And the snakes start to sing - Sammy&Stan

Recourir à la magie.
Voilà quelque chose dont il s’était juré de ne plus jamais faire. Mais, il n’avait pas le choix, il le savait. Ses yeux débordés de larme, c’était vraiment un sale coup du destin. Dire que Samuel s’était résigné à enfin rendre le grimoire à sa mère, et à le remettre à sa place. Pas de chance, pour un simple détour dans le parc à Golden Coast, il a fallu qu’il ait des ennuis. Sauf que s’échapper en fauteuil roulant, ce n’est pas si évidant. Samuel a beau faire de son mieux, brasser aussi vite que possible, ils courront toujours plus vite que lui. Même quand il avait ses deux jambes, ils sont réussis à le rattraper. Se sont des professionnels, ces types. Pas comme lui. Il peut rendre ses compétences en magie s’il le souhaite, il n’en veut pas. Le prix est trop fort à payer.

Pourtant, ça n’avait pas commencé si mal. Ça va bientôt faire quatre ans. Quatre année privées de ses jambes, à vivre comme un handicapé. Avant, Sammy aurait sûrement rigolé qu’on le traite de la sorte. Mais, depuis que ce chirurgien est venu le voir avec son air désolé pour lui annoncer qu’il ne pourrait plus marcher, la plaisanterie est assez difficile à digérer. Ça doit être pire pour Maman. Il est quoi pour elle, un boulet ? Cette idée est ancrée dans son esprit depuis qu’il n’a plus sa motricité d’antan. C’est difficile de rouler sa caisse quand on est toujours en retard, ou qu’on oblige les autres à devoir s’adapter. Ouai, ça doit être le lieu qui le rend aussi émotif, y a pas d’autre explication. Y a quatre ans, Han était mort ici pour le protéger, décapité, alors qu’il lui décrivait le ciel une fois de plus, qu’il lui parlait de son monde. Ça avait l’air génial quand c’est lui qui racontait.
Il a essuyé une larme, parce que Samuel est trop responsable pour un gamin de seize ans. C’est de sa faute, il en est persuadé. C’est de sa faute si son papa de substitution était mort. Dans les jeux vidéos, c’est facile. Le personnage respon au dernier checkpoint, et la partie reprend. Mais là, ils lui ont laissé aucune chance. Ça prouve qu’ils savaient ce qu’ils faisaient, que c’était des professionnels.

C’est dégueulasse.
Et ça l’est encore plus, parce qu’ils ont pas lâché l’affaire.

C’est de l’acharnement, putain ! Il n’a pas fait de magie, il n’y a pas retouché. Pourquoi ?! Il a fait quelque chose de mal. Dans la précipitation, il est tombé. Et puis, il s’est bien vautré le bougre. Son téléphone est partie sous on-ne-sait quel buisson, son sac à dos s’est ouvert, et il est obligé de larver ventre-à-terre parce que ses foutues jambes ne répondent plus. Poisse, quand tu nous tiens. Allez, il peut profiter de l’avance qu’il a pris sur eux. Samuel dévisage le grimoire, grimaçant à l’idée de retenter une invocation. Et si c’était Han ? Et s’il avait réussi à s’en sortir ? Oh puis, peu importe, il a besoin d’aide, et il n’a pas de téléphone. Crier ne fera qu’alerter sur sa position en plus de ça, alors il rampe. Il rampe jusqu’à ce fichu bouquin, attrapant un stylo et son cahier. Dépêches-toi, dépêches-toi ! Il n’a pas le temps de peaufiner les détails, il tourne les pages rapidement, dessine des symboles illustrant l’eau sous l’effet de la précipitation, se mord le doigt, et il hurle.

Il hurle intérieurement.
Je vous en prie ! Aidez-moi !

Les yeux fermés, la tête enfouie dans ses bras en voyant la magie réagir à ses prières. Bonjour. Bonjour ? La tête de Samuel se relève pour dévisager un ... Garçon de son âge ? Soit, avec la magie, il a appris à ne pas se méfier des apparences. Aussi, il ne s’attarde pas trop là-dessus. Pas pour l’instant du moins. «Salut, j-!» Samuel est coupé dans sa phrase, entendant les cris de ses poursuivants se rapprocher comme s’il s’agissait d’une meute de chiens affamés. Aussitôt, il reporta à nouveau son attention sur ce génie. «Protèges-moi, s’te plait ! Sois mon garde-du-corps, ils vont me tuer !» De nouveau, il regarde derrière lui, craignant l’approche de ces individus. Ils n’avaient pas changé. Pris quelques rides, peut-être, mais des cheveux blancs... Pas assez pour être méconnaissable.

Samuel ne savait pas comment se sentir. Heureux ? Paniqué ? Stressé ? Soulagé ? Ses yeux de merlan fris fixaient ce djinn qu’il avait lui-même invoqué, ne parvenant pas à se faire une opinion sur le sujet. Il ne sait pas si c’est une bonne chose, ou non. S’il allait regretter son choix, si ça allait inclure de grosse responsabilité à l’avenir, mais tant pis. Il ne veut pas mourir. Qui a envie de mourir à bientôt 17 ans ? Personne. Le magicien refoulé formule son vœu, son souhait, et la situation semble l’empêcher de réfléchir convenablement à la formulation précise de la requête. Garde-du-corps, vraiment ? Oui, vraiment, parce que c’était le premier mot qui lui avait traversé l’esprit, et que ce dernier s’est échappé sans demander son reste de sa bouche. Légèrement stressé, Samuel dévisage ... l’inconnu. Est-ce qu’il possède un nom, ou est-ce que c’est à lui de lui en donner hein ? Le silence à ce sujet lui permet d’en déduire que oui, c’était à lui de le baptiser.
Seulement, la situation ne se prêtait pas vraiment à la conversation calme et posé autour d’un café. Ventre à terre, l’handicapé déglutit plus ou moins discrètement. Il désenchante un peu, voyant bien que celui-ci était loin d’être de la même trempe que Han. Il était beaucoup plus froid, effrayant, et peu bavard. Au moins, il aimait aller à l’essentiel, ce qui n’était pas une mauvaise chose. Ce n’est pas toi qui mourras ce soir. Comment ? Samuel comprend bien que c’est dans le but de lui confirmer qu’il obéirait, et qu’il réaliserait la tâche demandée. Mais, cette phrase avait néanmoins une tournure funeste pour ses ennemis.

Si Samuel était doté d’un esprit revanchard, d’un minimum de malfaisance, il aurait sûrement sourit aux propos fortement suggérés de ce djinn.
Cependant, ce n’est pas le cas. «Ne les tues pas, hein ? Ce n’est pas à nous de faire ça, y a des policiers en ville qui ...» Qui sont qualifiés ? Hm, avec du recul, il stoppe ses propos, et il réfléchit. Si la police était vraiment compétente à Bray, ces individus ne seraient pas là ce soir à le poursuivre. La pression monte et écrase son âme. Il est au bord des larmes, le Sammy. Ne serait-ce que par fierté blessée. Il est couché au sol, avec son fauteuil plus loin, à devoir rampé dans la terre. Il va revenir dans un bel état au Myst&Co. Il entend déjà les questions pleuvoir, sans pouvoir y répondre. Sa mère affolée en le voyant blessé. Ça va être le bordel, et il va devoir encore mentir. Parce que la magie, ça n’existe pas aux yeux du monde. C’est juste des tours de passe-passe, de la poudre aux yeux. Ça doit être ça aussi qui avait permis à ces types de s’échapper. Parce que s’il avait porté plainte contre eux, on se serait foutu de lui. Ou ils auraient rejeté la faute sur ce pseudo état post-traumatique. Quatre ans, c’était long mine de rien. Ils ont fait quoi pendant ce temps, ils ont tué d’autre Djinn ? Où ils se sont faits embauchés par quelqu’un, et ledit quelqu’un les a envoyé sur une autre mission ?

Le magicien plonge dans une paranoïa sans fond, dépassé. Son djinn prenait visiblement plaisir à noyer un pauvre homme, décrochant ainsi à Samuel un soupir horrifié. C’est de sa faute, c’est lui qui l’a invoqué. Ils sont combien ? «T-trois....» Est-ce qu’il fait bien de répondre ? Est-ce qu’il a vraiment envie d’avoir trois morts sur la conscience ? Non-non, le magicien n’était pas satisfait. Il ne voulait pas être à son tour un meurtrier, et son le coup du stress, ses yeux se mirent à s’humidifier, dégorgeant de larme. «Les tue pas s’te plait, on vaudra pas mieux qu’eux. Assommes-les, j’appelle la police dès que je retrouve mon téléphone. Mais les tues pas, les tues pas s’te plait. Y en a d’autre qui vont venir les venger à tous les coups, et ils vont te tuer aussi. S’te plait...»
Samuel craque, posant la tête par terre et se roulant en boule pour cacher ses perles salées qui dégorgent de ses yeux.

Le magicien est mort de peur.

Alors il fallait appeler tes policiers. Un frisson parcourt l’échine de Samuel. Cette phrase sonne comme un reproche, et ce serait hypocrite de prétendre le contraire. Si bien que le pauvre magicien est affublé d’une nouvelle masse de regret. Il n’aurait pas dû l’invoquer, c’était une erreur. Pourtant, Tata et Maman lui ont répétés sans cesses qu’il fallait être rigoureux pour les invocations. Que le moindre manque d’information pouvait se solder par une catastrophe. Est-ce que ... Est-ce que ce Djinn allait le tuer ? C’est bien comme ça qu’il les appelle, non ? Les génies maléfiques, ceux qui répondent uniquement présent lorsqu’on les appelle pour semer le désordre et le chaos. «Je..Je suis désolé.. J’ai perdu mon téléphone...» Quel idiot d’avoir cru, ne serait-ce que qu’un instant, revoir Han. Il fallait qu’il se fasse une raison, son génie était bel et bien mort.
Laisses-le faire, Sammy. Non, il n’y arrive pas. Il ne peut pas s’y résoudre. Les tuer ferait de lui un assassin, et il ne vaudrait pas mieux que ces hommes au final. Ce Djinn ne semble pas comprendre ça, preuve que ce lien, ce nouveau contrat, a été effectué dans la précipitation. Sauf que, le magicien à tendance à desceller du bon dans chaque personne. C’est ce qu’on appelle donner une chance.

Alors, en les voyant suffoquer, il s’empresse d’agir. Il s’empresse d’intervenir, suppliant même ce djinn qui lui était venu en aide pour ne pas qu’il les tue. Un geste qui n’a pas l’air de lui plaire, tandis qu’il semble souffrir le martyre. Merde ! C’est lui qui le fait souffrir comme ça ? A … Arrete ! Si tu les tue pas c’est eux qui vont t’avoir. Laisse moi faire ! «Non !» C’était une négation ferme et définitive. Non, tuer n’est pas un jeu bordel. C’est quoi cette mentalité ?! C’est injuste ! C’est terriblement injuste ! Samuel s’en mord les lèvres, mais ce n’est pas suffisant pour retenir ses cris de rage et de frustration, saupoudré de larmes qui ne veulent cesser de couler. C’est injuste ! Il n’aurait pas eu besoin de lui s’il avait ses jambes, ce qui lui rappelle qu’il est toujours à terre en train de se traîner dans la boue.
Le djinn se recule, et Sammy le suit du regard. Bon, au moins, une bonne chose de faite. Il avait réussi à lui faire-faire marche arrière. Cependant, comme le pensait si bien son djinn, ce n’est pas ça qui allait leur suffire. Le magicien respire nerveusement en les voyant se relever, se traînant en arrière avec l’aide de ses coudes. Tu es stupide ?! Tu veux mourir ? Ses yeux terrifiés se tournent en une demi-seconde vers l’autre garçon, visiblement en rogne contre lui. Samuel met du temps à répondre. Il déglutit, puis prends son courage à deux mains. «Je préfères mourir comme un lâche que vivre comme un assassin. Alors maintenant, tu écoutes, j’ai un truc à te proposer. On est en 2018 là, plus au Moyen-Âge.»

C’est vrai quoi, c’est lui qui a les commandes. C’est à lui de décider, et c’est le moment pour mettre ses talents à profits.
Ok, c’est chaud en vrai. Parce qu’il est capable de préparer un raid sur CoD, mais pas dans la vraie vie, quand y avait de vraie personnes en jeu. Remontant sur son fauteuil roulant, c’était le moment de la jouer professeur Xavier. Sauf qu’à défaut de mettre ses deux doigts sur ses tempes, c’est ses mains complètes qui remettaient ses cheveux en arrière. «Tu maîtrises toute l’eau, même celle dans un corps humain, c’est ça ? On pourrait provoquer une hydrocution pour les sonner suffisamment longtemps pour que la police arrive. Il nous faudrait une grande quantité d’eau froide. Mais genre : très froide. Les bouches à incendie, y en a dans tous les coins de rue. Aaaah, réfléchis Sammy, réfléchis.» Parce que c’est bien beau de l’entraver, ce n’était pas ça le but. Et on ne peut pas dire que provoquer une hydrocution soit une méthode plus douce que la noyade, mais elle avait le mérite de ne tuer personne au moins.

Inutile.
C’est le sentiment qui pesait sur lui. Cette sensation désagréable de n’être qu’un boulet dépendant d’un autre. Cet “autre” qui n’avait rien de rassurant pour lui en plus de cela. Il aurait du y réfléchir avant, Samuel, avant de clamer que ce n’était pas légal ce genre de méthode. Il avait perdu son téléphone, la belle affaire. Oh c’est pas vrai … Et si, ça l’est. Cela serait désastreux si on autorisait tout le monde à faire comme bon lui semble. Un véritable carnage, une anarchie que les grands de ce monde ont fini par pointer du doigt Le système judiciaire a beau être bancale, il faut relativiser. Cela serait bien pire s’il n’était pas présent, et il n’aurait pas sa place dans ce monde. Seulement, Sammy n’a pas l’impression de l’avoir beaucoup plus dans sa délicate position. Il déglutit, essaye de prendre sur lui. Il ferme les yeux quelques instants ; les parents n’ont pas à enterrer leurs propres enfants. Alors, pour éviter cela à Maman, il devait se battre. Il devait cesser d’être la demoiselle en détresse, mais il ne sombrerait pas dans les méthodes barbares de ce djinn d’eau.
Il sent qu’il n’est pas non plus un mauvais bougre. Qu’il est juste perdu. Il le serait sûrement si on l’emmenait d’une seconde à l’autre dans un nouveau monde. Suffit de voir sa réaction lorsque Janet l’embarquait dans ses folles aventures à moto pour cela.

C’est lui le patron des deux.
C’est à lui de donner les directives.

Alors, Samuel va tâcher de faire ça comme il faut. Le cul de nouveau vissé dans son fauteuil -aussi trempé soit-il-, le magicien cherche un moyen d’échafauder un plan. Ça travaille, ça chauffe là-haut. Il est capable de décortiquer le moteur d’une fusée, la fission nucléaire et les stratégies ennemis sur LoL au simple écran de téléchargement. Il peut bien trouver un moyen de les sortir de ce mauvais pas.
Puis, c’est l’illumination ; Enfin presque. J’espere que tu sais ce que tu fais. Parce que eux n’auront pas de pitié pour toi. Sammy se retient de lui dire que non, il n’a aucune sûreté sur ce qu’il comptait lui proposer, et il préfère faire la sourde oreille sur cette partie de la remarque. «Je sais, je n’ai pas dit que j’allais en avoir pour eux. J’veux juste qu’ils aient à faire à un juge.» C’est son combat, c’est eux qui lui ont pourri sa vie après tout. Il est sûr que quelqu’un pourra les juger sur ce qu’ils font, et ce qu’ils ont fait auparavant. Samuel l’espère du moins. «Ok, on fait ça alors, faut .... court-circuiter leurs cerveaux en gros.» C’est peut-être pas plus clair, mais tant qu’il se comprend, il estime que c’est compréhensible pour tout le monde.

Ses doigts s’approchent de sa bouche, et il commence à se ronger les ongles en voyant le djinn faire. Pour savoir si ça marche il faut tester. Le magicien hoche la tête vivement pour faire signe qu’il avait entendu, et en voyant la masse d’eau arriver sur la tête du suffoqué, c’était amplement suffisant. L’eau était froide, assez pour le voir s’écrouler dans un coup. Un de moins, et Sammy se mit à empoigner son fauteuil pour chercher dans son sac un truc pour l’attacher. Par pure mesure de précaution. «Tu sais créer des jets d’eau ? Changer la pression de ce dernier ? Forces ton eau pour la condensé dans une petite masse et laisses ça exploser à leurs figures. Plus c’est concentré, plus c’est puissant. Assommes les à gros coup d’Hydrocanon.» Façon canon à eau des CRS. Enfin moindre. Faudrait pas leur arracher des membres non plus. Samuel avait roulé avec son scotch noir pour ses maquettes -le genre de scotch “ne me quitte pas” vers l’autre à terre pour attacher ses mains dans son dos. Bon, c’était Sammy versus un adulte assommé, c’était pas franchement épique à voir. Il galérait, avant de finalement laisser tomber pour faire attention à ne pas lui rouler dessus. En tout cas, vu l’épaisseur de scotch qu’il avait mit pour attacher ses poignets et ses chevilles, le pauvre gars allait avoir une épilation gratuite quand il va devoir l’enlever.

C’était en bonne voix pour aller mieux. C’est du moins ce que Sammy espérait en voyant que le Djinn était un peu moins obnubilé par l’idée de les tuer. Enfin, disons que cela soulage surtout de ne pas l’entendre parler de mise à mort comme si c’était quelque chose de banal en 2018. Le magicien allait avoir quelques cours de géopolitique à lui donner. Ce n’était pas sa tasse de thé, ni même ce dans quoi il excellait puisqu’il avait la fâcheuse manie de s’endormir en classe dès que le sujet était abordé, mais il était capable d’utiliser Google et Wikipédia... Il devrait pouvoir se débrouiller avec ça. Un juge ? Ben j’espere qu’il prendra la même décision que moi. Est-ce qu’il y a besoin d’avoir 200 de QI pour comprendre à quoi il faisait référence ? Non. C’est d’ailleurs pour cette raison que Samuel s’était mis à grincer doucement des dents. «Je ne pense pas, non. On ne met plus à mort qui que ce soit en Irlande depuis 1973. C’est en quelle année la dernière fois que t’es venu sur Terre ? On s’en fout, c’est pas vraiment le moment de théoriser là-dessus.» C’est qu’il allait finir agacé, l’estropié.
Cependant, tout comme il venait si bien de le dire, ce n’est pas le moment. Ils auront tout le loisir de faire connaissance et de remettre les pendules à l’heure quand ils seront débarrassés de ces trois-là. Ces deux-là, puisque l’un d’entre eux venait de s’écrouler à terre sous l’effet de la douche froide.

«Nice ! Mais les deux autres sont trop virulents. Ça ne va pas fonctionner avec eux.» Une petite grimace d’appréhension face à ce constat, une seconde idée avait muri dans son esprit. Un Hydrocanon, comme son Tortank Shiny. Bon, si le Djinn ne comprend pas sa référence, ce n’est pas trop grave. C’est le principe qui compte. Voyant les deux autres voler, les yeux du magicien s’étaient arrondis devant ce spectacle. Il avait même légèrement sursauté, surpris par le vol plané, et cette silhouette qui était passée devant lui pendant qu’il était en train de scotché l’autre. Tu vas tous les attacher comme ça ? On ne peut pas rester ici ! C’est trop dangereux. «Je sais, mais... Je veux pas qu’ils se sauvent le temps que la police arrive !»
Ses grands yeux de merlan fris se posent sur son Djinn, et il grimace un peu en galérant. Bon, un sur trois fait, suivant ! «Doit y avoir mon téléphone quelque part par là. Tiens, t’iras plus vite que moi, j’pense. Attaches-les, s’te plait.» Au moins le temps que Samuel parvienne à retrouver son téléphone. Mais quelle situation de merde, sérieux ! Dire qu’il était juste venu se recueillir, ça ne devait pas se passer comme ça. Le geek sympa du Myst&Co avait tout retourné jusqu’à mettre enfin la main sur son téléphone pour appeler 112.

Le petit speach habituel passait, Sammy tentait de garder son calme. «M’sieur, y a trois types attachés dans le parc, ils ont essayé de me tuer... Non-non, je plaisante pas. Si je vais bien ? Baaaaah, c’est une question piège ? Venez s’il vous plait !» La police, toujours aussi efficace. Surtout quand il s’agit de poser des questions jugées à la con dans une telle situation. Le téléphone accroché, le magicien avait rassemblé ses affaires, s’approchant du Djinn. «Là, on peut s’en aller. Ils vont me prendre pour un fou si je leur explique...» Si c’est pas déjà fait avec son appel. Bon, cela dit, même s’ils n’auront pas la victime, ils auront les coupables qui seront embarrassés, si ce n’est plus que lui, lorsqu’ils vont devoir s’expliquer. «Allez viens, on file !» Petite dérapage sur les roues, trois cent soixante no scop, hop là, direction la sortie du parc. Peut-être que Sammy devait se méfier, cheaquer si ce Djinn suit bien, mais on va rejeter la faute sur la précipitation. Et comme tout bon fuyard débutant qui se respecte, l’estropié se dirige naturellement vers l’appartement du Myst&Co.