Le spectacle de la nature est toujours beau || feat Willow

Sous un ciel sans nuage d’été indien, une petite moto rouge file à toute allure sur le bitume en direction du sud. Quittant le tumulte de la ville, le deux-roues rejoint le calme de la forêt avec délectation. Le bruit de son moteur transperce le calme environnant jusqu’à ce que la bête s’arrête après avoir emprunté un long chemin de terre. Dans la boue, entre les traces de vélos et de bottes, on peut voir des empreintes de sabots et de pattes griffues. « Ah de l’air pur ! » s’exclame Leïlani en retirant son casque. D’en haut, sa mère doit être livide de savoir sa petite princesse conduire un engin de mort. En adulte responsable, elle s’était toujours opposé à ce que sa fille passe le permis moto, mais après sa mort, elle ne pouvait plus rien dire. En moins de 6 mois, Lani avait obtenu le diplôme pour chevaucher une petite Sizuki bien classique.

Cachée par le couvert des arbres, la jeune femme laisse sa moto et son casque attachés par un antivol et s’éloigne dans la forêt. Elle marche un moment avant de s’arrêter et vérifier qu’il n’y avait personne. Hors des sentiers, les gens ont peur de croiser des animaux ou pire, des êtres sauvages dont l’existence est inexpliquée. Faisant elle-même partie des choses inexplicable, Lani n’a pas peur de ses semblables. Pas même des métamorphes, pourtant parfois dangereux. « C’est parti. » Son visage affiche désormais une mine concentrée. Après avoir enfourné ses clef dans la poche à fermeture éclair de son jean, Lani semble de rassembler sur elle-même. Un puissant ouragan de chaleur monte dans son corps en partant de la plante des pieds. Il traverse ses jambes puis son ventre avant de se centraliser en haut de son dos. Si elle n’avait pas l’habitude, elle trouverait ça brûlant à en hurler. Les fées passent souvent par-là dans leur processus de transformation au début. Quelques instants plus tard, toute la chaleur disparait tandis que son dos de cambre d’une manière peu naturelle. Dans son dos flottent maintenant une paire d’aile toute de tendons et de peau, bleu, jaune et rose translucide légèrement brillant. Leur forme fait plutôt penser à des ailes de chauve-souris qu’à celles de Barbie dans Fairytopia ou de la Fée Clochette. Quelle ringardise Disney. Lani disait souvent que ce cher Walt avait eu tout faux durant de longue année sur la vie des êtres surnaturels …

Se contorsionnant pour admirer ses appendices adorés, Leïlani a une pensé pour sa mère qui ne volera plus jamais. Mais aujourd’hui, elle à un rendez-vous particulier qui, à force d’avoir lieu, devient régulier. Une nouvelle amie l’attend au bord du lac, à une petite plage isolée du monde par les reliefs d’une crique. La forêt de Bray semble se jeter dans l’eau en ce lieu. Leï prend son envol, penche à droite, puis à gauche avant de se stabiliser et de s’éloigner entre les branches. Elle adore cette sensation de voler, le vent dans ses cheveux, les pieds au-dessus du vide … Elle a tout le loisir de virevolter et faire des loopings sans rien besoin d’autre que son corps. C’est en riant doucement qu’elle parvient au point de rendez-vous. Le coin est silencieux, quelques vaguelettes s’écrasent sur la plage de galet. Lani se pose sur un rocher en ramassant ses ailes dans son dos. Elle doit être en avance. « Will ? T’es là ? » demande-t-elle à la nature autour d’elle.