Cette soirée allait être ennuyante, je le sentais bien. Il n’y avait pas grand monde au Coco&Nuts. Les habitués quoi. A croire que même dans un tel établissement, on avait des périodes plus remplies que d’autre. C’était assez étrange, mais on finissait pas s’y faire. Puis tant que ça marchait bien, je ne me plaignais pas trop. Mais ce soir, c’était vraiment tranquille. Tout du moins pour moi dans mon bureau. En bas, ce ne devait pas être la même ambiance. Je comptais pas passer y faire un tour. En général les clients aimaient bien pouvoir me serrer la main et me dire ce qu’ils pensaient des lieux.
De mon côté, j’aimais bien voir si mes employés travaillaient vraiment et surtout s’il n’y avait pas de problèmes. Dans ce genre d’endroit, on avait rapidement des clients un peu abusifs. Heureusement, j’avais une sécurité qui était au taquet. Il était hors de question que je laisse qui que ce soit manquer de respect à n’importe quel membre de mon personnel. Que ce soit un barman, une danseuse. J’étais super rigoureux là dessus. Si je voulais que cet endroit continue de vivre, c’était primordial que l’on garde une bonne réputation.
Pour le moment, avant d’aller faire mon petit tour, j’avais un peu de paperasse à faire. C’était fou le nombre de permission que j’avais sans cesse à renouveler, les vérifications à faire, etc. Je n’avais jamais autant bossé de ma vie. Et je m’étonnais moi-même dans ce domaine d’ailleurs. De base, j’étais quand même un des plus gros félons que cette terre aie porté. Mais il faut croire que ça ne m’avait pas fait que du mal. Et je me disais que dans le fond, c’est vrai, j’avais toujours été du genre bosseur et méticuleux comme gars.
Je travaillais dans le plus grand des calmes lorsque ma secrétaire m’appela. Apparemment, la sécurité avait attrapé un gars louche qui souhaitait me voir. Tout du moins, leur histoire était un peu floue. Si bien que je ne savais pas trop si c’était vraiment la sécurité qui l’avait attrapé à cause d’un comportement suspect. Ou si c’était lui qui était venu les voir pour demander à me rencontrer. Dans tous les cas, cette histoire m’intriguait. J’avais bien envie de savoir de quel genre de type il s’agissait à présent. Je dis donc à ma secrétaire de la faire venir dans mon bureau.
Quelques minutes plus tard, la sécurité débarqua dans mon bureau avec l’inconnu. Je congédiai mon employé pour me retrouver en tête-à-tête avec l’arrivant. Il ne payait pas vraiment de mine comme ça. Il n’avait pas l’air d’être quelqu’un de particulièrement pervers, ou fauteur de trouble. Quoique, il avait un peu une tête de sale gosse quand même. Bref, je lui fis signe de s’asseoir et me penchait vers lui en lui tendant le bras pour lui serrer la main.
Ce n’était pas la première fois que j’avais un client dans mon bureau. Enfin, je le considérai comme un client, parce qu’il ne faisait pas parti de mes employés, mais il n’était peut-être pas là pour ça. S’il cherchait un travail, je n’étais pas sûr de pouvoir lui trouver quelque chose. Je n’étais pas l’Abbée Pierre non plus. Je ne pouvais pas offrir du travail à tout le monde comme ça. Mon staff était normalement au complet. Il faudrait être convainquant s’il voulait une place ici.
Invité
Mar 3 Avr - 0:02
Gonna cook you with pepper and lime
Tu es frustré. Tes photos se ressemblent toutes. Ton travail tourne en rond. Ca te frustre au plus haut point. Tu commences à te dire que, peut-être, tu es un peu trop… superficiel. Ce mot te brûle. Que tu le hais. Tu cherches à faire tout sauf du superficiel. Tu adores tes photos. Tu n’en regretteras pas une seule. Jamais. Mais en même temps… T’as l’impression d’avoir fait le tour. T’as envie d’essayer autre chose. De t’intéresser plus au vivant. A l’instant. Au moment. Le corps humain est - et restera - à jamais ton domaine de prédilection. Habillé. Nu. Immobile. En mouvement. Qu’importe. Mais jusqu’à présent, c’était toujours prémédité. Choisi. Sauf qu’il manque quelque chose maintenant, tu trouves. Pas grand chose. Mais quelque chose quand même. Il n’y a pas cette sensation d’urgence chez certains. De lassitude chez d’autres. Il n’y a pas ce côté vrai. Ce côté que même le plus doué des modèles ne pourra jamais reproduire. Et c’est ça que tu as envie de piéger sur le papier maintenant. Cette chose prise sur le fait. Ce côté vivant et urgent qu’aucune de tes photos n’a. Sauf que tu ne sais pas comment faire pour éviter ça. Tu ne sais pas quoi faire. T’es frustré. T’es en colère. T’as eu besoin de souffler. Pour ça, tu prends ton appareil et tu fuis. Tu sors dehors. Tu te promènes. Tu te balades. Tu veux tu pris sur le vif ? Et ben tu vas vivre le moment présent. p’t’être que tu trouveras enfin ce qui te manque comme ça. T’hésites à te rendre au club BDSM. Mais c’est trop connoté maintenant. Ca reste tes retrouvailles Basil. T’as déjà fait une séance là-bas. Non. Il te faut autre chose. Tu finis par arriver devant le Coco&Nuts. T’en as entendu parlé. T’y a encore jamais mis les pieds. Après tout, pourquoi pas ? Tu y rentres, en cachant ton appareil - tu n’es pas stupide, tu te doutes qu’on te le confisquera si quelqu’un se rend compte de sa présence. De toute façon, t’es pas ici pour prendre des photos - pas pour le moment. Juste pour découvrir. Tu rentres dans ce lieu où la musique est déjà trop forte pour toi. Fuck. Tu vas devoir faire avec. Ton regard se balade. Tu repères le bar. Les salons privés. La scène. Forcément la scène. Avec sa barre qui traverse la salle. Avec sa danseuse qui s’enroule autour comme un serpent. A-t-elle vraiment les mêmes os que toi pour réussir à faire ça ? En attendant, elle semble tellement… vivante. C’est ça que tu veux fixer sur le papier. Bien sûr. Quelqu’un qui se sent vivant. Ironique pour toi qui est fasciné par la mort. Mais peut-être que l’un et l’autre sont liés au travers de ton objectif ? Peut-être que c’est ça ton objectif : réussir à rendre la mort vivante sur des photos. Mais pour ça, d’abord faire vivre un vivant sur une photo semble être une bonne idée. Mais pour ça, tu as besoin d’autorisations. Celles des filles. Celles du propriétaire. Bref, un bon paquet quoi. Mais après tout… Pourquoi pas ? Tu te diriges vers l’un des vigiles. ‘Je voudrais parler au propriétaire, c’est possible ?’ Il te dévisage, tu le sens. Logique. T’as juste pas envie de t’étaler sur le comment du pourquoi. A priori, il ne s’en formalise pas. Il te demande d’attendre et va prévenir quelqu’un. Après plusieurs minutes, on finit par te dire que c’est bon. Tant mieux. L’homme t’accompagne jusqu’au bureau du propriétaire. Lorsque tu rentres, la première chose que tu remarques, c’est les yeux de cet homme. D’un beau bleu. Tu pourrais presque t’y perdre. Et puis, y a quelque chose. Le genre de chose que tu cherches chez tes modèles. Tu le coucherais bien sur papier glacé lui aussi… Perdu dans ses yeux, il te faut un instant pour te rendre compte qu’il t’invite à t'asseoir et te tend la main. C’est au bout de quelques minutes que tu finis par le faire, toujours plongé dans ses yeux. ‘Sirius. Sirius Brown. Enchanté. Je suis photographe et, mmmh… Je cherche à m’ouvrir à d’autres choses. Et je voudrais savoir s’il m’était possible avec votre autorisation et celles des danseuses, de prendre des photos.’ Tu ne cherches pas à t’éparpiller. Tu vas à l’essentiel. Tu vas le perdre sinon, de toute façon. T’espère juste que le culot ça va marcher. Tu ne marches qu’à ça, le culot, de toute façon. Reste à savoir si ça peut se faire, tout simplement.
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