Lux & Obscurus {ft•Wyatt}

La nuit avait englouti la ville depuis un moment, l’été s’éloignait peu à peu rendant les soirées fraîche et mordante. Cathan traînait sa carcasse dans les rues de la ville, tantôt, vide, tantôt bondé d’esprits festifs et alcoolisés. L’ennui-le prenait tripes trippes, il n’avait pas envie de rentrer, pas envie de prendre le risque d’affronter le paternel sournois … Il avait eu envie de se rendre chez Ash … Mais il sentait que son humeur du jour finirait forcément sur une dispute entre eux, et franchement… Il n’avait pas envie de ça, le triton en doute sûrement, mais toutes ces querelles le blessent également avec fougue… Qu’il en soit l’investigateur, blesse d’avantage, car il n’y peut rien, c’est comme une explosion, et ça part et c’est tout… Sans qu’il ne puisse rien contrôler, puis sa fierté mal placée prend le dessus et il se mord la langue au sang et fuit plutôt que de s’excuser. Bien que le policier lui manquait, il voulait le laisser passer une soirée, si ce n’est bonne, au moins tranquille.

Alors il marchait, de rues en rues, il n’avait pas envie non plus de s’enivrer tout seul dans un bar… Il soupire quand son regard coince un bâtiment familier. Le cinéma, il sourit en coin, vérifie l’heure sur son téléphone à l’écran brisé. Il est tard, et c’est la dernière séance dans quelques minutes. Il n’y aura pas beaucoup d’âmes en cet endroit de divertissement. Il tire fortement sur sa cigarette avant de la balancer au sol l’écrasant sous sa semelle. Il se rend jusqu’au guichet, la vitre dévoilant le visage familier de Wyatt. Il s’appuie sur le comptoir. “Une place pour la salle qui est vide avec un film pas trop merdique, et je vais prendre un paquet de maltesers.” Dit-il l’air de rien avant de croiser son regard et de sourire en coin, complice et malicieux. Combien de fois avaient-ils fait ce petit jeu ? Il ne saurait le dire. Mais c’est devenu une habitude en tous les cas, bien que ses finances erratiques ne lui permettent pas de venir aussi souvent qu’il le voudrait. Il paie le cousin d’Aiden, lâche un clin d’œil juste entre eux avant de se rendre dans la salle indiquée sur son tickets. Il n’a pas fait attention si Aiden le suivait ce soir, mais si c’est le cas, panique-t-il de voir son cousin et sa seule expérience masculine face à face ? Devine-t-il ce qu’il va se passer ?

Wyatt à au moins les couilles d’assumer ses préférences lui. Il observe la salle alors que les bandes-annonces retentissent, dans le fond sous la fente du projecteur à l’abri de tout regard, il attend, grignotant ses friandises, seul repas de sa journée fort longue et ennuyeuse. Il attend, tourne le regard vers la silhouette qui le rejoint et sourit, charmeur et malicieux. “Vous avez rénové où on n'a jamais baptisé cette salle ?” demande t’il comme s'il demandait l’heure. Ça avait juste commencé par des discussions, des confidences, quelques blagues, un peu de flirt, pour au final les mener à coucher ensemble dans le cinéma, au nez et à la barbe de tous. Toujours, ici, c’est d’ailleurs le seul endroit où ils se voient tous les deux. Il lui tend le gobelet regorgeant de billes chocolatées. “Ça faisait longtemps Wyatt. Toujours dans ta cage de verre à s’que j’vois”, dit-il de façon presque amicale mentionnant le guichet à l’entrée. Une nouvelle bande annonce se lance, éclairant la salle, dessinant à chacun leurs traits de beaux garçons, reflétant la malice et le péché dans leurs yeux.

La nuit était calme et les clients peu nombreux dans cette zone de la ville ce soir. Wyatt était assis derrière le comptoir, protégé du froid extérieur par une vitre en plexiglas qui semblait presque vieille comme le monde. Sans doute comme le bâtiment auquel elle était rattachée, d'ailleurs. Bray avait en son sein un seul cinéma actif, il n'y aurait aucun intérêt à en construire un autre, pour être totalement honnête, vu les fréquentations de celui-ci. Mais il était fait exactement comme les anciens, avec leurs devantures passées et les néons qui ne fonctionnaient plus qu'à moitié indiquant les plus gros succès présents en salle. On ne passait pas ici que des films à gros budgets, et souvent, les droits d'exploitation des films que le patron achetaient étaient épuisés jusqu'à la moelle. Ainsi, ce soir, la plus grosse tête d'affiche était « Back to the future » , Marvel ne se décidant plus à sortir de gros succès et les comédies françaises n'ayant jamais été comprises par les irlandais. Il ne serait même pas de bon ton de parler de films indépendants quand l'industrie souffrait du manque de budget. La soirée avait donc vu passer peu de monde. Les puristes qui voulaient voir et revoir les films ayant bercé leur enfance et forgé leur idée de ce que la science-fiction devait être, Wyatt avait même vu passer quelques cosplays devant lesquels il avait ri. Il y avait eu aussi des familles, des pères ou des mères enthousiastes de montrer à leurs enfants ce qu'était «  le vrai cinéma » tandisque ceux-ci risquaient de rester le nez collé à leurs téléphones portables tout du long et louper la moitié de l'intrigue et puis encore quelques groupes de potes, certains que le guichetier reconnaissait du lycée, qui n'avaient rien d'autres à faire que se retrouver là. Ce n'était pas comme si Bray étaient une ville extrêmement active une fois la nuit tombée.

Mais alors que la dernière séance s'annonçait sous les coups de 22h, personne ne s'était arrêté et le silence se faisait presque assourdissant. Avec un soupir, Wyatt sortit son téléphone, espérant un message de Charlie ou de Samira plus que de n'importe qui d'autre en relation avec sa famille, mais il n'y avait rien. Lui seul avec ses pensées qui finissaient par toujours dériver sur Sarah et les images ancrées dans son esprit, démenties par la voix qu'il avait imaginé lui appartenant dans son esprit, voix qu'il n'arrivait jamais à croire réellement. Il aurait pu encore une fois partir loin si l'idée de fermer le cinéma plus tôt n'était pas en partie réjouissante. En partie, car il devrait affronter ceux qui n'étaient pas de purs couche-tôt au sein de la ferme, et ce n'était pas une perspective plaisante. C'est là qu'apparut son sauveur, celui qu'il n'attendait plus mais qu'il fut presque heureux de voir. Un petit sourire vint se dessiner sur ses lèvres, le genre de sourire qui ne manquait jamais entre Cathan et lui, bien conscients tous deux de ce que cette rencontre pouvait impliquer de salvateur. « Back to the future, salle 4. » Tout en parlant, Wyatt sortit de derrière le comptoir le paquet de sucreries demandées, tout en annonçant le prix. L'échange aurait pu paraître banal si quiconque ne connaissait ni l'un ni l'autre et n'appelant aucune sorte de suite. Mais il s'agissait de Cathan. Il s'agissait de Wyatt. Rien n'était encore terminé.

Avant de partir rejoindre le brun dans sa salle, Wyatt prit soin de fermer les portes de toutes les entrées du cinéma et d'éteindre le néon qui le signalait ouvert. S'il y avait des retardataires ce soir, ce serait bien dommage pour eux, ils n'auront qu'à revenir le lendemain. Doucement, de sa démarche presque féline, il vint se placer juste à côté de Cathan alors que les bandes-annonces défilaient devant leurs yeux. « Tu ne crois quand même pas que je vais te délivrer tous les secrets de ce lieu... Il y a encore des tonnes d'endroits qu'on a pas baptisé. Et avant qu'ils fassent des travaux ici, on aura le temps de les voir. » Le patron du magicien était quelqu'un de relativement agréable mais pas très prompt à laisser échapper ses financements. Embaucher du personnel était déjà une épreuve pour lui qui avait du mal à lâcher un rond supplémentaire sur les salaires des employés. « J'attendais seulement que tu me rendes visite. » Un sourire malicieux de nouveau à l'encontre du beau jeune homme à ses côtés. « Une vie mouvementée ou tu as perdu tout intérêt pour le septième art ? » Il était vrai qu'ils ne s'étaient pas vus depuis bien longtemps. Ils n'entretenaient pas une relation où ça pouvait réellement poser problème et la mort de Sarah avait pris beaucoup de place dans l'univers de Wyatt pour que celui-ci ne s'en soit rendu compte avant de revoir Cathan.

Il souriait amuser, ce qui était agréable avec Wyatt c’est qu’il n’avait pas à se prendre la tête. Le brun ignorait son bagage familial chargée, sa vie compliqué … Ou alors s'il était au courant il faisant comme si de rien n’était. Un cours instant cela était agréable de n’être qu’un mec comme un autre qui flirt avec mignon jeune homme … Pas de deal, pas de client, pas de pression de son père … Pour la durée du film tout cela se dissipait en l’obscurité de la salle de cinéma. Lui-même ne connaissait pas grand-chose de Wyatt, ses amis, sa famille ou même ses passions. Ils n'avaient pas besoin de ça, juste d’un peu de malice, de discussion pour faire bien, et d’alchimie. Rien de plus. « Tu ne crois quand même pas que je vais te délivrer tous les secrets de ce lieu... Il y a encore des tonnes d'endroits qu'on a pas baptisé. Et avant qu'ils fassent des travaux ici, on aura le temps de les voir. » “J’sais pas si j’dois m’sentir excité par tant de mystère ou outré par tant d’secrets !” taquine t’il le magicien. “J’crois qu’il faudrait vraiment qu’il reste qu’trois colonnes qu’tiennes en place pour qu’ton patron s’bouge à faire des travaux …" Les bandes-annonces se poursuivaient avant de laisser places aux assommantes pubs … Il n’y avait rien de pire quand on tentait de réellement vivre l’expérience de la salle – pas comme Cathan en l’instant t donc-. Les trailers éveillant l’intérêt, gratifiant l’esprit d’une curiosité cinématographique … avant de l’endormir avec des publicités pour des commerces locaux dont tout le monde se fou … Est-ce que vraiment quelqu’un s'est rendu à un garage auto après avoir vu sa pub au cinéma entre deux bouché de popcorn ? Cathan ne put retenir une légère grimace en découvrant une pancarte animée pour le cabaret de son père … à croire que jamais il ne peut l’exclure de son esprit sans qu’il ne s’y invite de nouveau de manière inopiné...

« Une vie mouvementée ou tu as perdu tout intérêt pour le septième art ? » Le brun reporte son attention sur le magicien, il sourit haussant les épaules. “Ou j’ai trouvé plus bandant que toi ? Qui sait” se plait-il à le narguer un peu enfournant une nouvelle bille chocolatée dans sa bouche... Harlow était revenue depuis peu … Et il ne savait pas trop où ils en étaient tous les deux … étaient-ils de nouvel ensemble officiellement ? Ou bien n’étaient-ils plus que des coups réguliers l’un pour l'autre ? Cette simple idée lui sert le cœur à en crever ... Et il n’aime pas ça … Mais ce soir il ne voulait penser à rien de tout cela … Harlow, Xyler, le cabaret … Il voulait s'en         rien qu’une soirée …. Rien qu’une petite heure … c’est tout ce qu’il demandait … Il en avait fort besoin pour ne pas peter un câble … “Mon taff m’a pris un temps de fou, mon boss ne m’a quasi pas laissé de temps libre, un vrai esclavagiste j’te jure ! … Et … Bah j’'n'avais pas d’tune en fait …" avoue-t-il un peu honteux se grattant la joue avec embarras. “J’t’ai déjà dit que j’suis souvent short avec mon fric ? " Ironique pour le fils d’un des hommes les plus friqué de la ville … “Genre au point ou j'me sens comme un ado qui survit avec son argent d'poche ..." Si c'était pas pitoyable à son âge ... De bosser comme un malade, de s'y casser le cul -littéralement !-. Tout ça pour que tout soit prit par son paternel qui lui donne au compte de goutte quelques biftons pour qu'ils puissent acheter ses clopes ou boire une bière ... Mais pour tout le reste si il ne parvenait pas à en cacher et à se faire un petit pactole, il devait quémander en se justifiant pour la moindres dépenses ... Et il savait pertinemment que chaque dons de son argent le rendait un peu plus redevable envers Xyler ... "Je n’avais même pas assez pour un ticket d’ciné, s’pas que je voulais v’nir te voir, mais entre tes beaux yeux et mon paquet d’clopes mon choix était vite fais”  

Il hausse les épaules de concentrant un instant sur ses maltesers puis la toile illuminé. "fin bon, on est pas là pour parler d'comme mon compte en banque est vide ! s'pas des plus réjouissant comme sujet !" Une nouvelle bille entre ses lèvres. Fuite, changement de sujet hâtif, comme toujours lorsqu'il en révèle un peu trop sur sa personne ... Il finit par prendre peur et reculer rapidement, trop se révéler c'est dangereux ... Cette certitude est encrée en lui au fer rouge ... "Puis ..." souffle t'il se penchant pour se rapprocher de wyatt comme si ils se faisaient des confidences. "J'ai toujours peur que t'ai trouvé quelqu'un et qu't'ai plus envie d'ses p'tits moments culturels avec moi." Sourire malicieux et charmeur qui lui va si bien finassant cette révélation. Petite taquineri qui résonne dans sa voix. Peut-être que cela arrivera un jours, ou que lui même délaissera Wyatt pour Harlow complètement ... Il ne peut le dire, ou le prédire ... Mais ce soir il était là, tout entier au charmant magicien.

Les moments avec Cathan étaient comme des bulles hors du monde où Wyatt se plaisait à se perdre. Il n’était pas là question de sentiments, de toute manière il ne se souvenait pas vraiment en avoir éprouvés depuis Sirius, et même ceux-là n’étaient pas aussi forts que tout ce que l’on pouvait entendre sur l’amour. Mais quelque part, c’était bien mieux que ça, un endroit où se réfugier et n’être pour un temps qu’un mec qui travaillait comme guichetier au cinéma de Bray, sans les deuils, sans la douleur, sans la magie qui transformait petit à petit son âme pour la rendre un peu plus difficile d’accès. Il ne connaissait pas le jeune homme tant que ça et pouvait à peine se souvenir de comment leur relation, quelle qu’elle soit, avait démarré. Non pas que cela importe, il était là c’était bien l’essentiel. “Un homme sans quelques secrets perdrait un peu de son charme, tu ne penses pas?” Il souriait, malicieux. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas souri si sincèrement, même s’il ne s’agissait pas là de quelque chose de béat traduisant un bonheur qu’il n’avait plus depuis longtemps. “ T’es injuste avec lui, on peut lui reconnaître un sens certain pour les économies. Moins d’employés, zéro travaux malgré des salles qui tombent en ruine … Le mec sait garder son argent au moins.” Wyatt ne détestait pas son patron, il avait été assez compréhensif face à sa situation familiale et les nombreux drames qu’il avait traversé, mais il pouvait s’avérer réellement con parfois, pas assez présent pour remarquer ce qu’il faisait sous son nez, un peu trop colérique quand il se levait du pied gauche et une tendance au licenciement qui l’aurait mis à genoux devant la justice si le job n’était pas si pourri que personne ne perdait son temps à se battre pour lui. Il se satisfaisait tout de même de sa situation, fallait dire qu’il pouvait voir les films à l’oeil et se taper Cathan dans l’indifférence générale, ce n’était pas quelque chose à prendre à la légère.

La réponse du brun le fit sourire. D’un geste, il mit la main sur son coeur, comme s’il avait été blessé par ses mots. “ Et en une seconde, toute ma vie s’effondre.” Un petit rire vint clôturer sa comédie alors qu’il continuait à parler. “ Pour mon ego je vais faire comme si je ne t’avais pas entendu.” Il ne doutait pourtant pas une seconde que cette déclaration pouvait être vrai. Le magicien ne connaissait en rien la vie de Cathan, tout comme lui ignorait sans doute les aléas de la sienne. Ils ne parlaient que peu de choses réellement intimes, comme si ça pouvait gâcher ce qu’ils avaient et d’un point de vue sentimental, il n’avait aucune idée d’où se situait son interlocuteur. Redevenant sérieux, il l’écouta parler. Ce n’était pas parce qu’ils n’étaient généralement pas là pour discuter qu’il ne savait pas prêter une oreille attentive ni même qu’il ne s’intéressait pas à ce qu’il avait à dire. “ C’est pas une honte d’être en galère. Tu vas peut-être avoir du mal à y croire mais je suis pas payé une fortune non plus et pratiquement tout va à ma mère.” Il supportait la ferme comme il le pouvait, à défaut d’avoir le temps de mettre la main à la pâte. “ J’ai même dû prendre du taf au black, je fais de l’aide à domicile pour l’ancien armurier.” Techniquement, James l’était toujours, mais c’était surtout sa femme qui s’en occupait depuis que sa cécité était devenue complète. “ Il te plaît au moins ton job?” Wyatt ne se souvenait pas avoir su un jour ce que Cathan faisait lorsqu’il n’était pas là. Il avait manqué cruellement de curiosité ces derniers temps ma parole. Comme pour adoucir la conversation qui se trouvait tourner vers un chemin compliqué, il sourit, prenant une voix plus suave. “ Tu sais si ce n’est que ça … Je suis tout à fait capable de te faire entrer par la porte arrière.” Le sous-entendu était clair et le fit sortir de son jeu pour lâcher un rire. Et d’une blague lourde, une. C’était quelque peu sa spécialité.

Wyatt capta le changement de sujet hâtif de Cathan, mais n’en dit rien. S’il n’avait pas envie d’en dévoiler plus, ce n’était pas sa place de le forcer, il prenait bien tout ce qu’il voulait lui donner, ni plus ni moins. Avec un sourire beaucoup moins innocent cette fois, il prit le même ton que le triton. “ Fais-moi attendre encore et ça pourrait bien arriver. Je serais presque en droit de te demander de te faire pardonner.” Son regard explora tout entier l’homme qui se trouvait à ses côtés, délaissant l’écran, traduisant son désir. Il avait besoin de se laisser aller et n’aurait pu trouver meilleure personne pour ça. Éliminant l’espace qui les séparait encore, le magicien s’empara de ses lèvres, ressentant dans son corps entier cette envie qui ne le lâchait pas dès qu’il se trouvait en sa présence.

Il observe le brun, il se dit que s'ils s’étaient rencontrés autrement et appris à se connaitre en dehors du cinéma ils auraient surement pu être amis. Mais peut-être ça n'aurait pas été pareil … S'ils en savaient plus l’un sur l’autre … fin il connait pas mal de deals sur Lars et leur amitié ne s’en est que renforcé … enfin cela ne sert à rien d’y réfléchir une décennie, après tout ce qui est fait et fait, et il est plus que satisfait de sa relation avec le magicien. Ils ne savent pas grand-chose l’un de l’autre, aujourd'hui ils en apprennent d’avantage qu’hier, peut-être n’apprendrons t’ils plus rien demain, ce n’est pas grave, cela lui convient ainsi. “ C’est pas une honte d’être en galère. Tu vas peut-être avoir du mal à y croire mais je suis pas payé une fortune non plus et pratiquement tout va à ma mère.” Il hausse les épaules, “ça la fou mal quand ceux que tu côtois savent qu’ton père est claqué d’tunes et captent pas qu’sa tune c’pas la tienne.” dit-il avec une moue ennuyée, combien de fois lui avait-on sortie cette connerie ?! ‘ton père est riche donc raque ?!’ connard il n'a pas le code du compte en banque juste parce qu’il est un produit de ses bourses … “S’donc pour ça qu’t’es dans ce taff si passionnant ? Pour aider ta mère ? et moi qui t'pensais passionné du septième art”  Cathan est forcé de bosser pour ramener de l’argent à son père, wyatt travail de bon cœur pour aider sa mère a survivre … Deux mondes, deux ambiances … Le triton n’a jamais vraiment compris les relations familiales des autres, notamment dû à son propre historique chaotique … Sa mère qui a disparu après sa naissance, pour qui il n’éprouve qu’un vide intersidéral de sentiment, pas d’aversion, de curiosité ou de haine, rien, une indifférence brutale et glaciale pour celle qui l’a extirpé de ses entrailles il y a 25 ans de cela … Son père le détruit à petit feu, son affection n’étant qu’une autre forme de poison, son oncle l’a abandonné et ne peut plus le regarder sans une tronche de chien battus … Diarragh son cousin est bien trop prit par ses responsabilités pour se soucier de son cadet … L’amour sincère et pure entre membre d’une même famille c’est aussi abstrait pour lui que les fées qui seraient se rendre utile.

“t’es motivé, p’tin. Y a pas un m”tier qui paye bien qui t’fais envie ? Un truc ou t’pourrais aider ta mère avec mais ou t’as moins l’air de t’emmerder.” Il sait parfaitement qu’il pourrait offrir une place au cabaret ou dans le cercle de son père à Wyatt … Mais c’était hors de question … Il n’allait pas le jeter dans les griffes voraces de Xyler … Il avait déjà blessé bien trop de monde de son entourage de manière indirecte non à cause de son paternel … Il ne pouvait rajouter une victime de plus à son putin de palmarès macabre … “ Il te plaît au moins ton job?” Ses lèvres se tordent légèrement en une moue pensive et perplexe. “Pas vraiment … Fin …" Il soupire se passant une main sur son visage lasse. “Comme toi j’ai plusieurs jobs, mais un même boss … Y en a un que j’déteste … Un j’sais même plus pourquoi j’l’ai commencé … et l’dernier … On va dire que c’est l’plus honnête et j’suis pas mauvais … J’pense que c’lui là on peut dire qu’il m’plait un peu … Mais d’toute façon je ne sais rien faire d’autre donc … J’suis coincé là-dedans. Puis, franchement tu m’vois avec mon caractère en cassier ? Au coffee shop ? Y en aurait des boissons balancées dans des gueules j’te l’dis.” Dit-il finissant sur une pointe d’humour toujours dans l’optique de détourner l’attention de ses révélations, de changer l’atmosphère, de briser son flot de confessions qui le mettent si mal à l’aise …  

Il sourit “sérieux ? P’tin j’t’aurais montré mes relevé d’banque plus tôt si je t’avais su si généreux” qu’il plaisante. L’ambiance change rapidement, cathan renvoi un regard brulant à wyatt, à ses dires. Leurs lèvres se trouvent dans la hâte et le désir, d’une main il pose le paquet de confiserie chocolatées sur le siège vide à côtés de lui, l’autre passant dans la nuque du jeune, se glissant dans sa chevelure ébène. Le sexe sans peur, sans avoir à se forcer, sans craindre la suite, sans se poser de question ça lui avait manqué … Juste succomber au désir, cesser de penser … Putin il en avait besoin aujourd’hui … Il aide Wyatt à quitter son siège pour venir sur lui cessent de l’embrasser un instant profitant que son t-shirt se relève légèrement pour y glisser ses mains, caresser la peau chaude de son torse, redécouvrir ses courbes qui lui sont pourtant familière. Il observe la silhouette attrayant de wyatt, découpé par la lumière de l’écran derrière lui, digne d’une scène cinématographie ! “Je suis vraiment navré d’t’avoir fait attendre ! Comment vais-je bien pouvoir m’rattraper ?” souffle t’il ses lippes s’étirant en un coin, narquoises et charmeuses.

La famille était un vaste sujet qui méritait probablement que l’on s’y attarde un moment. Très vite, Wyatt avait connu les malheurs de ne pas en avoir, de errer comme une pièce imposée d’un endroit à un autre, utile seulement pour l’argent qu’il pouvait bien apporter au foyer sans que personne ne fasse un réel effort pour l’intégrer et le faire sentir part de quelque chose de plus grand. Puis Samantha Jones était arrivée, beauté chaleureuse d’un mètre soixante-dix, elle avait révolutionné tout ce qu’il croyait savoir de ce concept si particulier et si unique à chacun. Il se souvenait vaguement, Wyatt, de ses parents biologiques. Il n’en avait pas une image précise, loin de là, mais plutôt un souvenir, des cris, des pleurs, une sensation de froideur, de maladresse violente. Il avait compris plus tard que si quelqu’un n’avait pas lancé les services sociaux dans le petit appartement où il vivait, sans doute serait-il mort face aux mauvais traitements de sa mère qui n’en était pas une. Pas une capable dans tous les cas. Il existait parce que c’était la seule façon envisagée par les faibles d’esprit pour maintenir une relation qui, de toute manière, finirait tôt ou tard par imploser. Il ne pensait pas souvent à ses origines et pourtant, lorsqu’il le faisait, il espérait de tout coeur que ses parents avaient sombré dans le malheur, comme un retour de karma mérité. Il hausse les épaules. “Pourtant de mon expérience, c’est ceux qui en ont le plus qui refusent majoritairement de le partager. C’est sans doute pour ça que c’est eux qui l’ont, le pognon, d’ailleurs.” Le magicien ne connaissait pas le père de Cathan et ne pourrait, hormis ça, émettre de jugement de valeur. Et comme il y pensait plus tôt, tout le monde ne commençait pas avec la même chance. Si les premières années de sa vie n’annonçaient rien de beau concernant la suite, il avait, comme nouvel orphelin, gagné la loterie. La famille dans laquelle il évolua par la suite avait tout de la perfection malgré ses défauts évidents. Du moins c’est ce qu’il pensait avant que les pires des malheurs ne leur tombent dessus, divisant et éclatant aussi efficacement que si une bombe leur était tombé dessus. Un petit rire s’échappa des lèvres de Wyatt. “ L’un n’empêche pas l’autre … N’est-ce pas? Mais si j’avais pu éviter de me retrouver coincé ici tous les jours, je l’aurais fait. Seulement, six gamins ça se nourrit.Cinq.” La mort de Leïla lui revint en mémoire, comme s’il avait pu, l’espace d’un instant, oublier qu’elle n’était plus des leurs.

A une époque, il aurait sans doute pu réfléchir à faire quelque chose dont il avait vraiment envie. La question de Cathan le mura quelques secondes dans le silence, le jeune homme réfléchissant à la réponse qu’il pouvait bien lui offrir. Bien entendu qu’il y avait des secteurs qui auraient pu l’intéresser et au sein desquels il n’aurait pas eu l’impression d’être exploité … Encore que. Si la vie était plus clémente avec ceux qui manquaient de moyens, sans doute aurait-il fait l’effort de poursuivre quelques études, mais son hyperactivité avait eu raison de lui dès qu’il s’était agi de s’asseoir sur des bancs d’école. “ Je voulais bosser dans l’informatique. Les ordis c’est mon truc, mais apparemment faut des diplômes bien précis pour être pris au sérieux… C’est totalement con parce que j’ai appris seul mais c’est apparemment pas valable.” Encore une fois, Wyatt haussa les épaules, comme si ça n’avait aucune importance. Pour le moment, ça n’en a pas. Il avait bien autre chose à penser qu’à changer de métier et pour le moment sa vie lui convenait. “ Ici c’est plutôt facile, y a pas grand chose à foutre que de regarder des films, faire le ménage et vendre quelques tickets et du pop-corn. J’aurais clairement pu tomber pire, comme bosser à la supérette de la mort sur Dragon. Ils recherchaient à l’époque, mais j’avais pas tellement envie de me faire poignarder à trois heures du matin pour un paquet de chips.” L’histoire semblait anecdotique mais c’était un réel fait divers survenu quelques années plus tôt. Si Bray semblait calme la plupart du temps, il n’y en avait pas moins quelques dérangés qui n’hésitaient pas à se faire remarquer. Un rire, encore une fois, vint briser des pensées un peu trop sombres à son goût pour la compagnie qu’il avait actuellement. “Il doit bien y avoir quelque chose qui te conviendrait. Peut-être pas le contact client cela dit, tu marques un point. Toi t’as jamais voulu faire autre chose?” Wyatt ne savait pas exactement ce que Cathan faisait de sa vie et s’il ne désirait pas en parler, il partait du principe que ce n’était pas de son fait de l’y forcer, aussi il se contenta d’acquiescer lorsque le triton resta flou. Il pouvait bien lui conseiller d’arrêter ceux où il ne se sentait pas à sa place mais il était bien placé pour savoir que souvent, ce que l’on faisait, que ce soit pour gagner de l’argent ou survivre n’était rien d’autre que vital et que le luxe de choisir appartenait aux plus riches. Autrement dit pas à eux.

La conversation s’interrompit rapidement après ça, laissant place à un désir que Wyatt accueillit avec plaisir. Ce dernier n’était pas fait pour les relations, vraiment pas. Il n’était jamais tombé amoureux, comme il l’avait si bien signalé à Aiden, n’avait jamais ressenti le besoin de réellement s’attacher sur le long terme à quelqu’un et la seule fois où il l’avait fait, il s’agissait de Sirius… Comme s’il savait dès le départ que ce serait voué à l’échec de toute manière. Mais le sexe, sans vraiment attendre quelque chose en retour, ni une affection hors contexte ni un suivi quelconque, c’était ce qu’il lui fallait. Aussi, il se laissa porter volontiers dans cet ouragan de sensation, ses lèvres trouvant celles de Cathan, ses mains effleurant son torse pour ramener son corps contre le sien. “J’ai bien une petite idée. Mais d’abord … ” D’un geste, le t-shirt de Cathan se retrouva sur le siège d’à côté, permettant à Wyatt un contact plus poussé avec le triton.