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 Poor unfortunate souls | ft. Sirius

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Poor Unfortunate Souls
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Tout était devenu trop compliqué. Fallait pas te demander beaucoup Rod, t’étais une sacrée épave dans ton genre, et déjà bien avant de finir en chair à pâté. Narcoleptique par dépression, incapable de se nourrir proprement, et ton activité de la journée consistait très clairement à chialer tout ce que t’avais dans le corps jusqu’à être suffisamment fatigué pour dormir à nouveau. Bien sûr, t’avais des hauts et des bas. Des moments où t’arrivais à sortir, à voir un peu de monde, à mettre les pieds à Pôle Emploi, à essayer au moins un peu d’avoir une vie normale - même si tu voyais peu, même si t’y prenais aucun plaisir, et même si tu finissais par te prendre des remarques, quand c’était pas tout simplement des coups de poing. Et ça aurait pu durer jusqu’à ta mort, ce rythme infernal, que tu tolérais plus. Sept ans que tu vivais seul, dix ans que tu perdais la vue, et vingt-sept que t’étais malheureux et mal dans tes bottes.
Mais ça, c’était quand tu voyais encore. A présent que tu ne voyais plus, c’était pire. Se tenir debout dans le néant, le seul fait de se tenir là, sans voir le monde tout autour, t’avait plongé dans l’angoisse des jours durant. Marcher - marcher à l’aveuglette, cela prenait tant de temps et tu avais déjà commencé à collectionner les bleus. Marcher, c’était le plus difficile, mais c’était si loin d’être le seul obstacle. Tu avais dû revoir toutes tes habitudes, toute ta manière d’être - pour manger, pour te laver, pour discuter avec des êtres que tu ne pouvais plus voir. Tout aurait été plus simple si tu n’avais pas eu naturellement un caractère très porté sur la vue. Il te fallait apprendre à entendre, à sentir, toi qui était naturellement si maladroit, si distrait, mais apprendre demandait du temps. Petit à petit, tu avais osé, timide encore, empiétant jour après jour sur ta dépression avec un courage inespéré. Tu sortais quelques fois, avec Bert, ton chien d’aveugle, pour des trajets très courts qui ne s’éloignaient jamais très loin - tu te perdais bien assez les yeux ouverts pour ne pas t’y risquer les yeux fermés. Et ça avait été un de ces jours-là.

C’est même pas toi qui l’avait trouvé. Faut dire que quand on voyait rien, on avait une belle excuse. Non, c’était Bert qui, tout dressé qu’il était pour s’occuper parfaitement d’un pauvre type handicapé, avait pas résisté à l’envie d’aller renifler un truc qui l’intrigait. Comme quoi vous vous étiez bien trouvés, par vrai ? Autant boulet l’un que l’autre, mais t’aurais même pas envisagé de lui en vouloir. Il t’a tiré à l’écart du trottoir, une chance que la bestiole s’était pas trouvé sur la route. Il a fallu que tu y ailles à tâton pour comprendre pourquoi il s’était arrêté, t’as suivi de la main le chemin de sa gueule, et tu as touché quelque chose qui ressemblait à un oiseau. Tu le devinais aux plumes, mais t’aurais été très loin de savoir dire si c’était plutôt un hibou ou un pigeon. Mais c’était froid, froid et immobile - la supposition, forcément, c’était qu’il était mort. Forcément, c’est pas tellement une bonne idée de toucher des cadavres en décomposition, t’étais même pas sûr en plus que quelqu’un soit pas en train de te regarder faire. Mais t’as eu beau essayer de bouger Bert, rien à faire, t’avais même pas assez d’autorité pour te faire obéir d’un chien.
C’est là que tu as compris, d'une certaine manière. Difficile à dire comment, un doute, une sensation, un quelque chose sur lequel tu pouvais pas mettre de mot. C’était pas une vision à proprement parler, rien de semblable : seulement l’impression qu’il fallait pas que tu prennes cet instant comme quelque chose d’anodin. T’as frotté tes doigts, c’était humide et épais, et par endroit sec et friable. Tu connaissais bien la texture du sang, mais plutôt du sang humain, et de toute façon tu refusais d’admettre que c’était ça. Tu te sentais un peu sale, un peu dégoûté, c’est jamais très plaisant de se dire qu’on a posé les doigts dans le sang d’un oiseau mort. Mort ? Tu doutais qu’il le soit. Quand tu as posé le plat de la main sur sa carcasse, t’as senti un coeur minuscule s’efforcer de battre.

Tu n’avais rien à faire de tes journées, sinon survivre. Réduit à l’état de fardeau pour tous ceux auxquels tu tenais, dans l’angoisse perpétuelle de déranger par ton existence. Pourtant tu avais un coeur immense, un coeur trop gros. Une compassion tellement franche qu’elle devait être écrite quelque part dans ton ADN, et même pour le monstre qui t’avait ruiné la figure t’aurais été foutu d’en avoir. Forcément, l’oiseau, tu l’as ramassé. T’es rentré avec, et pourtant t’avais l’air de quoi, aveugle avec un oiseau mort entre les doigts ? Un comble pour un oracle, t’allais peut-être lire dans ses entrailles, qui sait. Tu l’avais ramené dans ta chambre, tu l’avais enveloppé dans un coin de couverture pour le réchauffer - Mortimer était absent à ce moment-là, tu ne pouvais compter que sur tes petites mains dénuées d’adresse. Tu avais pris le temps, tâtonnant, cherchant à savoir où était la plaie et où était la tête. Tu avais même fini par lui faire un petit bandage très maladroit autour de son aile qui au toucher semblait cassée. Tu étais sûr qu’il vivait, tu en étais convaincu mais il ne bougeait toujours pas, il était toujours frigorifié. Tu as fini par t’installer sur ton lit en tailleur, par le glisser sous ton t-shirt, collé à même la peau pour lui tenir chaud, et tu as ramené Bert contre toi pour en rajouter une couche. Et tu es resté comme ça, tu as attendu, il n’y avait rien d’autre à faire de toute façon. La tête calée dans les poils du toutou, au point de finir par somnoler sur place. Tu en avais presque oublié ton petit rescapé dans l’instant, trop occupé à être happé par la tentation de la sieste. Plongeant tes doigts encore souillés dans la fourrure - mais tu n'y pensais plus, puisque tu ne les voyais pas - tu t'étais finalement blotti contre son flan. Tu n'avais plus qu'à attendre Mortimer, pour lui demander conseil. Toi, tu avais fait tout ce que tu pouvais faire.
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Poor unfortunate souls Sirius & RodC’est étrange comme sensation. T’as l’impression d’être hors de ton corps. D’être spectateur de ce qui t’arrive. Un spectateur aveugle, sourd, muet et immobile. Tu te contentes de subir. Sans même réellement savoir ce que tu subis. Y a juste cette douleur continuelle. Plus ou moins forte par moment.  T’en as pas conscience, mais t’as été balancé par la fenêtre Sirius. Comme un vulgaire objet cassé. Mais après tout, c’pas ce que t’es ? Un vulgaire truc cassé ? Une chose qui aurait peut-être dû mourir. C’aurait été beaucoup plus simple pour tout le monde. Même toi, tu demandes ce que c’est que la mort. T’aimerais la connaître. Mais peut-être pas tout de suite. Plus tard. Une fois que t’auras appris à mieux la connaître à travers d’autres. Quand elle ne te fera plus peur mais que tu la considèreras comme une amie.
Doucement, tu finis par reprendre conscience. T’es encore incapable d’ouvrir les yeux. T’en as pas la force. Pas encore. Par contre, tu commences à nouveau à ressentir. Il fait chaud. Il fait bon. T’es bien, là. Si tu le pouvais, tu resterais comme ça une éternité. Avec difficulté, tu cherches même à accentuer ce contact. D’un côté, c’est poilu. De l’autre, beaucoup moins. Du coup, tu entends aussi clairement que possiblement le battement d’un coeur - sans doute humain. Dieu que tu trouves ça rassurant. Même si c’est pas le tien, tu le perçois comme la preuve que t’es encore en vie. Du moins pour le moment. Tu te loves contre cette chaleur, contre ce bruit… Tu te rends compte que ton corps est minuscule. Que t’es encore sous ta forme animale. Du coup, les yeux encore clos, tu te retransformes. Tu redeviens homme. Nu dans ce lit. Contre son corps inconnu. Tu ne peux pas t’empêcher d’y rester accrocher. T’es encore à moitié conscient. Seulement à moitié. En temps normal, t’aurais pas forcément fait ça. Mais là, t’as besoin de ce contact. T’as besoin de te rassurer. Et y a rien de mieux que le contact avec un autre être humain pour ça. ‘Ne bouge pas s’il te plait.’ Ta voix est faible. Un peu suppliante. Tu fais pitié.
Finalement, tu ouvres les yeux. Difficilement, tu clignes une fois. Puis deux. Puis plus. La première chose que tu vois, c’est un torse. Un torse humain. Un torse inconnu. T’essayes de te redresser, pour voir l’autre, mais ton corps coince. Il râle. Il a vraiment mal. Tu sens le bras sur lequel t’as voulu t’appuyer se dérober à toi. T’as crié, d’ailleurs. T’as super mal. C’est sans doute cassé. Tu  ramènes ton bras contre toi. Tu te sens comme un enfant. Seul et démuni. Faible. T’as envie de pleurer. Tu t’accroches au bras de cet inconnu. Tu l’agrippes et le sers comme si ta vie en dépendait. T’as du lui faire du mal. Sans doute. Mais t’en as besoin. Pour te calmer.
Après un instant, tu finis par respirer à nouveau. Plus doucement. Tu reprends pied. Tu te redresses et t’assoies. Tu regardes finalement cet homme à qui tu dois probablement la vie. Il doit avoir beaucoup trop de question pour toi. Mais là, t’as pas envie d’y répondre. Mais en même temps, t’as pas vraiment le choix. ‘Désolé. Et… euh, bah… Merci de m’avoir sauvé. Sans toi, j’serais sans doute mort à l’heure qu’il est, je suppose…’ T’es pas ingrat malgré tout. Tu sais lui être reconnaissant. Il n’a aucune idée de qui tu es en plus. C’est une situation… originale. Inédite même. Tu sais pas vraiment comment réagit. On ne se réveille pas tous les jours nus dans le lit d’un inconnu. Quoique…
Ton cerveau surchauffe. T’essayes de trouver un truc intelligent à dire. Mais tout se bouscule dans ta tête. T’es encore à moitié dans les choux. Assez pour ne pas te rendre compte des particularités de l’homme en face de toi. Vraiment… ‘Ah, euh… est-ce que je pourrais t'emprunter des fringues ?’  Au final, c’est la seule chose intelligente que tu trouves à dire. C’est à ce point. C’est triste Sirius. Très triste.

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T’as tellement pas de chance, Rod, qu’est-ce qu’on va faire de toi. Il a fallu que le seul pigeon blessé sur lequel tu tombes, ça en soit pas vraiment un. D’un côté, heureusement que t’étais dans les vapes à ce moment-là car ça a amorti le choc des premières secondes, de l’autre ça n’a vraiment pas duré : à peine tu as senti ce poids, cette présence sur ton ventre s’alourdir, et ton propre corps se faire étrangler par ton t-shrit étiré et pas loin de craquer sous la masse, tu es revenu rapidement à la réalité, aussi brutalement que si on t’avait foutu un gros coup de poing. Tu as eu un sursaut, et de peur, tu as poussé un cri horrible. Forcément, tu ne voyais pas, tu ne savais pas ce qu’il se passait, tu ne comprenais pas. Pourquoi l’oiseau s’était mis à gonfler, à t’écraser comme ça, pourquoi tu n’en sentais plus les plumes, pourquoi tes mains se retrouvaient en contact avec une peau nue qui n’était pas à toi. Tu avais peur, et tu étais sous le choc - il faut dire que le surnaturel, tu n’en connais pas grand chose. Un tout petit peu de théorie, mais à part pour le djinn qui t’a cramé le visage, tu t’étais jamais retrouvé en face. Le pire, c’est qu’il s’accroche, il s’accapare ton espace vital, il te colle et ça te plonge dans l’angoisse. T’es quand même un mec qui panique à la seule idée de tenir la main de quelqu’un, alors enlacer un inconnu que tu peux pas voir chair contre chair, c’est pas tellement dans tes cordes.
Bouge pas qu’il te dit, mais il est mignon, c’est pas si facile. Enfin si, ça va, comme t’es tétanisé, pour le coup tu l’écoutes, mais c’est vraiment le temps que t’arrives à remuer un petit orteil. Après ça, par contre, t’as essayé de le repousser - comme un arachnophobe qui se taperait une araignée sur lui, avec panique et précipitation, mais le cri qu’il a poussé t’as terrifié au point que t’as arrêté aussitôt. « Pardon, pardon ! » que tu t’es mis à répéter avec angoisse. Tu sais pas s’il est en colère ou s’il a mal, mais dans tous les cas, t’es sûr que c’est de ta faute. De quoi t’as peur ? Sans doute qu’il te frappe, ou juste le fait qu’il te touche comme il le fait là. T’as juste envie qu’il s’éloigne, parce qu’il est trop près, et ça te fait chialer, ça te borde de larmes le seul oeil que t’as, ça te mouille tes joues de fragile. Le pire c’est quand il s’accroche à ton bras. Il te le serre, si fort que ça te fait mal, et c’est clairement pas pour te rassurer. « Pitié, me touchez pas, me faites rien ! », parce que tu te sens incapable de faire autre chose que d’implorer la pitié, à ce stade. Faut dire que le dernier en date qui t’a touché autant et serré le bras comme ça, il t’a étranglé jusqu’à te faire tâter l’inconscience et il t’a brûlé vif sur une table.
Mais il s’excuse, et il te remercie. T’as du mal à comprendre ce qu’il te dit et pourquoi, t’as pas l’esprit assez clair pour faire le lien alors quelque part, t’as pas encore saisi que c’était bien lui l’oiseau mort que t’as ramassé sur le trottoir. T’es trop occupé à respirer fort, à faire de l’hyperventilation, à trembler comme une feuille avec un teint de fessier en plein hiver, bref à faire ta crise d’angoisse. Même s’il s’est redressé, quelque part maintenant qu’il te touche plus t’es plus capable de savoir où il est dans la pièce, ce qu’il fait, ce qu’il regarde. Et même si c’est moins pire que de se coller à toi et à ce qui ressemble globalement à une fresque de brûlures cicatrisées, t’aimes pas non plus l’idée qu’il pose son regard sur ta tronche défigurée, qu’il voit ton angoisse, l’état dans lequel t’es, alors qu’il te connaît pas, et qu’il a rien à foutre là d’ailleurs. Tu acquiesces nerveusement, précipitamment, quand il te demande des vêtements. Tu t’es recroquevillé, pour te cacher et te protéger en même temps, et c’est seulement à ce moment-là que tu remarques que Bert s’est mis à grogner, parce qu’il a senti que ça n’allait pas. C’est le contact de sa fourrure qui de nouveau te permet de retrouver assez de calme pour répondre un truc audible. « O-Oui... » C’est court mais c’est tout ce que t’as trouvé à dire pour pas le contrarier. T’aurais foule de questions à lui poser bien sûr, à commencer par : est-ce que t’es un oiseau, et aussi, qu’est-ce que tu foutais en hypothermie par terre. Mais dans l’immédiat, t’as trop peur de lui pour oser lui demander quoi que ce soit.
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