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 Right here, Right now - Trevor

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Right here, Right now

Tu soupires. Trevor est épuisant. Si on t’avait dit que c’était ça, avoir un frère, t’aurait jamais signé pour. Bon, t’étais un peu jeune à l’époque où il est né, t’aurais pas pu dire grand chose. Mais mon dieu, que cet imbécile peut être un idiot. Pourtant, malgré tout, tu ne peux pas t’empêcher de l’aimer. C’est ça, pourtant, d’appartenir à une fratrie. Enfin, c’est surtout ça d’avoir un frère quand t’es toi-même un mec. T’adores Bonnie aussi. Mais Bonnie, c’est pas tout à faire pareil. Bonnie, c’est une fille. Tu dois la protéger. T’as pas le même genre de relation avec elle qu’avec Trevor. Elle a treize ans aussi. C’est un bébé - tu dis ça, toi qui est tellement plus vieux. Bah ouais, seize ans, t’es mature, c’est bien connu - et les bébés, on en prend soin. On les protège. Même s’ils ne veulent pas de votre aide. Tu sais que Bonnie a du mal avec toi. En tout cas, c’est comme ça que tu le ressens. Tu sais qu’elle t’apprécie. Mais elle apprécie tellement plus Trevor. Dans le fond, t’es p’t’être un peu jaloux. C’est con. T’es comme elle : tu préfères aussi Trevor. C’est horrible à dire. Mais c’est toujours comme ça. Y a toujours un préféré. Et Trevor, il te supporte depuis plus longtemps. Et puis, Trevor, c’est un mec, comme toi. Du coup, vous êtes forcément plus proche. Enfin, plus proche… C’est pas le bon terme. Disons que vous vous comprenez mieux. Ce qui ne vous empêche pas de passer votre temps à vous foutre dessus. Lui les poings, toi les mots. Chacun son domaine. Toi le sage, lui le sanguin. Mais c’est aussi pour ça que t’as besoin de lui : vous vous complétez si bien. Et puis, tu sais que si un jour il t’arrive quoi que ce soit, vous avez beau vous mettre dessus, il sera toujours là. Comme tu seras toujours là pour lui. Quand la situation l’exige vraiment.

Non, parce que tu vas pas lui courir tout le temps après. Comme ce soir par exemple. Encore un soir où il se barre en claquant la porte. Ca te fait soupirer. T’as pas tout suivi. Il s’est pris la tête avec Bonnie, a priori. Une histoire d’animaux totems, de ce que t’as cru comprendre. Bon, après, tu ne peux rien dire. Tu sais que ton frère n’a découvert le sien que depuis peu et qu’il ne le vit pas forcément bien - tu m’étonnes, qui serait heureux de se découvrir cafard ? Mais c’est un morceau de lui. Plus vite il l’acceptera, mieux ce sera pour tout le monde. Lui le premier. Toi aussi, il t’a fallu un moment pour accepter - pour comprendre. Sérieusement. Un lézard quoi. Le truc qui dort au soleil toute la journée. Qui est pas bien grand - mais toujours plus qu’un cafard. Et puis, ça fait pas très longtemps pour toi non plus. Quelques mois, tout au plus. Tu comprends ce que traverse ton frère. T’es sans doute le plus apte à comprendre. C’est pour ça aussi que tu t’inquiètes quand tu te rends compte qu’il met du temps à revenir. Plus que d’habitude. Il est pas forcément très débrouillard, le Trevor. Qui sait ce qui lui est arrivé.

T’enfile un manteau, tu piques une lampe qui traine par là - parce que ça peut toujours être utile -, t’attache tes chaussures et te voilà partis. Une fois dehors, tu te mets dans la peau de ton frère - facile, tu passes ton temps à l’analyser et à chercher à comprendre son fonctionnement - pour voir par où il a pu partir. A ton avis, il est pas bien loin - s’il ne lui est rien arrivé. Il doit juste être dans un état qu’il ne veut montrer à personne. Bah tant pis, tu le verras quand même. C’est pas s’isoler qui l’aidera à aller mieux, t’en es persuadé. Tu marches peut-être pendant une dizaine, voir une quinzaine de minutes avant d’entendre un sanglot. Bingo. Tu trouves ton frère en larme. Tu peux pas t’empêcher d’avoir un petit pincement au coeur. Ton rôle de grand frère prend le dessus sur toutes les piques que tu pourrais lui sortir. Il a pas besoin de ça pour le moment. Juste de toi. Tu t’approches pour le prendre dans tes bras. Tu caresses son dos. Comme pour lui dire : t’en fais pas. T’es pas tout seul. J’sais ce que t’as vécu. T’en fais pas. J’te laisserai pas tomber. Ni aujourd’hui, ni jamais. T’es son grand frère, c’est ton rôle. ‘Ca va aller. J’suis là maintenant.’ T’auras le temps de sécher tes larmes le temps qu’on rentre. Tu te retiens de lui dire ça. Il n’a pas besoin de l’entendre. Tu le sais - t’en es persuadé. C’est pareil. Avec Bonnie, tu lui aurais demandé si elle voulait parler. Avec Trevor, tu poses pas la question. Tu sais qu’il le fera s’il en a besoin. Et t’es certain qu’il en a besoin.


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Right here, Right now
Bien plus qu'un monde qui s'ouvre à l'un et pour l'autre chavire, bien plus qu'une mer qui supplie quand la source est tarie, c'est tout notre amour qui s'éloigne des rives et se perd, mon frère

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Putain de merde. Putain de merde. Putain. De. Merde. Mais qui t’as foutu dans cette famille de merde ? Pourquoi t’as putain de jamais de chance ? Pourquoi faut-il que tu sois entouré de cons, d’égoïstes, de chiens tellement imbus d’eux mêmes qu’ils sont juste pas foutus de te comprendre ? T’en as marre, t’en as ras le cul, ça te dépasse. Tu sais pas comment tu peux les aimer encore, alors t’en déduis que tu les détestes. De toute façon, ils s’en foutent de toi, pas vrai ? Est-ce qu’ils sont là pour toi quand t’as besoin ? Est-ce qu’ils te foutent la paix quand c’est de calme que t’as besoin ? Même si c’est que Bonnie cette fois. Même si, pour cette fois, c’est la seule qui est venue t’emmerder, tu peux pas t’empêcher de remettre la faute sur tout le monde. Tout le monde sauf toi, évidemment. T’as pas choisi toi, t’as rien choisi, t’es juste la victime de ton existence et de celle des autres, pas vrai ? Tu les hais. Tu les hais. Tu les hais à vouloir qu’ils crèvent. Mais si tu les hais, putain, pourquoi ça fait si mal quand ils se foutent de toi ? Pourquoi ça te touche ? Peut-être que tu les hais pas. Peut-être que c’est seulement eux qui te haïssent. Pour vouloir te blesser, faut forcément pas avoir une once d’amour pour toi, tu te dis. Tu te dis pas qu’ils pourraient juste être aussi maladroits que toi pour exprimer leur affection, non. Forcément il faut que ce soit de leur faute. Rejeter la faute, c’est aussi ça, être adolescent.

T’es parti en claquant la porte. T’avais pas grand chose sur toi, juste ton blouson et ton portable, parce que t’es sorti sur un coup de tête, comme d’hab. « ADIEU, J’VOUS HAIS ! » et t’avais fait vibrer les murs tellement t’avais claqué fort. Et tu t’es barré, en marchant vite, avec toute ta mauvaise humeur. C’était fréquent, ce genre de choses. Déjà môme, t’avais eu tes périodes, à peine t’as su marcher et parler correctement qu’on te retrouvait des fois à faire tes bagages en pleurant dans ta chambre parce que soit disant tu voulais partir loin de cette famille débile. Des fois, t’avais même pas le temps d’avoir foutu un pied dehors avant de regretter. Des fois, tu sortais, et puis après une dizaine de minutes, tu te mettais à avoir peur et tu rentrais en trottant. Peut-être qu’ils auraient dû faire quelque chose pour toi, dans ta famille, déduire quelque chose de ton comportement, au lieu de simplement se dire que c’était pas grave puisque tu finirais par rentrer. Tu te sentais mal chez toi, rien de nouveau sous le soleil. T’avais beau être entouré de gens envahissants, à l’intérieur de toi, tu te sentais toujours beaucoup trop seul.
On aurait pu se dire que t’avais mûri. Qu’à quinze ans, t’aurais arrêté ce manège ridicule, que t’aurais finalement admis que t’étais incapable de partir. Mais c’était pas facile en ce moment. Même avant l’incident, t’avais pas une énorme estime de toi, t’avais honte il faut le dire, tu te sentais médiocre. La comparaison avec ton frère, depuis toujours elle te faisait complexer. Plus grand, plus beau, plus intelligent, plus vieux. Forcément, t’étais convaincu que vos parents et Bonnie le préféraient, parce que toi t’étais violent, moche et sacrément con. C’était de la pure logique même si c’était pas forcément vrai, alors tu t’es jamais senti à ta place dans ce cadre plein d’affection. T’as toujours su que t’avais rien à foutre là, que tu pourrais être ailleurs ou même nulle part, ils seraient aussi heureux, et probablement encore plus. Mais par dessus le marché, il y avait eu l’incident. Celui qui t’a fait découvrir ta nature la plus profonde, qui t’a prouvé que depuis le début t’avais raison. Tu valais pas plus qu’un cafard. Et Bonnie, en plus de t’avoir marché dessus pour essayer de te buter, maintenant elle se sentait obligée de se foutre de toi. Et en représailles, tu pouvais pas t’empêcher d’être foutrement irrité.

Tu sais pas tout à fait où tu es, t’as continué droit devant sans réfléchir, trop occupé à ruminer tout le défaitisme qui te tournait dans la caboche. Le coeur brisé, broyé, ratatiné, il en restait qu’une bouillie molle et douloureuse. T’allais pas rentrer cette fois, certainement pas, tu voulais pas la revoir, tu voulais revoir personne. Surtout, tu voulais pas qu’on te voit, tellement tu avais honte, honte de présenter ta face au monde jour après jour. Alors t’as continué jusqu’à un coin tranquille, un coin où personne viendrait t’emmerder, ni te verrait pendant que tu te laissais aller.
Combien de temps t’es resté là, t’en sais rien mais t’aurais pu y rester des jours. Ce qui t’emmerdait, c’est que t’avais pas pris de mouchoirs, tu te frottais ton visage encore imberbe avec les larges palmes qui te servaient de mains, t’essayais tant bien que mal de cacher la misère. Tu voulais pleurer comme un homme, en finir vite, sans une lamentation de gonzesse, mais plus ça tournait dans ta tête, et plus t’avait du mal à ne pas laisser sortir un ou deux sanglots. Tu pouvais pas rentrer comme ça, tu pouvais te montrer à personne avec les yeux aussi éclatés. Comme si t’avais honte d’avoir mal, honte de pleurer quand ce n’était que légitime avec la vie que tu te tapais. Et ça n’arrêtait pas de couler. Pourquoi c’était si simple pour les autres, pourquoi tes frangins s’en sortaient tellement mieux que toi ? Pourquoi il avait fallu qu’on te mette au monde avec cette putain de grosse sensibilité, que t’aurais voulu enfouir profond mais que ton frère n’avait de cesse de pointer du doigt, qu’il le veuille ou non.
Mortimer. Tu l’avais pas vu arriver. T’as presque sursauté de peur quand tu l’as vu juste devant toi soudain et que t’as senti ses bras t’enlacer. T’as refermé ton visage aussitôt, du moins t’as essayé, mais ça ressemblait plutôt à une grimace qu’à autre chose. T’en avais presque un frisson de dégoût de cette étreinte, tu te sentais trop mal, trop nauséeux pour tolérer du contact humain. C’est ce que tu te disais, même si une partie enfouie de toi savait combien tu en avais besoin. Alors tu l’as repoussé. Tu l’as repoussé d’un mouvement brusque pour surtout rompre le contact, parce que tu te sentais vulnérable, et devant ton frère tu supportais pas ça. Surtout devant ton frère. Celui qui pouvait rapiécer toutes tes armures en lambeau d’un seul regard - parce qu’il avait fouillé tout au fond de toi jusqu’à te connaître par coeur. Pas une seconde de ta vie où t’étais pas mis à nu, exposé de fond en comble devant ce connard. « Dégage ! » Ça sortait du coeur, pourtant t’aurais eu l’air malin s’il t’écoutait et te laissait tout seul. « Tu crois que t’as juste besoin de te montrer pour que ça aille ? Arrête de te prendre pour le putain de messie, tu me casses les couilles ! T’ES QU’UN GROS CON ! » Tu l’as sentie, ta voix pétée, ta voix de mec qui a chialé sans prononcer un mot depuis un trop long moment. Forcément t’as eu honte et ton visage a rougi, et forcément pour pas te prendre une réflexion de merde, tu l’as poussé encore, plus fort cette fois, comme avec l’intention de lui faire mal sans forcément en avoir envie.
CODAGE PAR AMATIS

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