T’aurais pu la ménager. En dire moins, garder encore plus de choses pour toi. Mais les secrets t’en as trop eu à garder, t’y arrives plus. Toi tu transpirais l’honnêteté, à une époque, et maintenant tu t’enfonces dans un océan de mensonges et d’apparences, comme si ça pouvait suffire à sauver ta famille, ton monde. Mais au fond, tu sais bien qu’il n’y a plus rien à faire, que si famille il y avait eu, ça fait bien des années qu’elle s’est brisée, déchirée, et qu’aucun d’entre vous n’est jamais vraiment heureux de croiser les autres. Les repas de famille transpirent le mal-être et la seule chose qui importe c’est d’en partir, peu importe comment. Ils tournent souvent court, quand ils ont lieu, pas vraiment souvent, heureusement. Hécate recommençant avec Gidéon une danse qu’elle aurait dû finir depuis longtemps, mais t’es plutôt mal placé pour la juger, toi qui n’a jamais vraiment su lui reprocher la mort de Hayley même en connaissant la vérité, par faiblesse, sans doute, par peur de la confrontation qui, tu le sais, ne laissera personne indemne, surtout pas toi. La crainte que l’homme t’inspire, cependant, est dépassée par ton ressentiment. Pas assez pour te jeter dans la gueule du loup, pas encore du moins. Alors pour compenser ce manque de pouvoir, t’as décidé de foutre ta vie en l’air. Mais qu’est-ce qu’il t’en restait de toute manière? Un mariage dont l’amour est absent, un enfant que tu ne veux pas voir grandir parce que tu ne veux pas commettre les erreurs de ton paternel mais ton éducation ferait sans doute le boulot pour toi et trop peu d’amis sur qui t’appuyer pour te soulager. Et celle qui reste, celle en face de toi … Malgré toute la colère accumulée, t’as jamais cessé de souhaiter son retour, et maintenant qu’elle est là ça te paraît encore plus évident, plus clair que jamais. T’as besoin de ça, t’as besoin de faire ton deuil comme tu peux alors que pendant trois ans tu as évité de le faire, d’y penser, niant toute responsabilité, niant même l’accident. Peut-être qu’à un moment donné t’as même fini par le croire, le mensonge autour de Nathan. Bien sûr qu’il finirait par revenir, c’était seulement un mauvais rêve, un cauchemar beaucoup trop vivide.
Mais il n’était jamais revenu. Et t’as mis longtemps à t’en rendre compte, à comprendre à quel point l’accident t’avais transformé, à quel point Gidéon t’avais modelé. L’héritier parfait, froid, tenace. Un requin parmi les poissons qui ne reculait devant rien, même si ça impliquait de perdre un peu plus son humanité à chaque fois. T’as espéré qu’il était pas trop tard pour faire machine arrière, mais tu sais que ces trois ans resteront marqués au fer rouge dans ton esprit, dans ton âme. T’as pu voir l’obscurité qui résidait en toi et dire qu’elle t’effraie n’est rien comparé à la réalité. Parce que c’est bien trop facile de repartir dans ses anciens travers, surtout lorsqu’ils permettent une paix toute relative. C’est ce que t’as cherché, c’est ce que tu as trouvé, mais à quel prix? Briser les gens sans réellement en éprouver du regret, toujours voir le profit avant ceux que ça pourrait heurter. La haine, plus forte encore, dirigée ailleurs, plus intelligemment, plus mortelle. Alors t’aimerais la croire, Alexis. Réellement. Comme si tu pouvais te différencier de ton père juste avec ses simples mots, mais t’as du mal, parce que toi tu les vois, les similitudes, trop pour remarquer les différences qui vont avec. “ T’étais pas là, tu peux pas le savoir. “ Pas un reproche, juste une constatation. Elle avait fait le choix de partir, et sans doute qu’il le valait mieux. T’aurais pas supporté qu’elle rencontre celui que t’étais, toujours là quelque part, pas entièrement parti, mais plus aussi entier. Le fait est que t’es pas sûr de pouvoir te relever, plus maintenant. Tu es déjà persuadé qu’il est trop tard pour ça, que de toute manière tu es perdu, quelque part. Que la meilleure chose à faire c’est de te faire oublier, de partir de la vie de ceux qui comptent, juste pour pas que tu les empoisonnes. T’as pensé à te barrer, qu’on soit clair. Mais tu veux, finalement, avoir ta vengeance, peu importe le prix à payer pour elle. T’es pas le genre à fuir, pas comme ça du moins. Trop de gens autour l’ont fait pour que tu l’acceptes.
Ce qu’elle murmure à demi-mots, cependant, tu le sais. T’es pas le malheureux qui va mettre tout le poids du monde sur ses épaules juste parce qu’il le peut. Si tu es coupable? Bien sûr. Mais peut-être pas plus que ton père. Tu as mis longtemps à le comprendre, à l’accepter, à voir tout ce qui a mené à ce que tu as fait. Ton éducation n’avait rien d’un hasard, tu n’avais pas ce père qui ne savait pas comment faire et qui a fait comme il a pu, qui a commis des erreurs par inadvertance. Tu avais celui qui a tout calculé, le moindre coup porté, le moindre haussement de ton, la moindre leçon. Tout ça pour que le moment venu, tu n’hésites pas une seconde à le défendre, à le protéger même en sachant quel être humain tu défendais. En ce sens, la prise de conscience a été encore plus horrible, sans doute, que tout ce que tu as perdu. Parce qu’au fond, tu savais qu’un jour tu perdrais encore plus. Jusqu’à ta vie entière, pour accomplir ce que tu n’as jamais eu le cran d’accomplir avant.
Un sourire pâle, résolu. Tu avais pris ta décision bien avant qu’Alexis ne réapparaisse. Tu aurais aimé qu’elle ne l’apprenne pas, qu’elle n’en sache rien. Peut-être aurait-il fallu qu’elle ne revienne jamais, juste pour éviter de te voir tomber plus bas que tu ne l’avais jamais fait jusque là. Mais la chute ne datait pas d’aujourd’hui. Il fallait bien que tu trouves un moyen de toucher le sol un jour ou l’autre. “ Il n’y a jamais eu d’autres solutions, tu le sais … Depuis le début. C’est lui et moi. S’il tombe, je tombe avec lui. Et j’espère bien que l’inverse s’avérera exact également. “ Parce que c’était l’histoire de ta famille. L’homme, l’aîné sur les traces de son paternel, qu’il le veuille ou non. Celui qui portait les espoirs des Ò Murchù, depuis le départ, ça n’avait jamais été Nathan, jamais Hayley, Hécate ou Phoebe. C’était toi. Tu avais eu la place la plus terrible de ta famille, tu t’étais pris les coups les moins mesurés, tu avais eu mal plus que tous les autres. Pour en arriver là. L’objet de beaucoup trop de tragédies, cette opposition père et fils qui n’en arrêtait plus. Le père puissant à détrôner et la quête du fils pour y parvenir. Sauf que tu n’as jamais vu ça comme une quête. Une route bien dure à traverser, un chemin trop épineux, une fin inévitable. Oui, tu as pris ta décision. Et même si tu décidais de changer d’avis, par lâcheté, tu n’en aurais pas l’occasion. Mais tu la vois, la culpabilité dans son regard, et quelque part tu t’en veux de lui en vouloir, parce que tu la connais Alexis. Avec ce que vous avez traversé ensemble, c’est sans doute celle que tu connais le mieux et qui te connait également le mieux. Et si elle est partie, tu sais bien que c’est parce qu’elle en avait besoin. “ T’es consciente que t’aurais rien pu faire? Si t’avais été là, je veux dire. “ Parce que tu le sais, au fond, que tu l’aurais rejetée, comme t’as rejeté Tobias et tous les autres. Tu l’aurais consciemment enlevé de ta vie pour pas faire face à tes actes, pour pas les assumer. Quelque part, il valait mieux que ce soit toi, qui ait quelque chose à lui reprocher et non l’inverse.
Alors, elle dans tes bras, tentant de la rassurer pour oublier ce qui aurait pu être au lieu de ce qui était, tu penses à tous les moments que vous aviez passé. Ces bons moments qui semblent si loin mais qui finalement sont presque proches. Scylla, Alexis, leur antre secrète. Tout ce qui aurait pu être, qui a été. Alexis et toi, ça remonte à plus loin que t’arrives à t’en souvenir. C’est sans doute ta plus belle histoire, la plus vraie du moins. T’aurais tellement de choses à lui dire, mais tout ce que tu vois, sans elle, ce sont des drames, et ce qui pourrait ne pas l’être ne te réjouit pas autant que tu l’aimerais. Pourtant, il y a une chose qui doit être dite. Une chose qui brise le silence et presque la perfection de ce moment, mais que tu ne peux pas lui cacher sans savoir quand tu auras l’occasion de la revoir. Si jamais tu as l’occasion de la revoir. Tous tes liens, ces derniers temps, semblent s’évanouir, juste parce que tu as conscience que tu ne seras plus libre de marcher en plein air très longtemps. “ Anthéa est enceinte. “ Et ça tombe presque comme une sentence, parce que pour toi c’en est une, même après trois ans de mariage, t’espérais finir par t’en défaire alors que ça prend des allures d’éternité.
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Lun 10 Sep - 15:11
merry go'round I don't want to see you down
Alexiel
C’était donc ce à quoi ils étaient destinés, tous les deux ? D’aussi loin qu’Alexis se souvienne, Castiel faisait partie de sa vie. Une amitié créée par deux enfants, solidifiée par deux adolecents, terriblement ébranlée par leur vie d’adulte, mais était toujours en vie. Des années à s’aimer d’une manière si simple et si vraie que tout n’était qu’une limpide évidence quand il s’agissait d’eux. Pas de doutes, pas de questions, juste la certitude que l’autre était là, un autre qui vous comprenait parfois mieux que vous-même, un autre qui vous soutenait quoiqu’il arrive. Et après toutes ces années, c’était tout ce à quoi ils pouvaient aspirer ? Regarder l’autre sombrer, incapable de faire quoique ce soit à part se tenir là, debout, à regarder le naufrage ? Une lente spirale, une infernale spirale, dans laquelle Alexis était tombée après la mort de ses parents. Dès lors, la vie n’avait cessé de lui assener des coups, plus forts à chaque fois, entre Son retour à Lui qui avait fait bien plus que chambouler sa vie, son frère toujours dans le coma - à l’époque - puis la goutte de trop, la mort qui lui avait ravi un ami proche, devant ses yeux trop choqués pour assimiler tout de suite ce qu’il venait de se passer. Et c’est les mains pleines de sang qu’elle se revoyait souvent, la nuit, dans les restes de cauchemars qui peuplaient encore ses songes, les mains pleines de son sang qu’elle avait littéralement fui Bray. Et maintenant qu’elle revenait, elle ne pouvait que constater, impuissante, que Castiel s’était enlisé plus profondément qu’il ne l’avait jamais fait dans les ombres de son héritage familial. Pour autant, elle en était convaincu, il ne s’y était pas complètement noyé. Perdu, oui, mais rien qui ne soit irrémédiable. Il le fallait. L’inverse ne pouvait pas être vrai. Mais je te connais répondit-elle, simplement, ignorant la pointe douloureuse qui lui vrillait la poitrine, même si elle n’avait pas senti de reproche dans la voix du jeune homme, juste une constatation tout ce qu’il y avait de plus simple. Oui, elle le connaissait, sûrement comme personne ne pourrait jamais le connaître - et l’inverse était tout aussi vrai - et cette conviction qu’il ne ressemblait pas à son père, pas à cent pour cent, elle ne venait pas juste de l’espoir que ça soit effectivement le cas, mais bien d’une certitude plus tangible.
Mais les certitudes n’étaient pas des faits et ne changeaient rien à la décision prise par Castiel. Alors quoi ? Après des années à se soutenir, à se tenir par la main, à avancer côte à côte, s’entraidant lors des passages difficiles, ils en étaient réduits à devoir lâcher les doigts de l’autre, incapables de tenir face aux tempêtes qui les secouaient ? Non, Alexis ne le voulait pas et ne pouvait pas y croire. Elle avait peut-être quitté Bray, elle avait peut-être stoppé la danse, mais elle y revenait maintenant et jamais elle ne laisserait Castiel sombrer tout seul. Elle continuerait de lui tenir la main, même si ça signifiait plonger avec lui, même si ça marquait le début d’une lente descente aux enfers. Parce que le voir enfermé ne pouvait pas s’apparenter à autre chose. Je comprends... Mais elle n’approuvait pas, loin de là. Et se révoltait toute entière contre l’idée que la destinée de l’un et de l’autre étaient liées à ce point. Car autant elle en aimait un comme personne, autant elle aurait préféré savoir l’autre au fin fond d’un trou. Il tombera, c’est certain. Mais alors, je ferais en sorte que tu te relèves une nouvelle fois, sans qu’il ne puisse te suivre. Une promesse, une évidence. Elle ne le laisserait plus jamais tomber et elle refusait de le voir sombrer définitivement dans cette sombre partie des Ò Murchù. On se perdait tous un jour ou l’autre, mais il y avait toujours un moyen de retrouver le bon chemin et d’avancer malgré les erreurs du passé.
Et dans ses bras, elle se sentait suffisamment forte, de nouveau, pour faire face à tout ça. Encore plus si c’était pour lui qu’elle le faisait. Peut-être que si elle n’était pas partie, tout aurait été différent, mais elle en doutait fortement. Castiel avait ce don - malheureux, à son avis - de s’emmurer derrière de très hautes murailles pour protéger les autres de lui-même, et il y avait fort à parier qu’il aurait agit ainsi avec Alexis également, quand bien même elle se serait débattue de toutes ses forces pour qu’il ne l’éjecte pas. Peut-être aurait-elle réussi à le garder près d’elle, mais dans ce cas là, à quel prix pour elle ? Peut-être n’aurait-elle rien pu faire, à part assister, impuissante, à l’éloignement de son meilleur ami et à son changement, et alors, aurait-elle pu se retrouver là, maintenant, s errée contre lui, à se jurer qu’elle ne le lâcherait plus jamais et qu’elle l’accompagnerait dans cette nouvelle épreuve ? Les possibilités étaient nombreuses mais tout ce qu’ils avaient c’était cette réalité si. Et dans cette réalité là, au moins était-elle revenue à temps, comme un léger coup de pouce du destin. Castiel semblait lire dans ses pensées - ce qui n’était guère étonnant les connaissant - mais Alexis n’était pas très sûre de se sentir soulagée par ses mots pour autant. Probablement admit-elle, l’amertume présente, parce qu’il n’était jamais plaisant d’avouer son impuissance quand une personne aussi chère était concernée. Mais ne compte pas sur moi pour rester les bras croisés, désormais.
Elle voulait que cet instant dure éternellement, que l’ombre de son arrestation imminente s’évanouisse, qu’il ne reste que lui, et elle, tous les deux dans cette clairière qui les avait déjà abrités de nombreuses fois. Un instant protégé du monde extérieur, comme s’ils se trouvaient dans une boule de cristal, séparé de tout le reste par une vitre. Une vitre qui se fissure, semble même voler en éclat, avec les trois petits mots de Castiel. Trois petits mots qui viennent tout briser, comme un coup de marteau sur leur équilibre si fragile. Le temps qui se fige, les secondes qui se bloquent comme les mots dans sa gorge, et ses bras qui semblent peser bien lourd alors qu’elle se tend suite à la sentence, ne s’écartant pas d’un pouce et pourtant l’impression d’être brusquement si loin de lui. Trois petits mots, un sens qui ne peut qu’être compris, et pourtant son cerveau semble en refuser même l’idée. Anthéa, enceinte ? Castiel, futur papa ? Dans l’esprit d’Alexis, jamais ce mariage arrangé n’avait été fait pour durer. Une lubie passagère, un garçon qui se pliait aux exigences de son père en attendant de trouver le courage nécessaire de se défaire de son emprise. Pas quelque chose qui allait mener à une famille. Figée, ses pensées sont figées, sa voix est figée, ses muscles sont figés, et c’est d’une voix lointaine qu’elle parvient à articuler un mot à l’opposé des sentiments qui l’agitent. Félicitations.
electric bird.
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Mar 11 Sep - 20:15
Castiel & Alexis
Merry go'round I don't want to see you down
Trois ans. Une éternité pour toi, mais au final pas tant que ça, les événements ayant secoué ta vie te semblent encore trop présents dans ton esprit, comme s’ils s’étaient produits à peine une semaine plus tôt. Mais tu sais bien que c’est une illusion, que finalement, tu as perdu trois ans de ta vie. A te cacher, à arrêter de te battre. Tu aurais pu, pour Margot, au départ, pour Alexis. Pour ta famille, du moins celle qui compte, pour Niamh, pour Nathan, pour Hécate et Phoebe. Mais tu ne t’es battu pour personne, tu les as trahi et t’as rejeté la culpabilité comme si elle n’existait pas. Peut-être qu’en fermant les yeux et en imaginant que tu ne ressentais rien, ça allait s’évaporer. Mais “ne rien ressentir” c’était impossible, surtout pour toi, connu comme celui qui ressentait beaucoup trop. Mais tous ces sentiments, t’avais réussi, sans savoir comment, à les cumuler en un seul. Le dégoût. Pour toi-même, pour tes actions, pour ce que tu étais devenu. Le fait est que le départ d’Alexis ne te donnait plus d’excuses. Si tu avais décidé d’être ainsi, c’est que tu l’avais au fond de toi. Bien dissimulé derrière toutes les bonnes intentions du monde, mais c’était inscrit à l’intérieur de ton ADN. Trois ans, et tu les avais tenu, pour qu’un jour tout finisse par te péter à la gueule. Toujours le dégoût mais accompagné de remords et d’une indicible tristesse. La colère, également, d’être le seul que ça semblait toucher. Il n’aurait eu qu’à le montrer, un peu, qu’il regrettait ce qu’il avait fait. Pour Hayley. Elle méritait bien qu’il regrette et pourtant rien ne l’avait jamais laissé penser. Et froid comme toujours, il avait géré les choses à la seconde même où la situation aurait dû le mettre à terre. Mais ce n’était pas les faibles qui gouvernaient. être dictés par ses sentiments, c’était comme un poison, et il t’en avait convaincu, encore et encore, jusqu’à ce que tu sois forcé d’y croire pour pouvoir te regarder dans le miroir sans avoir envie de vomir.
La solution, elle était pourtant évidente. S’y résoudre, c’était autre chose, mais quelque part c’était moins pour traîner Gidéon dans la boue que pour expier tes propres crimes. Une vérité inavouable que celle qui t’a fait assassiner ton propre frère pour une suprématie en laquelle tu ne croyais pas. La ronde des événements sans qu’il y ait une seule once de logique. Bien entendu qu’il y en avait une, mais après t’être appuyé dessus aussi longtemps, tu la trouvais de plus en plus bancale. Tu avais voulu l’arrêter. Comprendre avant de pointer une quelconque arme sur qui que ce soit. Et pour ça, tu n’as jamais pu entendre ce que Nathan avait à dire. Si seulement … Sans doute que tu aurais pris son parti, moins violemment, pas comme lui, pas les deux pieds dans le plat, une situation qui ne pouvait se régler que dans la violence. Mais à l’heure qu’il était, tu serais peut-être plus heureux, libéré du père que tu ne voulais plus appeler comme tel depuis bien longtemps. Tu la regardes, Alexis, et tu la vois. Tu vois dans son regard qu’elle ne te laissera pas, plus en tout cas. Tu y vois la peine, la torture que tu lui infliges à lui faire subir ta propre vision. “ Je sais pas si j’en suis capable cette fois.“ Et t’aimerais pouvoir mentir en pensant à l’inconnu. Lui dire que tout allait bien se passer et que tu n’en sortirait que plus fort. Mais au fond, qu’est ce que t’en savais. La prison n’était pas bâtie pour faire des hommes meilleurs, mais pour enfermer ceux qui étaient allés trop loin en espérant trouver quelque chose qui fasse qu’ils y restent indéfiniment. Et avec tes actions, tu vas sans doute y rester. Parce que ce n’est pas ton père qui obtiendrait une réduction de peine, et même s’il le faisait, tu n’en voudrais pas. “ N’espère pas pour moi. Quand je sortirais, t’auras plutôt intérêt à être heureuse quelque part. M’oublier serait pas une mauvaise idée en fin de compte, t’étais sur le bon chemin ! Marie-toi, fais des gosses, prends un abonnement à Disney à l’année, voyage. Juste… Promets-moi de faire quelque chose de ta vie.“ Tu sais que tu n’en as plus vraiment pour longtemps. Qu’au moment où l’on te passera les menottes tu seras condamné, même si ton procès n’a pas encore eu lieu. Coupable aux yeux du monde et sans volonté aucune de nier quoique ce soit. Certes tu t’es renseigné, tu risques quelque chose comme dix ans de prison, peut-être même moins, mais quand tu sortiras, si tu meurs pas là-bas, t’auras pas avancé, tu seras juste un blocage encore sur le chemin de la Samson. On dit souvent que l’on sait que l’on aime une personne quand on met ses besoins devant les siens. Et même avec la colère que tu as pu ressentir contre elle, tu l’aimes comme personne.
Un soupir alors que tu la serres toujours contre toi. Comme si ni elle ni toi n’aviez envie de lâcher prise sur ce moment qui semble durer, encore et encore. Et sans doute que vous ne le vouliez pas. C’était l’une des rares chose que tu pouvais encore vouloir de la vie. “ Mais si tu veux vraiment faire quelque chose … Occupe-toi de Phoebe. Pour un temps. Assure-toi qu’elle guérit. “ Phoebe qui ne te parlera sûrement plus, mais comment pourrais-tu la blâmer? Tu as tué son jumeau, la deuxième partie d’elle-même. Comme si on t’enlevait Niamh, cette douleur que tu ne peux même pas ne serait-ce qu’imaginer.
Tu as comme une envie de te confesser. Comme un besoin de dire ce que tu n’as pas dit ces dernières années mais aussi te soulager d’un poids. Tu n’as parlé à personne de cette grossesse, pas vraiment. La plupart ne comprennent pas, la plupart ne pourraient pas supporter que tu parles franchement, que tu exprimes tes doutes. Et tu le sens dans sa voix, ses félicitations qui sonnent comme une deuxième condamnation. Mais tu le sais. Anthéa, c’était supposé n’être qu’apparence. Et le pire, c’est que ça l’est. Pas d’amour, une acceptation, avec les années, mais jamais plus que ça. Du respect aussi, parfois, qui s’évaporera sans doute après ton arrestation. Tout mais pas une grossesse. Vous vous l’étiez promis, et vous avez bien merdé. “ L’ironie c’est que j’ai toujours voulu des enfants. Une famille heureuse, j’aspirais qu’à ça. “ C’était la vérité. Tu te voyais père, fier et loin du tien. Avec quelqu’un que tu aimerais, quelqu’un avec qui tu aurais choisi de fonder ta vie. Un rêve banal et complètement con pour les gens normaux, mais ta famille ne l’a jamais été et ce genre de pensées semble du domaine de l’impossible par chez toi. “ Mais ça me semble faux maintenant. Pas comme ça. “ Pas avec Anthéa, pas alors que tu vas passer dix ans derrière les barreaux et que tu verras jamais ton fils ou ta fille. Mais quelque part, si ce n’était pas pour ce bébé, sans doute que tu ne te serais jamais réellement réveillé de ton coma. Si tu n’avais pas regardé dans ton miroir et vu l’image de ton père penser à cet enfant, peut-être que tu n’en serais pas là, à vouloir faire les bonnes choses. “ Mais j’ai plus le choix.“ Ce que tu ne dis pas, c’est que tu voudrais qu’il meure. Juste une pensée trop horrible pour que tu puisses l’exprimer à voix haute. Ce serait beaucoup plus simple s’il ne naissait pas.
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Mer 12 Sep - 13:40
merry go'round I don't want to see you down
Alexiel
Une promesse lancée, un serment qu’Alexis ne prononçait pas à la légère. Dans un présent au sein duquel elle ne se sentait pas totalement vivante - comme un ectoplasme à moitié visible seulement, qui réussirait, par à coups, à se manifester de manière plus tangible dans ce monde, mais seulement le temps de quelques instants, avant de redevenir à moitié evanescent -, enchaînée à un passé qui, pour une raison qu’elle ne comprennait pas encore, refusait de la laisser tranquille, comme un fantôme du passé qui viendrait toquer inlassablement à la fenêtre pour lui murmurer des vérités qu’elle ne voulait pas entendre, pas même imaginer, Alexis avat cessé de réfléchir à un quelconque futur depuis bien longtemps. Parce qu’il n’y avait rien que des ombres le long du chemin, et que ne pas se projeter lui convenait très bien. Qu’y trouverait-elle, le cas échéant ? Une solitude étouffante à regarder ses proches sombrer dans une destinée qu’ils n’avaient pas choisie ? Une famille heureuse, une mère épanouie ? Rien de tout cela ne lui parlait. Alors une promesse, ce petit bout de présent qu’on jetait dans le futur en jurant qu’on ferait tout pour qu’il se réalise, il valait une parole d’or venant de la jeune femme. Parce que le Castiel en face d’elle lui brisait le coeur. Ce qu’il était devenu en trois ans, les puissants démons qu’il avait laissé prendre possession de lui, ça l’effrayait. Et dans aucun des futurs qu’elle ne pouvait imaginer elle ne voulait laisser son meilleur ami ainsi. C’était trop douloureux de le voir autant en colère, dévasté comme si millle guerres s’étaient déroulées sur son visage, le laissant le ventre ouvert, anéanti, avec comme seul possibilité, celle de chuter pour expier ses fautes et l’espoir d’entraïner un homme pire que lui dans ce gouffre. Sauf que maintenant, Alexis était là, déterminée à ne plus jamais lui lâcher la main. Alors soit elle parvenait à le hisser, qu’importe le prix à payer, hors de ce ravin sans fond, soit elle tombait, avec lui. Je le serais pour deux. Il faut dire qu’en trois ans loin de ces jeux de pouvoirs étranges qui régissaient Bray, elle s’était ressourcée et sa force de caractère avec. Elle était toujours la Alexis qui ne conjugait rien au futur, mais elle était redevenue celle qui se sentait la force d’influer le présent quand le jeu en valait la chandelle, et pas la jeune fille perdue, complètement perdue dans toute cette violence qui la dépassait. Castiel en valait définitivement le coup.
Et ça lui déchirait le coeur de voir que lui pensait tout l’inverse. Qu’il méritait de croupir en prison et d’y crever. Elle lut dans ses pensées avant même qu’il n’ouvre la bouche, son visage se renfrognant par anticipation. On allait y arriver. Il allait le lui dire. De ne pas l’attendre, de ne pas chercher à le sortir de là, de continuer sa vie parce que la sienne à lui ne valait pas le coup qu’on en gâche d”autre. Enfin, quelque chose dans ce genre là. Et elle était loin de se tromper. Le visage ombragé, elle l’écouta, se retenant de le couper directement pour mettre court à ce chevaleresque message qui lui faisait pourtant injure. J’étais pas sur le bon chemin du tout Cas, tu crois vraiment que je n’ai pas passé un jour de ces trois ans sans penser à toi ? Si c’était le cas, je ne serais revenue que pour les papiers et mon frère avant de repartir aussitôt. Je peux te promettre de faire quelque chose de ma vie, cependant, et se sera m’assurer que la tienne ne se termine pas en prison. Butée, campée sur ses positions, légèrement vexée qu’il pense qu’elle puisse l’oublier si facilement. Certes, elle était partie, avait fuit, et ne s”en voudrait jamais assez pour ça. Mais plus jamais elle ne lui tournerait le dos. Cet avenir là, il ne lui faisait pas peur. Celui sans Castiel, par contre, était inimaginable. C’est ça ta vision du bonheur ? Ta femme, des gosses, Disney pendant l’été ? demanda-t-elle, une ironie amère dans la voix que seul lui pouvait comprendre peut-être. Et elle dans tout ça ? Et lui, et eux ? Jamais, même avec Lui, cet avenir n’avait été celui qu’elle s’imaginait pour elle.
Ses traits se détendirent légèrement alors qu’elle se laissait aller contre son torse, la colère le cédant à la tristesse, immense, brûlante, étouffante. Elle s’accrochait à lui, bouée ballotée, souhaitant plus que tout ne jamais le lâcher. Et lui lui confiait le sort des quelques Murchu restant dans les mains. Le sien, parce qu’elle ne l’abandonnerait jamais, quoiqu’il en dise, et maintenant celui de Phoebe. Je le ferais. C’était, en effet, le moins qu’elle puisse faire.
Et maintenant cette nouvelle, tombée comme un couperet, cette vérité qui semble creuser un fossé au bord duquel la Samson se fige. Toutes les apparences soigneusement construites ces dernières années étaient devenues réalité, alors. Et tout ce qui franchit ses lèvres, ce furent des félicitations d’usage, avec tellement d’amertume que l’air en était tout troué. Enfant voulu ou non ? Est-ce que ça changerait quelque chose ? Pas sûre… Pourtant, elle se sent honteusement soulagée d’apprendre que ce n’est pas cette vision là du bonheur familial que Castiel envisageait. Pas avec elle, pas avec cet enfant, pas maintenant, peut-être même pas ici. Soulagement qui meurt aussi soudainement, alors que les pensées qu’elle ne voulait pas avoir reviennent au grand galop quand Castiel exprime à voix haute ce qu’elle savait déjà. Il ne fuit jamais devant son devoir, c’est bien là sa plus grande qualité mais aussi probalement ce qui lui pourrit le plus la vie. Et cet enfant, voulu ou non, sera le sien. Est le sien. Reculant d’un pas, brisant l’étreinte qu’elle voulait voir durer éternellement pourtant, la brune planta un regard triste et blessé dans celui du jeune homme. Elle aussi n’avait jamais vraiment pensé que ce mariage avec Anthéa serait éternel, que Castiel trouverait un moyen de briser ces chaînes là. Et finalement non. Et elle ne parvenait pas à chasser cette pensée horrible qui aurait voulu que cet enfant disparaisse purement et simplement du domaine du possible. Je ne sais vraiment pas quoi te dire... Ou peut-être avait-elle tout simplement peur de ce qu’elle pourrait avoir envie de dire. De ce que ses pensées actuelles étaient. Celles qui détestaient déjà un enfant à naître alors qu’il n’avait rien fait d’autre que de grandir dans le ventre d’une femme qui, de son point de vue, n’était qu’un boulet accroché à la cheville de Castiel.
electric bird.
Invité
Mar 25 Sep - 18:41
Castiel & Alexis
Merry go'round I don't want to see you down
L’espoir, t’en avais. L’espoir que le nom des Ò Murchù soit enfin traîné dans la boue, que Gidéon ne puisse pas se relever de ce coup-là. Il trouvera un moyen, du moins c’est ce qu’il pensera, mais t’as encore une petite flamme en toi qui espère que ce ne sera que des faux semblants et que ton emprisonnement lui fermera les portes qui n’auraient jamais dû lui être ouvertes. Si tu dois le détruire, d’une façon ou d’une autre, tu préfères encore que la chute soit douloureuse … Si elle doit l’être pour toi, il faut à tout prix qu’elle soit lente pour lui. Mais une personne que tu n’aurais jamais pensé entraîner avec toi, c’est bien Alexis. Pour la première fois en trois ans tu avais été plutôt heureux qu’elle ne soit pas là. Enfin … Pas empli de bonheur, mais soulagé. Parce qu’elle ne te voyait pas à terre, en train de lutter pour rester en vie. Son retour impliquait qu’elle serait aux premières loges. Un sentiment étrange, paradoxal. D’un côté, tu décidais des règles de ton malheur, tu le choisissais. De l’autre, t’étais plus impuissant que jamais. Maître de ton destin, même si tu choisissais la mauvaise voie, tu ne pouvais pas en dire autant de celui de ta meilleure amie. Mais en fin de compte, ne ferais-tu pas la même chose pour elle? La soutenir jusqu’au bout? Même après sa trahison, si c’était toi dans cette situation, qu’est-ce que tu ne ferais pas pour l’en sortir? Tu soupires. Tu n’as de toute manière rien à ajouter, rien d’autre à défendre. Tu ne peux de toute manière pas mener tous les combats en même temps. Tu auras bien le temps de faire comprendre à la brune que tu n’es peut-être pas destiné à être sauvé. Mais Alexis étant Alexis, il y a de toute manière très peu de chances qu’elle te croit sur parole, elle serait bien capable de se perdre en tentant de te réparer.
Tu le sais, au fond, que tu as beau vouloir qu’elle mène sa vie sans plus se soucier de ce que tu deviendras, c’est loin de lui correspondre, tu la connais mieux que ça. Mais dix ans c’est long. Sans compter que dans la prison de Bray, y a sûrement plus d’ennemis de ta famille que d’amis. Enfin de ta famille … De ton père, et probablement de toi également, t’as jamais été très clean, à commencer par ta vengeance qui, maintenant que tu connais la vérité, te paraît plutôt mal placée. Le fait est que tu ne penses pas sérieusement pouvoir sortir de là en vie. Et quelque part, t’as besoin qu’elle se détache, un peu. Assez pour ne pas s’enterrer avec toi. Tu sais que ça ne sera pas simple, que tu ne pars pas en cure ou quelque part où t’auras vraiment le droit de voir la lumière du jour. Et si t’arrives à sortir, t’auras toujours cette étiquette collée sur ton dos. L’homme qui a tué son frère. Celui qui ne mérite clairement pas de vivre. T’es plutôt heureux que Tobias soit parti, qu’il n’ait pas à voir ça, à comprendre réellement qui tu étais. Si nos actes nous définissent, les tiens ne présagent pas vraiment quelqu’un d’admirable, dans le meilleur des cas. “ J’aurais presque quarante ans quand je vais sortir. T’imagines? “ Tu ne t’étais jamais vu vivre autant, il faut dire. L’idée de supprimer dix ans de ta vie était presque tentante. S’arrêter là. Mais tu sais bien que t’es loin d’avoir fini ce pourquoi tu te bats maintenant. Détruire les Ò Murchù, c’était seulement la première étape. Celle qui ferait des victimes autres que Gidéon. Parce que tu n’as pas fini de les heurter, Phoebe, Hécate et maintenant Anthéa. Mais en fin de compte, c’est l’ultime vengeance qui importe. Il t’a élevé comme un soldat, à toi de prouver que tu en es devenu un, même si ça te prendra dix ans pour le faire. “ Pas spécialement ma femme, si je peux l’éviter, mais une que j’aurais choisi, pourquoi pas. Ce serait reposant. Et loin de ce que j’ai toujours eu droit d’avoir. “ Y avait eu une chance, avec Margot. Jusqu’à ce qu’elle ne disparaisse. Quelque part tu restes convaincu que Gidéon n’y est pas non plus étranger. La coincidence qu’elle ne donne plus signe de vie quand tu envisageais de la demander en mariage ne pouvait pas ne pas te sauter aux yeux. Mais ça n’avait plus d’importance maintenant. Toi t’aurais pas cette chance de pouvoir réellement refaire ta vie, tes propres choix.
Parce que maintenant, tu avais un héritier. Héritier de quoi sinon du malheur que tu n’as cessé de propager dans ta famille? Le pauvre gamin non désiré, celui que tu auras du mal à aimer, celui que tu ne connaîtras sans doute pas. Le timing semblait parfait pour le faire naître. Mais quelque part c’était la peur de ressembler à ton père par son éducation qui t’a donné l’électro choc. Presque poétique de penser que l’enfant dont tu ne veux pas est celui qui t’as tiré de l’obscurité. Mais sans doute que tu le voudras quand tu l’auras vu. Sans doute que si la mère ne te convient pas, l’enfant n’a rien à y voir. “ Il n’y a rien à dire … Je vais devoir y aller, Alexis. Ils ne m’attendront pas éternellement pour la cérémonie. “ L’enterrement de Nathan. Quelque part, tu l’avais presque oublié. Tu la regardes, comme pour te souvenir de son visage dans cette clairière qui était votre, à une époque. “ Merci d’être revenue.“
En marchant, tu retournes à ta voiture, pour allumer le moteur et te diriger vers le cimetière. Tu te demandes distraitement si le fossoyeur sera en vue ou si tu peux l’éviter, celui-là. Pas vraiment le moment pour que vienne la discussion qui, pourtant, semblait inévitable. Tu aperçois le parking, mais avant que t’y entres, un autre détail attire ton attention: les deux voitures de police qui y sont garées, légèrement en travers. “ Pendant un enterrement? Sérieusement?“ Y a pas à dire, elle a le sens du spectacle la police de Bray. Tu te gares comme si de rien n’était puis sort du véhicule.
CODAGE PAR AMATIS AVATARS PAR old money. et hedgekey
Invité
Jeu 4 Oct - 19:04
Tu aurais dû être ravi. Lorsque l’on vouait sa vie à pourchasser des meurtriers, la moindre des choses était de se réjouir d’en mettre un de plus derrière les barreaux. Mais quoi que tu fasses, chaque fois que tu arrêtais l’un d’eux, il y en avait un de plus, et puis un autre, et encore un autre. Et si tu voyais passer des monstres, tu voyais bien plus souvent des hommes. Cette affaire ne t’avait pas laissé un sentiment de résolution ou de fierté. Tu n’avais que de l’amertume dans le fond de la bouche en arrêtant la voiture de fonction devant le cimetière ce jour-là. L’amertume de conclure une affaire dont tu n’avais connu que trop tard les tenants et aboutissants. Où était la police, entre la mort de Nathan Ò Murchù et la découverte de son corps ? Où était la police, et où étaient les proches pour n’avoir jamais fait remonter sa disparition. Tout cela t’était comme passé sous le nez, tu avais été trop aveugle pour le voir, et tu ne te départissais pas de l'impression que cela t'arrivait trop souvent. C’était d’une incroyable frustration que de réaliser des années trop tard un crime aussi effroyable. Car il était effroyable ce crime – il y avait des crimes que l’on pouvait comprendre à défaut de les excuser, mais les fratricides, on ne les justifiait pas, jamais. C’était mettre un coup de poignard dans un nom de famille.
L’affaire avait été difficile. Simple, en réalité, d’une certaine manière : vous n’aviez pas eu besoin de courir d’un bout à l’autre de Bray ou à vous cogner sur l’absence de piste. Tout vous avait été offert sur un plateau d’argent – le corps, d’abord, d’un coup de téléphone anonyme, et le meurtrier ensuite, en remontant l'appel. De là, il ne vous avait fallu que quelques jours pour géolocaliser le burner phone et retrouver son propriétaire. Une résolution tardive et sans le moindre effort, il vous avait suffi de constater, de vérifier, et de rédiger un rapport aussi honteux qu’interminable, lequel d’ailleurs était loin d’être achevé, et tu devais t’attendre à ne pas te coucher ce soir. Mais aussi simple l’enquête, aussi complexe le meurtre. Les Ò Murchù étaient décidément une famille bien obscure : tous, un par un, devant le corps du frère, du fils, le corps rongé par le temps, enterré sans talent dans un recoin de forêt ; tous affirmant ignorer qu’il était mort. Mais comment pouvait-on disparaître lorsqu’on appartenait à une famille si soudée ? Et non tant soudée par l’amour que par le besoin de contrôle du père de famille. Pour toi, c’était clair : certains d’entre eux mentaient, mais comment savoir lesquels ? Et de Castiel, tu espérais pouvoir obtenir non seulement des aveux plus officiels, mais une chance de comprendre comment on pouvait être poussé à agir de la sorte. Et puis il y avait le meurtre. Tu l’avais retourné en tous sens et tu n’y voyais pas toute la logique. Il n’y avait pas eu d’acharnement, pas de torture, en fait à voir le corps, on aurait même accusé l’accident. Mais si le fratricide n’était pas intentionnel, comment pouvait-on aller jusqu’à l’enterrer en forêt et lui refuser une sépulture décente, et garder le secret si longtemps sans rien laisser paraître, mentir à sa propre famille, ou la contraindre dans un secret aussi terrible ? Rien que la pensée te soulevait le cœur, tu avais la ferme conviction que le mort n’était pas le plus malheureux dans l’affaire. Non, décidément, cette affaire avait été expédiée trop facilement pour une histoire aussi obscure.
Il y avait un point final dans l’air, tu es conscient pourtant que ce n’est que le début. Il y aurait l’interrogatoire d’abord, l’incarcération, le procès – quantité d’étapes qui feraient jour sur les parts d’ombre qui traînaient encore, tu l’espérais du moins. Et il y avait eu au commissariat un temps de flottement, à savoir si vous deviez procéder à l’arrestation avant ou après l’enterrement. Quand on était responsable de la mort du défunt, et pire que cela, responsable de l’avoir enfoui dans la nature en refusant le deuil à ses proches, on peut comprendre qu’ils soient peu nombreux à vouloir lui laisser cette occasion. Tout son repentir n’en faisait pas moins de sa présence une insulte, et la moindre des choses, pour affirmer son remord, aurait été de ne pas s'y montrer. Et tu le vois arriver, se garer tranquillement. Il sait ce qui l'attend, pourtant tu t’attendrais presque à ce qu’il te passe à côté pour faire ce que bon lui semble et se rendre dans ce cimetière. Ok Ian, tout va bien se passer. Allez, quoi, l’expérience n’empêchait pas un peu de nervosité. Tu l’approches d’un bon pas, l’arme au côté, les menottes à la ceinture que tu décroches par anticipation. « M. Castiel Ò Murchù ? Police nationale, vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de Nathan Ò Murchù. Vous avez le droit de garder le silence. Levez les mains, s’il vous plait. » Et tu avais entrepris de lui prendre les poignets pour les lui attacher dans le dos.
Invité
Jeu 4 Oct - 22:07
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Alexiel
Un soupir pour Castiel, une première victoire pour Alexis. Elle ne le laisserait pas tomber, elle ne le laisserait plus jamais. Il y a des moments où l’on n’a pas le choix, ou les seules décisions que l’on peut prendre sont nécessaires pour notre survie. Quitter Bray était l’une d’elles. Un choix qui n’en est pas vraiment un, une fuite vers la vie avec un goût de regrets. Mais peut-être qu’au fond, le destin n’y était pas pour rien. Peut-être qu’Alexis était partie à ce moment précis, rejoignant le soleil de l’autre bout du monde pour se reconstruire autant que possible, afin de revenir en ces temps troubles, plus forte qu’elle ne l’avait été depuis bien longtemps, afin de tenir le rôle que Castiel occupait par le passé : celui de soutien. Peut-être était-ce le cas. Peut-être que, si elle n’était pas partie, tout aurait été différent. Peut-être mieux, peut-être pire, qui pouvait le dire ? Pas elle, alors ce qu’elle ferait, à partir de maintenant, c’est ne plus jamais s’écarter de ce chemin qui la liait à Castiel. Qu’il y croit ou pas, il valait la peine de faire tout ça, et Alexis n’était pas le genre à renoncer facilement. C’était peut-être une erreur. La dernière qu’elle ferait, celle de tout donner pour Castiel jusqu’à sombrer avec lui. Mais elle ne voulait pas y croire, elle refusait de l’envisager. Elle tiendrait bon, et aucun des deux ne sombrerait, cette fois-ci. Un vieux croulant plaisanta-t-elle bien que le dernier mot se coinça douloureusement dans sa gorge à mesure qu’elle réalisait ce qu’il était entrain d’arriver. C’était un au revoir au goût des plus amers, pour la jeune femme, qui n’imaginait pas un seul instant, quelques minutes plus tôt, que les retrouvailles qu’elle espérait tant, en même temps qu’elle les craignait, se solderaient aussi par un adieu. La peine grandissante dans sa poitrine lui comprimait les poumons, lui donnait l’impression d’étouffer, pourtant, elle serra un peu plus Castiel contre elle. Elle avait peur, il aurait été idiot de le nier. Elle était terrifée parce que, d’eux deux, c’était toujours lui qui avait mené la danse. C’était toujours lui qui avait pris les devants, dessinés les contours du chemin, lui tenant la main pour l’aider à avancer, pour la relever quand elle tombait - et elle était tombée, tellement de fois - pour la tirer en avant. Et maintenant, alors que tout ce qu’elle voulait c’était lui reprendre la main, continuer ensemble, le destin, ce cruel farceur, la forçait à assumer un rôle qu’elle savait pouvoir remplir, mais qui lui donnait le vertige.
Cette tristesse qui la brûlait, intérieurement, cette peine qui l’étouffait, ces larmes qui coulaient maintenant sur son visage, visage enfouit contre le torse de Castiel, comme pour se gorger une dernière fois de sa présence physique avant qu’une vitre en plexigas ne les sépare pour une durée indéterminée. La brune parvenait encore à ravaler les sanglots, mais il y avait trop de douleur derrière cette scène pour qu’elle s’empêche de pleurer. Il était là, sur le bout de leurs lèvres, à portée de main, à quelques centimètres, à quelques petites secondes, le fameux au revoir. Celui qu’elle ne voulait pas affronter mais qui s’approchait, inexorablement. Qui lui faisait même oublié sa femme, son enfant à naître, à Castiel, et tout le reste. Parce que plus rien n’avait d’importance, plus rien d’autre que de profiter pleinement des quelques secondes restantes avant le déchirement que représenterait son départ de la clairière. Tu as toujours eu le droit à ce qu’il y a de meilleur, t’as juste jamais choisi de t’en saisir. Mais ce sera pas trop tard dit-elle néanmoins, la voix embuée de tous ces sentiments qui lui enserraient le coeur.
Première fissure quand il s’écarte légèrement, mettant fin à leur étreinte. C’était fou de se rendre compte à quel point rien, en Californie, ni même le soleil, ni même la plage, ni même les jours qui filaient à toute allure dans son petit train train quotidien, ni même les mecs, rien, absolument rien, n’avait eu le dixième de la saveur que représentait un moment passé avec Castiel, n’avait eu le centième de l’importance que représentait une étreinte avec son meilleur ami. C’était fou et tellement douloureux. Deuxième quand il lui annonce qu’il doit y aller. Le regard baigné de ses larmes, Alexis ne peut que hocher la tête, et se mordre la lèvre, pour éviter de proposer des choses insensées comme la fuite, parce que la fuite ne règle jamais rien, elle le sait désormais très bien. Et de trois quand il plante son regard dans le sien et que la brune croit y voir les prémices d’une dernière fois. Ce n’était pas la dernière fois. Ce ne serait pas la dernière fois qu’ils se retrouveraient tous les deux, ici, loin de tout, dans leur bulle. Elle avait envie de lui crier qu’il ne devait pas avoir ce regard, qu’il n’avait pas le droit, mais aucun son ne franchit ses lèvres et elle se haïssait de se montrer si faible. Comment pouvait-elle prétendre être forte pour deux si un au revoir la déchirait à ce point là ? Elle y remédierait plus tard, pour le moment, elle plongea ses yeux dans ceux de son meilleur ami, accrochant son attention une seconde de plus, une petite seconde d’éternité, avant que la bulle n’éclate définitivement. Quatrième et dernière avec ses trois petits mots. Qui lui rappelaient qu’elle était partie. Son plus grand remord. Il fait un pas pour s’éloigner, quitter leur clairière, un deuxième, le bras tendu d’Alexis retombe le long de son corps après que leurs doigts se soient déliés, et déjà il lui tourne le dos. Cas... Tant de choses contenues dans son surnom qu’elle met plusieurs secondes à retrouver l’usage de la parole, et déjà la silhouette disparaît entre les feuillages. Je t’abandonnerais pas. Même si elle n’est pas sûre qu’il l’ait entendue, elle s’en fiche, Alexis. Elle ne l’abandonnera plus jamais, et elle ne faisait pas des promesses à la légère. Un long moment plus tard, elle rentra finalement chez elle, se réfugiant sous le jet d'eau brûlant.
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