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 [/!\ +18] (basil) i'd like to find out what he's hiding

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I'D LIKE TO FIND OUT WHAT HE'S HIDING
basil & shura

Shura n’avait en aucun cas envie de jouer. Il y avait cet être inqualifiable, cette espèce de lutin diabolique qui le regardait avec amusement. Il savait pertinemment ce qui l’attendait maintenant, et même si c’était le bon moment pour faire un souhait ou prier sa bonne étoile, il n’était pas assez désespéré pour ça. Il n’avait pas du tout l’intention de supplier ou de prier le Saint-Nicolas pour être délivrer. Il fallait qu’il se défende, qu’il se batte et qu’il le dégage lui-même de son chemin pour espérer pouvoir revoir la lumière du jour. D’où son calme revenu sans préavis, son souffle retrouvait et cette attitude glaciale. Si son interlocuteur semblait s’en amuser, c’était le Pôle Nord du côté de Kochtcheï. Il n’avait rien trouvait de mieux que de s’allumer une cigarette pour canaliser sa nervosité. Poison efficace qui l’aidait à retrouver un rythme cardiaque convenable à chaque bouffée toxique. Les flocons de cendre s’envolaient pour donner le signal. Celui où il avait sauté sur son obstacle pour mieux l’immobiliser et l’interroger. Il n’avait pas du tout les mêmes idées en tête avec une telle position, tenant bien trop à sa vie pour se permettre quelques idées de travers. « Ca ne répond pas à ma question » lança-t-il comme un rappel à l’ordre une fois qu’il avait terminé sa première liste d’arguments. Et s’il n’avait justement pas envie d’en parler ? Est-ce que cette possibilité lui avait traversé l’esprit ? D’un sens, il est normal de ne pas lui faire confiance. Il avait beau déblatéré que son intention n’était pas de le tuer, ce n’était pas la réponse qu’il attendait. Son étreinte s’était resserrée encore un peu plus, ainsi parvenait-il à retenir ses gestes qui bouillonnaient.
Il jouait avec ses nerfs, même avec ses paroles qui se voulaient presque chrétiennes en vue de sa pseudo-innocence. Il n’avait rien à se reprocher, hein ? C’est bien ça ? Alors il voulait lui faire croire qu’il avait été très sage et qu’on lui offrirait des cadeaux pour son travail exemplaire ? Il était exécrable, il n’y avait pas d’autres mots. Le mégot coincé entre ses dents serrées, Kochtcheï se sentait soudainement gêné. Allez savoir pourquoi, peut-être à cause d’un sucre d’orge qui se réveille ? Il en avait fermé les yeux, pestant de plus belle : « T’es pas sérieux là, j’espère ? Il te manque vraiment une case ».

Sa main droite avait lâché le col, laissant deviner une petite chance pour qu’il accepte ce marché qui, dans les deux cas, le conduirait à la mort. Mais au lieu que la deuxième suive, elle avait renforcé sa prise et celle en l’air s’était refermée. Qu’attendait-il pour frapper ? Une décision. Il ne voulait ni lui faire plaisir, ni cadeaux de sa vie. Il ne voulait pas non plus traîner plus ici, c’était uniquement la sortie qui l’intéressait. Pas le macchabée qu’était toujours posé sur la table d’opération. Mais il resongeait à ce qu’il lui avait dit, que les vivants ne comprenaient pas. Une fois encore, il avait piqué sa curiosité à vif, et il se retrouvait dans une impasse. Finalement, son poing s’était abattu, mais sur la marche. A quelque millimètre seulement de son visage. « Ou tu restes là, je te cloue sur place et je m’en vais ». Comment ? Kochtcheï ne savait pas encore. Il n’avait pas de couteaux, ou autres objets tranchants dans son sac. Mais parmi tous les jouets de son interlocuteur, il devait bien avoir ça en stock quelque part. Usant de son emprise, il l’avait redressé pour le mettre quasi-assis, prononçant quelques mots avec sa mâchoire crispée. « Ne te méprends pas, c’est uniquement une soif de curiosité qui m’a conduit ici, mais je ne comptais pas le crier sur tous les toits. Je m’en fous que tu dépèces des cadavres, qui plus est déjà mort. Mais j’doute que t’as demandé une dérogation de la famille pour combler tes besoins, j’me trompe ? Tu fais ça dans leurs dos, tu dépouilles leurs proches alors qu’ils le croient en paix si pieds sous terre. Tu abuses de la confiance des gens pour tes propres loisirs, et tu crois que j’vais t’écouter bien gentiment ? Vas-te-faire foutre ». La langue de Kochtcheï se déliait tandis qu’il répondait à toutes ses précédentes questions d’une seule traite. Il regardait autour de lui afin de repérer ce qui pourrait lui être utile pour sortir de ce guêpier. Découvert pour découvert, il pouvait bien se permettre d’y mettre le bordel maintenant.
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Basil Egerton
Basil Egerton
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Kochtcheï ne se démontait pas, et je sais comme tu en étais ravi. Il voulait savoir, bien sûr qu’il le voulait - c’était d’ailleurs à tes yeux sa principale qualité. La mort était devant lui, il la voyait, il luttait, il avait bien l’intention d’y échapper, mais pas même l’urgence ne parvenait à le débarrasser de ses interrogations. C’est quelque chose que vous aviez en commun et dont tu te flattais, et tu l’appréciais davantage chaque fois qu’il parlait, agissait, chaque fois qu’il te toisait. Je dois dire que tu l’appréciais beaucoup, pour un vivant. Comme un gosse de la même maternelle avec qui tu jouais à la récréation, et tu te vexerais que l’on te l’enlève. Il n’y avait pas besoin d’une éternité de relation, pas même de connaître son nom d’ailleurs, pour savoir que le courant passait - dans ton sens du moins. Car lui ne se départissait pas de l’envie de t’étriper.
Il avait remarqué, en plus, l’effet absurde que te faisait la situation. Tu trouvais cela comique, lui, probablement insultant. Tu avais envie de lui sourire, de le remercier, tu avais envie de lui demander de te malmener plus, de te laisser exciter, mais tu t’en abstiens par souci de bienséance pour lui, pour ne pas indisposer ton invité. « C’est à moi qu’il manque une case ? Tu t’introduis chez moi la nuit jusqu’à plusieurs fois par semaine, tu m’observes depuis mon armoire, tu crochètes la serrure de mon sous-sol et c’est à moi qu’il manque une case. De nous deux, je ne suis pas le plus pervers. » Tu avais dit cela sur un ton de plaisanterie légère. Il n’était pas plus fou que toi. Ou alors, vous l’étiez autant l’un que l’autre. Mais dans tous les cas, ce n’était pas pour te déplaire.

Il avait levé le poing, ton regard s’était accroché à cette main prête à fendre l’air pour te percuter au visage. Tu t’attendais à ce qu’il le fasse, tu savais combien les humains résistaient peu à la provocation. Son regard était si dur, son visage si froid, ses nerfs si tendus et appelant la violence. Tu anticipais l’impact, et la douleur avec elle, il aurait pu te casser le nez et tu savais combien c’était peu agréable. Mais tu t’y résignais. Tu avais les bras libres, mais tu ne comptais pas te défendre - d’ailleurs, et malgré les pensées particulières qui te venaient, tu ne le touchais pas. La paume des mains appuyées sur les marches, attendant son poing. Tu as retenu ton souffle… Et il s’est abattu. Mais non pas sur toi, malgré le battement réflexe de tes paupières. Tu as presque senti le déplacement d’air caresser ta joue. Et tu l’as regardé avec un étonnement marqué. Au fond de toi, il faut bien admettre que tu ne te sentais plus, c’est fou ce que cela te faisait de l’effet. Tu adorais cela, que l’on t’intrigue, que l’on t’étonne, que l’on te passionne. Et si tu te jetais sur lui ? Non, la frustration de te retenir de le faire était plus plaisante encore. Et tu as souri un peu en rougissant presque. Il te menaçait - tu avais envie qu’il te menace encore. Qu’il te murmure à l’oreille toutes les choses sanglantes et douloureuses qu’il envisageait de te faire. Qu’il te jure de te suspendre à quelques millimètres de la mort, qu’il t’écorche, et te ramène, et t’y jette ensuite tout à fait. Tu envisageais presque de le laisser te tuer, juste pour profiter de l’instant.
Heureusement pour lui, il ne se doutait pas de ce à quoi tu pensais. Il t’avait redressé en position assise, à ta plus grande déception, et s’était mis à parler davantage, et avec toujours plus d’entrain et de mépris mêlé de haine, alors que tu le dévorais du regard avec une forme d’appétit. Tu le trouvais presque touchant comme ça, à jurer qu’il ne voulait ni t’écouter, ni discuter, alors que c’était justement ce qu’il faisait au même instant. Et de l’entendre parler de soif de curiosité te plaisait plus qu’il ne pouvait se l’imaginer. Va te faire foutre ? Oh, Kochtcheï, si seulement. Il avait détourné le visage pour dénicher va savoir quoi, et tu as tendu la main vers lui sans précipitation pour orienter doucement mais fermement son visage vers toi - et le relâcher aussitôt. « Je crois que c’est précisément ce que tu vas faire, en effet. Tu vas m’écouter parce que tu veux savoir. Il y a quelque chose que nous avons en commun, et c’est cette curiosité insatiable qui pousse à faire des folies. Passons un marché - j’accepte de répondre à toutes tes questions sans condition si tu me laisses te montrer, et que tu te retiens de prendre la fuite. Je te dirai tout ce que j’ai fait et pour quelles raisons. Je te dévoilerai ce que tu veux de mon mystère. » Tu avais cette passion infinie dans ton regard, qui luisait d’un quelque chose de malsain. Ce n’était pas le sadisme, la violence ou la cruauté qui te poussait vers le morbide - c’était l’amour pour ce que personne ne comprenait.
Tu as poursuivi - « J’ai su dès la première nuit que tu sortais de la norme, Kochtcheï. C’est la raison pour laquelle j’ai joué à ce petit jeu avec toi. Tu ne disais rien, tu partais les mains vides, surtout tu revenais. Nous avons joué ensemble et tu le sais aussi bien que moi - c’était le jeu du chat et de la souris. Tu faisais semblant de fuir et je faisais semblant de ne pas t’attraper. Tu soupçonnais quelque chose de terrible, tu ne t’étais pas trompé mais c’est beaucoup plus formidable que ça. » Tu as hoché la tête de droite à gauche en fermant les yeux, avec un soupir de lamentation. « Si j’avais dû croire sur parole tous ceux qui en ont trop vu, je serais depuis un bon moment derrière les barreaux ! Tu serais l'un d'eux, cela ferait longtemps que tu serais mort. Mais toi, tu as de la chance - je me suis passionné de ton cas. » Et tu l’as dévisagé encore. « Et chaque fois que je te regarde, que je constate l’absurdité de tes réactions, l’envie de te garder en vie me prend ! C’est tout de même insupportable ! » Et tu souriais.
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basil & shura

Shura avait fait la sourde oreille concernant son attitude “perverse”. Son intention n’était pas du tout portée sur le voyeurisme ou bien l’envie de s’immiscer dans sa vie privée. Pas dans le sens où il l’entendait en tout cas. Il ne fallait pas confondre l’envie de savoir et l’envie de serrer quelqu’un dans un coin. Il fallait surtout y voir une façon de se divertir, un peu comme ces vieilles qui commèrent en donnant à manger aux pigeons. Ravalant ses arguments par crainte qu’ils soient utilisés contre lui, le voleur avait grimacé d’agacement. Ce n’était pas le moment pour faire du gringue, et il levait les yeux en l’air pour accentuer son attitude je-m’en-foutiste. Ce n’était pas tout à fait faux, étant donné qu’il n’était pas sur la même longueur d’ondes et qu’il lui en fallait bien plus pour flancher. Il ne prêtait même pas attention à son comportement, ce faciès remplit d’amusement. En guise de réponse à son deal, il avait simplement levé le poing, prêt à l’abattre. Il ne saurait dire pourquoi il ne l’avait pas frapper, alors qu’il le méritait clairement. Sans doute parce qu’il avait raison. Il avait raison sur tout, et c’est ce qui exaspérer Kochtcheï. Il ne voulait pas s’infliger le tords et se rabattre. Obéir bien gentiment à celui qui avait deviné juste à propos de ses motivations. Shura n’avait pas besoin de cette énergumène pour savoir ses torts et ses vilains défauts. Quoi que, à l’entendre, ça serait plutôt une qualité. Une qualité empoisonnante, car cette même faiblesse qui l’avait mené à cette situation.
Il ne l’avait pas dévisagé, il l’avait redressé face à lui et sa cigarette jouait les sabliers. Le temps s’écoulait au fur-et-à-mesure que le bâtonnet de nicotine brulait son existence. Un temps précieux, où chaque seconde était remplie d’une tension palpable. Les doigts du russe ne desserraient pas leurs emprises, pas plus qu’il y a quelques bouffées. Son vas-te-faire foutre n’avait pas été assez clair ? Ou bien avait-il compris le sens total inverse ? Inverse, mais le véritable. Au fond de lui, le brun avait envie de l’écouter, d’avoir la fin de sa plaidoirie. Cependant, le quota de malignité ambiant le faisait approcher à reculons. Il y avait anguille sous roche, et il était perdant dans les deux cas. Il avait eu un mouvement de recul lorsque les doigts de l’autre s’étaient déposés sur son visage pour le remettre face à lui. Il refusait son toucher, pas plus qu’il n’acceptait la discussion pour éclairer ses lanternes. Cela se voyait dans ses yeux verdoyants, les mêmes qui sondaient son âme en l’écoutant plaider de nouveau sa cause. Il la voyait, cette passion dévorante et macabre, mais il ne pouvait pas la comprendre. Il aimait bien trop la vie pour ça. Il aimait jouer avec aussi, c’est accordé, mais c’est ainsi qu’il pouvait déterminer ses limites. Et en voyant jusqu’où il était allé ce soir, elles se résumaient à un mot très simple : la mort. Cette même faucheuse qui fascinait tant son otage.

Kochtcheï l’avait laissé terminer avant de reprendre la parole. « Je pourrais t’écouter en effet. Mais je n’y gagne rien. Rien qui m’intéresse en tout cas… ». Il n’avait rien relevé, rien de plus concernant ses flatteries à son égard. Si on peut appeler “passionner un scientifique fou” un compliment, bien sûr. Aucun orage ne s’était dissipé dans sa voix, au contraire. Il était grondant, il cherchait à trouver une accalmit pour ne pas avoir à régler cette situation par le meurtre. Après tout, une petite balle dans le crâne et il rejoindra celle qu’il adule tant. En faisant ça, ça ne ferait qu’un point de plus où il lui ferait plaisir et il n’avait clairement pas envie. Il ne voulait pas non plus se salir les mains. Un vol, un deal, un mensonge et une trahison, tout ceci était encore trop plaisant à ses yeux. Mais un meurtre… Non. La seule personne qu’il se garde de tuer n’était même pas à Bray. Pourtant, Shura était contraint d’admettre qu’il avait raison, d’où le fait que son emprise était moins puissante. Qu’il se résignait en prenant le risque d’un coup-bas. Sa méfiance était bien plus élevée encore qu’au début, ayant bien du mal à croire une personne aussi abjecte. Cette même personne qui avait beau se targuer d’avoir envie de le laisser en vie le menaçait d’une mort inévitable. Comment voulez-vous qu’il s’y retrouve après ça ? Finalement, des deux, c’était cette personne entre ses mains qui y prenait le plus son pied tandis que Kochtcheï sentait l’étau se resserrait à le faire sortir de ses gonds. « Je modifie légèrement ta proposition car je compte bien m'en aller : je t’écoute répondre plus ou moins sagement en ne tentant pas de m’échapper le temps de tes explications. En échange, je te fais cadeaux de réponses à mon tour pour qu’on soit sur un pied d’égalité. Mais à la fin, tu me laisses sortir d’ici ».
Cela semblait équitable selon Shura. Une question, une réponse et cela chacun leur tour. Et en prime, il gagne une pression sur son cou en moins ainsi que retrouver sa liberté de mouvements. N’est-ce pas ce qu’il souhaitait : discuter ?

Cela dit, est-ce qu’ils disaient chacun la vérité ? Car bien entendu, il était tout bonnement hors-de-questions pour Kochtcheï de répondre avec honnêteté. Le mensonge faisait partit de ses boucliers après tout. Tout comme son hôte n’était pas à l’abri de quelques tricheries de sa part. Mais qu’est-ce qui lui assurait qu’il n’en fera pas autant ? Rien, absolument rien. Un néant qui nourrissait sa méfiance jusqu’à l’opulence et qui lui permettait de garder la tête froide. Il avait repéré les outils tout à l’heure, avant que son otage ne saisisse son visage pour le remettre face à lui. Il ne pouvait pas à la fois assurer sa prison corporel et son inventaire. Il devait accepter le marché pour pouvoir se promener librement dans la pièce sans que l’autre bloque l’usage de ses mains. Il attendait sa réponse, avec une impatience qui se traduisait par l’étreinte resserrée de ses doigts. Une étreinte qu’il était prêt à rompre en échange d’un accord.
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Basil Egerton
Basil Egerton
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Il avait fui de son mieux le contact de ta main lorsque tu l’avais portée à son visage. Comique, quand on sait qu’il était celui qui s’était jeté sur toi et qui maintenait encore une prise des plus fermes sur ton pauvre col, et même la resserrait un peu plus chaque instant. Tu n’avais pas insisté bien sûr, tu avais repris ton appui sur les marches, et dans cette position un tant soit peu redressée, tu avais tenté au mieux de retrouver une position confortable, qui te permettait à nouveau de le dominer en taille. Kochtcheï n’était pas réceptif à tes avances, c’était comme couver des yeux une porte blindée encadrée de tourelles prêtes à tirer. Combien il te haïssait, et toute cette déferlante de haine se juxtaposait à un remarquable pacifisme. Il déformait le tissu de ta chemise, certes, mais il se gardait bien de toute autre forme de violence, de dégainer son arme ou quoi que ce soit d’autre. D’ailleurs, cette haine ressemblait davantage à de la colère - tu n’aurais trop su les différencier - ou du moins une émotion plutôt qu’un sentiment. Mais peu importait, en fait, ton interprétation. De toute façon, toi, tu étais guilleret et pas inquiété le moins du monde, aussi détendu que si vous preniez le thé. Tu ne te méfiais pas : tu constatais.
A ses premiers mots, tu avais gardé le silence, mais tu n’en pensais pas moins. A tes yeux, il avait tout à y gagner au contraire - la vie et la liberté étaient des choses surfaites. La connaissance, en revanche, les réponses obtenues quand on avait la curiosité piquée, cela seul avait plus de valeur que tout l’or du monde. Tu lui offrais tout, tu lui offrais l’absolu : ce qu’il était venu chercher, tu le comblais en somme. C’était un peu son cadeau de Noël en avance, ce marché. Et, faute de mieux, il gagnerait au moins un peu de temps - c’est à peu près tout ce que tu étais en mesure de lui donner. Cela ne semblait pourtant pas lui convenir. Après ce qui semblait être une forme d’hésitation quant à sa réponse, il t’avait tout simplement fait une contre-proposition. C’était audacieux, pour quelqu’un dont la vie se trouvait potentiellement entre tes mains.

Tu ne t’en es pas offusqué pourtant. Tu as eu l’air un peu embêté, une petite moue polie pour lui laisser présager ton refus. Il t’étranglait davantage, mais tu ne semblais pas t’arrêter à ce détail. « Je suis désolé, Kochtcheï. Tu connais mes raisons, je ne peux pas prendre le risque de te laisser raconter ce que tu as vu. Néanmoins, tant que tu es ici avec moi, je peux me permettre de te laisser en vie. Tu peux donc me lâcher sans crainte : aussi longtemps que tu ne feras pas un geste pour t’échapper, je ne te ferai pas le moindre mal, je le promets. Je ne suis pas un homme violent. » C’était presque attendrissant, cette sincérité que tu lui témoignais. Tes mots, tes expressions faciales, tout ceci ne semblait que trop vrai. Tu voulais qu’il comprenne que tu ne lui voulais pas de mal. « Cependant, tu as tout à y gagner. Penses-y : si je dois prendre en compte ta remise en liberté, j’ai tout intérêt à te mentir. Tandis que si je suis assuré de ta mort, je peux être franc sans y penser à deux fois. C’est tout de même plus agréable. » En somme, tu lui annonçais que, en échange de sa vie, il pouvait choisir d’être ton prisonnier. Jusqu’à ce que tu te lasses, bien sûr - mais c’était Kochtcheï, il avait de quoi t’intéresser encore un moment.
Tu t’es raclé la gorge, c’est que cette pression sur ton col commençait à t’irriter la voix. Tu sais, cette voix basse, calme et beaucoup trop douce, à un point tel que c’en était désagréable. Cette voix pour les morts. Tu cherchais un moyen de le contenter pour qu’il en vienne à te lâcher, tu te demandais combien d'autres choses il te faudrait mettre sur la balance pour qu'il en vienne à accepter sa mort. En somme, il faut bien reconnaître que tu aurais pris plaisir à lui répondre le plus gratuitement du monde. Tu espérais même réussir à le passionner. C’était si rare pour toi de pouvoir partager ces petits plaisirs secrets. « Si tu veux bien, nous reparlerons de la clause de ta mort lorsque le moment sera venu. Je m'engage donc à ne pas te tuer sans prévenir - la mort est un moment important, je m’en voudrai que tu ne puisses pas en profiter. Tu peux considérer notre échange comme un test, si cela t’arrange, si tu veux essayer de me convaincre que tu es capable de garder le silence. Mais tu pars perdant, Kochtcheï, il faut bien le reconnaître. »
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basil & shura

Il attisait sa curiosité. Il l’attisait bien de trop jusqu’à l’implosion. Le regard verdoyant de Shura traçait les moindres traits de son interlocuteur. Il voulait desceller la moindre part de mensonges, mais il était incapable de contrôler ses propres émotions. Il lui était donc difficile d’analyser dans le plus grand des calmes pour arriver à une conclusion correcte. C’était agaçant, il est agaçant. Il ne demandait pourtant pas grand-chose, juste pouvoir sortir. Ce ne sont pas les moyens qui manquent lorsqu’il s’agit de surveiller quelqu’un. Il pourrait très bien le mettre sur écoute pour s’assurer qu’il tienne parole et qu’il ne dise rien. Non, ça c’était utopiste, Shura devait se ressaisir. Les mains du russe tremblaient. Pas par peur, qu’il n’y est pas de mépris, mais par manque. La cigarette n’apportait rien pour contrecarrer cet excès d’adrénaline qu’il calmait avec un rail de coke et il n’avait rien dans cette pièce pour l’aider. Enfin, si on ne compte pas la poudre de la fée Clochette morbide bien sûr. Le faciès stoïque était ébranlé et son calme suivit le mouvement. Sa respiration se faisait délicate, il avait l’impression de suffoquer à cause de ses émotions qui l’étouffaient. Pourtant, Kochtcheï faisait comme si de rien était. Il voulait le garder ici, dans une pièce sans fenêtre, une prison, sans lui accordait le loisir de ses doses et de ses distractions. Il ne faut pas s’étonner qu’il soit butté dans ce cas. « Je ne bouge pas d’ici, je vis. C’est…Assez… ». Il ne finissait pas ses phrases, il fermait les yeux et il avait craqué sa nuque. Il n’arrivait plus à réfléchir, ni à menacer, ça y est ! Qu’il n’aimait pas cet individu. « Délicat ». Un mot tombé telle une conclusion qui aurait trop tardée à venir.
Délicat, mais pas impossible. Seulement s’il avait un plan de secours. Le russe y réfléchissait à ce fameux plan B, au plus vite. Ou plan A, on ne peut pas dire qu’il se soit pointer d’ici avec toute une organisation derrière. Puis d’un autre côté, il pouvait traîner un peu, personne ne l’attendait chez lui. Il se demande même si quelqu’un songerait à prendre des nouvelles du locataire bizarre du troisième. Hormis la vieille peau pour son loyer. Une fois mort, il n’en aurait plus à payer. Shura avait rouvert les yeux, et il regardait son otage avec méfiance et mépris. S’il le pouvait, il lui cracherait au visage. Mais, ça reste un garçon bien éduqué quand même. Il faudrait vraiment qu’il joue les têtes de mules bornées pour recourir à ce genre de provocation. « Très bien » commença-t-il en le relâchant et en se relevant. Kochtcheï avait glissé les mains dans ses poches, retournant au pied de l’escalier tout en continuant sa phrase. « Je t’écoute. Si ce que tu me dis ne me plait pas…Et bien, on va dire que je retire mon accord et que je te foutrais du plomb dans tes guibolles pour sortir. T’es peut-être pas violent, mais t’es vicieux. C’est presque pareil ». Le voleur était excédé par cette échange à l’avance, d’où sa tonalité grave et sifflante d’agacement.

Ou bien était-ce son comportement qui l’agaçait bien plus que ses paroles ? Peut-être, l’un comme l’autre, ça le rendait instable et agressif. Maintenant que son hôte était plus qu’au courant pour sa présence, il n’avait plus de raisons de se cacher ou de se précipiter. Shura se promenait dans la pièce en retournant en direction des bocaux en verre. Chacun d’entre eux le dégoutait, sans aucune exception. Il s’en mordait l’intérieur de la joue, et il faisait mine de s’intéresser malgré tout. Tout était bon à prendre, toutes les informations, tous ce qu’il avait à sa disposition pour s’enfuir. Puisqu’il ne comptait pas le laisser sortir, autant en récolter un maximum pour satisfaire sa curiosité et à se préparer pour le retourner contre lui. Il allait jusqu’à lire les étiquettes sur certains pour y desceller les noms des organes. « Alors ? T’en fais quoi de tout ça ? Et de lui, entre autre… »  dit-il en pointant du doigt le Maurice sur la table d’opération qui était le seul témoin de leur conversation. Dommage, il ne pourra pas en faire profiter tout le monde. Ou tant mieux, Kochtcheï avait tout sauf envie que des rumeurs circulent comme quoi il aidait un fou dans sa cave. Le tour des étagères fait, il était revenu au côté du scientifique qui avait commencé sa tirade. Le slave avait pris une chaise en route pour s’asseoir et écouter son “professeur” du moment avec une certaine touche d’intérêt dont il ne saurait expliquer. Chose qui le faisait frissonner un peu d’ailleurs. Il ne voulait pas s’intéresser à sa macabre passion, il ne voulait pas devenir un monstre.

Alors Shura grimaçait. Il se rendait compte qu’il était un peu trop captivé par le récit qu’il lui faisait. Il avait deux possibilités. Soit il faisait en sorte de conserver son attention et ce faux-intérêt qu’il lui portait en osant l’interrompre. Soit il cherchait dès à présent à lui mettre des bâtons dans les roues pour s’enfuir. Quoi ? Il avait prévenu qu’il risquait de mentir sur son engagement. Il était encore trop tôt, beaucoup trop tôt. Ils avaient à peine entamé la discussion, autant la faire traîner encore un peu en longueur. « Est-ce que tu fais partit de ses médecins qui cherchent à savoir ce qu’il y a après la mort ? Les expériences de morts imminentes, les NDE ou un truc comme ça ? ». Il puisait dans sa mémoire, dans ce qu’il avait lu pour se divertir ou vu sur Youtube. Le temps qu’il continue, il s’était rallumé une cigarette, le mégot de l’autre ayant rejoint la poubelle une fois définitivement éteint par manque de combustibles. Le russe ne souriait pas, n’exprimait rien et se contentait d’adresser de temps-en-temps un regard sur le cadavre avec le cul vissait sur sa chaise. Il avait les jambes et les bras croisés, prenant inconsciemment une position défensive. Il le fallait bien, mais il réfléchissait en même temps. Il y avait pas mal d’outils pratiques pour le clouer sur le bois de ses étagères dont il est si fier comme les scalpels par exemples… Pour le moment, il écoutait ce qu’il disait.  
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Basil Egerton
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Les émotions s’étaient succédées sur sa face. Tu n’étais pas tout à fait certain de savoir les interpréter, mais si tu avais été capable de compassion, tu aurais pu le plaindre sincèrement. Il était pris dans tes filets, et toute la violence et toute la provocation du monde n’y feraient rien. Le choix lui revenait pourtant, c’était encore à lui de décider de ce qu’il se passerait ensuite. Un choix assez simple, il n’y avait que deux issues à envisager : s’il voulait parler, vous parleriez ; s’il voulait fuir, tu le tuerais. Il prenait son temps pourtant, pour décider, et tu n’aurais su dire exactement le temps qu’il lui avait fallu - mais toi, tu n’étais pas pressé, tu étais même curieux de voir les différentes possibilités se succéder dans ses yeux, tout le processus de décision qui avait des airs de torture mentale et que tu cherchais à deviner. Il y avait quelque chose d’autre pourtant chez lui, mais tu ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. Des symptômes discrets, de la nervosité au tremblement de ses mains, et qui appelaient le médecin qui sommeillait en toi. Qu’était-ce donc ? La panique ? Mais elle ne se retrouvait pas dans son regard. C’était le manque bien sûr, le manque de quelque chose mais tu ignorais quoi. Non pas que cela te regardait, mais tu étais curieux. Tu savais qu’à l’état de ses organes et de son cerveau, à l’étude de ses dents, de ses os, de ses cheveux, de ses yeux, tu aurais pu le deviner. Et cela te donnait des envies de meurtre, juste pour le plaisir de savoir.
Il était dans ses pensées, toi dans les tiennes, à vouloir deviner les siennes. Ses mots, qu’il débitait par saccades, ils ne faisaient pas grand sens - avait-il des difficultés réellement à choisir ? C’était pourtant un simple vivre ou mourir, tu n’y voyais rien de délicat, et il fallait être un imbécile pour s’orienter vers la seconde option, d’autant que tu n’étais pas une compagnie désagréable. Tout du moins, on aurait facilement pu trouver pire comme bourreau, il valait mieux que ce soit toi plutôt que n’importe quel autre psychopathe. Tu lui sortis même un sourire encourageant pour l’aider à se décider - une rareté de ta part : comme un soupçon de début d’étincelle de compassion. Tu peux le faire, Kochtcheï, aurais-tu voulu lui dire, si cela peut te consoler, mort, il y a au moins à ton assassin que tu manqueras. Tu ne l’incitais à rien, tu ne voulais pas l’influencer, tu accepterais son choix quel qu’il soit. Finalement, il voulut vivre - il faut bien avouer qu’en dépit de toute l’objectivité dont tu voulais faire preuve, tu étais ravi de ce qu’il avait décidé. Il a desserré ton col enfin et rompu le contact qui vous maintenait collés depuis quelques minutes déjà. Et toi, tout poli que tu es, tout souriant mais sans moquerie ou mauvaise intention, tu lui as dit « Merci ». Tu t’es redressé à sa suite avec un râclement de gorge pour t’éclaircir la voix et rattraper la délicieuse torture qu’il t’avait fait passer, ajustant le coton de tes vêtements rendu un peu trop souple et étiré.

Tu avais ton maigre auditoire face à toi, attentif et impatient, chargé d’une certaine mauvaise volonté aussi. En voilà une conférence qui ne serait pas facile. Et pour compléter le tableau, il trouva nécessaire de glisser par dessus le marché une menace et ce qui ressemblait le plus à une insulte. Là dessus, tu n’avais pu t’empêcher de rire et de faire semblant d’une grimace. « Ce serait regrettable. » Toi, vicieux, vraiment ? Tu n’étais pas vraiment certain de l’être, mais pourquoi le contrarier. Si cela pouvait lui faire plaisir, tu voulais bien être tout ce qu’il voulait que tu sois. Tu as descendu les quelques marches, tu as empli l’espace à ta manière, suivant Kochtchei à une distance raisonnable et te postant à quelques mètres, suivant du regard son exploration, et suite à son invitation, tu as commencé à parler. « Tout d’abord, je ne considère pas être un criminel. S’il fallait donner à tout cela un nom, je dirais que je suis un chercheur, un passionné, un poète. Je n’en fais pas ma profession, j’aurais pu pourtant : je ne suis pas un amateur - je sais ce que je fais. J’ai derrière moi une formation qui légitime ma façon de procéder, qui fait de moi un docteur, tout à fait officiellement. J’ai un petit nom dans le milieu, tu aurais pu le savoir avec une maigre recherche je pense : j’ai publié quelques essais, quelques thèses. Rien de phénoménal bien sûr, je n’ai pas lieu de m’en vanter, mais ce sont les petites contributions qui font avancer la science. J’en ai écrit beaucoup d’autres, mais celles-ci je ne peux les publier. » Tu as marqué une courte pause, ton regard s’était porté sur une partie bien définie de la bibliothèque relativement bien fournie qui occupait une partie de ton sous-sol.
« Pourtant, ce qui dérange au regard de la Loi, c’est que j’exporte ces recherches dans ma vie privée, et mets à profit le corps des défunts sans consentement de leurs proches. Cela, je le reconnais, fait de moi un criminel, mais je t’assure que c’est un mal pour un bien. J’obtiens des résultats fantastiques, et tu ne te doutes pas des étrangetés que l’on peut trouver à Bray. Des ressources neuves, et nous avons tant à en apprendre ! Au regard de ces informations, qu’est-ce que cela peut bien faire, que je mette à profit des corps qui, de toute façon, n’avaient d’autre destin que de pourrir en terre dans l’indifférence de tous ? Je leur donne une raison d’être, ils n’ont que moi. Combien de noms oubliés, des stèles sans jamais une fleur ou une prière - un gâchis ! Un gâchis absurde que la société encourage, mais c’est innommable ! C’est absurde ! » Tu en étais presque rendu à vouloir t’arracher les cheveux, ça crevait l’oeil combien tu étais passionné - c’était toute ta vie, ces morts. Mot après mot, après phrase, cette allure composée de professeur des écoles s’était mue doucement en une forme de défense animée de ce qui te tenait à coeur, et tu avais l’émotion au fond de la gorge. Tu t’étais mis à te déplacer un peu, à faire quelques pas, deux ou trois, avant de revenir dessus. Tes bras aussi avaient commencé à s’animer, mais ton visage surtout, et ton regard, ton regard où flambaient l’amour passionnel et le conflit.
« Ce que j’en fais c’est… Ah, c’est si vaste. » Tu commençais à buter sur les mots, moins de colère et plus d’affection - tu étais ému. « Ce sont des objets d’études oui, mais aussi une compagnie inimitable, une source d’inspiration sans limite, mon entourage, mon monde, ma muse, ma passion ni plus ni moins. N’as-tu pas une sensation particulière, lorsque tu entres dans un cimetière, Kochtcheï ? C’est le cas pour la plupart des gens, mais pour beaucoup, cela s’apparente à du malaise. Devant l’anormal, devant l’horreur, devant la mort, la plupart des gens apparente leur sentiment à quelque chose de négatif, et ils s’en écartent, ils se créent eux-même du dégoût. Mais moi, je trouve ce sentiment grisant, et ce n’est ni le dégoût, ni la panique qui font battre mon coeur plus vite. Je suis convaincu que c’est autre chose encore, si seulement vous faisiez l’effort de comprendre... » Ton regard s’était posé sur Kochtcheï avec quelque chose d’absolument pénétrant, pesant, même. Tu ne tarissais plus ton flot de parole, tu aurais pu en parler pendant des heures, et après des heures, tu te serais mis à pleurer, à geindre, mais là encore tu n’aurais su t’arrêter. Tu as fait un geste vers lui, un mouvement d’invitation, qui avait quelque chose de suppliant, tu avais les yeux mouillés, un sourire entre deux lèvres qui tremblaient d’anticipation.
« Laisse-moi te montrer, Kochtcheï. Laisse-moi vous présenter. Tu ignores tout ce que l’on peut apprendre d’une personne en travaillant son corps. De l’état de ses muscles, de ses os, de ses organes, associé à des recherches autour de leurs familles, de leur identité - je peux en faire des dossiers infiniment complets. Le corps est formidable, il ne ment jamais. J’aime les découvrir, les apprendre, c’est tout à fait une conversation que j’ai avec eux. Les corps me disent des choses, et je leur réponds quelques mots. Je les tiens au courant des nouveautés du monde. » Tu lui as tendu la main, tu voulais l’inviter à se relever, à quitter sa chaise, à te rejoindre auprès de Maurice. « Il n’y a rien après la mort Kochtcheï, rien de plus qu’un corps immobile, qui ne ressent rien, qui ne pense pas. Quand aux NDE dont tu me parles, elles ne concernent que des individus qui sont encore en vie, n’est-il pas vrai ? Ils ont réchappé à la mort, ils ne la connaissent pas, c’est une absurdité. J’en sais bien davantage qu’eux, voilà ce que j’en dis. C’est le corps qui m’intéresse. J’avoue pourtant que je rêverais de faire une expérience semblable, pour le seul plaisir de ressentir la mort que j’affectionne tant. Me laisseras-tu te montrer, Kochtcheï ? Pourquoi redouter un corps sous prétexte qu'il est mort, tu en vois se déplacer tous les jours! »
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basil & shura

Merci, le mot était si sarcastique dans son esprit. Merci pour quoi ? Merci d’avoir céder ? Merci de l’avoir coincé ? Shura nageait dans la perte la plus totale. Une perte où sa seule bouée de sauvetage était sa haine qui animait sa raison. Le choix était déséquilibré, comme le type qu’il avait en face de lui finalement. Un choix qui en disait un peu plus sur sa façon d’être. En plus de tout ce qu’il avait pu voir dans cette maison. Est-ce qu’il était privilégié en quelque sorte ? D’avoir pu ainsi se promener en toute liberté dans sa demeure ? Si c’était le cas, il sentait que cet accès avait été fermé et qu’il n’avait plus qu’à réfléchir à son ultime fuite. Que s’il arrivait à s’échapper d’ici, il ne pourra pas revenir sans risquer d’être enfermé de nouveau. Il y a quand même une différence majeure entre être cloisonné dans une armoire avec une pile de linge propre et dans une cave avec un macchabée sur la table. Merci, il n’avait plus d’emprise sur lui. Le simple fait de le voir libre de ses mouvements et de ses directions le rendait encore plus méfiant. Ses mains étaient ancrées dans ses poches pour masquer leurs tremblements. Il aurait bien besoin d’un relaxant pour vider son esprit et retrouver son calme. Calme illusoire, autant en temps normal que maintenant. Ce n’était qu’un faciès pour ne rien laisser transparaître. Pour ne pas apporter la satisfaction à l’autre, ou bien la déception. Vieille habitude, il n’a jamais cherché à s’en défaire. Elle le faisait toute seule lorsque la tension était trop palpable dans l’air. Il s’était installé près du corps, tirant la chaise la plus proche pour s’asseoir dessus et ainsi se montrer attentif. Cause toujours, tu m’intéresses semblait dire ses yeux verdoyants de mépris.
Plus il avançait dans son discours, plus Kochtcheï avait du mal à le cerner. Il ne saurait pas dire si c’était dégoutant ou magnifique. Il regardait les émotions illuminer son regard, il écoutait la passion débordante dans ses paroles. Puis il replaçait le contexte, ses yeux basculés sur Marcel –ou Maurice, à force il s’emmêle les pinceaux- et il se rappelait du terme “psychopathe”. Dans les films, c’est ainsi qu’il l’aurait personnifié. Il répondait aux clichés types : le discours, l’allure, la détermination de ne pas être mauvais, de répondre à une juste cause et le tout en riant … Un frisson avait parcouru la nuque de Shura. Plus ça va, et plus il se dit qu’il est le moins pourrit dans cette ville. Ça pourrait le rassurer. Ça pourrait lui permette de se regarder dans une glace, de voir sa fille sans éprouver de la honte, de faire face à son cauchemars sans crainte. Mais non, ça l’inquiétait. Parce qu’il se demandait comment des types pareils réussissaient encore à se pavaner en ville.

Le slave n’avait rien répondu lorsque son nom était apparu dans la tirade du docteur. Il n’avait pas besoin d’ouvrir la bouche, puisque la réponse avait suivi. Bien sûr, quelques mots l’avaient fait tiquer, comme par exemple la fameuse indifférence. Non, les proches des défunts n’étaient pas indifférents. Ils passaient la phase du deuil, acceptaient la mort, puis revenaient dans le cimetière en quête d’une compagnie silencieuse. Ils continuent d’entretenir les liens qui les unissent pour les plus déterminés. Certains en devenaient même fous, d’autres meurtris à jamais. Alors, les pensées de Kochtcheï allaient à ses personnes qui se retrouvaient face à une tombe vide. A parler à un mort qui n’était plus à sa place et ceux qui s’en rendaient compte. La frustration qui devait les envahir, les sentiments contraires qui les assaillaient. Et ceux qui, comme Basil l’avait si bien dit, s’en foutaient. Il faut vraiment ne pas avoir de cœur pour s’en foutre totalement. Shura remettait ce contexte dans son cas : comment il réagirait s’il voyait le cadavre de sa mère être dépouillé par une personne comme lui ? Mal, très mal. Le russe lui apporterait ce qu’il cherche avec une satisfaction malsaine. Il le tuerait, il lui ferait rejoindre le trou après lui avoir ordonné de creuser son propre trou en le tenant en joue. Il aboierait dessus, et la cocaïne ne suffirait pas pour ménager sa rage. Il taisait cette haine, ce n’était pas le cas. Il n’y avait pas de raisons de s’énerver. C’était qu’un pauvre type dont il ignorait tout qui se trouvait exposer devant lui. Il essayait d’oublier ses envies, de faire disparaitre ses tremblements en se concentrant uniquement sur le discours. De la noirceur, c’est tout ce qu’il voyait. Elle était effrayante, mais attirante. Une diablesse qu’il aurait envie d’étreindre à s’en bruler les mains. Alors, il fermait les yeux et il essayait de faire du clair dans son esprit. Non, jamais. Jamais il ne se laissera envahir par la morbide passion de son interlocuteur. Serait-ce une preuve de sagesse ? Ou bien de stupidité ? Dans les deux cas, il assumerait.

Puis, il y avait cette main tendue vers lui. Ce regard pesant et humidifié par l’émotion. Shura avait dégluti face à ses yeux. C’était de la folie qu’il voyait. Il se demandait s’il n’avait pas plongé trop longtemps dans cette passion pour en être arrivé à ce point. Il avait passé ses mains sur son visage, son mégot quasi réduis en poussière toujours coincé entre son index et son majeur. Putain, dans quoi il s’était fourré. Il avait l’impression de nager dans une psychanalyse malsaine. Une forme de test pour sonder jusqu’où ses démons pouvaient aller pour survivre. Son visage s’était relevé après ce geste, son regard émeraude ne se détournait pas de celui d’Egerton. Etait-ce … Un défi ? Un ultime défi ? Ou une plongée en Enfer ? Il la refoulait, cette passion naissante. Ce désir dans savoir plus et de se laisser transporter par le professeur face à lui. Il ne voulait pas devenir un monstre, mais il voulait vivre. Kochtcheï en perdait ses repères, il ne faisait plus attention à tout ce qui pouvait l’entourer. Il ne calculait plus un plan d’évasion d’urgence, il ne sondait plus les outils à sa disposition. Il était seulement rivé sur son interlocuteur et sur Maurice à côté d’eux. Est-ce qu’il s’appelait vraiment Maurice, au faite ? Ou est-ce seulement un surnom pourri en attendant une identité ? Shura avait pris une respiration, fermant les yeux. Elle lui permettait de garder son calme, et d’arrêter le temps l’espace d’une seconde pour trancher sa décision. Une conclusion qui avait fini par tomber lorsqu’il avait saisi la main de l’autre pour se relever et suivre à première vue l’invitation. « Avant que tu continues, j’aimerais préciser un point pour ne pas que tu te méprennes… ». Sa phrase était restée en suspens. Une fois debout, il avait relâché l’emprise brutalement et il n’avait pas bougé de son emplacement. « Ce n’est pas lui qui me fout les boules, ou un quelconque autre corps, c’est toi. T’as une cause juste, une bonne plaidoirie qui ferait surement jubiler les mômes à la fac. Mais y une part d’inhumanité qui ne me plait pas ». Le russe avait marqué une pause, détournant son regard sur le cadavre qu’il tenait tant à lui présenter. Lui n’y tenait pas vraiment. Il s’en foutait autant qu’il n’aurait pas prêté attention à lui de son vivant. C’était un humain lambda. Avec du bon et du mauvais sans sa vie, comme tous. « Et pour répondre à tes questions : oui j’ai lu tes thèses. Je les ai bien aimées, je les ai trouvées intéressantes. Mais je n’imaginais pas que tu usais de tels procédés pour les alimenter… J’ai mis les pieds dans un cimetière qu’une seule fois dans ma vie. C’est synonyme de pertes, de douleurs. C’est égoïstes, hein ? D’éviter d’avoir à s’y rendre en gardant mes proches en vie…».
Kochtcheï n’avait ni reculé, ni avancé durant ses réponses. Il n’avait pas non plus dégainé son arme par mesure de précaution, preuve qu’il était dans le doute. « Donc si je comprends bien, seul le corps t’intéresses ? Pas l’être qu’il y a un l’intérieur et encore moins ceux qui l’entourent … Et tu crois franchement que ça me donne envie de t’écouter pour la suite ! ». Shura avait haussé le ton s’en prévenir. Sa voix résonnait dans la pièce, et il avait tapé du poing sur la table d’opération. Là, c’était le manque qui parlait. Qui empêchait le slave de contenir sa colère. Il avait fait deux pas en avant pour attraper le scalpel prêt du corps pour le brandir en direction de l’Egerton.
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Basil Egerton
Basil Egerton
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Tu parlais et parlais, tu parlais même un peu trop et avec cette implacable conviction déplacée. Ce serait mentir pourtant que de dire que tu en oubliais ton auditoire: si la mort obnubilait ton cerveau, si tu allais et venais, si tu gesticulais de telle ou telle manière, ton regard n’en suivait pas moins les réactions de ta cible. Après tout, là était l’objectif: tu guettais en lui le signe d’un engouement qui puisse l’inciter à suivre ton exemple, ou au contraire le signe qu’il n’était plus nécessaire de continuer ta plaidoierie car tu avais échoué. Tu n’étais même pas certain qu’il te suive tout à fait dans la sinuosité de tes arguments, et tu n’aurais même pas su dire en fait si sa crispation signifiait l’anticipation ou le rejet. Tu étais cependant sûr d’au moins une chose: il t’écoutait, quoi qu'il en pense. Du moment où il s’était installé pour suivre ton discours, son regard ne t’avait plus quitté. Fascination ou horreur, ou peut-être un peu des deux - son visage l’exprimait trop peu pour que tu t’en fasses une idée fixe (ouaf), mais cela t’importait peu, en vérité, car rien ne te faisait plus plaisir que d’être écouté. Ce silence, ce regard attentif, autant de signes discrets qui te rendaient d’autant plus impétueux.

Tu envahissais l’espace avec ta passion comme un gaz toxique, avec une telle absurdité que tu n’y voyais pas le mal. Kochtchei tremblait, il tremblait de façon remarquable et tu avais toujours une certaine difficulté à en éclaircir la raison. Tu aurais pu trembler, toi aussi, sous l’effet de cette obsession maladive, de cette soif de savoir, de cette ivresse de mort dont tu étais dépendant. Tu aurais pu si tu n’étais pas contraint d’habileté et de minutie sitôt que tu avais un corps sous les mains. Peut-être les émotions de ton disciple étaient-elles annonciatrices d’une passion nouvelle, en fin de compte. Pour toi aussi, quelque part, il n’y avait plus que lui. Tu avais oublié, laissé dans l’ombre l’intégralité du décor pour ne plus te soucier que de lui - et du corps auquel tu ne désespérais pas de l'intéresser. Il n’y avait plus que le professeur, l’élève et le macchabée dans ce tableau de maître.
Ta main tendue, silencieuse, avait conclu ta tirade et tu étais tout aussi tendu et plein d’espoir en guettant les prémices de sa réponse. Il semblait… subjugué par l’envergure de ta proposition. A se frotter le visage, à t’adresser des regards où déferlaient les émotions contradictoires, à hésiter, en somme. Il n’était pas en état de choc, ni sur le point de te sauter à la gorge, et quelque part, tu te mettais petit à petit à réellement y croire. Tu avais l’oeil enjoué à l’idée de le garder en vie et d’avoir un type aussi phénoménal avec qui tu aurais des choses à partager. Mais c’était crier victoire trop tôt à l’évidence - tu luttais de ton mieux contre les conclusions hâtives. Combien de temps étais-tu resté la main tendue ? Cela n’avait sans doute duré que quelques secondes, mais tu désirais connaître si ardemment sa réponse que tu présentais les premiers symptômes de l'impatience. Tu te sentais languir, tu ne parvenais pas à l’interpréter entièrement. Il frémissait, à l’évidence tes mots avaient eu sur lui un certain effet. A quoi pensait-il ? Tu n’en avais pas la moindre idée. Mais ton souffle se coupa la seconde même où il déposa sa main tremblante dans ta paume offerte.

Oh, bon sang, et s’il n’y avait eu que ça. Sitôt avait-il saisi ta main qu’il s’était remis à parler, et chaque mot, chaque geste signifiait un peu plus le rejet. Tant et si bien que de la main tendue - que tu avais étreinte avec douceur en retour pour l’inviter à se sentir en confiance - il se retrouva tantôt à te menacer avec l’un de tes propres scalpels. En une minute à peine, il était passé de l’un à l’autre sans même se remettre en question - son incertitude crevait les yeux à un point que tu envisageais à peine. Il était incroyable, phénoménal, ahurissant. Tu le regardais avec ce même étonnement qu’un peu plus tôt, cette surprise qui enflammait, embrasait ton regard, et transfigurait ton attitude froide en une passion toujours plus dévorante. Ta voix, tandis que tu lui répondais, s’était fait moins contenue, plus émue, plus chargée - presque gémissante. « Oh, Seigneur. Chaque fois que je crois t’avoir cerné, tu me déstabilises. Tu n’imagines pas combien ça m’excite. » Il n’y avait pas de peur, pas de doute dans ta voix. Tu respiras lourdement et repris un peu de contrôle sur toi-même - après tout, tu n’étais pas une bête. « Tu vas me trancher la jugulaire, alors ? Tu m’en vois navré, mais c’est sans doute ce qu’il y a de mieux à faire, puisque je n'ai toujours pas l'intention de te laisser partir. Fais-le. Je t’en prie, tue-moi : fais-moi mourir. Et n’oublie pas de me faire agoniser un peu, je m’en voudrais de partir trop vite. » A ces mots, tu avais abaissé ton col d’un geste remarquablement doux. Ta voix n’était plus aussi obscène, mais loin d’être froide pour autant - elle trahissait une forme d’envie et d’impatience.
« Mais avant de me tuer, permets-moi de te corriger un peu car tu te méprends sur beaucoup de choses. » Tu étais resté statique, dressé devant lui sans initier le moindre mouvement dans sa direction. Tu ne voulais pas le provoquer, et de toute façon, tu ne lui voulais aucun mal. « Tu trouves cela inhumain. C’est une affirmation absurde, et je peux le démontrer simplement. Tu pense que c’est inhumain car la société considère cela inhumain, car on t’a répété depuis ta naissance que cela l’était, car depuis des temps immémoriaux, les hommes ne cessent de perpétuer cette croyance. C’est une invention, une construction sociale. Elle vient sans doute d’une époque où la compagnie des cadavres allait de paire avec la transmission de maladies incurables, mais si personne ne s’était chargé de les étudier, nous en serions encore à recourir aux sangsues pour tenter de nous soigner. Je pourrais même te citer plusieurs autres sociétés où le culte des morts est tout autre et où je ne passerais pas autant pour un illuminé. Regarde-moi Kochtcheï : je suis aussi humain que toi. J’ai les mêmes organes et je ne suis pas dénué de sentiments. Pourtant tu refuses d’accepter ma passion comme une partie de l’humanité - mon cher, il est temps que tu cesses d’assimiler l’humanité à un idéal personnel qui n’existe pas. »

Sur ces dernières paroles, tu as lancé un regard au scalpel et tu as soupiré un brin, avant de te retourner vers le mort qui vous tenait compagnie - tu vins te poster à son côté, exposant une partie de ton dos à l’homme qui menaçait pourtant de t’attaquer. Tu ne comptais pas te défendre. « Lorsque tu dis que seul le corps m’intéresse, là encore, tu te trompes. Pardonne-moi, je n’ai pas dû être assez clair: il est vrai qu’en tant que spécialiste, j’ai une fascination pour le corps humain qui dépasse l’entendement. D’ailleurs, ce que tu me reproches, tu pourrais le reprocher à tous les chercheurs, en général ils se soucient assez peu du nom de leurs sujets. Pour ma part, j’avoue au contraire me passionner des détails qui entouraient ces morts lorsqu’ils étaient en vie. Je connais leur noms, leurs proches, leur famille - je leur parle lorsqu’ils leur rendent visite. Dans ma mémoire se trouve certains souvenirs, certaines données sur ces défunts que je suis le dernier homme à posséder, et me tuer reviendrait à les plonger dans l’oubli davantage. » Tu as alors marqué une pause, espérant tout de même que cela inciterait Shura à revenir sur sa décision. De toute façon, tu étais certain qu'il n'était pas assez lâche pour attaquer ainsi un homme désarmé.
Tu as balayé l'air devant toi d'un geste timide, posant ta main sur le bras de l'homme ouvert du cou au bassin. Une vision des plus communes pour toi, mais qui pour lui l'était sans doute bien moins. « Je te présente Maurice Harmon, décédé d’une crise cardiaque dans le courant de la semaine dernière. C’était un bon vivant, quoique très colérique, on s'en est souvent plaint. Il laisse une femme veuve, et deux enfants endeuillés qui ont depuis un moment quitté le domicile parental. Il pratiquait le cyclisme à échéances régulières et aimait passer ses vacances à la montagne, il travaillait en bureau du temps où il travaillait - cela faisait peu de temps qu’il était retraité, quatre ans tout au plus. Il ne fumait pas mais consommait déraisonnablement l’alcool - le vin était à son goût, tout particulièrement le Bourgogne. Un bon quart de son sang est français. Droitier, présentant une légère claudication (cela se voit à sa colonne) et une prédisposition pour les entorses au poignet. Le ras-de-marée lui a laissé un genou brisé et une hanche démise - d’une poutre que l’humidité avait rendu friable. Que puis-je dire d’autre… Il avait une hygiène buccale assez pitoyable, était presbyte et un peu dur d’oreille, mais non moins généreux et sympathique. Regarde-moi ce poumon impeccable - mais voilà un foie qui ne présageait rien de bon. Les nerfs moteur sont dans un état remarquable, j’étais en train de le constater lorsque tu m’as interrompu. »
Tu es resté immobile alors, perdant ton regard dans le vide dans un silence appuyé. C'était comme si tu réalisais soudain ta situation, comme s'il était venu le moment pour toi de te remettre en question. Et si jamais tu avais tort ? C'est d’une voix absente que tu as alors murmuré à son intention. « Me trouves-tu vraiment inhumain, Kochtcheï ? Les vivants m’importent peu, mais tous les vivants sont voués à mourir. Te souviens-tu de ce dossier à ton nom ? Il ne s’agissait pas d’une filature. Tu te doutes bien que je ne travaille pas pour les services de police, encore qu’il arrive à certains détectives de venir chercher mon conseil. Je fais tout cela par plaisir - est-ce de l'égoïsme ? Lorsque tu seras mort, mon ami, tu ne seras pas oublié. A moins, bien sûr... que tu me tues le premier. »
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basil & shura

Shura aurait pu s’arrêter là. S’avouer vaincu, accepter son sort et cette main tendue en sa direction. Il aurait pu se contenter de vivre éternellement enfermé… Non, ceci est une pure plaisanterie, une utopie ! Il aime bien trop la liberté pour accepter de vivre à huit-clôt jusqu’à ce qu’il meurt et qu’il finisse sur cette table comme Maurice. Une fois, mais pas deux. Sa main était belle et bien venue à la rencontre de celle tendue vers lui. Il s’en était servi pour se relever, pour se redresser, pour lui faire face et lui accorder le bénéfice du doute quant à sa volonté. Il avait usé d’elle comme de la poudre aux yeux pour mieux renier son offre. Quoi que, peut-on vraiment appeler ceci un refus ? Kochtcheï posait encore des questions, il ne s’arrêtait pas à la longue tirade qu’il venait de réaliser. Celle de droite avait attrapé le scalpel à sa disposition et son hôte s’extasiait face à son geste. Il n’avait pas flanché face à cette réaction. Il n’y avait eu qu’un haussement de sourcil et un fin sourire en coin. « Ravis de l’apprendre » avait-il simplement dit en relevant la remarque. Il n’allait pas mentir, il le prenait comme un compliment et il ne voyait pas comment il pouvait le prendre autrement. Malgré cela, le sourire du slave se teignait d’un certain soupçon de folie à son tour. Le manque palissait sa peau plus qu’elle ne l’était déjà, et ses tremblements étaient accompagnée de sueur alors que le froid l’envahissait. Ses yeux charbonnés semblaient s’humidifier, les rougissant légèrement tandis que l’autre lui tendait son cou pour qu’il vienne trancher sa jugulaire. Grand Dieu, que c’était tentant. Shura s’était rapproché, inconsciemment puisque sa conscience avait été mise sur off. Le démon qu’il tentait de taire habituellement sortait et se laissait séduire par cette nuque prête à être briser et trancher.
Il avait été coupé dans son envie lorsqu’il reprit ses explications pour le corriger. Kochtcheï avait relevé le regard, il n’était pas vraiment sûr de vouloir entendre ce qu’il avait envie de dire mais soit ! C’était impoli de couper la parole après tout. Il jouait avec le scalpel entre ses doigts. Si l’autre n’initiait aucun mouvement, ce n’était pas le cas de Shura qui rodait pour trouver le point de vue le plus confortable. L’écoute lui permettait de retrouver un tant soit peu de calme, faisant même craquer sa nuque pour passer ses nerfs. Il s’abreuvait de chacune de ses paroles, et il préparait en silence la suite de son propre argumentaire. Le concept d’inhumanité, les détails, et le portrait de Maurice –qui n’était donc pas un stupide surnom, c’était bel et bien son prénom- semblaient ni le convaincre, ni le rebuter.

Puis il y avait eu ce murmure prononcé et aussitôt, ses yeux semblaient subitement intéressés. Le fameux dossier, et la question de l’inhumanité. Sa bouche avait tracé le dégout, mais aucuns sons n’étaient sortis. Du moins, pas immédiatement. Il avait fallu attendre un peu pour que Shura daigne enfin à répondre. « Tout dépend sur quel idéal on se base, j’en sais rien. T’en doutes mêmes après tes belles paroles sur la construction sociale et tout ça ? C’est peut-être parce que tu ne l’as pas finalement, ton idéal… ». Qu’est-ce qu’il ressentait là…. De la pitié !? Avait-il pitié de lui à l’enfermer ainsi ? Avait-il pitié d’être aussi pressé de le voir mort ? Avait-il pitié de ce pauvre type sur sa table ?! Kochtcheï sentait que pendant un instant, il avait vacillé. Qu’il avait éprouvé un brin d’affection pour ce scientifique rêveur aux allures cauchemardesques. Ça n’avait fait qu’accroitre sa frustration, si bien qu’il s’était rapproché d’un pas décidé une nouvelle fois. « T’essayes quoi, là ? De me vendre avec trois pauvres anecdotes entassées dans un dossier ? T’as rien à leur vendre. Si ce n’est que j’ai un chat et que j’aime le café. Mon faciès, ils le voient tous les jours en me croisant la rue, pourtant j’ai toujours pas de menottes aux poignets. Je vois clair dans ta manœuvre. Tu sais que ta passion ne me séduira pas, alors tu tentes un autre chantage. » Il avait cessé ses hypothèses, attrapant le poignet de l’autre d’une main. « Si tu l’aimes tant, Maurice, j’te laisse avec ». Et sans un mot de plus, il avait planté le scalpel dans la chaire du cadavre avec la manche de son invité, suffisamment profond pour qu’il se concentre à le retirer plutôt qu’à le suivre pendant cinq bonne minutes. Cinq minutes, c’est tout ce qu’il demandait pour s’en aller. A défaut de lui avoir tranché la jugulaire ou les vaines, il lui avait troué sa chemise. Il avait reculé de quelque pas, son petit sourire en coin réapparaissant de nouveau. Il avait haussé les épaules, puis il avait fini par prononcer : « J’ai menti. Et j’ai dit la vérité. Je t’ai pas mis du plomb dans les guibolles, mais je n’aime pas ce que j’ai entendu ».

Shura avait fait volte-face, et il était partit en direction de l’escalier de nouveau. Cette fois-ci, il prenait son temps tout en vérifiant que son hôte soit toujours au même endroit. Ses mains étaient pleines de sang maintenant à cause de sa méthode –plutôt barbare, il faut le reconnaître- pour l’immobilisé. Il était resté un moment dessus, se perdant dans le rouge qui tâchait ses phalanges. Il avait penché sa tête en arrière, un petit frisson l’avait parcouru. Maurice prenait tarif ce soir, mais Shura avait le mérite de ne pas avoir donné ce qu’il voulait à son hôte.
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Basil Egerton
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Intensité. S’il te fallait mettre un mot sur cette déferlante d’émotions que te provoquait ton hôte, c’était bien celui-là. Intensité. L’excitation, l’adrénaline. Le scalpel encore pointé vers ta gorge, menaçant, prêt à fendre la chair, et ton cou exposé de ton plein gré, offert. Le regard de Kochtcheï. Indescriptible - son regard, et ce que tu étais en mesure d’y lire. Un mouvement dans ta direction soudain, brusque et absent, tu n’étais pas certain qu’il en ait eu conscience. Et son sourire en coin. Tu lisais l’envie, la tentation, la soif de mort, le goût du sang : ce n’était pas tout à fait ce à quoi tu t’attendais de sa part. Regretter et prendre peur ? Jamais, c’était hors de tes cordes : tu n’en étais que plus secoué, tenté, bouillonnant devant cette part d’ombre qu’il te découvrait. Tu avais la fièvre, tu avais envie qu’il te saute à la gorge, tu voulais que ses doigts te la saisissent, qu’ils s’y écrasent, que la lame s’y enfonce, tu imaginais la douleur, la sensation des fluides à flot, l’artère qui s’évidait, qui tâchait vos peaux blanches. Tu imaginais la folie prendre son visage plus complètement encore. Pendant un instant, un court instant qui dura l’éternité, tu étais resté fasciné, obsédé par lui, silencieux. Tu voulais l’y inviter, l’y supplier. Tu te serais laissé tomber à genoux, tu lui aurais enlacé les cuisses, le regard adorateur relevé vers lui, tu lui aurais dit pitié, pitié Kochtcheï, mon ami, lacère-moi, taillade-moi la gorge, réduis-moi à néant, ou à moins que cela encore. Il avait, les secondes passant, un quelque chose d’intimidant qui ne t’intimidait pas, une présence nouvelle, une nature imprévisible, violente, passionnée. Il était vrai, franc, pur d’une certaine façon. Ce n’était pas une pâle copie, un visiteur, un simple curieux que tu te devais d’éliminer. C’était un homme entier, une bête, une rage, une haine, un malade mental. Et rien d’autre que des compliments. Plus que jamais, tu voulais t’en saisir, tu voulais de cette lutte acharnée, corps contre corps, le sien encore tremblant - et cette lutte, tu voulais la perdre dans un bain de sang. Ce n’était qu’à regret que tu t’étais détourné de cette langoureuse contemplation, tenant à t’exprimer avant de perdre complètement les pédales. Tu étais un homme composé Basil, mais ton sang froid légendaire fléchissait devant une pareille tentation.
Et il ne faisait rien pour t’épargner d’ailleurs. Il s’était mis à te tourner autour, il ne regardait plus que toi, même le corps sous tes mains s’était comme dérobé à ses yeux. Tu étais en mesure de ressentir son regard - pesant, suivant la ligne de ton cou, il y enfonçait ses pupilles à chaque détour, et tu cédas à un frisson extatique. Rester calme, rester calme, rester calme. C’était rare que tu aies besoin de te le répéter - un autre signe que Kochtcheï était capable de miracles. Il te faisait un effet monstre, et tu n’en pouvais plus de ses regards, de ses menaces, de la mort suspendue au-dessus de ton crâne comme une épée de Damoclès : tu aimais cela plus que les mots ne pouvaient le dire, et c’était une véritable torture d’y résister. Tu te sentais comme un bout de viande, une proie soudain guettée - les rôles s’étaient inversés, à moins qu’ils n’aient toujours été distribués en ce sens ? Et pourtant, tu n’étais pas qu’une cible, pas qu’un objet - car son silence, ses allers et venues, ses ronds de vautour signifiaient bien une chose : la patience, l’attention, l’écoute. Il ne manquait rien de ce que tu voulais lui dire, et tu parlais pourtant beaucoup, de choses qui n’intéressaient que peu. Comme s’il te respectait, autant qu’il voulait te vomir. C’était difficile à dire - au fond, peut-être encore un signe d’incertitude, une situation ambigue qui vous était propre, entre révérence et répugnance ; mais à l’instant, vous étiez deux à y prendre plaisir.

Les choses prirent une autre tournure, ô combien intéressante. Avec raison, il releva le doute que tu avais exprimé tantôt dans cette sorte d’état second. Mais avait-il réellement compris le sens derrière cette courte absence ? Ce doute, cette simple question, cette remise en cause - en réalité, elle n’y changeait rien. Tu avais vacillé, mais non pas faibli, tout au contraire. N’était-ce pas une nécessité de la science d’interroger parfois ses principes fondamentaux ? Accepter l’erreur pour parvenir à une forme de vérité ? Ce n’était pas un idéal à tes yeux - tu n’avais pas d’idéal, pas d’utopie, pas de finalité. Tu te contentais de butiner les savoirs et d’en tirer du plaisir - et le plaisir était bien la seule et unique chose que tu désirais. L’humanité était une notion encombrante - le plaisir et la passion, c’est cela qui te définissait le mieux. Et tu aurais pu être l’homme le plus mauvais du monde, et le reconnaître Basil, cela ne changerait rien à ton petit monde sinistre. Tu étais né avec cette obsession, cette fascination pour le corps, pour le macabre, le malsain et la mort. Tu ne vivais que par ce biais, et jamais, jamais tu n’aurais pu changer cela - tu étais en quelque sorte prédestiné. « Non. En effet, je n’ai pas d’idéal. Les idéaux n’ont aucun sens. Ce sont des entraves, pourtant les hommes ne jurent que par cela. » Cela résumait assez bien le noeud de cette incompréhension entre vous, mais ce serait plus clair pour lui désormais. S’il ressentait pour toi une forme d’affection - encore que tu l’ignorais de toute façon - c’était vraisemblablement à tort : tu étais le même, Basil. Tu avais toujours la même étincelle dans le regard que tu avais tourné vers lui, tu ne connaissais aucune morale sinon pour la bafouer. Et il continuait de t’embraser à un point qui te rendait obscène.
Il y eut une rupture - une rupture violente, à cet instant. Ses mots ont commencé à te faire perdre pied, l’incompréhension montait, toxique. Tu l’as regardé avec étonnement encore, mais non pas celui qui pouvait te plaire et t’exciter. Un étonnement qui te rendait confus, qui rompait un peu trop la connexion entre vous pour te plaire, une détonnante frustration. Il ne te comprenait plus, il t’interprétait mal, tu n’aimais pas cela. Tu as froncé les sourcils, contrarié - c’était presque par sympathie que tu lui répondais : « Te vendre ? Non, non Kochtcheï, ce n’est pas un chantage. » Tu n’eus hélas pas le temps de poursuivre sur ton raisonnement, car il s’était décidé à agir - d’une façon qui te déplut intensément. Il y eut un flottement, tu étais confus encore - puis soudain furieux. Non, non ! Ce n’était pas ainsi que les choses devaient se passer ! Le corps, le corps de Maurice qu’il abîmait sans considération. Et ta gorge, alors ? Et toutes ces promesses ? Tu te sentais trahi, déçu, écoeuré. Non, non il ne pouvait s’en aller simplement, il ne pouvait se contenter de tourner le dos à tous ces engagements. Ne t’avait-il pas écouté ? Alors, c’était ainsi - il avait terminé son affaire et comptait rentrer chez lui, sans plus t’accorder la moindre attention ? Non. Non, ce sentiment dégénérait. La frustration n’était plus un délice, elle était insoutenable, terrible, oppressante. Il n’y avait plus de trace de cette presque compassion - c’était un autre visage qui s’imposait: un visage épouvantable qui n’avait jamais connu un sentiment d’humanité. Il allait le regretter.


Ton regard s’assombrit. Le silence dans lequel tu te plonges exprime plus intensément que les mots cette colère noire qui te prend le torse comme un mauvais sang ou une bile. L'oeil rivé sur le scalpel, sur la chair crevée et sanguinolente de ton compagnon d’une nuit. Tu te fous de l’état de ta manche, tu te fous d’être prisonnier, c’est à ton mort que tu penses. Cette violation de son corps te serre les tripes d'une rage plus violente que si l'on t'avait arraché tous tes biens sans préavis. Tu étires tes ailes, tu les sens frétiller, tu sens cette bête noire si complexe à contenir. Un seul geste - tu as saisi le manche de cette arme de fortune, tu as tiré d'un coup sec, vertical, précis, pour ne pas trancher davantage la chair. Combien de temps espérait il t'occuper ? Tu te faisais une passion de découper les morts, à la différence que contrairement à lui, tu le faisais bien. Espérait-il seulement qu’il suffisait d’aussi peu pour t’arrêter ? Et d’ailleurs, d’ailleurs tu étais dans une telle fureur que tu te moquais bien, finalement, de l’état de ce corps, tu aurais pu lui taillader le bras pour libérer le tien - après tout, il était mort, IL ETAIT MORT, QUE VOULIEZ-VOUS QUE CELA LUI FASSE ? Mais Kochtcheï, Kochtcheï n’attendrait pas. « KOCHTCHEÏ. » Tu t’es retourné vers lui, crevant sa chair des yeux, serrant dans ta main le scalpel encore souillé, dégoulinant - comme lui, comme toi. De quoi aviez-vous l’air - de deux monstres, au bord d’un gouffre funeste. Tu l’as poursuivi, aussi rapidement que pouvaient te porter tes ailes. Et cette fois, tu n’as pas tari de ta poussière - tu allais lui prendre les poumons jusqu’à le tuer s’il le fallait. Et tu t’es jeté sur son dos.
Il aura fui sans doute, en te voyant approcher, ou se sera peut-être tenu prêt à t’accueillir. La force ? Ce n’était pas ton atout, de loin. Tu étais bien contraint d’être fourbe, si tu voulais t’en tirer en combat rapproché. Alors la lame qu’il t’avait abandonnée, tu es venue la plaquer contre sa gorge, avec une émotion telle que tu avais commencé à l’inciser. Tu empestais le sang, vous étiez deux. « Ne refais plus jamais ça. » Ta voix avait tremblé de colère et de frustration. « Ne refais. Plus. JAMAIS. Ça. » Silence. Respiration saccadée. Tu n'avais pas l'air seul dans ta tête. « Non. Non je ne peux pas te laisser faire cela. » Un murmure. Des hésitations. Mais la main portant le scalpel, elle, restait ferme. La voix, précipitée. « Ecoute bien, car je n’aime pas me répéter. Je n’ai pas l’intention de te vendre, de te donner, de te passer les menottes. Je ne suis pas ce genre d’homme, Kochtcheï. Tu dois avoir compris depuis longtemps que je n’aime pas la Loi. Je la connais mais je ne la comprends pas, et j’ai tout sauf l’intention de t’y remettre. » C’est cela qui te démangeait, qu’il te fallait lui dire. A présent, tu pouvais t’adonner à d’autres pensées intrusives. Des pensées lourdes, intenses. Des pensées dangereuses. « Tu es un imbécile! Pourquoi as-tu fait ça ? Je n’avais rien contre toi jusqu’ici, j’étais même flatté par ta curiosité, mais maintenant j’en viens à vouloir ta mort. » Un soupir, puis un autre silence.

Tu as maintenu cette pose un moment, à débattre avec toi-même, confus, divisé, et toujours aussi ardent. Triplement - entre l’excitation, la frustration, et la colère. Mais tu maintenais la menace sur sa gorge, pour lui faire regretter d’avoir manqué la tienne lorsqu’il en avait l’occasion. Pourquoi ne t’avait-il pas attaqué ? Pourquoi avoir manqué l’occasion de te tuer ? Tu ne comprenais pas. « Je vais te raconter une histoire. Ecoute encore - c’est l’histoire de Mérédith. Une femme comme toi, qui s’est introduit dans mon monde, que j’ai accueillie avec chaleur et politesse. Et comme toi, elle s’est jouée de moi. Sais-tu ce qui lui est arrivé ? Tu dois le savoir, tu l’as déjà rencontrée - une tête démolie sur une étagère. » Ta colère te dépasse, elle exacerbe tes sens, elle complique ta réflexion. Tu te colles à lui, tu es à bout, tu le hais, tu le hais mais il te fait ressentir des émotions si puissantes que tu ne peux sincèrement vouloir le tuer. Ce contrôle soudain sur lui t’apaise, juste assez pour que tu puisses adopter un discours plus posé - un murmure, que tu colles à son oreille. L’émotion fait vibrer ta voix. C’est une évidence : tu es chamboulé, retourné, perturbé. C’est ce mot - tu es perturbé, un perturbé de naissance. « Je l’ai tuée, et j’ai abusé d’elle jusqu’à l’épuisement. Et j’en viens à désirer la même chose avec toi, j’en viens à vouloir te crever un milliard de trous dans ton petit corps, à vouloir te baiser couvert de ton sang, c’est ce genre de pulsion que tu m’inspires lorsque tu cherches à fuir plutôt qu’à comprendre. »
Tu es toujours immobile, toujours solidement accroché à lui, comme une plante grimpante et parasite sur un arbre qui sera tantôt mort. Toujours la lame contre son cou, toujours un bras barrant son torse, et ton corps comme une sangsue, et ton visage dans sa nuque, et tes ailes amplissant l’air de cette poussière nocive. Et ta voix vibrante, ta voix à bout de souffle, incapable de soutenir la puissance de ce que tu ressens. Tu es trop passionné pour elle, tu es trop passionné pour ce monde. « Qu’est-ce que je fais, Kotchtcheï ? Je te l’enfonce dans la gorge et je te laisse agoniser ? Je te la tranche nettement et je t’évite de souffrir ? Je t’écorche jusqu’à te faire changer d’avis ? Je t’encule jusqu’à ce que ma pulsion passe et que tu te fasses pardonner ? Je te maintiens dans cette position jusqu’à ce que la drogue te fasse délirer à te rendre fou ? Jusqu'à ce que tu fasses une overdose ? Dis-moi, quelle solution tu préfères. A l’évidence, tu as manqué ta chance de t’enfuir en ne jouant pas selon mes règles. J’étais tant subjugué par toi que j’en étais venu à désirer que tu me tues - mais c’est l’inverse à présent qui se profile. Je te pensais plus agréable vivant que mort et je voulais que tu vives, et j’ignore encore si je suis réellement déçu. » Quel gâchis. Quel formidable gâchis. Et tandis que Kochtcheï affrontait peut-être cette succession de tableaux que tu lui proposais sous l’influence de ta drogue, tu te demandais si au final tu ne devais pas le remercier de te faire ressentir des choses aussi violentes. Tu avais envie de hurler, de hurler de rage mais de plaisir aussi, il te faisait te sentir vivant. Et tandis qu’à l’avant, le scalpel continuait de trancher, à l’arrière, c’était un baiser volage de remerciement.
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