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 écrase-moi si tu peux (dagda&janet)

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❝  J'ai même bu à outrances toute l’absinthe de tes potes
J'ai côtoyé de rares nymphes, pris des rails en avance ❞
écrase-moi si tu peuxIl existait des monstres aux grands yeux. Dans le folkore, dans les romans, dans les films, dans la vraie vie… Il existait des choses qui semblaient nous fixer dans nos iris, simplement pour nous dire j’vais faire de toi du pâté pour vieux, que même le vieux ne voudra pas. Il y avait ce monstre que j’étais persuadé de voir sous mon lit quand j’étais tout juste assez grand pour tenir quelques secondes debout, puis le corps de mon meilleur ami me fixant de ses yeux morts quand je n’étais plus qu’un enfant qui tenait sur ses deux jambes. Et ce matin-là… Le monstre aux grands yeux, c’était moi, ce barbu dans le miroir qui me fixait de ses yeux accusateurs et accusés. Encore une fois, j’avais passé mes doigts dans ma barbe, celle-là même qui était si peu fournie quand j’entrais en prison, pour en ressortir aussi hirsute que celle de Trev. Je la tripotais, et je me disais, pour le dixième jour d’affilée que j’avais la flemme, que de toute façon, personne ne voudrait de moi, pas même le croque-mort pour passer le balai dans sa morgue.

C’était idiot de se rendre malade pour une rouquine qui m’avait roussi les ailes de la confiance en soit, qui m’avait rougi le temps d’une soirée, pour ensuite me mettre un stop pour le reste du temps. Et je me sentais idiot de faire, de penser, de croire ces trucs idiots. Mais entre idiots on se retrouvait bien n’est-ce pas ? Alors, j’avais passé ma routine, pour me faire chier toute la journée, et enfin quitter la maison quand j’en eus marre des regards accusateurs, de ce nouveau monstre qui se nommait papa, maman, ce monstre plein de jugement. Je me rendis dans le premier bar venu, je pris même une Vodka Monster, vous le croyez, qu’une boisson d’appelle comme ça, et qu’elle a pour emblème de grands yeux ? Je me fis jeter suite à une dispute avec un con qui tenait mal la queue du billard, pour entrer dans un autre, comme un pèlerinage visant à vider mon compte en banque pour remplir ma vessie, pèlerinage qui me menait de chez moi à chez Yelena, qui n’était plus là de toute façon, je le savais.

Roussi pour roussi, de toute façon, autant y aller jusqu’au bout hein ?

C’était toujours titubant que j’avais décidé d’aller à un autre bar encore, me faire encore de nouveaux potes, quand je croisai encore un autre monstre aux grands yeux, une moto au plein phare. C'était Cyclope ma gueule ! J’avais débarqué sans crier gare au milieu de la route, traversant sans regarder, un réflexe suicidaire ? Aucune idée, mais voilà, je le voyais arriver droit sur moi… Puis finalement décider de bifurquer sur le côté, brutalement. Moi j’avais pas bougé, pff, j’étais lessivé, torché, rincé, la totale mon pote ! J’étais simplement resté là, pas certain que j’pouvais bien faire grand-chose contre un titan pareil, ma foi, justement, j’avais la foi hein ? La foi en une sorte de Dieu alcoolique, qui allait soit me donner une bonne leçon, soit me buter sur le tas. Finalement, ce fut la bonne leçon. Enfin… Je l’apprendrai demain mon capitaine, là, j’étais torché comme lorsque j’avais été à ce cimetière vers Noël, croisant ce type chelou, Bâsil-mon-nom-est-sur-la-plaque, le chic type, hey !

J’étais toujours debout, à mater d’un air torve mon ex-presque-futur-assassin, quand j’me rendis compte que je le connaissais, enfin, la connaissais. Hey, c’était Janette ! Enfin… Janet. L’ado ingrate qui était si copine avec ma frangine, mais qui aurait pu être la mienne, tellement elle sentait le pétrole. Visiblement, elle aimait les grosses cylindrées, et elle avait bien changé, hein…

« Dammit Janet, t’as bien changé ! T’sens toujours l’pétrole, mais t’es plus aussi ingrate qu’avant ! »

Voyez là des paroles de mec bourré qui n’a aucun filtre, même pas celui de la connerie. J’avais mollement levé la main pour la saluer, mais il n’en restait pas moins que j’étais totalement beurré et que j’avais toujours pas bougé d’un iota.
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écrase-moi si tu peux


La fresque des façades et les devantures défilent à toute vitesse des deux côtés, tu n’as le temps de ne distinguer aucun visage qu’à peine atteints et passés ils s’effacent dans l’indistinct. La sensation est grisante, ta main caresse l’embrayage, tu ne résistes pas et donne un petit coup d’accélérateur. Tu aimes faire monter la puissance entre tes cuisses, avec ce vrombissement, cette pétarade familière qui attire bien des regards contrariés et désapprobateurs, mais qui pour toi revient presque à un éclat de joie que le moteur lancerait pour épargner ta voix. Tu te sens libérée, tu te sens exister. Recroquevillée sur ta bécane, la tête coincée dans l’étreinte rassurante d’un casque noir, tu te sens vivre dans l’instant. Tu ne fais pourtant rien d’extraordinaire, rien d’autre que conduire, et tu as même plutôt tendance à respecter le code et les limitations de vitesse - dans le cadre de la ville du moins, en campagne c’est autre chose. Tu ne fais que rentrer chez toi, un trajet parmi tant d’autres à l’intérieur d’une journée semblable à toutes les précédentes, et c’est pourtant chaque fois l’occasion d’une pointe d’adrénaline, un pur moment de bonheur où les préoccupations de l’avant et l’après n’ont pas leur place. Coconut. Tu vires de bord, tu contournes la circulation par des ruelles, des allées moins fréquentées, presque piétonnes. Ton sac Quiksilver s’accroche tant bien que mal à tes épaules, bourré de tout ce que tu as pu y fourrer - tout et n’importe quoi comme si tu vivais dans la crainte de manquer de quelque chose.
Une route peu animée, quelques voitures éparses, tu en profitais pour te laisser porter par les courants d’air. Ce que tu n’avais pas prévu, et que personne n’aurait pu prévoir d’ailleurs, c’est qu’un obstacle décida soudain de venir décorer ton chemin. Tout alla si vite - tantôt personne, et soudain, soudain un homme, qui n’avait pas l’air de savoir où il allait. Il avait décidé de traverser à ce moment-là sans doute, ou alors il espérait se suicider sous tes roues, et peut-être aurait-il mieux valu pour lui mais certainement pas pour toi. Tu as réagi aussi vite que tu as pu, échappant un cri de surprise à l’intérieur de ton casque et tournant brusquement ta moto sur le côté avec un débrayage brutal qui te fit craindre un instant de percuter une voiture garée sur le bas côté ou de finir toi-même dans le décor. La sensation avait été si brusque que tu ne sus même pas d’abord si tu l’avais percuté, mais tu n’attendis pas de reprendre tes esprits pour réagir. Ni une ni deux, tu coupas le contact, descendit de ta moto, envoya un coup de pied dans la béquille pour la stabiliser et te précipita vers ta peut-être victime en retirant vivement ton casque. « Oh mon Dieu, tout va bien ? Je suis vraiment, vraiment désolée. Tu n’as rien ? » Il était debout, statique, un peu bêta, et tu en déduisis à l’évidence que tu l’avais bel et bien évité de justesse.
Mais plus étonnant, il semblait te reconnaître. Tu l’aurais reconnu aussitôt s’il n’avait pas porté la barbe - dans tes souvenirs, il ne l’avait pas, et une pilosité, ça vous change un visage. Mais sa voix, son intonation, ses mots aussi te firent rapidement percuter, et tu fus presque davantage choquée par sa nouvelle tête que par la mort à laquelle il venait d’échapper. « Dagda ? » Tu percutes sur un mot alors, et le répète d’un air absent avec une petite moue déplue - « ingrate... ». D’accord, on était rarement à son summum de séduction à l’adolescence, mais tout de même, ce n’était jamais très agréable à entendre, surtout pour une demoiselle vaniteuse comme toi. Mais en l’occurrence, il y avait plus préoccupant. Casque sous l’aisselle, tu lui as saisi le bras pour le tirer hors de la route, il ne manquerait plus qu’une autre bagnole vienne foncer dans le tas et que tu assistes à sa transformation en charcuterie pur porc. « Mince, t’es soûl ? Depuis quand tu portes la barbe ? Non attends. » Oh-la, ça faisait trop d’information d’un coup, tu fronces les sourcils, comme si tu avais un demi-million d’interrogations à poser et que tu te refrénais lourdement pour ne pas ennuyer un ivrogne. Que fais-tu là ? Quand es-tu sorti ? Pourquoi tu as bu ? Pourquoi tu es dans cet état ? Tu comptes garder la barbe ? On ne t’a jamais dit que ça se taillait ? Pourquoi tu tires cette tronche ? Qu’est-ce que tu fichais sur la chaussée surtout, tu le sais que c’est réservé aux voitures et que tu as tout intérêt à regarder avant de traverser, au lieu de rester au milieu comme un pigeon. Bon d’accord, tu allais un peu vite... « Pardon d’avoir failli t’écraser. Même si, avec la tête que tu tires, tu aurais peut-être préféré. Tu n’essayais pas de te faire rouler dessus, pas vrai ? » De ton côté, tu n’avais pas tellement besoin de l’alcool pour te passer du filtre quand tu parlais. Et tu t’étais mis à le regarder sous toutes les coutures pour t’assurer qu’il allait bien, et puis surtout pour constater l’état dans lequel il s’était mis tout seul. Oh boy. C’était pas la gloire. Il était plus dodu dans tes souvenirs.

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J'ai côtoyé de rares nymphes, pris des rails en avance ❞
écrase-moi si tu peuxAh, elle me reconnaissait ! C’était pas gagné, je devais avoir une de ces gueules… D’ailleurs, elle-même le disait, j’avais jamais vraiment porté la barbe avant – fallait dire que avant la prison, pour avoir plus de deux poils, je pouvais attendre des semaines, et des semaines, et des semaines, et des semaines… Enfin vous avez compris hein. Par contre, moi ce que j’ai pas compris, c’est la suite de l’affaire. Elle m’a tiré le bras pour que j’aille sur le trottoir, et d’ailleurs je me pris même les pieds dans… Mes pieds en fait. Et je finis le cul par terre, atterrissant assis comme par miracle, sans me faire mal – je l’aurais voulu que j’aurais pas réussu… ssi. Puis, comme elle m’avait dit de le faire, j’attendis. Après tout, j’aurais bien voulu lui répondre depuis quand je portais la barbe, mais enfin, si elle me disait d’attendre… J’allais attendre hein ! Ca n’avait tué personne d’attendre. Oh, ce mot il était joli, attendre… Mais au bout d’un log moment à me fixer d’un drôle d’air, elle re-demanda pardon pour avoir failli m’écraser – je lui fis un geste de main pour qu’elle comprenne que c’était pas grave – et la suite me surpris. Est-ce que je voulais qu’elle me roule dessus ? Mais elle allait pas bien ?

« Maiiiis pourquoi j’aurais voulu que tu me roules dessus ? Ca doit faire super mal ! »

Mais à bien y repenser, ça faisait mal, mais vu sa fi… vitesse, j’y aurai pas réchappé… C’était correct cette phrase ? J’y aura pas échappé… J’ai pas échappé… Jiorépahécaphé… Ouais, sûrement, mais on s’en foutait, tant que je me comprenais pas vrai ? Le fait était que voilà, c’était pas vraiment un truc auquel je pensais particulièrement pendant que je traversais. En ait, je…

« … pensais à Yelena et… J’ai pas… fait… gaffe… »

Oh bordel, que j’étais complètement bourré, pour avoir réussi à oublier Yelena pendant quelques minutes. Si j’avais été assez vif – à mon sens – jusque-là, je m’éteignis complètement, me rappelant que j’avais le moral en berne et que j’avais pas vraiment de quoi me marrer. Parce que bon, c’était un peu l’aventure de manquer de se faire écraser, cependant, j’étais pas vraiment dans le trip de l’aventure, j’étais plus dans le bad trip de l’alcool. Urgh, j’avais trop bu. Mais c’était parfait comme ça !

Je m’assis un peu mieux, ramenant mes genoux vers mon torse, posant ensuite ma tête dessus. C’était pas très agréable d’avoir le monde de traviole, mais si vous voulez mon avis, le problème de la tête très lourde était un peu plus urgent qu’un souci de loi de Newton. Les pommes pouvaient bien tomber en biais, je m’en foutais, j’aurais juste bien voulu que Yelena me tombe sur le coin du nez pour me dire si…

« … j’étais une putain de merde ou pas, parce que voilà, j’aimerais bien le savoir ça, si c’était si nul, au point de m’ignorer… »

Je ne m’en rendais même pas compte, je réfléchissais à voix haute, mais par intermittence seulement. J’étais bon pour Bellevue Hospital, vous savez, ce truc blanc, le bâtiment en dehors de la ville qui accueillait les types qui parlaient tous seuls ? Quoique, eux c’était un peu plus permanent, moi, demain, j’aurai mal à la tête, mais je parlerai plus tout seul. Quoique, j’aimerais bien parler à… Merde. Danette ?


« Dis Danette, j’leu… peux répondre maintenant ?... Ouais ? Ok, alors, en fait, j’la porte depuis dix jours. »

Je la regardai, comme si elle allait biter de quoi je parlais tout de suite. Après tout c’était elle qui avait posé la question hein ? Par contre, elle avait demandé un truc, après. Quand elle m’avait regardé bizarre… Je relevai la tête, la fixai comme si la réponse était marquée quelque part dans ses yeux. Enfin, remarquez, j’étais pas certain que j’arrive à lire un truc aussi petit dans un autre truc aussi petit. Après tout, j’étais à peine foutu de discerner son pif.

« Tu m’as demandé quoi, déjà ? »
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écrase-moi si tu peux


Ah bah c’est malin, le voilà qui s’est vautré par terre. Tu l’as bien senti, en le tirant par le bras, qu’il titubait et n’avançait pas tout à fait droit - mais c’est aussi pour ça que tu préférais l’écarter de la route tout de suite. Le temps de le faire réagir si un véhicule arrivait et il n’y aurait peut-être plus de Dagda. Alors tu aimais autant mieux qu’il soit posé le cul sur le trottoir, au moins il ne tomberait pas plus bas. De toute façon, il ne semblait pas plus que cela dérangé d’être installé par terre. Tu le dévisages, tu estimes son état, mais à part “complètement ivre” il n’y a pas grand chose à déduire. C’était vraiment une heure pour boire ? Surtout pour boire tout seul. Il fallait être stupide pour ne pas comprendre qu’il y avait de la déprime là-dessous, d’où la supposition que l’accident aurait pu être intentionnel. Pas de bobo en apparence, mais il ne t’abusera pas - même si, quand il l’ouvre, tu as sensiblement du mal à comprendre ce qu’il te raconte. Il te demande pourquoi il voudrait que tu lui roules dessus, tu hausses les épaules parce que c’est évident. « T’as une tête à te jeter d’un pont, c’est pour ça. » Mais tu n’insistes pas plus que ça, et tu n’as pas l’air particulièrement grave non plus. Tu ne tiens pas à ce qu’il se jette d’un pont, mais en même temps tu es à des années lumières d’envisager qu’il le fasse vraiment. La mort reste quand même une notion un peu trop éloignée de toi pour que tu la comprennes.
La suite est moins claire, d’autant qu’il a l’air de se parler davantage à lui-même qu’à toi. Son visage s’est fermé et pour le coup, il avait vraiment l’air d’envisager de se jeter d’un pont avec cette nouvelle expression. Alors tu as redoublé d’effort pour comprendre mais c’était comme s’il te manquait des mots. Depuis le temps que tu ne l’avais pas vu, il faut le dire, tu avais quelques années d’infos en retard. Yelena, c’est un prénom ça ? Tu n’es pas tout à fait sûre, il faut quand même avouer qu’il ne ressemble relativement à rien. Mais de la façon dont il en parle, ça a l’air d’être quelqu’un, et vu la terminaison, tu supposes que c’est une femme. Bon, après il y a des trous, après il y a des gros mots, du cafouillis, et tu fronces les sourcils comme si ça allait rendre son histoire plus claire. Il avait l’air d’un gosse en train de pleurnicher sur une gamine qui n'avait pas voulu jouer avec lui, et sa position n’arrangeait pas vraiment le tableau. De vous deux, là tout de suite, tu te sentais la plus adulte, et ce n'était pourtant pas forcément gagné de base. Tu t’irrites un peu quand il t’appelle Danette, parce que… Parce que merde, c’est pas flatteur ça, c’est vexant, et il se souvenait très bien de ton prénom il y a cinq minutes ! Très clairement, c’est te chercher des noises. Tu gonfles les joues et tu protestes. « On comprend rien quand tu parles, tu m’embrouilles tellement que je ne sais plus ce que je disais. C’est malin! Et ce n’est pas de me fixer avec ces yeux de merlan frit qui va beaucoup m’aider. » Tu soupires et tu masses le front en le regardant avec un peu de pitié et de compassion. « Je devrais sûrement te ramener à Aisling avant que tu te fasses renverser pour de bon. Qu’est-ce qui a bien pu t’arriver pour que tu te laisses aller à ce point ? » Tu retires ton sac à dos et le fouille jusqu’à en sortir une bouteille, un peu d’eau lui rendra peut-être la bouche moins collante et tu le comprendras peut-être un peu mieux - mais encore faudrait-il qu’il accepte de se la vider dans la gorge, cet alcoolique de mes deux. Tu t’accroupis devant lui et tu lui colles la bouteille dans les mains. « Tu as quelque chose de solide dans l’estomac au moins ? J’ai peut-être une barre de céréales qui traîne. » Tu te remets à chercher dans tes affaires et tu trouves le Saint-Graal aka. la barre chocolatée, et tu la lui tends aussi - clairement un comportement que tu as piqué à ta mère.

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❝ J'ai même bu à outrances toute l’absinthe de tes potes
J'ai côtoyé de rares nymphes, pris des rails en avance ❞
écrase-moi si tu peuxDans mon esprit de mec bourré, je comprenais pas pourquoi elle semblait d’un coup pas très contente, Danette… Danette. Ah putain que j’étais con ! C’était Janet, putain Dagda, t’es trop nul. Et puis finalement, on était perdus tous les deux, dans mes conneries, et peut-être même les siennes, mais surtout les miennes en fait. Ouais, surtout ça, parce que je n’étais vraiment pas dans mon assiette, ni dans mon verre, ni rien. En tout cas, quand elle m’demanda d’arrêter de la regarder avec des yeux de merlan frits, je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire. Alors je me suis contenté de regarder ailleurs, comme par exemple un camion de glace qui était dans le coin, à servir d’autres gens presque autant bourrés que moi. Cela me donnait faim… Cependant, quand elle parla d’aller me ramener à ma sœur, j’tournai totalement la tête, levant les mains et écarquillant les yeux :

« Non, non fait pas ça ! Elle sait pas que... J’suis comme ça. Et euh… M’est rien arrivé. Justement. »

J’avais honte d’être comme ça, torché, pour une gonzesse que j’avais à peine connue. On aurait vraiment dit que j’étais un gosse à qui on avait piqué un jouet – et quelque part c’était un peu ça. Cette femme-là, je m’y étais attaché en si peu de temps, et elle avait bien promis qu’on se reverrait. Elle avait fait du bien à mon égo un peu blessé, à ma confiance en moi-même, et sa disparition pure et dure… Je prenais ça pour une fuite. Il ne pouvait pas me venir à l’esprit qu’il lui était arrivé quelque chose. Alors, je déprimais comme un con, ne disant rien à ma sœur et à mon frère, même si mes parents devaient avoir remarqué ma tronche de déterré, puisque je vivais avec eux.

Un mec sans emploi, sortant de taule, qui vivait chez ses parents. Super le sex appeal !

Au moins elle sembla oublier cette idée en me demandant aussi si j’avais un truc solide dans l’estomac. Bonne question, qui lança les grondements de mon estomac. Elle allait me donner une barre de céréales ! C’était déjà ça, car bordel, je savais même pas quel jour on était, et je ne saurai pas dire si j’ai mangé y’a deux minutes ou deux jours. Alors j’lui répondis quand même :

« J’ai dû manger un truc… A un moment donné. »

J’pouvais pas faire plus vague mais cela me fit quand même rire. Et quand elle me tendit cette barrette, je la pris comme un morfal, murmurant un merci quand même, parce que je n’étais pas un connard malgré tout. Cependant, une fois déballé, j’eus une sorte de scrupules. Elle était gentille, Janet. Et je l’avais pas trop été, à l’appeler Danette. Parce que j’étais un connard qui était torché. En plus, c’était une bonne gamine, la dernière fois que je l’avais vue, ok, elle sentait l’essence et elle avait une sacrée tête d’adolescente, mais elle était quand même un peu mignonne. Juste parce que c’était la copine de ma sœur, forcément, je m’étais amusé à l’embêter, et j’continuais, parce que j’étais bloqué à mes 21 ans quand ma vie s’était presque mise sur pause.

P’tit con.

Alors pour être un peu sympa, je cassai la barre en deux, pour lui tendre la moitié du bout des doigts, lui disant simplement :

« Désolé, Janet. J’suis un con. »

Pas sûr d’avoir été clair à parler dans ma barbe, d’ailleurs, elle me grattait un peu. Alors, une fois que Janet aura pris le morceau, je me la tripotai un peu, avant de manger assez piteusement. Ce n’était pas grand-chose, mais visiblement, ça me calait un coin vu que je n’eus plus de grognement intempestif du ventre qui me signalait qu’il en fallait plus.

En revanche, j’avais vraiment, vraiment envie d’une glace. Une énorme envie qui n’allait pas me quitter de sitôt ! Alors je me redressai, tant bien que mal, manquant de me casser la gueule, le monde tanguant autour de moi – car oui, c’était le monde et pas moi, enfin !

« Glace… »

Je fouillai même dans mes poches pour chercher les restes des thunes que j’avais utilisées cette nuit, dans les divers bars qui étaient responsables de mon état d’ibri… ébru… bru… de l’alcool dans mon sang. Ah, ça allait être beau la marche jusqu’au camion ! Mais quand même, après deux pas pas très assurés, je me retournai pour lui demander :

« T’en veux ? »

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écrase-moi si tu peux


Décidément, les hommes bourrés, c’est comme des gosses. Il suffit de gronder un peu pour qu’ils regardent leur pied, et leur concentration équivaut à la racine carrée de mon cul sur une plage au mois d’août. Tu faisais de ton mieux pour être bienveillante, toi, tu voulais le ramener chez lui, auprès de quelqu’un qui pourrait le surveiller, parce que tu voulais pas qu’on lui roule dessus. Mais tu savais même pas s’il t’écoutait, et quand c’est lui qui parlait, t’y comprenais rien. Du moins, de manière générale, parce qu’il n’y avait pas besoin d’être Einstein pour comprendre ses protestations. Il avait réagi au quart de tour, autant qu’un ivrogne pouvait le faire, lorsque tu t’étais mise à parler de sa sœur. Il ne veut pas qu’elle sache, il ne veut pas se montrer ni pitoyable ni l’inquiéter - en attendant, c’est toi qu’il inquiète, à déambuler sur les routes comme un aveugle sans canne et trop borné pour demander son chemin. Tu fronces les sourcils, s’il y a bien quelqu’un pour qui il fallait éviter les secrets c’était bien sa famille. D’ailleurs c’est sûr, il te ment à toi aussi. Il n’y a pas moyen qu’il se retrouve dans cet état s’il ne lui était rien arrivé comme il l’affirme. « Comment ça justement ? » tu lui demandes, autant que tu te le demandes à toi-même. De ce que tu comprends vaguement, il a flashé sur une demoiselle et il a pris un râteau. Tu as un peu de mal à compatir sur ce genre de choses, autant dire que t’es plus focalisée sur son alcoolémie que sur son cœur brisé dans l’immédiat.

Mais bref, tu lui tends ta barre chocolatée, surtout que tu comprends plus ou moins qu’il a dû boire à jeun et qu’il déambule ivre avec l’estomac vide. Et franchement, tu le prends comme une raison de plus de le ramener chez lui. « Je serais plus rassurée de te savoir avec ta sœur dans l’état où tu es, si je te laisse tout seul au milieu des voitures je serai pas tranquille. Enfin... » Là, c’est la seconde où tu réalises que t’es bonne pour le surveiller jusqu’à ce qu’il soit sobre, et ça te fait soupirer - parce que tu sais que tu auras pas le cœur de lui faire faux bond. De toute façon, pour ce qu’il doit t’écouter, tu peux bien raconter ce que tu veux. En plus t’as vu, même pété il est assez mignon pour te refiler la moitié de la barre de céréales que tu lui as donné. Tu lui prends et tu soupires, tu lui dis « Mais non t’es pas un con » parce que t’es trop gentille et tu sens qu’il a besoin d’être positif. Et en même temps tu penses le contraire, putain Dagda y’a pas de doute, ce que t’es con pour avoir bu comme un trou en plein jour.
En plus, il continue, le sagouin. Tu n’as même pas eu le temps de croquer qu’il est déjà en train de regarder ailleurs et de réclamer une glace. D’abord, tu te tiens prête à le rattraper dans le cas où il se serait vautré en essayant de se redresser ; ensuite tu surveilles ses pieds de près et tu te dépêches de fouiller dans ton sac en lui remettant la barre de céréales dans les mains pour libérer les tiennes - de toute façon t’en voulais pas. « Attends, je vais le faire, on va épargner au glacier ton blabla incohérent. Tu veux quel parfum ? » Tu lui chopes le bras avant qu'il aille se perdre trop loin et lui fait signe de rester sur le trottoir, histoire qu’il aille pas se jeter sous une autre paire de roues pendant que tu regardes pas, et puis tu te mets à scruter le camion de loin, et à lui énumérer toutes les glaces. Comme s’il savait pas lire ou comme s’il était trop con pour deviner - en même temps il est bourré, donc dans les deux tas, t’as tes raisons. Et puis quand il se sera décidé, t'en profiteras pour t'en prendre une au citron, y'a pas de raison qu'il soit le seul à en profiter.

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❝ J'ai même bu à outrances toute l’absinthe de tes potes
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écrase-moi si tu peuxRépondre à la moitié des questions, parce qu’il me semblait que je n’avais pas à répondre, parce que j’avais pas envie, parce que j’étais torché, c’était une très bonne raison ça, être torché ! Et c’était bien aussi, le monde avait différentes couleurs, des fois il me déprimait, mais d’autres fois il ressemblait à un camion de glace, comme celui qui était désormais ma cible, là où j’avais envie d’acheter ma glace. Surtout que bon, Jaaaanet avait dit que je n’étais pas un con, du coup ça faisait plaisir, enfin, je lui avais donné la moitié de la barre de chocolat-truc, j’étais gentil, quand même hein ? Alors pourquoi elle était partie, Yel’ hein ? Roh bordel, j’étais pathétique, extrêmement pathétique, triplement, quadruplement, quintuplement… c’était quoi pour six déjà ?... pathétique. Dagdaaaa, arrête de déprimer bordel ! Ouais, bah, c’était exactement ce que je tentais de faire en marchant vers le marchand de glace, j’avais même déjà levé le doigt pour attirer l’attention et j’allais demander ce qu’il y avait comme goûts, parce qu’en vrai, je n’avais pas mes lunettes sur moi, et je ne portais jamais de lentilles, et cette phrase commence à être foutrement longue et merde. Mais en fait, avant que je puisse dire quoi que ce soit, je sentis un truc dans mon autre main – oh la barre chocolatée, bah si t’en veux pas, miom miom miom – et je m’arrêtai pour la manger, cette barre, en fait. Puis j’entendis Janet me demander ce que je voulais comme parfum, pour me liste après tout ce qui était marqué, roh, c’était parfait !

« Merchki, ch’que tch’es chchic ! »

Parler la bouche pleine, ah, maman m’aurait déjà giflé – enfin, à supposer qu’elle ne m’aie pas déjà giflé pour avoir bu – et je me demandais si elle n’allait pas faire pareil Janet. Et je n’avais pas envie qu’elle me gifle… Du coup, j’avalai à toute vitesse, me remettant droit – enfin, je ressemblais plus à une tour de Pise là – pour dire de façon un peu plus claire :

« Merci, t’es chic. Et euh… »

Je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais prendre à bouffer, en fait. Il y avait tellement de goûts qui me faisaient envie ! Si j’avais eu une arme dans chaque main, je l’aurais fait sortir et j’aurais emmené le camion avec moi pour bouffer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Puis, je me dis que c’était une mauvaise idée, que si je faisais ça, je retournerais en taule, et sans Trev cette fois. Puis, je me dis que je n’y retournerais pas, parce que je serais mort… Puis, je décidai que j’étais vraiment très con et qu’il fallait vraiment que j’arrête mes conneries. Que je me ressaisisse – et je remontai même mon pantalon histoire de pas avoir l’air d’un clodo avec le cul à l’air – et que je choisisse un putain de parfum pour ma glace deux boules… Oh deux boules, comme moi ! Ahahah, je rigolai tout seul, pour ensuite choisir mon parfum :

« J’vais prendre vanille-fraise tient. Deux boules. Tient. »

J’avais bien pris mon temps pour articuler les mots, bien que j’eusse plus l’air pataud qu’autre chose – au moins j’étais un pataud qu’on comprenait. Et pendant que je la laissai prendre la commande – puisqu’elle avait voulu éviter mes baragouinages au vendeur de glace – et moi pendant ce temps je m’affalai sur le banc à côté du camion, l’un des rares à être libre, puisque que toutes les tables pliables qu’il avait installées étaient déjà prises, les autres marchaient en mangeant.

Quand Janet arriva avec mon cornet, je le pris avidement, le léchant pratiquement immédiatement, totalement affamé – imaginant de façon un peu stupide qu’une glace allait rassasier ma faim.

« Merci, encore. T’inquiète, après, j’vo… j’vais rentrer dormir. Enfin, j’irai p’tèt squatter chez un pote. Truc comme ça. Voilà. Comme ça, t’as pas peur ! »

Je continuai à léchouiller, avec une joie qui ne pouvait être expliquée que par le fait que, torché, on appréciait encore plus les moments simples de joie.
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écrase-moi si tu peux


Ah ça, pour être un gosse, aujourd’hui c’était un gosse, Dagda. Il suffisait que tu lui mettes à manger dans les mains pour qu’il arrête tout, rien que pour manger. Ses mimiques t’amusent, d’un certain côté - même quand tu essaies de froncer les sourcils, par inquiétude, pour lui montrer quand ça te plait pas, tu peux pas empêcher un sourire. Comme quand il se met à parler la bouche pleine et qu’il se rattrape du mieux qu’il peut pour être poli, pas moyen de te retenir : tu souffles du nez d’amusement, avec les commissures qui se barrent toutes seules sur tes joues. Le gifler ne te serait même pas venu à l’esprit, pas pour si peu en tout cas, et puis honnêtement c’était sacrément rare des ivrognes aussi polis.
Il met un moment à le choisir, son parfum. Tu te demandes même si entre temps il a pas oublié tous ceux que tu lui as énoncé à voix haute - il a l’air de se passer un tas de trucs dans sa tête, à moins que ce ne soit le trou noir au contraire, tu aurais eu du mal à en être certaine. Il finit par se décider, et tu t’empresses d’aller passer commande avant qu’il ne change d’avis. Non sans avoir vérifié d’abord qu’il se fasse pas la malle trop loin d’ailleurs, t’as attendu que ses fesses soient posées sur le banc pour détourner la tête et t’approcher du camion. A priori, pas de risque : il n’allait pas mourir si tu détournais deux minutes ton attention.

Tu reviens vers lui avec la vanille-fraise dans une main, la double citron dans la deuxième. T’as pas le temps de faire grand chose qu’il te l’a presque arrachée des mains pour la gober, mais quel morfale, un peu plus et tu la lâchais par terre sans le vouloir. Tu t’asseois à côté, tu profites d’avoir une minute pour goûter la tienne. Finalement, l’accident aura eu du bon… Ouais, bon, c’est peut-être pas comme ça que tu devrais raisonner. Dag te rassure, ou du moins il essaie : d’après lui, ça va aller, il va juste rentrer dormir. Pour pas que t’aies peur. « J’ai pas peur » tu protestes aussitôt, par orgueil, même s’il a pas tout à fait tort. Mine de rien, ça te fait plaisir qu’il renonce à retourner picoler. Tu hésites une minute, tu manges un peu avant que ça fonde, et puis tu rajoutes. « Tu devrais en parler à quelqu’un. Avec des vraies phrases, je veux dire. Et éviter d’aller boire tout seul si tu sais que le but, c’est de te mettre mal… Au cas où, tu sais. » Tu te doutes que ça tombe dans l’oreille d’un sourd, avec ce taux d’alcoolémie ça se raisonne pas - il aura peut-être bien oublié la moitié après sa sieste, mais tu pourras pas dire que t’as pas essayé. D'ailleurs, plus tu regardes sa tête, plus tu comprends que ça sert à rien d'essayer. Tu soupires un peu et lui pique son cornet. « Rien que pour ça, tu devrais me laisser goûter la fraise. » Et puis sitôt dit, sitôt fait, tu croques un bon coup dedans et t'es pas certaine de vouloir lui rendre. La culpabilité ne te sera pas restée longtemps - tu vas peut-être garder les deux tiens, ça lui fera les pieds.

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❝ J'ai même bu à outrances toute l’absinthe de tes potes
J'ai côtoyé de rares nymphes, pris des rails en avance ❞
écrase-moi si tu peuxLorsque je lui déclinai mon programme post-glace, à savoir rentrer chez moi, ou chez Trev’, histoire qu’elle n’aie pas peur, bah elle répondit juste qu’elle n’avait pas peur. Bon. D’accord.

« Okay, pas peur. »

Je ris un peu, en continuant à lécher ma glace, essayant quand même de la faire durer. Il faisait pas chaud, fallait en profiter, elle n’allait pas fondre en deux secondes. Et puis de toute façon, j’avais rien de spécial à faire après. Sinon retourner boire un coup. Chez Trev’, peut-être. Il dira pas non à une cuite, surtout que j’étais bien entamé là. Et elle s’en rendait bien compte, ma p’tite Janet. Ou alors je m’en rendais compte tout seul. Parce que je bitais pas grand-chose à ce qu’elle me chantait. Je me mis donc à marmonner, presque pour moi-même :

« Mais… Parler de quoi ? D’avoir peur ? Parce que j’veux pas dire, mais j’buvais pas seul, y’avait des gens dans le… Héééééééé ! »

J’étais encore en train de parler dans ma barbe, quand d’un coup elle me piqua mon cornet, pour ensuite me dire que rien que pour ça, je devais la laisser goûter la fraise. Mais ! Ma glace ! Je fis une tête totalement déconfite, un peu comme celle des gamins à qui on piquait leur sucette, cette tronche débile qui allait certainement pas ramener ce qui avait été piqué. D’ailleurs, fallait que je fasse un truc, alors je tendis la main super vite – enfin autant que je pus – pour attraper l’un des cornets. Sauf que je me plantai, pour piquer celle au citron que Janet avait pris pour elle à la base. Bah forcément, tient, faisons un échange !

Et je croquai dedans à mon tour.

Tient, le citron, ça faisait longtemps ça, j’en avais pas bouffé depuis des années – pratiquement autant que la vanille et la fraise, certainement, fallait dire que le camion de glace ne passait pas souvent le portillon de la prison hein… Et c’était bon, d’ailleurs ! Bien frais, c’était agréable.

« Oh, elle est pas mal, celle au citron, je vais la garder tient. »

Et juste pour la garder en sécurité, loin de Janet, je tendis mon bras pour la tenir à distance, tandis que je continuais à la manger. La vengeance était un plat qui se mangeait froid, cette phrase n’avait jamais été aussi bien adaptée à ce que je faisais, littéralement ! Même si en vérité, il fallait le dire, je regrettais d’avoir choisi vanille-fraise, j’aurais dû prendre citron, c’était encore meilleur. J’avais bien envie de la finir.

« P’tain, t’es douée pour choisir des glaces toi, je t’engagerai la prochaine fois ! »

Je finis d’avaler la partie supérieure du cornet, à un tel point que je croquai tout le contour de celui-ci, histoire d’accéder à la partie immergée de l’iceberg – ahah – et lécher à nouveau l’intérieur. Vache que c’était trop bon ! Une bonne vieille glace, ça remontait le moral, bon sang. Et puis ça réveillait un peu de l’alcool, fallait dire. Même si bon, les dents étaient sensibles au froid, ça montait à la tête, car voilà, j’mangeais trop vite, beaucoup, beaucoup trop vite.

« Aaaaaaaaah, c’est trop froiiiiid ! »

En même temps, j’étais un peu con de dire ça, parce que je mangeais une glace, mais enfin, j’étais bourré, et ça pardonnait beaucoup de choses. Comme par exemple, le fait que je ne bite pas de quoi elle parlait, deux secondes avant, quand elle parlait de parler d’un truc avec quelqu’un. Enfin je l’espérais.

Je n’étais pas très clair des fois… Même avec moi-même…
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Décidément, il allait falloir que tu arrêtes d’espérer avoir une conversation cohérente. Il enregistrait vraiment qu’un mot sur dix, et pas forcément le mot le plus important, ce qui donnait au résultat une teinte assez absurde. Tu parlais au vide, il répondait à côté, et t’étais supposée renchérir là dessus. En fin de compte, la glace était un bon plan : déjà pour le faire taire, ensuite pour le tenir occupé, et puis aussi parce qu’il te fallait bien ça pour rattraper le reste et encaisser l’ensemble. T’en avais vraisemblablement un peu marre de ses discours bourrés d’incohérence, alors plutôt que d’essayer de t’expliquer dix fois pour un cerveau qui aurait tout oublié à la fin de la cuite, tu l’avais taquiné avec sa glace, le Dagda, et il te devait bien ça. Son vieux “” de protestation te faisait rire, tu le prenais comme une vengeance pour l’ivresse, le quasi accident, l’odeur de pétrole, et tout ce qui avait pu t’embêter aussi à l’époque quand t’étais encore plus rase-moquette que maintenant. En fait, il ferait mieux de te faire un autel et des offrandes pour se rattraper, t’étais quand même vachement une sainte pour pas t’être déjà fait la malle.

Du coup t’avais croqué sa glace, avec tes dents en acier là, qui ont pas peur du froid, peu importe comment ça marche. C’était pas mal la fraise, tu l’avais pas prise parce que tu associais le parfum aux gamins, et t’aimais vraiment pas être prise pour une gamine. Vanille fraise, c’était pour les bébés, voilà - fallait être un adulte pour demander du citron, sauf que la fraise t’adorais ça. D’accord, t’as pas l’excuse de l’alcool pour un raisonnement aussi débile. Mais voilà que tu te retrouves avec vanille fraise, et sans citron, parce que l’ivrogne te l’a piquée en retour, comme t’aurais dû t’y attendre. « Eh, mais non ! » tu te relèves en signe de protestation, et tu te démènes pour la récupérer, mais il fait barrage. Vas-y comment ça se fait trop pas ! Et tu le regardes l’engloutir, quasiment médusée, tellement il l’a finie super vite. D’un coup y’a plus de citron. « Tu vas rien engager du tout, la prochaine fois tu mangeras tout seul. » Tu commences à bouder, puis tu te souviens qu’il est ivre et que donc ça sert à rien. Alors t’arrête, et tu lui pinces le bourrelet de ventre en représailles. « Ça s’appelle une glace, ça va pas être tiède, t’avais qu’à manger moins vite - non, t’avais qu’à manger la tienne, déjà. En plus t’as bavé partout dessus, c’est dégueu! » Tu t’abstiens de te rappeler que c’est toi qui lui a piqué en premier, mais tu regrettes tiens. Même si en vrai, tu lui en veux pas, t’as juste décrété que tu ferais chier pour un truc à deux balles. Alors tu l’as tiré par le bras, de la main qui tenait pas sa glace - glace que tu t’es dépêchée de manger avant qu’il ne te la reprenne aussi. « Je te ramène, tu fais vraiment n’importe quoi! Chez ton pote si tu veux, allez dépêche. »

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