I am embarrassed.
Pour une fois, tout semblait parfait. Semblait, car rien n'était jamais parfait. Tu t'étais levé, rien de bien extraordinaire. Tu t'étais préparé pour aller à la fac, rien de bien incroyable. Mais il faisait beau, tu avais directement trouvé tes amis, vous aviez discuté. La journée allait être calme, banale, et c'était peut-être ça, le meilleur. Tout ça te rappelait ton enfance, quand tu jouais à des jeux d'aventure à la Zelda, et que tu te demandais ce qui se serait passé s'il n'y avait pas eut toute cette action : tu aurais juste joué Link, dans sa vie de tous les jours ? Ç'aurait été calme.
Après quelques cours, tes amis et toi aviez décidé de vous rejoindre à la bibliothèque, pour réviser. Enfin, toi, tu ne révisais pas vraiment. Tu faisais semblant, et tu observais les gens. En général, tu étais plutôt impulsif, peut-être trop prévisible, le genre de gars qui fonce tête baissée, qu'importe le danger. Mais derrière un livre, tu devenais un peu plus calme. Certains diraient que tu savais « apprécier la véritable beauté ». Toi, tu ne pensais pas comme ça. Tu n'étais pas du genre photographe, peintre, artiste tout court, à chercher la beauté un peu partout. Quand tu trouvais quelque chose beau, tu le disais. C'était peut-être simpliste, mais c'était toi.
Tu poussais la porte de la bibliothèque et entrais, la refermant doucement derrière-toi. Tu pouvais bien être discret et silencieux, pour une fois. Tu réajustais la lanière de ta sacoche, et levais les yeux en sentant un regard sur toi. À quelques mètres, plus loin, un homme qui devait avoir la trentaine te regardait. Son sourire en coin te fit pincer les lèvres : d'accord, tu ne savais pas comment réagir, sur ce coup-là. Quand il te fit un clin d’œil, un de tes sourcils tressauta : okay, c'était étrange à dire. Mais c'était comme un spasme – un spasme du sourcil, oui –, quelque chose que tu n'arrivais pas à contrôler. Comme si tu lui demandais pourquoi il te fixait et qu'en même temps, ça te plaisait. Avoue-le, c'était le cas ! Non ?
Tu finissais par froncer les sourcils, sûrement pour te reprendre, et allais t'asseoir avec tes amis. Tu les saluais en souriant, un grand sourire qui montrait tes dents, et déposais ton sac. Il était temps de chercher un livre et de faire semblant de travailler. Tu passais dans les rangées, faisais courir tes doigts le long des reliures, tout en lisant les titres. Ta tête était penchée sur le côté, touchant presque ton épaule, et tes lèvres bougeaient sans émettre de son. Tu lisais à voix… inexistante ? Muette ? Trop obnubilé par les livres, tu fonçais dans le torse de quelqu'un. Tu sursautais, faisais tomber quelques livres sur le sol et pestais. Tu soupirais en te mettant à genoux.
« Désolé… », tu murmurais.
Tu levais les yeux dans le but de tendre les bouquins à la personne, et tombais nez-à-nez avec… bref. Tu déglutissais, fermais les yeux et soufflais pour ne plus penser à ça, et levais cette fois-ci le menton. Pour voir quelque chose de « pire » que… voilà. Devant toi – ou plutôt au-dessus de toi – se trouvait le gars au sourire en coin. Tu te relevais avec difficulté, ayant les bras remplis de livres, et les lui tendais maladroitement. Tu te raclais doucement la gorge, encore gêné par ce stupide incident.
« Je vous rends ces livres et… je pars me cacher derrière… (Tu en prenais un au hasard.)
… celui-ci ! Un livre d'Art… Génial ! »Tu plaquais un grand sourire totalement forcé sur ton visage et tournais les talons. Sans pour autant avancer. Tu lui tournais juste le dos, là.
Imbécile.© code par Nostaw.