Here it comes, the big bad wolf ► Sayanel.

Mes parents m'ont appelé Sayanel Zander Pritchard. Si mes prénoms ne vous disent sans doute rien, tirés d'obscurs romans que personne ne connait, à part ma mère, mon nom de famille, s'il vous est inconnu, ne restera pas longtemps dans l'ombre. Nous avons fait parler de nous, notamment en Asie, en Angleterre et en Amérique du Nord. D'une bonne façon comme d'une mauvaise, c'est vous qui voyez les choses comme vous le voulez, j'en ai pas grand-chose à foutre. Vous pourrez bien nous haïr plus tard, parce qu'il me semble qu'il y a un énorme boulot à faire par ici. Et tu sais ... Well, y a pas grand-monde d'aussi qualifiés que nous pour le faire ! Je suis né le 23 août 1986 à Liverpool, en Angleterre. Du moins c'est ce qu'on m'a dit je suis pas vraiment allé vérifier, c'est pas comme si on était très sédentaires. Je suis un élément de 29 ans. Pour plus de précisions, je suis hétérosexuel, enfin c'était le cas la dernière fois que j'ai vérifié et présentement célibataire, et je compte bien le rester, je suis pas vraiment bon à marier, même tout l'opposé. Et être un connard ça a toujours attiré plus de femmes dans ton lit que de pleurnichardes alors le choix a vite été fait. Je suis fier de dire que je travaille en tant que co-propriétaire d'une armurerie. La plupart des clients sont des flics ou des chasseurs de lapin, mais ça paie plutôt pas mal et on a l'avantage d'avoir un cran d'avance quand il s'agit de préparation.  , ça m'aide à payer mes factures. Je suis d'ailleurs plutôt modéré, on trouve toujours du boulot d'une façon ou d'une autre mais ça met pas toujours beaucoup de beurre dans les épinards On me dit souvent que je ressemble à Tom Felton, mais en mieux, quand même. Une dernière chose, je fais partie du groupe Feu, et plus précisément je suis un chasseur. Humain. Plus humain que n'importe qui. .

Des flashs de lumière, de couleur, toutes plus intenses les unes que les autres, c'est à ça que ressemble le passé de Sayanel. Pas vraiment le genre à se lancer dans des moments de nostalgie en se rappelant du bon vieux temps autour d'une bière, mais alors qu'il est allongé là, de la terre commençant à s'infiltrer dans sa bouche, bien trop sèche, bien trop amère, se mélangeant au sang qui perlait sur son front, sans doute s'était-il dit que ce serait la dernière fois qu'il en aurait l'occasion. Il avait tort, bien sûr, mais comment aurait-il pu le savoir, alors qu'il était plongé dans le chaos d'une guerre dont il n'espérait plus depuis longtemps revenir vivant. S'il regrettait ce qui l'avait mené là? Pas le moins du monde. Il l'aurait sans doute fait encore et encore, ne voulant pas apprendre de ses erreurs, ne voulant pas s'empêcher de vivre. Etendu là sur le sol, il se surprit à penser qu'une clope avant la fin du monde ne serait pas de refus, avant que les souvenirs ne l'emmènent ailleurs, loin de l'heure de sa mort, qui semblait arriver devant lui.

Une maison. Détruite par les carnages du Surnaturel, où plus rien ne semblait demeurer en vie. La tornade Pritchard était passée, tout comme celle de la famille de tempestaires qui y avait élu domicile, se chargeant d'éliminer toute vie humaine y ayant un jour résidé. Et dans les décombres, une enfant. Sayanel avait entendu cette histoire des centaines de fois, et sans doute, au bout du compte, finit-il par se dire qu'il avait été présent, que c'était là, pour la première fois, qu'il avait rencontré sa soeur. Lisbeth. L'impression d'avoir enfin trouvé la raison de son existence, Elle. Très vite devenue son pilier, il avait tout fait, toute sa vie, pour la protéger, parce que sans elle, il n'était plus grand chose, seulement le chasseur sanguinaire que ses parents avaient tendu à le faire devenir. Il y avait ce côté chez lui, qu'elle seule arrivait à faire sortir. Sans doute la part de lui qui n'était pas totalement pourrie par la vie qu'ils menaient. Il ne s'en plaignait pas, bien au contraire, il n'avait connu que ça, la vie des honnêtes gens n'avait jamais été faite pour lui. Sa famille, pourtant. Capable de faire ressortir le meilleur comme le pire de ce qu'il avait toujours été. Mais il n'y avait pas que Lisbeth, même si longtemps, les autres n'importaient pas, ou trop peu, en comparaison. Alastair et Eloyce, les créateurs, les professeurs, ceux qu'il aimait sans que jamais il n'ait pu le leur dire. Parce qu'on ne fonctionnait pas ainsi, pas chez lui. Et Zachariah, le grand frère, celui dont il n'était pas si proche, celui qui ne comprenait pas réellement, qui était en dehors de ce duo un peu trop lié. Peut-être que si il s'en sortait, il ferait en sorte de changer ça. Peut-être que ce serait une bonne idée.

Ces images, réconfortantes, s'évaporèrent, alors même que Sayanel sentait ses forces s'épuiser. D'autres vinrent les remplacer, plus sombres, plus chaotiques, plus désordonnées. Une chambre, celle où tout avait dérapé, où ils étaient allés trop loin, mêlant drogue, alcool et sexe comme s'ils en avaient le droit, comme s'ils ne faisaient pas quelque chose d'interdit. Sans doute ce fait était-il le facteur excitant qui les avait poussé à franchir cette barrière, le point culminant de leur descente aux enfers, qui semble toujours agréable au premier abord. Et puis la destruction de cette vitre de verre, l'inconscience qui fuit, et le regard de son frère empli de dégoût achevant de ramener Sayanel sur Terre. C'est là qu'il avait décidé de partir, qu'il s'était engagé. Il se souvenait de la souffrance que la séparation d'avec Lisbeth, nécessaire, avait provoqué chez lui, ce mal sourd qui ne voulait s'en aller, comme s'il abandonnait une partie de lui-même. Mais ce mal nécessaire, sa soeur adoptive étant sans doute la pire drogue qu'il n'ait jamais consommé. Les mots de Zach, résonnant dans son esprit alors qu'il montait dans le train. Les heures d'entraînement, les heures sur le terrain laissant s'échapper peu à peu toutes ses pensées, lui donnant l'illusion d'avoir oublié tout ce qu'il avait fait, tout ce qu'il avait été, le sang, les armes, qu'il connaissait déjà depuis trop d'années. La montée en grade. Et le chaos final. Celui où il y laisserait peut-être sa vie. En fin de compte, il n'avait rien oublié. Il y a un moment pour tout. Même celui de rentrer chez soi.

Blessé mais pas mort, Sayanel avait fini par retrouver sa famille. Il ne mit pas longtemps à retrouver une forme physique complète, mais ne repartit jamais. C'est alors qu'il se trouvait dans la forêt aux alentours de Bray qu'il se dit que tout finissait sans doute par s'assembler de soi même. Sa vie chaotique qui l'avait mené ici, cette compétition malsaine entre Blackwood et Pritchard, cet incendie qui avait attiré leur attention ... Tout pour le mener là où il était maintenant. Le son de sa hache contre la nuque d'un démon le coupèrent dans ses pensées. Attrapant son sac, il en sortit une pelle rétractable, et deux sacs poubelles, avant d'être stoppé dans son élan par le cri d'une adolescente, quelques mètres plus loin. " Tu ... Tu ... "  Le chasseur se mit à soupirer. Il ne savait pas si c'était les irlandais ou les adolescents en général qui l'agaçaient le plus. " Oui, je lui ai tranché la tête. Du coup décide toi, si tu pars en courant tu risques de subir le même sort. " Une patience hors du commun lorsqu'il s'agissait de gamins, il fallait bien l'admettre. Mais il dû avouer que la suite, il ne l'avait pas vue venir. " Tu m'as sauvé la vie. Il a ... Il a tué mes parents." Et Merde, t'as pas vraiment le bon code génétique pour gérer ça, pas vrai Say?