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 Justice[Cillian & Anthéa]

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“La justice, cette forme endimanchée de la vengeance.”

A force, Anthéa connaissait le commissariat par cœur. Elle entra, son nouveau sac à main hors de prix au poignet. Le nouveau sac à main destiné à remplacer l’ancien qu’on lui avait volé, histoire de rappeler à l’inspecteur Craig, et à tout le monde ici, pourquoi elle était là. Elle salua l’agent d’accueil ; elle n’avait retenu son nom. Lester ? Dupont ? Peu importait, au fond. Mais elle lui adressa son plus beau sourire, qu’il lui rendit avec un petit signe de tête. Elle avait appris plusieurs choses dans le monde du travail, mais une des plus importantes était la suivante : les agents d’accueil et autres secrétaires étaient des armes secrètes. Si vous vous en faisiez des alliés, ils devenaient des atouts formidables. S’ils devenaient vos ennemis, ils pouvaient vous mettre des bâtons inimaginables dans les roues. Et Anthéa avait besoin de portes ouvertes.

« Madame Ò Murchù, comment allez-vous aujourd’hui ? », demanda l’agent d’accueil quand elle s’approcha du comptoir. Son sourire toujours impeccable, Anthéa regarda rapidement le badge accroché à l’uniforme de son interlocuteur. George. Rien à voir avec ce qu’elle avait en tête.
« Ca va bien, monsieur George, merci, et vous-même ? »
« Oh vous savez, le crime ne dort jamais. Vous venez voir l’inspecteur Craig je suppose ? »
Anthéa se contenta de hocher la tête. Le simple nom de Craig lui donnait des boutons. Enfin, l’un des deux. L’autre Craig, qui n’était pas son frère apparemment, elle ne le connaissait pas. Mais elle était persuadée d’être tombée sur le mauvais Craig. Cillian, de son prénom, était une plaie. Des semaines qu’elle s’était faite aggressée et toujours rien. Personne, pas de suspect, pas de preuves, pas d’avancée, à se demander ce que l’inspecteur foutait de ses journées.

Il faut dire, à sa décharge, qu’il n’avait pas vraiment choisi de s’occuper du cas d’Anthéa. Mais la jeune femme avait débarqué au commissariat en faisant des pieds et des mains pour qu’on traite son cas rapidement, et elle avait poussé à bout le pauvre policier qui s’occupait d’elle à la base. Harcelé était le mot juste. Alors le jeune homme avait décidé de l’adresser à un inspecteur plus expérimenté, jetant le bébé avec l’eau du bain. Anthéa s’en était trouvée ravie : la crème de la crème, pour elle ! Elle méritait au moins ça. Mais la désillusion avait été rapide. Craig était un incompétent doublé d’une personnalité compliquée. Enfin, compliquée…compliquée pour Anthéa. Qui avait elle-même une personnalité compliquée. Entre les deux, le courant n’était clairement pas passé. Tout le monde au commissariat le savait. Le jeune agent d’accueil appela donc l’inspecteur sur sa ligne directe avec une certaine appréhension, puis raccrocha avec un sourire de celui qui est content de ne pas s’être fait étriper.

« Il vous attend dans son bureau. Vous voulez que je vous accompagne, madame Ò Murchù ? »
« Ca ira, merci. Et s’il vous plait, pour vous, c’est Anthéa. »
« Henry », répondit-il avec un grand sourire.
Et tac, se faire un allié des secrétaires, c’était fait. Anthéa entreprit donc d’affronter Cillian Craig et frappa trois petits coups à la porte avant de l’ouvrir. L’inspecteur était là, avec son regard crétin habituel.

« Inspecteur Craig, bonjour ! Je viens aux nouvelles. Vous avez des avancées ? », demanda-t-elle tout en s’asseyant sur une chaise de l’autre côté du bureau. « Vous savez, mon psychologue dit que je ne peux pas tout à fait dépasser le traumatisme de cette attaque tant que justice ne sera pas rendue. Et la longueur que prend toute cette affaire affecte clairement mon esprit. »
C’était faux. Elle avait vu un psychologue une fois, presque par obligation. Elle l’avait envoyé valser et n’était jamais revenue. Mais il fallait qu’elle ait une bonne raison de harceler l’inspecteur.

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“La justice, cette forme endimanchée de la vengeance.”

Henry t’avait appelé, de l’accueil, pour te prévenu que Madame Ò Murchù était arrivée, pour te voir. T’avais déjà les boules avant même de raccrocher… Madame Ò Murchù, ce n’était pas un cadeau. Vraiment pas. Déjà, il devrait même pas s’en occuper, mais il avait tiré le gros lot à la courte paille, parce que mâdame était la fâmme de l’hômme qui tenait les côuilles de quelqu’un. Plein de chapeaux circonflexes, aussi circonflexes que tes sourcils quand tu l’avais vue pour la première fois. A l’entendre… Elle était la seule à qui on volait son sac, la seule qui avait dû signer une déclaration de vol, pour son assurance. Mais elle croyait quoi ? Elle avait sûrement déjà été indemnisée, ses bobos avaient déjà guéri, et ce n’était pas comme si elle était dans le besoin, ça non.

Du coup, forcément, tu t’étais un peu défoulé sur Henry, parce que déjà qu’il avait le cul ramollo à rien foutre de ses journées, mais en plus de ça, il avait l’audace de ne pas te faire passer pour absent.

Mais bon, pour le coup, pas le choix, tu allais te la farcir dans ton bureau, et cette fois-ci tu allais te montrer très, très clair. Son sac, elle pouvait se le mettre dans le troufion – dans l’os si elle préférait – et si elle continuait à harceler les inspecteurs, elle allait finir par être interdite à l’intérieur du commissariat.

Donc, t’étais assis à ton bureau, des valises sous tes yeux, café en bouche, dossiers éventrés devant toi, et t’avais cette nana bon chic bon genre qui ouvrait la bouche avec promesse de bien t’emmerder. Ca, c’était signé. D’ailleurs, t’étais estomaqué. Ben voyons ! Le psychologue qui disait ça ! T’avais pas réussi à empêcher un rire blasé sortir, vite fait, deux levées de thorax, ah ah, en mode putain elle se fout tellement de ma gueule je vais me la faire cette putain. La longueur de cette affaire affectait son esprit ? Parce qu’elle était affectée là ?

En fait, tu tournas rapidement ta tête qui ne cachait rien de ton ahurissement, direction Ian. Tu eus droit au regard compatissant, puis un ah ah du « bien fait pour ta gueule », puis des mains qui te firent simplement le geste d’y aller mollo, doucement avec la victime. Tsk. Pour qu’il t’abandonne ensuite, filant dans ses dossiers pour ne surtout pas venir en renfort. C’était pour ta pomme ça. Bah t’aurais bien dû la lui faire bouffer, sa pomme d’alcool, à lui.

Bref, tu te retournes vers cette femme, pour dire : « Bon, je vais être honnête avec vous, madame. Votre affaire, on a rien. On vous l’a toujours dit. Pas de vidéo de surveillance. Pas de preuve, monsieur n’a pas fait tomber sa carte d’identité, ça aurait facilité la tâche… En bref, on a que dalle. Rien qui puisse nous permettre de mettre la main dessus. A un moment donné, faudrait peut être dire à votre psychologue de faire ce à quoi il est payé : faire en sorte que vous ne soyez plus affectée. Mais je suis sûr, certain même que vous survivrez. Ne vous en faites pas, madame. »

Tu respirais le paternalisme hautain, ce n’était pas forcément une bonne idée, mais disons que t’en avais soupé, de son parfum à trois mille balle le centilitre et de ses talons contre les dalles du commissariat. T’avais envie que d’une chose, c’était de la dégoûter assez de la justice pour qu’elle ne remette plus les pieds ici d’elle-même.
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Justice



Cillian Craig n’aimait pas Anthéa. Ca se ressentait dans la façon qu’il avait de la regarder, de se tenir en sa présence. Ca se sentait dans le regard qu’il avait lancé à son partenaire – l’autre Craig. Ca se sentait dans tous ses gestes. Ca tombait bien, elle ne l’aimait pas non plus. Il était arrogant, nonchalant, et en ce qui concernait son affaire, franchement incompétent. Et c’était ça la fine fleur de la police de Bray ? La blague. Mais Anthéa avait au moins l’obligeance de faire semblant, alors que Craig semblait faire l’effort de mettre son masque de moins en moins au fil de leurs entrevues. D’ailleurs aujourd’hui, il ne l’avait pas mis du tout, à l’évidence.

« Bon, je vais être honnête avec vous, madame. Votre affaire, on a rien. On vous l’a toujours dit. Pas de vidéo de surveillance. Pas de preuve, monsieur n’a pas fait tomber sa carte d’identité, ça aurait facilité la tâche… En bref, on a que dalle. Rien qui puisse nous permettre de mettre la main dessus. A un moment donné, faudrait peut être dire à votre psychologue de faire ce à quoi il est payé : faire en sorte que vous ne soyez plus affectée. Mais je suis sûr, certain même que vous survivrez. Ne vous en faites pas, madame. »

Anthéa croisa les bras devant elle. Incompétent et d’une mauvaise foi sans pareille. Et il se permettait de lui donner des leçons, de donner des leçons à son pauvre psychologue qui n’avait rien demandé. Le ton de la jeune femme se fit plus pinçant.

« Vous pourriez peut-être faire ce pour quoi vous êtes payé aussi. Enquêter. Si tous les policiers abandonnaient parce qu’ils n’avaient pas de vidéosurveillance, le crime serait une vocation d’avenir. Je vous ai fait un portrait robot, il y avait des maisons autour de la scène, avec des gens qui habitent probablement dedans. Bray n’est pas si grand, vous devriez avoir quelque chose.  »

C’était probablement d’une mauvaise foi la plus totale. Mais Anthéa ne pouvait pas se résoudre à se dire que son agresseur ne répondrait jamais de son acte. Non pas qu’elle s’inquiète qu’il puisse récidiver. Après tout, un autre voleur de sac prendra sa place bien assez tôt. Mais elle avait été victime d’un délit, et elle réclamait réparation. Une réparation que ce gland de Craig ne semblait pas disposé à lui accorder.

« J’ai l’impression que vous n’avez pas mis beaucoup d’efforts dans cette enquête, de base. Alors, une simple agression avec vol n’est peut-être pas assez palpitante pour un enquêteur premium de la criminelle comme vous. Mais vous êtes un policier, nom d’un chien, votre boulot, c’est de protéger les gens de Bray et rendre la justice. Y compris les femmes qui se font « juste » agresser et pas tuer. »

C’était un véritable scandale. Peut-être avait-il quelque chose contre les Ò Murchù, tout simplement. Anthéa s’était aperçue assez vite que son nouveau nom de famille ne venait pas qu’avec des avantages. Le pouvoir appelait la méfiance, l’animosité, voire la haine. Peut-être que la dynastie de Bray avait lésé l’enquêteur d’une façon ou d’une autre. Mais elle n’était pas responsable de tout cela, et il devait faire son job. Il devait l’aider. Le menton haut, Anthéa soupira.

« Alors avant de vouloir dire à mon psychologue comment faire son boulot, peut-être devriez-vous vous appliquer à faire le vôtre. Parce que si je dois prendre un détective privé, et qu’il arrive à dégoter ne serait-ce qu’un indice tangible, je me ferai une joie de répandre la nouvelle. »

Une menace ? Non. Un avertissement. Bon ok, c’était une menace. Mais a vrai dire, elle commençait à penser sérieusement que c’est ce qu’elle aurait dû faire dès le début. Elle avait largement les moyens de faire appel à un détective privé, et le coin en abritait de très bons. Mais elle avait voulu faire confiance à la police. Peut-être aurait-elle mieux fait de s’abstenir. Pendant ce temps, son sac était déjà probablement vendu au marché noir. Un beau gâchis.

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“La justice, cette forme endimanchée de la vengeance.”


C’était épuisant quand des victimes d’affaires insolubles venaient sans arrêt alors que tu n’avais rien à leur donner. Oh, tu compatissais. Vraiment. Surtout que si on te volait ton sac, tu aurais envie de retourner toute la ville, étant donné tous les papiers qui étaient dedans. Pièces d’identités, téléphone, documents officiels… Ca prenait parfois un temps fou à refaire, et tu t’en passerais bien. Ouais donc ça faisait chier. Mais bon, à un moment donné, fallait se rendre à l’évidence : quand on chopait le coupable, ce n’était que la main dans le sac, la plupart du temps. Quant à relier un voleur de sac à un vol en particulier… Ca se trouvait, son agresseur était déjà derrière les barreaux, et qui le saurait hein ? T’aurais bien voulu le savoir, parce que si même une citoyenne t’expliquait comment faire ton boulot… si son ton était pinçant, toi, tu te pinçais l’arrête du nez. Ben voyons.

« Si vous voulez qu’on parle du portrait-robot, à chaque personne qu’on l’a montré, ils ont pointé ma tête. Ce n’est pas vraiment le truc le plus fiable, vous savez. La vidéosurveillance, ça, c’est pratique. »

T’en pouvais déjà plus, et pourtant elle était dans ton bureau depuis cinq minutes. T’avais l’impression que si elle continuait à blablater, t’allais passer par-dessus le bureau afin de reconstituer la scène de l’agression, victime comprise. Tu lâchas ton nez qui n’avait rien fait à personne pour poser tes mains à plat sur ton bureau, gardant ton calme et prenant un sourire très hypocrite.

« Puisque vous semblez juger que je n’en fais pas assez pour les femmes qui se font « juste » agresser, je vous en prie, dites-moi quoi faire. Car j’ai tout fait. Pas de magie dans les locaux de police, m’dame. »

La justice, la justice, si cette femme savait réellement ce que c’était… On voyait bien qu’elle faisait partie de ces gens qui hurlaient au complot policier à la moindre libération d’un criminel pour faute de preuve, là où toi tu hurlais sur l’avocat, le véritable démon dans l’histoire. Ou la prudence efficace des bâtards aussi. Un autre vrai démon. Ça te brisait les couilles que le travail d’hommes et femmes qui s’usaient la santé, la vie de famille, la vie au nom de la justice ne reçoivent que les cailloux du peuple et les bâtons dans les roues des personnes avec qui ils bossaient.

Mais ça te brisait probablement moins les couilles que la menace de cette femme, qui allait prendre un détective privé, et ensuite encore mettre au goût du jour l’incompétence d’une police qui se tournait les pouces – d’un regard circulaire vers tes collègues, on voyait bien qu’ils couraient partout. T’en avais plein le cul, et ça te fit même marrer brièvement.

« Oh, mais faites donc. Prenez donc un détective privé, vous savez quoi ? J’en connais même quelques uns, attendez. » Tu fouillas dans un tiroir de ton bureau, pour ensuite en sortir la roulette à cartes de visites. Tu connaissais quelques flics qui avaient raccroché pour devenir détectives privés. T’en sortis même une dizaine, de carte de visite. « Tenez, ceux-là sont d’anciens flics, j’irai même les inviter à boire un verre, et je leur donnerai le dossier. Et vous savez quoi ? Ils diront la même chose que moi, madame. » Cette fois-ci tu sortis le dossier de la personne en face de toi, pour lever la photocopie du portrait-robot : « Vous le voyez, ce dessin ? Ma tête. C’est dingue ça ! Ne vous en faites pas, je leur demanderai de vérifier mon alibi, on sait jamais. » Puis, tu compulses un peu le dossier, montrant à quel point il n’y avait pas grand-chose, sinon un rapport sur les blessures, la plainte en plusieurs exemplaires, plusieurs rapports que Ian et toi aviez écrit. « Y’a que dalle, rien. Si on l’attrape un jour, c’est parce qu’il se sera rendu. Et qui se rend pour un vol de sac ? On le mettrait à l’HP ! »

Puis tu te jettes en arrière sur ton dossier, pour finir : « Mais sinon, surtout, faites ça. Trouvez donc un indice. N’importe quoi. Si vous mettez la main sur le coupable, et parvenez à le faire arrêter, surtout, appelez-moi. D’ailleurs, voilà mon numéro de portable. » Tu l’écrivis sur un bout de papier, pour ensuite le donner à la jeune femme. « N’importe quelle heure du jour ou de la nuit, surtout, je ne suis que l’humble serviteur de la justice, m’dame. »
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Justice


« Si vous voulez qu’on parle du portrait-robot, à chaque personne qu’on l’a montré, ils ont pointé ma tête.»
Anthéa retint un rire de justesse, ne laissant apparaitre qu’un sourire légèrement amusé. Oui, c’est vrai que le portrait-robot ressemblait à Craig. Même si elle était sûre que ce n’était pas lui qui l’avait agressée cette nuit-là, cela pouvait prêter à confusion. Et imaginer les passants interrogés pointer leur interlocuteur du doigt d’un air suspicieux était drôle. Ca devait l’être beaucoup moins pour l’inspecteur mais, eh, était-ce de sa faute si son agresseur ressemblait à son inspecteur et si la personne chargée des portraits-robots n’avait pas fait le dessin le plus fidèle du monde ?

Mais Craig ne semblait pas amusé. Pas du tout même. Et les menaces voilées comme le sarcasme d’Anthéa n’avaient pas du tout l’effet attendu par la jeune femme.  Ca agaçait le policier, qui répondit avec tout autant de sarcasme et une grosse pointe d’agacement. Anthéa le regarda patiemment sortir des cartes de visites de soi-disant détectives privés qu’il connaissait, jetant à peine un regard aux cartes. Elle le regarda patiemment reprendre le portrait-robot, s’énerver, pointer le dossier, s’énerver encore plus. Si Anthéa s’attachait à ne pas montrer ses sentiments, on ne pouvait pas en dire autant de Cillian Craig. L’inspecteur était, de toute évidence, un homme émotif, et expressif. Ce qu’il ressentait se voyait sur son visage, dans le ton de sa voix, dans l’ampleur de ses gestes. La jeune femme observait les gens ; c’était son truc, depuis toute petite. Elle les observait et en général, elle les cernait plutôt bien. Peut-être était-elle aussi bonne pour masquer ses émotions parce qu’elle était douée pour voir celles des autres. Peut-être était-ce tout l’inverse justement. Toujours est-il que les gens pouvaient rarement lui masquer leur vraie nature, et qu’elle avait évolué dans la vie en montrant un masque à la plupart du monde. L’ironie de la vie.

Et elle n’avait pas cherché spécialement à énerver l’inspecteur, en réalité. Simplement à le faire réagir. A le faire se bouger le cul, le faire se lever de son super fauteuil en cuir pour bosser sur son cas. Mais c’était peine perdue. Il ne bougerait pas. Il avait abandonné, lâché l’affaire depuis bien longtemps. Ce qui était insupportable aux yeux de la jeune femme. On n’abandonnait pas son cas. Elle baissa les yeux sur le papier que lui tendait Craig ; il avait noté son numéro de portable dessus. Toujours stoïque, elle le saisit délicatement et le rangea dans son portefeuille, avant de lever les yeux.  Sa stratégie ne menait à rien. Ce qu’elle voulait, c’était qu’il reprenne l’enquête, pour de vrai. Que son dossier ne passe pas en dessous de la pile. Elle pourrait chanter, évidemment, envoûter l’inspecteur et le forcer subtilement à faire ce qu’elle souhaitait. Mais il y avait son collègue juste à côté, un mec pas débile de toute évidence s’il était là. Et un commissariat plein à craquer de représentants de l’ordre. C’était un risque trop grand. Et Anthéa n’était pas assez stupide pour prendre ce genre de risques. Alors quelles options lui restait-il ? Pas beaucoup, en fait.
« Je suis une femme mariée, vous savez. », dit-elle en esquissant un sourire légèrement amusé. La méthode méchante et menaces ne fonctionnait pas et ne fonctionnerait pas. Il était temps de changer radicalement de méthode. Plan B : le charme.

« Ecoutez, monsieur Craig. Inspecteur Craig. », commença-t-elle d’une voix posée. « Je crois qu’on est partis du mauvais pied. Je suis désolée, je ne voulais pas remettre en cause vos compétences ». Enfin, juste un peu. Mais peu importe. « C’est juste… » Elle soupira, baissa légèrement les yeux.  « Cette agression, ça a été très difficile pour moi. Et savoir que cet homme est là, en liberté…c’est insupportable. Je suis sûre que vous comprenez. Ce n’est même pas le sac le problème, c’est le traumatisme physique et psychologique. Je crois que j’avais, que j’ai, besoin d’une certaine forme de….conclusion. »
Il y avait du vrai dans ce qu’elle disait. De l’exagération aussi, évidemment. Le traumatisme physique avait été réel ; les coups portés avaient laissé des hématomes pendant de longues semaines. Une de ses côtes avait été fêlée et lui avait fait mal pendant plusieurs jours.
« Je suis sûre que vous faites tout ce que vous pouvez. Et qu’on ne peut pas arrêter tous les méchants. Je pensais juste…je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour, surtout ici à Bray. »
Elle haussa les épaules. Bray, la ville calme voire chiante en apparence. En réalité, le théâtre de tant de choses. Ne jugez pas le livre à sa couverture, comme dit le dicton. Y’en a aussi un avec un moine, mais Anthéa préfère les livres. Relevant des yeux brillants et implorants, Anthéa ajouta la touche finale à son numéro de femme meurtrie.
« Vous pensez que vous pourriez reprendre l’affaire, juste pour une semaine ou deux ? Promis, après ça, si ça ne donne rien, j’arrête. Je me ferai une raison. S’il vous plait, inspecteur. Je referai le portrait robot, si vous voulez. C’est vrai qu’il n’est pas très flatteur. Vous êtes bien plus élégant que l’agresseur. Et vous ne volez pas les sacs à main. »
Enfin, pour ce qu’elle en savait. Même s’il serait assez drôle de voir Cillian Craig confondu pour vol et agression de petites vieilles. La fin d’un mythe. Digne d’un épisode de Murder She Wrote, finalement. Mais l’heure n’était pas à la moquerie. Anthéa jouait l’empathie, là. Ce n’était pas facile, alors espérons que ça fonctionnerait.


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“La justice, cette forme endimanchée de la vengeance.”
Au départ, quand elle t’avait déclaré être une femme mariée, tu t’étais demandé pourquoi elle te disait ça. « Je sa-… Ah. » T’avais gardé le visage fermé. Ouais, non, même si c’était la dernière femme sur Terre, même la tronche cachée par une cagoule, de dos, dans le noir, t’essayerais même pas de te la faire. T’avais donc juste posé ton numéro là, en face d’elle. Puis t’avais vu une sorte de volte-face étrange, où elle avait changé de masque.

Tient, elle tentait le charme – ou la diplomatie, tu savais pas trop. Mais si t’avais toujours le visage froncé, au fur et à mesure tu plissais des yeux. Elle voulait te flatter – puisqu’elle ne remettait finalement pas tes compétences en cause. Et si t’avais pas déjà eu les nerfs à vif, t’aurais certainement cédé à l’appel de la compassion. Parce que ouais, t’arrivais à compatir avec les victimes, t’avais cette possibilité dans ton programme. Juste, là, t’avais pas envie, et t’avais surtout tellement l’habitude d’être un connard que tu le fis sans forcer.

Heureusement que t’avais l’étoffe des fils de pute, parce que ses yeux implorants et larmoyants, c’était presque de la triche. Sérieux, elle aurait dû être actrice. Est-ce qu’elle l’était ? Tu levas d’un doigt une page du dossier, histoire de voir la feuille de présentation de la victime, tu avais peut-être oublié ce détail. Tu lis d’un coup d’œil, l’air de rien. Mais non, rien à voir avec le cinéma, visiblement. Ah ! que tu lui aurais donné le bon Dieu sans confession, si tu te l’étais pas farcie déjà plusieurs fois.

Tu cédais peut-être un peu. Mais alors, juste un peu, ok ?

Tu attendis patiemment qu’elle eût fini, pour ensuite dire d’une voix blasée : « Bah, clairement je ne vole pas les sacs à main, non. Merci pour le compliment. » Fallait dire que t’étais sensible aux compliments sur ton élégance, après tout, tu faisais partie de ces flics qui copiaient un peu leur style vestimentaire sur les agents du FBI des séries télévisées. C’était ton trip, t’aimais te croire important, et ça te gonflait un poil les chevilles, enfin, tu savais bien que c’était hypocrite, juste pour obtenir ce qu’elle voulait, mais… Tu donnais un 10 sur 20 pour l’effort. « Et juste parce que je note l’effort d’être plus sympa, je peux remettre le dossier sur le haut de la pile. Je dis pas non pour un nouveau portrait robot… Mais deux semaines. Pas plus. Deal ? J’appelle un dessinateur ? »

C’était pas que tu étais faible – peut-être un peu. Mais surtout, à vrai dire, t’avais un sens de la justice aigu, et quand tu devais faire ton travail, même si c’était pour une meuf qui te puait au nez, bah tu le faisais, c’était comme ça et pas autrement. Même si t’avais envie de lui donner une bonne raison d’être traumatisée par une agression, quelque part.
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Justice


Anthéa crut d’abord que sa manœuvre n’avait pas marché. L’inspecteur ne semblait en effet pas vraiment touché par ses paroles ou son ton. Il paraissait même sacrément blasé.
« Bah, clairement je ne vole pas les sacs à main, non. Merci pour le compliment. »
Cela s’annonçait comme un échec cuisant, et Anthéa s’apprêtait à essuyer le revers avec élégance et dignité. Pourtant la situation tourna de façon surprenante à son avantage. Cillian avait noté l’effort. La jeune femme esquissa un léger sourire, victorieux, mais aussi intéressée. Craig n’était pas aussi idiot qu’il n’y paraissait, en fin de compte, et il avait vu clair dans le jeu de son interlocutrice. Et il ne s’en formalisait même pas. Au contraire, il acceptait de reprendre l’affaire. Le sourire d’Anthéa s’agrandit. Elle avait atteint son objectif. Son dossier était de nouveau en haut de la pile.

« Je dis pas non pour un nouveau portrait robot… Mais deux semaines. Pas plus. Deal ? J’appelle un dessinateur ? »
Dans l’esprit d’Anthéa, un petit bonhomme dansait la danse de la victoire, de façon franchement peu élégante. La bataille avait été rude, il avait fallu surmonter plusieurs obstacles, à commencer par le caractère difficile des deux protagonistes. Mais le final était grandiose. Deux semaines, c’était peu, mais soyons honnêtes, c’était objectivement énorme pour une affaire qui trainait des pieds depuis un moment déjà. Elle ne pourrait pas obtenir mieux de la part de l’inspecteur. Et elle n’était pas en position, ni d’humeur, à négocier. Le compromis semblait parfait. Elle avait même droit à un second portrait-robot. Il faudrait qu’elle fasse attention à ne pas décrire quelqu’un qui ressemblait à Craig, cette fois-ci. Sinon, il croirait qu’elle le faisait exprès et il lui en voudrait beaucoup. Alors, la jeune femme se contenta de hocher la tête en signe d’approbation, un grand sourire amical sur le visage. Celui-là était même empreint de sincérité, comme quoi, tout arrive.
« Deal. Merci beaucoup, inspecteur. Je n’oublierai pas votre geste. »
Ce qui ne voulait probablement pas dire grand-chose dans l’esprit de Craig, là, tout de suite. Mais cela signifiait quelque chose d’important pour Anthéa. Elle avait un semblant de dette envers lui. Et un jour, elle veillerait à la rembourser, par principe, par fierté.
« Je ne vais peut-être pas vous embêter avec le portrait-robot, ici, dans votre bureau. Je veux dire, votre collègue et vous devez avoir du travail, et j’ai déjà pris assez de votre temps », dit-elle en haussant les épaules. D’ailleurs, le collègue était drôlement silencieux depuis le début. Il se contentait de suivre la conversation en se planquant derrière son écran d’ordinateur. Voyeur, va. Et puis, surtout, Anthéa n’avait pas envie de rester trop longtemps dans ce bureau. Si le dessinateur se plantait encore une fois et dessinait n’importe quoi, elle voulait pouvoir l’engueuler en toute tranquilité.
« Mais je vais le voir de suite. Je viendrai vous voir dans deux semaines, si ça vous va. »
Même si ça ne lui allait pas, en fait. Elle viendrait forcément s’enquérir de la conclusion de tout ça. En espérant très fort qu’ils aient trouvé le coupable, sinon, Craig et elle seraient repartis dans une valse d’insinuations peu subtiles et de menaces voilées.

Sur ces bonnes paroles, Anthéa saisit son nouveau sac à main, et se leva. Elle adressa un sourire au deuxième Craig, puis tendit la main pour serrer celle de l’inspecteur.
« Merci encore de votre soutien, inspecteur Craig. A bientôt, alors. Je garde le numéro du détective privé, pour l’avenir, on ne sait jamais. Bonne continuation. »
Et avec un dernier sourire, elle sortit du bureau. Elle s’approcha doucement du bureau d’Henry, qui la regardait arriver avec un mélange d’appréhension et d’amabilité.
« Tout s’est bien passé, madame Ò Murchù ? », demanda-t-il avec un petit sourire.
« Très bien, Henry. Je crois que vous pouvez appeler le dessinateur, l’inspecteur va reprendre l’enquête. Et c’est toujours Anthéa. »
« Oui, pardon, Anthéa. Je l’appelle de suite alors. »
Un sourire et un hochement de tête pour toute réponse. Anthéa était là, adossée au comptoir. Triomphante. Il y avait finalement une justice dans ce monde de merde.


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