Au pas de course, Helios rejoint son appartement, pressé de prendre une douche, de se changer et, bon sang, de se rendre au boulot. Il va en retard, il le sait, et ça le met encore plus en rogne. Non pas que qui que ce soit ira s’en plaindre, ses supérieurs l’aiment bien et se fiche de ses heures du bureau du moment que le boulot est fait. Mais il déteste être celui qui montre un mauvais exemple, il a, après tout, des exigences, surtout envers lui-même, et n’aime pas ne pas atteindre ces exigences. Autant dire que la journée s’annonce très mauvaise, et que les autres ont tout intérêt à le laisser tranquille. Pour cause, se réveiller dans le lit d’un inconnu, avec une gueule de bois du tonnerre n’est pas la meilleure façon d’entamer la journée. L’avocat ne serait même pas fichu de donner le nom du type, alors il ne s’est pas attardé au réveil, et s’est barré vite fait, avec un vague au revoir lâché entre deux grognements. Surement que le brun avec qui il a couché n’a pas dû apprécier, mais Helios ne peut pas s’en soucier moins, ce n’est pas comme s’il allait le revoir de toute façon. En fait, s’il n’avait pas autant bu la veille, dans l’espoir d’oublié un certain infirmier dont le regard le hante, il se serait barré bien avant pour rentrer chez lui plus tôt.
En l’état actuel des choses pourtant, il ne peut que se dépêcher de prendre une douche et de s’habiller, n’ayant même pas le temps de prendre un petit-déjeuner. En quinze minutes il est prêt et retourne dans sa voiture, crispé, conscient qu’à cette heure les rues seront encombrées, ce qui va le mettre encore plus en retard. Les dents serrées, il supporte les ralentissements et les mauvais conducteurs, jusqu’à ce qu’il puisse enfin se garer dans le parking du cabinet. Quand enfin il arrive, il se permet un détour par la machine à café l’accueil – ça ne vaut pas ce qu’il boit d’habitude, mais à défaut de théine, il a besoin d’un minimum de caféine pour la suite de sa matinée. Enfin il pousse la porte de son étage. Déjà installée, Rome sa secrétaire jusqu’à la rentrée, le salue avant de retourner à son écran. Au quart de tour, Helios réagit, même si la part sensée de son esprit lui rappelle que la jeune femme n’est pas la cause de sa colère, en lui répondant : « Bonjour Mlle Wellington. Sachez, au cas où vous ne le sauriez pas que c’est Maitre Campbell, comme on se doit d’appeler un avocat. Et j’apprécierais que vous m’apportiez quelque chose à manger, je vous prie. ».
Après tout c’est bien ce à quoi sert une secrétaire, en plus de répondre au téléphone et prendre les rendez-vous, apporter de quoi boire et manger, se dit Helios. Bien entendu, en temps normal, ce n’est pas le genre de pensée qui traverse son esprit, Helios se montrant un peu plus respectueux des autres et de leurs emplois. Mais aujourd’hui la colère le rend égoïste et suffisant, un peu cruel même sur les bords.
Comme il aurait dû s’y attendre la remarque ne passe pas – ou alors une part de lui s’y attendait et espérait que ses paroles mettraient le feu ou poudre. Dans tous les cas, la réaction de la jeune femme ne se fait guère attendre. Celle-ci se lève, son regard brûlant de rage planté dans celui d’Helios, sa langue bien pendu se mettant à l’ouvrage, une réflexion sur le sexisme ordinaire venant se glisser dans la conversation. Si l’avocat n’était pas si de si mauvais poil, nul doute qu’il en aurait ri. C’est bien la première fois qu’on l’accuse de sexisme. A la place, il rend son regard noir à sa secrétaire, et répond du voix agacée : « Je suis avocat Mme Wellington, vous ne m’apprenez pas ce qu’est le sexisme ordinaire. Il ne s’agissait pas de sexisme mais de galanterie, je saurai désormais m’abstenir d’en faire usage avec vous puisqu’elle est si mal interprétée. ».
La brune ne relève pas, se contentant d’annoncer qu’elle va lui chercher de la nourriture, ses yeux toujours aussi furieux. Alors qu’elle contourne, il s’avance pour rentrer dans son bureau, déposant son attaché-case sur le meuble en bois, assez content de lui, de manière assez stupide aurait-il convenu s’il était d’humeur normal. Avant qu’il ne ferme la porte derrière lui, la jeune femme apparait, posant de force une banane en partie noire dans la main de l’avocat, un « bon appétit » sortant de ses lèvres. Helios ferme la mâchoire, insatisfait de la situation, se retenant les premiers mots qui lui passent par l’esprit. Lentement il lâche un long soupir, qui le calme – un petit peu. « Merci, Madame Wellington. C’est très généreux de votre part. Mais dites-moi, qu’est-il arrivé aux douceurs que vous deviez nous apporter aujourd’hui ? ». Parce qu’il est hors de question qu’il se contente d’une banane à moitié pourrie. Surtout avec tout le travail qu’il l’attend. Il regrette presque de ne pas avoir pris sa journée, prétextant être malade. Mais il n’aime guère mentir de la sorte, surtout qu’il est entièrement responsable de son état – ce qui le met encore plus en rogne bien entendu. D’ailleurs à propos de travail … « Apportez le dossier O’Donell je vous prie, Mme Wellington. ». Quels que soient ses états d’âme, s’il ne veut pas mettre en péril sa carrière, il ne peut pas se permettre de perdre du temps à se prendre la tête avec sa secrétaire – ce qu’il fait malgré tout.
La réponse de la jeune femme, lui indiquant de l’appeler Mademoiselle Wellington le laisse en rage, la mâchoire serrée. Elle se moque de lui en plus ! Il dût se concentrer sur la somme des dommages et intérêts qu’il lui devrait s’il s’en prenait physiquement à elle pour se calmer. Et aussi sur la réputation que ça lui ferait. Pourtant il n’est pas du genre violent, et encore moins avec les femmes. Mais là, elle le met vraiment hors de lui. S’il était honnête avec lui-même, il devrait admettre qu’il est fautif. Sauf qu’il n’a pas envie d’être honnête, il a juste envie de se défouler sur quelqu’un. Et puisqu’elle n’hésite pas à répondre, Rome est le parfait exutoire. Lorsqu’elle quitte le bureau pour aller chercher le dossier, Helios pose sa banane sur la table, se débarrasse de sa veste et s’installe derrière la table en verre. Il n’est pas sans remarquer qu’elle met anormalement du temps pour récupérer ce fichu dossier et il grogne, agacé. La luminosité de la pièce commence même à diminuer quand Helios le remarque et se calme d’un coup. La lumière redevient normale, et l’avocat s’admoneste pour son manque de contrôle.
Heureusement Rome ne revient qu’après son écart, le dossier en main, appuyant sur le « Maitre » en le lui donnant. « Merci Madame Wellington. ». Au diable la galanterie, au moins elle ne peut pas l’accuser de sexisme ainsi. Au d’autre chose pour peu qu’elle soit de mauvaise et motivée à ruiner sa carrière – ce qu’il ne la croit pas capable de faire, mais il vaut mieux éviter de présumer de sa loyauté. L’annonce suivante de sa secrétaire lui plaît encore moins. Pourquoi diable la partie adverse veut faire témoigner l’épouse ? Un élément lui manque, et il n’aime pas ça. Il fallait qu’il trouve ce qu’elle a à dire qui soit si néfaste pour son client. Déjà perdu dans ses réflexions teintées de ressentiment, c’est à peine s’il entend la suite de ce que lui dit la jeune femme. Comment ça pas de douceur. De nouveau il crispe sa mâchoire, de mauvais poil. Alors qu’il lui demande si elle peut faire autre chose, il réfléchit une minute, laissant volontairement les secondes filer pour la mettre mal à l’aise, se demandant ce qu’il peut se permettre de faire ou non. En théorie, lui faire chercher son petit-déjeuner est too much, mais il a un dossier important sur les bras qui s’annonce plus compliqué que prévu, et la banane qui se trouve en face de lui ne donne guère envie. Un sourire perfide sur les lèvres, il lui dit : « En fait oui, vous pouvez faire autre chose. Il faudrait que vous alliez au Starbucks le plus proche et me preniez un Youthberry en Venti, et deux Cinnamon Rolls, vous pouvez faire passer le tout en note de frais, je m’arrangerai. Et je vous rappelle que vous avez du travail à finir ici avant de rentrer chez vos ce soir, alors je vous déconseille de prendre plus que le temps nécessaire. Mais c’est à vous de voir Madame Wellington. ». Helios se doute que la jeune femme a d’autres tours dans la poche et trouvera un moyen de le lui faire payer, mais ça en vaut la peine, juste pour qu’elle soit aussi en colère que lui.
Les paroles de l’avocat sont accueilli par un grand sourire de façade qui ne le laisse pas dupe, mais voir sa secrétaire contenir sa frustration et sa colère est suffisant pour qu’il soit content de lui. Alors il ne dit rien, pas même quand elle l’appelle Monsieur Campbell au lieu de Maître. A ses yeux il vient de gagner un round – de façon puéril, peu digne de son statut, devrait-il admettre s’il se montrait raisonnable. Alors qu’il va pour relire son dossier, il entend la voix de la jeune femme de l’autre côté de la porte. Dobby, réellement ? Il ignore qu’elle était aussi maltraitée. Certes, il ne s’est pas montré des plus agréables ce matin, mais elle est tout à fait capable de se défendre, sinon cette dispute n’aurait pas autant empiré. Enfin, à l’occasion il faudra qu’il songe à lui balancer une chaussette la pauvre. L’idée, bien que très drôle serait parfaitement déplacée, aussi l’enterre-t-il dans un coin de son esprit. A la place il reporte son attention sur le dossier qu’il a fait quérir, conscient que cette affaire va être plus compliquée que prévue. Après quelques minutes de réflexion, il décide de passer un coup de fil.
Dix minutes plus tard, il raccroche, satisfait d’avoir mis un enquêteur privé à la recherche des raisons qui pousse l’autre partie à faire témoigner l’épouse de mon client. Une des clés d’un procès réussi, c’est d’avoir toutes les informations en main. Son regard se pose sur la banane qui est encore posé sur le bureau et une moue dégoûté apparait sur son visage. Sans y penser deux fois, il la jeta, avant de se pencher à nouveau sur son dossier, préparant une liste de questions supplémentaires à poser à son client. Ce qui l’occupa suffisamment longtemps pour qu’il ne voit pas le temps passer et que sa secrétaire revienne. Sans même faire preuve du minimum de politesse, elle entre en terrain conquis dans le bureau. Même s’il a toujours un peu mal à tête et que sa journée a mal commencé, il ne peut que reconnaitre que la situation dans laquelle il s’est mis est assez cocasse – même s’il ne l’admettra pas à haute voix. C’est donc à moitié agacé, à moitié déridé qu’il attend le nouveau tour que lui a joué Rome. La première partie de son discours ne l’étonne pas. Il est même presque déçu – il a fait exprès de commander deux cinnamon rolls en sachant qu’elle en mangerait sans doute un.
Alors qu’il attire la boisson et la pâtisserie à lui toutefois, le reste de son discours se fraye un chemin dans son esprit. Comment ça tout le bureau le remercie ? Elle n’a pas osé … Quelle question, bien sûr qu’elle a osé. Envolé le calme qu’il a pu récupérer depuis son arrivée. Il serre les lèvres, s’empêchant de sortir des insanités, et respire à fond. Il ne va pas pouvoir passer ça en note de frais, il en est parfaitement conscient. Il va devoir payer de sa poche. Dans l’absolu, ça ne pose pas de problème, un avocat dans un cabinet comme celui-ci gagne bien sa vie, et il peut se le permettre. Il la regarde avaler sa pâtisserie avec enthousiasme, visiblement contente d’elle. Toujours en colère, il dit entre ses dents : « Merci Madame Welligton. Vous pouvez reprendre vos activités pour le moment, je n’ai plus besoin de vous. ». Après tout il est supposé avoir un travail sérieux, il n’a pas de temps pour ces enfantillages. Quand sa secrétaire quitte la pièce, il pousse un soupir à moitié fatigué, à moitié énervé et attrape le gobelet en plastique. Sa main s’arrête à quelques centimètres de son visage, son regard se posant sur l’encre noir appliqué sur l’emballage de sa boisson. Caliméro. Elle a fait écrire Caliméro sur son gobelet. Il lâche un grognement et avale un peu de thé, se promettant de lui rendre la monnaie de sa pièce plus tard, avant de se remettre au travail.
HELLOPAINFUL
HRP:
Bon, j'avoue que j'ai eu un peu de mal à rebondir, parce que même si c'est drôle, ils sont censés taffer quand même . Du coup à toi de voir, tu as une idée pour relancer plus tard ? Ou tu veux considérer le RP comme fini ?