appuyant pleinement sur le dossier de sa chaise pour recracher la fumée. Une fontaine blanchâtre, évacuant ainsi ses songes pour reprendre le tout au calme. Ne pas s’énerver, ne pas s’énerver, ne pas s’énerver ... C’est ce qu’il se répétait pour ne pas laisser son impétuosité prendre le dessus. Sa carcasse avait fini par se remettre comme il faut, posant ses yeux verts défoncés sur le blondinet. Autant dire qu’il n’a pas mit long feu à voir ces marques dan son cou. Ou du moins, ce qu’il en restait. Salut, ca fait un moment. Jsuis désolé d’ailleurs j’ai … été pas mal occupé ces derniers temps. Mais toi ca va ? «Ah j’ai cru comprendre...» Pour ponctuer ses propos, Shura avait plongé sa main dans sa poche pour sortir la fameuse petite étiquette de boite aux lettres. Le petit truc de merde qu’il a récupéré chez lui, à défaut de le gros. Il l’avait posé sur la table, en même temps que deux verres à shot (oui, ça rentre dans les poches, c’est pratique) et il les avait remplis de vodka. «J’suis passé chez toi tout à l’heure. Ton proprio, ou du moins ce qui l’était, m’a dit que tu roulais en Roll’s Royce, et que tu créchais ailleurs. Alors soit tu fais le trottoir, et t’es tombé sur un bon client. Soit, y a un truc que tu m’as pas dit, et t’es tombé dans une sacrée merde. L’truc, tu vois, c’est que j’ai un très bon instinct, et j’suis certain que c’est la deuxième option.»

Ou alors, une très bonne vue aussi. Parce qu’il suffit de regarder le cou de Vali pour voir qu’il y avait un truc qui tournait pas rond. Ah oui et, faut pas compter sur Shura pour raconter ses problèmes. C’est les siens, point barre. En plus, c’est pas joli à entendre, donc il préfère les taire et soigner son image. «Alors, qui t’emmerde ?» La question avec un sous-entendu aussi discret qu’un éléphant dans une 4L. Ça, ça veut clairement dire qui j’dois aller butter ? Mais bon, le cowboy de l’Est reste tranquille pour l’instant, merci la fumette pour ça.

Franchement ? Ce qui sauvait le blondinet, c’est le fait que Shura n’était pas le gars le plus impatient de cette putain de planète. En même temps, il avait de quoi attendre. Il était posé, au calme, avec son joins et sa vodka, y avait pire comme ambiance niveau attente. Genre chez le médecin, où y a juste des vieux qui puent et des magasines qui datent de l’an 2000. Fallait que je mette des vêtements quand même. C’est toujours mieux. Oui, c’est préférable en effet. C’est ce que disait la tronche du russe en tout cas, devant cet argument magnifique de la part de Vali. C’est pas que ça l’aurait dérangé de le voir déambuler à poil ... En faite si, énormément, mais c’est surtout pour lui, pour éviter qu’il se tape l’affiche en pleine rue. «Tu serais venu à walpe, j’t’aurais recalé à l’entrer.» Et il compte pas en dire plus. Pour la simple et bonne raison que ce n’est pas pour ça qu’il lui a demandé de venir, mais pour autre chose. Kochtcheï fixait le cou de Vali, et malheureusement pour lui, non. Il n’est pas encore assez défoncé pour ne rien remarquer. Ses ongles raclent la table sous l’impulsion de la colère, et ses airs se font plus sévères, ce qui change pas vraiment grand chose en faites.
Alors, il lui fait part de ses hypothèses. Il le pousse pas à la confession avec l’alcool contrairement à ce qu’on pourrait penser, mais ça pourrait très mal tourner si le gamin le prend pour un con. Wow euh attends. Personne m’emmerde je vais bien tu vois ? «Ouai-ouai, j’vois bien, j’suis pas bigleux. L’truc, c’est que je vois bien aussi les traces dans ton cou. T’sais, j’en ai étranglé des gens, je sais reconnaître des marques de strangulation quand j’en vois. Mais ça, c’est trop gros, et espacé aux millimètres près pour être juste des doigts.» Vali l’aurait pas sur ce terrain là, alors autant qu’il se confesse un peu.

Oh, bien sûr, le russe ne lui demande pas non plus à ce qu’il lui raconte sa vie, juste qu’il la joue franc-jeu. J’ai déménagé oui je suppose que ça durera pas éternellement. On m’a proposer ça pour m’aider tu vois ? T’as vraiment pas a t’en faire. Du coup j’ai été occupé a aménager. Et bah voilà, c’est beaucoup mieux, on y arrive. À défaut d’explication la raison pour laquelle il a l’air aussi amoché, Shura aura au moins celle qui explique pourquoi il n’est plus chez-lui. Bon tu fais tourner un peu ? Et toi quoi de neuf ? «Ah oui, autant pour moi» Avait-il dit à la remarque du blondinet en détachant le fagot de ses lèvres et en le posant dans le cendrier pour qu’il se serve. L’avantage, c’est que maintenant, il n’était plus gêné par la fumée. Alors, il avait remplis de nouveau les verres, puisque ça descendait vite ces petites choses, et il avait repris. «Rien de spécial. J’ai serré l’ex-nana du pendu dont j’t’ai parlé, et j’suis allé lui rendre service en allant au cimetière de la ville. J’y ai rencontré un type bizarre, et j’ai shooté dans des plaques. J’sais même pas à qui elles étaient.» Une rouquine, normal qu’il n’a pas résisté en même temps. Puis c’est valable aussi pour les gars. Une chevelure ardente, et c’est foutu, ça le rend doux. Trop doux. Ahem, en tout cas, Shura à la décence de ne pas tergiverser sur ce qu’il a fait exactement à l’ex de son voisin, et il ne parlera pas non plus du grimpage au rideau parce que ça risque de dévier un peu trop cette conversation.

Vali pouvait le garder ce joins. Après tout, Shura était déjà en train de s’en rouler un autre. C’est qu’il n’est pas à un près, avantage de se fournir soit-même. Cela dit, vu comment il a changé de sujet, le russe comprends bien qu’il ne l’aura pas en étant gentil avec lui. Faut qu’il y ajoute un soupçon de piment. Personne ne viendra fouiner dans l’immeuble, et y a personne à la ronde. Un coup de feu, ça se confond facilement avec des pétards. Kochtcheï cherche quelque chose dans son dos brièvement, se baissant un peu, pour en sortir une arme qu’il dépose sur la table. Il préfère terminer de rouler, et donner le coup de langue final avant de la saisir et la faire tourner entre ses doigts. «T’sais, ton ex-proprio aussi me prenait pour une bille. Et j’suis pas dans un bon jour Vali, alors m’obliges pas à m’en servir contre toi. Qu’est-ce qui se passe exactement ? C’est l’type qui t’héberge qui t’a fait ça ?» Dit-il en désignant avec le canon de son arme les traces d’étanglements cheloux. Il va lui faire cracher le morceau de toute façon.

Vali apprendra à ses dépends que, lorsqu’on est un métamorphe, et qu’on nique ses fringues à chaque transformation, oui c’est plus que précieux. Ça pourrait presque faire passer Shura pour un pro du shopping vu le nombre de fois où il a dû trainer son cul dans les magasins parce qu’il ne fait pas assez attention. Rien que d’y penser, c’est la honte. Vous me direz, avec l’habitude, il aurait pu s’y faire. Mais non ! Il est toujours aussi pudique. Bref ! Il ne va pas tergiverser sur les tenues, et il préfère enquiller sur un sujet qui l’intéresse bien plus. À savoir ces traces dans son cou. Heureusement que Shura n’est pas du genre à faire des scandales, et à dire clairement en braillant qu’il avait remarqué. Non, il a la décence d’être discret, et de ne pas se mettre à beugler inutilement, il n’est pas assez ivre pour ça. Ah mais c’est rien je t’assure...Bon, cela dit, si le blondinet s’amuse à lui mentir, niveau calme et sérénité, ça ne va pas durer éternellement. Le russe s’accoude sur la table, dévisage Vali avec un air blasé et soutient son menton avec sa main. «Ouiiiii, bien sûr...» Sarcasme, quand tu nous tiens. C’était de l’ironie pure, ne croyant pas un seul mot de ce que lui disait ce gosse.
Heureusement, il se rattrape, et ça lui fait gagner un bon point. Ok donc il a aménagé ailleurs, avec un type suffisamment friqué pour l’emmener en voiture de luxe. Shura hôche positivement la tête, fait signe qu’il écoute alors que ce n’est pas ce que dit son visage. C’était bien trop lissé comme explication, mais pour ce qui est du changement d’adresse, ça devrait le faire. Tant mieux s’il avait trouvé mieux que son taudis. Le russe n’allait pas lui reprocher quoi que ce soit. Il était même relativement heureux, si on ommet le fait qu’il fasse la gueule H24.

À quel moment ils en étaient arrivés à parler de ça ? Ah oui, pour répondre à la question Quoi de Neuf classique. Son pouce se mit à frotter son front sans plus de nervosité. Juste un tic puisque ses doigts s’étaient libérés du bâtonnet empoisonné, et qu’il ne savait plus quoi en foutre maintenant. Wow tu t’es fais une veuve ? Chapeau. Bon des types bizarre y’en a partout a Bray aussi. Oh, il n’aurait pas du lui dire ça en faite. Quoi que...Non-non, c’est vraiment pas le genre de sujet avec lequel il est à l’aise. C’est sa vie privée quoi, merde, faut lui laisser ! «Oui-oui, bon ça va. C’est peut-être partit un peu en couille, je l’admet. Elle était venue juste poser des fleurs à son appart’ à la base...» Ronchonnait-il en croisant les bras. Ethnie ? Jamais entendu parler. En tout cas, il avait l’air d’un gosse à qui on aurait fait un sermon à prendre la mouche de la sorte. «Peut-être, mais y en a quelques uns qui sortent du lot quand même.» Genre ... Lui ? Hm, non. Shura avait beau faire partit de ces fils de pute qui retournent leurs vestes facilement pour le plus offrant, c’est pas non plus un fou dangereux comme Chester. Il est juste ... très têtu et très impulsif, n’est-ce pas ?

Bon d’accord, vu son geste, ça ne l’aide pas pour plaider sa cause, c’est sûr. À foutre comme ça son Nagant au calme sur la table pour finir de rouler son joins, et le reprendre en main pour menacer le blondinet... Oh le pauvre, il n’est pas au bout de ses surprises. Parce que, ce qu’on oublie de dire, c’est que l’autre main de Shura, elle est en train d’envoyer un petit message à quelqu’un de très particulier qui risque de faire passer le russe pour un enfant de coeur à côté. Euh quoi ? Pardon ? Non mais tu déconnes tu vas pas me flinguer ? Il se passe rien du tout et ces marques c’est uniquement ma faute ! «De ta faute ? Tu t’étrangles tout seul maintenant ?» Haussant un sourcil, il se mit à lever son arme et à appuyer sur la gâchette. Ah, merde, il a oublié le cran de sécurité. Ou alors, c’est ce connard de Basil qui l’a trafiqué. Il y a juste eu un ‘’clic’’ inoffensif, et le russe se mit à bougonner en ouvrant le barillet. Roh putain, qu’est-ce que fout une balle en mousse là-dedans ? Pestant de plus belle, Shura n’avait pas pu s’empêcher de pouffer de rire cela dit, l’effet de l’alcool plus la drogue, tout ça... «Ah mais quel con...» Pas lui, enfin peut-être si. Il aurait du vérifier qu’elle était opérationnelle. Heureusement que ce n’est pas arrivé dans d’autre circonstance. Bon allez, reprenons les choses sérieuses. Maintenant que c’est réparé, il avait recommencé, et cette fois-ci le coup était partit. Droit dans le mur derrière Vali.
Woh, il avait repris son sérieux aussi vite que la vitesse à laquelle le coup de feu était partit. «Non, je déconne pas. Non, je ne vais pas te flinguer. Mais si tu continues à m’cacher ce qui se passe vraiment, j’vais te faire un deuxième trou d’balle, et ça sera pas de ta faute. J’te resserre ?» Dit-il comme si c’était banal de tirer sur les gens. Bon bah, en même temps, c’est Shura donc oui, ça l’est. Mais son cas est loin d’être une généralité. Puis en guise de conclusion, il se permet de boire son shot de vodka d’une traite. «Alors ?» Shura, c’est pas le genre d’homme qu’il faut faire attendre trop longtemps. «Roh ça va, tu m’as surpris à faire bien pire que ça.» Ça, c’est pour la tête que Vali tirait.

Shura aurait mieux fait de se taire au sujet de ses derniers ‘’exploits’’. Ça ne le gênait pas plus que ça, mais il n’était pas non plus du genre à s’en vanter. Se taper une veuve quand même, c’est moche. Enfin, ça manque clairement d’honneur, mais ça partait d’une bonne intention, non ? Et puis, au moins, elle a pu penser à autre chose qu’à son chagrin pendant une soirée. Ouai, il essayait de relativiser ainsi, de se dire que ce n’était pas si grave. De toutes façons, c’était une femme. Une histoire d’un soir. Les relations stables, familiales, tout ça, ce n’était pas pour lui. Alors, autant se raccrocher à autre chose, n’est-ce pas. Nan mais c’est un truc a ajouter au palmarès ça t’es trop fort ! Il est sérieux ce gamin ? Le russe relève la tête, avec un sourcil haussé, c’est quoi son problème ? On n’est pas admiratif face à ce genre de truc, on est révolté, outré, quelque chose comme ça ! Oh cela dit, il n’allait pas s’en plaindre. Au moins, il n’avait pas besoin de se prendre la tête là-dessus. Sa main balançait de bas en haut, accoudé à la table péniblement. «Ouai-ouai, mais quel palmarès au faites ? Je fais pas une collection !» Shura avait tiqué en milieu de phrase, se mettant à grogner en direction de Vali comme un animal mécontent.
«De toutes façons, c’est pas ça le sujet. Tu ne vas pas m’avoir comme ça.» Et pour ponctuer le tout, il avait un plan dans la tête. C’est pas dans ses habitudes, mais il y a toujours l’option appel à un ami, n’est-ce pas ? En l’occurrence, le crétin qui lui sert de petit-frère, même si ce n’était qu’un sale délire ce de type. En attendant qu’il arrive, Shura allait mettre en condition Vali. Parce que le pauvre, il n’était pas prêt pour ce qui allait lui tomber sur le coin de la figure. Ou derrière lui. Oh merde, son arme s’est enraillée... Putain j’y ai vraiment cru. «Ouai, moi aussi.» C’était à la fois vrai, et faux, d’où la subtilité de la plaisanterie. Le témoin de son esprit qui s’évade dans la déconnade.

Malheureusement, s’en était pas une. Le deuxième coup était partit, et cette fois-ci, ça avait été une réussite. Le canon de l’arme fumait légèrement, et le regard de Shura s’était fait plus sévère. Un véritable ascenseur émotionnel à lui tout seul. «Finis de rigoler, ça me fait pas marrer.» Ah ! C’était de la comédie juste avant alors ? Oui, ça en avait tout l’air. De nouveau sérieux, presque trop, Shura avait enclenché une nouvelle fois le cran de sécurité de l’arme, la préparant ainsi à un deuxième coup de feu. Une fois de prévenir Vali cette fois pour ne pas le surprendre. Parce que le but; ce n’était pas de lui faire faire une crise cardiaque, le pauvre. Cela dit, rien ne l’avait empêché de lui servir un autre verre, et Shura n’avait pas pu s’empêcher de relever sa façon de le regarder. Lui ? Fou ? Oh, c’est fort possible. Avec toutes les merdes qui lui sont arrivées dans cette ville, ça serait même étonnant qu’il n’est pas sombré. Quoi que, on ne peut pas dire qu’il était saint-d’esprit en arrivant non plus.
Le russe ne relève rien et se contente d’écouter, croisant les mains devant sa bouche avec toujours son arme dans l’une d’entre elle. Mais il se passe rien du tout. Rien de grave en tout cas ! C’est vraiment de ma faute c’était mon idée mais j’avais pas prévu que ça fasse de si grosse marques. Les yeux verdoyants de Shura se plissèrent, suspicieux. Cependant, alors qu’il s’apprêtait à rétorquer une nouvelle menace, la porte s’était ouverte dans un fracas, et un illuminé à la tignasse rouge et à la tenue impeccable avait -une fois de plus- soigné son entrée. «Putain Chester.... La porte, merde !» Grogna-t-il alors que cette hyène lubrique courbait le dos, le sourire tranchant aux lèvres, et les mains tendues vers le ciel. Désolé niiiiiiiii-san, elles ne m’aiment pas. Je ne les aime pas non plus, elles me barrent toujours la route, comme ces saletés de chasseurs. Les voir, ça me fout en rogne. Les portes ou les chasseurs ? Oh peu importe, Shura n’est pas d’humeur à écouter ses élucubrations.

Bien, reprenons. Tandis que Chester s’approchait pour prendre appuie sur le dossier de la chaise de Vali, Shura le surveillait d’un œil pour ne pas qu’il lui fasse du mal. À côté, le russe avait de la retenue contrairement à son confrère américain. Eux et leurs manies de tout faire dans l’excès... «Gamin, je te présente Chester. Et de ce que j’me souviens, on avait pas fini de parler des organisations dans cette virée au bar. Ce guignol-là fait partit de l’une d’entre elle après avoir trahis l’autre. J’te laisse deviner laquelle.» Le rougeoyant avait levé les mains en l’air, excentrique dans sa façon de poser pour clôturer les présentations avant de dérober la bouteille de vodka pour s’en enfiler une gorgée. C’était pas prévu qu’il vienne, donc il n’a pas de verres. Il fait comme il peut. «Tu vas me dire : c’est quoi le rapport entre tes marques et lui ? Bah, tu vois, il était comme toi avant. Sauf que l’une des deux organisations lui ont mit la main dessus, et ils l’ont torturé, longuement. Tu vois, là, il fait la sourde-oreille. Il veut pas en parler, alors il veut pas entendre. Tu veux finir comme lui ? J’suis sur que non. Alors soit tu rentres dans les détails, et tu m’expliques. Soit tu gardes tout pour toi, et tu me promets de pas avoir d’idée aussi débile à l’avenir.» Ses yeux verdâtres se mirent à glisser en direction du type en costard bleu, et Shura s’était levé pour aller lui prendre la bouteille des mains. S’il forçait pas un peu, ils allaient jamais la revoir. Le problème, c’est qu’il y avait de la glu sur ses mains, et Chester ne la lâchait pas, il se contentait de suivre la bouteille en restant collé dessus. «Mais mec ! Lâches-ça ! J’te fous un coup d’latte sinon !» Oh oui, un coup de latte ! Un coup de latte ! Vas-y, j’t’attend ! C’est moi le barman, c’est mon boulot, où sont les lumières, les verres, où est mon comptoirs ? J’ai faim ! Bon bah, vu qu’il l’avait demandé gentiment, Shura lui avait collé le coup de pied promis dans l’abdomen, et le tempestaire s’était dépêché de ramener des plaques de métal pour se protéger. «Tss, tapette. Tiens Vali, sers-toi avant qu’il la reprenne.» Dit le roskov en tendant la bouteille au gosse. Il va regretter de lui avoir demandé de venir à celui-là.