Je répondis avec un sourire à Vali qui se voyait obligé de refuser le bout de gâteau à Woody. Il aimait beaucoup le chien, et c’était réciproque, c’était évident. Woody attirait beaucoup la sympathie, en général. C’était un chien bien dressé, affectueux, qui faisait attention aux gens. Il avait été élevé et formé ainsi. Mais en général, ça attirait les gens. Ca rendait plus faciles mes premiers contacts, d’ailleurs. Mon meilleur allié était plein de poils.
« Euh … C’est pas que je ne te crois pas hein mais j’espere que ton instinct a tord … Je veux dire ouais peut etre que Adam est un peu bizarre mais je suis sur qu’il est pas aussi froid qu’il veut faire paraître. »
De toute évidence, Vali ne voulait pas m’écouter. Je ne pouvais que le comprendre, mais quand même. Ca me faisait mal au cœur. Parce que je savais ce qui allait arriver, et j’aurais voulu lui éviter tout ça, le plus vite possible. Il ne méritait pas d’être trahi ainsi. Mais aujourd’hui, je n’arriverais à rien. Je l’avais mis en garde, je ne pouvais pas faire grand-chose de plus. Il était hors de question que je lui révèle mes capacités d’Oracle. C’était trop dangereux. J’aimais bien Vali, mais pas au point de partager ce secret. Alors tant pis. Je souris.
« J’espère aussi. Allez, c’est rien, de toute façon. Je suis contente que tu aies trouvé un endroit sympa où vivre. »
C'était faux, mais que pouvais-je dire de plus? Je bus une gorgée de café.
« Bon, et sinon, tu ne devineras jamais qui j’ai vu l’autre jour ! »
Le plus simple était de changer de sujet, et de laisser tomber le cinéma. Je pouvais maintenant me permettre d’être moi-même avec Vali, de reprendre une conversation normale. Le café dura plus longtemps que prévu, mais il fut agréable. Pas une victoire, loin de là. J’espérais avoir encore le temps, plus tard, d’aider Vali, de lui ouvrir les yeux et de le sortir de sa situation. Je ne voulais pas arriver trop tard. J’en avais assez d’arriver trop tard. Il allait me falloir de l’aide.
En sortant, je laissai Vali devant le manoir. Un frisson me parcourut le corps rien qu’en approchant cette maison. C’était probablement la paranoïa, la conscience du danger qui régnait dedans. Vali ne le ressentait pas, évidemment. Mais je sentais que même Woody se tendit et ralentit le pas en arrivant près de chez Vali et Adam. Je ne m’approchai pas trop, de peur qu’Adam me voie encore. En rentrant chez moi, je soupirai, repris un thé. Les choses étaient tellement compliquées. S’accrocher, c’était compliqué.
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