back home (cillian&oliver)

T’étais de retour à la station de police, et après des mois éloigné de tout ce qui avait de près ou de loin à voir avec la justice – mis à part cette entrevue en octobre avec Ian – ça te faisait un bien fou. C’était comme rentrer à la maison, même si là, c’était pour faire ton rapport final à ton chef. Toutes les preuves dont vous aviez besoin étaient là, les bad guys étaient derrière les barreaux à t’insulter de tous les noms d’oiseaux, hurlant que t’avais trahi leur confiance, blablabla…

A tes yeux, c’étaient eux qui avaient trahi la société, donc ça t’allait de passer pour un traître à leurs yeux.

T’étais donc en train de serrer la main de ton chef, qui te félicitait pour ton excellent travail, et aussi pour ton sacrifice qui a permis de sauver tant de vies, et surtout d’officialiser une coopération sans faille entre la police de Dublin et de Bray. Tes collègues te souriaient en passant, te souhaitaient une bonne année et surtout te félicitaient de partout. En vrai, ton égo en pouvait plus, t’avais l’impression d’être le héros du jour et t’en oubliais presque combien t’en avais bavé pendant des mois, et t’en oubliais presque que t’allais devoir te taper la psychologue de police pour obtenir ton droit de revenir sur le terrain – non, parce que t’étais quand même un peu cassé.

D’ailleurs, ça se voyait que t’étais un poil encore dans ton rôle. Tu avais toujours cette voix un peu plus basse, tes cheveux n’avaient pas encore retrouvé leurs boucles et leur couleur claire, tu te demandais encore si tu faisais une nouvelle couleur par-dessus le noir ou si tu attendais que ça repousse. Ou si tu rasais. Même ta tenue était encore celle de ton ancienne identité. Autrefois, t’aimais t’habiller façon agent du FBI, avec le costard noir sobre, très classe. Maintenant, t’avais un blouson en cuir, un jean, des chaussures en cuir qui en avaient vu d’autres et un tee shirt blanc. On te croirait sorti tout droit de Grease, paré à faire quelques pas de danse en chantant.

Même ta façon de marcher, autrefois t’étais de ceux qui avançaient comme des conquérants, maintenant, t’étais plus discret, plus lent. Il allait falloir améliorer tout ça… Et certains devaient se montrer choqués.

Probablement Oliver qui était face à toi. Tu mis deux secondes à le recaler dans ta mémoire, t’avais pratiquement oublié à quoi il ressemblait. Heureusement qu’on aurait dit son père tout craché et que t’avais vu Ian il y avait à peine quelques jours… « Hey, Ollie ! » T’étais un peu surpris de le voir là, t’avais peur qu’il ait un souci. Mais tu pensais plus à un autre truc, étant donné qu’il avait l’air en un seul morceau – après t’étais peut-être un peu rouillé. « Ton père t’a dit que je serai là aujourd’hui ? » C’était possible, après tout. Puis tu savais que même si t’aimais pas les mômes, t’aimais bien celui-là. Bon, tu le traitais comme un adulte vu que tu savais pas faire autrement – sinon, tu lui sortirais des « gouzi gouzi » et pas dit qu’il apprécierait, surtout qu’il était la personne qui t’apprenait à écrire correctement – plus un prétexte pour le faire venir parfois au comico’ et qu’il voie son père que vraiment une demande de ta part.