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 Fight The Sky - Trevor

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I will watch you fight the sky and wait for it to die and we wait and we wait and we wait for a strong wind to pick you up and rip the pain and slam it down into a wall it can't climb up get passed knock down Trevor & Joshua
       

       
Fight The Sky

       
Comment savoir que je ne suis pas psychopathe ? Une question que Joshua avait posée à son psychiatre, comme souvent. Oh, il ne l'avait pas formulée de manière aussi claire, à croire que cela aurait été trop simple. Il s'était arrangé pour orienter la discussion sur ce sujet, comme pour un débat intellectuel purement objectif où il n'aurait pas été impliqué. Et le psy lui avait répondu, de sa voix toujours patiente, consciente de la lueur d’anxiété dissimulée dans les yeux de son patient. Joshua cachait extrêmement bien ses failles mais son docteur le connaissait depuis des années, lui et ses mécanismes de défenses. Il dissimulait ses émotions, il faisait tout pour ne pas se livrer et même s'il donnait de lui l'image d'un type arrogant et prétentieux, il préférait cela plutôt que d'avoir l'air d'une pauvre petite chose fragile..

Après sa séance, Joshua avait beaucoup marché. Il était rentré chez lui pour prendre ses affaires et s'était rendu à pieds jusqu'au complexe sportif de Bray. Marcher lui faisait du bien. Et il comptait suivre l'avis de son psychiatre en continuant sur sa lancée en faisant du sport, pour extérioriser l'excès de tension qui le rongeait de l'intérieur et qu'il avait tant de mal à exprimer. Quoi de mieux pour se défouler de toute cette colère que la boxe ? Il s'était inscrit à ces cours plusieurs mois auparavant et depuis, il se rendait au moins deux fois par semaine dans le centre sportif pour s'entraîner. En pénétrant dans les vestiaires, les paroles du psychiatre tournaient en boucle dans son esprit.

Un psychopathe est une personne incapable de ressentir de la culpabilité ou du remords pour ses mauvaises actions.
Joshua expulsa un soupir lourd. Le poids de la culpabilité pesait douloureusement sur son cœur, depuis qu'il avait appris l'atroce vérité, depuis qu'il avait appris qu'il avait un frère jumeau que sa mère avait décidé d'abandonner. Il n'avait que onze mois au moment des faits et il ne se souvenait bien-sûr de rien mais il ne pouvait faire autrement que se sentir responsable. Parce que c'était lui qui avait été gardé, parce que c'était l'autre qui avait été délaissé. La larme qu'il avait vue couler sur la joue de Zachary ne cessait de le hanter.

Un psychopathe est incapable d'empathie, c'est à dire de ressentir ce qui se passe chez l'autre, de se mettre à sa place. Il est incapable d'émotions normales telles que l'amour, il réagit généralement sans tenir compte des conséquences de ses actions et montre un comportement égocentrique extrême.
Après s'être changé pour enfiler t-shirt, short et basket, Joshua ferma la porte de son casier un peu trop brutalement, au point que le bruit métallique résonna dans les vestiaires. Est-ce qu'il avait eu tort de se rendre chez Zachary ? Est-ce qu'il avait eu tort de sortir un passé douloureux du placard pour l'agiter sous le nez d'un type qui n'avait rien demandé ? Un type qui s'était reconstruit une vie, une famille, un type qui avait une famille adoptive au sein de laquelle il s'épanouissait, avec un autre frère... une vie où Joshua n'avait manifestement pas sa place. Il n'avait pas pensé aux conséquences. Il avait juste été motivé par l'envie furieuse de retrouver son frère.

D'un pas nerveux, Joshua traversa la salle d'entrainement pour aller rejoindre les sacs de frappe suspendus contre le mur du fond. Il enfila ses gants avec des gestes brusques et saccadés, le visage fermé et le regard sombre. Ensuite, il se mit à frapper. Il enchaîna les coups, avec toute sa puissance, martelant le sac de ses poings, encore et encore, sans s'interrompre. Il continuait inlassablement, jusqu'à ce que les gouttes de sueur coulent contre ses tempes, jusqu'à ce que son rythme cardiaque s'accélère, que la chaleur envahisse ses membres. Et il sentait qu'il aurait pu continuer ainsi pendant des heures sans que sa colère ne perde en intensité. Parce que c'était Zachary qu'il visualisait dans sa ligne de mire, c'était l'image de son frère qu'il imaginait se faire démolir sous ses coups de poings. Joshua n'avait pas envie de se mettre à sa place, pas envie d'essayer de le comprendre. Pourquoi l'aurait-il fait, alors que ce petit enfoiré n'avait pas fait le moindre effort de son coté ? Joshua était venu vers lui, il lui avait tendu la main et il s'était heurté à un mur abrupt et sourd. Zachary l'avait jugé dès le premier regard, il l'avait jugé sans lui laisser la moindre chance, pas la plus infime. Et il avait scellé leur destin par des paroles d'une dureté infinie, affirmant qu'ils ne se comprendraient jamais et que cela ne valait même pas la peine d'essayer. Il avait coupé net toute possibilité d'entente avant même que Joshua ait pu dire quoique ce soit. Il l'avait jugé coupable de ne pas avoir vécu avec lui, de ne pas avoir été là et de ne pas avoir partagé ces années avec lui. Comme s'il l'avait fait exprès, comme s'il était responsable. Son frère adoptif lui, le comprenait parfaitement bien sans doute ? Ils n'avaient pas besoin de se parler, ils se connaissaient depuis des années, ils avaient vécus des tas de choses ensemble. Mais on ne parlait pas de ça non, le truc c'était juste que ce frère adoptif là avait plus de valeur, plus de finesse pour réussir à tout piger mieux que lui, miraculeusement. C'était tellement injuste, bordel !

« HAN ! »

Joshua frappa plus fort, au risque de se démettre le poignet, alors que le sac tanguait dangereusement sur sa chaîne. Non, Zachary n'avait eu aucune envie de comprendre Joshua. Il se moquait de savoir s'il avait souffert, il se fichait de savoir ce qu'il avait vécu pendant des années auprès d'une mère psychopathe, Zachary n'avait rien à foutre de qui il était, de ce qu'il pensait, de ce qu'il faisait. Et il aurait fallu que Joshua s'oublie lui même et se concentre sur ce pauvre petit oisillon tombé du nid qui passait son temps à se victimiser ? Il aurait fallu qu'il s'écrase, qu'il prenne patience, qu'il fasse comme si Zachary était le seul à souffrir ?

Frapper sur un sac, ce n'était pas assez. Joshua avait besoin d'un véritable combat pour se décharger de toute cette souffrance qui lui écrasait le cœur comme dans un étau. Il se retourna, l’œil noir, pour chercher un partenaire dans la salle. Son regard s'arrêta sur un homme aux cheveux sombres qu'il avait déjà croisé auparavant. Il mit quelques secondes à le situer pour se souvenir alors de l'endroit où il l'avait rencontré. Trevor Mcqueen. Joshua avait toujours eu une excellente mémoire des noms. Cet homme fréquentait le même cabinet de psychiatre que lui et ils avaient échangé des banalités dans la salle d'attente à quelques reprises. La probabilité que le psy ait orienté Trevor dans le même sport pour lui permettre de se décharger de ses pulsions agressives était très envisageable. Si c'était le cas, il serait alors le partenaire idéal pour lui. Joshua avait besoin d'affronter quelqu'un d'aussi furieux que lui, une personne qui ne retiendrait pas ses coups, un homme qui mettrait sans doute bien plus de brutalité et de violence que ne le demandait un simple échange sportif entre deux boxeurs. Quelque part, inconsciemment, peut-être que Joshua avait également besoin d'avoir mal physiquement. Avoir mal pour oublier la douleur qui étreignait son cœur.

Il s'avança vers lui, cherchant à capter son regard, la sueur dessinant un cercle plus sombre contre son tea-shirt. « T'es déjà échauffé ? » Dans son humeur sombre, le ton de Joshua avait été cassant sans qu'il le veuille. Il voulait juste savoir si ce mec était prêt à rivaliser avec lui, il était pressé de se plonger dans le combat, il en avait besoin, il se sentait à bout. A tel point qu'il avait oublié de perdre du temps avec les politesses d'usage et de le saluer. Quand il s'en rendit compte, il était trop tard et Joshua laissa échapper un soupir bref, un de ces soupirs agacés et nerveux qu'il expulsait pour se décharger du trop plein d'émotions difficiles. Il se rapprocha et lui offrit un check en guise de salut, de son poing contre le sien, le cuir rouge du gant de boxe ricochant doucement contre le sien. « On a de la place par là. Si t'es prêt on peut y aller. » Joshua lui désigna du regard un endroit de la salle, assez dégagé pour permettre aux boxeurs de s'entraîner au combat. Tout en attendant sa réponse, il l'évalua du regard. Il ignorait totalement quel était le niveau de Trévor en boxe. A vue de nez, il devait avoir une dizaine d'années de plus que lui, ce qui pouvait laisser croire qu'il avait plus d'expérience mais cela ne voulait rien dire. De son coté, Joshua avait apprit à se battre  avec son oncle Gordon depuis qu'il était ado. Et s'il avait étudié les règles officielles de la boxe avec application depuis ces derniers mois, il était déterminé à mettre à profit ses enseignements. « J'te préviens que je ne te ferai pas de cadeau. » Affirma-t-il  avec assurance.
       
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La vie, c’est un peu comme une paire de gants de boxe - ça fait jamais vraiment du bien quand ça t’en décoche une dans la mâchoire. Et ta vie, quand elle cogne, en général elle est pas tendre. T’aimerais te dire que c’est pour se mettre à hauteur de ce que t’es capable d’encaisser, mais ça fait trop de décennies que les coups te mettent au tapis et qu’il y a que ta fierté pour t’empêcher de rester K.O. T’es pas tellement un sac de sable dans ton genre, t’es tellement loin d’encaisser sans broncher. Non, t’en ressors démoli, avec l’envie de cogner en retour, et de parler trop fort pour compenser tout ce que tu peux pas dire. Mais c’est un peu ta faute, au fond, tout ça. T’es né trop nerveux, t’as jamais attendu d’enfiler des gants pour en recoller une. D’ailleurs t’as jamais su faire dans la dentelle, et d’ailleurs t’es souvent celui qui envoie la première mandale.
Au final, c’est plutôt la vie, le sac de sable. Toi t’es la paire de gants de boxe qui frappe tellement fort dans le sac qu’ensuite il te revient dans la gueule en t’écrasant les mâchoires. Et c’est que t’aurais presque envie de t’en plaindre, mais si t’as frappé en premier lieu, c’est qu’il l’avait bien cherché, le sac. Au final, peut-être bien qu’il y a des saloperies cachées à l’intérieur. Peut-être bien des trucs que t’es le seul à savoir. Peut-être qu’un jour, c’est un couteau que tu prendras pour le crever, ce putain de sac. De toute façon, avec toutes les morts que t’as sur la conscience, ça devrait aller pour le geste, pas vrai ? Et puis t’es tellement violent, Trevor. Tout le monde la sent, cette violence que tu planques. C’est pas fructueux comme planque d’ailleurs, y’a pas un jour qui passe sans qu’elle déborde au moins un peu, et plutôt à outrance. T’as pas fini de t’acharner sur ce putain de sac, et t’as pas fini d’en payer les conséquences.

Mais pourquoi t’es aussi violent Trevor ? Cette question, tu l’as entendu trop de fois. Psychologues, psychiatres, comportementalistes, assistants sociaux et j’en passe, les cabinets, les conseils de discipline, depuis quinze ans t’as l’impression de passer de main en main et de jugement en jugement. Et je dis quinze ans, mais j’devrais presque dire trente-cinq, parce que les psychologues scolaires, les pions, les professeurs, enfin somme toute t’as toujours été encadré et toujours collé sous pression. Pourquoi tu tapes sur tes petits camarades, dis-nous ? Pourquoi tu te fourres toujours dans des tas de pétrins ? T’aimerais dire, comme un petit saint incompris, qu’il le fallait bien pour sauver la mise aux jolis minois de tes frangins, mais la vérité c’est qu’ils représentent pas un dixième des emmerdes avec lesquelles tu te dépêtres. La merde, tu la cherches tout seul et t’as pas besoin d’excuse. T’es à cran, t’es à vif, semble-t-il depuis ta naissance. Les regards de travers, les voix trop fortes, les provocations, bien trouvées ou pas d’ailleurs - en fait, t’as un seuil de tolérance trop bas pour coller à ton existence. Pourquoi t’es violent ? Et le pire, c’est que tu t’en fous des conséquences, tu t’en fous de l’état dans lequel t’en ressors. Même si ça veut dire les matraques, les calmants et le mitard, même si tu sais pertinemment la merde qui va t’arriver, tu peux pas t’en empêcher, c’est plus fort que toi. Plus on t’oppresse, plus on te menace, plus on t’excite les nerfs et plus tu te détraques.
C’est de l’autodestruction. Tu le sais putain, tu le sais que ça te fait du mal. Comment tu veux te bâtir une vie sociale quand tes mots d’amour sont remplacés par des coups de poing. Comment tu peux vivre en étant toxique pour les tiens, comment tu peux soutenir le regard de ta mère et lui déverser des horreurs au visage comme si t’avais pas tout l’amour du monde pour elle, comment tu peux dormir dans la chambre voisine de tes frangins quand tu rends bleu Mortimer et que t’as cru buter Bonnie de tes mains. Tu te saisis pas toi-même, tu sais pas comment te débarrasser de ça. T’as honte et tu te détestes, comme si ça allait aider qui que ce soit. Tout ce mal que t’as en toi. T’es mauvais à l’intérieur, t’es comme un cafard. Une carapace solide autour d’une bouillie infâme. C’est ce que tu es, c’est trop tard pour te réapprendre, alors autant assumer. Autant assumer pleinement d’être un connard, vu que tous tes efforts y feront rien. Pourtant tu le sais, au fond, que tu pourras jamais vraiment te plaire comme ça. Tu le sais, que tu préférerais être “comme tout le monde”.

Si t’aimes frapper, frappe. Mais frappe pas des gens. Quand tu frappes pas des gens, tu casses du mobilier - la leçon que t’en tires, c’est que dans tous les cas, faut que ça sorte. Faut que tu sortes cette mauvaise bile qui comble les trous que t’as en toi, faut que tu la sortes à coups de poing - et c’est pour ça que t’es là. Parce que le sac de sable, il va pas crier, il va pas pleurer, il aura même pas mal. Alors tu peux y aller, tu peux y aller jusqu’à tout faire sortir, tu peux y aller jusqu’à ce que ce soit toi qui crie, toi qui pleure, toi qui aies mal. Et pourtant, pourtant y’aurait pas un truc qui manque ? Au final, c’est pas un peu ce dont tu as besoin, d’écraser plus faible que toi sous tes poings, pour te donner l’impression d’être fort ? Parce que la force, tu l’as dans les bras, mais dans le coeur c’est autre chose. Trop sensible, une ironie de grosse brute. Y’aurait trop à en dire, trop à supposer - des causes, des conséquences, des responsables, des facteurs aggravants. Au final pour un truc que tu peux pas toi-même regarder en face. Tu le sais, Trevor, que des trucs vont pas chez toi. Tu le sais que t’as des poids sur le torse que tu fais semblant de pas voir. Il me faudrait un demi-million de mots pour t’expliquer tout ce qui va pas dans ta façon d’être, mais on n’a pas toute la journée. Mais t’es tellement loin - tellement loin de te tirer de ce merdier.

Alors t’es là. T’es là comme un con posé sur un banc de bois bancal, avec des vieux gants trop usés qui sentent la sueur à dix pas. Des gants du club, parce que t’admets pas encore l’idée de devenir un régulier. Tu connais pas la boxe, tu connais pas les règles, tout ce que tu sais faire c’est frapper. Frapper sans réfléchir, frapper sans coup de pute, frapper sans but, pour dépenser l’adrénaline qui te monte trop vite au crâne, qui te donne envie de détruire tout ce qui passe. T’es pas à l’aise avec l’ambiance de club, mais ça serait se foutre du monde que de supposer qu’il t’arrive d’être à l’aise en public de façon générale. Et puis c’est tout con, mais quand t’es là, au complexe, ça te réveille des vieux souvenirs d’enfance - les venues hebdomadaires, à l’occasion du cours de sport, au secondaire. Rien de pire pour te rappeler les quinze ans de vie que t’as perdu, qui sont passés trop vite. Et cette frustration, elle donne envie de frapper. De frapper comme si ça allait rattraper le temps perdu, ah. T’as presque honte d’être aussi vieux, comme si t’avais pas mérité ton âge encore, à force d’avoir rien foutu. C’est con comme réflexion quand on y pense. Mais c’est parlant au moins, parlant pour toi, faut avoir fait de la taule pour comprendre un truc pareil.
T’es déjà échauffé ? La voix pénible avait cassé tes ruminements. T’avais relevé le nez sur - sur quelqu’un, on va pas faire croire que tu te rappelais de son nom, mais sa gueule t’évoquait quelque chose, c’était déjà bien. Et ta soeur, que t’as failli lui répondre, mais t’as retenu ta langue, même si ton expression suffisait en soi à faire passer le message. Il avait l’air de s’être déjà dépensé pas mal, t’en jugeais à l’odeur, et surtout à la douche de sueur qu’il venait de se prendre. « J’te prends à froid quand tu veux. » T’étais pas spécialement agressif, t’allais pas t’emballer pour un peu d’impolitesse. Ce serait l’hôpital qui se fout de la charité, surtout que la triade bonjour - s’il te plait - merci, ça s’oublie vite fait là d’où tu viens. Tu fermes un scratch et tu cogne son gant machinalement avant de finalement te redresser, plus ou moins prêt à en découdre, plutôt moins que plus. Ça te fait plaisir pour une fois de pas te confronter à du rase-moquette tiens, au moins ce gars-là il fait une taille correcte. Tu sais toujours pas d’où tu tiens sa gueule, cela dit, mais après quelques secousses ça te reviendra peut-être. Tu suis son regard, tu l’écoutes, je te ferai pas de cadeau, qu’il te dit, et ça te tire l’ombre d’un sourire, même un semblant de ricanement. « Bah tiens. J’te suis. Te retiens pas, ça me jettera plus vite dans le bain. » T’emboites alors son pas jusqu’à cet espace dégagé où t’allais pouvoir donner et surtout te prendre des coups de poing. Est-ce qu’il allait te gonfler pour que tu t’échauffes d’abord ? T’espérais qu’il serait pas du genre casse-couille, tu comptais sur lui pour servir de punching ball et te dérouiller comme il se doit, parce que t’étais pas tout à fait prêt à extérioriser, t'étais encore seul face à toi-même à l'intérieur de ton crâne. Cela dit, s’il arrivait à te filer un coup de main là-dessus, t’aurais peut-être un semblant de reconnaissance, même si t'es globalement ingrat. Tu armes tes bras, le dos un peu cassé, et tu l’attends, prêt à te protéger. « Quand t'as les balls. » Une petite provoc, pour la forme, et c'est parti.
CODAGE PAR AMATIS

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La manière dont Joshua avait rapidement évalué ce mec, assis à l'écart sur le banc, s'était faite sans jugement personnel et avec beaucoup de froideur en vérité. En le reconnaissant en tant que patient du même psychiatre, il avait juste saisi l’opportunité à tirer de son malheur. Parce qu'on ne fréquentait pas un cabinet de psy quand on allait parfaitement bien, pas vrai ? Alors si ce Trevor avait des maux, quels qu'ils soient, s'il avait des douleurs à extérioriser, Joshua espérait qu'elles soient aussi intenses que les siennes. Il espérait réellement que ce mec souffre à en crever, qu'il soit une espèce de bombe à retardement, qu'il soit un fauve sauvage lâché sur un ring. Ces pensées n'étaient pas réellement construites, elles se formaient dans son esprit de manière spontanée, brutale, confuse. Elles s'exprimaient dans le regard trop noir  dont il écrasait son partenaire. Quand il lui répondit, une vague de soulagement inonda les veines de Joshua, tempérant cet excès d'impatience qui le rongeait. Pendant quelques secondes, il avait craint que ce mec repousse le combat, qu'il tempère sa fougue ou ne tente d'écraser son enthousiasme en exigeant un temps d'échauffement. Après tout, Trevor était assis et il n'avait même pas fini de fermer ses gants. Mais à ce qu'il affirmait, il était prêt à en découdre, à froid ou non, et son rictus s'allia à ses paroles pour prouver qu'il n'était pas du genre à refuser un défi. Joshua apprécia cette manière directe de lui répondre, il n'aurait pas supporté le moindre refus, en cet instant précis. Ainsi, ils rejoignirent ensemble l'espace de combat et Joshua fit craquer ses cervicales, se plaçant face à son adversaire qui se positionnait déjà, sans attendre. Sa provocation agit comme une décharge électrique sur le tempestaire dont le regard restait chargé de rage intériorisée.

« Tu le sauras si je me retiens. »

Et son poing fusa. Dans ses cours, l’entraîneur recommandait aux débutants de ne pas y aller comme des bourrins et de donner des coups sans force. D'autre part, les élèves devaient porter au moins un casque, des protections pour les dents et une coquille, mis à disposition dans la salle. Mais Joshua n'avait aucune envie de perdre son temps à aller en chercher, trop motivé par l'idée d'en mettre plein la gueule à ce type, sans se soucier de se manger lui aussi sa part de coups. Et puis, à quoi servaient les casques et toutes ces conneries lorsqu'on avait avant tout l'envie de faire mal, l'envie d'avoir mal, l'envie de décharger dans l'agressivité et la douleur un trop plein de colère ? Il enchaîna avec une série de coups de poings directs au visage que l'autre évita en se protégeant. La mâchoire contractée, les jambes fléchies, le corps porté vers l'avant, Joshua privilégiait l'attaque à la défense et il y allait à fond.

Pourtant, en dépit de sa rage, de toute sa hargne et de ses tourments intérieurs qui brillaient dans ses yeux, Joshua restait bridé presque inconsciemment par les règles du sport. Il les avait étudiées de manière théorique en lisant des tas de bouquins, comme il le faisait toujours. Ne l'avait-on pas traité d'intello toute sa vie ? Il en avait les réflexes, la nature profonde et la rigidité. Ainsi, même dans cette humeur destructrice, il gardait en lui cet extrémisme et cet obsession pour l'exactitude, ce perfectionnisme rigoureux qui était ancré au plus profond de lui. Sa mère avait toujours voulu qu'il soit parfait, qu'il ait les meilleurs notes, qu'il soit premier en tout, peu importait le domaine, il devait tout maîtriser et tout connaître à la perfection. Et aujourd'hui, une voix intérieure remplaçait systématiquement celle de sa mère pour le pousser à cet idéal dans tout ce qu'il entreprenait. De ce fait, chacun de ses coups, de ses manœuvres, de ses mouvements, correspondaient aux règles de la boxe, dans ce combat fougueux où il s'était engagé. Il n'en était pas de même pour ce mec là, qui lui donnait l'air de se battre n'importe comment, ce qui ne manquait pas de troubler Joshua. Ce Trevor était-il à ce point débutant ou simplement ignare ? Joshua pesta en évitant un coup avant de lui en rendre un, en pleine mâchoire. Un uppercut motivé par sa colère. Son poing rencontra ainsi sa cible avec puissance au point de sentir le corps de son adversaire chanceler. Sa propre rage l'emportait un peu trop et il en fut conscient dans l'espace d'un infime instant qui le fit s'immobiliser dans un élan de culpabilité fugace. Il baissa les poings, cherchant le regard de son adversaire. Il lui avait mis une sacrée beigne, ça avait du faire mal. Joshua déglutit pour chasser rapidement ses regrets et arma ses poings devant son visage.

« Où t'as appris à te battre, Mcqueen, à la cours de récré ? Tu cumules les fautes grossières.»

La manière dont il prononça son nom s'accorda avec son expression ténébreuse. Au moins, l'autre saurait qu'il le connaissait déjà, il n'aurait qu'à faire marcher ses méninges pour se souvenir de lui si ça lui chantait. Sa répartie était aussi agressive que méprisante, Joshua le savait. Mais elle lui était venue trop rapidement, avec une impulsivité trop dure, avec l'envie de ravaler sa foutue culpabilité. Parce qu'il n'avait pas envie de regretter ni d'avoir pitié de ce type. Parce qu'il voulait lui casser la gueule, même s'il ne le connaissait pas du tout, même s'il n'avait rien contre lui. Il avait envie de concentrer toute sa colère, il avait envie de le détester. Il avait envie de se défouler, enfin, de toutes ses forces. Et il avait envie que cet homme le déteste, qu'il le haïsse, qu'il projette sur lui tout ce chaos que représentait le monde, ce chaos que représentait son frère Zachary, à lui seul. Parce que Zachary était froid, inerte, lointain et surtout si odieusement indifférent. Celle là, c'était la pire. Si son frère avait pu hurler contre lui, tempêter, le frapper, au lieu de le rejeter et nier aussi abruptement leur lien, les choses auraient peut-être été plus faciles, il aurait pu expulser ce poids qu'il conservait au fond de lui. Mais tout avait été si plat, si morne, si désespérant. La voix de Joshua devint plus rauque.

« J'ai jamais vu un boxeur aussi nul que toi. Tu veux un casque peut-être ? Sinon, bouge tes fesses et attaque-moi, au lieu de dormir.»

       
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Tu la voyais, la rage que couvait le calme factice de ton adversaire. Elle crevait l’oeil, tu voyais que ça - une violence contenue à l’intérieur d’une paire de gants. Et pas de ces accoutrements ridicules aux couleurs pétantes pour égayer le portrait, pas de ces casques, de ces protèges-dents, c’était rien que l’envie d’en découdre d’un type lambda et démuni. En fait peu importe qui c’était, on s’en fout, c’était presque beau à voir. Beau mais désagréable, si seulement t’avais pas les émotions si contagieuses. C’est ta plaie, ça, ta plaie éternelle, d’essayer de contenir le surplus, contenir un peu des autres en plus de toi dans ta carcasse asymétrique. C’est aussi ça qui allait faire que tu te laisserais échauffer vite, et t’aurais même pas le temps de comprendre ce qui t’arrivait. T’avais les bras levés, la pose était peut-être même pas correcte mais ça y ressemblait de loin, et tu le regardais en face, réagir à tes provocations vides de sens, vides de hargne. Il y répond, avec une phrase qui fait pas beaucoup plus de sens. Quand on sait rien l’un de l’autre, y’a pas moyen de se faire vraiment mal. Tu le connais pas assez pour taper là où ça sera douloureux, comprenez : avec les mots, il reste que les poings pour se faire entendre. Il le sait aussi, c’est pour ça qu’il attend pas plus, qu’il tient pas à te faire la conversation. Il frappe, décoche son premier coup, qui t’atteint pas mais te donne la couleur. Tu sens la force qu’il y met, la rapidité à enchaîner, il s’en fout de tâter le terrain, de savoir comment tu vas jouer - tout ce qu’il veut, c’est taper, tu le comprends bien. Mais il avait la technique, il avait la maîtrise, c’est pas un débutant qui était venu te ramasser là. Tu sais pas pour qui c’est le plus dommage, pour toi qui va prendre une raclée, ou pour lui qui risquerait de pas le voir venir si tu suis pas les consignes. Mais c’est pas ce qui importe pas vrai ? C’est pas ce qui importe. De toute façon personne n’est là pour gagner.

T’avais mis un peu de temps avant de te prêter au jeu, en fait tout ce que t’as fait dans un premier temps, c’était assez tâtonnant et maladroit - peut-être dans une piètre tentative d’adopter des règles que tu connaissais pas, pour t’éviter un jugement déplacé, puisque le jugement tu détestais ça. Tu parais, t’encaissais, t’as bien essayé de casser son enchaînement pour le patater à ton tour mais à l’évidence sans parvenir à quoi que ce soit. Avec tes bras trop grands, trop nerveux, et ton jeu de jambes rudimentaire. T’attends quoi Trevor, pour bouger ton gros cul ? Pire que les parades, ce qui te gonfle ce sont les esquives. T’en fais rarement si ce n’est jamais, presque par principe - par contre quand c’est en face que ça se fait, putain ce que ça t’énerve, rien de pire que de cogner le vide. Et l’uppercut qui a suivi, celui-là tu l’as pas vu venir. Tu l’as senti par contre, le coup dans la mâchoire que tu ne serrais pas assez, faisant claquer tes dents, une chance vraiment que ta langue ne se soit pas trouvée sur le chemin. Il avait ébranlé ta position, tu t’étais empêtré dans tes propres jambes, encore une fois à cause de tes positions plus qu’incorrectes, mais c’était le cadet de tes soucis. Le combat s’était arrêté momentanément, ton adversaire avait baissé sa garde, mais bordel pour quoi faire ? Ouais, ça faisait mal, évidemment que ça faisait mal, et alors. Vous étiez là pour ça de toute façon, une grimace et ça repart. T’as refermé l’expression de ton visage mais c’était pas de la haine, plutôt un mélange de douleur et de colère. Il te décoche un deuxième coup, plus petit, mais celui-là est au figuré : c’est quand t’entends ton nom prononcé de sa bouche et que tu sais pas quoi en penser, t’aimes pas l’idée d’ignorer ce qu’il sait de toi. « En taule » tu réponds à sa provocation vite fait en te frottant la mâchoire. Plutôt pour le petit effet que ça peut donner, pour lui faire comprendre qu’il peut y aller, que c’est pas lui qui va te faire peur, parce que clairement t’avais pas attendu la prison pour apprendre à te dérouiller les poignets. C’est qu’il en rajoute une couche par dessus en plus ! Tu reprends position, à moitié maugréant. « Pourquoi tu t’arrêtes ? J’ai rien senti. Vas-y, secoue-moi - j’serais pas en train de dormir si t’étais pas si mou. » Bien sûr que tu le pensais pas, il venait de te déraciner et t’aurais un sacré bleu à la bouche le lendemain, mais t’allais certainement pas te contenter d’un seul. Tu lui laisses pas le temps de surenchir dans l’immédiat, à peine t’as lâché ton dernier mot que tu passes à l’offensive, à ta manière si je puis dire. Bourrin et désordonné.
C’est déstabilisant pour toi, mine de rien. T’as pas l’habitude d’avoir les jointures coincées sous sept centimètres de mousse, mais au pire s’il est pas content de ta performance, tu l’emmerdes, lui et son minois délicat. C’est certainement pas cette princesse qui va t’apprendre comment te battre. En fait, c’est tout con mais ce qui t’énerve le plus dans la seconde, c’est même pas lui. Ce sont ces putains de gants qui amortissent la sensation quand tu frappes. Ces putains de gants que tu trouves trop serrés pour tes mains trop larges et tes doigts trop longs. C’est ça qui t’énerve, qui te fait taper plus fort, pour ressentir davantage. L’électricité statique qui te picote le dos des mains, les vibrations quand tu tapes, presque trop agréables, qui te hérissent le poil. On sent, petit à petit, que tu te réveilles, que tu commences à suer, mais y’a un truc qui te turlupine encore, t’as envie de lui poser la question, juste pour pouvoir en être débarrassé. Cette question de merde sur le fait qu’il connaisse ton nom, et ça t’irrite, et ça te déconcentre, et voilà tu fais de la merde, il aura pas de mal à percer. Faut que tu la poses, et sans prendre le temps de respirer - d’ailleurs putain, ça se voit qu’on t’a pas appris à gérer ta respiration pendant un combat, tu fais vraiment n’importe quoi. Vas-y pucelle, décoche ton coup, coupe son élan, qu’il te la pose cette question à la con. « J’ai pas de nom à mettre sur ta gueule et je sais pas d’où je la tire, ça me gonfle. » La demande est implicite mais évidente - vas-y crache le morceau parce que ma mémoire se fait plus toute jeune. Eh, c’est que ça serait le début de la fin ? En fait non, t’as toujours été sacrément lent d’esprit, autant que t’étais impulsif. Bête comme ses pieds, une expression taillée pour toi, si t’avais pas des panards plus gros que ce que t’as dans le crâne. Des palmes contre un petit pois.
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I will watch you fight the sky and wait for it to die and we wait and we wait and we wait for a strong wind to pick you up and rip the pain and slam it down into a wall it can't climb up get passed knock down Trevor & Joshua
       

       
Fight the sky

       
La réponse de Trevor n'avait motivé qu'un mauvais rictus sur ses traits colériques, hantés par la rage. Joshua ignorait ce que ce type avait bien pu commettre d'illégal pour se faire mettre au trou mais dans l'immédiat, il n'en avait rien à foutre. Si c'était un ex-taulard, il devait être habitué à recevoir des raclées, ce qui ne le rendrait que plus résistant et c'était une sacrée bonne chose. Joshua n'avait pas envie de le mettre KO trop vite, ça aurait été trop frustrant et il espérait bien pouvoir passer ses nerfs sur un bonhomme qui se s'effondrerait pas au premier coup dans la gueule. Pour son plus grand plaisir, son partenaire se positionna dans une provocation crâneuse et ne lui laissa pas le temps de répondre. Le combat reprit dans une offensive un peu maladroite mais néanmoins fougueuse et les coups s'échangèrent avec énergie, des deux cotés.

« Tu souffles comme un bœuf ! Quoi, t'es déjà lessivé ? »

Joshua le narguait, il sentait bien que son adversaire n'était qu'un débutant et que ses gants le gênaient. Il devinait dans sa façon de se battre que Trevor s'était lancé dans l'échange comme dans un combat de rue, un peu à l'intuition, sans réelle préparation. Pour Joshua, c'était différent, il avait pris le temps d'étudier les règles, il savait comment respirer, il savait comment doser ses efforts. Mais s'il apercevait de multiples erreurs de frappes et de positionnement dans les mouvements de Trevor, il ressentait aussi sa hargne dans le combat. Ses coups étaient puissants mais ils manquaient de précision et Joshua les évitait souplement, les poings serrés devant son visage en posture défensive avant de reprendre l'avantage. Leurs regards s'affrontaient pendant que le combat reprenait, plus acharné. Dans les yeux de son adversaire, Joshua pouvait lire de la curiosité, de l'inconfort peut-être et sans doute un certain trouble. Lorsque la question fusa, il comprit d'où venait cette incertitude qui le déconcentrait et sans lui répondre, il en profita pour lui balancer son poing dans la mâchoire, sans la moindre pitié. Il voulait juste le foutre à terre. Le gars dû en voir des étoiles.  

«  C'est pas en taule que t'aurais pu me croiser, t'inquiète. »

Il y avait une bonne dose de mépris dans sa voix, une volonté de l'écraser. Joshua n'avait jamais fait de prison. Il aurait pu mais sa famille était friquée et possédait de bons avocats, ce qui n'était pas le cas de ce type, sans doute. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, il enchaîna par une série plus violente. Josh n'avait aucune envie d'être fair-play.

« En vrai, ce qu'on a en commun est sans doute pire que ça. »

Pire que la taule : la psychiatrie. Tout à coup, Joshua se sentit mal à l'aise devant cet aveu qui le ramenait à ses démons et ses souffrances et ses coups devinrent plus brutaux. Avouer qu'il avait des raisons d'aller voir un psy, c'était avouer sa douleur. Il en oubliait presque que ce gars là était dans le même bateau. Quand il vit Trevor chanceler et perdre l'équilibre, il s'arrêta malgré tout. Pas la peine d'aller jusqu'à l’assommer. Il soupira avant de reculer d'un pas et d'enfin lui répondre.

« Mon nom c'est Joshua Donelly. Tu l'oublieras plus après cette leçon, j'espère... »

Pourquoi avait-il envie de se comporter comme un sale con ? Il redressa la tête avec hauteur. Évitant plus ou moins inconsciemment de prononcer le mot psychiatre, il se contenta de hausser les épaules. L'amertume rendait sa voix trop rauque.

« On s'est fait conseiller par le même tordu. Parait que la boxe, c'est bon pour ce qu'on a. »

En vérité, il se demandait si c'était réellement une bonne chose, surtout de la manière dont il s'y prenait. La boxe, c'était pas censé permettre de démolir des inconnus pour le seul plaisir d'extérioriser sa rage. Il aurait fallu au contraire qu'il parvienne à contrôler ses émotions, à retrouver son équilibre, à doser sa nervosité, des conneries pareilles, non ? Son visage était sombre, ses yeux envahis par la colère et son sourire toujours torve, mauvais et cynique.

« J'espère que tu t'sens mieux grâce à moi, maintenant. »
       
(c) crackle bones

       
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Fight the Sky
Did you ever doubt your dream will ever come true? Did you ever blame the world, but never blame you? I will never try to live a lie again I don't wanna win this game if I can't play it my way

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Il te laisse une sale impression, ce mec. Non pas que tu t’en soucies franchement, t’es pas ici pour te faire un copain. Mais il a un air arrogant greffé à son visage trop lisse, et ce côté lancinant et railleur dans la voix. Sans compter son allure hautaine de diplômé des grandes écoles qui pète au-dessus de sa raie, qui le place forcément à des années lumières au-dessus de toi, tout en te refilant des allergies au fond de la gorge. Et pompon sur la chantilly, comme si c’était pas déjà assez humiliant pour toi d’être un kamtar sans marche arrière, faut qu’il se foute de ta gueule en te comparant à un bœuf ! Merci mais t’es au courant, comme tu sens la sueur t’entourer la tête à mesure des enchaînements, et c’est pas des plus flatteurs. Le plus con c’est que t’y répondrais bien, à sa question, sauf qu’il a raison - comme tu sais pas respirer, ça tue toute tentative crédible d’en placer une. Faut quand même relever que le « Ta gueule » avait pas eu trop de mal à sortir, pour ces mots-là t’avais surprenamment pas besoin d’oxygène dans les poumons.

T’as pas eu trop l’occasion d’appuyer cette introduction. Trop distrait par le fait de devoir coller un nom sur un faciès qui te disait trop rien, et surtout trop con pour être en mesure de faire correctement deux choses à la fois, il a peu de mal à abuser de ton inattention pour t’éclater l’audition. C’est pas en taule que t’aurais pu me croiser, ça, tu t’en doutais. S’il avait la gueule du connard, il avait pas tant celle du délinquant – ni celle du criminel, si on voulait monter d’un cran. Non, apparemment c’est pire que ça encore. Pire ? Pire qu’avoir passé des années en taule avec du sang sur les mains ? Sur le coup, t’as eu du mal à saisir, et le regard que tu lui as balancé à ce moment-là devait l’exprimer très bien. Y’avait pas pire que d’avoir sa conscience ruinée pour le restant de sa vie, une culpabilité castratrice. Pourtant, le type en face semble sincèrement en vrac quand il en parle. Le mal-être crève la carcasse, et ça s’en ressent dans ses poings, la rage – quand toi t’es juste trop con pour suivre ce qu’il dit et réagir à la fois. Et comme t’as envie de savoir, envie de coller un mot sur ce qui t’a serré les tripes à ce moment-là, t’as fini par céder sous les coups, par te faire cogner et perdre tes appuis, parce que le gars voulait t'envoyer au tapis avant tout. Outch.

Au moins il s’est mis sur pause. T’as le temps de reprendre ton souffle, ta stature et ta dignité, de faire tes grimaces, de te frotter les trempes le menton et les joues, mais surtout d’écouter sans avoir à faire autre chose. Il te le donne, son nom, finalement. T’aimerais bien pouvoir t’exclamer : Ah mais oui, bien sûr ! Joshua ! ça fait longtemps, qu’est-ce que tu deviens ? sauf qu’au final, t’es pas plus avancé. Parce que t’as toujours pas compris qui c’est. « Tu m’excuseras Joachim, j’ai pas la mémoire des prénoms. » Alors, oui, c’était pour le faire chier, même si le fond était vrai. T’avais pas encore fait le lien, et même après ça il t’a fallu un moment pour capter ce qu’il voulait dire par se faire conseiller. Parce que t’as fouillé entre les conseillers bancaires et les assurances et y’a rien qui t’a frappé. Jusqu’à ce qu’il parle de la boxe, et après un moment t’as fini par faire le rapprochement – parce que c’était bien ton psy qui t’avait envoyé là, taper dans des sacs de sable, pour que t’arrêtes de vouloir taper des vrais gens.

Ton visage s’est éclairé un moment sous le coup de la compréhension, avant de passer à de la gêne parce que ça revenait à admettre que vous étiez tous les deux malades. Et visiblement chez lui, le mot psychiatre avait du mal à sortir – toi non plus t’aimais pas franchement en parler, mais bon au bout de plus de quinze ans de suivi, quelque part on finit par se faire à l’idée que c’est pas le médecin qui a tort. Il a pas l’air de le prendre sur le même ton. Il a même plutôt l’air de s’en moquer. Tu te sens mieux Trevor ? « Nan. Pas franchement. » Parce que jusque-là, tu t’es fait rouler dessus, humilier platement. Parce qu’il y avait un sujet regrettable sur le tapis. Parce que ce type était une boule de frustration contagieuse, que t’avais qu’à peine réussi à toucher. Alors t’as eu envie de mettre un pansement sur le tout, et t’as pas attendu de reprendre une pose correcte pour lui laisser flairer le coup à venir. Tu l’as juste beigné comme t’aurais rêvé de le beigner un peu plus tôt, le coup qui démangeait, qui relâchait cette boule d’angoisse que ce connard venait mettre dans l’atmosphère. Le coup totalement gratuit, parce que sa gueule te gonflait, alors tu voulais gonfler sa gueule. « Là ça va mieux ! Pas trop bobo Jaquimo ? » t’as rajouté en souriant avec tes dents. Décidément, c'était vraiment pas la boxe qu'il te fallait.
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Fight The Sky - Trevor
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