The Fox and the Fire ~ Jung Hwa & Lana

C'était un matin doux, au ciel drapé dans les couleurs de l'aube, à l'herbe rafraîchie par la rosée, à la brise qui jouait avec les feuilles. La chaleur de l'été ne s'était pas encore installée, non, il faisait juste bon. Le temps idéal pour une promenade du matin.
C'était justement ce que Jung Hwa s'était dit, en se réveillant à l'aube à cause d'un cauchemar - toujours le même, depuis des années maintenant, elle revivait la crise de colère de son père au moins une fois par semaine... Alors elle s'était habillée d'un legging noir et d'un t-shirt blanc, rien de trop compliqué, puis après avoir attrapé son polaroid rose elle était sortie de chez elle en direction de son coin de la ville préféré : la forêt.

Elle marcha quelques minutes dans les sentiers, capturant de son appareil photo les reflets de la lumière entre les branches des arbres - elle aurait une belle série forestière à mettre en ligne sur son site, en rentrant chez elle. La jeune coréenne veilla à ne pas s'enfoncer dans la forêt, sachant bien à quel point il était facile de se perdre, elle se contenta le marcher près de la lisière, tout en tentant d'effacer de sa mémoire les images de son cauchemar... en vain. Le visage emprunt de colère de son père était imprimé dans sa rétine, et refusait de s'effacer. Elle n'avait pas été très maline, ce jour-là : jamais elle n'aurait dû révéler à son paternel que sa forme animale était un renard ET qu'elle sortait avec une fille le même jour. Leur dispute fut mémorable, et totalement injuste, et Jung avait détesté son père si fort à ce moment-

Ce fut lorsqu'elle se retrouva emmêlée dans ses vêtements, maintenant beaucoup trop grands pour elle, que Jung Hwa se rendit compte qu'elle s'était transformé sous le coup de la colère sans même s'en rendre compte. Elle se démêla de son t-shirt et agita sa queue pour se débarrasser de son legging avant de s'assoir et de réfléchir quelques secondes.
Bon. Que faire ? Cela faisait déjà un mois qu'elle ne s'était pas transformée, il était peut-être temps pour elle de se laisser aller un peu. Mais où mettre ses affaires ? Elle finit par décider de rester sous cette forme et de cacher ses affaires dans un buisson épais, là où personne n'y ferait attention. Puis elle se mit à trottiner, longeant la lisière de la forêt, étirant ses pattes et profitant du vent dans ses moustaches.

L'attention de la petite renarde fut soudainement attirée vers un lapin, qui sautillait à quelques mètres d'elle, dans l'herbe, au bord de la forêt. Non, elle n'allait quand même pas le... En même temps elle n'avait pas eut le temps de manger, ce matin... Elle s'avança doucement, le ventre collé au sol : il n'allait pas lui échapper, celui-là, non. En un bon elle se jeta sur lui et le coinça sous ses pattes. Elle s'apprêtait à mordre dans la chair tendre quand elle entendit un craquement de bois suspect. Elle s'immobilisa et sa proie en profita pour s'enfuir. La renarde releva la tête et se figea lorsqu'elle vit qui se trouvait devant elle, à quelques mètres.

Lana.

Parfois j'aime me lever tôt, je n'irais pas prétendre que c'est quelque chose d'habituelle mais j'aime bien de temps en temps me lever tôt pour aller me balader dans la forêt. Quand le jour est encore jeune et qu'il y a encore les traces de la rosée du matin, c'est un moment merveilleux. Surtout que c'est assez rare de rencontrer des gens à ce moment là, c'est donc le moment idéal pour se ressourcer. J'aime les gens, n'allez pas croire le contraire mais il m'arrive aussi parfois des moment où j'aime être tranquille, faire un retour à la nature. J'aime marcher nu pieds dans l'herbe, passer des heures à observer la nature et toutes ses merveilles. J'aime l'idée de me dire que je suis connectée avec cette dernière et en parfaite harmonie. Je suis quelqu'un d'assez écolo, préférant faire du recyclage plutôt que d'acheter des objets neufs, faisant le tri sélectif pour protéger mère nature. Je ne suis pas végétarienne mais presque. De temps en temps il m'arrive de manger de la viande, ne nous mentons pas, un bon burger, c'est délicieux. Mais souvent je préfère manger des plats à base de légumes, je trouve cela délicieux et c'est toujours pleins de couleur, très agréable esthétiquement.

Bref, tout ça pour dire que ce matin je me suis levée tôt pour aller me promener dans la forêt. Short et t-shirt, je me suis armée d'un gilet pour ne pas avoir froid et de baskets en toiles pour éviter de m'enfoncer des petits branches dans les pieds. Je connais bien la forêt de Cheslow et je sais qu'il y a certains endroits et certains moment de la journée où il ne fait pas bon de s'y promener. Par exemple il ne faut pas y aller la nuit, c'est dangereux et déconseiller. Mais le matin, il n'y a pas grand risque et parfois on peut tomber nez à nez avec des animaux et ça c'est génial. C'est aussi un peu dans cette optique là que j'ai décidé de m'y rendre, pour pouvoir observer les animaux dans leur élément naturel. J'aime pouvoir me sentir proche d'eux, ne pas être une menace pour eux. Souvent ils partent en courant quand ils me remarquent, mais parfois j'ai un peu le temps de les observer avant qu'ils s'enfuient loin. Je suis loin d'être très calée dans les animaux de la forêt mais je suis assez fière de dire que j'en ai rencontré quelques uns et je suis sûre que j'en ai plus appris seule en les observant qu'en étant assise mon cul vissé sur une chaise durant des heures à écouter un prof chiant comme la pluie nous parler de leur habitat naturel et leurs habitudes alimentaires. Je n'ai rien contre les gens faisant ce métier mais pour être honnête, tout ceux que j'ai rencontré n'étaient pas top... à moins que ce soit juste moi qui ne suis pas faite pour l'école, allez savoir.

Armée d'un sac à dos, remplie d'une bouteille d'eau, d'un sifflet si je me perds, de mon téléphone portable éteint et de quelques gâteaux si je meurs de faim. Tout ce qu'il faut pour rester quelques heures dans la forêt. Je n'ai pas prévu d'y rester 15 ans mais sait-on jamais, il vaut mieux prévenir que guérir. Je me balade donc tranquillement, essayant de faire le moins de bruit possible histoire de pouvoir faire de belles rencontres et durant une bonne demi-heure, en dehors de profiter du calme matinal de la forêt et de la fraicheur du matin, je reste un peu seule au monde. Mais ma solitude finit par m'abandonner au profit d'une belle rencontre. Un magnifique renard se trouvait à quelques pas de moi, fixé sur place, certainement de surprise et potentiellement de frayeur, à m'observer. Je me fixe à mon tour, ne voulant pas brisé le lien qui venait de se créer entre eux. Oui bon je suis persuadée que je suis la seule à y voir un lien mais ce n'est pas grave, j'aime à me dire qu'on vit quelque chose d'unique tous les deux et qu'on s'en souviendra longtemps. Il n'y a pas à dire, il est magnifique, avec son beau pelage, ces beaux yeux et ses belles formes. J'aurais voulu avoir un appareil photo pour pouvoir le photographier même si je suis médiocre dans ce domaine, ce n'est pas grave, c'est l'intention qui compte. Je finis par m'assoir, simplement, en tentant de faire le moins de mouvements possible. Je ne veux pas l'effrayer et je me dis que peut-être en restant le plus immobile possible, il va être intriguer et venir me voir. Ca n'arrive jamais pour être honnête mais on peut garder espoir non ?

Figée sur ses frêles pattes aux couleurs cendrées, Jung Hwa restait là, comme gelée sur place. La renarde n'avait absolument aucune idée de comment réagir : Lana, son amie, se trouvait debout devant elle, dans son petit short, son t-shirt et ses chaussures en toiles, immobile, et la regardait en pensant voir un simple renard sauvage, alors qu'elle avait en fait sous les yeux une amie. La situation était tellement improbable, tellement surréaliste, que Junie n'avait aucune idée de comment réagir. Des milliers de solutions possibles et imaginables s'emmêlaient dans son esprit et elle se retrouvait incapable de bouger, assommée par la surprise, la panique et l'angoisse. C'était ridicule : elle n'avait pourtant qu'à fuir, à courir loin. Lana ne la suivrait sûrement pas. Mais, étrangement, Jung Hwa ne parvenait pas à agir. C'était ridicule. Bon sang, avait-elle perdu le contrôle de ses pattes ? Il fallait qu'elle parte, et tout serait réglé ! Lana ne la suivrait pas, elle ne découvrirait pas son secret, tout serait arrangé. Mais non, une partie d'elle même voulait rester là, à dévisager Lana.

C'était une idée qui lui trottait dans la tête depuis quelques temps déjà. Lana était probablement la personne en qui elle avait le plus confiance ici ; toutes les deux étaient relativement proches, elles aimaient passer du temps ensemble... Alors parfois, Jung Hwa se disait que Lana ne réagirait pas mal, si elle lui disait qu'elle était une métamorphe. Cependant elle n'avait jamais trouvé le courage de lui avouer, d'une part parce que ce n'est pas quelque chose qu'on dit à la légère, avec tous ces chasseurs qui trainaient dans la région ; d'autre part parce que depuis la fameuse dispute avec son père, Junie détestait devoir avouez/annoncer/révéler quoi que ce soit à propos d'elle-même. Mais Lana n'était absolument pas comme son père, alors Jung Hwa se disait qu'elle ne risquait rien, si elle le lui disait...

A quelques pas d'elle, Lana s'était assise et la regardait encore et toujours, comme si elle attendait que la renarde s'approche. Les quelques personnes qu'elle avait croisée sous cette forme avaient toutes agis de cette façon. Il fallait dire que Junie n'était pas un animal sauvage très impressionnant : elle était ridiculement petite et frêle, même pour un renard, elle ressemblait d'ailleurs plus à un renardeau qu'à une renarde adulte. Parfois, elle songeait que se pouvoir se changer en ours ou en loup serait mieux, ainsi ce serait les promeneurs qui devraient fuir, et pas elle. En parlant de fuite, elle n'avait toujours pas bougé... Elle souffla ; c'était le moment ou jamais, non ? Après quelques mouvement hésitant, la renarde fit un pas en direction de Lana, puis deux, puis trois, et en quelques secondes elle se retrouvait près d'elle. Elle darda ses yeux noirs sur la jeune fille assise devant elle, puis elle se pencha et frotta sa tête contre le genou de son amie, l'incitant à caresser son pelage rougeoyant. Les caresses, c'est le bien, songea-t-elle, et cela faisait longtemps que personne ne lui avait gratté le ventre.

Je ne pensais pas faire ce genre de rencontre aujourd'hui. Oh évidemment j'avais bon espoir de pouvoir rencontrer des animaux à cette heure matinale, mais certainement pas d'aussi prêt et aussi longtemps. Ce petit renard était tellement beau que j'en restais sans voix. J'avais tellement peur que si je bouge, il s'enfuie que je restais immobile ou en tout cas le plus immobile possible. Je regrettais de ne pas avoir mon appareil photo, j'aurais peut-être pu immortaliser ce moment privilégier. Oh évidemment je suis parfaitement consciente qu'en étant maladroite, je l'aurais fais tombé ou alors j'aurais dû farfouiller inlassablement dans mon sac avant de le trouver et que le regard serait parti depuis longtemps. Mais ce n'est pas grave, dans mon rêve j'aurais eu mon appareil à porter de main et délicatement, je l'aurais pris en photo. Dans mon fantasme, les photos auraient été magnifiques, bien cadrées, pas flou ... parfaites quoi. Alors que dans la réalité, une sur deux auraient été flou, j'aurais mon doigt sur les trois quarts et soit elles seraient mal cadrées, soit alors pas assez rapides. Mais pourquoi s'encombrer de la réalité ? surtout que je n'ai pas mon appareil photo donc on ne sera jamais si j'exagère ou pas sur mon talent inexistant pour immortaliser des moments intéressants. Jung est vraiment douée pour prendre des photos, en fait ce n'est pas mon appareil que je devrais avoir mais elle. Elle est capable de faire de magnifiques photos de moi dans mon quotidien. Je ne me trouve pas particulièrement laide - ni même super jolie d'ailleurs - mais j'ai vu des photos où quand je prends mon petit déjeuner ou quand je ris stupidement pour un rien ou quand je cuisine qui sont magnifiques. Quand je vais lui raconter ma rencontre, elle ne va pas en revenir et va être jalouse...

Sans mon amie et sans mon appareil photo, je me résous à profiter de l'instant présent et à immortaliser ce moment dans ma mémoire. Je finis par choir au sol, tout en tentant de faire malgré tout le moins de bruit possible. Je ne veux pas que cette pauvre petite bête pense que je lui veux du mal ou que je la surprends sans le vouloir. Installée au sol, je me dis qu'elle ne va pas tarder à prendre la poudre d'escampette, même si je trouve ça un peu étrange qu'elle ne bouge pas. Je sais que je dois paraître immense pour cette pauvre petite bête mais vraiment je n'ai pas l'impression d'être menaçante. Au contraire, j'use de toute la délicatesse dont je suis capable. Je l'observe en silence, admirative et je le suis de plus en plus que les minutes défilent. Ce petit renard finit par s'approcher, pour mon plus grand plaisir et ma plus grande surprise. Je n'en reviens pas, ma patience a porté ses fruits et ce petit renard a décidé de céder à la curiosité. Je n'ose bouger, de peur de l'effrayer mais c'est tellement merveilleux. J'ai les yeux qui brillent de bonheur et le coeur qui bat la chamade. Je suis littéralement sous le charme de cette petite boule de poils et je trouve le moment magique. Quand il tente de quémander une caresse, je retiens un petit cri de bonheur entre mes doigts mais je suis toute excitée. Je lui papouille d'abord le haut de la tête, délicatement et puis lentement je descends dans son dos. Je suis sans dessus dessous, je n'en reviens pas de ce qu'il m'arrive. Est-ce que mère nature me félicite de tout ce que je tente de faire pour elle ? Ce serait trop beau pour être vrai. "Oh mon dieu !!! Tu es tellement magnifique" dis-je à mi voix pour ne pas l'effrayer.

Le temps semblait s'écouler infiniment lentement et rapidement à la fois pour Jung, qui se perdait dans ses pensées embrouillées par le stress et par son côté animal. La renarde se reprochait chacun de ses agissements : quel renard normal irait quémander des gratouilles à un humain ? Quel renard normal prendrait autant de temps pour réfléchir à une situation ? Elle ne faisait pas un animal très naturel, songea-t-elle. Peut-être était-ce parce qu'elle ne se transformait que très rarement, et parce qu'elle avait un contrôle presque parfait sur sa part animale - nombreux étaient les métamorphes qui se laissaient totalement envahir par leur instinct animal lorsqu'ils se transformaient, mais Jung Hwa, elle, ne se l'était jamais permis. Parfois, elle se demandait si un expert serait capable de se rendre compte de la supercherie : déjà de base, elle était étrange, pour un renard, elle était très petite et frêle, ses pupilles noires paraissaient un peu trop humaines, ses yeux semblaient être bridés et son pelage roux était étonnamment vif et foncé. Alors si en plus elle agissait de façon trop humaine...

Mais tous ses doutes s'effacèrent pour laisser place au plaisir, lorsque les mains douces de Lana se plongèrent entre ses poils. Elle poussa involontairement un petit glapissement et arqua le dos pour appuyer un peu plus la caresse : oui, les gratouilles, ça lui avait manqué. Les dernières personnes à l'avoir caressé étaient ses trois grands frères. Wanie, Kookie et Seokie avaient été les seuls à l'avoir accepté telle qu'elle était alors que tout le reste de sa famille lui avait tourné le dos. Avec eux elle se sentait à l'air sous la forme d'un renard... Les petits soins que lui prodiguait Lana lui rappelait sa maison et ce sentiment de familiarité. Lorsque Lana la complimenta à mi-voix, la renarde ne put retenir un petit souffle qui ressemblait fortement à un pouffement de rire : elle était loin d'être le plus beau renard de la forêt ! Mais le compliment lui fit tout de même très plaisir, alors elle remercia son amie en lui léchouillant les doigts du bout de sa langue râpeuse. Elle finit par s'assoir près de la jeune fille et profita quelques instants des caresses affectueuses.

Mais au bout de quelques instants elle se releva ; elle devrait partir, maintenant, non ? Elle commença à s'éloigner de Lana, lui tournant le dos, retournant en direction du buisson où ses affaires étaient toujours cachée. Cependant elle hésita, s'arrêta et tourna la tête vers Lana : c'était le moment ou jamais. Elle avait la parfaite occasion pour tout lui avouer, là, maintenant... Elle piétina sur place, indécise, avant de réunir le peu de courage en elle : après tout, Lana était trop gentille pour mal réagir, n'est-ce pas ? Elle planta donc son regard sombre dans celui de son amie, puis du bout de sa longue queue touffue, elle lui fit signe de la suivre. Elle trotta alors à travers la forêt, s'arrêtant par moment pour vérifier que Lana la suivait toujours. Au bout de quelques instants Jung retrouva le fameux buisson ; le cœur battant, elle enfouit son museau dedans et en sortit ses affaires, sachant très bien que Lana reconnaitrait vite le polaroid rose. Elle resta assise, tendue, une patte sur son appareil photo, le regard fixé dans celui de Lana.

Je vis un moment merveilleux et je n'ai pas de mot pour exprimer ce que je ressens. Je me sens en total harmonie avec ce petit renard et avec la nature qui m'entoure. Je suis tellement heureuse que des larmes de bonheur perlent à mes yeux. Je ne me suis jamais sentie aussi bien. C'est bête hein, je le sais. Qu'un petit renard me laisse le caresser me laisse si heureuse, mais je n'y peux rien, je profite des petits moments de bonheur et je trouve que c'est les meilleurs. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut vivre ce genre de situation et peu pourraient s'en vanter. Le petit renard a l'air d'ailleurs de prendre beaucoup de plaisir à mes caresses, j'ai l'impression d'avoir un chien ou un chat à mes côtés. C'est assez étrange comme comportement mais en même temps je ne suis pas du tout une experte en renard, j'ignore si c'est un comportement habituel pour eux ou pas. Mais moi je trouve ça étrange, mais malgré tout agréable. Je souris et ris en le voyant faire. "Tu as l'air d'aimer les caresses toi ... ça te gratouille ?" Lui dis-je en le gratouillant le dos avec un peu plus de force. Mon but n'est pas de lui faire mal mais au contraire de lui offrir un certain plaisir. Il a l'air d'être satisfait de sa vie, c'est plutôt agréable à voir. Pour être honnête je ne sais pas trop combien de temps a duré ce petit échange, mais j'ai l'impression que le temps c'est arrêté tellement je suis heureuse et sous le charme de cette petite bête à poils.

Mais comme toute bonne chose a une fin, la notre vient d'arriver. Le petit renard se lève et s'éloigne un peu de moi. Je suis un peu triste et déçue de le voir s'en aller mais après je ne peux pas l'en empêcher. Je ne priverais jamais personne de sa liberté et cela vaut pour les animaux aussi. Il vit à l'état sauvage, il est hors de question que je l'enchaine pour le faire vivre avec moi. Je lui enlèverais ce qu'il y a de plus beau chez lui, sa liberté. Je m'attends à ce qu'il galope loin, me laissant seule par la même occasion. Il me faudra quelques instants pour me remettre de mes émotions, mais je pense que je serais marquée pour la journée par cette rencontre. Je m'attends à vivre sur mon petit nuage pour le reste de la journée, à repenser à ce petit renard adorable et à cet instant d'intimité que nous avons vécu ensemble. Sauf que le petit renard ne s'en va pas, je le vois toujours, à quelques pas de moi. Que fait-il ? Il a l'air d'hésiter et je trouve cette attitude vraiment étrange. Non pas que les animaux ne peuvent pas avoir des doutes mais je ne sais pas, tout cela est étrange. Je le fixe sans trop comprendre. "Qu'est-ce qui t'arrive petit renard ?! Tu veux que je te suive ?" Bon déjà c'est débile de parler à un animal, j'en suis parfaitement consciente, parce qu'il ne comprend pas et ne va certainement pas me répondre, mais tant pis. Je fais partie de ces gens qui parlent aux animaux et ne voient pas où est le problème. Je me lève et je constate qu'en fait j'avais raison, il veut vraiment que je le suive. Intriguée, je m'exécute sans discuter et je le suis. Le voir trottiner devant moi n'a pas de prix. Pourquoi n'ai-je pas mon appareil ? je me maudis intérieurement. On arrive vers un buisson et il en sort des affaires. Au début je ne comprends pas trop "Qu'est-ce que tu as trouvé ?" Lui demandais-je en m'approchant pour attraper les affaires. Ce plaid, je le connais ... il y a encore l'odeur de mon amie dessus. Et cet appareil photo sur lequel il se tient fièrement .... Une vague de panique m'envahie. Loin de songer un instant que ce petit renard devant moi est mon amie Jung, je m'imagine qu'il lui est arrivée quelque chose "Mais je connais ses affaires ... Où as-tu trouvé ça ?! ... p'tain Lana tu parles à un renard, tu crois vraiment qu'il va te répondre ... Mon dieu Jung ...." Je suis totalement paniquée. Je ne veux pas effrayer le petit renard mais là je ne me sens vraiment pas bien. Je commence à faire un rapide tour d'horizon pour voir s'il y a un corps dans les parages, mais je ne vois rien. Comment sont arrivées ses vêtements ? Et où est-elle ? Est-ce qu'elle va bien ? Ma bulle de bonheur vient de m'éclater au visage, ne laissant que la peur et l'inquiétude. J'attrape mon téléphone dans mon sac pour tenter de l'appeler...