(Hassan) ▿ Sharp Teeth & Skinny Bones

Les gens ne se comprennent jamais. Ils ne sont jamais sûr de pourquoi ils font ça, pourquoi ils pensent à une chose et pas à une autre. Ils pensent tous avoir un inconscient qui les pousse à faire un truc qu'ils auraient jamais imaginé faire ou dire. Ils savent jamais comment parler d'eux, doutant et se demandant sans cesse si une qualité n'est pas à la limite d'un défaut. Les autres arrivent pas à se définir, ils doutent, ils espèrent qu'ils ne sont pas si désagréable que ça et qu'on peut les aimer pour ce qu'ils sont. Moi je me connais. Je sais que je suis mauvais par instant, et bon par d'autres. J'ai bien des défauts et des travers qui me rendent parfois invivable, mais j'ai pour m'attirer la sympathie de certains ce qu'il faut de charme et de sourires. Je suis du genre mutique, à ne pas aimer parler pour ne rien dire, préférant plutôt les écouter pour apprendre à les connaître. Car c'est fou ce que les gens peuvent vous dire en l'espace de cinq minutes. En pas même une phrase, certains vous disent ce qu'ils aiment ou non, où ils habitent, allant même jusqu'à vous dire de quel genre de personne ils aiment s'entourer.  Mais après tout, comment leur en vouloir ? Tout le monde a envie d'être écouté, aimé et validé. Tout le monde cherche dans la prunelle de son interlocuteur, la raison même de son existence. Et moi, je suis exactement ce dont ils ont besoin. Je suis cette personne qui peut tout entendre qui pourra leur fredonner toutes les douces paroles dont ils auront besoin. J'suis le démon, le Diable presque, avec un sourire délicat, un regard envoûtant et une voix douce comme le plus vicieux des poisons. J'suis la douceur qu'ils veulent. Le jeune homme qui parle à leur coeur, à cette partie d'eux qui se pense inutile ou fragile. Et est-ce que j'ai honte de ça ? Pas le moins du monde. C'est que je suis. Un charmeur, un manipulateur, une créature qui vit de la faiblesse de l'esprit humain, qui se nourrit des inconscients qui aiment qu'on chante pour eux. Je ne m'estime pas mauvais de nature, ni même bon. Je suis juste le fruit d'un équilibre de morales plus ou moins acceptables. Je suis un prédateur, alors pourquoi devrais-je avoir honte de ce que je suis ? Je peux être délicieux par instant, avec ceux qui savent capturer mon coeur et mon attention. J'ai aussi mes failles. J'ai un coeur tendre, peut-être un d'artichaut aussi. Y'a des yeux qui me font tout oublier. D'autres qui me laissent froid. On peut me charmer aussi, m'attraper par le poignet et me faire tourner la tête. Je suis faible pour ceux qui me désirent, qui veulent me posséder. C'est ma faiblesse à moi. Le désir des autres, le fait d'être envié. Mais là, c'est sûrement  mon côté narcissique de triton, celui qui me pousse à ronronner et à faire le beau quand on admire mes écailles.

Je suis Andréas ou Andy pour les intimes ! J'ai 22 ans. On me verra dans les parages toutes les nuits. Je suis fier de dire que j'ai découvert le forum sur le coeur de Barty chéri , d'ailleurs je le trouve QUE C'EST BEAU LES GARS et que je suis un inventé <3

Je ne me souviens pas de grand chose de ma naissance et mon arrivé dans ce monde. Je sais juste qu'un jour j'ai pris conscience que j'étais là, bien vivant et bien réel, alors qu'avant, je nageais dans un brouillard d'incertitude. Un jour j'étais alors que la vieille je n'avais pas conscience de grand chose, comme si d'un claquement de doigt, je venais de m'éveiller au monde dans lequel j'évoluais depuis déjà quelques années. À la manière d'un homme qui retrouve la vue, j'ai découvert le clan auquel j'appartenais, cette immense famille de sirènes et de tritons au sein de laquelle j'ai ma place, ce ban qui évoluait paisiblement dans la Méditerranée, non loin des côtes égyptiennes. Je me souviens avoir été un triton heureux, vaguement insouciant, qui nageait toujours plus près des côtés et plus près de la surface. Je me souviens que je passais des heures entières parfois, à observer les humains de loin, à tenter de comprendre pourquoi nous dépendions d'eux pour certaines choses. À l'époque, j'arrivais pas à comprendre ce qu'ils avaient de si passionnant, je les trouvais gauche, pas franchement malin et vraiment pas à l'aise dans l'eau. Sans compter qu'ils étaient bruyants et remuants. Toujours à hurler, à vouloir se faire entendre et à chercher à dominer l'océan. Je les trouvais idiots à vouloir aller contre le sens des choses, à chercher à contrôler ce qui doit rester sauvage. Et pourtant, je ne cessais de les contempler, bercé par les flots et les caresses du vent chaud sur ma peau, cherchant chez eux quelque chose que je pourrais apprécier. On m'avait expliqué qu'ils n'étaient que des proies, de faibles créatures que notre chant envoûtait et qui docilement finissait toujours par se jeter dans nos bras. Voilà peut-être pourquoi je n'arrivais pas à les considérer autrement que comme ridicules. Des proies qui veulent dominer ce qui pourrait les détruire en l'espace d'un battement de coeur ? Ils me faisaient de la peine, m'arrachaient un sourire et un soupir presque dédaigneux.

Sauf qu'un jour… J'ai ce besoin, cette envie de voir si je peux en attraper un. Ça fait des jours que j'y pense, que je tourne encore et toujours, à me demander si j'ai déjà la voix suffisamment enjôleuse pour en attirer un jusqu'à moi. Les autres me disent sans cesse que je suis encore trop jeune, mais je veux essayer. Je veux m'approcher de l'un d'entre eux, un pas trop grand et l'entraîner dans les abysses. Je veux le saisir par les épaules et lui murmurer les mots qu'il veut entendre. Alors timidement, je longe les côtes et et commence à guetter l'humain parfait qui pourrait devenir ma première proie. Pendant de longues minutes, je erre à la recherche de cette perle, ne trouvant au final qu'une petite silhouette, pas bien plus grande que la mienne, qui tente de nager avec aisance qui ne sera jamais la sienne. J'hésite. Il me semble bien. Petit, sûrement innocent et pas bien malin. Je m'approche de lui et nage juste en-dessous de sa personne, l'effleurant de ma nageoire par mégarde. Je le sens frissonner mais je ne m'arrête pas, allant jusqu'à ses rochers qu'il semblait vouloir atteindre. Je me dis que ça va être simple. Que je n'ai qu'à faire comme les autres, à poser mon regard dans le sien et à sourire avant de chanter. J'aurais qu'à m'installer sur la pierre, à doucement troubler la surface de l'eau du bout de ma nageoire. Ouais j'ai qu'à faire ça. C'est simple. Le petit humain viendra avec moi et je passerais enfin pour un grand triton aux yeux de mon clan. Lentement je remonte à la surface, posant mes doigts sur les rochers. Mon coeur s'affole et étrangement j'ai peur d'une petite chose sans défense qui ne va sûrement rien me faire. Je suis plus grand que lui, et l'eau est mon élément. Il pourra rien me faire. Et pourtant… J'ai à peine le temps de croiser son regard que je me retrouve comme foudroyé. Les lèvres entrouvertes, je suis là à le fixer, bien incapable de commencer à l'envoûter, sans que je n'arrive à me l'expliquer. C'est un gamin, un petit humain… Je ne devrais pas avoir le moindre doute… Et pourtant… Je le laisse parler, s'extasier et me poser un bon paquet de questions auxquelles je n'arrive pas à répondre. J'ai envie de me gifler, de me glisser à nouveau dans l'eau et d'oublier cette espèce d'humiliation que j'ai l'impression de vivre. Lui parle, me demande bien des choses et j'ai l'impression qu'il tente de se lier à moi. Je le regarde avant de parvenir à lui répondre, bredouillant quelques mots qui le font sourire. Puis il touche mes écailles, curieux. Je le laisse faire, je frémis un peu et finalement, je finis par trouver sa maladresse amusante. Certes il est comme les humains que j'ai vu au loin, mais il a un certain charme, une innocence qui me fait sourire. Soit. Pour aujourd'hui, il peut rester en vie, Barthy, comme il aime s'appeler, est sain et sauf.

Il revient le lendemain, puis le jour suivant. Toujours avec ce même sourire, cette même énergie, comme si il pensait avoir trouvé en moi le parfait ami. Si il savait que j'avais eu en tête le jour de notre rencontre… Serait-il revenu faire jouer et discuter avec moi ? J'en doute. Il aurait pris peur et écouté sa mère qui a toujours un regard méfiant pour moi, comme si elle savait que je souhaitais secrètement noyer son cher enfant. Et parfois, alors qu'il me parle de fins ou de séries, s'enthousiasmant sur tout ce qu'il aimerait me faire découvrir, je ne peux que me demander ce qu'il ferait si il savait ce que je suis réellement… M'en voudrait-il ? Sûrement. Je n'ai pas sa candeur et je crains que ce que je suis puisse lui faire peur. Alors je tais tout ça, lui racontant de douces histoires, n'étant que cet ami auquel il s'attache. Celui avec qui il parle arabe et passe ses après-midis… Et le pire dans tout ça, c'est que je m'attache à lui. Au fil des jours, des semaines, des mois, puis des années, je m'attache à ce tempestaire bavard et au sourire facile qui obtient de moi ce que peu ont. Plus je passe de temps avec lui, plus je crains qu'il ne découvre que j'ai atteins l'âge de charmer mes victimes et donc de chasser. Plus nous grandissons et plus j'ai cette angoisse qu'un jour il quitte ma vie. C'est con hein ? De se faire avoir, d'être ce qui se retrouve envoûté… Moi je trouve ça idiot… Enfin, je me pense surtout faible, de ne pas avoir été capable de chanter ce jour-là, mais d'un autre côté, je suis heureux de ne pas l'avoir fait et je m'en remercie à chaque fois que je croise son regard. Car ma vie sans lui se résumerait à quoi ? Chasser les humains sur les voiliers, en faisant le beau, en ronronnant de douces paroles pour les emmener dans l'eau ? Sûrement. À faire le beau pour les sirènes de mon clan ? Possible. L'envie de le garder avec moi me brûle les doigts mais il a une vie à faire sans moi, une existence à mener et moi je ne suis qu'un compagnon de route, un ami qui partage avec lui une parenthèse dans la grande course de l'Univers.  En lui je trouve un partenaire de jeu et un ami loyal, un être à qui je peux tout dire ou presque, quelqu'un que je n'aimerais pas perdre et qui malheureusement ne doit pas se rendre compte du pouvoir qu'il a sur moi. Lui qui est le seul à pouvoir réellement me blesser… Et qui le fait le jour où il m'annonce son départ. Ses parents doivent rentrer qu'il me dit, pour une histoire de travail. Sur ses joues roulent des larmes et du bout des doigts, je tente de les sécher alors que l'inévitable se produit enfin. J'ai le coeur lourd à le voir ainsi et à comprendre que demain il ne sera pas là, à venir me voir après ses cours. J'essaye de sourire, de lui murmurer de douces paroles mais rien ne vient. J'ai la gorge nouée, à tenter d'accepter ce qui est en train de se passer. Ça fait combien de temps vieux frère ? Presque dix ans ? Peut-être un peu moins… ? Je ne sais pas mais c'est dur de devoir te  dire au revoir. Je pose mon front contre le sien et je commence à pleurer à mon tour, lui promettant de le retrouver dès que possible. Puis c'est la fin. Il quitte mes bras, cette crique que nous connaissons si bien et rapidement, notre relation ne devient que de la poussière, des souvenirs que j'ai peur d'oublier et une vie qui me semble déjà lointaine. Rapidement, tout perds son charme et une étrange envie de rejoindre le monde des humains me charme de plus en plus… Surtout quand je repense à cette ville dont m'a parlé Barthy… Celle qui se trouverait plus au nord, une ville où les surnaturels se regroupent et vivent sans craindre quoi que ce soit. Sauf qu'en parler à mon clan me semble impossible… Ils sont du genre à aimer vivre dans la mer et de ne pas se mêler aux autres… Ils aiment se complaire dans une certaine marginalité, préférant vivre comme des animaux, à chasser les humains pour les dévorer et à penser régner sur leur petit royaume. Pour eux, quitter la mer est une idée presque absurde, une hérésie presque totale. Car si les autres tritons et sirènes sont plus intégrés à la société, mon clan est plus le genre à vouloir rester dans son coin, à vivre dans les eaux profondes d'une mer du sud, à voler tout ce que les humains peuvent mettre à portée de nos mains et les dévorer si ils s'approchent trop de nos crocs. Nous vivons presque comme des animaux et après avoir passé tant d'années au contact de Barthy, je ne peux m'empêcher de penser que je pourrais tant faire en vivant au milieu d'eux… Je pourrais déjà retrouver mon ami et ensuite… Je ne sais pas. À vrai dire… Je parle de quitter l'eau… Mais pour aller où et faire quoi ? Amasser des richesses ? Prouver à mon clan que l'on a beaucoup à gagner à vivre parmi eux ? Je n'en sais vraiment rien, tout ce dont je suis sûr, c'est que j'ai envie de plus. De voir d'autres horizons et pourquoi pas de voyager, mais pour ça, il me faut payer le prix fort et devenir un paria au sein même de mon clan, un triton qui aurait osé tourner le dos à sa propre famille et à son clan. Si je partais… Je sais que je n'aurais jamais le droit de revenir. Mais ai-je envie de rester ici, seul, à simplement dévorer les humains qui seraient assez stupides pour écouter mon chant. Un an passe peut-être, une année pendant laquelle je ne cesse de douter et d'hésiter, tiraillé entre mon envie de partir et celle de simplement oublier pour me contenter de mener cette existence de prédateur des eaux profondes. Et finalement, je finis par décider de fuir. De tout quitter pour les contrées du nord, celles dont Barthy m'a parlé. Celles que l'on trouve en suivant les étoiles. Sans un mot, parfaitement conscient du traître que je deviens au moment-même où je disparais, en pleine nuit, entamant alors ce long voyage qui est le mien. Ce voyage qui m'amène à longer les côtes de bien des pays, pour finalement arriver, en cette ville si convoitée par les être surnaturels. Cette ville dans laquelle je mets les pieds, avec sur le dos des vêtements volés à des ado sur la plage, à la recherche de ce que je dois faire désormais pour m'intégrer et simplement retrouver Barthy. Au début, rien n'est simple et même si j'ai passé des années à observer les humains, il n'est pas simple de les imiter. Il me faut bien des jours, voir des semaines avant d'être capable de réellement me fondre dans la masse, en trouvant un petit job, qui me permet de gagner de quoi cesser de dormir dans l'eau et d'acquérir un appartement. Et ainsi, après de longs mois, je finis par devenir un parfait triton bien intégré, qui si de jour travaille dans un sex-shop, séduisant les clients de sa douce voix, est la nuit le prédateur qu'il a toujours été au fond.