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 Merry go'round I don't want to see you down - Alexel

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Castiel & Alexis

Merry go'round I don't want to see you down




ça fait trois ans que t’es pas revenu là, dans cette petite clairière entourée par les ronces. La végétation a un peu pris le dessus, mais pas assez pour que t’aies pas retrouvé un tronc pour t’asseoir. T’es pas loin de la maison de ton père, c’est d’ailleurs là que tu devais te rendre, là que tu te rendras, inévitablement, pour arranger les derniers détails de la veillée. Puis il y aura l’enterrement. Tu détonnes dans l’atmosphère, avec ton costard à mille balles et ta flasque à la main. Mais tu perds pas les bonnes habitudes, faut dire que t’en as besoin aujourd’hui. T’as laissé pousser tes cheveux et ils viennent beaucoup trop souvent devant ton visage, t’as plus grand chose du mec propret qui voulait s’enfuir de chez lui. Pourtant t’es toujours là, trois ans plus tard. Parce que ça a toujours été ton lieu de refuge, mais assis là, tu comprends que c’est pas vraiment le lieu qui était important. Tu te trouves toujours dans la même galère, toujours aussi perdu, et pourtant cet endroit, il te réconfortait à une époque. Mais il n’a plus aucun sens, et tu t’en rends compte. Parce qu’il a perdu les dernières traces d’Alexis. Encore marqués, vos noms sur le tronc sur lequel t’es assis, mais c’est pas suffisant pour te dire qu’elle est toujours là, en vérité. Pourtant t’avais besoin de venir. Est-ce que tu sens que t’en auras pas l’occasion ensuite? Est-ce qu’au fond, tu le vois arriver, cette corde sur laquelle la ville entière voudra te pendre dans quelques heures? On ne va pas dire que ça te ferait quelque chose de le savoir, tu l’as provoqué. Mais même avec ça, tu n’es pas sûr de ce que tu veux. Enlever cette culpabilité qui t’empêche de respirer, de dormir correctement? Comme si montrer aux yeux de la société que tu n’es qu’un meurtrier allait arranger les choses. Mais c’est la seule voie à laquelle tu peux penser. Tu ne peux pas venger ton frère, ça équivaudrait au suicide. Tu ne peux pas non plus venger Hayley peu importe ô combien tu l’as voulu alors que tu ne connaissais pas l’identité de son tueur. Mais maintenant que c’est le cas, ta colère s’est envolée. Du dégoût, tu en as, mais plus de colère. Peut-être que tu as juste perdu ta force.

Tu mets la flasque à tes lèvres, le goût de l’alcool, bien trop fort, glisse dans ta gorge comme le nectar attendu depuis des siècles. Tu ne mérites pas de marcher librement, c’est ce que tu arrives à te dire mais malgré tes efforts, personne ne semble te croire lorsque tu leur dis la vérité. Ou alors on ne te regarde plus. Comme Joshua que tu n’as pas revu depuis l’annonce. Comme Hécate que tu évites le plus souvent possible. Parce que tu as gâché sa vie en voulant protéger la tienne, ce n’est pas quelque chose qu’elle devrait te pardonner, et pourtant elle l’a fait sans même réfléchir, te plongeant dans une incompréhension totale. Et toi t’es là, alors que tout le monde te cherche probablement, à te demander pourquoi t’es pas déjà mort, pourquoi t’es pas déjà parti, pourquoi t’espères que Niamh revienne alors qu’elle pourrait tout aussi bien te renier sitôt fait. Tu cherches le courage, en réalité, d’avouer tes actes à ta femme. Tu sais que tu dois le faire, que tu ne peux pas la laisser sans aucune explication alors qu’elle attend ton enfant. Le fait est que tu ne veux pas de cet enfant. Parce qu’il t’a fait comprendre que t’étais loin d’être cette figure paternelle que tu voudrais être, parce qu’il ne pouvait pas être éduqué comme toi tu l’avais été. Mais faut bien le dire, Castiel, tu ressembles plus à Gidéon que tu ne te plaisais à le croire.

Y a quelques mois, t’aurais bien dit que tu voulais pas d’un gosse parce qu’il pourrait te freiner dans tes projets, parce que tu ne voulais pas rester coincé avec une femme que tu n’aimes pas. Maintenant … Tu n’en veux pas parce que tu veux des enfants. Contradictoire mais compréhensible. Tu veux mériter le rôle de père, ne pas le prendre pour acquis. Tu ne veux pas que ton fils grandisse avec un père meurtrier, qu’il le sache ou non. Tu veux qu’il soit fier de toi comme tu aurais aimé être fier de ton propre père. Tu veux faire les choses bien. C’est sans doute pour ça que tu t’es tiré une balle dans le pied. Que tu ne vas pas tarder à en recueillir les conséquences.

Encore une fois, tu sais pas pourquoi t’es là. Probablement parce que t’as pas envie de mettre la machine en marche, que cet endroit a toujours eu la faculté d’arrêter le temps. C’est une illusion, rien de plus, mais tu t’accroches à ça pour grapiller minute après minute jusqu’à ce qu’elles deviennent des heures. Une fois que t’en seras sorti, tout te tombera dessus, les responsabilités, ton père, Nathan, Anthéa. Et t’as pas envie. Un bruit derrière toi te fait sursauter. Tu t’attendais pas à entendre quelque chose ou quelqu’un dans ce coin. Tu sais pertinemment que personne n’en connait l‘emplacement. C’est bien ta veine que quelqu’un vienne se perdre par là. “ Le coin est pris, allez ailleurs ! “ Tu gueules presque trop fort, à la cantonade, sans savoir si tu viens pas de parler à un couple de lièvres. Mais au moins, si quelqu’un est là, t’oses croire qu’il comprendra le message.




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Alexiel

Son doigt qui vient, une nouvelle fois, écraser sans pitié la touche effacer, ravalant ainsi les mots inscrits en noir sur blanc sur l’écran du téléphone. Il fallait qu’elle le fasse, il était impensable qu’elle continue d’errer dans les rues de Bray en espérant qu’il lui tombe dessus par pur hasard, lui évitant ainsi le difficile pas à franchir que représentait cette annonce à faire. Même si ça ne faisait que retarder l’inévitable, tout ça, car, tôt ou tard, elle allait devoir être confrontée à cette décision et aux conséquences qu’elle liraient dans son regard. Elle ne pouvait qu’espérer qu’elle n’avait rien causé d’irréparable… Sa lèvre inférieure subissait les assauts nerveux de ses dents pendant qu’elle s’approchait de la fenêtre pour capter un rayon de soleil, son regard se portait dehors, au-delà des haies qui cachaient le jardin aux regards des curieux. De l’étage, elle avait vue sur la rue, en partie du moins. Une partie suffisante, puisque c’est par là qu’il passa alors qu’elle ressassait pour la millième fois les mots qu’elle devrait lui envoyer mais qu’elle était incapable d’écrire jusqu’à la fin. Coucou c’est Alex, je suis de retour, on se boit une bière ?, Castiel… Je suis rentrée…, J’imagine que tu dois me haïr mais… Si je te disais que je suis de retour à Bray ?, Peut-être que mon numéro est effacé de ton téléphone, après tout ce temps, je comprendrais, alors peut-être que tu vas rien piger, mais…, etc, etc, etc. Piégée entre ses contradictions, elle cru d’abord halluciner, un vilain tour joué par son esprit farceur pour la pousser à croire qu’il était vraiment là, traversant la rue, comme si rien n’avait changé depuis toutes ces années. Alors que tout, probablement tout, avait changé. Sauf peut-être la destination du jeune homme. Il ne prenait pas la direction de la demeure familiale et l’instinct d’Alexis lui soufflait la réponse, la bonne réponse, elle le savait.

Ni une, ni deux, délaissant l’idée de lui envoyer le moindre message, un souffle de courage la fit dévaler les escaliers, attraper une bouteille de vodka qui traînait dans un placard, du jus d’orange, deux tasses, comme au bon vieux temps, comme avant. Dans son dos, la porte d’entrée claqua avec le vent alors qu’elle courrait presque pour traverser son jardin. À chaque nouveau pas, pourtant, son allure se ralentissait et il lui fallut en réalité un temps infini pour parvenir jusque là-bas. Personne n’avait jamais trouvé leur passage secret qui les emmenait dans ce lieu à l’écart du monde. Leur coin, à eux deux, rien qu’à eux. Avec cette souche sur laquelle ils s’asseyaient, leurs prénoms gravés dans cet arbre, et la vue, la vue qui n’appartenait qu’à eux.

Alexis s’écorcha légèrement les avants-bras en essuyant l’assaut des ronces qui avaient pris possession des lieux. Signe qu’il n’y était pas venu depuis longtemps ? Cette idée lui serra la coeur. Il avait abandonné la matérialisation physique de leur tous les deux mais elle avait fait bien pire puisqu’elle l’avait abandonné, purement et simplement. Enfin elle débouche sur la clairière, enfin elle pose son regard sur son dos, et enfin elle reprend sa respiration. Heureuse de ne pas s’être trompée, heureuse de le voir là, assis, heureuse de le retrouver en chair et en os même s’il n’a probablement encore pas conscience que quelqu’un vient de pénétrer son espace. C’est le sous-estimer, il gueule presque une fin de non recevoir à celui qu’il considère comme un intrus. Et peut-être que son identité ne viendra même pas changer cette perception… Malgré l’angoisse qui la pousse à se mordre plus furieusement la lèvre inférieure, Alexis avance d’un pas, et d’un deuxième. Il a les cheveux plus longs, elle le voit bien, et elle se demande quoi d’autre a changé chez lui. Sans savoir que la réponse risquerait de lui briser le coeur.

Sa voix se bloque dans sa gorge, alors elle continue d’avancer, à défaut de pouvoir parler, prise d’une panique qui monte, qui monte et qui lui donne envie de prendre ses jambes à son cou. Il va la repousser, lui dire d’aller au diable, ou il s’en foutra totalement, ce qui serait bien pire. Mais elle est pas peureuse, elle a du cran, elle sait faire face. Ouais, elle sait faire face. Sauf peut-être à la déception dans le regard de quelqu’un à qui elle tient comme elle tient à lui. Elle ne veut pas y lire tout ce qu’il serait en droit de lui renvoyer. Pas dans son regard. J’ai pas vraiment envie d’aller ailleurs lâcha-t-elle en s’asseyant à ses côtés, le regard fixé vers le lointain, incapable de le regarder lui. Pas en face. Et je me suis dit que, peut-être, tu voudrais bien de ça dit-elle en désignant les tasses et les bouteilles. De ça et d’elle. De son retour.
electric bird.

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Castiel & Alexis

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Les dernières gouttes d’alcool qui te restaient filent dans ta gorge alors que tu viens de gueuler comme un con, sans doute à des pauvres animaux, alors tu la jettes d’un geste rageur. T’as envie de fondre en larmes, mais t’y arrives plus depuis un moment, t’es carrément perdu Castiel, tu sais plus ce que tu fous à Bray, tu sais plus pourquoi t’es resté alors que t’aurais tout aussi bien pu t’envoler. Pourtant tu l’as pas fait, t’es prêt à assumer les conséquences de tes actes comme un grand alors que t’as pas la capacité de les regarder en face. T’as tenté de te trouver toutes les excuses du monde, c’était un accident et tout le bordel qui tourne autour, mais le fait est que tu l’as caché, ce putain d’accident, pendant trois longues années, sans éprouver le moindre remord, te refusant à penser à ton frère de peur de flancher. C’est ce qui te rend exécrable, c’est ce qui te rend mauvais alors que t’aurais tout fait pour être quelqu’un de bien, à une époque, tu aurais tout fait pour venger ta soeur et être une personne dont elle aurait pu être fière. Mais c’est fini depuis longtemps, c’est mort, c’est enterré, comme la moitié de ta famille maintenant. Parce que c’est pas toi qui te rendait bon. ça l’a jamais été, t’as pas l’instinct d’une bonne âme. Ce qui te rendait bon c’était Niamh, Scylla, Alexis, Maverick. Et quand l’un d’entre eux se barrait, t’avais tendance à enchaîner les conneries. Même Skye t’as rendu meilleur en un sens. Mais là tu t’es retrouvé seul, t’as dû composer avec ce que t’étais réellement, te regarder en face pour la première fois de ta vie, et ce que t’as vu, tu peux pas dire que ça te plaise. Tu pensais pouvoir éviter de te considérer comme un monstre, mais finalement c’est pas le cas. Quelque part tu souhaites que ça se termine, d’une autre tu aimerais tellement rester ici quitte à finir par crever de faim.

Tu entends les pas derrière toi et quelque part, t’as cet instinct du chasseur qui ne t’a jamais quitté. Tu sais qui se trouve derrière toi, tu l’as entendue marcher des millions de fois et si tu perds peu à peu de ta sanité d’esprit, t’as rien perdu de ton ouïe et de tes capacités physiques qui te rendaient bon dans ce que tu faisais, quand tu pensais encore que ta soeur avait été déchiquetée par des métamorphes et non par ton propre père. Tu te figes, alors qu’Alexis commence à parler, tu sais pas vraiment comment réagir, tu sais même pas si t’es pas en train de perdre la tête et de t’imaginer des choses que tu espérais juste pour pas faire face à la réalité. Mais est-ce que tu aurais voulu qu’elle revienne, réellement? Surtout maintenant, surtout en sachant ce qui t’attends au bout de la ligne ? Même si tu lui en as voulu de partir sans un mot, même si tu l’as haïe tellement de fois alors que tu essayais de la joindre et qu’elle avait de toute évidence changé de ligne, est-ce que t’as vraiment envie de la faire souffrir en lui montrant qui tu es réellement, en la mettant devant le fait accompli? Le meilleur serait qu’elle le comprenne avant même que tu aies eu le temps de prévenir ta propre femme. Ce serait pas vraiment une surprise, en réalité, tous ceux qui vous connaissent tous les deux savent pertinemment l’opinion que tu as d’Anthéa, qu’elle commence à changer importe peu, c’est toujours pas l’amour fou et sain que tu voulais avoir quand t’étais gamin. Pas le genre de mariage où elle t’aiderait à enterrer un corps en tout cas. Ou à cacher celui déjà enterré, pour ce que ça importe.

Tu sais pas quoi dire, en vérité. T’es figé dans cette incertitude, alors tu dis rien pendant quelques secondes. T’as envie d’être heureux, mais là, l’alcool aidant, t’es juste amer. Alors tu fais ce que tu sais faire de mieux, tu l’envoies chier et tu pries pour qu’elle se casse. “T’es revenue hein? Qu’est ce qu’il s’est passé, ils ont décidé qu’ils voulaient plus de toi à … Attends, t’étais où déjà? C’est vrai … T’as oublié de le mentionner dans la note que tu m’as laissé épinglée juste là quand tu t’es barrée. ” Tu te souviens encore du jour où tu devais la retrouver là, mais à la place, y avait juste un putain de papier à moitié déchiré. Aucune information, juste la certitude du départ précipité. Tu t’es senti trahi, ce jour-là, plus sans doute, que tu ne l’as jamais été. Niamh au moins avait eu la décence de te regarder dans les yeux lorsqu’elle a pris la même décision. “T’imagines pas comme j’ai eu besoin de toi, et tu m’as même pas laissé un numéro de téléphone. Je dois prendre comme un honneur le fait que tu viennes me parler maintenant? ” Tu la regardes dans les yeux, t’es furieux, t’es énervé et tu l’es parce que tu l’aimes, malgré les années t’as jamais arrêté de te demander où elle était passée, t’as jamais arrêté de vouloir qu’elle revienne, et le destin t’as encore foutu un coup en te la ramenant au moment où tu allais perdre tout le reste. “Et si tu te demandes pourquoi je suis en costard, c’est parce que Nathan est mort et que son enterrement est dans quelques heures. Il est mort deux semaines après que tu te décides à te barrer. Juste pour que tu saches ce que t’as manqué. J’espère que le trajet a été agréable pour toi. ” Ta folie passagère est revenue, tellement que tu te demandes pas si elle se posera la question de savoir pourquoi on enterre un corps mort depuis trois ans. Tu te lèves pour faire les cent pas, parce que tu veux juste pas être à côté d’elle, pas pour le moment. Le fait est que tu sais que si tu restes trop près, tu vas t’effondrer.





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Alexiel

Le silence qui s’installe est tout sauf ceux qu’elle a toujours connu avec lui, en particulier dans cette clairière qui leur permettait de s’évader du monde le temps de quelques heures. Ce n’est pas un de ces silences qui avait des goûts de plénitude, parce qu’ils étaient deux âmes à leur place et qu’ils n’avaient tout simplement pas besoin de parler pour comprendre, pour savoir. Pour être bien. Tout l’inverse de la situation actuelle. Alexis voudrait pouvoir entamer les gestes tellement familiers. Ouvrir la bouteille, servir deux bonnes tasses, rire de quelque chose. Ou alors lui passer la main dans ses cheveux devenus longs pour dégager ses yeux et savoir immédiatement tout ce qui allait et tout ce qui n’allait pas. L’entendre parler. Même si elle n’était pas sûre que ce soit préférable au silence, confirmation acquise quand sa voix, cassante, lui envoya une première salve de reproches. Elle s’y était attendue, tout en espérant qu’elle pourrait y échapper. Toujours sans le regarder, partagée entre l’envie de le comprendre d’un regard et la peur d’y lire de la déception ou une rancoeur trop grande pour eux, elle recommence à se mordre nerveusement la lèvre. Riverside répondit-elle, comme si cette information arrivait à temps, comme si ça pouvait encore changer quoique ce soit. Peut-être, s’il reliait ce nom à la Californie du Sud, servirait-ce tout au plus à lui faire comprendre à quel point elle avait eu besoin de s’éloigner de Bray, de son ambiance, de ses paysages, pour quelque chose de radicalement différent. Je… J’ai eu une place à Dublin. Et ils ont cessé l’assistance respiratoire. C’était plus que vague mais elle savait qu’il comprendrait de quoi elle parlait. Pas besoin d’en dire plus, et en même temps elle mourrait d’envie de lui parler, de ne pas se contenter de ces quelques mots arrachés violemment à ses cordes vocales qui ne demandaient qu’à ne plus fonctionner. Un SMS aurait été plus facile. Comme ça avait été plus facile - mais néanmoins déchirant - de laisser un mot épinglé là. Comme ça l’avait été de ne répondre à aucun de ses appels ni messages plutôt que de lui donner des nouvelles, de lui expliquer, de ne pas l’abandonner complètement.

Ces reproches, elle pouvait les encaisser. Mais la suite lui donnait envie de remonter le temps pour ne pas entendre ça. Elle sentait son regard peser sur elle mais elle était encore plus incapable de le soutenir. S’il savait comme elle aurait aimé l’avoir, lui, aussi. Sauf que ça n’était pas possible, qu’il lui fallait tout fuir pour éviter de finir éparpillée en mille et un morceaux, même ce à quoi elle tenait le plus. Ça ne servirait à rien de dire que je suis désolée mais… mais c’est le cas. Si tu savais... À quel point elle s’en voulait d’avoir provoqué cette situation et ces années sans plus jamais se parler. Et en même temps, il lui était impossible de totalement regretter, parce qu’elle savait que si elle était restée à Bray ou si elle avait gardé contact avec qui que ce soit, même la personne qui comptait le plus à ses yeux depuis que sa famille était redevenue poussière, elle n’aurait jamais pu réparer tout ce que Bray avait abîmé en elle. Si elle avait gardé contact avec Castiel, c’est bien simple, elle ne serait pas restée longtemps à Riverside.

Alexis cru sincèrement, en le voyant se lever, qu’il la plantait là et quittait leur clairière et, encore abasourdie parce ce qu’il venait de lui dire, elle ne saisit pas toute la portée de son soulagement. Comment ? Ce n’est même plus de la culpabilité qu’elle ressent à cet instant, mais quelque chose de mille fois pires. Savoir qu’elle l’avait abandonné était déjà suffisemment douloureux et compliqué à gérer, mais apprendre que c’était arrivé à l’aube d’une perte énorme, ça amplifiait encore le truc. Je... Mais ses mots se coincèrent dans sa gorge. Elle n’était plus vraiment en droit de lui dire à quel point elle était désolée, ni lui présenter ses condoléances, ni se lever pour le serrer dans ses bras, non, tout ça arrivait trop tard, elle en avait bien conscience. Baissant les yeux sur ses mains tremblantes, Alexis s’empara de la vodka, servi les deux tasses, bien plus que généreusement pour sa part, et compléta avec le jus d’orange. Ça n’atténua en rien les tremblements mais ça l’occupa quelques secondes qui lui permirent d’oublier que Castiel était là, à faire les cent pas, une électricité qui chargeait l’air ambiant. Le trajet a été long. Je n’arrêtais pas de penser à… ce moment avoua-t-elle les yeux perdus dans le liquide de sa tasse.

Cas... Alexis se leva après quelques secondes de silence, cherchant le regard du jeune homme, portée par une vague suicidaire de courage, une envie impérieuse de le regarder, de le voir, et tant pis pour la colère qu’elle pouvait voir palpiter autour de lui. Tu m’as manqué, à chaque jour que je passais loin de Bray furent tout ce qu’elle parvint à dire. Pas de grand discours pour expliquer pourquoi, pas de grandes plaidoires pour qu’il la pardonne, juste la douloureuse vérité que ce qui lui avait permis d’aller mieux avait aussi causé des dommages peut-être irréparable à un de ceux à qui elle tenait le plus, si ce n’était celui à qui elle tenait le plus dans cette foutue vie dans un monde fou.
electric bird.

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Castiel & Alexis

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T’as longtemps espéré qu’Alexis revienne. Tu te l'avouerais pas, c’est certain, c’est en grosse partie pour ça que cet endroit est à l’abandon, parce que tu savais pertinemment bien que si tu y retournais, tu ne pourrais t’empêcher d’attendre qu’elle soit là aussi. Parce que cet endroit n’avait pas de sens si l’un de vous deux ne s’y trouvait plus, il perdait de son intérêt, de sa symbolique, et il devenait complètement inutile dans ses fonctions premières. Et tu aimerais pouvoir prendre ça directement comme un don du ciel, comme un cadeau, parce que tu as déjà trop de rancoeur à distribuer pour t’en rajouter une couche. Mais non, tu ne peux pas la voir autrement qu’une trahison. T’es pas con au point de te dire que si elle avait été là les choses auraient été différentes. Tu sais pertinemment bien que ce n’est pas à cause d’Alexis que Nathan est mort, mais quelque part, tu aurais peut-être pu effacer Gaïa, Charlotte et même Anthéa. Peut-être que si elle était restée, tu aurais été beaucoup moins perdu et que tu n’aurais pas eu à faire face à ton destin avec un héritier non voulu sur les bras pour compléter le tableau. C’est injuste de lui reprocher tout ce qui ne va pas chez toi, mais peut-être que ce dont tu as le plus besoin maintenant, c’est d’un coupable, juste d’une raison pour te retrouver dans cette situation et pas dans une autre. Tu finis par tiquer et tourner ton regard vers elle alors qu’elle mentionnait l'hôpital de Dublin. Et son frère. “ Je suis désolé. “ Ce n’était pas une offrande de paix, loin de là, pas encore en tout cas. Mais désolé, il l’était vraiment. C’était con à dire mais s’il lui en voulait c’était parce qu’il l’aimait et il n’était sans doute pas la moitié du monstre que la plupart voulait qu’il soit, alors à cette nouvelle, il n’allait sûrement pas renchérir. Il aurait sans doute pu, auprès de n’importe qui, mais pas Alexis. Faut dire ce qu’il en est, même les monstres ne peuvent pas être monstrueux avec tout le monde. Alors tu te contentes de te murer de nouveau dans le silence pour ne pas avoir à capituler, parce que tu es trop fier et la blessure trop profonde.

Ce n’est pas que tu ne crois pas en ses excuses. En réalité, tu sais qu’elle est sincère, pourquoi est-ce qu’elle se retrouverait là sinon ? Elle te connaît, elle devait bien se douter que ce ne serait pas une partie de plaisir que de se retrouver avec toi pour des explications, c’est quelque chose qu’elle a dû penser, et on ne se lance pas dans une entreprise telle que celle-ci si on ne veut pas réellement être pardonné. Mais tu sais pas vraiment quoi répondre alors tu ne dis rien. Tu avais besoin qu’elle soit là, tu ne serais peut-être pas profondément dans la merde si elle l’avait été, peut-être que tu aurais confessé le meurtre immédiatement, peut-être que tu n’aurais aucune conséquences aggravantes telles qu’avoir caché le corps pendant trois putains d’années, peut-être que le fait que l’homicide soit involontaire aurait joué en ta faveur. Sûrement, même. Parce qu’Alexis, elle était ta raison quand tu te décidais à comprendre que tu n’en avais aucune. Toi tu avais paniqué et personne pour te dire qu’elle était la bonne décision, alors ça avait été le moment parfait pour que ton père reprenne le dessus, qu’il te forge comme il le voulait. Mais c’est ta faiblesse qui te rendait coupable, malgré tout le reste.

Et tu évoques Nathan comme si ce n’était rien, comme si elle pouvait quelque part en être coupable, qu’elle aurait dû être là pour te soutenir, alors que c’est toi, juste toi qui l’a tué, et que si tu n’avais pas été là, il serait encore en vie quelque part. C’est la culpabilité que tu ressens que tu transfères sur elle pour ne pas avoir été présente, pour ne pas t’avoir aidé, alors que le plus gros problème de cette situation, c’était toi. Tu sais que tu ne pourras jamais avouer à ta femme ce que t’as fait. Tout simplement parce que tu n’arrives même pas à l’avouer à Alexis. Pourtant, ces mots, ils sont sortis de ta bouche, plus d’une fois. Joshua, Hécate même si elle était au courant, Tobias également. Mais pourtant, il faudrait que ça sorte. Juste parce que tu ne peux pas laisser les choses ainsi, même si ça ferait bien lieu de punition. Mais punition pour qui? Découvrir dans les journaux que tu es un meurtrier, dans quel monde ça vaudrait mieux que l’entendre de ta bouche?. “ Un accident. Il était furieux contre mon père et j’ai tenté de le contenir … “ Tu t’arrêtes là, en fin de compte y a pas grand chose à dire de plus, t’as essayé de le retenir et dans sa furie t’as pas pensé à retenir tes forces. Nathan, ça a toujours été le plus faible de la famille, la crevette, celle que tu soulèves d’un bras quand il t’écoute pas. Enfin, pas toi, t’as jamais été très épais non plus, mais Gidéon pouvait facilement le faire. Alors toi et tes entraînements de chasse … C’est pas comme s’il pouvait y échapper, pas vrai? Comme une scène qui se rejoue à l’infini, tu le vois s’écraser contre le mur puis contre la table basse et le temps qui semble s’arrêter quand tu comprends que ton acte de protection a dégénéré. Le pire c’est que tu l’avais fait pour le protéger, lui. Contre un père qui aurait facilement pu le tuer, et finalement, tu avais pris un parti que jamais tu n’aurais envisagé prendre alors que tu t’étais battu toute ta vie contre lui. “ J’espère que t’es pas déçu des retrouvailles alors.“ Le cynisme si peu voilé.

Tu continues de faire les cent pas, sans savoir ce que tu veux, si c’est juste partir, t’enfuir, ou si c’est rester, si c’est laisser parler tes sentiments positifs, si peu présents dans ta vie, ou les négatifs que tu sens brûler très proches, la rancoeur, la déception, la trahison, la tristesse. Et comme elle le faisait, comme elle te tendait la main dès que toi tu n’étais pas capable de prendre la moindre décision, elle se positionna face à toi, t’obligeant à la regarder dans les yeux. Et tu ne voulais pas, parce que tu étais bien trop faible, parce que tu ne voulais pas voir dans le reflet de son regard ce que tu étais devenu. Pourtant, tu ne peux y échapper, et c’est après un long silence, la voix cassée par l’émotion, que tu l’attires vers toi pour la prendre dans tes bras. “ Toi aussi tu m’as manqué. “




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Même si l’arrêt de l’assistance respiratoire de son frère avait accéléré les choses, ce n’était pas pour cette unique raison qu’Alexis était revenue à Bray. Le cas échéant, elle se serait simplement rendue au cimetière, sans prévenir personne, pour déposer trois lys blancs sur trois tombes qui représentaient presque toute sa vie, et serait retournée à Riverside, profiter du soleil qui semblait ne jamais s’éclipser derrière des nuages lourds de pluie, prête à croire que tout allait mieux là-bas. Non, bien avant que cette décision soit prise, elle avait déjà postulé pour effectuer son internat à Dublin. Prête à revenir, prête à retrouver tout ce qu’elle avait laissé derrière elle, et en même temps bien moins que ça. Ils étaient nombreux à être partis, comme poussés à faire de même suite à son abandon. Et si elle se refusait de penser à Maverick, de l’imaginer dans les rues de Bray, afin de ne pas paniquer à l’idée de le recroiser, l’image de Castiel avait été ancrée dans son esprit tout le long de son voyage, et bien avant ça encore. Sans lui, peut-être qu’elle ne serait jamais revenue ici. Quoiqu’il se soit passé dans cette ville pour Alexis, Castiel avait toujours été là. Une ombre rassurante au tableau, une ombre qu’elle avait toujours recherchée, rassurée de la voir du coin de l’oeil, avant de l’abandonner quand elle avait compris que, sur ce coup-là, même lui ne pourrait rien faire pour l’aider. À l’époque, elle aurait aimé que ce soit différent, elle aurait aimé pouvoir rester à Bray et garder contact. Maintenant, les regrets s’étaient envolés face à la nécessité de la chose, restait la peur qu’il ne lui pardonne jamais. Léger haussement d’épaules alors qu’il lui dit être désolé, parce qu’il n’y est pour rien. Et au fond, depuis bientôt dix ans, l’idée que jamais son grand frère ne se réveille avait eu le temps de faire son chemin. Quelle vie aurait été la sienne, de toute façon ? Ses derniers souvenirs dateraient de quand il avait vingt ans, et il se réveillerait trentenaire, avec un monde profondément bouleversé. Était-ce mieux, ou pas, Alexis n’avait pas tranché, mais c’était comme ça de toute façon. Et Castiel n’aurait rien pu y faire. Malgré tout, elle était contente qu’il lui offre ces quelques mots, comme un début d’espoir qu’il ne lui en voudrait pas éternellement.

Les lèvres pincées jusqu’au sang, Alexis laissait la culpabilité l’envelopper. Elle n’avait pas été là pour lui dans ce qui était probablement l’un des pires moments de sa vie. Alors que lui, il avait été là lorsque ses parents étaient morts et que la lente descente aux enfers avait commencée. Il avait toujours été là, soutien indéfectible, et Alexis partait quelques semaines seulement avant qu’un drame pareil ne se produise dans sa vie à lui. Dire qu’elle s’en voulait était un euphémisme. De ne pas avoir été là pour lui, de l’avoir abandonné au pire moment… Elle le savait bien, pourtant, que sa décision de partir de Bray était plus qu’égoïste même si elle était nécessaire. Mais s’en rendre compte à ce point là était douloureux. Ton père a tué ton Nathan ? lâcha-t-elle d’une voix blanche, une haine et des espoirs sous-jacents. Parce qu’elle le détestait, son père, elle ne l’avait jamais aimé et ça avait été réciproque dès son plus jeune âge. Elle n’aimait pas ce qu’il tentait de faire de Castiel, elle n’aimait pas cette emprise qu’il avait sur les gens et encore moins sur son meilleur ami. Non, elle ne le portait pas dans son coeur, c’était le moins que l’on puisse dire, raison pour laquelle il lui était plus facile de poser cette question-là à voix haute alors que son coeur avait cessé de battre en comprenant ce que les mots du jeune homme voulaient plus vraisemblablement dire. Mais c’était impossible, pas lui, pas Castiel, pas son frère, pas pour son père, elle refusait de laisser seulement l’idée effleurer sa conscience, attendant, pleine d’espoirs, qu’il lui confirme que son géniteur était bien le connard qu’elle pensait.

Le cynisme de Castiel la faisait frissonner mais ce n’était pas comme si elle n’y était pas préparée. Elle ne s’attendait pas non plus à des retrouvailles souriantes, du type on efface tout et on recommence. C’était de bonne guerre, ce qu’il lui envoyait, elle s’y pliait volontier parce qu’il était impensable qu’elle ne fasse pas tout pour retrouver son meilleur ami. Je ne pouvais pas rêver mieux réplique-t-elle avec une pointe d’ironie derrière la lassitude de sa voix. Parce qu’au fond, c’est en grande partie vraie. Elle n’avait pas envie de le croiser par hasard au coin d’une rue, ou le retrouver à une soirée, alcoolisé, ni-même qu’il apprenne sa présence par quelqu’un d’autre. Alors dans cette clairière, rien que tous les deux, non, elle n’était pas déçue. Et son attitude, encore une fois, elle s’y attendait, bien que ça reste douloureux à gérer, rêver mieux aurait été une insulte à leur amitié et à la connaissance qu’ils avaient l’un de l’autre. C’est toujours ici qu’on se retrouvait quand ça n’allait pas, et on en ressortait… un peu mieux. Alors... Alors une fois de plus, elle espérait que la magie de leur antre secret fonctionne. Que la magie de leur relation fonctionne.

Il lui a tellement manqué. Debout, face à lui après avoir attiré son attention, elle se rend pleinement compte d’à quel point il lui a manqué. Et tout le manque qu’elle ressentait n’était qu’un très léger prémice à ce qui l’habitde maintenant. C’est peu dire qu’elle le dévore des yeux, après trois longues années sans l’avoir vu, elle cherche chacun des traits qu’elle connaissait par coeur avant, constate les changements avec un pincement au coeur, constate aussi cette sombre noirceur tapie dans son regard, se demande d’où elle vient, à quel point elle est présente, à quel point les choses ont changé. Mais il y a aussi du soulagement, en constatant que derrière toutes les différences, il y a encore son Castiel. Il est encore là, dans l’ombre de son regard, dans cette colère qui palpite et qu’elle connait par coeur, dans ces cheveux trop longs, dans ce costume qui lui va parfaitement bien. Elle s’en fiche pas mal du long silence à l’instant présent, trop occupée à l’étudier sous toutes les coutures, à se raccrocher à sa présence physique comme elle n’avait pas pu le faire depuis trois ans, devant se contenter des très nombreux souvenirs qu’elle avait de lui. Elle peut presque lire dans ses iris le combat qu’il se livre intérieurement. Quelque chose qui doit probablement ressembler à l’envoyer bouler contre faire une trève. Elle craint sérieusement que la première idée ne l’emporte, tout ce qu’elle lit de rancoeur, c’est énorme, mais encore une fois ils sont plus forts que ça, plus fort que tout, et elle se sent entière comme elle ne l’avait pas été depuis très, très longtemps quand il la prend dans ses bras et qu’elle s’accroche à lui comme à une bouée, chose qu’il a toujours été pour elle et qu’elle a toujours été pour lui. Deux bouées accrochées ensemble, ballotées par un océan furieux. Et l’entendre dire à voix haute qu’elle lui a manqué, c’était tout ce qu’il manquait pour que les larmes coulent en silence le long de ses joues avant de se perdre sur le costume hors de prix de Castiel. Je suis tellement tellement tellement désolée Cas lâcha-t-elle, la voix brisée. De toute. D’être partie, pour Nathan, de tout ce qui était arrivé en trois ans, qu’elle le sache ou pas, elle était désolée de tout. C’était probablement les excuses les plus sincères qu’elle n’avait jamais prononcées, et elle savait qu’elle n’avait besoin de les dire à voix haute qu’une fois pour qu’elles soient comprises comme ce qu’elles étaient.
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Castiel & Alexis

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T’es empli de sentiments contradictoires. De la colère, comme si t’être senti trahi trois ans plus tôt ne ressurgissait que maintenant, alors que ça fait trois ans que c’est resté ancré en toi. Alexis t’a obligé à faire ton deuil, comme si elle ne reviendrait pas, comme si elle était partie pour de bon et que c’était ton tour de la laisser partir. Parce que c’est comme ça que tu l’as vécu, même en sachant qu’elle était toujours en vie, quelque part, en un sens pour toi elle était morte. Non pas que tu veuilles qu’elle le soit, mais son départ, c’était un adieu, pas un au revoir. C’est la façon dont tu l’as perçu et sans doute la façon dont elle voulait que tu le perçoives, ne serait-ce que pour éviter de cultiver un espoir irrationnel chez toi, l’espoir qu’un jour elle franchisse de nouveau le pas de cette antre qui vous appartenait. Alors t’es en colère, t’aurais presque envie de frapper les murs, les arbres, tout ce qui te tombait sous la main, parce que c’était trop pour toi, là maintenant, tu voudrais que ça s’arrête, tu voudrais ne plus ressentir, comme ça avait été si facile pour toi au cours des dernières années. Mais quelque part, c’est la jeune femme qui t’a poussé, sans le vouloir, à enfermer tout ce qui grondait en toi pour éviter de sombrer. Personne avec qui partager la mort de ton frère, personne pour se faire voix de la raison, personne pour te faire comprendre que devenir comme ton père n’était pas la solution. Abandonné, seul, trahi, tu n’avais eu d’autres choix. Mais c’est faux, et tu le sais parfaitement bien. Tout le monde a le choix et toi t’as juste le don de faire les mauvais, encore et encore jusqu’à ce que tu fasses celui de trop. Mais t’as passé cette ligne il y a des années. T’avais beau te convaincre que c’était un accident sans importance, tu voyais le désespoir de Phoebe, ses appels incessants sur un téléphone qui avait cessé d’exister le soir même où l’âme de Nathan avait quitté son corps. Et t’avais été plus horrible encore que ton patriarche, la puissance affirmée, celui qui ne cache pas vraiment sa noirceur. Parce que toi t’étais encore le grand frère, celui qui la consolait, alors que tu portais le masque de bourreau sans qu’elle ne s’en rende compte. Mais plus pour longtemps, tu le savais. C’était peut-être ça, un cadeau du ciel de te rendre la personne la plus précieuse à ton coeur, un peu comme le dernier souhait d’un condamné à mort. Mais t’es pas seulement en colère, non. Y a une partie de toi qui est heureuse. T’es heureux, avec tout ce qu’il se passe, avec ton monde qui s’écroule autour de toi, t’as ce sentiment presque malsain dans la situation. La perte d’espoir pour le retrouver, comme si la simple présence de la Samson te murmurait que tout finirait par s’arranger. Mais c’est pas ce que tu veux, ce bonheur, tu le mérites pas. T’as pas assez souffert même si ton esprit t’affirme pourtant que t’as douillé plus que n’importe quel djinn en quatre vies. Mais c’est encore pas assez pour supporter les cauchemars, pour supporter ce souvenir que tu veux enfouir encore pour ne plus ressortir mais que la seule bonne partie de ton être qui demeure t’a forcé à assumer. L’annonce de la mort de son frère te plonge pourtant dans une profonde tristesse. T’es trop concentré sur ce que tu vis pour te dire qu’elle aussi, elle a vécu bien trop pour une si courte vie. Si t’éloigner de ta famille a été longtemps ton rêve, le sien était de retrouver la sienne, et t’as mal pour elle encore plus que tu n’as mal pour toi.

Puis l’annonce, le fait est que tu peux pas lui cacher quelque chose d’aussi inavouable, t’en es bien incapable. Pas à elle. S’il y a bien une personne qui ne doit pas l’apprendre en te voyant dans les médias menottes au poignet, c’est Alexis. Alors t’en parles, doucement, à force de sous-entendus. Tu le sais qu’elle a compris, mais tu sais aussi que t’as besoin de le dire. Parce que ça fait trois ans qu’elle ne t’a pas vu et l’homme qu’elle a quitté n’est plus le même que celui qu’elle retrouve. Tout a commencé avec Nathan, puis Gaïa, mais ça ne s’est pas fini là. T’as eu la pire évolution de l’histoire de l’humanité et si t’essaies de t’en sortir, tu sais pas à quel point c’est efficace. Mais tu peux dire ce que tu veux, tu sais que c’est pas de sa faute, juste entièrement de la tienne, parce que t’es faible, Castiel, tu l’as toujours été. Tu t’es perdu à vouloir oeuvrer pour la bonne cause alors même que tous tes faits et gestes n’ont fait qu’empirer le monde autour de toi. T’as blessé, détruit, envenimé sans un seul regard en arrière. Si elle veut savoir qui tu es, il faut qu’elle voit le monstre en toi. Il faut qu’elle sache pour Charlotte. La pire histoire que tu aurais à raconter, pire que Nathan, pire que tout. Parce que la Egerton, ce n’était pas un accident. Ce n’était pas ton père, peu importe l’influence qu’il pouvait avoir sur toi. Non, Charlotte, c’était ta décision. Mais chaque chose en son temps. “ Non. S’il est coupable de quelque chose, c’est d’avoir tout fait pour qu’on ne me soupçonne pas. “ Tu l’as pas dit, pas vraiment. T’as pas envie, c’est au-dessus de tes forces. Remettre un coup de réalité sur ce que t’as fait, même si tu ne le nies pas, tu ne le nies plus, il est beaucoup trop tard pour ça. “ L’ironie c’est que finalement, il a protégé l’un de ses enfants, moi qui l’en croyait pas capable. Juste pas le bon. “ Mais Alexis elle sait pas non plus pour Hayley. Toi-même tu ne l’as appris que le soir de la mort de Nathan. Seule Hécate en a eu écho et on sait bien où ça l’a mené. Voilà un secret que tu comptes garder, la vérité peut-être, mais pas au prix de la vie d’Alexis. Ta voix se brise alors que tu la regardes, toi qui fuyait son regard. “ T’imagines pas ce que j’ai fait, ce que je suis devenu. Je suis allé beaucoup trop loin, beaucoup trop longtemps. Mais … Y a eu cette chose … ça m’a poussé à me demander si c’était vraiment ce que je voulais être, tu sais. Alors … “ Tu parles mais il est peu probable qu’elle comprenne un mot de ce que t’es en train de lui dire. La chose, c’est la grossesse d’Anthéa, te dire que ton fils aurait sans doute le même père que toi, c’est ce qui t’a éveillé, quelque part. Cette migraine constante, ces nausées que tu pouvais réprimer à l’idée de devenir père, encore plus à l’idée de n’avoir rien d’un modèle. “ J’ai appelé les flics. Je sais pas quand ils vont finir par retracer l’appel ou s’ils l’ont déjà fait. Mais ce qui est sûr, c’est que je vais plus pouvoir errer très longtemps.“

Tu finis par retrouver le silence. T’as pas tout dit, t’as pas besoin. Tu sais qu’elle te connait, tu sais qu’elle a vu ta noirceur, qu’elle veuille s’en rappeler ou pas. T’as pas besoin de détails, pas tout de suite du moins. Alors tu te fonds dans un mutisme certain. ça avait quelque chose de prédestiné, le fait que vous vous retrouviez là alors que t’y avais pas foutu les pieds depuis des années. Comme si on t’avait bien accordé ta dernière faveur. “ J’aimerais pouvoir en ressortir un peu mieux ...“ Mais peut-être que tout ne se réglait plus aussi facilement.

Bien sûr que tu lui en veux encore. Tu ne peux pas, en un claquement de doigts, décider de lui pardonner comme si ces trois dernières années n’avaient pas existé. Tu ne peux tout simplement pas, alors tu te contentes de la regarder, alors que tu hésites entre lui tourner le dos et tout l’inverse. Ce serait la chose à faire, sans doute, la moins égoiste, lui tourner le dos. L’accepter de nouveau dans ta vie c’est déposer une partie de ton fardeau sur ses épaules, l’obliger à te regarder sombrer encore et encore même si pour toi, c’en est presque une délivrance. Mais si y a bien quelque chose qu’on sait sur toi Castiel, c’est que l’égoïsme fait partie de tes travers les plus affirmés. Alors tu la prends dans tes bras parce que c’est la seule chose, aujourd’hui, qui peut te permettre de tenir. Tu la tiens contre toi comme si personne ne t’attendait nulle part, comme s’il n’y avait plus que vous dans un monde vide. T’aimerais que ce soit le cas, sentir le temps s’arrêter encore une fois, une dernière fois, ne jamais avoir à retourner vers la réalité. Tu sens la vérité dans sa voix, et tu fermes les yeux, juste pour te laisser happer par l’émotion, rien que quelques secondes. “ Je sais. “





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Un cillement. Puis un battement de cils auquel se raccroche une larme, humide. Et ses yeux qui se ferment, forts, comme si la perte momentanée de sa vue pouvait effacer ses mots qui semblaient s’incruster dans son esprit telle une chair marquée au fer rouge. Il ne l’a pas dit, pas vraiment. Et pourtant elle comprend ce qu’il essaie de lui avouer, implicitement. Elle avait déjà compris bien avant de poser sa question, elle avait peut-être même compris que plus rien ne tournait rond en pénétrant dans la clairière, comme un sombre pressentiment né de ce que dégageait Castiel. C’était plus un océan furieux dans lequel elle était perdue, c’était le vide qui l’engloutissait de toute parts, pour la laisser, là, anéantie, une tristesse et une douleur sourdes qui montaient, montaient, montaient, l’emplissaient tellement qu’elle avait l’impression que sa gorge allait exploser, et qui, au final, la laissaient vide, complètement vide, incapable de la moindre réaction, alors que la voix de son meilleur ami était la seule qui la rattachait à la réalité d’au-delà ses paupières, dans cette clairère, dans leur antre, où en quelques minutes de retrouvailles plus qu’incertaines, des vérités déjà bien trop dures se dévoilaient. Castiel, Nathan, leur père, la mort, tout se mélangeait dans son esprit qui refusait d’admettre ce que son coeur avait déjà bien assimilé. Qui refusait de tirer un sens des paroles embrouillées du jeune homme, qui refusait de chercher ce que pouvait être cette chose qui, vraisemblablement, l’avait poussé à appeler les flics pour se dénoncer, qui refusait de comprendre ce que ça tout cela impliquait. Aussitôt retrouvé, aussitôt perdu. Elle avait envie de se laisser tomber par terre à cette idée. Tout ce qu’elle fit, c’est rouvrir des yeux baignés de larmes, les lèvres tremblantes, à la recherche de Castiel. De son Castiel. De cette petite part de lui, celle qui n’avait pas encore cédé à ces sombres prédispositions lorsqu’elle était partie, cette petite part qui, elle l’espérait, était toujours là. Petite part, peut-être, mais la plus grande et la plus importante à ses yeux. Celle qui finissait toujours par rejaillir quand ils étaient ensemble. Celle qu’elle s’était efforcée de protéger des années durant avant de lâchement fuir. Tu… Pourquoi ? demanda-t-elle après un long silence. Pourquoi avait-il appelé les flics ? Pourquoi s’était-il dénoncé ? Pourquoi s’infligeait-il cela ? L’égoïste Alexis lui en voulait presque d’avoir fait ça. Parce qu’elle avait tellement besoin de le retrouver, après tout ce temps, que l’idée de murs épais et de barreaux dressés entre elle et lui, ça lui était tout simplement insupportable. Elle était égoïste de ressentir ça, alors que c’était elle qui avait tout quitté, qui l’avait abandonné. Et puis n’importe qui la trouverait folle à lier de ne pas se préoccuper plus que ça du fait que son meilleur ami était coupable d’un crime. Mais ça, elle s’en fichait. Ou plutôt, ce qui la préoccupait, l’inquiétait, c’était cette part de Castiel, celle-là qu’elle protégeait. Qu’était-elle devenue ? Existait-elle toujours où avait-elle fini par disparaître avec tous ces actes ? Sa tête lui tournait, menaçait d’exploser, alors qu’elle se baissait pour ramasser une des deux tasses dont elle vida presque tout le contenu. L’alcool, c’était son péché, ce vers quoi elle se tournait toujours quand elle avait l’impression de vaciller trop fort et qu’elle n’était pas sûre de pouvoir tenir debout. Elle n’en avait guère eu besoin, à Riverside. Et voilà que l’effet Bray revenait en force. Et puis après un autre long silence qu’Alexis n’avait même pas vu s'installer, tellement son esprit chaotique tournait à mille à l’heure, la voix de Castiel la raccrocha une nouvelle fois à la réalité. Pourquoi doutait-elle ? Bien sûr que la part de bon en Castiel existait toujours. Parce que c’était tout ce qui le différenciait encore de son père, et qu’Alexis était très loin d’avoir un Gideon bis en face d’elle. Malgré tout ce que son meilleur ami avait bien pu faire en trois ans, il restait encore lui, le lui pas tout à fait empoisonné par les noires idées et les noirs agissements de son géniteur. Ça ne tient qu’à toi... souffla-t-elle. Se battait-il encore contre l’influence de son père ? Avait-il finalement cédé ? Alexis allait-elle regretter encore plus son absence ? Est-ce que... hésita-t-elle, les mots trouvant difficilement le chemin de la sortie. Est-ce que toi... ça va ? Question idiote en apparence, mais elle savait qu’il ne la prendrait pas seulement pour ce qu’elle signifiait en surface. Parce que bien sur que non il n’allait pas bien. Mais comment formuler plus rapidement la multitude d’interrogations qui tourbillonnaient dans son esprit à cette seconde ? Comment lui faire comprendre que tout ce qui la préoccupait, c’était son état à lui, qu’importe le reste, qu’importe les autres ? Comment ne pas penser plus que nécessaire à ces deux mots qui étaient désormais dotés d’un sens commun, quand bien même Alexis y était réfractaire ? Castiel. Meurtrier.

Le bon côté, s’il pouvait seulement y en avoir un, c’est qu’il ne se serait jamais confié comme ça si sa rancoeur était totale. Et quand il la prend dans ses bras, elle n’est pas bien longue à se raccrocher à lui comme si c’était elle qui menaçait de sombrer. Enfouie contre son torse, ses bras serrés autour de lui, les yeux clos pour se laisser envelopper dans cette douce chimère qui lui susurrait qu’ils n’étaient que tous les deux et que rien d’autre n’existait, elle l’entendit, dans sa voix, qu’il avait compris. Qu’il savait qu’elle était plus désolée que jamais, qu’il savait qu’elle s’en voulait, qu’il lui avait manqué, à un point inimaginable, et que si elle était désormais là, c’était pour ne plus partir, jamais. Et tout ça… Peu importe... Oui et non. Peu importe pour elle, ça ne changeait rien à ce qu’il était à ses yeux. Mais elle ne minimisait pas l’ampleur de ses agissements, ni même des conséquences qui en découlaient.
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Le silence qui suit tes mots, presque trop pour que tu puisses le supporter, pourtant tu ne le brise pas. Tu le laisse passer, même s’il écorche ton âme un peu plus chaque seconde. T’oses même pas la regarder dans les yeux par peur de ce que tu pourrais y lire. Un meurtrier, parce que c’est ce que tu es. Tu peux te trouver toutes les excuses du monde, te dire que ce n’était pas volontaire, que c’était un accident. Oui, tu pourrais. Mais tu ne le feras pas. Tous n’étaient pas des accidents, tous n’étaient pas pour sauver ta vie, et Nathan … La vérité est bien plus terrible que ça encore. Comme si le laisser pourrir dans un trou n’était déjà pas assez macabre. Et cette vérité elle te bouffe. Toute ta vie t’a dû faire avec une famille qui n’en avait que le nom. Essayer de recoller les morceaux, encore et encore, t’en as fait des conneries mais jamais assez pour t’empêcher de te regarder dans le miroir. Mais t’avais tué bien avant Nathan. Des métamorphes, par vengeance, tout bonnement. Parce que tu pensais qu’ils le méritaient, les responsables de la mort de ta soeur, comment est-ce que t’aurais pu laisser passer ça? Pourtant le jour où t’as découvert le mensonge qui a construit tout ton être, tu t’es rangé du côté du coupable. Pas par volonté, juste parce qu’à l’intérieur de ta famille, t’es juste un animal blessé qui cherche à se protéger. Toi aussi tu serais devenu fou, comme Hécate qui avait osé regarder la scène comme un fantôme. Elle aussi, il aurait pu la tuer. Elle ressemblait beaucoup trop à sa jumelle, il aurait pu ne pas faire de différence, revivre encore la période noire des Ò Murchù. Mais au lieu de ça, il a fait bien pire. Il lui a fait croire qu’elle perdait l’esprit, et toi t’as laissé faire. Avec le recul, tu te dis que t’aurais certainement pas pu la sortir de là, t’as pas le pouvoir de ton père, tu l’auras jamais. Mais t’as même pas essayé. T’as fait comme si elle prenait des vacances, comme si c’était pour son bien. Tu te rappelles encore le jour où tu lui as rendu visite à la clinique - oui parce que hôpital psychiatrique ça donne trop mauvaise image du lieu. Terne, le visage fatigué, un pauvre sourire sur son visage, qui ne pouvait effacer ce qu’elle avait vu. Tu ne sais toujours pas pourquoi Hécate a décidé de te pardonner, a réussi à le faire surtout. L’amour fraternel, mais qui n’excuse pas le pire. Parce qu’elle aimait Nathan autant qu’elle t’aime toi et tu l’as vue un peu mourir aussi, par ta faute, tout comme Phoebe mourra à moitié lorsqu’elle comprendra. Pourquoi? La question à laquelle tu peux répondre, mais qui ne fait sans doute de sens que pour toi. Pourquoi maintenant? Pourquoi après trois ans? Pourquoi est-ce que tu t’infliges ça? Comme si tu pouvais changer le passé ainsi, faire revenir ton frère, le laisser attaquer ton père. Mais t’as été bien dressé, t’as même pas calculé ce que t’as fait avant de voir le sang sur le tapis. Nathan, il a toujours été trop fragile, tu le sais bien. “ Ce soir-là, Nathan est allé voir mon père. Il gueulait tellement que je l’ai entendu dès que j’ai franchi la porte. En fin de compte il savait des choses que tout le monde ignorait. “ Plus qu’avouer le meurtre de Nathan, c’est ce qui va suivre qui a le plus de mal à sortir. Peut-être parce que t’es conscient, bien conscient que t’aurais pu rien faire pour lui éviter de tomber, dans sa rage. “ C’est pas des métamorphes qui ont tué Hayley. Elle voulait s’enfuir avec l’un d’eux et il l’a étranglée.“ Les voilà, les larmes, qui perlent dans tes yeux. T’as pas trahi que les vivants, il y a trois ans. T’as trahi celle que t’avais juré de jamais abandonner. Celle qui avait toujours été plus une mère que l’originale. Et pourtant t’as merdé partout, toi qui voulait toujours faire la bonne chose, t’as pris la pire décision que t’as jamais eu à prendre. “ J’ai toujours dit que je tuerais le connard qui l’a butée. Et quand j’ai compris … J’ai … Je sais pas, c’est le trou noir. “ Parce que t’as toujours été quelqu’un de raison, quelque part. Que tu pouvais pas le croire, malgré les preuves, malgré le fait que Gidéon n’a jamais nié. Alors t’as voulu retenir Nathan, te donner un peu plus de temps, encore du temps. Finalement t’en as pas eu. “ J’ai perdu tout ce qui me rendait humain. Je crois que pendant un moment j’ai juste été un Ò Murchù. “ Une phrase pleine de sens pour ceux qui les connaissaient. Tu pourrais même pas expliquer l’état mental dans lequel tu étais. T’as tout refoulé, t’es entré en déni, mais pas seulement de ce que t’avais fait, de tout ton être. Pour te protéger, pour ne pas devenir fou, t’es devenu ton père. “ Je peux pas revenir sur ce qu’il s’est passé. Putain j’aimerais, revoir Nathan, juste lui dire à quel point je suis désolé. Défaire tout ce que j’ai pu faire, ce que Gidéon a pu faire. Mais la seule chose qui peut en réparer une infime part c’est de faire face aux conséquences. “ La rédemption par la souffrance. “Et par la même … Je vais le traîner dans la boue. Le fils parfait en prison, ça rend pas bien sur la page Wikipédia. “ Tu souris presque, un fantôme de sourire. Parce que t’es résolu, tu sais ce que tu veux faire, tu sais comment t’en sortir, voir la lumière au bout du couloir. “ Je me suis perdu, Alexis. Et une fois que t’arrives là, c’est putain de dur de trouver comment en sortir. “ Sur ces mots, tu vas attraper l’une des tasses qui se trouvent sur le tronc d’arbre où t’es plus assis. Tu la remplis et la bois presque entière. “Oh putain j’avais oublié que c’était dégueulasse. “ Tu finis par croiser le regard de ta meilleure amie, si tel est encore le lien qui vous unit, t’en sais pas grand-chose en réalité. “ Je me suis pas senti aussi bien depuis des années. “ Et c’était la vérité. Malgré tout ce qui te tourmente, malgré tout ce qui tourne dans ton esprit … T’es serein, quelque part. Comme si tu retrouvais, pas à pas, celui que tu étais, celui que t’as abandonné lâchement un soir de printemps, trois ans plus tôt.

Tu sais que tu devrais lui en vouloir éternellement pour être parti, que t’aurais pas dû te confier comme ça, parce que ce que tu lui as dit, tu ne l’as jamais dit à personne. Pour la mort de Nathan, bien sûr, y a eu Joshua, mais ce n’était pas la même chose. Alexis, c’était les détails, c’était tout, tu lui cachais rien même si tu devais passer pour un monstre. Parce qu’au fond, tu sais qu’elle pouvait très bien savoir quand toute la vérité n’était pas dite, et que pour survivre dans ce qui allait arriver, t’avais besoin d’elle. Tu t’accrochais à elle comme à ta bouée de sauvetage, comme si elle pouvait te ramener la vie que t’aurais aimé avoir, comme si elle pouvait effacer tout ce qu’il s’était passé en trois ans. Comme si revenir là, la revoir, après les premiers instants, te donnait le sentiment de pouvoir tout réparer. Illusoire, mais quelque chose dont tu as réellement besoin aujourd’hui. “ Si seulement le temps pouvait s’arrêter juste une journée. “ Et elle contre toi, c’est tout ce que tu désires. Que le temps s’arrête ou qu’il s’efface. Repartir en arrière, faire disparaître ton enfant à naître, la mort de Charlotte et tout ce qui lui était arrivé avant, Gaïa, le Drunk Mermaid, l’accident, le mariage, Margot … Tu pouvais presque imaginer l’horloge tourner à l’envers, tout rembobiner. Peut-être qu’en fermant les yeux juste un moment …





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Alexiel

Le mélange vodka orange coula dans sa gorge, langue de chaleur qui semblait réchauffer, en surface seulement, son être glacé par toutes ces révélations. Boire pour ne pas se perdre au milieu de toutes ces sombres informations ; boire pour ne pas trop lui en vouloir d’avoir mis sa vie à la poubelle en se dénonçant auprès des autorités ; boire pour ne pas penser au fait que cette dernière pensée était bien trop égoïste ; boire pour oublier que la seule à qui l’on pouvait faire des reproches à l’heure actuelle, c’était elle, et rien qu’elle, parce qu’elle était celle des deux qui avait fui, celle des deux qui avait posé un adieu sur le pas de la porte, avec une fin de non recevoir ; boire pour que l’association Castiel et meurtrier soit plus facile à avaler ; boire pour essayer d’alourdir un peu cet esprit tournoyant à mille à l’heure, perdu entre toutes les implications, les causes et les conséquences de ce que lui narrait son meilleur ami. Boire, enfin, surtout, parce que c’était ce qu’elle savait faire de mieux quand tout partait en vrille. Mais si l’alcool l’aidait à ne pas trop perdre pied, c’était encore la voix de Castiel qui l’ancrait le plus dans la réalité, sa voix à laquelle elle se raccrochait, se gavant de ses mots, se noyant dans son regard, cherchant la moindre trace de son Castiel à mesure que celui-ci lui expliquait sa rapide descente dans l’enfer personnel de sa famille.

Un nouveau secret de famille révélé au grand jour, et pas des moindres. Du sang de combien d’innocents était parsemée l’histoire des Ò Murchù ? Combien de personnes, ses propres enfants compris, Gideon Ò Murchù avait, allait, continuerait de briser sur son chemin ? Hayley… Une bien triste histoire que sa mort, imputée à des métamorphes. Alexis avait vu la colère et la rancune s’emparer de Castiel suite à ce tragie événement, et tout en assistant à la lente métamorphose de son meilleur ami, elle s’était employée à faire en sorte qu’il ne s’y perde pas, pas totalement. À sauvegarder, encore et toujours, cette part de lui qui n’était pas empoisonnée par les morts et les vengeances. Et voilà qu’il s’avérait qu’une des plus vieilles rancoeurs, un des plus vieux venins qui lui empoisonnaient l’âme, n’était qu’un mensonge de la part du patriarche ? La jeune femme ne pouvait même pas dire qu’elle en était étonnée, plus rien ne l’étonnait quand il s’agissait de cet homme. Révoltée, par contre, oui, le coeur retourné qui menaçait d’éclater en mille morceaux alors que son regard accrochait celui de Castiel se remplissant de larmes. Elle avait compris, encore une fois, bien avant que Castiel ne mette des mots sur ce qu’il était devenu, après ces événements, ce qu’il avait été durant trois années donc, ce qui l’avait amené à se dénoncer. Elle l’avait compris, mais l’entendre le dire à voix haute permettait de faire surgir cette compréhension de son inconscient pour le lui mettre juste sous ses yeux, là elle ne pourrait pas faire semblant de ne pas le voir. T’as jamais été et tu seras jamais juste un Ò Murchù se révolta-t-elle à cette idée. T’es pas comme lui, t’as cette petite étincelle qui te distingue, qui te différencie de lui, depuis que je te connais, et même si elle est parfois si faible qu’on a du mal à la voir briller, elle est toujours là. Et aujourd’hui encore, elle a pas disparue... Son ton était presque suppliant, comme si elle avait besoin que ce soit vrai, pour lui et pour elle aussi, comme si, dans le cas contraire, plus rien ne vaudrait le coup. Oui, il fallait que ce soit vrai, il fallait que Castiel, son Castiel, soit toujours là, que cette petite flamme ne se soit pas encore éteinte, malgré son absence, malgré son erreur. Et c’était vrai, Alexis le savait, en était convaincue, mais elle avait besoin de le dire à haute voix, de s’en assurer, de l’en assurer, parce qu’elle voyait bien dans son regard humide qu’il avait perdu cette conviction là depuis un moment déjà. Comment aurait-il pu en être autrement, sachant que la seule à lui assener cette vérité continuellement s’était lâchement dérobée à la pression de cette ville et de ces habitants ?

Il était trop tard. Trop tard pour revenir en arrière, trop tard pour être le numéro qu’il aurait appelé en urgence après cet affreux soir, trop tard pour être la flamme qui veillerait à maintenir la sienne bien régulière, trop tard pour l’empêcher de se confesser aux autorités, trop tard pour lui tenir la main et l’interdire de sombrer dans ce trou noir qui l’avait rapproché, bien trop rapproché, de ce vide béant qu’était son géniteur. Il était trop tard pour tout cela mais certainement pas trop tard pour Castiel. S’il y avait bien une chose qu’Alexis ne cesserait jamais de croire, c’était que son meilleur ami n’était pas son père, qu’importe ses actes manqués et ce que ce dernier souhaite, il n’était pas son père et ne le deviendrait jamais. T’as peut-être porté le coup fatal, mais le véritable meurtrier dans l’histoire c’est pas toi... souffla-t-elle, à mi-voix, pas vraiment dans le but d’être entendue de la part de Castiel, parce qu’elle savait qu’il ne voulait pas l’absolution, qu’il ne l’accepterait pas le cas échéant. Mais elle ne voulait pas l’excuser, lui trouver des circonstances atténuantes, ça n’était pas ça. C’était les simples faits de son point de vue. Gideon était, à ses yeux, de la pire espèce. Celle des marionnettistes qui tirent les fils, salissent les mains des autres juste en bougeant légèrement les leurs.

Alexis comprit, et était d’accord avec ce qu’il lui disait, quand bien même tout l’amour qu’elle éprouvait pour Castiel se révoltait à l’idée qu’il finisse derrière des barreaux de prison. Il ne pouvait pas changer le passé, ne pouvait pas défaire ce qui avait été fait, il était trop tard. Et si faire face aux conséquences était son choix, tout ce que pouvait faire la jeune femme était de l’épauler sur ce qui allait s’avérer être un long chemin. C’est vraiment ton choix ? Celui que tu veux faire ? Qu’importe le prix… ? demanda-t-elle néanmoins, une dernière fois. En temps normal j’aurais été la première ravie de voir ladite page Wikipédia perdre de sa superbe mais… si ça implique ton sacrifice à toi... Ça lui plaisait beaucoup moins. Mais de toute manière, avait-elle encore seulement son mot à dire ? Trois ans d’absence, et une absence au pire moment, comme elle le comprenait maintenant, qu’est-ce que cela lui laissait, au final ? Pouvait-elle encore s’insurger contre les faits alors qu’elle n’avait pas été là durant tout ce temps ? Il s’était perdu, c’était lui même qui le disait, il s’était perdu et elle n’avait pas été là pour l’aider à retrouver son chemin, le bon chemin, trop occupée à retrouver le sien sur la côte ouest des États-Unis. Pourtant, malgré le fait qu’il lui avait été nécessaire de passer par là, pour elle, pour ne pas sombrer définitivement, pour ne pas se perdre, justement, elle n’hésiterait pas une seule seconde, en réalité, à changer le passé si ça pouvait aider Castiel à n’avoir jamais à en arriver là. Et c’était dur, comme un mur sur lequel elle s’écrasait violemment, d’en arriver à cette conclusion. Parce que si elle était certaine d’avoir fait le choix nécessaire à sa survie en quittant Bray et en se reconstruisant, pièce par pièce, morceau par morceau, à l’autre bout du monde, elle commençait également à avoir la certitude que ce choix nécessaire n’était pour autant pas le bon pour pleins de raisons. Son meilleur ami devant toutes les autres. Croisant son regard, elle baissa rapidement le sien sur la tasse qu’elle tenait encore entre ses doigts, approuvant Castiel d’une grimace avant de pourtant finir le liquide orangé qui y restait. Elle s’en voulait, horriblement. Envolée la joie de retrouver son meilleur ami, ne restait que la culpabilité de l’avoir abandonné. Bien évidemment qu’elle s’y était attendu, à éprouver ce sentiment, mais c’était une claque d’une toute autre ampleur que de le vivre réellement. Alexis releva néanmoins les yeux en l’entendant dire qu’il ne s’était pas senti aussi bien depuis des années. L’aveu, son aveu à elle lui brûlait les lèvres, ne mettant que quelques secondes de plus à se manifester, écrasant ainsi au passage, piétinant sans ménagement le choix qui avait été le sien trois ans auparavant. Car oui, la nécessité de quitter Bray n’enlevait pourtant rien à la force de cette vérité là, énoncée avec l’ombre d’un triste sourire. Moi non plus.

Et enveloppée dans son étreinte, elle sait qu’elle a fait le bon choix, celui de revenir. Partir était nécessaire, pour elle ; mais elle aurait pu ne jamais revenir, pour ne pas être confrontée à ce qui avait été malgré tout une monumentale erreur. Pourtant elle n’avait aucun regret sur ce point là. Des regrets, elle en avait mille, mais son retour, ses retrouvailles avec Castiel, ça n’en faisait définitivement pas partie. Et enveloppée dans son étreinte, elle l’enveloppait dans la sienne, reprenant le souhait qu’il venait de formuler à voix haute. Elle aussi, elle aurait tellement aimé que le temps s’arrête, qu’il leur laisse encore de longs moments pour se retrouver avant que la tempête ne vienne les cueillir. J’aimerais tellement... Alors peut-être que si elle fermait les yeux suffisamment forts, juste un moment...
electric bird.

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Merry go'round I don't want to see you down - Alexel
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