-20%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, 144 Hz, FreeSync ...
399 € 499 €
Voir le deal
anipassion.com

 

 I'm not a stalker with a pornstach. (JANET)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
avatar
Invité

janet & juliet
Le soleil irlandais caressait mon visage d'une chaleur timide. Allongée dans l'herbe, je m'étais assoupie. Les écouteurs dans les oreilles, la voix de John Denver chantait au loin les paroles de Take me home, country roads [merci hein]. Ma playlist aléatoire était tombée sur de la country, on se croirait presque au pays des cow-boys. Un des plus grands avantages de travailler à son compte était la liberté. Pas d'emploi du temps, pas de patron, pas de contraintes. Je ne portais jamais de montre, je n'avais pas de rendez-vous. Il m'arrivait de plancher sur des œuvres quinze heures par jour, comme toute la nuit, une matinée ou pas du tout. Je ne me forçais pas, je suivais mon instinct et mon inspiration et ça avait du bon. J'étais détendue et je ne me tirais pas les cheveux comme la plupart des gens stressés. Ici à Bray, ou pire encore à Dublin. En y repensant, je n'aurais jamais pu m'adapter à une ville comme Londres. Même si je trouvais l'accent britannique particulièrement charmant, j'étais une fille de la campagne et j'avais besoin d'avoir mon bol d'air quotidien, loin d'une capitale qui ne dormait jamais. J'étais attachée à mon île verte et à son gaélique imprononçable.

Je me redressai d'un seul coup, quand du Linkin Park me cria dans les oreilles. La country m'avait endormie, le rock m'avait réveillé. Métal, hard rock ou que sais-je, j'étais nulle pour identifier le genre de musique, du moment que ça me plaisait c'était ce qui importait. J'étais née dans la musique classique et de la vieille musique française -mes parents devaient sûrement rien comprendre-, et en grandissant je m'étais tournée vers un genre alternatif. Je coupai la musique. Assise en tailleur, je levais mes bras au ciel et fermai mes yeux, inspirant et expirant bien fort. Je m'encrais dans le moment présent. Une fois prête, je récupérais mon sac, y balançai mon portable et mes écouteurs et je me levai. Je frottai ma robe pour retirer l'herbe et secouai mes cheveux. On était au printemps et c'était l'occasion pour moi de sortir des habits fleuris, dont celle-ci dénichée dans une boutique second-hand. J'avais mes converses aux pieds -j'avais assez portée de talons pour toute une vie- le blouson en jean sur les épaules, le foulard qui pouvait me servir d'une deuxième robe et les lunettes de soleil sur le nez. Oui le soleil irlandais n'était pas le soleil du Mexique mais j'avais les yeux sensibles. J'avais la particularité comme certaines personnes d'avoir la couleur des yeux liée au temps. Si par temps typiquement irlandais, ils étaient bleu gris, lorsqu'il faisait beau comme aujourd'hui, ils avaient tendance à partir sur du vert et noisette. Je ne pensais pas toutefois que ce soit lié à ma sensibilité, et plutôt que de me faire des rides au front, je préférais me protéger les yeux.

Je marchais le long de l'allée principale du parc en regardant les mômes jouer plus loin. Je me souvenais de mon enfance. Mes parents n'habitaient pas si loin d'ici, et nous nous y rendions lorsque j'étais plus jeune. Ce parc me rappelait de jolis souvenirs. C'était le quartier chicos et j'appréciais ce parc soigné, bien entretenu. Il contrastait tellement avec l'état de mon loft. Je m'installai sur un banc face à l'air de jeux et sortis mon bloc note et un crayon à papier. Trois gamins se chamaillaient et les mères ne faisaient même pas gaffe. J'étais certainement pas prête de devenir mère. La mienne m'avait eu à l'âge de vingt-cinq ans, j'avais déjà deux ans de retard. Et si j'étais restée avec Oliver ? Et si je m'étais mariée avec lui ? Nous nous serions installés à Londres, puis quelques années plus tard, je serais tombée enceinte ? C'était assez affolant comme futur alternatif. Je ne m'étais jamais vue mariée avec lui et encore moins avoir un enfant ! Au final, j'avais échappé à une des plus grosses erreurs de ma vie.

Une blonde me passa sous le nez. Je l'observais et elle s'installa pas loin de moi, sur un autre banc. J'avais une sale tendance à fixer les gens. Pas dans le mauvais sens, au contraire, j'aimais observer les inconnus. Leurs traits, leurs particularités. Elle avait l'air d'une poupée. Une poupée asiatique. Je plaçai mon sac sur mes cuisses, comme appui, et posai mon bloc dessus. Je n'avais pas de poupée asiatique dans mes peintures, alors je commençai à la dessiner. Je l'épiais sans vraiment discrétion et si jamais ça lui posait problème, elle pourrait toujours venir me le dire, je comprendrais. C'était son visage, son corps, sa propriété. Aujourd'hui il faisait beau, ça sentait le printemps et j'espérais qu'elle me laisse quelques minutes pour la dessiner.
AVENGEDINCHAINS
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
♛ Ain't a stalker with a pornstach
Tellement chaud qu'au supermarché les portes automatiques s'ouvrent j'suis une bête d'oeuvre d'art j'devrais avoir ma place au Louvre

▼▲▼

Le printemps te faisait le plus grand bien. Pas de méprise cependant : il n’y avait pas de saison que tu détestais à proprement parler. Bien sûr que tu aimais l’hiver, et comme la plupart des personnes normales, tu étais toujours émerveillée de voir tomber quelques flocons de neige. Tu ne craignais pas le froid, tu étais de ces quelques personnes à conserver toute l’année la même garde-robe et à choisir tes vêtements plutôt pour ton humeur que pour la température au dehors. Mais tout de même, quel plaisir de sortir de la dépression hivernale, des épidémies de grippe, des indénombrables épaisseurs, des trop fortes bourrasques, des plaques de verglas ! Cette période de l’année où tes amis rechignent à sortir, où l’on te dit d’aller toute seule à tes festivals si tu y tenais sous prétexte que ce n’était “pas la bonne période”. Des frileux et des petites natures, voilà ce que tu en pensais. Après des mois de grisaille, des mois où personne ne voulait s’attarder dehors pour ne pas se les geler plus de cinq minutes, quelques rayons tièdes et un peu de verdure dans les arbres n’étaient vraiment pas de refus. Enfin, un ciel bleu, enfin un temps pour habiller le moral. Et adieu gants, écharpes et bonnets, adieu bottes et épais manteaux ! Adieu les recommandations par dizaine de ta mère pour ne pas prendre froid. Tu avais été à ce point enthousiaste en constatant la température ce matin que tu étais sortie sans rien porter sur les bras qu’un débardeur un peu trop léger.
A quoi ça servait d’avoir des amis si c’était pour se faire dire “il fait trop froid” ou “j’ai des trucs à faire” les trois-quart du temps lorsque tu essayais de faire des projets ? L'amitié cette notion qui se perd, sincèrement si tu n'allais pas les chercher par la peau des fesses, tu passerais la plupart de tes journées en solitaire. Tu avais envie de passer l’après-midi avec eux, te poser sur l’herbe, fêter le printemps à ta façon, mais au lieu de ça tu t’es retrouvée toute seule dans le parc de Golden Coast, ton casque de moto au bout du bras, smartphone dans l’autre main à vérifier du pouce chaque conversation et son petit lot d’excuse bateau. Sans trop prêter attention aux alentours, tu es allée te poser sur un banc - un peu froid, une chance que tu n’aies pas encore renoncé au jean. Avec un soupir, tu as sorti de ton Quiksilver ta vieille DS un peu niquée sur les bords, juste devant le terrain de jeux pour gamins, histoire d’avoir un bruit de fond et de te sentir moins seule. Les pieds sur le banc, tu as lancé ta cartouche de Professeur Layton et tu es restée là pour profiter du printemps en toute tranquillité, jetant des coups d’oeil pleins d’espoir à l’écran résolument éteint de ton téléphone, comme si on allait finalement changer d’avis et te rejoindre.
C’est à ce moment que tu l’as attrapée du coin de l’oeil. Au début, tu as continué tes affaires, l’air de rien, en te contentant de regards éparpillés, pour t’assurer que tu ne te faisais pas d’illusion. C’était une jeune femme qui ne faisait pas grand cas de sa discrétion tandis qu’elle te dévisageait nettement à intervalles réguliers. Et la déduction n’était pas très compliquée à la vue de son carnet à dessin et de son crayon de papier qui s’activait sitôt qu’elle ne te regardait plus. Presque inconsciemment, tu as ajusté ta position pour te donner moins l’air avachie, il faut dire que c’était assez flatteur comme situation et tu ne serais pas venue t’en plaindre. Il fallait bien qu’elle le fasse sans t’avertir de toute façon, si elle voulait capturer quelque chose de naturel ! Mais ta curiosité a finalement eu raison de ta patience exemplaire, et tu as négligé ta console pour lui adresser un léger sourire. Finalement, la fourrant dans ton sac à nouveau, en espérant qu’elle ait eu le temps de tracer l’essentiel, tu t’es levée de ton banc pour la rejoindre en embarquant dans tes bras toutes tes affaires. « Je peux regarder ? » Pas besoin d’un bonjour, après tout elle s’était bien gardée de passer par la politesse avant de te prendre pour modèle. Tu as posé sac et casque sur son banc à elle et tu y es montée debout pour jeter un oeil par dessus. Ton sourire s’est élargi aussitôt, à l’évidence ce n’était pas une amateur, et tu t’es sentie inconditionnellement flattée. « Si j’avais sû que tu dessinais si bien, je t’aurais laissé le temps de finir ! C’est ton métier ou seulement une passion ? » Certes, tu étais devenue légèrement envahissante en l’espace de quelques secondes. Mais à bien y réfléchir, elle avait été la première à pénétrer ton espace privé, alors ce n’était que justice. Et puis elle n’avait pas l’air méchante. Tu préférais que ce soit son regard plutôt que celui d’un vieillard en imper caché dans l’ombre d'un pin, une main douteuse fourrée dans sa poche.
CODAGE PAR AMATIS

Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité

janet & juliet
Mon crayon à papier défilait sans cesse sur mon bloc. Je dessinais depuis ma tendre enfance, si bien que je n'avais presque plus besoin d'avoir recours à la gomme. Mon modèle était une jeune fille au visage enfantin. Elle était blonde et d'une blancheur extrême, qui lui donnait vraiment un air de poupée de verre. J'étais ouverte au monde et cherchais toujours de la nouveauté à dessiner et peindre. Ses traits étaient complétement nouveaux pour moi. Je me limitais au genre caucasien parce que c'était ce que je connaissais le mieux. Tester de nouveaux traits, une nouvelle culture, ne pouvait que m'apporter de bonnes choses. Alors sans discrétion, je traçais le visage chérubin de la jeune fille sur mon papier.

Je fus un peu déçue qu'en elle se leva mais non surprise. J'aurais été dans son cas, j'aurais sans doute agi de la même façon. J'avais tendance à être directe et si je voyais quelqu'un qui avait l'air de me dessiner, je me serais levée. Enfin, jusqu'à maintenant ça ne m'était jamais arrivé. Je ne faisais pas d'autoportraits non plus. J'avais déjà toujours trouvé ça narcissique. Je peignais ce que je trouvais beau, ce qui me plaisait visuellement et même si je savais que je n'étais pas un thon (mais pas non plus de la beauté d'une sirène) ça aurait été très bizarre de me dessiner. Ensuite, je ne me voyais pas forcément comme les autres me voyaient. Au final, il y avait beaucoup de chance qu'à la fin du dessin, la fille n'ait aucun lien de ressemblance avec moi. Je préférais donc m'abstenir.

La jeune fille embarqua ses affaires pour venir de mon côté. Je m'arrêtais donc de dessiner et la regardai en souriant. Elle grimpa sur le banc et demanda si elle pouvait voir. Je décalai mon bloc note vers elle pour la laisser regarder. D'ordinaire, je n'aimais pas montrer mon travail avant qu'il ne soit terminé. Je craignais que ça me foute la poisse. Mais ici, c'était différent. Sans lui demander, j'avais commencé à la dessiner et c'était son droit de voir à quoi elle ressemblait sur du papier. Ses paroles me fit légèrement rire. Je posai mes lunettes de soleil sur ma tête pour mieux la voir.  « Merci pour le compliment. » Avant d'être un métier, c'était une passion. Et je ne pouvais pas vraiment parler de métier, même si c'était mon gagne-pain. Je vivais de ma passion.  « C'est ma passion et ce qui me permet de ne pas manger des pâtes tous les soirs. » Mon dessin n'était pas terminé, comme plusieurs dessins sur ce carnet. J'inscris la date d'aujourd'hui en bas de la page.  « Tu t'appelles comment ? » En lui demandant ça, je captai que j'en oubliais presque les bonnes manières.  « Oh et excuse-moi de t'avoir dessiné sans ta permission ! » C'était la moindre des choses de s'excuser.
AVENGEDINCHAINS
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
♛ Ain't a stalker with a pornstach
Tellement chaud qu'au supermarché les portes automatiques s'ouvrent j'suis une bête d'oeuvre d'art j'devrais avoir ma place au Louvre

▼▲▼

L’ouvrage sous tes yeux n’avait rien d’amateur. Inachevé certes, mais on devinait sans mal, dans l’adresse du tracé et la finesse des traits de construction, la qualité de l'artiste te faisant face. Presque par anticipation, le dessin en était beau. Elle l’avait tourné vers toi sans faire le moindre effort pour te cacher qu’elle t’avait prise pour modèle, et encore heureux d’ailleurs puisque tu n’aurais pas lâché ses basques avant qu’elle ne te laisse apprécier son travail. Tu l’as détaillé des yeux un moment, attentive et -inutile de le cacher- impressionnée. C’était presque trop joli pour être toi, mais tu étais assez contente d’un résultat si encenseur. « Je peux feuilleter ? » Tu n’étais réellement polie qu’à moitié, si tu t’étais abstenue de lui arracher le carnet des mains, tu étais néanmoins déjà en train de soulever discrètement les pages pour y jeter quelques coups d’oeil intéressés. Deux ou trois pages écartées, et puis tu as cessé d’être aussi envahissante, et tu as repris une tenue plus correcte - posant ton sac sur le banc et t’asseyant sur le dossier, à côté d’elle. « C’est pas grave, ça ne me dérange pas. C’est assez flatteur d’être pris pour modèle. Enfin, sauf si tu l’intitules sujet moche avachi sur un banc,  bien sûr. » Tu lui souris alors pour appuyer ton trait d’humour, et tu t'intéresses un peu plus à elle. Elle était plus âgée que toi, bien que tu n'aurais su dire de combien d'années. Une brune d'à peu près ta taille avec une jolie voix. Surtout, et c'était ce à quoi tu accordais le plus d'intérêt : elle avait l'air sympathique, le genre à ne pas vouloir se prendre la tête, un côté un peu... Un peu artiste, finalement, mais c'était quelque chose qui te plaisait. Le premier feeling avait toujours son importance, et pour le coup, tu te voyais tout à fait discuter avec elle. Qui sait, peut-être la vie ne l'avait-elle pas collée par hasard sur ton chemin. « Par contre, tu peux l’intituler Janet. Et toi, tu t’appelles... ? »
Tu t’es alors mise à fouiller dans ton sac resté entrouvert. Tu y fourrais toujours un peu tout et n’importe quoi, tu te déplaçais rarement sans quelques trucs à faire pour t’occuper si jamais tu t’ennuyais quelque part. Tu étais de ces personnes à embarquer toute ta chambre quand tu ne partais jamais que pour un weekend. Alors forcément, tu y avais des crayons, et de quoi dessiner ou prendre des notes. Tu as donc sorti un cahier de brouillon, et tu en as parcouru rapidement quelques pages, sachant très bien qu’il y avait toujours quelques gribouillages qui traînaient dans les coins. « Je dessine aussi, tu veux regarder ? » Tu lui tends le cahier ouvert à la page la moins honteuse, c’est qu’il y traînait vraiment tout et n’importe quoi - y compris des pendus et des morpions, symptomatiques de quelques heures d’ennui vissée sur une chaise. « Ce n’est pas aussi bon, je suis en apprentissage. Troisième année d'art design, mais je n’arriverai sans doute jamais à ton niveau. En fait, je ne sais même pas si j'aurai l'envie de terminer mes études. » Ah, l’éternel problème des têtes de linotte indécises - sitôt que la passion devenait une obligation, c’était beaucoup plus difficile pour toi d’y prendre plaisir. Et puis, passion, elle n’était pas durable chez toi, plutôt chronique. Depuis petite, il t’arrivait de dessiner durant des jours sans t’arrêter, et puis de ne plus vouloir le faire pendant des années. Tu n’aurais jamais pu devenir artiste indépendante et en vivre, tu te serais lassée et tu n’aurais mangé que des pâtes jusqu’à tomber au fond du trou. Peut-être que tu aurais dû garder le dessin comme un loisir après tout, mais tu craignais un peu de te pencher sur la question. Tu n'aimais pas avoir à décider ton avenir alors que tu venais à peine d'arriver dans le monde.
CODAGE PAR AMATIS

Revenir en haut Aller en bas
 
I'm not a stalker with a pornstach. (JANET)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
► URBAN LEGENDS :: Archives de UL V3 :: Ecrits :: Les écrits-