Poor unfortunate souls Sirius & RodC’est étrange comme sensation. T’as l’impression d’être hors de ton corps. D’être spectateur de ce qui t’arrive. Un spectateur aveugle, sourd, muet et immobile. Tu te contentes de subir. Sans même réellement savoir ce que tu subis. Y a juste cette douleur continuelle. Plus ou moins forte par moment. T’en as pas conscience, mais t’as été balancé par la fenêtre Sirius. Comme un vulgaire objet cassé. Mais après tout, c’pas ce que t’es ? Un vulgaire truc cassé ? Une chose qui aurait peut-être dû mourir. C’aurait été beaucoup plus simple pour tout le monde. Même toi, tu demandes ce que c’est que la mort. T’aimerais la connaître. Mais peut-être pas tout de suite. Plus tard. Une fois que t’auras appris à mieux la connaître à travers d’autres. Quand elle ne te fera plus peur mais que tu la considèreras comme une amie. Doucement, tu finis par reprendre conscience. T’es encore incapable d’ouvrir les yeux. T’en as pas la force. Pas encore. Par contre, tu commences à nouveau à ressentir. Il fait chaud. Il fait bon. T’es bien, là. Si tu le pouvais, tu resterais comme ça une éternité. Avec difficulté, tu cherches même à accentuer ce contact. D’un côté, c’est poilu. De l’autre, beaucoup moins. Du coup, tu entends aussi clairement que possiblement le battement d’un coeur - sans doute humain. Dieu que tu trouves ça rassurant. Même si c’est pas le tien, tu le perçois comme la preuve que t’es encore en vie. Du moins pour le moment. Tu te loves contre cette chaleur, contre ce bruit… Tu te rends compte que ton corps est minuscule. Que t’es encore sous ta forme animale. Du coup, les yeux encore clos, tu te retransformes. Tu redeviens homme. Nu dans ce lit. Contre son corps inconnu. Tu ne peux pas t’empêcher d’y rester accrocher. T’es encore à moitié conscient. Seulement à moitié. En temps normal, t’aurais pas forcément fait ça. Mais là, t’as besoin de ce contact. T’as besoin de te rassurer. Et y a rien de mieux que le contact avec un autre être humain pour ça. ‘Ne bouge pas s’il te plait.’ Ta voix est faible. Un peu suppliante. Tu fais pitié. Finalement, tu ouvres les yeux. Difficilement, tu clignes une fois. Puis deux. Puis plus. La première chose que tu vois, c’est un torse. Un torse humain. Un torse inconnu. T’essayes de te redresser, pour voir l’autre, mais ton corps coince. Il râle. Il a vraiment mal. Tu sens le bras sur lequel t’as voulu t’appuyer se dérober à toi. T’as crié, d’ailleurs. T’as super mal. C’est sans doute cassé. Tu ramènes ton bras contre toi. Tu te sens comme un enfant. Seul et démuni. Faible. T’as envie de pleurer. Tu t’accroches au bras de cet inconnu. Tu l’agrippes et le sers comme si ta vie en dépendait. T’as du lui faire du mal. Sans doute. Mais t’en as besoin. Pour te calmer. Après un instant, tu finis par respirer à nouveau. Plus doucement. Tu reprends pied. Tu te redresses et t’assoies. Tu regardes finalement cet homme à qui tu dois probablement la vie. Il doit avoir beaucoup trop de question pour toi. Mais là, t’as pas envie d’y répondre. Mais en même temps, t’as pas vraiment le choix. ‘Désolé. Et… euh, bah… Merci de m’avoir sauvé. Sans toi, j’serais sans doute mort à l’heure qu’il est, je suppose…’ T’es pas ingrat malgré tout. Tu sais lui être reconnaissant. Il n’a aucune idée de qui tu es en plus. C’est une situation… originale. Inédite même. Tu sais pas vraiment comment réagit. On ne se réveille pas tous les jours nus dans le lit d’un inconnu. Quoique… Ton cerveau surchauffe. T’essayes de trouver un truc intelligent à dire. Mais tout se bouscule dans ta tête. T’es encore à moitié dans les choux. Assez pour ne pas te rendre compte des particularités de l’homme en face de toi. Vraiment… ‘Ah, euh… est-ce que je pourrais t'emprunter des fringues ?’ Au final, c’est la seule chose intelligente que tu trouves à dire. C’est à ce point. C’est triste Sirius. Très triste.