« Il s’en foutait de vivre. Et le drame, c’était qu’il ne crevait pas. »
J’aime pas parler de moi. Ce n’est pas mon truc, et merde j’ai passé l’âge de ça, non ? A quoi ça servirait de toute façon ? Je pourrais écrire un roman sur un idiot qui comprend le pouvoir des mots – je l’ai fait en plus – mais sur moi-même, ça tiendra certainement sur quelques lignes à peine. Car en fait, depuis que j’ai dû reprendre cet hôtel, je n’ai plus cette stimulation intellectuelle qui me passionnait, qui me rendait vivant. Je me sens blasé par les choses, vraiment… A un tel point que ma femme a préféré un type qui passait la serpillère à moi. Ma confiance en moi a prit un coup dans la gueule, soyons honnête hein, même si d’un autre côté je m’en fiche un peu aussi. Je prends mon pied à me venger, quelque part, mais jamais de ces vengeances atrocement rancunières qui durent cent ans. Je finirai par signer un jour ces papiers du divorce…
En fait, je suis un trait de caractère et l’autre en même temps. Particulièrement lunatique, il se peut que je pardonne ma femme un instant, puis que j’y repense et que j’aie envie de déchaîner les flammes de l’enfer sur elle. Ah, et je radote beaucoup. Depuis tout à l’heure, je n’arrête pas de vous parler de ma femme, parce qu’en vrai, j’ai toujours pas avalé son départ. Je suis de ces personnes totalement loyales, qui aiment à fond ses proches, mais qui a tendance à ne pas trop le montrer parce que… Bah j’y pense pas, en fait. J’étais à fond dans mon boulot, et j’ai pensé qu’elle l’acceptait. Puis, j’ai récupéré l’hôtel car ça allait de soi, et je n’ai pas trop demandé son avis. Après moult remises en question, j’ai fini par m’en rendre compte.
Mais, je lui en veux quand même.
Sinon, je suis ce mec un peu chelou, qui va parfois en soirée, quand mon neveu daigne venir garder l’accueil à ma place, qui va danser, peut-être même offrir des verres, puis avoir des regrets et montrer son alliance, qui est toujours à son doigt. Je vais rire aux éclats à une blague, puis vouloir te péter les dents dix minutes après car tu auras dit que je suis chinois et pas japonais – d’ailleurs, je suis aussi brésilien, d’après mes papiers.
En somme, je suis un type plein de complexité, au point qu’une saga ne suffirait certainement pas à me décrire, il me semble.
j’avais six ans
J’étais dans ma chambre d’hôtel. Je révisais des leçons que j’avais prises avec moi, le temps de ce nouveau voyage, le temps que mon grand-père et mon père finisse de chasser le dernier nazi qu’ils avaient repéré. Avec mes yeux bridés, on faisait un peu tâche dans ce coin-là, il n’y avait pas beaucoup de japonais… Mais au moins, un blanc passait tout aussi peu inaperçu. Dans les années 80, tout vieux pépé blanc était de toute façon louche, surtout s’il se cachait dans le fin fond du Brésil conservateur, au sud du pays.
Cela aurait pu être classe, comme aventure. Seulement, j’avais six ans, et je m’ennuyais. Je n’avais pas d’amis dans le coin, comme dans tous les coins où on pouvait aller quand j’étais avec eux. Généralement, quand ils chassaient le criminel de guerre, ma mère, ma grand-mère et moi restions à Sao Paulo, simplement, quand j’étais en vacances… On ne laissait pas seules des femmes avec un enfant, même au milieu de la communauté japonaise de cette grande ville.
Du coup je m’ennuyais. Et avec mes pauvres rudiments de portugais n’étaient pas géniaux pour se faire des copains, surtout qu’on ne me laissait pas sortir. Mais, comme j’étais un gosse, quand je n’avais pas le droit, je prenais le gauche. Je faussais compagnie à mes deux femmes de ma vie, et j’allais voir les vieux pépés regarder les autres enfants jouer au foot, engrangeant ce que je pouvais de portugais, tout en essayant de m’intégrer aux équipes.
Je me souviens particulièrement de cette période-là, car ce fut le moment où je décidai d’être beaucoup plus brésilien que japonais. Que mon enveloppe fût peut-être celle d’un nippon aux yeux bridés mal vus par certains, mais que mon âme, elle, était dédiée au
futebol, à la musique, à la danse, et surtout, à la culture catholique qui m’avait happé. Je m’étais un peu détaché de ma famille, qui parlait tout juste quelques mots de la langue du coin, juste de quoi faire des affaires, surtout pour les hommes. J’étais toujours attaché à eux, mais j’avais la
bossa nova dans le sang. J’aimais cette musique, qui fleurait bon la recherche de la liberté, et cette danse fiévreuse que j’essayais d’imiter, petit gamin tout pâlot à côté de ces adultes brillants au soleil.
j’avais dix ans
Au fil du temps, les nazis ont commencé à caner sans nous. Du coup, il a bien fallu que les hommes de ma famille songe à la reconversion professionnelle… Mon père n’avait encore que la trentaine, c’était facile. Pour mon grand-père, ce fut compliqué en revanche. Il était bien vieux. Et quand vous retirez son gagne-pain à un vieux japonais, c’est comme lui arracher le cœur à mains nues. Il n’a pas survécu longtemps, à vrai dire. Problèmes de cœur justement…
J’étais qu’un môme, qui avait certes voulu déjà s’émanciper de sa famille en voyant la vraie vie, et perdre ce premier pilier dans ma vie, ce fut un drame. Je me souviens encore du moment où il a lâché son dernier souffle, quand grand-mère tentait de retenir ses larmes en humidifiant les lèvres de grand-père avec ce mouchoir, tandis que ma mère mettait des fleurs, de l’encens et une bougie à côté de lui. Je men souviens autant à cause de la tristesse qui s’en était dégagée, que parce que je me rendis compte à ce moment-là que je ne pouvais pas être que brésilien. J’étais japonais aussi.
Durant la crémation, je fis aussi un peu connaissance avec le reste de la famille. Des oncles et tantes que j’avais peu vus, car ils n’étaient pas dans la traque du nazi. La crémation, je la passai à observer ces gens qui pleuraient cet homme alors qu’ils ne l’avaient que peu vu, toutes ces années. Je vis tous ces rites japonais, qui me semblaient totalement étrangers, mais pourtant qui étaient les miens aussi. A partir de là, je refusai purement et simplement de choisir entre la vie, et la famille. Je voulais garder les deux.
Certains psychologues diraient que c’était là le début de la construction de mon identité dans un pays avec une forte population japonaise qui commençait tout juste à s’intégrer dans la société brésilienne, dans une période d’expansion économique forte. Moi, je dirai que je transformai juste une division en une seule personne, capable d’être plusieurs choses à la fois.
j’avais dix-neuf ans
Mes parents avaient insisté pour que je fasse une école afin de travailler dans le commerce. Dans les années 90, le Brésil était déjà une de ces puissances économiques dans le continent, et les chinois étaient notamment les plus nombreux à faire affaires. Donc… Comme je passais pour un chinois avec ma tête de bridé, j’ai dû apprendre la langue. Le mandarin d’abord, puis le cantonnais. Et franchement, j’étais excellent en langue, j’appris tellement vite que je ne compris même pas comment j’avais fait.
Cependant, ce que je compris bien vite, c’était que je ne voulais pas me faire de vieux os dans le commerce. Ce n’était pas du tout pour moi… En revanche, les langues, j’adorais ça. Ainsi, je me mis en tête d’abandonner mon petit boulot d’agent commercial à Sao Paulo pour m’en aller à Recife, avec la famille qui le voulait bien, donc, mon père, ma mère. Ma grand-mère préféra rester sur place, avec ses autres enfants, pour finir sa vie comme elle l’a si bien dit.
Je me sentis mal de l’abandonner, cependant, elle eut les mots pour m’encourager. Car elle déclara qu’elle ne pouvait pas rester loin de son mari décédé, qu’elle n’attendait que de le rejoindre, alors que j’étais porté vers l’avenir. Que j’étais de ces personnes qui avançaient, et que j’avais pourtant le sens de la famille. Que je devais partir, emmener mes parents, me trouver une épouse, et surtout, lui passer un coup de téléphone par semaine, pour lui raconter mes aventures.
Ainsi, à trois, nous partîmes à Recife, pour l’université fédérale, où j’étais parvenu à rentrer. C’était difficile d’y avoir une place, tant c’était sélect… J’avais la chance d’être déjà familiarisé avec les langues, étant japonais, et ayant travaillé un peu avec des chinois, ainsi, j’étais bon pour cette graduação en chinois/japonais. Cinq années d’études, desquelles je ressortis à 24 ans.
j’avais vingt-deux ans
Pendant ces années où j’avais étudié, travaillé comme agent de commerce, puis repris mes études, je n’avais pas oublié mon côté portugais. Après l’école, le travail, j’avais ces soirées avec mes amis, devant une télévision pour regarder le foot, caïpirinha à la main, ou ces nuits à danser en douce compagnies. J’avais eu ma part d’aventures amoureuses, ces aventures-là même qui me poussèrent des bras langoureux une paire de fois. Mais il faut que je parle surtout de Joyce. Joyce… Ah, cette femme me poussa dans mes derniers retranchements. Je me souvenais qu’à l’époque, je laissais pousser mes cheveux, pour plaire à ma mère, qui considérait que la force du samouraï était dans la longueur de son chon-mage. Heureusement, au lieu du traditionnel chignon trois pièce, j’avais le droit à une natte qui était d’une longueur affolante. Et surtout, elle ne me forçait pas à apprendre l’art du combat – j’étais de toute façon bien plus porté sur le coup de poing qui réglait les choses très rapidement.
Mais Joyce, elle se moquait de mes cheveux, gentiment, à chaque fois que j’allais chez elle pour l’entretien de ceux-ci. Elle se moquait aussi de mon respect des traditions japonaises, vantant les bienfaits d’une coupe courte bien plus viriles, qui aurait réglé le problème des gens me prenant parfois pour une femme, jusqu’à ce que je retire mon tee-shirt pour le foot, dévoilant un torse déjà tatoué de mots en japonais et, surtout, plat comme une planche à pain. En somme, elle se moquait de moi, mais moi j’étais fou d’elle.
Pour comprendre à quel point je me suis rebellé contre moi-même pour lui plaire, sachez la réaction de ma mère lorsque je pris cette paire de ciseaux pour me trancher moi-même la natte. Ce fut une dispute terrible, où elle pleura beaucoup, et mon père me gifla même. J’eus aussi droit à l’histoire totale de ma lignée familiale, que je connaissais déjà par cœur, depuis l’ère Genki au moins – pas trop loin de 1600. Mais je tenais bon. J’aimais Joyce, et j’allais l’avoir.
Et je l’eus, à force de patience et de détermination. Avec mes cheveux courts, ma situation qui n’était plus aussi mauvaise qu’avant, et surtout, un peu de moi, je parvins à séduire Joyce, qui devint presque ma femme. Presque. Car nous étions jeunes, et puis il était bien rare que le premier amour soit le bon. Je m’en étais rendu compte depuis un moment, quand elle me quitta, car l’amour n’était plus là, avec cette passion qui nous avait caractérisé du début à la fin.
Ce fut comme un baptême du feu, qui se termina quand ma grand-mère décéda, ce qui marqua la fin de mon combat pour un couple auquel j’avais envie de croire, mais qui n’avait plus rien.
j’avais vingt-sept ans
Mes études terminées, j’avais trouvé un emploi très correct d’interprète pour l’Ambassade japonaise de Recife. Célibataire depuis peu à 27 ans, j’avais décidé que je voulais changer d’air. Alors, avec mes parents déjà proches de la soixantaine mais toujours en forme, bien que meurtris par la vie, nous décidâmes de partir ailleurs. Ce fut en discutant avec des collègues de l’ambassade que j’appris qu’une place s’était libérée en Irlande, à Dublin. Ni une ni deux, persuadés d’un avenir meilleur, nous partîmes, prévenant la famille que nous allions nous installer en Europe, et peut-être en accueillir parmi eux qui le voudraient plus tard. C’était en 2006, je me souvenais encore de cet émerveillement que j’avais eu en descendant de mon avion, accompagné de mes parents autant ravis.
Nous mîmes quelques mois à trouver quelque chose, mais mes parents finirent par acheter un hôtel dans la banlieue de Dublin, à Bray. J’en étais le propriétaire étant donné que je l’avais payé, cependant ils en étaient les gérants les plus efficaces que possible. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était bien, pour employer les nouveaux arrivants de notre famille, quelques cousins qui transitèrent par là avant de vivre leur vie à eux, deux cousines restant comme femme de ménage jusqu’à aujourd’hui, j’aimais cette idée. Bon, ce n’était pas du luxe, pas du tout, non.
On se rendit assez vite compte que le prix quasiment donné des chambres, la localisation, tout cela donnait surtout qu’on avait des clients drogués, des personnes qui n’hésitaient pas à mettre le souk. Mais finalement… On s’en moquait un peu, tant qu’ils nous touchaient pas, et visiblement, il y avait une sorte de règle tacite dans notre hôtel : ils cassaient les objets, mais ils ne touchaient pas les employés. Alors, on accueillit n’importe qui, mettant dehors les empêcheurs de tourner en rond, sans poser de question à qui que ce soit. Le reste n’était que matériel, et on n’était pas de mauvais bricoleurs.
j’avais vingt-huit ans
Je me sentais pousser des ailes, vraiment, et ce fut porté par cette vague de nouveauté que je rencontrai celle qui allait devenir ma femme. J’étais ce japonais, aux cheveux courts, qui dansait dans cette fête dans un bar brésilien, quand je vis cette magnifique créature à la peau d’ébène me sourire. Le coup de foudre n’existe pas, dans ma réalité, cependant, elle me plut instantanément. Ce fut une soirée magique, et tout se passa très vite, tellement vite ! Que je fus père avant même de me rendre compte de quoi que ce soit, tout juste un an plus tard, à 28 ans. En fait, elle naquit peu après notre mariage, car je ne pouvais pas m’imaginer une vie dans elle deux. Ce fut encore plus puissant qu’avec Joyce en réalité.
C’était une interprète aussi, à Dublin, qui voyageait pas mal avec son boulot, sur toute l’Irlande. Elle était spécialisée dans l’accompagnement de touristes aisés voire riches dans leur visite sur le territoire, ainsi je passai beaucoup de temps avec ma fille, que je confiais à mes parents quand j’allais à mes cours du soir à l’université de Dublin, pour faire un doctorat… En langues chinoises et japonais. Il fallait croire que j’aimais réellement ça. Ce furent vraiment des années magnifiques. La seule ombre au tableau fut le décès tout naturel de ma mère, qui se faisait bien vieille et fatiguée déjà.
Je pris ce décès bien plus facilement que j’avais pu prendre celui de mon grand-père. Je le voyais comme l’ordre naturel des choses, et puis elle était partie dans son sommeil, en paix. Quant à mon père, il fut triste, cependant, ma fille était comme son bijou, le consolant de sa perte. Un drame qui se tassa de lui-même, tranquillement.
Comme la vie que j’avais. Elle était faite de voyages avec ma petite famille, de travail qui me passionnait, d’un doctorat génial et d’une vie de chercheur à temps partiel qui me stimulait intellectuellement. La chute allait être dure, très dure.
j’avais trente-sept ans
Les choses ont légèrement changé au fil des années. J’avais l’impression de revivre la même chose qu’avec Joyce, ma femme semblant se désintéresser de moi. J’essayais donc de me battre pour elle, pour qu’elle ne me quitte pas, car je croyais réellement aux sacrements du mariage. Jusqu’à ce que la mort vous sépare, j’avais prononcé ces vœux en les pensant réellement. Mais j’avais dû mettre de côté beaucoup de choses, comme mon travail à l’ambassade de Dublin, et un peu mes recherches, pour travailler avec mon père à l’hôtel, qui devenait réellement craignos. Il y avait de plus en plus de tentatives de vol, et l’employé de nuit avait fini par démissionner. Je bossais donc à sa place, le temps de trouver quelqu’un d’autre, puis j’y étais resté. Je m’investissais comme un fou, et j’étais donc bien moins présent, malgré mes efforts.
Je me doutais bien que ça allait avoir des conséquences. Cependant, je ne m’attendais pas qu’elle prenne ma môme, mon technicien de surface, et me dépose littéralement les papiers du divorce dans la gueule. Littéralement, je répète. Non, vraiment, ça c’était la surprise. Et ça avait l’air tellement définitif que je n’eus même pas l’occasion de me battre pour mon couple. Vraiment, c’était… Voilà, pas de mot.
j’avais trente-sept ans, plus quelques mois
Et je n’eus pas vraiment de mots en fait. Je restai planté à mon accueil de l’hôtel, chaque nuit, jusqu’à entendre encore le hurlement de l’une de mes cousines, qui venait de trouver encore un drogué en overdose, ou bien une chambre mise à sac, ou encore une femme battue, ce genre de chose qui n’arrivait vraiment que dans mon hôtel en somme. J’avais soupiré, comme d’habitude. Puis, j’avais envoyé un texto à mon pote le flic, comme d’habitude. Pour me diriger vers ce qu’il y avait, encore, comme d’habitude. Elle hurlait encore, alors je lui ai tapoté l’épaule, comme d’habitude.
C’était mon père par terre, pas comme d’habitude.
C’était un vol, comme ça arrivait parfois. Simplement, cette fois-ci, mon père était vraiment vieux, et les trois mecs étaient vraiment bourrés. Donc mon père y est passé. Le divorce, du coup, je n’en avais un peu plus rien à foutre. Et comme il restait une once d’humanité à ma femme, elle m’a même légèrement soutenu durant cette période – à savoir en n’insistant pas pour que je signe les papiers du divorce, et en me laissant la petite régulièrement, à condition que je prenne un appartement, un vrai, histoire de la mettre à l’abri des cas sociaux qui venaient à l’hôtel.
Bon, j’étais toujours à Diagon Alley, mais je ne pouvais pas tellement m’offrir plus, et surtout je voulais éviter de m’éloigner de cet hôtel.
J’enterrai donc mon père. J’aurais pu revendre l’hôtel, puisque finalement, c’était la merde, vraiment. J’avais encore les langues. Ouais. J’aurais bien voulu. Simplement, cet hôtel, mes parents avaient tout fait pour ce truc, et mon père avait tenu à le garder. Allez savoir pourquoi… Et puis, je ne connaissais plus que ça de familier, tandis que ma femme ne voulait plus de moi et que j’avais ma gamine que quand madame voulait bien.
Et puis, c’était vrai que je n’étais pas du genre à abandonner. Alors, j’avais décidé de ne pas divorcer. Elle avait besoin de ma signature… Et j’avais plus trop envie de signer.
D’ailleurs, je n’ai pas eu envie de signer pendant deux années. C’était pratique… Elle était adorable avec moi, me laissant la petite de temps en temps, dans l’espoir que je finisse par signer. Ce qu’elle n’avait pas compris, c’était que je lui en voulais sincèrement de m’avoir lâché comme ça. Sans m’avoir donné la moindre chance de me battre. Bon, je vais mieux. Enfin, cela dépend. Ce que je veux dire, j’ai le mal du pays, j’ai envie de me tirer au Brésil, là où j’avais la belle vie, mais je restais, pour mon hôtel, pour ma fille.
Et puis j’avais encore l’espoir de faire quelque chose de ce truc qui me servait de gagne-pain.
j’ai bientôt trente-neuf ans