don't be a drag (hamlet)

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just be a queen
Les lèvres rouges et le regard dramatique, perchée sur des talons beaucoup trop inconfortables, t’es assise seule à une table, mojito devant toi. Tes cheveux platine tombent de façon désordonnée sur tes épaules, en contraste avec tes vêtements noirs. T’attires le regard –t’es grande, mince, les pommettes hautes et de grands yeux bleus de poupée. Tu restes seule pourtant, autour de toi y’a comme un vide. T’es en avance, en plus, le spectacle ne commencera pas avant une bonne heure. Mais la gamine a décidé que ce soir elle n’avait pas besoin de toi et t’as troqué l’uniforme de baby-sitter pour celui de fêtarde. Hors de question de zoner dans tes maigres quartiers.

Le bar se remplit peu à peu, mais t’as déjà réservé la meilleure table. Sans que tu saches exactement pourquoi, les spectacles de drag queen te fascinent. Probablement parce que c’est criard, extravagant, spectaculaire, parce que ça joue avec le genre, parce que ça quémande l’attention de façon parfaitement assumée. Les lumières se teintent de rouge, de violet et de bleu, les rideaux pailletés scintillent sous l'éclairage. Tu te redresses sur ta chaise, fais tourner les glaçons dans ton verre avec la paille. Bientôt, toutes les tables autour de toi sont prises, certains ont installé des chaises entre ces dernières pour pouvoir être plus près.

Le spectacle commence, la musique éclate dans la salle, et tu te cales dans ta chaise, verre en main. Tu profites, bats le rythme de ton pied. L'alcool ne te fait aucun effet mais tu aimes le goût du rhum et de la menthe. Tu aimes les vibrations des basses, les spectateurs qui s'enivrent, les corps qui s'échauffe. Puis le rideau tombe de nouveau, les tables sont écartées et les danseurs se rejoignent sur la piste. C'est le moment que tu préfères. Te mêler aux autres, te perdre dans la musique -l'un des maigres avantages d'être dans un monde qui n'est pas le tien. Tu sautes, virevoltes, change de partenaire toutes les minutes. Tu séduis, abandonnes.

Et puis, d'un coup, quelque chose est différent.

C'est au creux de ton estomac, quelque chose qui cloche, quelque chose ne va plus. Ça n'est pas une sensation de danger imminent, ni un mauvais pressentiment. Il y a quelqu'un que tu connais ici. Une créature exactement comme toi. Tu le sens, de plus en plus fort, si tu pouvais te permettre d'en douter quelques secondes plus tôt maintenant tu en es convaincue. Ton regard parcourt la salle, cherche un visage familier. Le sentiment est bien présent mais diffus, tu ne sais pas où te diriger. Normalement ça ne te dérangerait pas, tu n'es évidemment pas la seule à avoir l'autorisation de te balader ici. Mais il y a quelque chose qui t'agace, qui t'irrite, t'arrives pas à mettre le doigt dessus pendant de longues minutes et puis finalement ça t'apparaît comme une évidence.

Hamlet.
(c) AMIANTE
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❝Don't be a drag just be a queen❞
Hamlet & Sloane
Je sais pas trop pourquoi je suis là. Je pourrais commencer la plupart de mes phrases comme ça, c'est clairement un problème. Mais non, j'ai absolument aucune idée du pourquoi du comment. Une minute plus tôt, j'étais dehors, à tabasser un mec pour une information pour mon magicien, et la seconde d'après, j'étais là, dans ce club, ce cabaret. J'avais laissé le mec en sang, deux rues plus loin, sans avoir eu ce que je cherchais, tout ça parce que mon instinct m'avait poussé là. Pas l'instinct humain, cette chose qui vous fait vous planter bien plus qu'elle ne vous fait réussir, mais mon sixième sens, septième, huitième. Toutes mes alarmes qui se sont mises à retentir tellement fortes que j'en arrive plus à réfléchir. Alors j'ai laissé faire, j'ai abandonner le semi-cadavre contre une poubelle et je me suis engagé ici. Alors oui, pour ceux qui se posent la question, je commence sincèrement à me demander si mon radar est pas pété, parce qu'à part des paillettes et des vêtements bien trop serrés, je vois que dalle ici. Fidèle à mon habitude, je me dirige d'instinct vers le bar, commande un whisky, et le descend d'une traite.

Quelque chose me dérange. Comme une impression de déjà-vu, comme si cette situation s'était déjà produite. J'ai l'impression de devenir fou, c'est pas comme si ça prouvait mon esprit complètement clean, de me retrouver au milieu d'un cabaret pour aucune raison particulière. Mais le malaise s'intensifie de plus en plus, alors que le spectacle se termine et que les courageux se lancent sur la piste de danse. Puis je commence à sentir d'où me vient mon impression, et je ne sais pas si je dois en être soulagé ou pas. Soulagé parce que j'ai pas tourné la carte, je suis pas devenu complètement sénile. Mais je la sens. Croyez le ou non, dans cette ville, y a pas des masses de djinns. Et quand il y en a, ils sont généralement regroupés dans les Dux Tenebris, alors je les ai facilement à l'oeil. Mais ça c'est une sensation nouvelle et à la fois ancienne. Comme lorsque j'ai croisé Vaas. Si revoir un vieux copain m'a fait plutôt plaisir - même si je ne l'avouerais pas pour tout l'or du monde ... Remarque, l'or c'est pas super utile aux djinns de toute manière - cette fois, je sens que ça sera un peu plus compliqué.

Parce que c'est pas n'importe quel djinn. Mon regard se pose enfin sur la jeune femme, dansant au milieu de la piste. J'aurais pu ne pas la reconnaître, deux cent ans, ça remonte à loin, mais pour moi, c'était juste un clignement de paupières. Alors je m'avance, je me mêle à la foule. J'ai toujours aimé la musique, la danse, c'est dans mes gênes, en vérité. Comme tous ceux qui sont comme moi. Je suis pas vraiment l'exception qui confirme la règle, si tant est qu'il y ait réellement des exceptions. Je finis par me retrouver face à face avec elle, contre elle. Je ne sais pas si elle m'a reconnu, j'ai changé d'apparence bien deux fois depuis la dernière fois que nous avons été invoqué en même temps. C'est drôle comme le temps nous a à la fois rapproché et séparé, des alliés, des ennemis, des tactiques pour se mettre à mal. Malgré ça, y a comme un arrêt. Une seconde qui, dans ma tête, passe comme des heures. Le temps est beaucoup plus abstrait pour les djinns que pour les autres, c'est un fait. ça passe, ça s'oublie, on s'endort, se réveille deux siècles plus tard.

" J'aurais cru qu'avec le temps, t'aurais eu la bonne idée de te laisser dépérir. "

J'ai jamais été tendre, surtout pas avec elle. Mais elle me le rend bien, je ne me fais pas vraiment de soucis pour ça. C'est ma façon de lui dire que malgré tout, ma présence dans cette ville revêt un autre intérêt. L'image de mon obsession, quelques semaines plus tôt, lorsque j'ai cru l'apercevoir, ne m'apparait plus si insensé. Finalement, il y a peut-être encore de l'espoir pour moi.

© Pando
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La musique est forte. Beaucoup trop forte. C’est assourdissant, ça te pète les oreilles, ça engourdit tes sens. Pas assez cependant pour camoufler cette présence, ce sentiment au creux de ton estomac. Qu’on appelle ça l’instinct, le pouvoir, peu importe, tu le sais. Mais tu n’arrives pas à le voir, à le reconnaître. Est-ce qu’il est là, perdu au travers des autres danseurs ? Est-ce qu’il veille, le dos au mur, sachant que t’es là sans que tu n’arrives à le localiser ? D’emblée, ce n’est pas l’agacement qui s’empare de toi mais plutôt l’excitation. T’aimes jouer, t’as toujours aimé ça, et Hamlet est l’un de tes partenaires préférés. Et c’est lui qui te trouve, le corps imposant qui se pose devant toi,  bien trop près. Il est là. Tu l’examines de ton regard trop bleu, trop perçant. Tu te souviens à peine de son apparence la dernière fois que vous avez eu affaire l’un à l’autre, mais tu sais qu’il en a changé. Il a le regard millénaire, la vieillesse de l’âme qui se reflète dans les iris étrangers. Ça ne trompe jamais.

La musique est beaucoup trop forte pour soutenir une conversation, et pourtant. T’entends chacune de ses paroles comme si c’était le silence complet tout autour. Le temps s’étire. T’as toujours eu l’impression qu’il était malléable. On peut l’étirer, le compresser –toutes ces pauvres petites créatures qui le comptent en minutes, en heures, tu les plains. T’as toujours tout ton temps, toi –ou presque. Tu hoches la tête de gauche à droite, sourire sarcastique au coin des lèvres, pas le moins du monde offensée par ce qu’il vient de te dire. « Jamais sans toi, Hamlet. Ce serait beaucoup trop triste de partir sans être accompagnée. » Et c’est pas de l’amour, Sloane. Tu viens pas de lui déclarer ta flamme, loin de là –c’est une question de compétition, d’orgueil : pas question que tu t’éteignes s’il brille toujours de mille feux. Et surtout -mais tu l'admettras jamais- c'est toujours plus intéressant lorsqu'il est dans le coin. Il y a peu d'êtres en ce monde que tu respectes un minimum, et tu te dois de reconnaître qu'Hamlet en fait partie. Tu ne dirais jamais, ô grand jamais, qu'il est ton égal, mais il n'en est certainement pas loin.

Sa présence en ville rend tout de suite les choses plus intéressantes. Et d'ailleurs, ça t'intrigue. T'es pas du genre à te préoccuper des autres, mais là c'est pas pareil. S'il est là, c'est que quelque chose d'important doit se produire, non ? On n'invoque jamais l'un de vous deux sans bonne raison -ou du moins, c'est ce que tu croyais, avant que la gamine ne décide de te passer les chaînes pour que tu la babysittes. Il va falloir remédier à ça au plus vite: à la moindre erreur, elle va regretter de t'avoir invoquée. Et surtout, tu vas en faire un exemple. Mais tu divagues, là. T'auras amplement le temps de planifier cette démonstration plus tard.

« Tu t'occupes, à ce que je vois » dis-tu en remarquant du coin de l'oeil les jointures mises à mal de ton ex-partenaire/adversaire. Il a quelque chose à faire, pas comme toi qui te tournes les pouces lorsque ta « maîtresse » n'a pas besoin de tes bons et loyaux services (ou de ton sarcasme).

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❝Don't be a drag just be a queen❞
Hamlet & Sloane
Je sais pourquoi je vais pas souvent dans ce genre d'endroits. C'est contraire à ma nature, mais j'ai jamais pu réellement me blairer la danse. Enfin ... C'est pas la danse en elle-même qui me dérange, mais plutôt cette ambiance, cette musique bien trop forte, où l'on ne peut même plus s'entendre penser. Je soupçonne un fait exprès, les humains, qui déjà ne sont pas les meilleurs lorsqu'il s'agit de réflexion, font tout, tout le temps, pour s'empêcher de se retrouver seuls avec leur réflexion. Ils ont peur de ce que leur subconscient pourrait contenir, peur d'y voir une quelconque intelligence ou de se retrouver face à leur stupidité affligeante. Alors ils boivent, en espérant que ça suffise. C'est rarement le cas, malheureusement. C'est là que la musique intervient. Tellement forte, puissante, qu'elle traverse tout le corps, ses vibrations les lançant dans une espèce de transe qui sans doute leur convient bien, leur permettant une fois de plus de s'échapper de leur quotidien. Je pourrais faire une analyse pendant des heures de ce qu'il se passe sur cette piste de danse, aux femmes qui ne veulent qu'une chose, trouver un homme pour passer la soirée, aux hommes qui ne savent pas interpréter le refus de celles qui n'en ont pas envie, ceux qui veulent faire croire à leur bonheur alors que leur solitude se lit dans leurs yeux, ceux encore qui profitent sans se soucier de ce que peuvent bien en dire les autres.

Et puis il y a Elle. Celle que je me refuse d'évoquer mais qui reste, comme la seule qui n'a jamais réussi à provoquer en moi un quelconque intérêt. La folie que je pensais être mienne s'évapore, réalisant que tout ce qui m'a poussé n'était que l'instinct. Voilà bien cent, deux cent ans que rien ne nous avait réuni. Je suis en partie fautif, je dois l'admettre, mes grimoires semblent avoir été perdus, entre le jour où Anthony m'a recueilli chez lui et le jour où Eldarion a décidé qu'il se ferait les dents sur un djinn de ma trempe. Sa réponse me fait sourire, cela dit. " Je n'en attendais pas moins de toi ... ça aurait été bien trop facile de toute manière. Je m'en voudrais de pas y avoir participé." Je l'avouerais jamais, mais c'est de toute manière pas près d'arriver. On peut frôler la mort, tenter de se tuer, je sais que je serais le premier emmerdé si je réussissais. C'est le danger de l'immortalité. Vivre trop de choses, ne pas réussir à y mettre fin. Ne jamais vouloir y mettre fin. Plus le temps passe, plus la douleur dans mes muscles est forte, et pourtant, la mort ne m'a plus tenté depuis des siècles. Je suis bien trop fier pour mourir, de toute manière.

Je la fixe, essayant de deviner les raisons de sa présence à Bray. Savoir dans quel camp, si jamais il y en avait encore, à cette époque, de bien définis, elle se trouvait. Non pas que ça ait une grande importance, les querelles humaines me passent par dessus la tête, notamment lorsqu'il s'agit des Dux Tenebris et de l'autre organisation parallèle. J'y prends part parce que mon magicien en a voulu ainsi mais sérieusement? Je pourrais pas m'en foutre plus. Du moins c'est ce que je me force à croire, pas prendre trop à coeur ce genre de guerres. Mais je peux pas m'empêcher de me demander si elle connaît l'existence du grimoire, si son invocateur - ou invocatrice - va essayer, comme les autres, de mettre la main basse dessus.

Mon regard se tourne vers mes mains, et je souris. Les transformations ont ce souci du détail. Je peux presque passer pour un véritable humain, les jointures de mes mains tournant vers le sang. " C'est assez rare ces derniers temps pour que je prenne mon pied quand ça arrive." Eldarion, c'est pas le plus fort pour les missions, il est même pas foutu de savoir pourquoi je suis là. Pourquoi il me garde près de lui alors que je suis pire qu'une bombe à retardement. Alors quand il me donne un truc à faire, je crache pas dessus, ça m'occupe et ça m'évite de penser aux mille et une façons que j'aurais de le faire souffrir le jour où il va se planter lamentablement. " Je suppose que c'est ton jour de congé? A moins que tu sois à Bray pour faire l'animation." Certains magiciens fonctionnaient comme s'ils embauchaient leurs djinns, ce que je trouve assez comique, quand on se rend compte que c'est un peu plus de l'ordre de l'esclavage que d'un travail. Peut-être que c'est le cas pour elle cette fois.

© Pando
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