❝ Rencontre entre Diane & Dagda ❞Ma chère Diane...Micheline me regardait ! Cela me motiva d’autant plus pour décamper. Elle avait un de ces regards… Il était là son côté Gérard. Au moins, les fleurs avaient un beau succès : la surprise des lames au milieu étaient ce qu’il y avait de mieux ! Elle siffla même d’admiration, gonflant par la même occasion mon égo. J’avais mis des années à me perfectionner là dedans, une sorte de passion un peu idiote que mes parents avaient au moins un peu encouragée. Mais lorsqu’elle me demanda si je les avais fait après ma libération, je répondis que non, c’était d’avant, quand j’étais encore adolescent. Je n’avais pas réussi à m’y mettre, à mon retour. C’était compliqué de manier des couteaux à présent, après ce que j’avais fait la dernière fois que j’en avais touché un. Du coup, je ne mangeais qu’avec la fourchette, essayant de couper avec, ou bien en gobant tout entier ce qui ne voulait pas être mis en morceau. La viande par exemple - ce qui expliquait pourquoi j’en mangeais moins… Et pourquoi des lasagnes, ça m’arrangeait tout particulièrement.
Après l’avoir complimentée - un peu à ma façon - elle sembla me retourner le mot. Bien évidemment que j’étais mieux en vrai. Les photos de toute façon, j’avais toujours un air de psychopathe dessus. Je n’aimais pas ça du tout. Quand ça ne me donnait pas un air totalement stupide… Comme par exemple sur ma photo de prisonnier, le dossier me fichait juste les poils en l’air, sérieusement ? Ils pouvaient pas en prendre une mieux ?! Mais à sa dernière question, je répondis un peu sarcastiquement :
”Comme toutes les femmes, évidemment que tu m’as fait attendre trop longtemps. C’était terrible, déjà qu’il y avait Micheline… T’es bien comme ma mère, en fait. Genre, je passe 40 minutes à l’attendre, alors qu’elle me disait il y a bien ces 40 minutes on y va.”
Allez, on commence petit à petit à devenir infect, juste pour lui faire lever ce sourcil. L’échauffement… Et après on sera nettement plus efficace. Eh ! Nervosité du premier rendez-vous, non ? Tellement nerveux que même ses regards discrets vers son sac ne tiltent pas dans ma tête. Et puis de toute façon, j’avais quasiment décrété à l’âge de seize ans que j’étais devenu trop vieux pour les cadeaux - que désormais, je voulais du flouze. Des espèces sonnantes et trébuchantes. Pour acheter ce que je voulais. Sans vraiment leur avouer qu’une partie de ces thunes finançaient mes soirées avec James, par exemple. Ah, putain, pas penser à James dans un moment pareil !
Au moins, Diane eut la bonne idée de me lancer sur le sujet de mes couteaux. Elle me demandait pourquoi j’avais fait autant de dragon… Il y avait une raison à cela. Bon j’allais passer certains détails sous silence, surtout que j’étais censé avoir fait ces couteaux sur commande du père de James. Enfin, c’étaient les premiers jets de ce que je lui avais donné. Il voulait les offrir à des membres de l’OBCM.
”En fait, le père d’un p-pote m’avait demandé d’en faire. Et il voulait y mettre un p’tit message caché. Regarde !” Je pris un des couteaux pour lui désigner de plus près les écailles des dragons. Je ne savais pas si elle faisait partie de cette organisation ou quoi, mais si c’était le cas, c’était une alliée, sinon… Elle ne verrait même pas de quoi il s’agissait. Mais je préférai mentir quand même. ”Ceux-là, c’étaient les premiers jets, les tests. J’essayais de cacher les mots qu’il me donnait, et j’avais tenté avec des lettres à la con un peu. Et les dragons, y’a plein d’écailles. Pratique. Et c’est classe. Même si en soit, je m’en fiche un peu des dragons. En soi… J’ai dû bosser un mois dessus ? Quasi tous les soirs ?”
Si le fameux défi de nos lettres à propos du haussement de sourcils ne m'était pas revenu en tête quand Dagda a commencé à râler, j'avoue que j'aurais pu m'y faire prendre. Au lieu de ça, je hausse les épaules en me contentant de répondre :
-Comment pouvez-vous nous en vouloir ? Nous savons bien que quelque soit notre retard, votre galanterie naturelle vous poussera toujours à attendre dehors dans le froid. Alors on en profite ! Ça nous donne l'occasion de nous faire mousser un peu. Et pour Micheline... Disons qu'au moins elle aura pu profiter d'une belle vue un moment !
Pas forcément excellent comme répartie mais étant un peu prise de court, je n'ai pas vraiment de réponses en tête et je ne peux pas me permettre de ne rien répondre après une telle pique. Question d'honneur ! Et si j'arrive à faire hausser ses sourcils avant les miens, ça ferait toujours ça de gagner. M'enfin, il va falloir quelques échanges avant que je ne sois tout à fait dans le bain de la taquinerie odieuse.
Une fois ce petit échauffement envoyé, le sujet revient bien vite sur les couteaux. Dagda me montre des petites lettres gravées et dissimulées au milieu des écailles des reptiles. S'il ne me les avait pas montrées, je doute que j'aurais réussi à les repérer. Il est plutôt doué ! O...B...C...M. Je me demande pourquoi il a pris ces lettres. Sa théorie des lettres aléatoires pour s'entraîner explique plutôt bien. À sa place, j'aurais plutôt signé avec mon nom histoire de m'approprier le chef-d'œuvre mais bon. En tout, cas quand il dit avoir passé toutes ses soirées dessus pendant un bon mois, un "aoutch!" s'échappe de mes lèvres. Si j'adore la coutellerie, je ne suis pas prête de m'y mettre ! Je n'aurais jamais la patience de ciseler des manches comme ça pendant plusieurs dizaines d'heures. Enfin, sauf s'ils sont en pierre peut-être, je me demande si je pourrais faire des sculptures fines et complexes comme celles-ci avec mon pouvoir ? Je n'ai jamais essayé de l'utiliser ainsi. Enfin si, quand j'étais petite après avoir vu un film de noël quand j'ai vu des enfants faire un bonhomme de neige et que j'ai voulu essayer à mon tour mais qu'à défaut de neige grâce au climat irlandais, j'ai pris des pierres comme substitut à la neige. Ce devait être la seule fois où je me suis essayée à au modelage de pierre. Ça m'a tellement coûté d'énergie de creuser petit à petit pour dessiner un visage de bonhomme dans le caillou que je me suis évanouie. Depuis, je n'ai pas osé retenter l'expérience. Même si une bonne vingtaine d'années sont passées entre temps. Me concentrant à nouveau sur le couteau et sur le doigt de son créateur qui révèle un à un ses détails cachés, je commence à promener mon regard sur l'autre dragon et y découvre les même lettres cachées. Maintenant que je vois comment il s'y est pris pour cacher ces éléments, la technique de Dagda ne fais plus trop illusion. Par contre, je suis surprise de revoir les mêmes lettres dans la deuxième créature. OBCM... Curieux, ça ne ressemble pas à des initiales, surtout venant d'un Dagda Fitzpatrick. Aucune lettre ne concordait. Intriguée, je décide de le titiller un peu à ce sujet, histoire d'en savoir un peu plus.
-Quitte à faire des lettres, tu aurais pu signer de ton nom. Comme ça le jour où tu serais devenu célèbre, on aurait pu en tirer un bon prix ! À moins que tu ne connaisses quelqu'un de connu dont ce serait les initiales ?
Sans quitter l'objet du regard, je guette du coin de l'œil une éventuelle expression indignée. Aller petit sourcil, tu n'as pas grand-chose à faire, lève-toi un bon coup et tout sera fini !
Et non, rien du tout... Devant l'échec de ma manœuvre, j'ajoute alors plus sincèrement :
-En tout cas, tu t'en tires bien avec la calligraphie. Je serais curieuse de voir à quoi ressemble les autres lettres.
Je me dois bien d'être sincère après tout. Le travail de Dagda mérite bien qu'on lui rende un peu honneur. S'il traçait déjà des motifs comme ça dans son adolescence, j'ai hâte de voir ce qu'il fera après sa formation et quelques années de pratique. Vu le ton de la conversation, je ne l'avouerais pas tout de suite cela dit. Si je me mettais à l'admirer comme une maman poule vante le travail de son enfant chéri, je risque de lui donner matière à me rétorquer de sacrés sarcasmes.
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