Je ne suis pas Sauron, je suis un chat ! [Evelynn]

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Ca a commencé vers 15h. Le sentiment d'oppression. Le bruit est trop intense. Les camarades de classes s'en donnent à coeur joie, et moi, je souffre en silence. Putain d'hypersensibilité ! On me vrille les oreilles, on me pique les tympan avec des milliards d'aiguilles invisibles. Et ça continue jusque 18h, la fin des cours. Moi ? Je ne parle pas, je reste dans mon coin, je m'isole et dessinant. J'ai qu'une seule envie : m'enfuir. Mais je suis plus forte que ça. J'ai déjà subi pire. Et c'est un cours important. Je ne peux pas. Alors je me préserve comme je peux en essayant de faire abstraction. Ca marche un peu... Ca marche si peu.
Enfin ! La cloche sonne !!! Me libérant. Alors je marche, vite vers la sortie de l'université. Je suis tellement sensible que j'entends tout, ou presque. Petite, j'atais certaine que c'était mon côté métamorphe qui ressortait. Maintenant je sais que je ne suis pas du tout métamorphe, que je suis autiste. Mais il n'en reste pas moins que chaque bruit de pas, chaque craquement de semelle, je l'entends, le ressent dans mon être. Et là, ce n'est pas du plaisir que j'éprouve. C'est de la douleur.

Habituellement, je rentre par les grands axes, m'arrêtant même au salon de tatouage ou au bar. Parfois, je fais même les deux. Mais aujourd'hui, j'emprunte l'itinéraire des mauvais jours. Le plus long, certes, mais le plus silencieux. Les petites ruelles pavées qui donnent sur l'arrière des magasins. C'est un moment de répit tellement délicieux et appréciable. C'est un moment de répit tellement court. Parce que me voilà au bout de la ruelle. Me voilà à l'angle de l'avenue. Oui... de l'avenue. A 18h. Vous avez une idée de la circulation qu'il y a sur une avenue à 18h ? Vous avez conscience du bruit produit par cette circulation ?
J'ai besoin de réconfort. Et quand je ne me sens ni d'aller au salon de tatouage ni au bar, alors je vais à la boulangerie ! Le bruit y est moins intense. J'y demande toujours la même chose : un pain au chocolat et une part de tarte à la framboise. Mais aujourd'hui est une mauvaise journée, n'est-ce pas ? Aujourd'hui, je me heurte à la personne devant moi qui prend la dernière part de tarte. Et j'ai beau regarder, je ne trouve pas de pains au chocolat. C'est idiot, mais je perds mes repères. Vient donc mon tour et la vendeuse est nouvelle. Je ne la connais pas. Je n'y étais pas préparée. L'endroit que j'avais choisi pour me rassurer devenait hostile. "Je... euh... voulais un pain au chocolat et une part de tarte...". Avec un sourire, la vendeuse m'annonce qu'il n'y en a plus. C'est trop de choses négatives en peu de temps. Je ne supporte pas. Ma respiration se fait saccadée, difficile. Je sens la crise d'angoisse arriver. Je mords mon pouce, fort. La douleur est lancinante mais pas assez pour me faire prendre conscience que c'est bien moi qui ai mal. Et puis il arrive. Le goût de sang. J'entends la vendeuse me parler mais je n'arrive pas à me concentrer suffisamment sur sa voix. Je me concentre sur les murmures "elle est bizarre". J'ai envie d'hurler que je ne suis pas Sauron, je ne suis pas mauvaise. Que je suis juste comme les chats : comprise uniquement par mes pairs. La crise enfle et je fais maintenant des bruits de suffocation. Les personnes derrière moi commencent à parler fort, les vendeuses viennent vers moi en me parlant et demandent si quelqu'un fait partie du corps médical. Après tout, l'hôpital se trouve non loin.

Tout cela se passe très vite. La dame à la dernière part de tarte n'a pas eu le temps de quitter la boutique. Mon ongle pisse le sang. Je me débats avec ma respiration et mes angoisses. Mais les gens qui s'agglutinent autour de moi et me touchent, me forcent à m'asseoir, ça n'aide en rien. Non, vraiment, puisque j'en viens à trembler et fondre en larmes.
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je ne suis pas sauron

herjka & evelynn

Don’t cry, Treasure. You’ll get me all wet and then I’ll melt. I’m made of sugar, don’t you know.

Il était 17h30 et elle trépignait doucement d’impatience à l’idée d’avoir enfin sa soirée. Sa première depuis quelques jours. Elle se voyait déjà se faire un marathon Tolkien en se repassant tous les Lord of the rings. Ou bien, peut-être se laissera-t-elle tenter par Star War ? Oh, elle n’en avait aucunes idées, mais elle était toute joyeuse rien que d’y penser, un large sourire venant parfaire son visage. Elle pétillait d’enthousiasme, si bien que Betty à l’accueil avait dû la recaler un peu pour ne pas qu’elle s’enflamme trop. « Pardon » dit-il d’une voix timide, son rire étouffé dans cette dernière du mieux qu’elle pouvait. Ces jours-ci, ce n’était pas très éprouvant. Elle avait dû faire quelques allers-retours chez des patients pour surveiller leur état de santé et s’assurer qu’ils suivent bien le traitement prescrit. Il n’y avait rien eu à signaler. Tout le monde était sage et son rapport avait été un sans-faute. La dernière demi-heure semblait durer une éternité. C’était encore plus frustrant lorsqu’elle voyait les voitures quitter le parking du personnel en avance, pour diverses raisons dont elle n’avait pas vraiment envie de s’attarder dessus. « J’ai envie de sucrer, tu m’accompagneras à la boulangerie après ? Tu penses que si je me sauve dix minutes avant, on va me le reprocher ? Oh, j’ai du mal à tenir en place ». Elle s’était laisser glisser sur le comptoir de l’accueil, les bras lasses de fatigue. En faites, ça ne va pas être pour tout de suite le marathon.
En voyant son état, sa collègue n’avait pas pu s’empêcher de rire un peu. Elle était mignonne à ne pas tenir ainsi en place, elle devait bien l’admettre. Alors, elle avait décliné pour l’accompagnement, mais elle lui avait tout de même adressé un petit clin-d’œil pour lui faire signe qu’elle pouvait se sauver dès à présent. Evelynn lui avait adressé un large sourire, la remerciant par une rapide bise amicale pour la saluer et lui dire à demain.

17h45 donc, elle avait tracé en direction de la boulangerie. Heureusement qu’elle avait ses converses rouges, elle ne savait pas ce qu’elle deviendrait sans. Il lui avait fallu cinq minutes à peine pour rejoindre cette dernière juste à côté de l’hôpital et il y avait un monde fou. Ce n’était pas très grave, elle allait profiter de la queue pour reprendre son souffle. Prenant appuies sur ses genoux, elle sondait la vitrine en quête du saint-grâal. Malheureusement, plus de tartes aux citrons, uniquement des tartes à la framboise. La blonde faisait une légère moue, et la boulangère qui avait jeté un coup d’œil brièvement en sa direction lui adressa un sourire désolé. Elle était pourtant habituée de voir Evelynn venir presque tous les soirs pour lui réclament sa tarte aux citrons. Mais cette fois-ci, pas de chances, il semblerait qu’elles aient eu du succès. Elle n’allait pas se laisser abattre. Une fois que c’était son tour, la blonde s’était redressée, décidée dans son choix de gourmandise. « Je vais te prendre la dernière tarte à la framboise, s’il te pait. Et une baguette aussi ! ». Le temps d’annoncer sa commande, elle avait sorti son portefeuille de son sac à main, préparant la monnaie pour être prête à payer.

Il n’y avait plus qu’à rentrer, ne prêtant pas attention à la personne derrière elle, ne serait-ce que par politesse. Elle avait pris le petit paquet de la pâtisserie, sa baguette sous le bras et elle avait enclenché le pas pour sortir. Chose dont elle n’avait pas eu le temps de faire. A peine son portefeuille retourné à sa juste place, des bruits de suffocations et des messes-basses avaient relevé son attention. Evelynn avait fait volte-face, grimaçant un peu de compassion en voyant tous ses gens agglutiné autour de la brunette qui pissait le sang. « Mais poussez-vous voyons, laissez-la respirer ! ». Et attention, l’infirmière en action. Elle était revenue sur ses pas, traçant un cercle avec ses bras et ses gestes pour que les autres s’éloignent. Que serait une infirmière sans une trousse de premier soin dans son sac à main ? Elle l’avait sorti, prête à l’usage. « Doucement, prends le temps de respirer, inspire ». Elle montra l’exemple en prenant une bonne inspiration –cela l’aider aussi d’un sens pour ne pas tourner de l’œil en voyant l’état dans lequel elle avait mis son ongle- « et expire… Quel est ton nom ? Je m’appelle Evelynn, je travaille à l’hôpital à côté, tu veux bien que je m’occupe de ton ongle ? ». Libre à elle de choisir, elle n’allait pas la forcer à quoi que ce soit.
(c) DΛNDELION
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