Why so Sirius ? - Tu savais que les clowns sont les personnes les plus tristes du monde ? Nan, c'est pas vrai, mais ce sont des enfoirés. Comme moi.

Mes parents m'ont appelé Sirius Law Aquila ! Ouais, alors, le premier qui me fait une référence à un personnage d'une saga littéraire de sorciers, je vous éclate la tête. Je suis né le 14 février 1976, donc vous voyez que je suis l'original, à Dublin, en Irlande donc. Je suis un élément de quarante ans. Pour plus de précisions, je suis homosexuel, désolé, mesdames, miss, ce sont vers les hommes que mon cœur et mon sexe penchent, et présentement célibataire... mais amoureux, sauf que je refuse de le reconnaître. Enfin, bref, c'est vraiment très compliqué. Je suis fier de dire que je travaille en tant que gérant et propriétaire d'une boutique de Farces et Attrapes, ça m'aide à payer mes factures. Je suis d'ailleurs plutôt excessivement riche, mais le premier qui touche à mon argent, il perd la vie, clairement. On me dit souvent que je ressemble à Alexander Skarsgard, le magnifique Suédois Viking, mais en mieux, quand même. Une dernière chose, je fais partie du groupe des êtres de l'air, et plus précisément je suis un beau et magnifique Leprechaun.

La nuit était tombée depuis un moment déjà lorsque je jetais un dernier coup d’œil dehors, en direction des boutiques voisines, tout le monde était déjà parti. Je partais toujours le dernier, je fermais le plus tard aussi. Le temps c’est de l’argent, mais c’était surtout que je n’avais pas vraiment envie de rentrer chez moi, pour diverses raisons, dont la principal était surtout la présence de mon paternel. Après avoir vidé la totalité du coffre et de la caisse, ainsi que mit en route l'alarme, je fermais le rideau de fer et remontais lentement l'allée pour rejoindre mon appartement, marchant tranquillement dans les rues de Bray. Mon appartement justement, il n’était pas très loin, mais une pointe d’inquiétude m'envahit. Dans quel état allais-je retrouver l'appartement ? Est-ce que mon père aurait réussi à se faire la malle malgré mes sorts ? Ou est-ce qu'il aurait juste fracassé son bocal pour mettre à sac l'appartement ? Peut-être que cette fois-ci, le vieux Leprechaun accepterait de prendre sa forme humaine pour qu'on puisse discuter un peu tous les deux ? Peut-être aussi que tout se serait bien passé. Enfin, ça, c'était plutôt rare, mais j’avais le droit d’espérer quand même.
A peine avais-je franchit la porte de son appartement que je faillis me prendre de plein fouet une assiette. Lancée par mon père, nu, en taille humaine, comme quoi, il y avait bien des êtres supérieurs au-dessus qui l'avaient entendu, braillant des chansons de comptoir et en lançant comme des frisbees tout ce qui lui tombait sous la main. Bon, visiblement, j’allais devoir enfermer l'alcool dans son coffre, avec tout mon trésor.

- Papa... sérieusement... Tu aurais pût mettre un pantalon ou un caleçon... Enfin, au moins, aujourd'hui, tu es à taille normale !

Après un faible soupir, je me penchais pour ramasser les débris de l'assiette en porcelaine, que je jetais ensuite dans la poubelle, pour rejoindre mon père et l'amener vers la salle de bain. Cela faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas convaincu de prendre un bain, l’eau du bain fut changé trois fois.



Il n’a pas toujours vécu dans le luxe et dans l’abondance. Enfin, ce n’est pas tout à fait son cas actuellement, mais il n’a pas toujours connu la richesse, bien au contraire. Les premiers jours de Sirius Law Aquila se dégradèrent au fur et à mesure au niveau de l’aisance, tant est si bien que ses souvenirs furent surtout la misère et la pauvreté. A cause de quoi ? De la sénilité de sa mère, une Leprechaun très âgée qui a eu son premier enfant sur le tard. Mais vraiment. Enfin, elle n’était pas en fin de vie non plus, mais il faut dire qu’elle n’était pas vraiment aidée. Son mari étant déjà psychiquement très instable, lorsque leur couple passa à la famille, ce ne fut pas sans conséquence. Les Leprechauns étant relativement instables, du moins, du côté de la famille Aquila en tout cas, ce fut sans de réelle surprise que l’on constata donc des troubles mentaux chez les deux vieux parents. Des vieux qui ne se préparent pas à avoir un enfant ? Si, si, c’est possible. Donc, après la naissance de leur fils, Mrs Aquila commença à se faire attraper par les humains, de plus en plus souvent à vrai dire, et comme elle était de nature douce, tendre, elle faisait toujours de son mieux pour réaliser les vœux de ses pauvres humains. Sauf qu’elle se tua littéralement à la tâche, laissant ainsi mari et enfant derrière elle. Avant de perdre la tête, le couple Aquila étaient gérants d’une banque réputée pour avoir une politique stricte, histoire de perdre le moins d’argent possible. En comparant avant et après la naissance de leur enfant, la différence de tempérament est flagrante. De vrais requins à de vrais bisounours. Bref, quand les ravages du temps finirent par les attendre, ils commencèrent littéralement à faire n’importe quoi. Mr Aquila a complètement déraillé à la mort de sa femme, lui qui n’était pas stable, a sombré lentement mais sûrement vers la folie, sous les yeux impuissants du petit Sirius qui n’avait que douze ans à la mort de sa mère.
Pour se débrouiller, et en usant de leurs dons d’illusions et autre poudre de perlin-pin-pin pour les humains, le père et le fils exécutèrent de numéros de cirque, des spectacles de rue, pour épater la galerie, certes, mais aussi et surtout pour se faire un peu d’argent. Une scène d’ailleurs le marqua profondément à cette époque, faisant ainsi naître en lui une haine bien particulière pour les humains, que seul le temps parvint à changer. Alors qu’ils faisaient tous les deux un petit spectacle de rue dans le centre ville de Dublin, son père fit une crise psychotique, ne faisant plus la différence entre les illusions qu’ils lançaient et les disfonctionnement de son propre cerveau. Les humains, croyant d’abord que cela faisait parti du spectacle, non contents de ne pas appeler les secours alors que Sirius les priait de le faire, lui jetèrent des objets, des légumes au visage. Ce qui n’arrangea évidement rien. La police dût intervenir, disperser la foule et leur donner une amende, eux les mendiants, pour que le calme revienne. Après cela, le jeune garçon se jura que ce serait à son tour de se moquer d’eux, avec autant de cette cruauté innocente.


Depuis qu’il est petit, Sirius construit tout un tas de choses, mais c’est en piégeant des humains, en les arnaquant en réalité qu’il a pût se créer un petit pactole. Depuis l’incident à Dublin, le petit garçon n’avait plus aucun scrupule à faire des farces bêtes et méchantes aux humains, surtout que qui allait en vouloir à un petit bout blond aux yeux bleus, hein ? Qui ? C’est donc en les arnaquant qu’il a pût commencer à réguler un peu mieux leur vie, à leur trouver des petits appartements ou chambres, dans tous les quartiers de la ville, puis finalement à Bray (les deux Aquila ne supportant plus la capitale Irlandaise, beaucoup trop de mauvais souvenir),  juste comme ça, jusqu’à ce qu’il arrive à l’âge adulte et commence à créer sa première boutique de Farces et Attrapes en vente par correspondance. Toutes ses inventions, de prime abord, les mêmes que n’importes qui duraient beaucoup plus longtemps, grâce à sa magie et ses dons d’illusions. Evidement, personne ne se doutait qu’il y avait quelque chose de magique, et étant donné que personne ne l’avait vu faire, les humains ne pouvaient pas se douter de ce qui se tramait. Souvent, il les fabriquait dans sa chambre, les cachait à l’abri de son père, pour que ce dernier ne se fasse pas mal avec. Parce que oui, ils étaient dangereux, pas excessivement, mais mal utilisé, cela pouvait être dangereux, et comme Sweeney Aquila piquait de plus en plus de crises, c’était plus sûr comme cela. C'est en proposant d'abord ses prototypes, puis ses produits finis, à des vendeurs des boutiques de ce genre qu'il a commencé à se faire connaître. Sauf que le jeune Sirius était bien naïf. Honnêtement, qui pourrait avoir envie d'être réglo  avec un jeune homme talentueux dont on peut se servir et détourner son argent ? Personne de normalement constitué, nous sommes d'accord. Pendant plus de trois ans, le jeune Leprechaun travaillait sans relâche, espérant enfin pouvoir atteindre son but : ouvrir une boutique. Jusqu'à ce qu'il découvre le pot-aux-roses. Totalement dévastée, c'est à ce moment là qu'il sombra. Du moins, beaucoup plus qu'avant. Oui, parce que le Leprechaun blond est… un drogué. Il a d’abord commencé par ses propres illusions, les petits lutins pouvant utiliser leurs sorts sur eux-mêmes, pour s’évader dans un monde tellement plus beau et plus merveilleux que le réel. Sauf qu’à force de se jeter dedans à cœur et à corps perdu de ce faux bonheur et ce faux bien-être, comme pour tout excès, Sirius faillit y rester. Son père, malgré ses propres problèmes mentaux, parvint à le sauver et à le détaché de ses propres illusions, lui ôtant tout simplement ce pouvoir, mais il lui restait une chose, une chose pour laquelle il pourrait aimer les humains : les substances illicites. Ce qui lui permit quand même de croiser le chemin d’une certaine personne qui bouleversera sa vie.


La lumière au bout du tunnel fut incarnée par un homme, un humain, cherchez l'erreur. Un homme qui lui permit de sortir d'abord de la dépression dans laquelle il était, mais aussi, qui lui a permit de reprendre confiance en lui. D’abord rencontré dans des soirées peu propices à ce genre de rencontre, c’est-à-dire une rencontre où la confiance et les liens naissent, Xion, tel est son nom, devint un réel repère pour lui, malgré leur différence d’âge assez marquée, qui d’ailleurs, devint petit à petit son dealeur, mais bref. Ensemble, ils récupérèrent toute sa marchandise, absolument toute, quitte à enfreindre quelques règles. Au point où il en était, Sirius s'en foutait complètement, ça l’amusait même. Vraiment. Et puis, à cette époque même, la santé mentale de son père se détériorait encore plus, on venait de lui diagnostiquer un Alzheimer, alors vraiment, la moindre petite lueur dans sa vie était la bienvenue, surtout vu l’état dans lui-même était à cette époque, pas encore tout à fait une épave, mais pas loin malgré tout. Ainsi donc, ils leur fallut à peu près deux années pour pouvoir tout rassembler et poser un brevet au nom de Sirius, qui avait peu à peu repris le chemin des inventions, du rire. Ce qui ne l'avait pas habité depuis un très long moment. C'est donc grâce à cet homme, Xion,  et au petit pactole qu'il avait gardé en réserve, et oui, un Leprechaun ne se refait pas, qu'il parvint à ouvrir sa toute première boutique, dans le centre ville de Bray, une boutique de Farces et Attrapes à son nom, The Aquila’s Trick or Treat. Sa plus grande fierté. Cette boutique, faite pour les humains surtout, marquait le début de sa nouvelle vie, du moins, de la vie qu'il avait toujours rêvé, d'une certaine forme de paix avec les humains, puisque son associé était un humain. Et même si l'état de son père n'était plus le même qu'avant, c'était tout de même ce qu'il avait vécut de meilleur, si bien que petit à petit, il commençait à se détacher de la drogue, ou tout du moins à freiner sa consommation de drogues.
Mais, puisque dans toutes ces histoires, il y a des mais, l'associé de Sirius, qui devint d’ailleurs son amant, tous deux tombant amoureux et vivant, au départ une véritable idylle, à qui il avait donné toute sa confiance, (et donc donné une partie de sa boutique) s'est envolé. Avec son argent. Sans un mot, sans rien. Tout d'abord, refusant d'admettre l'évidence, le Leprechaun tenta de le chercher partout, mais quand sa fortune commença à se dilapider sans qu'il n'y touche, la vérité lui vint comme une grosse claque dans la gueule. Depuis, Sirius n'a absolument plus aucune nouvelle, mais il s'est juré que si Xion  venait à réapparaître dans sa vie, il lui rendrait la monnaie de sa pièce.
Mais depuis, sa dépendance s’est accrue, il ne passe plus une journée, une nuit sans avoir un substance ou deux dans le sang. Incapable de fermer sa boutique, il l’a gardé, ayant retirer tous les droits de son ex-compagnon dessus. Et pourtant, à chaque fois qu’il ouvre, son cœur continue de se serrer, jetant à chaque fois un coup d’œil à l’endroit où son associé était de temps en temps. Ce qui est  souvent un prétexte pour prendre une nouvelle dose. Son père est à présent totalement sénile, Sweeney reconnait encore son fils pour le moment, mais sa mémoire récente disparait de plus en plus. Il reprend sa nature de petit lutin farceur et passe son temps à courir par tout pour s’évader, pour s’amuser, obligeant ainsi Sirius à le garder enfermer chez lui et dans un bocal. Très chouette vie.



Cette fois, je n’avais pas prit la peine de sortir normalement, je m’étais tout simplement téléporté directement dans un coin de rue sombre pour rejoindre ensuite la foule, resserrant mon long manteau noir autour de moi. Cette fois encore, la crise était passée, bien que l'alcool n'aidant pas. Je me demandais parfois si ce n'était pas parce que ce vieux leprechaun fou et sénile était mon père que je n'arrivais pas à l'enfermer correctement. Si c'était une personne quelconque, que je ne connaissais pas, je n’aurais eu absolument aucun remord, pas un jugement, du moins, pas plus que ça et j’aurais utilisé tout ce qui était en mon pouvoir pour que ce lutin infernal ne pourrisse plus la vie des personnes. Mais c’était mon vieux père. Est-ce qu'on pouvait faire ça à son vieux père ? Ce qui me faisait le plus peur, ce n'était pas tant de supporter son Alzheimer et ses frasques de vieux fou. Ce qui me faisait peur, c'était le moment où je me retrouverai vraiment tout seul. Tout seul sans personne à surveiller. Tout seul pour vivre enfin comme j’aurais dût le faire depuis... le début. Je ne m’apitoie pas sur mon sort, au contraire, je prends les choses avec philosophie, tout en craignant mon propre avenir. Je sais que les Leprechauns sont ainsi, à moins que ce ne soit que dans ma famille. En attendant, je fais ma petite vie. Avec mon lutin de papa.
Arrivé devant le cinéma, je sorti le nouveau petit bocal renforcé de ma poche et le levais jusqu'à mon visage. Mon père, de nouveau sous sa forme de Leprechaun,  était à moitié somnolant, son petit chapeau lui tombant d'un côté, puis de l'autre de son crâne.

- J'espère que le film va te plaire. Et si tu es sage, je te laisserai filer dans les rangées. Hors de question de te courir après dans tout le ciné, alors faut une preuve de bonne volonté, Pa'.