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 le cafard et la souris ne vaut pas mouche qui pète - Tredag

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Le cafard et la souris
ne vaut pas mouche qui pète

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Non mais ouais, tu l’as senti en le disant, c’était sorti plus maladroitement que tu l’aurais voulu. Ta dernière phrase avait carrément pris une teinte provocante proche de l’agression, mais il a fallu que tu attendes de voir l’expression de son visage pour comprendre que t’étais allé un peu loin. Tu te sens embarrassé, mais trop fier pour exprimer du remord. Cela dit, sa réponse te fait vite perdre toute envie de t’excuser probablement jusqu’à la fin des temps – parce que t’aimes bien dramatiser. Le sac à merde, tu l’essuies et tu t’en fous, par contre tu sens peser lourdement l’allusion à une enculade dont t’aurais pu faire l’expérience, et le pédé de merde ne vient rien arranger. Si c’était intentionnel ? T’en sais rien, mais c’est pas la question, pas vrai ? Peu importe ce qu’il ait voulu entendre, tu te sens heurté, et en colère. « Mais qu’est-ce que tu comprends pas dans : j’suis pas PD ?! » tu gueules. Tu refoules, parce que tu bourres des culs, mais tu veux pas en entendre parler. T’assumes rien, ni ce que tu donnes, ni ce que t’as reçu par le passé. « Nan-nan-nan, c’est moi qui veut plus voir ta face de rat ! Reste loin de moi pédale, va jouer les cibles tout seul. ‘Pis j’espère qu’ils s’y mettront à plusieurs, p’t-être que quand tu sauras ce que c’est que d’se faire enculer à sec, tu fermeras ta gueule ! Et ce sera pas la peine de revenir chialer pour que j’cogne des fils de pute, parce que c’est tes dents que j’vais défoncer si tu m’parles ! » C’était pas prévu, tout ça. C’était pas prévu, mais dans ces circonstances, y’a plus de « pote » qui tienne.

T’étais carrément vénère, et tu l’es resté longtemps. Tu lui causais plus, mais c’était au-delà de ça – parce que tu serais venu cogner son matelas en pleine nuit juste pour lui casser les couilles, tu lui aurais fait des croche-pattes pour qu’il se rétame à la cantine, et pas question qu’il s’assoit à moins de quatre mètres de ta place ou t’aurais été tenté de renverser sa chaise. Y’a des jours qui sont passés comme ça, et le pire c’est qu’il est très vite arrivé un moment où t’as même plus su pourquoi t’avais ressenti ce besoin de le persécuter. C’était quand même foutrement se tirer une balle dans le pied, parce que vous étiez dans la même putain de cellule, parce que t’osais plus te métamorphoser en cafard de peur qu’il trouve le moyen de te mettre dans la merde, parce que vous aviez même plus vos courses pour vous occuper. Il est arrivé un moment où t’as volontairement dépassé les bornes pour te faire envoyer au mitard, pour le seul plaisir de plus le côtoyer pendant quelques jours au moins. De toute façon t’en étais rendu à un stade où plus t’étais seul et mieux tu te sentais, et y’avait jamais que par la violence que tu savais t’affirmer en tant que personne.
Le truc Trevor, c’est que t’étais mauvais pour te faire des potes. Même si ce mec avait fini par avoir globalement ta confiance suite à un concours de circonstances, parce que vous étiez de la même espèce dans la même piaule, bah t’avais pas vraiment grand monde d’autre qui avait su te supporter si longtemps. T’étais quand même foutrement désagréable au quotidien, et vous nagiez pas tellement dans la tolérance ici bas. Alors forcément, t’as senti qu’il te manquait un truc, cet espèce d’appui qui t’empêchait de vriller trop fort – peut-être pas à ses yeux parce que t’étais quand même un connard, mais de ton point de vue au moins, t’avais senti la différence. Sans ce binôme, t’avais pas la même stabilité, surtout quand tu vivais ta cellule comme une deuxième punition. Alors t’as pété des plombs, quoi de plus naturel ? T’as eu droit à c’que ton psy t’assomme de questions, et te parle de récidive, et d’impossibilité de réinsertion. Pourquoi tu rechutes dis ? Va falloir changer ça. Va falloir reprendre des cachets Trevor, si tu sais pas empêcher tes poings de cogner. C’est comme ça que t’as fini de retour en cellule sous calmants, encore. Dans les vapes, encore, et c’était pas le plus pratique pour faire la gueule.
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Ce mec était la pire des merdes, et j’me demandais comment j’avais pu croire que je pourrais réellement être son bro, et lui être le mien. C’te raclure me faisait des crasses dignes de gosse de maternelle, et moi j’faisais pas mieux, d’ailleurs, entre des boulettes jetées sur lui, autres nourritures foutue dans son calebar de dos, des trucs piquants foutus dans son matelas, ces conneries là. Mais au bout d’un moment, ça commençait à vraiment péter les couilles. Surtout depuis le moment où je m’étais claqué les dents en tombant de son dernier croche patte. Bâtard.

La nuit pendant qu’on était enfermés dans la même cellule, c’était la guerre froide, et putain, froide c’était peu, le machin était congelé. Et comme d’habitude, ça allait être bibi qui allait devoir amorcer la discussion de paix. Evidemment. Parce que j’étais le moins con des deux, et il me restait quoi, trois ans et demi, quatre ans à tirer ? J’en savais foutrement rien. J’comptais pas, j’attendais la surprise.

Bref, à un moment, après avoir trouvé la dernière réserve de clope qu’il me restait – bah ouais, on se faisait la gueule, c’était fini les courses de souris et de cafard, la ceinture commençait à se serrer sévère – pour ensuite rejoindre à la promenade Trevor. Engoncé dans ma veste trop grande pour moi, j’lui tapai sur l’épaule, pour lui tendre une clope donc : « Calumet d’la paix. C’est une clope, j’sais, fait pas iech. Faut que ça s’arrête là, j’sais même plus pourquoi on s’fait la gueule. » C’était pas vrai. C’était plutôt que j’avais jamais compris ce qui lui avait pris. Juste, il gueulait qu’il était pas pédé d’une force et après… Comme si c’était la chasse au pédé justement. « Ou au moins, faut que t’arrêtes d’me faire iech comme ça, putain, t’as cinq ans ou… T’as quel âge d’ailleurs, bordel ? » Ouais parce que je lui avais jamais demandé, et on s’était jamais posé pour se demander nos âges, lieux de naissance et couleur préférée, pas l’genre de la maison, m’voyez.
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Tu saurais pas dire depuis combien de temps ça dure mais ça commençait à faire une sacrée paye, et ça pesait sur tes nerfs assez lourdement. Deux gosses pris dans une guéguerre de merde – le seul point positif, c’était qu’au moins ça t’occupait tes journées, et c’était franchement pas de refus vu la gueule de ton quotidien. De toute façon, t’étais trop une mule pour faire le premier pas. Pas qu’une mule d’ailleurs, tu planquais bien un sentimental timide sous ta cuirasse que t’étais pas prêt de vouloir laisser sortir dans un environnement aussi peu amical. Y’avait des relâchements, bien sûr qu’il y avait des relâchements, mais t’en étais plus à tes premières années de taule, et tu savais depuis longtemps à quel moment il valait mieux passer pour un connard que prendre le risque de se rendre vulnérable. Même si ça revenait à sacrifier un bro – encore que y’avait un sacré nombre de barrières qu’il avait pas su franchir encore tellement t’étais reclus.

Tu t’attendais pas vraiment à ce qu’il fasse l’effort pour être honnête. Ok, c’était rendu invivable en cellule puisque vous partagiez la même, mais dans ta façon de voir les choses, c’était une question de fierté de pas initier le mouvement vers l’autre, et t’étais convaincu que vous étiez aussi fier l’un que l’autre. Pourtant non, vla qu’il te tape sur l’épaule, et tu te serais préparé à lui en coller une aussitôt, si t’avais pas une clope sous le nez – toi, ça faisait déjà un moment que t’étais à court, à force de trop en consommer. Calumet d’la paix qu’il appelle ça, en contrant d’avance ton ironie de merde, et tu te demandes si y’a une couille quelque part, où est-ce qu’il serait pas allé la mettre pour te faire une misère de plus. Cela dit il a pas tort, toi non plus tu sais plus pourquoi tu lui fais la gueule. Et pour le coup c’est vrai : tu sais vraiment plus, ça t’est complètement sorti de la tête.

T’hésites un coup, main dans les poches, en piétinant un caillou au sol avec ce qui ressemble à de la nervosité. Tu tires la gueule, mais tu finis par céder – avant tout parce qu’il avait fait le premier pas et que tu savais pertinemment que tu le ferais jamais, et que t’aurais sans doute pas une seconde chance. Tu marmonnes un truc qui ressemble à un « ouais » et tu lui prends la clope des mains. Rien que ce comportement de merde donne envie de te gifler, mais s’il est pas foutu de supporter ça, c’était pas la peine de venir essayer. Du coup t’en profites hein, tu t’allumes la clope vu que t’façon c’était la promenade. Alors voyons, s’il te restait 3,5 ans de taule à faire, c’est que tu devais avoir… « trente-deux ». Tu le dévisages un peu, ce type qu’est encore un gosse à côté de toi finalement, mais qui se retrouve à quand même avoir plus de couilles – parce qu’il en fallait, des couilles, dans cette taule, pour faire un pas vers toi. T’étais quand même pas le plus commode, même les matons étaient plutôt contents quand ils pouvaient éviter de se taper ton cas. Ça te fait un peu marrer, un peu jaune mais marrer quand même, parce que c’est putain de ridicule au final. T'as une crispation au coin des lèvres qui ressemble quand même vachement à un sourire, et tu lui fais un geste de la tête, qui peut vouloir dire un peu tout et n’importe quoi. Dans le genre et toi ?, quoi de neuf ? ou alors comme ça j’t’ai poussé à bout ?, voire presque un ok admettons qu’on puisse encore s’entendre, mais c’est bien parce que t’étais à court de clope. Ben voyons.
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L’avantage quand on devient pote avec Trevor McQueen, c’était qu’on devenait soudainement bien plus tolérant aux renvois sur les roses et autres insultes. Si avant j’avais tendance à tout de suite monter au créneau, j’étais désormais ce type qui te regardait avec un regard torve, te demandant à quel moment ce que tu disais avait l’air de m’intéresser. Seules les insultes sur les mamans avaient tendance à me faire tiquer, simplement à un moment donné, ça devenait réchauffé. Non vraiment, six mois avec lui, à se renvoyer des piques, à s’en prendre plein la tronche, ça devenait presque une salutation matinale.

Et quand les autres prisonniers, à la promenade comme au self ou à la salle de la télé, cherchaient la merde, j’arrivais à garder mon calme. Petit à petit on m’avait surnommé le moine Shaolin, ce qui était amusant quand on savait qui m’accompagnait la plupart du temps.

Le problème, c’était que forcément, quand on jouait au moine Shaolin, c’était que certains aimaient bien tester les limites. Un type trop calme, ça donnait envie de le chatouiller voir s’il allait réagir. Donc, entre les plaquages contre le mur dans les couloirs et autres piquage d’assiette au self, j’eus droit à approximativement tous les trucs de gamins dont sont capables des adultes pourtant déjà capables du pire.

Sauf qu’à un moment donné, fallait l’avouer que je n’étais pas moine shaolin. Pas du tout. C’était un genre que je me donnais, un truc du genre, surtout parce que je voulais pas finir encore en isolement. J’y tenais, à mes visites.

Sauf que cette fois-ci, j’allais pas encore me faire envoyer à l’infirmerie, même si je lavais l’honneur dans les poings. Cette fois-ci, je voulais me venger. Clairement. Parce que j’avais les boules. Et j’avais un plan, un sacré plan.

Non en vrai, il était con, mais je l’aimais bien.

Je proposai même ce plan à Trevor, un soir alors que tout était éteint et que nous étions dans nos lits, d’un ton conspirateur : « Dis. Si on se balade direction la cellule de ce bâtard de Charlie, discretos comme tu sais qu’on le fait, et qu’on lui pète la gueule. Tu crois que ça le fait ? »
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Elle était franchement pas compliquée, votre relation à toi et ton compère. Enfin d’un oeil extérieur, on pouvait des fois se demander comment elle fonctionnait, comment vous arriviez encore à vous blairer, mais y’avait un socle solide qui consistait à éviter de taper là où ça fait mal, se filer les coups de main nécessaires et se pardonner facilement. Avec le respect de cette espèce de norme non-dite, la pluie d’insultes et les humeurs de merde devenaient un quotidien presque agréable dans un lieu aussi chargé de tension. Et y’avait pas des masses de quoi vous surprendre, mais ça arrivait parfois. Comme là, quand en pleine extinction des feux, Dagda te propose d’aller défoncer un gars - juste comme ça, gratuitement. Quoi que tu commences à le connaître, tu te doutes que y’a une raison derrière, parce que tu les flaires les bourre-pifs et les provocations quand tu traines avec. Alors tu relèves la nuque et prends à peine le temps de digérer la proposition. « Quoi, tu veux dire maintenant ? » Y’avait pas trente-six solutions. Soit vous attendiez le lendemain et ok sans problème tu vas lui casser la gueule si le bro te le demande, c’était qu’une baston de plus dans ton quotidien mortel de prison, et t’avais presque une passion tendre pour l’isolement. Soit il voulait vraiment dire maintenant - et alors ça impliquait de se tirer de la cellule en animaux et tabasser un mec dans le noir complètement à poil, et voir sa gueule déconfite et traumatisée le lendemain parce qu’il pigera jamais d’où ça lui vient. Et franchement ? Tu saurais pas dire quelle version tu préfères. « ...C’est une idée de con. Du coup, j’suis partant. Dans tous les cas si ça part en couilles, tu sais que j’dirai que c’était ton idée. » Toi tu le diras oui, entre vous. Probablement pas devant les autres cependant, parce que t’as bien enregistré que pour lui c’était la fin du monde d’aller en isolement. A ce propos tu lui demandes : « Et le mitard ? » l’air de rien, histoire de savoir - combien il était prêt à risquer pour aller lui péter les dents à Charlie le bâtard. D’ailleurs si c’était le plan B qu’il comptait mettre en action, c’était peut-être un peu plus que le mitard que vous risquiez.
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