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 I didn't mean to let you down + Sarah & Wyatt

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Wyatt Kendrick-Smith
Wyatt Kendrick-Smith
MESSAGES : 247
RACE : magicien
MÉTIER/ÉTUDE : guichetier au cinéma
I didn't mean to let you down
EXORDIUM.
22 février 2021

Le réveil est confus, comme à la sortie d’un rêve qu’on ne veut pas quitter ou d’un cauchemar qu’on ne saurait savoir réel ou totalement fictif. Les yeux de Wyatt s’ouvrent, et au départ, il ne sait même pas où il se trouve. Quelques jours auparavant, il avait vu Charlie et l’effet de la poudre, s’il s’était estompé de son état brut, lui donnait encore parfois le tournis. Peut-être était-ce la fréquence à laquelle il la prenait, peut-être seulement son imagination qui lui jouait des tours, il ne saurait le dire. Pendant quelques secondes, tout est oublié, comme si cette dernière année n’avait pas réellement existé. Puis son coeur se troubla de nouveau, sa mâchoire se serra et il referma les yeux plus fort encore comme si ça pouvait lui permettre de ne pas avoir à affronter cette journée. Pas celle-là. Son ombre se reflétait sur chaque visage depuis des jours, la ferme se faisant de plus en plus silencieuse que le temps s’écoulait. Samantha avait besoin de la préparer, de faire quelque chose, de célébrer “comme Sarah voudrait qu’elle soit célébrée”. Mais Sarah ne voulait plus rien, elle n’existait plus. Et si les regards de ses frères se posaient trop régulièrement sur le magicien, le voilà qu’il n’en ressentait plus que la honte de ce qu’il avait pu faire. Doucement, il se leva de son lit, soulagé de voir que Soren avait déjà quitté les lieux. Il prit son temps, profita d’une douche brûlante, comme si elle pouvait apaiser la détresse qu’il ressentait au plus profond. Ce ne serait une journée facile pour personne. Wyatt enfila ses vêtements, se roula une cigarette qu’il fuma à la fenêtre. Tout pour retarder l’échéance. Sa mère ne supportait pas qu’il le fasse mais elle avait fini par abandonner par manque de résultat. Valait mieux ça que du cannabis, qu’elle disait … Si elle savait. Il ne peut toutefois pas retarder les choses encore plus. Le jeune homme descendit les escaliers, où tout le monde était déjà présent, assis autour d’une table dressée comme pour un jour de fête, cinq sièges vides les toisant: le sien, celui de Gabriel, de Sarah, de Leïla et d’Anthony. L’anniversaire de Sarah pouvait enfin commencer.

Tout le monde s’anime autour de lui, tandis qu’il ne dit presque mot, se contentant de manger le repas préparé, serrant parfois la main de sa mère, lui signifiant qu’il était là. Ce n’est pas qu’Ely ne tente pas de le faire sortir de sa bulle, mais tout s’agite trop vite autour de lui, il regarde la scène de loin, conscient de ne pas être légitime quant à sa présence ici. On invitait pas celui qui avait provoqué la mort de celle qu’on célébrait à sa table, peu importait ô combien on était bon. Le coeur serré, Wyatt se contente d’écouter. Le premier anniversaire de Sarah sans elle. Ceux qui n’avaient pas encore accepté sa mort s’en voyaient presque contraints et il est bien en peine à tenter de ne pas croiser le regard de Jake, surtout quand celui-ci prend la parole. “ On a prévu d’aller au cimetière pour 14h.” Wyatt ne peut s’empêcher de lever les yeux vers son frère cette fois, mais ça ne dure pas. La sortie familiale du lundi, haut les coeurs. Mais c’est beaucoup trop pour lui, il le sait. Alors il secoue la tête. “ Je … Je dois partir travailler à treize…” Il ne peut toutefois pas terminer sa phrase que Soren, placé face à lui, se lève brusquement, faisant trembler la table. “T’es le pire des cons Wyatt, ça t’aurait tué de faire une chose de bien dans ta putain de vie et de pas laisser tomber tout le monde encore une fois?” Va te faire foutre. Va bien te faire foutre Soren. Samantha lui lance un regard appuyé, puis il se rassoit. “ De toute manière c’est pas comme si t’en avais pas assez fait.” Wyatt veut lui répondre, lui renvoyer l’ascenseur, mais au fond, il est d’accord avec son frère. Alors il ne dit rien, se contente d’ignorance pour se tourner vers sa mère. “ Je passerais après le boulot, m’attendez pas ce soir.” Elle hocha la tête, lui sourit. Ce sourire, il ne le mérite pas, mais elle en a besoin alors il le lui rend.

Wyatt erre dans les rues de Bray. Il fait gris, comme la plupart des jours de février, mais il n’en a que faire. L’horrible vérité est qu’il n’avait rien à faire, que sa journée, il l’avait prise, avec ou sans l’accord de son patron. Mais il voulait attendre que le cimetière soit vide. Il n’avait pas besoin de sa famille autour de lui, pas aujourd’hui. Il devait affronter ça seul. C’était bien à cause de lui que sa soeur n’avait pu voir un nouvel anniversaire se profiler. Il ne voulait croiser ni son fiancé, ni devoir se mettre à nu devant ceux qui le savaient responsables. C’était bien trop pour lui. Alors il profite du temps devant lui pour aller cueillir des fleurs dans le parc. S’il se faisait chopper, il était bon pour la pire course de sa vie mais ce n’était pas comme s’il en avait quelque chose à faire. Leïla aimait les fleurs. Il en apporterait pour elles deux. Se faire pardonner de ne pas avoir été assez présent pour l’une et bien trop pour l’autre.

Le magicien connait les chemins du cimetière qui mène aux tombes de son père et de ses soeurs par coeur. Si peu le savent, il y passe énormément de temps, s’il le devait, il se guiderait les yeux fermés sans aucune hésitation. Lorsqu’il arriva devant l’endroit tant redouté, ses deux petits bouquets de fleurs dans les mains, il se sentit stupide. La tombe de Gabriel était relativement sobre. Samantha avait profité du voyage pour changer les fleurs qui commençaient à faner et y avait déposé une note. Elle le faisait tous les mois depuis 2014, même si ses enfants faisaient comme s’ils ne remarquaient rien pour protéger sa vie privée. Celle de Leïla était déjà plus fournie. Des photos, des tonnes de photos, des peluches, des bougies éteintes. Une partie des habitants de Bray s’étaient sentis concernés lors des enlèvements et sa mort avait été un coup dur pour la ville entière, alors qu’on ne savait toujours pas ce qu’il advenait des autres disparus. C’était une manière de s’en sentir proche, sans doute. Puis celle de Sarah. Des cadeaux par légion qui seront sans doute pillés ou jetés par le gardien du cimetière s’il se montrait un jour. Ils avaient tous apporté leur patte. Il pouvait reconnaître le poste cassette d’Ely avec une toute nouvelle entrée, les photos de Jake, le collier de Samantha, caché dans un coin, les fleurs innombrables et bien plus belles qu’il avait dans les mains … C’était son anniversaire et là encore, il n’avait pas été à la hauteur. D’abord dans le silence, il les posa discrètement dans un vase déjà occupé. La pluie commençait à tomber, le ciel à s’assombrir. L’endroit était bien éclairé, c’était déjà ça. On était seulement en fin d’après-midi mais l’hiver ne pardonne pas. Peu soucieux de tâcher ses vêtements de boue, le jeune homme s’assit au sol face à l’inscription qui indiquait le nom de Sarah. “ Bon anniversaire, Sis’.” Wyatt avait toujours été du genre bavard, tellement que ses frères et soeurs voulaient qu’il se taise presque constamment, mais pourtant, les mots lui manquaient. “ Je t’ai encore laissée tomber hein? Je suis sûr que tu m’attendais avec les autres, ça a dû te faire drôle. Je suis désolé. J’espère que t’as pu voir passer tous ceux que tu voulais.” Face à lui, un cadre avec son sourire, si éclatant, si solaire. Les gouttes de pluie qui y tombaient ne la gâchait en rien et pourtant il était compliqué pour lui de la regarder réellement sans toutes les émotions qui remontaient à la surface. “C’est tellement dur sans toi. La famille s’étiole et je fais rien pour arranger les choses. Mais je peux pas. C’est ma faute, ça sera toujours ma faute et je peux pas …” Trop faible pour continuer, il prit une grande respiration, alluma une clope. “Pourquoi tu m’as pas laissé mourir à ta place?”


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Sarah Jones
Sarah Jones
MESSAGES : 64
AGE DU PERSONNAGE : 34
RACE : Fantôme (anciennement sirène)
MÉTIER/ÉTUDE : Elle exerçait en tant que pédiatre à l'hôpital.

( I didn't mean to let you down)


22 février 2021


22 février. Une date anodine pour bien des gens, mais pas pour elle, pas pour ceux qui l’avaient vraiment côtoyée. Aujourd’hui elle aurait dû fêter son trente-et-unième anniversaire. Enfin, « aurait dû », elle le fêtait d’une certaine manière mais ce n’était pas pareil. Ce n’était pas ce qu’elle s’était imaginée l’année précédente, on était loin du sympathique repas en famille et de la soirée avec ses amis qui aurait suivi. Elle avait passé la nuit du 21 au 22 à veiller sur son fiancé. Elle aurait voulu être partout à la fois, mais malheureusement ce n’était pas dans ses cordes et elle avait fait le choix qui lui avait semblé être le plus judicieux. Anthony était seul, sa famille ne l’était pas. Il avait décliné toute invitation à sortir pour aller se coucher sans manger. Au final cela ne lui rendit pas service, il passa une nuit terrible et la matinée qui suivie fut loin d’être meilleure. Café brûlant, plus d’eau chaude, téléphone qui tombe sur le sol et pied dans le meuble. Le combo gagnant d’une matinée qui commence mal. Quand elle fut certaine qu’il ne risquait plus rien, une fois arrivé dans les locaux de la radio, elle fit un saut au cimetière. Elle aurait pu apparaître à la ferme, mais elle n’avait pas osé. Elle se disait qu’ils méritaient bien cette journée sans qu’elle les observe. La vérité était toute autre bien sûr. Elle avait peur, peur d’arriver au milieu d’une scène de guerre dans laquelle chacun prononçait des mots qu’il regretterait l’instant d’après. Peur d’entendre des mots qu’elle ne voulait pas entendre et qu’elle ne pourrait pas tempérer comme elle l’avait fait lorsqu’elle était encore en vie. Le cimetière s’était donc imposé à elle comme étant un excellent choix de destination pour passer la journée.

Le défilé commença vers 10 heures avec quelques-uns de ses collègues qui vinrent déposer des fleurs fraiches et se recueillir brièvement devant l’emplacement où elle était supposée reposer en paix. Ses amis aussi passèrent déposer quelques petits paquets, dans lesquels se trouvaient des trucs qu’elle aurait adoré selon leurs propres termes. Ça l’avait fait doucement rire, merci l’utilité des cadeaux les gars … Elle ne pouvait même pas les ouvrir, juste passer la main au travers encore et encore sans en voir le contenu. Sa famille, elle, ne se présenta qu’en début d’après-midi. « Joyeux anniversaire Sarah, on espère que tu passes une belle journée avec papa et Leïla. » Sarah soupira, si seulement … Hélas elle était seule, son père et sa sœur n’avaient pas eu la surprise de se découvrir coincés sur cette terre à observer le film de leur vie continuer sans eux. «On est tous là ma chérie » commença Samantha, avant que Soren ne rajoute « sauf Wyatt l’égoïste. » mais la tape qu’il reçu derrière la tête le dissuada de poursuivre, ce n’était ni le lieu ni le moment pour ça. C’était ce qu’elle redoutait, elle avait eu l’espoir qu’aujourd’hui les tensions seraient moins fortes au sein de la famille Jones, mais c’était encore trop utopique. Le sujet était toujours sensible. Chacun déposa un petit cadeau au pied de la plaque sur laquelle on avait fait graver son nom en expliquant aux autres pourquoi ce choix. Cette scène la fit sourire. Jake avait déniché une vieille photo d’eux prises lors d’une des conventions auxquelles la fratrie adorait se rendre. Samantha avait trouvé la force de se séparer d’un collier que Sarah avait toujours aimé quand elle était petite. Un bijou tout simple mais dont la petite pierre verte avait toujours fasciné la sirène. Ely lui avait fait une nouvelle sélection de musiques, qu’elle plaça dans la boîte en pastique dans laquelle se trouvait son vieux poste. C’était un truc qui les avait rapprochés et si elle regrettait de ne pas pouvoir l’écouter, elle avait adoré l’idée. Soren avait opté pour des fleurs, leur complicité n’était pas la même qu’avec les autres, mais il avait vu juste en trouvant un joli bouquet, très coloré. « Je t’aurais bien ramené de la tarte, mais Ely a englouti le truc t’aurais vu ça …  » La remarque de Soren cette fois fit rire les Jones « du coup, je t’ai pris des fleurs, ça au moins elle le mangera pas. » Ok, ça c’était drôle, ça c’était le genre de scène auquel elle voulait assister.

Toute cette journée n’avait été qu’une longue succession de visages plus ou moins tristes dans le cimetière. Certains étaient restés un moment à échanger des banalités, d’autres étaient juste passés déposés des fleurs ou de petits paquets qu’elle ne pourrait jamais déballer avant de s’éclipser, mais  tout le monde était venu. Tout le monde sauf Wyatt comme l’avait signalé Soren… Elle ne pouvait pas lui en vouloir, il ne devait pas être au mieux de sa forme. Alors qu’elle réfléchissait au fait ou non de partir voir comment il allait, elle le vit avancer dans l’allée, un bouquet de fleurs à la main. Trop mignon. Quand il arriva à sa hauteur, elle vit le regard qu’il jeta au tas de fleurs et de bricoles laissées là pour elle. Elle ne savait pas trop comment interpréter son expression. Est-ce qu’il trouvait tout ça absurde ? Est-ce qu’il regrettait le choix des fleurs ? Dans le fond, elle s’en fichait pas mal de tous ces cadeaux … Elle appréciait le geste, elle aimait ça malgré ce qu’elle avait pu dire, mais elle appréciait plus encore qu’il soit venu. Aujourd’hui plus que d’habitude. Elle s’était attendue qu’avec l’arrivée de la pluie il reparte, mais non, il s’installa sur le sol. Alors elle en fit autant en s’asseyant face à lui, laissant les gouttes d'eau la traverser. Rester sous la pluie n’avait plus aucun effet sur elle.

Il lui souhaita un bon anniversaire. « Merci, Harry Potter. » Son petit magicien de frère ne pouvait pas l’entendre, mais elle rit à sa propre blague. C’était plutôt son genre à lui de trouver des surnoms au reste de l’équipe.  La culpabilité qui le rongeait de l’intérieur la peinait toujours autant. Elle comprenait qu’il n’ait pas trouvé la force de venir avec le reste de la famille, elle l’avait vu, ses interactions avec Jake notamment étaient toujours très tendues. Elle osait à peine imaginer ce qu’il avait pu encaisser aujourd’hui et quelque part elle regretta de ne pas avoir été là pour le soutenir à sa façon. « T’inquiète pas, tout le monde est venu.  Regarde, j’ai même eu plein de cadeaux ! » D’un geste de la main, elle désigna les objets qui se trouvaient entre eux. Elle répondait. Elle répondait toujours à ceux qui prenaient le temps de venir papoter sur sa tombe. Les réponses n’atteignaient jamais les oreilles de ses visiteurs, mais ça lui donnait quand même l’impression d’avoir un échange avec quelqu’un. C’était un des trucs avec lequel elle avait le plus de mal : ne pas pouvoir communiquer. Pourtant, on lui avait assuré que si elle faisait un effort ça lui était possible. Tsss … Publicité mensongère. Sarah avait toujours été une grande bavarde, un peu comme Wyatt d’ailleurs, alors cette absence de retour était une grande source de frustration depuis que la petite sirène était devenue un fantôme.

« C’est ma faute, ça sera toujours ma faute et je peux pas … » Elle ne pouvait pas le laisser dire ça. Elle ne pouvait plus le laisser penser ça. « Non ! » Elle aimerait tellement à cet instant qu’il puisse la voir, qu’il puisse l’entendre. Elle aimerait qu’il entende le ton qu’elle a. Elle n’était pas d’accord. Il tournait en rond dans cette roue de la culpabilité depuis le mois de mai. Elle l’avait assez observé pour l’avoir noté. « C’est pas de ta faute. » Cette phrase elle la lui a répétée des dizaines, des centaines de fois peut-être même. Il y avait eu tout un tas de facteurs qui étaient entrés en jeu ce jour-là et le sort de Wyatt avait juste été l’un d’entre eux. Si elle l’avait pu, elle se serait probablement allumée elle aussi une cigarette. C’était un de ses petits secrets, c’était d’ailleurs Wyatt qui l’avait découvert un soir qu’elle fumait derrière les écuries. Il lui avait faire un de ces bonds ce soir-là. P’tit con, va ! qu’elle lui avait même dit. Mais elle ne pouvait pas, alors elle regarda la flamme chauffer doucement l’extrémité de la clope. Son regard en fut détourné quand il reprit la parole.  La question était bonne. On la lui avait souvent posée. Anthony, son fiancé, lui avait demandé pourquoi est-ce qu’elle s’était interposée ? pourquoi ? Est-ce qu’elle n’aurait pas pu trouver une autre solution ? Jake était venu ici un soir et l’avait engueulée avant de craquer. Qu’est-ce qui lui avait pris ? N’importe quel imbécile aurait vu qu’il aurait été impossible de survivre en se mettant sur le chemin d’une tornade magique. Soren, Leïla, Anthony, Ely aussi étaient venus lui parler de ça. Mais jamais elle n’avait pris le temps de réellement chercher la raison pour laquelle elle avait agi ainsi. Seule Samantha l’avait remerciée. Oh, elle lui avait dit que c’était stupide de s’être comportée comme elle l’avait fait, mais elle l’avait remerciée d’avoir sauvé son frère. C’est vrai que ça avait été idiot. Elle aurait pu pousser son frère et le suivre dans cet élan, les sauvant tous les deux. Mais ses pieds s’étaient comme figés, la laissant admirer la puissance du sort de son frère. C’était tellement impressionnant. Lui qui s’était longtemps considéré comme ordinaire avait lui aussi sa part de surnaturel. Il avait réussi. « Eh mais vraiment faut arrêter avec cette question ! J’en sais rien, j’ai pas réfléchi. » Elle n’avait pas réfléchi, oui voilà ça devait être ça. Elle l’avait poussé et s’était stoppée net. Un genre d’instinct maternel qui avait foiré à un moment donné dans l’équation. « T’es mon frère, il était hors de question que tu meurs, c’est tout. »  Elle aurait aimé qu’il puisse l’entendre et qu'il accepte la situation. « P’tin ça craint … » Au moins Casper dans le film, lui, il pouvait parler avec la petite fille ! Elle ne pouvait pas se faire voir ni entendre, elle ne pouvait pas arracher de brins d’herbes comme elle l’aurait fait, elle ne pouvait pas fumer, elle ne pouvait pas nager. Et cerise sur le gâteau, son frère lui posait une question à laquelle elle ne pouvait toujours pas trouver de réponse. « …t’es là, je suis là, et je peux même pas te dire … » Elle avait reporté son attention sur les gouttes qui glissaient sur le plastique d’un des bouquets de fleurs, mais quand elle regarda Wyatt, quelque chose avait changé dans son regard. Il regardait dans sa direction, comme si … Non, c’était impossible. Ça faisait des mois qu’elle essayait d’attirer l’attention de tout le monde, sans y parvenir. Non, il ne pouvait pas la voir. Ou peut-être que si ?




( Pando )
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Wyatt Kendrick-Smith
Wyatt Kendrick-Smith
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I didn't mean to let you down
EXORDIUM.
Le silence était presque trop pesant. Seul le bruit de la pluie répondait en écho à sa voix. Sarah ne serait jamais sortie sous la pluie. Elle ne le pouvait pas, sa nature de sirène l’en empêchait. Wyatt, lui, ne s’en retrouvait pas plus troublé. Il aimait la pluie, ne l’avait jamais vécue comme un frein, ne s’était jamais empêché de rien faire en blâmant la météo. C’était le privilège qu’il avait eu par rapport à sa grande sœur. Assis là entre terre et herbe, il se souciait bien peu des traces que ça allait faire sur ses vêtements ou du froid qui n’allait pas tarder à s’insinuer sous sa veste, fixant la tombe dans un ultime espoir que quelque chose de positif en ressorte. Mais quand le mal venait de l’intérieur de lui-même, comment espérer autre chose qu’un désespoir constant lorsque l’on regardait le monde? Le magicien avait traversé des épreuves, énormément, de celles qui forgeaient un homme. L’avaient-elles fait de telle manière à ce que ses proches ne puissent plus le reconnaître? Lui-même y arrivait difficilement. Il avait changé bien plus qu’il ne le réalisait, passant d’un extrême à l’autre, lui, l’enfant qui n’était qu’insouciance et rires pour devenir cet être dépendant et en souffrance. Mais c’était bien plus profond que ça. Il s’agissait d’autre chose que de la poudre de fée, la rupture avec ses frères et sœurs, la peine au fond de son cœur. Il y avait une ombre qui grandissait, jour après jour, cette partie de lui qui ne pouvait plus souffrir d’aucune perte, ce blindage qui le ferait faire n’importe quoi quitte à en payer le prix fort. Lors de la mort de Sarah, Wyatt s’était promis de quitter la magie, de ne plus jamais mettre aucune vie en danger par sa faute, par un sort mal géré. C’était trop tard, bien trop tard, mais c’était le moins qu’il puisse faire pour tenter d’emprunter le chemin de la rédemption. Mais Sirius était revenu et avec lui, des possibilités effrayantes, l’attrait de ce qu’il avait perdu et le départ d’une danse qui ne pourrait que mal finir. Mais ça, il ne le voyait pas encore.

Wyatt aurait aimé être à la hauteur, garder ses doutes et ses questionnements pour lui, sa culpabilité bien rangée au fond de son âme pour ne pas inutilement déranger l’âme au repos de celle qui lui manquait tant. Mais même ça, il ne parvient pas à le faire. La conversation qu’il voulait anodine, comme si elle avait encore été là pour lui répondre s’était transformée en réel gémissement de douleur sorti du plus profond de son être. Il n’avait pas le droit d’être là, de faire comme si la situation était normale alors qu’il en était l’instigateur. C’était manquer de respect à Sarah comme aux autres et s’il y avait bien quelqu’un qui avait toujours su percer la carapace de sourires qu’il affichait toujours, c’était bien elle. Même en ce jour si précis, si particulier, il ne pouvait réellement dissimuler ses états d’âme. S’il le pouvait, il échangerait sa place contre la sienne, sans même y réfléchir, dans un souffle, un claquement de doigts. Ça semblait tellement facile dans les films, comme si la mort n’était pas une fin en soi. Pourtant, il avait bien compris que la vraie vie suivait des règles différentes, et ce depuis le décès de Gabriel. Un son le sortit brièvement de sa torpeur et il releva brusquement la tête. Comme pour répondre à sa culpabilité, lorsqu’il avait déclaré que tout était de sa faute. Il était persuadé d'avoir entendu quelque chose face à lui. Mais il avait beau fixer le vide, personne ne se trouvait là, le cimetière était vide. Etait-il de nouveau sujet aux hallucinations? Est-ce que la poudre que lui avait offert Charlie pouvait avoir des effets secondaires autant de jours après? Un frisson parcourut son corps lorsqu’il mit un visage sur cette voix. Il la connaissait trop pour avoir longtemps voulu l’entendre de nouveau. Et s’il avait l’impression qu’elle tournait en boucle dans sa tête comme en réponse à tout ce qu’il faisait, il commençait à en oublier les nuances exactes. Mais c’était la sienne. “Merde.” La magie des fées était tout autre que celle à laquelle il était habitué et le manque ne tarderait pas si Charlie ne refaisait pas surface. Pourrait-il s’agir de l’annonce d’une folie qui le guettait? Il aurait dû s’y attendre, d’une manière ou d’une autre.

Secouant la tête, comme pour chasser cette idée, le silence revenu, ses pensées se placèrent de nouveau sur l’instant présent, mélangé aux souvenirs de ce jour de mai où tout avait basculé pour le pire. La plainte, ce questionnement sans fin. Pourquoi le sauver alors qu’il ne valait rien? Lui était bien plus efficace mort que vivant, pourquoi n’avait-elle pas laissé le destin faire, le condamnant à vivre alors que le seul soleil qu’il avait connu s’était éteint? ” Eh mais vraiment faut arrêter avec cette question ! J’en sais rien, j’ai pas réfléchi.” Ce n’était plus un écho lointain maintenant, ce n’était plus quelque chose qu’il pensait avoir entendu sans savoir d’où il provenait. En une demie seconde son regard ne lisait plus sans la lire l’inscription inscrite sur la tombe mais se plongeait dans le regard océan de Sarah. Il devenait fou, complètement. Son regard changea, son souffle manqua, son coeur s’accéléra comme s’il comptait s’échapper de sa poitrine. S’il avait été debout, sans doute serait-il tombé. Au lieu de ça, sa tête chavira sur le côté, ses paumes rencontrèrent le sol. Il était toujours assis mais ne regardait plus face à lui, comme s’il allait vomir, comme si sa tête allait exploser. Non, non, non, non. T’es en train d’halluciner mon pauvre vieux, reprends-toi, tu peux pas te laisser aller, pas ici, pas aujourd’hui ! Relève la tête tu verras, y a plus rien, c’est toi qui imagine tout, c’est Charlie, y a quelque chose qui déconne, calme-toi ! Mais y avait rien à faire, rien pour le calmer, il haletait. Il lui fallu tout son courage pour lever de nouveau la tête. Le vide et le silence qu’il s’attendait à voir, l’illusion évanouie, étaient aux abonnés absents. S’il ne pouvait pas voir sa propre tête, il avait senti le sang quitter ses joues. “Sa… Sarah?” Avant même qu’elle ne réponde, il recula, usant toutes les forces qu’il pouvait trouver dans ses bras. Elle avait tout, les mêmes cheveux, les mêmes yeux, les mêmes habits dans lesquels elle était morte. Seule la blancheur de sa peau dénotait. Il aurait presque pu la croire en vie. “ Je deviens complètement cinglé, mais ça va s’arrêter quand?” La regarder lui faisait mal, comme si l’univers le punissait, comme si tout ce qu’il se faisait subir n’était pas suffisant. Il fallait en plus qu’il l’imagine, qu’elle dise tout ce qu’il voulait inconsciemment entendre pour l’apaiser. Tout était faux. L’air lui manquait de nouveau alors que sa gorge se nouait de nouveau. “Pourquoi est-ce que tu me tortures encore? Je vais mourir. Je vais mourir c’est ça?” Il ne parlait pas à Sarah, pas à sa personne mais à lui-même. Parce que ça devait forcément venir de lui-même, parce qu’il était en pleine crise et qu’il avait l’impression que son coeur allait s’arrêter de battre d’un instant à l’autre. Que ce cauchemar se termine enfin, il ne demandait que ça !


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Sarah Jones
Sarah Jones
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RACE : Fantôme (anciennement sirène)
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( I didn't mean to let you down)


22 février 2021


Pouvoir rester sous la pluie sans qu’il y ait d’effets secondaires, comme elle se plaisait le dire avant, était une sensation étrange. Non seulement parce que les gouttelettes d’eau ne faisaient que la traverser sans qu’elle ne les sente, mais principalement parce qu’elle n’avait plus à se retourner de peur qu’en cas de grosse averse elle se retrouve à dévoiler sa véritable nature au reste du monde. C’était une expérience qu’ils avaient fait avec Jake et ses parents. Quelle quantité d’eau était tolérée avant qu’on ne doive se préparer à une grande révélation, indésirée. Quelques gouttes n’avaient aucunes conséquences, mais dès lors qu’on approchait du contenu de plusieurs bols ou d’une bouteille entière, la sonnette d’alarme devait être tirée. Dès lors que l’estimation avait été plus ou moins officielle, il avait été plus facile de s’adapter. Notamment en dispensant la demoiselle de la corvée de vaisselle – mais elle était en revanche tout à fait apte à remplir le lave-vaisselle ou à le vider. Alors en tant que fantôme, anciennement sirène, se jeter à l’eau dans le lac avait été sa première expérience. Elle en avait été amusée au début. Amusée, puis lassée … comme du fait de pouvoir écouter les conversations des autres sans qu’ils ne le sachent. Ca avait été très drôle, au début, mais en être exclue avait fini par devenir pesant.

Sarah avait toujours eu besoin d’être entourée, elle avait grandi au milieu d’une grande fratrie, elle avait toujours eu l’habitude d’avoir du bruit, du monde autour d’elle. L’une de ses plus grandes peurs était de finir seule, d’être abandonnée. Encore. Avec les années, elle s’était habituée à avoir ce contact avec les autres. Les Jones lui avaient offert ça. C’était d’ailleurs ce qui l’avait poussé à se lancer dans une carrière où elle serait toujours en interaction avec d’autres personnes. Et si elle aimait parfois avoir de petits moments où elle était seule, des petites pauses loin de l’agitation générale, c’était encore lorsqu’il y avait du monde autour d’elle pour parler de tout et de rien qu’elle se sentait le mieux. Se poser dans le canapé à la ferme entourée de ses frères et sœurs pour une soirée film, blottie dans les bras d’Anthony, tout était bon à prendre. Le silence en guise de réponse était la pire des punitions qu’on pouvait lui infliger. C’était certainement pire encore que de lui avoir ôté la vie. Toutes les fictions qu’elle avait pu voir, ces films devant lesquels elle avait ri ou pleuré, un certain nombre d’entre eux avaient inclus le personnage d’un fantôme. Et à chaque fois, celui-ci parvenait à établir un contact avec ses proches. Elle était un terrible fantôme. C’était incontestable. En tant que sirène, elle maitrisait plutôt bien les règles, tout était si naturel, si instinctif !  Mais en tant que fantôme … personne ne lui avait donné de guide à suivre. Pas de manuel du parfait petit fantôme à feuilleter. Elle avait tenté de se rappeler ces fameux les films qu’elle avait pu voir, ou des séries dans lesquelles il y avait des fantômes, sans jamais parvenir à obtenir de résultats semblables. Elle avait tout essayé, même ce truc quel trouvait totalement flippant d’écrire sur le miroir embué de la salle de bain. En vain. Si même le cinéma n’était plus fiable …

Et il prononça son nom. Le jour de son anniversaire, son frère prononça son nom. Elle en aurait pleuré. C’était le plus beau cadeau qu’on ait pu lui faire ce jour-là.

Il l’avait déjà fait. Mais le ton qu’il avait eu était différent, si différent qu’il lui laissa espérer quelque chose d’un peu fou. C’était comme s’il avait pu l’entendre de l’autre côté de cette barrière. Comme si pour la première fois elle avait crié assez fort pour que sa voix traverse l’épaisseur du mur qui semblait les séparer.

Si son cœur avait encore été en état de le faire, il aurait probablement manqué un battement. Il avait dit son nom. Elle était persuadée qu’il l’avait bel et bien fait. Seulement cette fois c’était différent. L’intonation ne ressemblait en rien à celles qu’il avait pu avoir lors de ses précédentes visites. Et ce mouvement de recul soudain était loin d’être anodin.  L’effet de surprise dissipé, elle osa poser une question à laquelle elle aurait peut-être pour la première fois depuis des mois une réponse directe.  « Tu- tu me vois ? » A en juger par sa réaction, cela semblait évident, pourtant elle avait besoin de l’entendre le confirmer. « Wyatt ? » Mais il ne l’écoutait pas, il ne l’entendait plus. Elle eut même peur pendant une fraction de seconde qu’il ne tombe dans les pommes tant il était devenu blanc. « Wyatt écoute-moi, tu ne vas pas mourir ! » Non, il ne manquerait plus que ça …  « T’as pas intérêt à mourir, je te l’interdis! » Oui, voilà. Interdiction de mourir, c’était bien ça comme consigne. « Ecoute-moi, regarde-moi, dis-moi que je n’ai pas rêvé. Dis-moi que tu m’as bien vu ! Ou au moins que tu m’entends …» Elle avait besoin de ça. « Wyatt, écoute-moi – le pouvait-il seulement ? Elle n’aurait su vraiment le dire. – Inspire, expire, doucement et on recommence. C’est comme ça que ça marche, tu te souviens ? Respire. » Elle exagéra chacun des mouvements dans l’espoir que s’il pouvait bel et bien la voir, il calque ses gestes sur les siens, bien qu’elle n’en ait plus eu l’utilité depuis un moment. En temps normal, elle aurait été jusqu’à un contact physique, mais elle était loin d’être certaine de l’efficacité du geste compte tenu de son état. Et elle doutait fort que le contact avec un esprit soit des plus agréables.

Quand la respiration de son frère sembla revenir à la normale, elle se recula un peu pour s’assoir à nouveau sur le sol, juste en face de lui. Elle ne le quittait pas des yeux, réfléchissant à la suite de cette étrange conversation. De sa première vraie conversation avec l’un des membres de sa famille depuis une éternité.  « Et pour ton information : je t’ai jamais torturé. » lâcha-t-elle. Il s’était torturé l’esprit tout seul, comme un grand. « Si j’avais su comment tout ça fonctionne, peut-être que je l’aurais fait pour voir, mais je suis nulle comme fantôme donc tu crains pas grand-chose ... La plus nulle des fantômes. On devrait faire un livre sur moi ou un film, la petite sirène devenue fantôme. Un vrai sketch ! » Et voilà. Les vannes étaient ouvertes, on lui donnait enfin l’opportunité de parler avec quelqu’un et bien ça allait être mémorable ! « Ca pourrait être une comédie familiale tellement je suis nulle. »





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Wyatt Kendrick-Smith
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Wyatt ne pouvait vraiment décrire ce qu’il se passait en ce moment dans son esprit comme dans son coeur. Il ne faisait pas de crises d’angoisse régulièrement, du moins pas depuis des années. Lorsqu’il était arrivé chez les Jones, cependant, la chose était bien plus fréquente. Il fallait dire que le changement avait été traumatisant, il était passé d’une famille à l’autre, se brisant le coeur à chaque fois. Il avait mis bien longtemps avant de comprendre que cette fois-ci, tout serait différent et qu’il avait enfin trouvé des personnes sur lesquelles s’appuyer, qui ne le laisseraient plus seul affronter le monde. Pour Wyatt, ses frères et soeurs, ses parents … Ils étaient devenus son monde. Incapable d’imaginer leur vie sans eux. Il devait pourtant s’y faire, les Jones tombant comme des mouches autour de lui sans qu’il semble pouvoir y faire quoique ce soit. Il s’était torturé seul depuis la mort de Sarah, l’imaginant lui parlant lorsque ses pensées ne pouvaient aller nulle part ailleurs, l’imaginant le blâmer de sa mort comme il savait si bien le faire. Lors des illusions que lui procuraient Charlie avec sa poudre, pourtant, il aimait la retrouver, la serrer dans ses bras comme si tout ça n’était qu’un cauchemar duquel il pouvait sortir. Les descentes étaient toutefois autrement plus dures et pendant un temps, il imagina qu’il ne s’agisse que de ça, de l’écho de son dernier trip bien plus violent que les précédents. C’était forcément ainsi. Le monde n’était pas assez tendre avec lui, il ne pouvait espérer le miracle qu’il attendait pourtant de toute son âme. Pourtant, comme il avait l’habitude de le faire dans ses plus jeunes années, il s’accrocha à la voix de sa soeur. Même si elle n’était qu’imagination, il se revoyait par le passé, sa main serrant la sienne, sa respiration se calquant sur celle de la sirène, l’empêchant de paniquer. Elle était trop loin, trop inatteignable pour qu’il tente de trouver son contact mais malgré ça il sentit son coeur ralentir, son souffle devenir moins saccadé, ses pensées revenir plus ou moins dans l’ordre. Il n’était pas défait de l’idée que tout n’était que source de son imagination mais il devait se sortir de ce merdier, il ne pouvait pas baisser les bras maintenant, ce serait lui faire injustice plus qu’il ne l’avait déjà fait.

Lorsque la sensation de mort imminente quitta son corps, il s’autorisa à relever les yeux vers l’ombre de sa soeur. Il la voyait nettement, plus nettement qu’il ne l’avait vue dans ses rêves et dans ses illusions. Elle avait ce regard accusateur en moins qu’il lui portait d’ordinaire. Parce qu’il ne pouvait pas la voir autrement, sa culpabilité maquillant tout ce qu’il percevait comme une déclaration de présence à laquelle il ne pouvait échapper. Si de l’extérieur il semblait avoir repris ses esprits, c’était autre chose dans ses pensées. Tenter de comprendre ce qu’il se passait était bien au-delà de ses compétences et pendant un moment, il resta face à elle sans dire un mot, sans savoir que dire. Il l’observait sous toutes les coutures, cherchant la faille qui lui prouverait qu’elle n’était pas là, pas vraiment. “Je te vois. Comment?” Wyatt était perdu, totalement. Il avait eu vent d’histoires de fantômes mais pour lui, ce n’était que discours d’ivrognes. La réalité reposait sur le rationnel, et ça, ça n’avait rien de rationnel.

La blague de sa soeur glissa sur lui comme un rien, ne lui tira même pas un sourire alors qu’il était pourtant celui qui était le plus prompt au rire. Mais il était perturbé, bien trop, ne sachant que faire entre ce qu’il percevait et ce qu’il pensait être le monde dans lequel il évoluait. Toute sa vision de son univers s’en voyait changé et l’information avait un mal fou à faire son chemin dans son esprit. “ Je … Je ne comprends pas.” Les mots trouvaient difficilement la sortie, s’organisaient lentement dans sa tête alors que le magicien voyait peu à peu la réalité dans ce qu’il avait devant lui. Sarah. C’était bien Sarah face à lui. Son sourire qu’il avait du mal à retrouver dans tout ce qu’il s’imaginait, coupable de le lui avoir enlevé. Il s’était toujours dit qu’il ne méritait pas de la voir heureuse. Non pas qu’elle le soit dans son état, mais la douceur qui transparaissait toujours de son être de son vivant était bien là. “Je t’ai tuée. J’ai vu ton corps. Je … Je suis tellement désolé.” S’il pensait avoir trop pleuré pour ne plus le faire, il se trompait. Les larmes se mirent à couler sur ses joues sans qu’il ne prenne la peine de les arrêter. Parce que c’était elle, il ne pouvait le nier encore. S’il n’était pas déjà assis sans doute ce serait-il mis à genoux.

Wyatt mis quelques minutes à se reprendre, sans doute avaient-elle duré une éternité pour la fantôme, mais il finit par se calmer, la fixer de nouveau. Il semblait ne pas s’en lasser et son regard devait être un brin insistant, mais au fond, il avait encore peur qu’elle disparaisse de nouveau, définitivement cette fois. La curiosité qu’on lui connaissait si bien repris cependant le dessus. Il ne lui avait finalement fallu que le temps d’accepter ce qu’il voyait. “ Tu es là depuis longtemps? Comment ça se fait que je peux te voir? Les autres aussi? Personne ne m’a rien dit.” Ce n’était guère étonnant, après tout, il ne parlait au reste de la famille que très peu ces temps-ci. “ Tous les fantômes sont comme toi? Tu as revu papa? Et est-ce que tu peux faire voler des objets, éteindre des lumières, ce genre de trucs?” Le magicien s’arrêta soudain de parler, conscient qu’il ne lui laissait pas le temps d’en placer une. Il finit par sourire, doucement. “ Je t’aime tellement Sis’. Tout le monde rêverait de pouvoir dire une dernière fois ce genre de choses aux gens perdus. Peu en ont l’occasion, il n’allait pas la laisser passer ainsi. “Est-ce que je peux te toucher?” Il aurait aimé, par dessus tout, la serrer dans ses bras. Mais si les histoires étaient un brin véridique, il n’y aurait que le vide glacial de cette journée pluvieuse pour lui répondre.



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Sarah Jones
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A sa remarque, elle ne put que hausser les épaules, l’air tout aussi démuni que lui fasse à la situation. La seule source de réconfort qu’elle trouva dans ses mots fut le fait qu’il puisse la voir. Il lui avait confirmé. Il la voyait et mieux que ça, il l’entendait ! La notion de compréhension était parfois bien trop complexe pour l’esprit humain. Le fait que Sarah fut encore présente sur cette terre était un de ces exemples sur lesquels on pourrait probablement s’arracher quelques cheveux. Elle ne comprenait pas. Wyatt ne comprenait pas. C’était rassurant en un sens, mais cela ne les avançait en rien. Il portait en plus de cela encore sur ses épaules le poids de la culpabilité que sa mort avait engendrée. Le voir fondre en larmes ainsi ne la laissa pas insensible. De toute façon, elle ne l’avait jamais été. Elle aurait bien été incapable de l'être. « Shhh .. C’est rien Wyatt. Regarde, je suis là. Tout va bien. » Elle était là et elle ne lui en voulait pas. Certes, elle aurait parfois apprécié de pouvoir encore être vivante, son état l'avait fait râler de temps à autres, mais jamais elle ne lui en avait voulu pour ce qui s’était passé. Tout irait beaucoup mieux maintenant. Elle allait s’en assurer, redoubler d’efforts pour être sûre que ça soit bien le cas. « Tout va bien. C’était un accident, et les accidents ça arrive, d’accord ? » On le lui avait forcément dit et répété, mais peut-être que si les mots venaient d’elle, ils auraient un autre effet. Elle-même avait dû lui dire, sans qu’il ne l’entende jamais.

Elle lui laissa le temps dont il avait besoin pour assimiler ce qu’il se passait. Quand il parut douter encore de la scène, elle ajouta « Je suis là, je suis vraiment là. » Ce n’était pas facile à digérer, elle en avait bien conscience. Mais Wyatt finit par ouvrir à nouveau la bouche pour la bombarder de questions, ce qui ne manqua pas de l’amuser. Elle le retrouvait enfin, ce gamin curieux qu’elle avait vu grandir à la ferme.  

Et lorsqu’il lui laissa enfin un moment pour parler elle répondit avec une évidence, mais une évidence qu’il avait besoin d’entendre. « Je t’aime aussi. » Nouveau sourire. «Comme le plus grand des océans. » ajouta-t-elle. C’était sa phrase à elle. L’océan semblait si vaste, et du fait de sa nature son amour pour l'étendue d'eau était si grand, qu’elle avait déclaré gamine qu’elle pouvait bien aimer quelqu’un au moins aussi fort que ça. C’était tellement mignon que l’expression était restée. C’était sa version d’I love you to the moon and back. « Tu n’as pas idée à quel point je suis contente de pouvoir enfin parler à quelqu’un, enfin te parler surtout.» Elle avait repris les questions à l’envers volontairement. Commencer par l’essentiel, le plus important, à savoir qu’elle l’aimait toujours malgré tout ce qu’il pouvait se reprocher, pour ensuite se pencher vers le reste. « Alors, pour en revenir à tes questions … » Prononcer les mots suivants fut une nouvelle épreuve, elle pinça les lèvres, détourna même le regard pour ne pas avoir à croiser celui de son frère. C'était presque comme si elle avait honte de ce qu'elle s'apprêtait à dire. « Je suis là depuis le début… » Le ton était descendant, moins enjoué, moins assuré aussi. Sarah avouait indirectement avoir été le témoin de bien des situations, comprendrait-il ce qu’elle ne disait pas ? Depuis ce fameux jour où tout avait basculé, elle avait été présente. Elle avait peut-être manqué quelques minutes entre le moment où elle avait vu la tornade l’emporter et le moment où elle avait vu sa fratrie autour de son corps, mais pas beaucoup plus. Elle avait ensuite eu tout le loisir d’être aux premières loges pour assister à sa descente aux enfers, pour voir les relations entre les membres de sa famille se faire moins faciles, pour voir les fossés se créer. Il allait lui en vouloir, comment aurait-il pu en être autrement ? Des mois qu’elle était là et elle ne se manifestait que ce soir ? C’était comme avouer une bêtise. « Personne ne t’as rien dit parce que personne ne sait que je suis ici. Je …» Il lui fallu quelques secondes pour retrouver ses mots, pour trouver la force ou plutôt le courage de se justifier. Et encore quelques secondes pour oser croiser son regard à nouveau. « C’est la première fois que j’arrive à faire ça, me rendre visible je veux dire. Je ne sais même pas comment j’ai fait. Une histoire de concentration peut-être ? Ou alors j’ai enfin gagné assez de points d’expérience si ça fonctionne comme un jeu vidéo ? Ou alors ils en ont eu marre de m’entendre me plaindre à longueur de temps là-haut et ils ont décidé que j’avais le droit de faire ça à partir d’aujourd’hui. » Des mois à parler dans le vide, à tenter de raisonner un peu tout le monde en vain.  Si seulement elle avait su que tout ça n’était qu’une histoire de volonté, qu’il fallait simplement qu’elle arrête d’avoir peur pour enfin prendre le contrôle. Réellement prendre le contrôle sur son état. Toutes ses choses qu’elle avait tenté de réaliser auraient pu se produire. Mais prisonnière de ses peurs, elle avait semé des entraves un peu partout en chemin. Elle avait bien croisé quelques fantômes, mais ça ne comptait pas vraiment. Avec eux c’était différent. Son petit frère était donc le premier à faire les frais de son apparition. « J’ai essayé de trouver papa, Leïla aussi, mais ça n’a rien donné. J’ai retourné la ville. Ils ont probablement trouvé la paix ou la lumière si ça existe vraiment. Enfin, en tout cas, ils ne sont plus là. » Pas comme elle. De toute façon, il était exclu qu’elle les laisse. Elle ne pouvait pas partir. Et quand bien même on lui en aurait donné l’opportunité, elle aurait refusé. Ils avaient besoin d’elle. « Pour la télékinésie, j’ai tenté. Ce n’est pas brillant non plus de ce côté-là. Mais si on arrive à parler, je me dis que peut-être j’arriverai à faire quelque chose un de ces jours. » Tout n’était peut-être pas perdu finalement.

Son frère proposa d’ailleurs d’essayer quelque chose. « Me toucher ? » Elle hésita un instant. N’allaient-ils pas mettre tous les deux bien trop d’espoir dans cette idée pour finir par être déçus ? Le contact physique, elle avait bien entendu voulu plus d’une fois le faire. Mais chaque fois elle s’était ravisée ou bien n’avait fait que traverser la personne, provoquant des frissons chez cette dernière. « Je … Ok, je ne garantis pas le résultat, mais on peut essayer. » Qu’est-ce qu’elle avait à perdre en essayant? La peur de l’échec, la crainte qu’au final, sa main ne fasse que traverser la sienne lui nouait l’estomac. Elle tendit la main vers son frère, si déjà elle parvenait à rendre ce contact possible cette soirée serait définitivement la plus belle depuis longtemps. S’il parvenait à toucher sa main, elle pourrait probablement le serrer dans ses bras, lui offrir cette étreinte dont il avait tant besoin et que le reste de la fratrie se refusait à lui donner. Elle avait sincèrement envie que l’expérience soit concluante. Mais lorsque sa main s’approcha de celle de Wyatt, elle eut le présentiment que ça ne fonctionnerait pas. Et elle avait eu raison … Sa main ne fit que traverser la sienne. La déception était visible et elle s'en voulait tellement de ne pas avoir été capable de faire ça. « Désolée … j’aurais aimé que ça fonctionne aussi. T’as la tête des mauvais jours, celle où câlin te ferait le plus grand bien. Et j’aurais pas craché dessus non plus.» Vraiment, ça l’embêtait. « Promis, dès que je sais faire ça, je t’étouffe sous une montagne de câlins ! Même si ça tombe au milieu de la nuit. Et après j’irais botter le cul de certaines personnes. » Leurs frères. Ils auraient sûrement droit à leur câlin aussi, mais à un sacré savon également sur la façon dont ils avaient pu traiter Wyatt certains jours.




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Wyatt Kendrick-Smith
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La voix de Sarah, douce, réconfortante, n’avait rien à voir avec celle qu’il entendait dans son esprit lorsqu’il pensait devenir fou sous le poids de ses actes. Elle n’était pas ni agressive ni accusatrice, il n’y avait là aucune haine. C’est sans doute ce fait là qui le convainquit que son esprit n’avait pas totalement sombré dans le noir, il ne rêvait pas. Ou peut-être que si? Peut-être qu’il s’était bêtement endormi sur la tombe de sa soeur, sous la pluie, et que ce n’était là qu’un apaisement fictif pour ne pas qu’il renonce à la vie, chose à laquelle il avait pensé plus d’une fois depuis un an, plus fréquemment encore à la mort de Leïla. Baisser les bras serait chose aisée compte tenu de sa position et lui qui n’avait jamais eu aucune pensée suicidaire auparavant ne dirait pas non à un raccourci. La seule chose qui l’en avait empêché était sa mère. Elle avait traversé assez de deuils et enterré assez d’enfants.
Si proche du rêve idéal, ou presque, Wyatt sentait pourtant que ce n’en était pas un. Le temps ne s’échappait pas, n’avançait pas trop vite ou trop lentement, la pluie glaciale lui trempait les cheveux, tout avait un accent de normalité sauf la présence de sa soeur aînée qu’il ne parvenait pas à expliquer. Le magicien était perdu. Il voulait la serrer dans ses bras mais redoutait bien trop ce qu’il se produirait s’il essayait. Il voulait s’excuser, encore et encore, mais ça ne servait à rien, il ne pouvait lui rendre ce qu’il lui avait involontairement pris. Fidèle à elle-même, Sarah tentait de le rassurer, de lui faire comprendre qu’il n’avait pas à s’en vouloir comme il le faisait. Mais c’était comme parler à un mur. Il ne pourrait jamais se pardonner et il le savait. Alors il garda le silence, se contentant de respirer, de calmer ses larmes, de les essuyer alors qu’elles se mêlaient déjà à la pluie.

Il mit un moment à se remettre, à résister ne serait-ce qu’à cligner des yeux de peur de voir Sarah se fondre dans le néant de nouveau. Mais elle ne disparaissait pas, le fixant, attendant calmement qu’il se reprenne. Les Jones avaient été baignés dans le surnaturel depuis leur plus jeune âge, même ceux qui n’avaient pas de pouvoirs apparents, à savoir Wyatt et Gabriel. Pourtant, c’était une chose de sentir la magie partout autour de soi et de se rendre compte que le monde était plus vaste que ce que l’on pensait, qu’il y avait encore plus à savoir et que les certitudes sur un après la mort n’étaient basées sur rien. L’espoir que ceux partis bien trop tôt aient trouvé la paix pour comprendre qu’il n’existait peut-être pas de telle chose. C’est à ce moment précis que la culpabilité laissa sa place à la tristesse. Aussi égoïstement heureux qu’il était de pouvoir voir de nouveau sa soeur qui lui avait tant manqué, il aurait aimé qu’elle trouve un accomplissement dans la mort, pas qu’elle erre sans être capable de parler à quiconque. La solitude qu’elle devait ressentir était horrible.

Mais Wyatt n’en dit pas mot, pas pour le moment en tout cas, se contentant de sourire. “Comme le plus grand des océans.” Il n’aurait jamais pensé entendre de nouveau cette phrase qui n’avait de sens que lorsqu’elle la prononçait. C’était un bonheur douloureux, inattendu, de pouvoir de nouveau lui parler réellement, pas dans sa propre tête, pas en regardant une dalle de marbre comme si elle pouvait lui répondre. “ Tu dois te sentir vraiment seule … Tu n’as réussi à parler à personne? Même pas à Anthony?” Le fiancé de Sarah, à l’époque proche de la famille, avait disparu de la circulation, si l’on pouvait dire ça ainsi. C’était compréhensible, tout à la ferme, y compris les personnes qui y vivaient, lui rappelait la femme qu’il avait perdue. Leur douleur avait été si présente qu’ils en oubliaient parfois qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir perdu l’une des personnes les plus importantes de leur vie. “Comment va-t-il?” Wyatt ne savait pas si elle le savait mais si elle tentait d’entrer en contact avec ses proches, sans doute avait-elle essayé aussi avec lui. Il regretta cependant sa question la seconde qui suivit. Il n’était pas vraiment en droit de la poser alors que c’était de sa faute s’il l’avait perdue, qu’il en ait connaissance ou pas. Sarah était là depuis le début, suivant la descente aux enfers de tous les membres de la famille, la douleur de Samantha à de trop nombreuses reprises, les engueulades perpétuelles des hommes restants, la disparition des jumeaux et les drames qui suivirent. Savait-elle qu’il avait repris la magie? Ce qu’il tentait de faire? Une crainte honteuse le saisit. Si elle savait, elle ne lui aurait toutefois pas adressé la parole ainsi et l’aurait repris de volée directement. C’était déjà ça. Tant qu’il n’arrivait à aucun résultat, de toute manière, il ne souhaitait mettre au courant personne d’autres que ceux impliqués. “Est-ce que ça te fatigue? De te montrer, de me parler?” Wyatt s’inquiétait réellement du bien-être de sa soeur, comme si elle avait été malade. Mais c’était bien plus définitif que ça. “ Pourquoi eux et pas toi? Qu’est-ce qui fait que tu es là et pas eux?” Il supposait qu’il y avait une raison à ça. Dans tous les films et les séries avec des fantômes, ils avaient un but à atteindre, un désir inachevé qui les bloquait. Sarah avait forcément dû y réfléchir, mais la question était bien plus facile à poser qu’y trouver une réponse. “ Peut-être. Ce serait une nouvelle façon de faire peur à Aiden.” Un rire le prit d’un coup. “Imagine sa tête si les lumières s’allumaient et s’éteignaient toutes seules, ou mieux, faire voler une lampe. Je crois qu’il déménage carrément de Bray avec ce coup-là.” Même si les relations entre les deux cousins s’étaient sensiblement arrangées depuis l’enterrement de la sirène, il restait, il fallait bien l’avouer, sa cible préférée lorsqu’il s’agissait de tester une nouvelle blague. Et Sarah n’était pas étrangère à ce fait, ayant été plus d’une fois la complice silencieuse du trio à cce niveau-là.

Le magicien ne put résister longtemps avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu’il était convaincu qu’il ne rêvait pas. Pouvait-il la toucher? La serrer dans ses bras, c’était tout ce qu’il souhaitait. Avec appréhension, il approcha sa main de celle de sa soeur. Il savait qu’il y avait peu de chances pour que ça fonctionne, surtout si elle arrivait à peine aujourd’hui à apparaître, mais il fut tout de même déçu lorsque rien ne se produisit et que sa main le traversa brièvement. Il ne pouvait pourtant se laisser abattre, pas devant elle. “ Eh, c’est peut-être encore quelque chose que tu peux acquérir, déjà te parler vaut tout l’or du monde.” Il se mit à rire avant de faire une moue faussement embêtée. “ Ma tête va très bien oh. Tu peux parler t’es toute pâle. Mais j’aimerais bien te voir botter le cul de Jake, juste pour le spectacle. Son rire continua un bref instant. Il retrouvait la complicité qu’il avait toujours eu avec Sarah et sans qu’il s’en rende vraiment compte, l’une des nombreuses blessures que sa mort avait provoquées chez lui était en train de se panser. Il finit toutefois par redevenir sérieux, la culpabilité de nouveau présente sur son visage. “ Est-ce que tu as souffert?” Sa mâchoire se serra involontairement par peur de la réponse qu'il allait recevoir.




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Evidemment Wyatt fit rapidement le lien entre sa joie de pouvoir parler à quelqu’un et le fait qu’elle ne devait pas avoir eu beaucoup d’occasions de le faire. Elle regretta un peu d’avoir prononcé ces mots en voyant l’inquiétude passer dans ses yeux. Elle secoua la tête. Non, elle n’avait parlé à personne, personne de vivant en tout cas. « J’ai bien croisé quelques fantômes, mais ce n’est pas la même chose. Je suis contente d’avoir pu leur parler mais ils ne sont pas vous. » Elle marqua une courte pause. « Ils ne sont pas lui, non plus. » C’était avec eux qu’elle avait eu envie de parler tout ce temps, pas un groupe d’inconnus, même si elle devait bien le reconnaître ses quelques interactions avec les morts lui avaient fait du bien. Elle avait pu vider un peu son sac, avoir quelques avis objectifs sur son cas. « Ça va un peu mieux, il a repris le travail il y a deux ou trois semaines. » Elle avait vu ça comme un signe positif, un signe qu’il commençait à remonter la pente doucement. « Il a demandé à travailler sur un autre créneau horaire, je pense qu’il cherche à éviter Ely. Il répond parfois aux messages de maman quand elle lui dit qu’elle a changé les fleurs ou alors quand elle le remercie pour s’en être chargé, mais c’est très plat ? Enfin de ce que j’ai pu lire par-dessus leurs épaules, c’est pas comme avant. » Pouvait-elle vraiment les blâmer pour ça ? Samantha essayait de pas l’exclure, seulement sans Sarah tout semblait moins naturel entre son fiancé et sa famille. Il avait pris ses distances avec eux depuis l’enterrement.  « Il a repris la rando l’autre jour, il – enfin on, j’étais là bien sûr – on a fait le tour du lac. J’ai l’impression que ça lui a fait du bien de vraiment ressortir prendre l’air pour de vrai. » La randonnée était devenue une activité compliquée pour lui, depuis que Jake avait choisi de lui annoncer que son décès était survenu dans un accident sur un sentier plutôt que de le confronter avec la vérité. C’était une de leurs sorties à tous les deux. Quelques jours après son enterrement, il avait rangé dans un carton toutes leurs affaires de rando pour ne plus y toucher jusqu’à très récemment.  

Voir que son frère s’inquiétait pour elle la toucha, c’était elle d’habitude qui endossait ce rôle. « J’en n’ai pas l’impression, pour le moment ça a l’air d’aller. » Elle tendit les bras, tourna les mains vers le ciel puis vers le sol comme pour essayer d'y déceler une quelconque anomalie, en vain. Mais est-ce que cette sensation allait durer ? Est-ce qu’elle allait pouvoir rester visible encore longtemps ? De toute façon, ils finiraient bien par s’en rendre compte si elle venait à ne plus être visible ou encore que la communication se rompait d’un coup. Mais elle préférait ne pas y penser et profiter au maximum de cet instant, inutile de l’inquiéter davantage au sujet d’un élément sur lequel ils n’avaient aucun moyen d’intervenir ni l’un ni l’autre.  La frustration serait bien assez grande quand elle frapperait. « Je ne sais pas. Si on se fie à ce que disent les films, c’est que j’ai sûrement encore un tas de trucs à faire. » Mais voulait-elle savoir ce qu’étaient ces fameux « trucs » maintenant qu’elle était parvenue à entrer en contact avec l’un des membres de sa famille ? Elle n’en était plus si sûre. Le changement de sujet fut donc le bienvenu. Sarah n’avait jamais été totalement contre les blagues que les plus jeunes membres de la fratrie aimaient jouer à leur cousin. Elle s’était même retrouvée à les aider de temps en temps, alors lorsque Wyatt imaginait déjà le scénario d’un nouveau tour, elle sauta à pieds joints dedans. « Ça se tente ! » Elle se mit à rire aussi, visualisant déjà la scène.  «Tu l’invites à la maison, vous parlez de tout et n’importe et là j’entre en scène. Faudra qu’on filme sa réaction pour les archives. Ça pourrait être très drôle. » Mais pour que cela soit possible, il faudrait certainement qu’elle travaille encore ses dons de fantôme, pourrait-on seulement la voir sur une photo ou une vidéo ? Dès qu’elle mettrait la main sur Basile, elle lui en parlerait. Depuis le temps qu’il rodait dans le secteur, il devait bien être en mesure de l’éclairer sur le sujet !

La frustration de leur nouvelle séparation n’était pas encore là, mais déjà les premières contrariétés se faisaient sentir. Impossible d’avoir un contact tactile. Vraiment, si elle était contente de pouvoir parler avec Wyatt le fait que cet échange ne puisse en rien ressembler à ceux qu’ils auraient pu avoir encore quelques mois plus

«On s’attaque pas au bronzage, ok ? J’ai pas eu le temps de poser une écaille sur un bord de plage ou même un rocher. Et deuxièmement, crois-moi, je ne vais pas le louper. Soren non plus d’ailleurs, mais je suis plus en colère contre Jake que lui. » Il avait eu tout sauf l’attitude d’un grand frère. Ils étaient une famille et ils ne s’étaient pas comportés comme telle. « Je t’enverrai un carton d’invitation pour regarder le spectacle si tu veux. Premières loges avec pop corn offert.» A moins qu’il ne soit déjà présent au moment où cette dispute tant attendue éclaterait, elle doutait en son for intérieur qu’elle demanderait à ce qu’il y ait du public. Ce n’était pas dans ses habitudes.

Et l’atmosphère légère retomba d’un coup lorsque Wyatt lui posa une nouvelle question. Elle n’y répondit pas tout de suite, essayant de se rappeler cette fameuse journée. « Pour être honnête, je ne m’en souviens pas. Je ne crois pas, non. Je me revois voir la tornade arrivée vers toi, je me revois te pousser, la regarder, et l’instant d’après … c’est vous que je vois autour de moi. C’est très confus. Je crois que je vous ai revu ensuite à la maison. » Le reste n’était qu’une succession de scènes dont elle n’avait été que le témoin.  « Et toi, comment tu vas ? Je sais qu’ils n’ont pas été tendre avec toi à la maison, j’ai vu pas mal de trucs.» Vu, entendu, elle avait même pleuré avec eux lorsque certaines paroles avaient été trop loin. Lorsque les journées trop longues les avaient laissés à fleur de peau et que le moindre petit détail avait pu mettre le feu aux poudres, elle avait été là.

Parce qu’elle ne les avait tout simplement jamais quittés.




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