Gloups ! Je ne suis pas un poisson. | Idris & Ethan

Idris Gallagher & Ethan O’Leary

Appareil photo en main, le magicien est en arrêt devant la vitre renforcée de l’autre côté de laquelle poissons et mammifères aquatiques se livraient à un ballet hypnotique. Il hésite, attend. Il ne sait pas ce qu’il attend, mais il attend, le bon moment, le déclic, le moment où il va se dire « c’est ça que je dois immortaliser ». Pour une fois, son job lui laisse une certaine liberté artistique alors que le directeur de l’aquarium l’a laissé seul pour prendre les photos comme il le souhaite. L’administration de l’Aquarium de Bray veut renouveler ses flyers et son site web avec des photos plus récentes, et elle a embauché Ethan pour le faire, son nom commençant à se faire peu à peu connaitre, par le bouche à oreille – et l’excellent travail de son assistante. Il s’est donc présenté tôt aujourd’hui auprès du directeur des lieux qui lui a donné un badge exceptionnel pour se balader partout autour des différents bassins, sans pour autant bien sûr lui permettre d’aller dans les lieux sécurisés. Il a toute la journée pour prendre les photos qu’il veut, de tous les bassins bien sûr, et présenter cela dans quelque jour à l’administration de l’aquarium. Il est un peu anxieux à cette idée, espérant que ses clichés plairont, pour une fois qu’il a de latence et qu’on ne lui ordonne pas de prendre des photos précises, comme pour les mariages par exemple.

Finalement après de longues minutes de latence, il sent venir le bon instant et se positionne, captant la seconde ou trois animaux se croisent, leurs corps s’entremêlant, chacun partant dans une direction différente. Il en prend plusieurs à la suite, la succession d’images détaillant le mouvement complexe. Plus tard, il choisirait ou ferait choisir à l’administration de l’Aquarium celle qui rend le mieux ce moment unique. Pour l’instant il s’agit surtout de prendre plusieurs bonnes photos pour avoir du choix par la suite. Alors qu’il continue de prendre d’autres images, comme la danse deux poissons de couleurs différentes, la sensation d’une présence l’interpelle. Se raidissant, il s’apprête à se retourner mais il trébuche et manque de s’étaler par terre, se rattrapant de justesse en posant sa main contre la vitre, à son grand soulagement. Quand bien même ce n’est pas son appareil photo favori – photos pour site web signifie appareil photo numérique – son matériel n’en coûte pas moins cher, et Ethan n’a guère envie d’avoir à le racheter. Finalement il se redresse, un peu gêné, et offre un sourire emprunté au jeune homme qu’il découvre derrière lui. « Heu … Salut ? Désolée je ne t’ai pas entendu arriver. ». Le photographe ne sait pas quoi dire d’autres, mais il ne se voit pas juste ignorer le nouveau venu.

Idris Gallagher & Ethan O’Leary

En arrêt, les créatures aquatiques oubliées, Ethan regarde fixement le nouveau venu, se sentant un peu gauche. C’est étonnant de voir qu’un jeune homme arrive à le déstabiliser, alors que le photographe doit avoir dix ans de plus. Mais Ethan n’est pas du genre à l’aise en société, même s’il l’a été à une époque. Mais c’est presque comme si le Ethan plus jeune a été une autre personne. Mais il semblerait que le trentenaire ait aussi perturbé le garçon qui sursaute également et pousse un petit cri de surprise. D’autres se seraient moqué, mais Ethan compatis – c’est exactement le genre de chose qui pourrait lui arriver. D’ailleurs la partie sursaut lui est arrivé. Ethan regarde son vis-à-vis toussoter, comme pour se reprendre, avant d’entendre une salutation de sa part et des excuses pour ne pas s’être annoncé. Le photographe lui adresse un petit sourire qui se veut compréhensif, espérant lui faire comprendre qu’il n’y a pas de mal, sans pour autant l’exprimer à haute voix. Il ne sait pas quoi dire d’autre, et s’attend presque à l’autre s’en aille, après une rencontre aussi gênante. D’autant plus que lui-même a un travail à faire et qu’il ne faut pas qu’il s’attarde.

Au lieu de ça l’autre s’attarde et lui demande pourquoi il est là, à prendre des photos de l’aquarium. Ethan remarque alors que son interlocuteur est un employé des lieux, qui visiblement n’est pas au courant de la mission donnée qui lui a été assignée. Le photographe n’a rien à cacher, aussi dit-il calmement : « Et bien je suis photographe. Je veux dire, de profession. L’administration m’a embauché pour prendre des clichés de l’aquarium. D’après ce que j’ai compris du directeur, ils veulent refaire leurs flyers et le site web, et veulent des photos récentes. ». Il pointe son badge accroché à son cou, comme pour prouver ses dires. Ethan remarque alors que le jeune homme semble intéressé parce qu’il fait, et le magicien se demande ce qui attiré cette curiosité. Après hésitation, il détache son appareil photo de son coup, et fait apparaitre les précédentes photos sur l’écran arrière de l’appareil, avant de le tendre au jeune brun : « Tu veux jeter un coup d’œil ? Je ne suis pas contre un avis extérieur. ». Après tout un regard neuf, même d’amateur, ne peut pas faire de mal. Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir une formation quand il s’agit d’art. Il suffit juste de savoir ressentir. Quelqu’un avec un côté artistique même non développer peut parfois sentir quand il manque quelque chose à une œuvre. Et quand bien même ces images ne sont destinées qu’à faire de la pub sur du papier glacé qui finirait écrasé et déchiré sous les pieds de passants, la photographie n’en reste pas moins de l’art, et Ethan un artiste. Alors si le néophyte en face de lui veut lui donner son opinion, il sera ravi de l’écouter et de prendre note.