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 « Where is my mind ? » TrevorxZachary

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« Time »

Y a la fatigue, de plus en plus pesante. Le temps qui s'allonge aussi et qui pèse sur tous mes muscles. La conversation avec Trevor semble hors du temps, hors de la réalité. Non pas parce qu'elle est improbable vu les circonstances mais bien parce que s'il y a bien une personne à laquelle je ne m'attendais pas à parler autant, c'est lui. Le type qui cogne trop fort, trop dur. Je soupire, lentement, alors que le silence prend une petite place entre nous de temps en temps. Qu'il me laisse regagner ma solitude jusqu'à ce que le brun ouvre la bouche pour me rappeler que non, je ne suis pas seul. Encore moins ce soir, encore moins maintenant. Et c'est ce qu'il faisait très bien, jusque là, plus ou moins posément. Il me rappelait qu'il était là, parlait calmement, avec des désaccords plus ou moins doux. Des désaccords qui ne faisaient pas vraiment mal et des mots qui me touchaient plus en bien qu'en mal aussi.

Mais là, c'est différent. Cette fois ci, lorsqu'il ouvre la bouche, il me pose cette question horrible. Cette question qui fait mal. Penser à mourir, mettre fin à ses jours. Mes yeux se posent dans les siens alors que la question me semble insensée, stupide et impossible à envisager. Pourtant, il me fout le doute. Pas tellement par les mots mais par le besoin qu'il a senti de poser la question, par sa voix explosée alors qu'il l'a à peine articulée. Je baisse les yeux, et pendant quelques secondes, des secondes de trop, j'imagine.

J'me dis que ouais, peut-être que le monde serait mieux sans moi. Je me dis que la vie d'Andy serait définitivement plus simple sans moi. Celle de Kyle aussi, d'Em aussi. Je me demande ce que je fous là, à quoi je sers à part me foutre dans des embrouilles et hurler à tout va, en cognant sur le premier qui bouge un peu trop. Je réfléchis et bouscule mes idées pour tenter de quantifier le positif et le négatif que j'ai apporté dans mon existence. Clairement, une idée de merde. Je passe une main sur mon front alors que Trevor m'arrache une fois de plus de mes idées, qu'il me ramène à la réalité et mes yeux croisent les siens. Ils croisent sa détresse sincère et sa peur qui tord le bide. Ils croisent ce regard à en foutre des frissons alors que les secondes trop longues sont déjà loin et que m'ôter la vie me semble à nouveau inconcevable. « J'te l'jure. » Les mots sont bas mais sincères, autant que mon regard.

Je ne sais pas pourquoi il a si peur mais sur ce coup là, je tente de lui montrer qu'il peut me faire confiance, qu'il peut y croire un peu. Puis il reprend et moi, je suis sa respiration instinctivement. J'inspire, j'expire, et je soupire. Mais c'est lui qui parle alors que je reprends la même cadence, tout en l'écoutant attentivement. Il me parle des monstres, des vrais. Ceux que les gamins imaginent sous leur lit, pas ceux qui sont dans monstres et compagnie, ceux qui font peur, vraiment, qui glace le sang. Je baisse les yeux parce que je sais qu'il a raison et qu'au fond, j'oublie un peu trop souvent que ces gens là existent. Peut-être parce que ça me fait trop peur à moi aussi, au gamin que je suis. Puis je souris, à sa réflexion. Je ne suis pas un monstre parce que je me pose trop de questions. Je souris, parce que bêtement je repense à tous ces moments où j'ai répété à Kyle que lui, c'en était pas un de monstre. Qu'il était tout sauf ça. Je réfléchis à tous ces gosses torturés par la vie à qui il faut expliquer que non, ils y sont pour rien. Et j'me dis que je suis vraiment qu'un sombre connard de pouvoir autant m'apitoyer sur mon sort.

La question qui suit, elle, me fait hausser un sourcil. Pas par sa jolie idée de me tuer mais simplement parce qu'il a raison, sur ce coup. Pourquoi on essaie ? Nous tous ? Pourquoi, chaque jour, on fait un effort, de vivre, de cohabiter, d'essayer. Pourquoi, alors que les autres nous blessent tout le temps, on y retourne comme des cons ? Et puis il s'agite, un peu trop. Faut dire que la situation doit être stressante, pour le type totalement extérieur au truc, projeté dedans par un pur hasard et rien de plus. Je m'en veux, quelque part sans pour autant mettre fin à cette petite histoire. Il est de plus en plus tendu, il insiste, et je réalise que mes mots ont un impact plus grand que je n'aurais pu l'imaginer. Et même si c'est horrible pour lui que de l'avoir foutu dans cette situation là, moi, ça me secoue un peu, ça me réveille un peu. Comme des coups qu'il a pas donné.

Parce que ce que je ne veux surtout pas, c'est faire du mal au type qui m'a empêché d'en tuer un autre. Alors du coup, je me redresse comme je peux, un peu douloureusement, un peu difficilement. J'éclate la distance entre nous pour m'appuyer sans vraiment le faire sur son épaule. Je serre un peu ma prise alors que je me relève en tremblant, dans un regard qui lui demande de me laisser faire, qui dit que ça va, je gère. « T'as raison, il faut vivre. Et ce type aussi. » Mon visage se tord en de plus en plus de grimaces à mesure que j'avance vers l'autre pour me retrouver sur les genoux – probablement abîmés vu la délicatesse avec laquelle je me suis assis – face à ma victime. « J'suis infirmier. »

Je pose délicatement deux doigts dans son cou, et j'écoute son pouls. Je me reprends, lentement, je recommence à vivre un peu plus. D'un réflexe naturel, j'attrape mon téléphone dans ma poche pour y coller le flash. « Ses pupilles sont réactives, il est juste sonné. » Enfin, juste, je baisse les yeux en rangeant mon portable pour reprendre. « Et il va avoir très très mal un peu partout. » Mes doigts palpent ses organes, tous les points importants pour vérifier qu'il n'est pas en train de nous faire une belle hémorragie. Mais non, ça aurait vraiment pu être pire. « Il va s'en sortir. » Je me recule en arrière, tandis qu'on commence enfin à entendre les sirènes de l'ambulance.

Je soupire et regarde Trevor. « J'ai l'impression qu'ils ont mis des années à arriver. » Heureusement qu'il n'était pas réellement en train de crever, mon abruti du jour. Les quelques rues qui nous séparent de l'ambulance nous donnent quelques minutes, je ne prends pas la peine de me relever, je n'en ai de toutes façons pas la force. « Mec, j'suis désolé de t'avoir ramené des mauvais souvenirs ou j'sais pas mais j'te jure que j'abandonnerai pas, peu importe le prix de mes conneries. » Je tente un sourire un peu doux avant de reprendre, un peu plus maladroit encore.

« On s'connait pas bien mais j't'assure que la plupart du temps j'suis pas comme ça. » Je ne suis pas vraiment sûr que ça l'aide, encore moins que ça lui apporte quelque chose proche ou non du réconfort. « J'voulais pas te foutre mal, enfin, pas plus que quand t'as du me séparer du type quoi. » Je hausse les épaules et continue toujours sur le même ton « Désolé. » C'est presque un murmure alors que le bruit des sirènes m'agresse les oreilles et leur couleur me fait plisser les yeux. Forcément, je connais l'ambulancier, depuis le temps que bosse à l'hôpital, la plupart de mes nuits aux urgences.

Il me demande si ça va, j'explique que j'ai merdé, que c'est moi qui ai frappé sur le type. Ils le prennent rapidement en charge et me demande si je veux aller à l'hôpital, tant que le type ne se réveille pas, j'ai encore quelques heures de libre. Je soupire, dis que je vais bien, que je vais rentrer chez moi. Le mec me dit de pas rentrer tout seul et machinalement je montre Trevor du doigt. J'suis pas tout seul. La scène se prolonge un peu et finalement les portes claques et l'ambulance repart. Et je respire à nouveau.

Mes yeux se tournent vers le brun, que je remercie d'un signe de tête une fois de plus avant de parler, tout en tenant de me relever pour de bon. « J'ai dit ça pour qu'il se casse mais t'en fais pas, t'as pas besoin de me raccompagner, ça va aller. » Je galère à tenir debout, la fatigue m'assaille et les douleurs se diffusent dans tout mon système nerveux. Je soupire, serre un peu les dents avant de regarder autour de moi. C'était vraiment une idée de merde cette soirée.

« Mec je... je sais pas ce qui t'a fait réagir comme ça mais j'espère que tu penses pas toi non plus à quitter ce monde. » Parce que je l'ai déjà vu, ce regard de détresse. Et que même dans la fatigue, même dans le noir, le désespoir et la peur on les reconnaît entre mille. « Tu m'as sauvé la vie, et t'as sauvé celle du type aussi. Alors clairement, si t'en doutais, le monde a besoin de toi. »

Ma manière à moi d'affirmer que j'ai besoin de toi.

Parce qu'au fond, je ne sais pas comment demain va se passer, ni de quelle couleur le soleil va se lever. Je n'ai pas la moindre idée de ce foutu avenir et y a quelque chose de rassurant à se dire qu'on a pas vécu le premier jour du reste de notre vie tout seul. Quelque chose de rassurant à se dire que même dans le pire moment de solitude, on est pas vraiment seul. « T'as le droit de retourner à ta vie, t'en as fait bien assez. » Mon sourire se veut doux et pourtant, la fatigue l'en empêche un peu. « J'te dirai jamais assez merci alors bon... » Mais merci quand-même, mille fois, de m'avoir tenu la tête hors de l'eau. D'avoir maintenu l'humanité qui réside en moi. Merci d'avoir fait ça, d'avoir pris ce risque et ce pari sur moi.

C'est pas si souvent, qu'on pari sur moi. « Tu rentres chez toi ? » Parce que peut-être qu'on peut rester un peu ensemble, au fond. Peut-être qu'on peut parler un peu, là, et aller se chercher un verre, sans alcool au moins pour moi. Peut-être qu'on peut continuer ce moment en l'allégeant maintenant qu'il est plus là, qu'il ne reste que toi et moi. « Sauf si tu veux rester là encore un peu. » Je me recule et m'appuie sur le mur non loin. Définitivement, moi, j'allais rester un peu là. Il fallait que je reprenne un peu de forces, un peu mes esprits. Il fallait que je souffle avant de pouvoir rentrer vraiment, rentrer, et affronter la réalité, ma réalité.
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Where is my mind ?
This sinking feeling sets, it feels just like a hole inside your chest. I know you're thinking, No, no, no, no, it is easier said than done, but please let me attest. I know it's hard. You're feeling like you're trapped, but that's how you react, when you cannot see the light.
But try and see the light.

▼▲▼

Tu penses à crever, Zach ? C’était vraiment une question de merde. En fin de compte, tant qu’elle restait non dite, c’était rien d’autre qu’un doute qui planait, qui se faisait contredire par ta conscience de toutes les manières possibles pour t’alléger l’esprit - mais d’entendre ces mots émerger de ta propre bouche quelque part t’avait secoué bien plus. Déjà parce que t’avais à peine reconnu ta voix, et ensuite parce que de la seconde où l’idée avait franchi tes lèvres, le moindre petit regard ou geste manqué, le moindre signe imperceptible devenait sujet à interprétation. Le silence, un silence qui a duré une éternité de trop quand bien même ce n’était que quelques secondes, et ce regard, qui de l’étonnement est passé au doute et se plonge dans le vide, dans quelques pensées sombres qui échappent à ton contrôle. Il y pense - et il y pense parce que tu as eu le malheur de lui souffler l’idée. A cet instant-là, tu as su que s’il commettait l’irréparable, tu t’en tiendrais pour responsable jusqu’à la fin de tes jours. Ces secondes de latence, elles t’ont crevé le bide, elles t’ont foutu la nausée, et t’aurais presque eu envie de mourir sur place plutôt que d’entendre sa réponse. J’crois qu’au fond, t’as arrêté de respirer jusqu’à l’obtenir. J’te l’jure. Le soulagement, le poids qui se soulève brusquement à cause de la sincérité presque désarmante qu’il a glissé dans ces mots. Tu revis, au moins un peu, au moins assez pour continuer, pour lui répondre, pour t’assurer qu’il n’y pensera plus – pour pas que ce soit ta faute.

Tu lui as parlé des monstres, des vrais - et pour toi, c’est pas seulement des visages maussades qui apparaissent trois secondes aux informations le soir à la télé. T’as mangé avec, t’as dormi avec, t’as pris des douches avec, tu leur as cogné les joues et ils ont cogné les tiennes. Y’a pas que des monstres en prison, heureusement, et c’est clairement pas ceux-là que tu fréquentais le plus, mais t’as fait quinze ans, alors t’en as essuyé, des mauvaises rencontres. Mine de rien, t’avais beau avoir une conscience, tu te complaisais dans la mauvaise conduite, tu faisais pas le moindre effort pour cesser d’être violent alors t’étais pas compté comme un détenu facile, et le crime qui t’avait conduit là était trop lourd pour qu’on te colle avec des bisounours ou des voleurs à la tire. Alors ouais, les monstres, tu les as vu, tu leur as parlé, tu les as entendu - tu les as touché, ils étaient bien là, en chair et en os. Ils t’ont touché aussi, tu sais très bien de quoi j’veux parler. Tu lui parles de ces monstres pour lui faire comprendre qu’il a pas à se coller cette définition sur lui, et quand ça le fait sourire, quelque part tu te dis que t’as gagné. Au moins là-dessus, au moins pour cette fois, ça aura valu le coup. C’est ce qui te fait continuer, c’est ce qui te motive à pas baisser les bras, tout lâche dans l’âme que tu es. Malgré la tension dans tes muscles, malgré le stress au fond de ta gorge, malgré le malaise ambiant que t’as laissé, malgré ce qui te pèse sur la conscience, malgré l’effet que tu redoutes de lui faire ou l’impression que tu crains de lui donner - tu parles, aussi calmement que tu peux, et t’essaies de débiter le moins de conneries possibles.
Et ça marche - on dirait bien que ça marche. Il se relève, ton petit protégé, pas forcément de la manière la plus adroite mais tu lui as redonné assez d’énergie pour essayer et s’en sortir. Il faut vivre, en voilà un discours qui te plait, qui te calme un peu l’esprit, qui te fait du bien en somme. Tu le laisses s’appuyer, t’aimerais l’épauler mais tu vas pas non plus le balader en poussette, il est assez grand pour se débrouiller tout seul. J’suis infirmier, il te dit. Oh, ça par contre, tu t’y attendais pas. Tu t’es mis à rire, à rire devant le ridicule de cette information, un rire nerveux surtout, mais un rire qui avait du mal à s’arrêter. Donc y’avait un mec inconscient sur le bas côté, et depuis tout à l’heure tu causais avec un infirmier qui lui aurait été bien plus utile que toi. Pire - l’infirmier, ce type qui sauve des vies quotidiennement, c’est ce type qui l’avait expédié dans le caniveau, quelle ironie. Tu le regardes faire sans l’interrompre, c’est pas de ton ressort. Tu retiens le rire nerveux en te bouffant la lèvre et tu finis par te remettre sur tes jambes à ton tour. C’est probablement à ce moment-là seulement que t’as réalisé combien tu les avais maintenues crispées. Les mains sous les aisselles agrippées à ton t-shirt, tu restes en retrait, le regard rivé sur ce pauvre mec. T’écoutes ce que Zach te dit en acquiesçant machinalement comme si t’appuyais son diagnostic quand t’y connaissais vraisemblablement rien. C’est moins pire que prévu, enfin ça reste pas joli à voir, mais il est pas immédiatement en danger et c’est tout ce qui t’importe.

L’ambulance, enfin, t’as cru qu’elle arriverait jamais. Zach a trouvé le temps long, il est pas le seul, il te dit que ça a pris des années et tu le corriges : « Des siècles ». T’as le regard tourné vers le coin de la rue d’où ils devraient émerger, focalisé sur ta respiration, mettant tout en oeuvre pour donner une impression de calme. Il attend pas en silence, pas comme toi, non il relève la conversation parce qu'un truc le chiffonne. Il s'excuse, il s'excuse pour tes réminiscences et t'aurais préféré te dire que ça se voyait pas. La honte te bouffe un peu les joues mais tu secoues ta grosse tronche sans vouloir y penser plus. Y’a pas de mal, il est pas responsable de ton égocentrisme, c'est pas sa faute si tu ramènes tout à toi - c'est ça de s'enfermer dans sa coque osseuse de cafard. Il te rassure par rapport à lui-même, y'a un genre de douceur dans sa façon de faire. De la maladresse aussi, surtout, mais qu’il fasse cet effort alors qu’il a encore le cul par terre, c’est assez touchant dans le fond. T'as envie de lui dire qu'il y est pour rien, qu’on se refait pas, que c'est tes pulsions encore, et ton raisonnement qui déconne, t’aimerais lui dire que t'es toujours comme ça - non, qu’en général t'es pire. Ça faisait un bail que t’avais pas eu un échange aussi humain. « Ouais, moi non plus » tu murmures à sa suite, plus à ton intention qu’à la sienne. Tu décroises tes bras et tu t’accroches à ta nuque avec un soupir, c’est seulement à ce moment que tu lui rends son regard. « Tu m'as inquiété pendant cinq minutes, mais tu me dois pas d’excuse. » C’est passé, c’était une crainte dans le vide. Il risque plus de faire de connerie pas vrai ? Alors tu peux te détendre, c’est ce que tu te dis. Si seulement c’était si facile.
L’arrivée de l’ambulance détourne son attention et la tienne avec. T’as l’impression que tout va plus vite en quelques secondes, comme si votre conversation vous avait fait tourner au ralenti, mais soudain y’avait la santé d’un mec à sauver. Les sirènes, les lumières dans la gueule, les voix, les bruits de jambe – toutes ces choses qui d’habitude t’agacent et ça fait pas exception. Tu te sens trop conscient de tes battements de cœur, ton envie d’agripper tes mains à n’importe quoi se décuple, et quelque part tu comprends le besoin de certains malades d’étrangler des gens. De ta nuque, tu t’accroches à des poignées de tes cheveux, tu laisses faire, tu regardes la scène – t’as tout sauf envie de te manifester, et t’as pas envie de parler, mais il va bien falloir. Il va falloir parce que dans l’ambulance, ils ont probablement de quoi te calmer. T’attends presque le dernier moment pour interrompre l’ambulancier avant qu’il referme les portes arrières, et t’essaies d’avoir l’air confiant. C’est drôle quand on sait qu’un refus pourrait te faire péter un plomb. « Vous avez des calmants dans votre bolide ? Zach pourrait en avoir besoin. » Tu l’as regardé dans le blanc de l’œil, t’avais pas parlé si haut que ça. C’était rien qu’un mensonge, et t’aimais pas mentir, mais reconnaître à voix haute ce qui t’arrivait ? Tu pouvais pas. T’as insisté jusqu’à ce qu’il cède, c’était fourbe parce qu’avec le blessé à l’arrière tu savais qu’il était pressé, et tu savais qu’à appeler l’autre Zach tu te donnais l’air d’en être plus proche que ce qu’il en était. Mais il te devait bien ça, et puis t’avais l’âge d’avoir l’air de savoir ce que tu faisais.

T’as attendu qu’il se casse et jusque là t’as fait profil bas. Tu laisses Zach se relever sans un mot et tu profites qu’il soit affairé pour avaler le cachet à sec. Quelque part, ça a été un soulagement – t’avais plus qu’à attendre maintenant, et t’as presque aussitôt calmé tes tremblements, pourtant c’était rien qu’un effet placebo. La preuve en fait que l’ensemble était psychologique, mais eh, tu faisais au mieux. « Si tu sais pas faire plus de trois pas tout seul, je vais pas te laisser le choix. » Tu reviens vers lui, encore nerveux, t’essaies de jauger s’il a besoin de ton aide pour rester debout et pour faire un pas. T’as pas envie de le coller, et puis merde t’es pas de ce bord, alors c’est tant mieux s’il peut faire sans. T’avais refermé ton visage malgré toi, depuis le moment où t’avais eu ce blocage, où t’avais pris tes distances pour plus penser à des idées qui faisaient mal. Pourtant quand il a repris après ça, quand il t’a reparlé de tes réactions, de ton comportement, t’as sourcillé, t’as eu du mal à rester de marbre. Le pire, ce sont ces mots-là – le monde a besoin de toi. Non, ces mots-là tu pouvais pas les encaisser en silence, c’était comme insulter la mémoire de défunts, tu pouvais pas te le permettre. « J’peux pas te laisser dire ça. » T’avais répondu du tac-au-tac, et après une seconde de battement, tu t’es dit merde, il allait falloir que tu le justifies. T’as fourré tes mains dans les poches de ton blouson, t’as soupiré encore. « Non, j’y pense pas. T’as pas de souci à te faire. J’suis trop lâche de toute façon. » T’espérais que ce soit suffisant, mais il fallait vraiment s’appeler Trevor McQueen pour trouver cette réponse rassurante.
Tu t’es foutu à côté de lui, t’as regardé le vide devant, et la place où le type inconscient gisait tantôt. Tu restes un peu pensif, puis tu lui dis « J’vais probablement rentrer ». Tu profites du calme de l’après-sirène. L’ambulance t’a fait un trop plein de social d’un coup, pourtant la présence de Zach te pèse pas. Il est pas lourd ou encombrant, c’est plutôt agréable en fait. Tu sais pas ce que tu crains le plus – la perspective de te retrouver seul face à tes pulsions, ou la perspective de les montrer à quelqu’un. Quelque part, tant qu’il est à côté, tu sais que tu te feras violence, et de toute façon, le vrai risque est passé. Et puis tu sais pas à quel point le calmant va faire effet, ni quand, et t’as pas forcément envie de te trouver dehors quand il va cogner, mais t’as pas envie d’être tout seul si ça lui prend sur le chemin non plus. « Tu crèches où ? On peut faire un bout de chemin, quand tu te sentiras de marcher. J’ai un peu de temps, je pense. Je suis pas si loin. » T’es pas trop sûr de ce que tu veux. En général, tu voudrais du calme, mais le calme tu l’as avec ou sans Zach, alors au final peut-être que t’as envie de compagnie. Peut-être que t’as pas envie de ressasser tout ce qu’il s’est passé ce soir, et que tu sais que ça risque d’arriver dès qu’il aura quitté ton champ de vision. Et sans doute que t’étais pas le seul à redouter quelque chose comme ça.
CODAGE PAR AMATIS

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