(sloane) pain is the elixir that keeps us entertained

Mes parents m'ont appelé Anna Sloane Inglewood. Ou du moins, c'est le nom que je m'attribue. Mon véritable nom est Lachta, mais ça vous ne le saurez jamais. Je suis née le 24 février. Façon de parler. C'est la date de ma première invocation, à Louxor en Égypte. Pas le genre de chose qu'on oublie. Je suis un élément de plusieurs milliers d'années, et peut-être même plus. Inutile d'essayer de compter. Pour plus de précisions, je suis bisexuelle, tant qu'à avoir une manifestation physique, autant en profiter et présentement sans attaches, il n'est pas arrivé celui qui me mettra en bouteille (ha ha). Je suis (plus ou moins) fière de dire que je travaille en tant que babysitter pour une gosse arrogante, pédante et persuadée que sa petite quête de vengeance personnelle est absolument légitime, ça m'aide à payer mes factures. Je suis d'ailleurs plutôt pauvre, quand on est esclave on ne gagne rien. On me dit souvent que je ressemble à abbey lee kershaw, mais en mieux, quand même. Une dernière chose, je fais partie du groupe des êtres de l'air, et plus précisément je suis un Djinn..

Le temps file en bond que tu ne peux pas contrôler. Il te file entre les mains par blocs, par centaines d’années qui passent pour toi en un clin d’œil. Tu ne t’en plains pas. Ça ne t’intéresse pas, l’évolution de ce monde qui a perdu de son charme au fil des années. Le sable chaud de l’Égypte te manque, les dunes dorées et les mirages trompeurs du désert. C’est bien le seul endroit où tu t’es jamais sentie à ta place dans ce monde qui ne devrait pas te porter. Si tu devais avoir un lieu de naissance ce serait bien là, lieu de ta première invocation. Et si le magicien qui a fait l’erreur de t’y invoquer n’a jamais mérité rien d’autre que ton mépris et ta haine, il n’en va pas de même pour le pays que tu as parcouru afin de réaliser ses désirs. T’y aurais passé des millénaires, sous le soleil brûlant, à te laisser porter par le vent, à danser au-travers des tempêtes de sable comme d'autres dansent sous l'averse.

T'aurais pu mourir d'ennui à Londres, dans la grisaille et l'humidité de la ville si vivante et pourtant si terne. Que des pavés trop égaux, des parapluies noirs, des chapeaux noirs, comme pour se protéger non pas de la pluie mais des nuages si lourds qu'ils semblaient pouvoir crever, du ciel chape de plomb qui donnait à tout une teinte morose. Mais dans les yeux d'Hamlet t'as retrouvé la flamme brûlante du Soleil égyptien. Vous étiez pareils lui et toi, compétitifs et bornés, joueurs, malins. Ensemble, vous formiez une sacré équipe. Mais vous saviez aussi être de terribles adversaires. Hors de question de jouer doux, ou de jouer réglo: tu le respectais beaucoup trop pour ne pas donner le meilleur de tes capacités. Te retenir aurait été une insulte. Et gare à ceux qui auraient osé tenter de se mettre entre vous, ou de profiter de l'occasion pour vous la faire à l'envers. Et puis ça a mal tourné -évidemment- et finalement vous n'avez jamais su qui a remporté la manche.

Qu'à cela ne tienne Sloane, vous avez l'éternité pour recommencer.

Parce que tu comptes bien établir ta suprématie et lui montrer qui de vous deux est réellement le meilleur. T'aimes jouer, et t'aimes encore plus jouer quand y'a Hamlet de l'autre côté du plateau, à déplacer les pions pour bouffer les tiens. Et ton temps parmi les pauvres créatures qui peuplent cette planète te semble long et sans intérêt sans quelqu'un de ton niveau (enfin, presque de ton niveau, n'exagérons rien) pour mettre un peu de défi, un peu d'action dans ton nouveau quotidien. C'est -et de loin- les tâches les plus dégradantes qu'on t'ait refilé, de toute ta longue vie jamais on ne t'a insultée de cette manière et tu comptes bien le lui faire payer, peu importe le moyen.

T'es pas une putain de baby-sitter.