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 I found you sleeping in my coffin | ft. Axelle

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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière
(Défi 1-4 : Y'a des refs à Kaamelott partout <3)
Ah, le printemps. La nature se réveille, les oiseaux reviennent. On crame des mecs – en tout cas ce serait tentant. Tu constates, depuis l’invisible, les empilements de cartons scellés progressivement débarrassés du camion de déménagement dans des levées de poussière. Le vent du changement, pourrait-on dire, qui avait beau se flanquer de rais de soleil et d’une odeur de gazon tondu, ne te provoquait rien d’autre qu’une humeur franchement maussade. Y’a rien à faire, tu avais beau savoir que ça finirait par arriver, tu n’arrivais pas à intégrer l’idée que tu n’avais plus de propriété à ton nom, que tu allais devoir te plier à cette occupation et dénaturer les souvenirs dont tu avais imprégné les murs. Ou plutôt, tu prévoyais de ne pas t’y plier du tout, mais qu’est-ce que tu pouvais bien y faire ? Depuis sept ans maintenant ta demeure était remise sur le marché, après avoir été vidée et retournée de fond en comble par les forces de l’ordre. Tu avais bien essayé de faire déguerpir les visiteurs, de traumatiser les agents immobiliers – c’est que quand tu restes trop dans ta baraque, tu conspires, c’est un réflexe – et tu avais bien pensé réussir, fut un temps, quand les visites s’étaient purement arrêtées sur plusieurs semaines.
Et puis, il s’était mis à pousser une aile. J’parle pas d’une aile de poulet – nan, les métaphores c’est dangereux, si on parle avec des gros tas de bidoches, au bout de cinq minutes personne parle de la même chose. Plutôt une aile toute fraiche de peinture qui harmonisait ta retraite aux mélodies de perceuses. Bien sûr tu aurais pu forcer pour interrompre les travaux, tu t’y étais essayé au début : de malencontreux accidents du travail, des menaces de mort dessinées sur les murs, un feu en forme de cercle et de la caillasse pour brouiller. Mais d’échecs en échecs et fort de lassitude, tu t’étais retranché sur les canapés de tes dernières amitiés dans un semi-déni de ton avenir en friche, jusqu’à ce qu’elles décident une par une de quitter Bray. Alix, Emily, même Castiel – ils avaient tous décidés de se faire la malle. S’ajoutait au lot de mauvaises nouvelles que ton détestable fils était toujours vivant malgré un profond désir de lui découper le gras du cul, que ça lui fasse ça de moins à trimbaler. Et maintenant, tu étais bon pour devoir partager ton buffet à vaisselle avec une variable inconnue, une nouvelle espèce invasive avec vraisemblablement beaucoup de pognon.
Ça, tu le déduisais des travaux et du mobilier, mais aussi de la diversité de péquenots sur lesquels tu avais posé les yeux. Il y avait probablement les déménageurs dans le tas – mais tu compris rapidement que ton charmant successeur souhaitait se faire épauler par du personnel. Pour être franc, tu préférais ça à des enfants en bas-âge, encore que cette éventualité n’était pas encore à écarter. Mais t’étais pas convaincu que deux trous-du-cul soient plus efficaces qu’un seul et quand même ça t’intéressait de savoir combien d’autres il allait falloir que tu traumatises pour espérer un jour lointain avoir la paix. Enfin, si tu espérais vraiment la paix – il faut quand même admettre que tu te sentais franchement seul dans ton éternité et que ça te faisait mal à la tête de glandouiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans cette baraque par toi-même, mais devant l’ampleur des changements qui s’annonçaient le statu quo était hors de question.

Mais bref, comme t’étais pas là pour agiter des drapeaux et jouer de la trompette, tu t’es rendu à l’intérieur en supposant que parmi tout ce merdier, tu devais avoir des chances d’y croiser le vrai propriétaire. Passant dans les pièces familières pourtant presque méconnaissables, la curiosité arrêtée sur tout ce qui peut surgir d’intéressant qui ne soit pas un emballage de sandwich Sodebo, tu essayes de te faire une idée de qui il est – sait-on jamais qu’y traîne un landau, un arsenal ou une potion pour faire pisser bleu. Au premier abord, tu as cru que ton intéressé serait celui à la moustache en brosse qui te rappelait curieusement tes heures de désespoir à consommer ton après-vie devant des séries policières aux accents américains. Et puis tu as rapidement placé que si tu devais en découdre avec quelqu’un, ce serait avec madame. C’est que tu as pris quelques minutes pour tâter le terrain, et qu’il n’aura sans doute pas fallu beaucoup plus pour comprendre qui commandait sur place. Qui elle était, tu n’en savais rien – ni son nom, ni son statut, ni son sang-froid en cas de phénomène paranormal. Mais concernant ce dernier point au moins, tu serais fixé assez vite. Tu considérais ton approche, est-ce qu’il valait mieux pour toi de faire grincer les portes et taper sur les murs, de lui demander au creux de l’oreille si elle était de la famille du pendu, ou de lui apparaître franchement, ébouriffé et vaporeux ? Certainement, il valait mieux que tu t’appliques si tu voulais une chance de la faire déguerpir quand elle se sentait déjà presque chez elle, mais tu partais avec un score en négatif et une patience déjà très entamée. Donc, tu as choisi l’option la plus logique : tu t’es trouvé une feuille lignée et un stylo plume, et dans ton usuelle écriture bouclée toute en finesse tu y as poliment écrit « Je vous prierais cordialement de décarrer de chez moi. » Et puis, quand tu t’es assuré que madame passait seule dans une pièce, tu t’es appliqué à claquer violemment la porte après elle, et à lui plaquer ton papelard dans la figure. Pas sûre de l'effet - ma parole, la vie de fantôme ça devrait être fourni avec une notice.
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L. Axelle Pritchard
L. Axelle Pritchard
MESSAGES : 20
RACE : Humaine, chasseuse
MÉTIER/ÉTUDE : Expert archéologue en œuvres d'arts. Elle fait parfois office de commissaire priseur, et est également qualifiée en restauration.

Et hop, tu t’envoles, comme dirait Peter Pan. A bord d’un énorme oiseau de fer, l’archéologue, en première, forcément, déguste une coupe de champagne. Bordel de merde, quelle vacherie… Si, extérieurement, elle est tout ce que doit être une femme bien élevée, avec son tailleur hors de prix et des cheveux si beaux, si soyeux, qu’ils semblaient sortis tout droit d’une pub L’Oréal –parce qu’elle le vaut bien-, intérieurement, elle peste comme le charretier qu’elle est. Saloperie d’Irlande, saloperie de Bray, saloperie de fouilles, saloperie de famille, saloperie de Sayanel ! Axelle rouspète, avant même d’avoir mis le pied à terre. Rien que l’idée de refoutre les pieds à Bray lui colle de l’urticaire. Comme si son dernier voyage n’avait pas suffit. Elle avait été « la dame en noir » de l’enterrement de son aîné, Gadreel, à la gueule de l’éternité duquel elle avait craché. Muette et discrète durant l’office, elle n’avait même pas salué ses connards de parents, ni son lâche de frère restant. Elle s’est contenté d’attendre qu’ils décarrent, et s’était rendue sur la tombe de son frère, voilette de deuil devant les yeux, consciente que ce genre de cérémonie n’a strictement rien à voir avec une veillée funèbre irlandaise, preuve que les Pritchard sont des imposteurs.

« Repose en paix, enfoiré. » Elle a lancé, à la tombe de son grand-frère, avant de taper avec calcul sa clope du bout de l’index pour que des cendres remplacent l’habituelle rose jetée dans la fosse. Axelle n’a pas pardonné Gadreel de son vivant, elle ne le pardonnera pas dans sa mort. On peut dire beaucoup de choses à propos de cette sale race d’Axelle Pritchard, mais certainement pas qu’elle est hypocrite. Aussi, rien d’étonnant à ce qu’elle n’en ait strictement rien à cirer de savoir qui avait tué l’aîné de la fratrie, et donc à ce qu’aussitôt le corps froid et mis en bière, elle reprenne le premier avion pour New-York.

Et la voilà, sur le point de revenir dans le petit village où ses connards de parents, à tout le moins, sont venus s’installer, il y a des années. Gadreel habitait là aussi, sans aucun doute. Peut-être même Sayanel. Comme une parfaite petite famille. Rien que l’idée la ferait gerber. Le fait étant que… Les découvertes pouvant être faites sur place valent leur pesant de cacahuète, et que si sa fierté devait la priver d’une découverte majeure… Elle en serait malade. Alors, bon gré, malgré, elle arrive sur la fin et fait ce qui doit être fait. Elle déménage. Pour plusieurs années au moins.

Pas question de négliger son confort, cependant. Ses ressources le lui permettent. Par internet (cette magie à l’état pur), Axelle a donné les directives essentielles. Grande propriété, grand jardin (il faut au moins ça pour Néron et Titus, ses deux énormes Kangals), plusieurs chambres, un bureau et un endroit où exposer ses propres trouvailles et découvertes. Des reliques, ou objets qui pourraient être magiques. Elle ne se voyait pas les laisser sans surveillance à New-York. Tout cela, chiens compris, la précède de peu dans le manoir remis à neuf pour l’occasion. Si les dents de la dame crissent quand les roues touchent le tarmac irlandais, elle se fait violence et ravale sa bile.

C’est Marc, son majordome, qui la réceptionne et la conduit jusque son nouveau chez elle. Habitué à l’humeur inégale et souvent soupe au lait de sa boss, il s’abstient de lui demander comment s’est passé son vol, et se contente de lui dire que les chiens semblent s’être acclimatés à leur nouvel environnement. « Bien. » est la seule réponse qu’il reçoit, Axelle le nez dans des paperasses à n’en plus finir et ayant bien autre chose à foutre que de taper la causette.

Constater, à son arrivée, que tout est déjà installé, est un soulagement et en même temps… L’Irlande, quoi ! Le visage d’Axelle demeure impassible alors qu’elle passe le portail, ses chiens courant dans l’instant dans sa direction en remuant la queue. Disciplinés, ils s’assoient tous les deux devant elle, récupèrent chacun leur gratouille, et retournent à leurs occupations. Les kangals sont de formidables chiens de berger, très territoriaux, parfaits pour garder « leur troupeau » et leur territoire, mais leur taille astreignent les maîtres à une poigne de fer. S’ils sentent la moindre faiblesse, ils auront tendance à prendre le dessus, surtout à deux, et ne manqueront pas de faire du maître leur pute. Evidemment, avec Axelle, ils peuvent toujours courir.

Quoiqu’il en soit, la blonde caractérielle se presse d’entrer dans le manoir. L’avantage de cette bâtisse, c’est qu’elle n’est pas trop proche de la ville, pas trop proche des voisins… Bref, si elle le souhaite, la Pritchard pourra éviter de sociabiliser avec des grouillots. A peine le pied dans la maison, Sarah, son assistante, fait irruption, dossier en main. « Ah, madame, vous voilà… » D’un geste de l’index, Axelle la réduit au silence. « Plus tard, Sarah. Merci. » Il faut dire, la blonde est jet laguée, et pas qu’un peu, et elle a la tête dans un seau, ce que comprend sans peine l’assistante. « Je vais vous préparer un peu de thé… Relevé. » Ah, enfin. Enfin, Axelle sourit, un peu. « Merci Sarah. »

Tout, absolument tout, dans l’attitude de la dame, trahit qu’elle est une bitch. Mais il y a plusieurs types de bitches, non ? Madame est du genre « sévère mais juste ». Caractérielle, en somme, qui paie bien et rend à César ce qui lui appartient. Sarah reste avec elle parce qu’elle sait que la dame ne lui fera jamais de coup en traître tant qu’elle ne la trahit pas et la soutiendra dans sa carrière, quant à Marc, lui… Et bien elle lui a tout simplement sauvé la vie, en réponse de quoi, il s’est décidé à se mettre à son service. Quoiqu’il en soit, avoir deux personnes aux petits soins pour elle est un minimum.

Marc, d’ailleurs, est celui qui lui fait faire le tour de la maison et l’informe des transformations et travaux qui y ont été faits. « Des informations sur le propriétaire précédent ? » Le Majordome secoue la tête négativement. « Non. L’agence a juste trouvé la meilleure offre sur le marché. » Axelle hausse un sourcil, dubitative. Même nue, par elle-même, sans prendre en compte le cadre, le manoir devait valoir une somme. Il faut toujours se méfier des offres bon marché. C’est ce que se dit la blonde, en tous cas, juste au moment où, en train de jeter un œil aux rayonnages de sa toute nouvelle bibliothèque, une porte claque et un prospectus se colle sur son museau.

Elle n’a plus l’âge d’avoir peur à cause des claquements de porte. Elle n’a, en fait, plus l’âge de se surprendre de rien, principalement parce que… Et bien, elle n’en a rien à foutre de mourir, et surtout, Axelle est pragmatique à crever. La panique, elle ne connaît pas. Avant de réagir, elle intellectualise, absolument tout, ce qui donne l’impression qu’elle est la personne la plus blasée qui soit (ce qui est peut-être vrai). Quoiqu’il en soit, elle a retiré le papier de sa figure et est en train de le lire quand Marc rouvre la porte. « Fichu courant d’air… » Il grommelle, mais Axelle, à la lecture de la note, n’est vraiment pas persuadée qu’il s’agisse d’un courant d’air.

Avec son allure toujours aussi autoritaire, l’archéologue se tourne vers son majordome. « Marc, veuillez me trouver tout ce que vous pourrez sur les anciens propriétaires, s’il vous plaît. Et dîtes à Sarah, en passant, que je vous veux tous les deux le moins possible ici pour la semaine à venir. Prenez le temps de reconnaître les environs et de vous faire à ce nouvel environnement. Vous me rapporterez ce qu’il en est. » Elle sourit, gentiment, déjà soulagée de se retrouver bientôt seule… Ou presque. Marc hoche la tête en signe d’assentiment, et abandonne sa patronne qui se sort une clope, qu’elle allume, nonchalante, avant d’allumer du bout incandescent de sa cigarette une bougie… Sur la flamme de laquelle elle vient faire brûler la note qui lui a atterri dans la figure. « Si tu veux t’battre mon cono, tu seras pas déçu. » Elle lance, sans trop de force, à la cantonade, en cherchant clairement à provoquer… Quelque chose. A ce stade, elle n’est sûre de rien, mais elle ne prendra aucun risque, et elle ne va certainement pas se laisser marcher sur les pieds par une saloperie de fantôme ! Raison pour laquelle elle quitte la bibliothèque, la tête haute et le nez en l’air, en roulant des hanches, comme celle qui est chez elle… Puisque c’est le cas, non ?
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Basil Egerton
Basil Egerton
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Passée ta prégnante mauvaise foi, l’inventaire du personnel est vite fait. Tu dénombres en tout et pour tout deux employés, que tu ne te prives pas d’étiqueter respectivement comme bonniches 1 et 2 ; s’ajoutent aux effectifs la propriétaire et deux bestiaux de la taille d’un petit ours qui t'auraient piétiné sans une once de difficulté eus-tu été vivant. Sur le fond, ce n’était rien qui aurait dû te déranger : tu appréciais plutôt bien les chiens, assez en tout cas pour en avoir fait l’acquisition toi-même, et tu ne pouvais nier que ton cousin s’était vu gracieusement refourguer tes tâches ménagères pour le plus clair de tes années à Bray. Il y avait pourtant un monde entre Mary, ton abrutie de beagle minuscule qui se fracassait le museau dans tes godasses de façon quasi-systématique, et les deux molosses dressés qui devaient engloutir entre eux l’équivalent en viande d’un cheval par semaine. De la même façon, il fallait bien l’admettre : il y avait bien peu de similitudes entre le service impeccable d’un personnel rémunéré et choisi sur la base de ses compétences, et la bienveillance spontanée de ta propre fée du logis qui s’inquiétait surtout de ne pas te laisser te contenter d’une alimentation à base de thé et de porridge aux épices. Quelque chose dans cette nouvelle façon de faire te déplait lourdement – sans doute par réminiscence du foyer qui t’avait fait naître une cuillère en argent entre les gencives. Par esprit de contradiction, tu faisais montre d’haïr les démonstrations d’opulence et l’argent ; un dire bien hypocrite, soit dit en passant, de la part de quelqu’un qui avait eu l’opportunité d’en profiter toute sa vie. C’est que tu avais fait un monde d’efforts pour te détacher de tes culs-pincés de parents, et tu trouvais extrêmement pompeux que d’embaucher à plein temps pour se faire aider à vivre par seul refus de s’abaisser sous son ego – ça et se donner de l’importance, qui étaient bien les seules raisons des susnommés pour embaucher qui que ce soit. Pourtant là encore, tu ne te passais pas non plus de multiplier les basses fréquentations pour leur refiler ton linge sale, et d’autant plus à présent que tu n’avais plus autant de prise sur la réalité, mais quelque part tu aimais mieux la loyauté d’un mental manipulable à celle d’aucuns faisant varier leur humeur en fonction du chiffre sur le bifton. En TL ;DR, c’était dire que tu jugeais la nouvelle propriétaire sur le fondement de tes biais personnels, avec mauvaise foi toujours et l’agacement du nombre, comme tu n’avais jamais apprécié de voir très peuplée une demeure où tu avais pris l’habitude de planquer un bon paquet de saloperies des yeux de la justice, et d’éconduire les curieux à versées de poudre de fée aux quatre vents.
Et la propriétaire, parlons-en : elle aussi te donnait l’effet d’un cul-pincé, quoique d’un cul-pincé acquis plutôt qu’inné. De là à dire qu’elle te rappelait ta mère – elle n’était pas encore assez vieille, ni assez laide, pas assez hautaine et détestable et de toute évidence elle n’avait pas les doigts suffisamment crochus pour se rendre comparable à la Baba Yaga qui t’avait rempli de suffisamment de rancœur pour tenir plusieurs existences. Ceci étant posé, il ne t’avait pas fallu plus qu’un coup d’œil et ce contexte particulier pour la trouver hautement insupportable. Sa démarche t’irrite, sa voix t’horripile et tu es rapidement torturé par le besoin viscéral de critiquer ses choix d’ameublement. Sur la base de très peu de choses d’ailleurs, parce que tu te foutais pas mal de la couleur des tapis et tu appréciais généralement une organisation fonctionnelle – mais tu ressentais le moindre changement comme une manière de t’évincer, d’étrangler hors de toi le moindre petit souvenir qui te rattachait à une existence dont tu refusais de faire le deuil. Tu ne pouvais même pas t’amener à considérer ce qu’elle ferait de ton sous-sol – probablement quelque chose d’absurdement banal, comme un cellier pour pendre ses gousses d’ail ou une cave à vin dont se vanter en société. Quoi qu’elle décide, tu ne comptais pas laisser faire le sacrilège ; pour l’heure cependant, tu t’inquiétais plutôt de t’en faire une idée, de la cerner de loin pour trouver ton angle d’approche. Elle t’était encore une parfaite inconnue mais tu avais l’assurance que tôt ou tard, elle abaisserait sa garde et te laisserait voir à son insu quelques faiblesses. Après tout, c’était tout l’intérêt d’un chez soi que de s’y mettre à l’aise : toute aussi autoritaire qu’elle pouvait être quand elle était aux commandes, elle n’était pas pour autant une IA programmée et tout le monde avait son point de rupture. Or en ce qui te concerne, tu pouvais te vanter d’avoir poussé à bout un certain nombre de grandes personnes au point d'en être mort. Tu étais passé maître dans l’art de malmener les nerfs bien plus que dans celui d’être terrifiant, alors s’il fallait aller se battre, ce serait sûrement sur ce terrain qu’il te faudrait jouer – et tu savais par avance que tu en sortirais vainqueur, considérant que tu avais devant toi une éternité de plus qu’elle.

Le premier contact était donc plutôt l’équivalent d’une présentation, une façon de tâter le terrain et de lui laisser une chance de reconsidérer son installation, mais tu ne t’attendais pas vraiment à la faire déguerpir d’un message après autant de travaux. Avant que tu aies la chance de te manifester pourtant, tu te retrouves déjà dans son discours tandis qu’elle prospecte quelques informations – et tu apprends par là-même qu’elle ignore autant ton identité et les raisons qui t’avaient amené à quitter les lieux que les rumeurs selon lesquelles la bâtisse serait encore hantée. Elle n’était donc pas supposément préparée à se confronter à une rencontre frontale avec l’au-delà ; pourtant, ta première manifestation ne semble lui faire ni chaud ni froid. D’un autre côté, tu y avais mis un certain nombre de politesses qui ne suffisent pas non plus à la rendre aimable. Autrement dit, elle collectionnait le plus désagréable des deux mondes. Marc, veuillez me trouver tout ce que vous pourrez sur les anciens propriétaires dit-elle en te faisant rouler des yeux. Ce serait quand même beaucoup plus simple de te poser directement les questions. Tu n’étais pas convaincu que ses trouvailles seraient très fiables, fondées certes mais trop imprécises à ton goût. Après tout, la plupart de tes exploits était proprement tenue secrète et comme tout autre fait divers, tu avais nourri un certain nombre de bavardages et d’élaborations fantaisistes de la bouche de ceux qui lisaient encore le journal local. Pour le coup, s’il y avait bien un domaine où ton ego était sensible, c’était bien celui-là – et tant mieux, finalement, que tu ne sois jamais passé devant le tribunal, parce que tu aurais eu l’air fin à corriger en audience la moindre supposition aberrante et la moindre erreur de datation.
Sur une note plus enthousiasmante, madame débarrasse les lieux de ses bonniches pour la prochaine semaine. C’est sans doute un peu flatteur de pouvoir te permettre d’accaparer toute son attention et tu te satisfais d’avoir moins de gêneurs à supporter. Là-dessus, tu la retrouves en seule-à-seul, et sur quelques démonstrations de pédantisme ridiculement élaborées, elle te donne l’équivalent d’un refus officiel et catégorique en faisant brûler ton ultimatum. En fait, elle t’invite même à la bagarre en t’abandonnant sur un roulement du cul dans une salle remplie d’ouvrages avec une bougie qu’elle a préalablement allumée elle-même – ce qui n’était sans doute pas la combinaison de décisions la plus intelligente à prendre. L’irritation vive devant sa provocation se meut donc rapidement en un sourire goguenard, alors que tu retires des étagères un livre quelconque. La tentation de le lui lancer à l’arrière du crâne se fait aussi très tentante, mais histoire de marquer le coup tu décides de partir sur ce qui était le plus susceptible de devenir spectaculaire. Puisqu’elle aime tant brûler du papier, tu amoncelles un petit tas de livres ouverts au pied de la bibliothèque, le parfait combustible que tu allumes à la flamme de la bougie, et pour laisser le temps au feu de se propager suffisamment pour que ce soit intéressant, tu fermes la porte derrière le crime et t’élances à la poursuite de madame, à dessein de faire plus ample connaissance – et la distraire quelques minutes.
Ton manoir a beau avoir été défiguré, il ne te faut pas long pour remettre la main sur elle. Tu te demandes si elle a continué à te parler en ton absence, en partant de la supposition que tu allais lui coller aux basques. « Hé. » Tu l’appelles comme un chien puisqu’elle n’a pas voulu de ta cordialité. Là-dessus, tu quittes l’invisible dans ton éternel complet noir d’enterrement, trop court sur les chevilles à cause de tes jambes d’échassier, dans une posture désinvolte qui trahissait une certaine rigidité d’apprentissage - tiens-toi droit sale gosse. Tu ne vois pas ce que tu risques à la laisser te voir, de toute façon elle ne t'intéresse pas et tu n'as pas grand-chose à perdre. « Loin de moi l’envie d’être désagréable mais au risque de me répéter, j’aimerais que tu ramasses tes cliques et tes claques et que tu quittes cette propriété. » Passons sur le choix douteux de vocabulaire et sur l’incohérence entre le fond et la forme – ta mine grimace de juste la regarder. « Et je le dis gentiment : j’ai bien compris que tu voulais te disputer mais ce serait quand même dommage que tu te réveilles un matin avec la tête de ton chien devant la porte et le reste en guirlande dans le jardin. A choisir, je préfèrerais que l’on se quitte en bons termes. » Cette fois encore, le ton était sensiblement trop usuel pour faire correctement peser la menace – qui était pourtant bien réelle. Tu ne t’arrêterais à rien de moins pour te réapproprier ce qui, à ton sens, te revenait de droit. Et puis au moins, l’échange était officiel : tu lui laissais cette opportunité de s’adresser à toi directement, avant que tu ne mettes la machine en marche. Même si, d’accord, elle était déjà lancée, à quelques couloirs de là.
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L. Axelle Pritchard
L. Axelle Pritchard
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La vie d’Axelle aurait-elle dû être écrite par Andrzej Sapkowski, elle serait sans aucun doute née sous la malédiction du soleil noir, et se serait, sans aucun doute, tapé un Géralt qui se serait souvenu tout du long de sa pénible existence du confortable et de la douceur de la poitrine de la dame. Malheureusement, s’il est indéniable qu’Axelle est une poissarde comme on en trouve peu, elle n’a même pas un petit Géralt canon à se mettre sous la rien, rien, à part un fantôme dans ses murs. Oh, elle n’est pas démunie, loin de là. Des façons de lui pourrir la vie, à ce parasite, elle en a au moins un million qui se sont succédées sur les trois pas qu’elle a faits depuis qu’elle a quitté la bibliothèque… Mais ça n’est pas une raison. Ça l’emmerde quand même. Parce que c’est chiant. Parce qu’elle va devoir jouer du tromblon à sel, et que ça la fait chier. Son revêtement de mur est tout neuf, toute la déco vient d’être remise à neuve, et l’idée de canarder du gros sel un peu partout dans cette maison ancienne, sel qui se glissera sous ses chaussures et rayera son parquet, ou fera de petits impacts dans ses murs et ses meubles… ça la débecte. Le fait que ce parasite soit déjà mort n’enlève rien aux envies de meurtre d’Axelle.

Par ailleurs, la chasseuse a pour ambition de transformer sa cave en zone à atmosphère contrôlée, pour pouvoir y stocker ses livres les plus anciens et plus précieux, ainsi que nombre d’antiquité de sa propre collection que ça la peinerait de voir volées ou détruites. Connaissant la propension des fantômes à balancer tout ce qu’ils peuvent à la gueule de ceux qui ne leur reviennent pas, comme le sien avec son foutu prospectus plutôt que de le lui mettre dans les mains par exemple, la présence de cet indésirable contrarie la chasseresse plus que de raison. Elle non plus n’a pas envie d’être aimable. Elle n’a déjà pas la moindre envie d’être à Bray. Elle se trouve une maison relativement potable pour le temps de son chantier, et v’là’tit pas qu’elle est habitée par un emmerdeur ! La patience de la blonde frôle dangereusement ses limites… Mais, pour l’instant, elle gère encore relativement, a encore au moins un peu de marge pour ne pas se mettre à hurler et à courir partout derrière ce nuisible avec son fusil à double-canon.

Ça aussi, ça avait été toute une histoire pour faire venir plusieurs de ses armes des States à Bray… Elle ne compte plus les douanes, le nombre d’exemplaires qu’elle a dû fournir de son permis de port, les législations qu’elle a dû apprendre par cœur (merci à sa mémoire eidétique) et ce genre de conneries pour lui permettre d’avoir un petit arsenal confortable chez elle. Encore un truc à protéger du parasite.

Bref. Quoiqu’il en soit, il ne sera pas dit qu’elle ne se défoulera pas, au moins un peu, aujourd’hui. Salut la bibliothèque, bonjour sa chambre. La porte coulisse, elle tape rapidement le code du coffre fort qui en occupe toute la partie droite, et en tire, avant de le refermer, un fusil à pompe. Le « Hé » lui fait tourner la tête, et immédiatement charger la bête qui crache le sel d’un seul mouvement de main, comme dans les films. Avec l’aisance de celle qui a l’habitude, elle colle la crosse contre son épaule et son œil dans le viseur, qu’elle aligne avec la tête du fantôme pendant qu’il parle. Si elle commence par hésiter à tirer sans sommation… Elle tire quand même, pour la route. Il n’avait qu’à pas menacer ses chiens. Certes, elle sait pertinemment qu’il ne peut faire aucun mal, ni à eux, ni à elle, ni à ses employés, mais c’est pour le principe. On ne menace pas ses bêtes.

Sitôt sa cartouche tirée, Axelle rejoint là où se trouvait le fantôme, qui n’est plus là, forcément. L’a-t-elle eu ? C’est que ça disparaît vite ces machins... Arme en joue, elle reprend le couloir qu’elle entend suivre… Jusqu’à repasser devant la porte de la bibliothèque, de sous laquelle s’échappe de la fumée. « Putain de merde ! Enfoiré ! » Elle jure. Fusil glissé dans son dos grâce à la sangle d’un geste, elle se rue sur le premier extincteur du couloir (on dit merci aux normes strictes régissant ces vieilles bâtisses), et revient ouvrir la porte d’un coup sec, extincteur dégoupillé et poigne resserrée, faisant jaillir un torrent de mousse sur le départ d’incendie. Heureusement pour elle, le feu n’a pas eu le temps de grossir assez pour la toaster d’un appel d’air. N’importe. Axelle arrose copieusement jusqu’à être certaine que pas la moindre braise ne survive.

L’incident « maîtrisé », elle soupire profondément en reposant l’extincteur. « Bon… Aux grands maux, les grands remèdes. » D’un geste indolent, elle dégaine son téléphone. « Allô ? Marc ? Oui. Tant que vous êtes en ville, pourriez-vous passer chez un quincailler ou n'importe pour vos procurer des sacs de gros sel s'il vous plaît? Une demi-douzaine de sacs, pour commencer, ça serait bien... » Elle en mettrait partout, dans toutes les pièces si elle le doit, mais hors de question de laisser cet enfoiré de fantôme aller et venir en liberté!
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