no matter what, they always had each other (fitzwilliams)

Doucement, Isis abaisse ses paupières sur ses yeux. Cela l'aide à se concentrer, non pas parce qu'un quelconque reste fantômatique de vision l'en empêche, mais parce que cela la réchauffe et la renferme sur elle-même. Elle laisse sa respiration s'apaiser tandis qu'elle cherche à identifier la moindre sensation. Son pantalon de sport, en toile fine, volette autour de ses jambes et caresse son mollet droit. L'élastique est superposé à la couture de sa culotte du même côté, c'est assez désagréable maintenant qu'elle en prend conscience, mais elle reste immobile. Son débardeur est en matière synthétique et lui colle à la peau. Elle a apprit à apprécier cette seconde peau au fil des entrainements, elle qui ne supportait que le coton à une époque. Les suppliques de Freyja, qui voulait qu'elle diversifie sa garde-robe, n'y sont probablement pas pour rien. Sa conscience remonte, parcourt ses bras nus. Un courant d'air la chatouille et elle esquisse un sourire sans le contrôler, avant de se reprendre. Une nouvelle inspiration profonde lui permet d'explorer le cou et la tête, là où elle a le plus de mal à identifier ce qu'elle ressent et l'endroit précis. Un frisson lui parcourt l'échine, elle sent presque les petits poils duveteux et invisibles se dresser le long de sa colonne vertébrale. Une expiration lui permet de projeter sa conscience autour d'elle. A sa droite, elle sait qu'il y a un mur, à moins de deux mètres d'elle. A sa gauche, elle sent ses deux sœurs qui s'échauffent à leur façon. Un sourire apaisé étire ses lèvres, qu'elle ne retient pas cette fois. En n'importe quel instant, savoir que Gaïa et Freyja sont à proximité est une source de sérénité pour la jeune femme.
Lentement, sans se départir de son sourire, Isis rouvre ses yeux et révèlent ses iris noires comme un ciel dépourvu d'étoiles. Elle laisse son long corps se plier en deux, appréciant la légère tension dans le bras de son dos, l'étirement des muscles de ses cuisses, la mollesse de ses bras qui pendent sans chercher à atteindre la pointe de ses pieds. Sa main droite resserre sa prise sur son cinquième membre, la longue canne qui lui sert à se repérer et à se déplacer. Son sourire se teinte d'une pointe d'amusement à l'idée des coups qu'elle peut donner avec cette arme imprévue. Au début, ses sœurs se plaignaient de ce qu'elles considéraient comme un avantage. Mais leur instinct protecteur envers leur frangine aveugle est bien plus fort que leur envie d'équité dans leurs entrainements aux combats et aux arts martiaux. Isis ne manque jamais d'en tirer profit, usant et abusant des deux mètres qu'elle peut atteindre avec sa canne de vision. Une fois son corps vaguement détendu, elle se redresse et se tourne vers sa fratrie. « On fait quoi aujourd'hui ? » questionne-t-elle de sa voix douce. Elle est particulièrement attentive aux fluctuations de l'air autour d'elle et au son du glissement des pieds de ses sœurs sur le parquet, audible pour elle au dessus de la musique qui résonne doucement dans la pièce. Sa respiration calme et son sourire enthousiaste ne la quittent pas, mais elle resserre ses doigts sur le manche de sa canne, prête à réagir à la moindre provocation. Elle adore s'entrainer avec ses sœurs.