[20] Just leave me be - Liam

e matin, en me levant, je n’avais pas pu m’empêcher de sourire en me disant que ce soir, j’allais pouvoir sortir. Ma semaine était terminée et j’évitais d’aller au bar les soirs quand je devais travailler le lendemain matin. Ecouter les autres parler de leurs problèmes avec une gueule de bois, c’était loin d’être évident. Ma journée c’était déroulée normalement, avec quelques patients que je recevais dans le petit cabinet que je possédais en ville. Il n’était pas à moi, je le louais mais je rêvais d’ouvrir mon cabinet de psychologie dans un local qui m’appartiendrait. Et j’avais grand espoir de me fixer dans cette petite ville. Bray était réellement agréable à vivre et puis, j’en avais assez de vivre en nomade, de ne me fixer nulle part. Quatorze ans déjà que je vivais cette vie. Si au début, j’avais compris que Liam me protégeait en changeant toujours de lieu d’habitation, je commençais à en avoir assez. J’avais trente ans et je voulais me poser quelque part. Une fois mon dernier patient reçu, je pus partir rapidement après avoir donné un coup de propre à mon cabinet. Tout en rentrant avec mon véhicule, je m’allumais une cigarette en réfléchissant à la robe que je mettrais ce soir. J’avais déjà une vague idée du modèle mais je verrais de toute façon plus en détail quand je serais rentrée. Ce qui ne tarda pas à être le cas. Arrêtant ma petite voiture dans l’allée, je franchis le pas de la porte avant de me précipiter sous la douche. Je voulais arriver de bonne heure au bar et pour cela, il fallait que je ne perde pas de temps à me préparer. Je pouvais me révéler assez longue sous la douche. Alors que j’étais sous l’eau chaude, j’entendis des bruits dans la maison et je soupirais légèrement. J’aurais préféré ne pas croiser Liam avant de partir en soirée. J’avais beau adorer mon ami d’enfance, il avait le chic pour me mettre de mauvaise humeur à vouloir m’interdire de sortir. Mais je savais qu’il n’avait aucune chance de m’empêcher d’aller boire un verre et de ne pas rentrer toute seule ce soir. Une fois ma douche prise, je fis un tour dans ma chambre, cherchant une robe dans mon armoire. Mon choix s’arrêta sur une robe blanche, près du corps et surtout assez courte. J’adorais cette robe et je ne la mettais que très rarement alors ce soir, j’allais me faire plaisir. Une fois prête, je pris mon sac avant de rejoindre l’entrée. « Salut Liam, je sors… A je ne sais pas quand. » Juste histoire de l’énerver un petit peu plus qu’il ne devait déjà l’être en sachant que je sortais. J’eus un petit sourire en coin avant d’ouvrir la porte.

Liam a terminé sa journée de boulot et n'aspire qu'à une chose ce soir, se reposer et profiter un peu de la maison. Parce que la semaine a été longue et difficile. Les élèves ne sont pas toujours très à l'écoute et même s'il a déjà fait son petit trou dans certaines de ses classes, ça ne marche pas forcément partout et avec tout le monde. Certains élèves lui donnent du fil à retordre et d'autres sont carrément insupportable et Liam doit prendre sur lui pour éviter de leur coller des baffes. Ils sont pourtant quasiment tous adultes mais certains sont restés vraiment très gamins et surtout ils n'arrivent pas à comprendre que ce n'est pas en faisant le pitre qu'on se fait apprécier de ses camarades. Mais ça, ils le comprendront en vieillissant, en se retrouvant seuls puisque tous leurs amis les auront abandonnés.
Dans sa tête il avait imaginé qu'il pourrait passer la soirée avec Abby, qu'ils pourraient discuter un peu tout en mangeant un bon repas préparé ensemble ou bien commandé, peu  importe. Et il rentre donc à la maison, les bras chargés d'une pile de copies qu'il n'a pas pu mettre dans sa sacoche et dépose tout ça sur la table du salon, il sait qu'il s'en occupera bientôt. Il retire ensuite sa veste, pose sa sacoche, se met un peu à l'aise en retirant ses chaussures et va s'ouvrir une bière qu'il prend dans le frigo. Et à sa grande surprise à peine quelques minutes plus tard alors qu'il se rend dans le salon il croise Abby qui le salut à peine et lui dit qu'elle sort ne sachant pas quand elle va rentrer. "- Déjà ?" il est surpris il est quand même bien assez tôt pour sortir et elle ne lui avait pas dit qu'elle comptait aller diner dehors. Bien sur, il sait qu'elle n'a pas de compte à lui rendre mais ça le contrarie quand même énormément. "- Tu peux pas rester un peu ? moi qui me faisait une joie de passer la soirée en ta compagnie.." et Liam fait une grimace, montrant bien par là qu'il est déçu. Il ne manquerait plus qu'elle lui dise qu'elle a prévu de ramener un mec à la maison et elle le mettrait en rogne pour tout le week end là.

’avais toujours aimé sortir, même quand j’étais adolescente et que nous vivons à Clifden. Bien sûr, à l’époque, je sortais avec des amis, nous allions au cinéma ou au bowling… Il n’était pas question d’entrer dans un bar pour en ressortir avec quelqu’un à mettre dans mon lit. Mais tout avait changé depuis la mort de ma famille. Et surtout depuis que Liam me trimballait partout comme un petit chien sans même me demander mon avis. Alors oui, j’aimais sortir mais je ne couchais à droite à gauche que pour le faire payer. Honnêtement, j’aurais pu l’avoir lui, je n’en serais pas là aujourd’hui. Mais nous étions amis d’enfance, il me considérait comme sa petite sœur… Vous la voyez venir la friendzone si je tentais quelque chose? Moi oui et je refusais d’être rejetée. Alors c’était aussi une explication. Ne pouvant avoir l’homme que j’aime, j’ai décidé de ne jamais me fixer, de papillonner de fleur en fleur, en changeant quasiment tous les soirs où je sortais. Et ce soir, c’était ce qui était prévu. J’avais mis ma plus belle robe, celle que je ne portais que pour sortir et être certaine de ne pas rentrer seule ou même de ne pas rentrer du tout. Je ramenais parfois un homme à la maison mais il m’arrivait également de découcher. Après tout, je n’avais pas besoin que Liam entende tout ce que je faisais pour savoir que cela allait le mettre en rogne. Et je trouvais même que parfois, il était bien plus en colère quand je ne rentrais pas. Descendant, je croisais le jeune homme en question, lui annonçant que je sortais. J’avais à peine ouvert la porte que je sentais déjà la déception dans sa voix. Et cela me faisait mal. Parce oui, on pouvait me croire sans cœur mais c’était parfaitement inexact. Je n’aimais pas savoir que Liam était malheureux, surtout si c’était à cause de moi. Je fus néanmoins un peu agacée par ce qu’il ajouta. « Liam… Je ne suis pas sortie de la semaine, on a largement eu du temps ensemble. » Ce qui était en partie vraie… J’étais bel et bien sortie une fois il y a trois jours, quand le jeune homme dormait. J’étais persuadé de ne pas avoir fait de bruit en sortant d’ailleurs, bien que cette fichue porte d’entrée grince légèrement. Je me tournais vers lui, le visage légèrement fermé. « Ca aurait été quoi le programme de la soirée, hein? Se regarder dans le blanc des yeux avant qu’une dispute éclate parce que j’aurais eu envie de sortir? » Parce que cela finissait parfois ainsi, dès que j’émettais l’idée de sortir. Il savait aussi bien que moi comment toutes mes soirées se terminaient et j’avais pensé qu’en partant de bonne heure, j’aurais évité une scène… Mais je m’étais apparemment trompé.

Liam pouvait pas la laisser sortir, tout simplement parce qu'il n'aimait pas ce qu'elle faisait, il n'appréciait ce genre de sorties, parce qu'il savait comment ça finissait avec elle et ça lui faisait mal de savoir qu'elle couchait avec tous les hommes qu'elle rencontrait. D'ailleurs, il se demandait si elle avait déjà coucher avec un de ses patients, si ça se trouver c'était ce qu'elle faisait. Et il n'aimait pas ça, aussi parce qu'il ne pouvait pas la surveiller et il était hors de question qu'il sorte et qu'il assiste à ce genre de spectacle. Ca ne lui donnait qu'envie de frapper ce pauvre type qui devait se la taper. Et puis il y avait aussi cette réputation qu'elle allait finir par se trainer, parce que bon la ville a beau être grandes, certaines choses vont vite et ça fait plus mal d'entendre certaines remarques quand c'est à propos d'une fille, celle qu'on considère comme sa petite soeur et même si parfois les mecs sont encore pires que les femmes, c'est moins grave aux yeux de Liam. "- Tu te fou de moi ? tu crois que je ne t'ai pas entendu l'autre soir ?" Liam détestait quand elle lui mentait. Elle devait le savoir pourquoi, Le totem de Liam c'est le loup et le loup entend tout, même quand il dort. "- Je ne t'ai jamais interdit de sortir ! C'est ce que tu fais quand tu sors qui me dérange. Et puis tu sais très bien que je ne peux pas te protéger si tu es loin de moi..." et Liam se met à soupirer, parce qu'il ne peut pas se permettre de la suivre, même si parfois il en meurt d'envie et qu'il fait les cent pars dans la maison. Il lui arrive aussi de lui envoyer des messages alors qu'il sait très bien qu'elle n'y répondra pas. Il est possessif avec elle et s'en rend bien compte, mais c'est aussi pour son bien. Il a fait une promesse et il compte bien la tenir même si maintenant elle a trente ans, l'important c'est cette promesse mais aussi ce qu'il ressent pour elle. Il ne peux pas la perdre, elle compte trop à ses yeux. Et vivre sans elle c'est inimaginable.
Il s'approche tout en la regardant bien dans les yeux et posa sa main contre la porte et la repousse afin qu'elle ne puisse pas disparaitre de suite, parce qu'elle est vive aussi quand elle le veut. "- Ca t'ennuie à ce point de passer une soirée avec moi, de me regarder dans le blanc des yeux comme tu dis ? On pourrait discuter, parler de la prochaine ville où on ira." Liam le sait qu'elle ne veut pas entendre parler de ça, mais il a déjà plusieurs options et ce serait bien qu'ils commencent à en discuter sérieusement.

iam savait qu’il ne pouvait pas me retenir indéfiniment, que je trouverais toujours le moyen de sortir quand il aura le dos tourné. Je sais que cela l’énerve de savoir que je sors pour coucher avec un homme mais je ne pouvais pas faire autrement. Enfin, si je pourrais toujours arrêter de sortir mais si c’était pour me retrouver à parler de la pluie et du beau temps avec le jeune homme, ce n’était même pas la peine d’y penser. Je grinçais des dents en levant les yeux au ciel quand je compris qu’il m’avait entendu sortir alors que je pensais qu’il dormait. « Fais-moi penser à graisser cette fichue porte. » Je savais qu’il ne le ferait pas… Parce que ce serait me donner le champ libre pour d’autres virées nocturnes qui ne l’enchantaient guère. Je lui lançais un regard noir en croisant les bras. J’avais beau avoir trente ans, j’avais l’impression qu’à ses yeux, je ne serais jamais que la jeune adolescente de seize ans, effondrée, qui avait trouvé refuge dans ses bras quand nous avions découvert nos familles assassinées. « Je ne te dis rien moi quand tu couches avec une fille. Et zut Liam, j’ai trente ans, je suis vaccinée c’est bon, lâche moi. » Mais en même temps, cela me faisait du bien de savoir qu’il était derrière moi, à me protéger. Parce que sans lui, sans sa présence, j’aurais tout à fait été capable d’essayer de retrouver le chasseur qui avait tué les miens pour en faire de la pâté pour chien… A mes risques et périls car rien ne disait qu’il avait agi seul ou avec un groupe. Et si je m’attaquais à un groupe de chasseur, c’était moi qu’ils allaient transformer en pâté pour chien… Parfois, je me demandais où nous en serions si nos familles avaient pas été massacrées, si nous avions grandi avec eux, dans nos maisons de Clifden et non pas en nomades. Je sortis cependant de mes pensées en voyant le jeune homme s’approcher et s’appuyer sur la porte, la fermant derrière moi. Bon, s’il restait appuyer à cette dernière, je ne risquais pas de sortir. Mais je n’étais jamais à l’aise avec la proximité de Liam. Parce que dans ce genre de moment, j’avais toujours envie de me blottir contre lui, de sentir ses bras forts me serrer… Et je ne pourrais jamais lui résister. Je détournais légèrement les yeux avant de serrer les dents. « Arrête de parler comme si on allait à nouveau déménager. Bon sang Liam, t’as pas envie de te poser enfin? De te trouver une femme, de fonder une famille? » Cela me briserait certainement le cœur de le voir tomber amoureux d’une femme et avoir des enfants avec elle mais c’était la triste réalité. Lui tournant finalement le dos, je tentais d’ouvrir la porte mais peine perdue. Soudain un peu plus en colère, je me poussais de la porte avant de faire les cent pas dans l’entrée. « Très bien, tu veux parler. Et bien parlons. Après toi, je t’en prie vu que c’est ton idée à la base. » J’étais très douée quand il s’agissait de faire ma mauvaise tête et Liam le savait. Maintenant que j’étais décidée à parler, il pourrait toujours essayer de me mettre dehors parce que je lui tapais sur le système, il n’y arriverait pas.

Liam n'appréciait pas quand elle essayait de le prendre pour un con, lui racontant n'importe quoi. Etant métamorphe elle savait que tout comme elle il y a certaines choses qui ne pouvaient pas leur échapper. "- Ouais, t'en fais pas pour ça je le ferais pour toi !" bien entendu Liam était tout simplement sarcastique, lui disant cela juste pour la faire taire sur le sujet, parce qu'ils savaient tous les deux qu'il ne le ferait pas et ne lui rappellerait pas. De toute façon que la porte grince ou pas, cela ne changerait pas grand chose au fait qu'il l'entendrait partir. "- C'est peu être parce que moi, contrairement à toi j'me tape pas tout ce qui bouge..." Liam regrettait déjà de l'avoir dit mais en même temps c'était tellement vrai. Quand elle sortait elle couchait, c'était systématique, que ce soit ici à la maison ou bien ailleurs, mais elle le faisait. Liam sentait toujours les odeurs quand elle revenait ou qu'il la croisait, parce que souvent il la croisait le matin quand elle rentrait de sa soirée alors que lui se levait.
Liam lui avait plus ou moins bloqué la porte, mais si vraiment elle l'avait voulu elle l'aurait fait se pousser, ce n'était pas compliqué, il ne se battrait jamais contre elle. Et elle avait la force de le persuadé, d'un regard, mais elle le faisait rarement, c'était étrange quand même. "- Pourquoi, toi c'est ce que tu veux ? te poser, te trouver un mec et fonder une famille ? t'es en train de faire tout le contraire avec ton attitude Abby. Tu sais les rumeurs vont bon train et ça fera rapidement le tour de la ville que t'es une fille facile et j'pense pas que tu trouveras un homme sérieux dans ces conditions." bon sang mais Liam tu peux pas fermer ta gueule hein ? en lui parlant comme ça mise à part lui donner envie de foutre le camp tu crois qu'elle va avoir de quoi là non mais sérieux ! Liam s'en veut de lui parler comme ça, mais faut bien que quelqu'un le fasse de toute façon. Elle ruine se réputation, elle va finir par n'avoir plus aucun patient et ceux qui viendront la voir se sera juste dans l'espoir de se la taper. Liam baissa la tête quelques secondes, lâcha la porte et répondit simplement "- C'est bon c'est plus la peine, j'ai plus envie de parler."

’eus un petit sourire sarcastique, comme je savais si bien les faire. J’avais parfaitement compris l’ironie dans les mots de Liam. Depuis est-ce que nous nous parlions ainsi? Depuis quand étions nous aussi dur l’un envers l’autre? J’aurais aimé retrouver notre relation d’avant, cette relation d’amis de quand nous étions plus jeunes. Désormais, nous étions en éternel conflit concernant mes sorties. Mais comment lui dire, comment lui faire comprendre que je le voulais lui, lui qui me considérait comme sa petite sœur? Non, impensable. Alors je préférais me détruire, ruiner ma réputation plutôt que de me prendre son rejet en plein visage. Je me pris ces quelques mots en plein visage. Certes, je savais que je couchais avec tout ce qui bougeait mais l’entendre dans la bouche de Liam, cela faisait bien plus mal que ce que je pensais. Mais ce qu’il ajouta sur mon désir de fonder une famille me fit encore plus mal. Il y avait bien longtemps que j’avais fait une croix sur cette idée de trouver un homme et d’avoir des enfants mais il n’avait pas non plus le droit de me parler ainsi. Je finis par lui tourner le dos, ne voulant pas qu’il puisse voir le désarroi sur mon visage. Je ne savais même plus si j’avais envie de sortir ou pas du coup, avec tout son cinéma. Je tournais légèrement la tête vers lui quand il ajouta qu’il ne voulait plus parler. Je soupirais tout en reportant mon regard droit devant moi. « Si tu ne voulais pas que je sorte, bravo, t’as gagné. Bonne soirée Liam, je monte me coucher. » Non mais de quel droit pouvait-il me sortir une telle chose? Je faisais ce que je voulais de mon corps, ma réputation ne regardait que moi et je m’en fichais pas mal. Je ne couchais pas avec mes clients même quand j’avais le malheur de les croiser dans un bar. Me drapant dans ma fierté en lambeaux, je montais les escaliers pour rejoindre ma chambre. Je claquais violemment la porte derrière moi avant de me débarrasser de ma robe que je jetais en boule dans un coin. Je me fichais pas mal d’être en sous-vêtements, j’étais dans ma chambre. Je me couchais sur mon lit, la tête contre mon oreiller. Je n’entendais plus rien dans la maison, Liam avait dû partir et personnellement, mon ventre criait famine. Je finis donc par redescendre pour me faufiler dans la cuisine, à la recherche d’un petit truc à me mettre sous la dent. Je finis par sortir un bout de fromage du frigo, marmonnant entre mes dents. « Sac à puce… Me parler comme ça, à moi… Je donne pas cher de la peau de celle dont il tombera amoureux… » Je mordis à pleine dent dans le bout de pain que j’avais réussi à trouver avant de mâcher. Je rêvais de trouver un punchingball pour passer mes nerfs et je me promis d’aller dans un magasin de sport pour en acheter un.

Liam y était aller bien assez fort, il le savait parfaitement, d'ailleurs il s'en voulait pour tout ce qu'il avait pu dire. Mais s'il ne le faisait pas, personne d'autre ne le ferait et c'était pour son bien. D'accord il jouait un rôle qui n'était pas le sien, mais elle n'avait plus de famille, elle n'avait plus que lui, alors s'il ne lui disait pas la vérité, qui le ferait pour elle ? C'était pour son bien, malgré le fait que ça devait la blesser. Mais leur relation avait changé à telle point qu'il ne pouvait pas faire autrement que jouer le rôle du père ou du frère, de la mettre en garde et de lui dire la réalité sur son comportement. Abby allait avoir une très mauvaise réputation et ça allait jouer sur son travail, elle finirait par ne plus avoir de patients à son cabinet et n'aurait pas d'amis ou uniquement des gens intéressés par son corps et le fait de passer un bon moment en sa compagnie. Et ça, Liam ne pouvait pas le concevoir. Elle méritait mieux que cette saleté de réputation qu'on peut donner à une femme alors que parfois les mecs font bien pire mais à eux on ne dit rien. Il la laissa partir, restant silencieux et l'observant en silence. Il s'en voulait oui, pour tout ce qu'il lui avait dit et aurait aimé pouvoir s'excuser mais étant tous les deux de véritables mulets ça allait  être compliqué d'en arriver à des excuses.

Liam s'installa sur le fauteuil, regardant devant lui, le tas de feuilles qu'il avait déposé là tout à l'heure, ne sachant plus s'il avait le coeur à s'en occuper maintenant ou à tout envoyer balader. Et ce n'est que plus tard qu'il entendit du bruit dans la cuisine, ayant perdu la notion du temps, il se leva. Il s'approcha de la porte de la cuisine en silence et observa Abby qui se trouvait là et qui pour l'instant ne pouvait pas le voir vu qu'il était dans l'encadrement de la porte. Son regard se posa sur son corps qui semblait tellement parfait, les courbes de ses reins, son dos, ses fesses, puis sa nuque et c'est à ce moment là qu'il se rendit compte qu'elle était en petite tenue et que ça n'était pas correct. Et donc après un bon moment à l'observer il finit par ouvrir la bouche pour lui dire "- Tu devrais te couvrir." avant de finir par cesser de la regarder et poser son regard ailleurs que sur son corps parfait. Il n'était pas gêné de l'avoir regardé, c'était plus le fait de l'avoir fait sans se rendre compte qu'il l'avait regardé elle en petite tenue dans la cuisine. Ce n'était pas correct de la regarder avec insistance, pas plus que le fait de descendre dans cette tenue pour aller prendre à manger dans le frigo. Elle se pensait sans doute seule mais ce n'était pas une raison. A chaque transformation qu'ils avaient fait ensemble Liam avait fait en sorte de ne pas la regarder dans sa nudité, tout comme il avait fait en sorte de se cacher un maximum à ses yeux lorsqu'ils retiraient leurs vêtements, quelques secondes avant la transformation.

arfois, je me demandais si cela valait réellement le coup… De rester vivre avec Liam alors qu’il avait une aussi basse estime de moi. Je me disais de temps en temps que peut-être tout serait différent si je venais à me prendre mon propre appartement en ville… Et je me ravisais bien vite. Parce que je n’avais jamais vécu seule en trente ans et que je ne savais pas si je serais capable d’y arriver maintenant, alors que le jeune homme se trouvait quelque part en ville. Même s’il était chiant, ce qui était parfois un doux euphémisme, j’aimais sa compagnie. Il était le seul à pouvoir me comprendre même si parfois, je me disais que ce n’était plus le cas. Allongé sur mon lit, je fixais le plafond avant d’entendre le bruit caractéristique de mon estomac. Je soupirais avant de quitter ma chambre, espérant ne pas tomber sur Liam. Parce que je savais que j’aurais certainement droit à une nouvelle scène et je préférais donc l’éviter. Arrivant dans la cuisine, je pris un morceau de fromage et un morceau de pain, m’installant dans un coin avant de mordre à pleine dent dans la nourriture. Je pensais être seule aussi, je ne pus m’empêcher de sursauter en entendant la voix du jeune homme derrière moi. Je tournais légèrement la tête vers lui pour le voir fixer les éléments de la cuisine. Maintenant, il n’osait même plus me regarder et cela faisait mal. Je soupirais tout en reportant mon regard droit devant moi. « Quoi? Le spectacle te dégoute? Cela ne m’étonnerait pas après que tu m’aies clairement considéré comme une marie-couche-toi-là. » Mais en même temps, je ne savais pas à quoi je m’attendais… A ce qu’il me prenne dans ses bras en me disant qu’il était désolé? Dans mes rêves, Liam était aussi têtu que je pouvais l’être et je savais que jamais il ne s’excuserait. Et puis, après tout, c’était en quelque sorte ce que j’étais, une marie-couche-toi-là… Mais autant cela ne me dérangeait pas dans la bouche des autres, autant dans celle de Liam, c’était une autre histoire. « Tu sais quoi Liam? Je n’ai pas de compte à te rendre. Tu n’es ni mon père ni mon mec alors j’ai encore le droit de faire ce que je veux. » Abby, sérieux, il y a des moments où tu devrais réfléchir avant de parler… Mais en même temps, j’en avais assez qu’il soit toujours sur mon dos, à épier mes moindres faits et gestes. Je reposais ce que j’avais dans les mains sur le plan de travail de la cuisine. Liam avait le chic pour me couper l’appétit par moment. Et dire qu’à une époque, on riait ensemble comme des idiots… Ce temps me paraissait bien loin désormais.

Liam ne pu retenir une moue à ce qu'elle lui dit, alors qu'il voulait juste qu'elle se couvre, c'est à dire qu'elle mette une veste, un gilet, un t'shirt, enfin qu'elle soit un peu mieux habillée pour se trouver dans la cuisine et surtout face à lui. Ca n'était pas correct qu'elle se balade en petite tenue, tout simplement parce qu'il n'était ni son frère ni son père et que techniquement il n'était qu'un homme. Donc voir une femme se balader en petite tenue ça donne des idées même quand on n'a pas spécialement envie d'en avoir. C'est comme certaines choses ça attire le regard et la convoitise. Mais peu être qu'en réalité elle le faisait exprès juste pour le provoquer et voir les réactions et les effets que ça aurait sur lui. Sauf que Liam était persuadé qu'en réalité elle s'était cru seule et que donc du coup et bien elle ne l'avait pas réfléchit tout simplement. "- Arrête de dire n'importe quoi." Liam soupira, essayant de ne pas la regarder à nouveau. Il quitta la pièce quelques secondes, revenant avec sa veste qu'il avait déposé sur le porte manteau dans l'entrée un peu plus tôt et s'approcha d'elle. Et c'est là qu'elle en rajouta une couche. Il le savait déjà tout ça, ce n'était pas le problème. Et il posa la veste sur les épaules d'Abby même s'il se doutait qu'elle allait l'envoyer balader elle aussi et lui dit tout simplement en s'approchant d'elle pour le faire. "- Je m'en fiche de savoir avec qui tu couches,tu fais ce que tu veux.. c'est ta réputation qui m'importe Abby." et c'est sans doute pour ça aussi qu'il envisage déjà un nouveau déménagement, une nouvelle mutation. Mais Liam sait que ça devient risqué parce que vu la détérioration de leur relation elle finira par ne plus jamais le suivre et s'en sera fini de leur amitié, de leur relation, plus de protection de sa part pour elle, plus rien, plus aucun contact et rien que cette idée le brise de l'intérieur. Il ne veut pas la perdre, pourtant il fait pour que ça soit le cas.