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 Patte blanche ? // Kiran

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Patte blanche ?
Kiran & Zoya



C'est comme si l’hiver ne voulait pas laisser place au printemps. La neige, décidément bien implantée avait comme figée dans son blanc manteau glacé les empreintes de toutes les vies présentes au cœur de cette somptueuse forêt. Pourtant les preuves du retour des jours meilleures ne manquent pas. Discrets, mais bien là, les bourgeons s'éveillent doucement, illuminant de leurs verts neufs la forêt qui ne se targuait alors, dans sont froid mentaux hivernal, que des simples palettes brunes ternes des arbres endormis et du blanc pur et aveuglant de la neige. Le champ nuptiale des oiseaux et les rayons printanier, de plus en plus intense, semblaient eux aussi mener leur guerre aux derniers jours froid. Et comme si cette fusion était difficile, un voile brumeux essayait de dissimuler tout cela aux yeux des non attentifs. Offrant une ambiance presque sur-réaliste. Mystique.

C'est sans aucun doutes cette percée de lumière, ce tableau on ne peut plus grandiose qui m'a rendu à la réalité. Il est facile de laisser l'animal prendre le dessus. Mais bien plus dur de devoir refaire face à ses responsabilités humaines. Les animaux ont la poétique capacité de ne pas se soucier de problèmes comme peuvent s'en encombrer les humains. C'est sans aucun doute pour cela que je n'aie pas repris forme humaine depuis... quoi ? Un mois ? Peut-être plus ?

Avec cette prise de réalité me revient donc inévitablement la cause de ma fuite. De manière plutôt brutale. Je n'étais pas préparée à en apprendre autant. Je pensais rencontrer mon père. Vivre des retrouvailles émouvantes avec lui et... c'est bien tout. Sauf que... non. Finalement, j'ai découvert une ville qui semble me connaitre bien plus que moi-même. Sur les trottoirs tristes des squares, je ne cesse de croiser des gens me saluant que je ne reconnait malheureusement pas. On me demande de mes nouvelles, des nouvelles de mon père... de ma mère. Autant de questions auxquelles je n'ai nulles réponses. Puis on me propose de sortir un soir, revoir la bande d'avant. Et moi... je panique. Je panique devant l’ampleur de mon ignorance.
Avant c'était facile. Sur les routes je n'étais personne d'autre que moi-même, en l'instant présent. Mais ici, j'ai un passé, j'ai construit quelque chose. Quelque chose qui m'a été arrachée. C'est comme si les autres, ici, avaient une emprise sur ma vie, un bonus auquel, moi, je n'ais plus droit.

Mon père... si souffrant m'a pourtant éclairée sur certains points. Mais c'est la vision qu'il avait de ma vie et je sais à quel point les autres peuvent vous voir différemment de ce que vous êtes vraiment. La preuve, des tonnes de gens voit une amie en moi, quand leurs chemins croisent le mien. Une amie d'enfance qu'ils sont heureux de revoir. Qu'ils invitent chez eux sans même douter.
Sauf que sans mes souvenirs, au final... je ne suis qu'une étrangère. Un vulgaire et simple étrangère.

Triste. Très triste.
Je ne m'y attendais pas. J'avais toujours évité de voir ma situation comme cela.
Infiniment triste et angoissante.

Mes quatre énormes pattes provoquent un crissement sur la première couche de neige gelée qui se brise sous mon poids, me laissent libre de m'enfoncer ensuite dans une tendre poudreuse. Ça complique mes déplacements, mais mes pattes puissantes semblent infatigables.
Quand j’arrête enfin ma progression, le silence semble m'envelopper comme un linceul. Perplexe-je regarde la base de l'énorme tronc d'un chêne certainement plusieurs fois centenaire. Mon sac. Avec mes toutes dernières affaires. Il devrait se trouver à son pied, sous sa digne protection. Sans ce sac, je suis clairement nue comme un ver. Sans plus aucune autre possession que moi-même.
Si j'avais été humaine, au moment de cette sombre découverte, j’aurais sans aucun doute paniquée et j’aurais vomi ma rage en grelottant de froid. Sauf que je suis tigresse et la tigresse ne perd pas de temps pour ce genre d'enfantillage. Non elle... Elle a déjà repérée les traces du coupable, analysée l'odeur qui en résulte et a déjà tournée son regard turquoise vers la direction que le voleur a empruntée.

Traquer une proie est excitant pour un tigre. Surtout quand il s'agit de l'un des siens. Le tigre est un animal très territorial et alors même que l'humain refrène ce besoin, il devient impératif de protéger la seule chose qu'elle a ultimement le droit de protéger. Mon sac. Mes babioles, mes dernières pièces, mes dernières affaires, mes derniers souvenirs. Nos souvenirs.

La traque est si longue et ardue que la nuit finit par tomber avant que je ne parvienne à mon but. Mon but. Cette belle bâtisse en bordure de foret, complètement isolée du monde. Des autres. La marque typique du félin. Sous ma fourrure de tigresse blanche, je feule, inquiète. Je sens le mâle, puissant. Je doute de moi-même. Danger, voila ce que me dit mon instinct.

Je ne suis qu'une tigresse. Je ne peux absolument rien contre une aura pareil. Pire. Elle me terrifie.
Mais c'est lui qui a mes affaires. Sans elles je ne suis presque plus rien. Etre rien est pire qu'être mort. Enfin je crois.

De longues minutes m'ont été essentielles pour entrer aussi discrètement que possible entre les murs de mon voleur. Mes pattes foules le parquet avec la discrétion d'une plume. Tout mon corps est tendus, prêt à bondir ou à fuir. Je ne sais trop encore... Il y fait bon et la neige encore accrochée à mon pelage forme déjà des gouttelettes qui s'amusent à rendre ma fourrure plus brillante encore qu'en temps normal. Un feu vif brûle dans une cheminée que je longe, ventre à terre. Sa lumière chaude fait danser mon ombre contre le mur crème d'en face et s'amuse avec mes longues rayures noires. Je me sens observée et je lutte pour ne pas envoyer un grondement plaintif destiné à essayer d'intimider mon futur adversaire. Mais je suis presque certaine que ça aurait plus sonnée comme un miaulement plaintif et supplicatif que comme une véritable menasse.

Je le sens. Il est là. Non loin, mais inaccessible. Je me sens prise dans l'étau de son attention et mon poil s'hérisse. Mes griffes retractible s'enfoncent dans son tapis, l'effilochant à chacun de mes pas. Ma queue se tortille derrière moi, tel un serpent en colère, pleine de menasse sourde. Mes vibrisses vibrent au rythme de ma respiration. L'odeur du mâle m'emplis les poumons et je ne peux retenir mes pattes arrière de trembler. Mes pupilles dilatées le cherchent. La guette.

Juste un grondement. Un seul. Qui en langage de tigresse exige un lourd: montre-toi. Voleur. "
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Patte blanche ?
Kiran & Zoya



L'irlande avait définitivement quelque chose de plus que l'Inde. De la neige. Cet océan de coton gelé s'était mis à tomber d'un ciel grisâtre sans crier gare, si bien que Kiran s'était presque malgré lui retrouvé acculé dans sa propre demeure. C'était froid, nom de dieu. Tellement froid que les énormes coussinets de ses pattes semblaient encore ressentir cette terrible morsure hivernale. La simple idée de remettre le nez dehors lui flanquait un vilain frisson le long de la colonne vertébrale. Bien sûr, sa fourrure d'animal restait suffisante pour survivre au cœur des glaces irlandaises. Mais bon sang, l'expérience restait particulièrement désagréable.

Alors, l'âme poétique du prince déshérité se contentait d'apprécier le spectacle immaculé depuis les fenêtres cerclées de buée de sa maison. Une chaleur presque étouffante stagnait entre les murs. Les flammes silencieuses d'un feu vrillaient joyeusement dans la cheminée qu'il s'était appliqué à dépoussiérer. Mais cela n'avait pas suffit, le tigre à l'échine frileuse avait été jusqu'à pousser le volume des radiateurs électriques. La température ne lui rappelait toujours pas l'étreinte chaleureuse du soleil indien, mais s'avérait suffisante pour lui permettre de ne porter qu'un simple jean pour tout vêtement.

Cette maison ne lui appartenait pas. Il la louait seulement pour le temps plus ou moins incertain qu'il passerait en ville. Kiran avait jeté son dévolu sur elle pour son emplacement isolé et idéalement collé à la forêt, pour ses poutres apparentes … et parce que le propriétaire ne l'avait pas tartiné de questions inutiles. Il n'avait eu qu'à payer, point barre.

Le tigre n'aimait pas Bray. La seule chose qui le poussait à rester ici, c'était Zoya. Il avait senti sa présence un peu partout sur les trottoirs. Il avait fouillé le Refuge et d'autres lieux colonisés par les métamorphes. Finalement sa piste l'avait lâché au beau milieu d'un tapis de feuilles, dans la forêt. Un fébrile espoir lui avait tout de même chatouillé le cœur ; Kiran n'avait pas retrouvé son âme-sœur, pas encore, mais il avait trouvé quelque chose qui lui appartenait. Un sac usé jusqu'à la corde, savamment camouflé dans la végétation, mais trop gorgé de son odeur pour qu'il ne puisse pas le remarquer. Par malheur, le parfum particulier de la tigresse s'était ensuite disséminé dans la nature. Et il s'était mis à neiger.

Du haut de son repère sous le toit, assis sur une poutre et appuyé contre une autre, Kiran baissa encore une fois les yeux sur la forêt dense qui apparaissait derrière la fenêtre du salon. Zoya était là, quelque part entre ces arbres. Il le savait. Cette mystérieuse et tacite présence était paradoxalement aussi rassurante qu'angoissante. La chaleur le faisait somnoler. Le tigre en lui ronronnait presque pour essayer de l'apaiser véritablement. Son attention lutta malgré tout contre la fatigue et retomba sur l'objet qu'il tenait entre ses doigts. C'était une chaîne habillée d'une pierre bleue qu'il avait trouvé dans le sac de Zoya. Le bagage regorgeait d'informations ; Une couverture, des vêtements, un carnet remplit de notes qu'il n'avait pas osé lire, un peu d'argent et de vieilles photos cornées. Tout semblait confirmer ce que le prince indien supposait déjà depuis deux longues années. Sa tigresse vagabondait. Elle s'était mise en quête de quelque chose. Mais quoi ? Et pourquoi ? Pourquoi sans lui ? Pourquoi sans lui en avoir parlé ?

Et pourquoi sans ce collier ? L'amazonite qui y pendait lui était particulièrement familière. C'était lui qui lui avait offert cette pierre de protection. Un symbole et signe d'amour, de la même couleur que les yeux d'un tigre blanc. Zoya ne s'en était jamais séparée auparavant.

Que lui était-il arrivé ? Pourquoi l'avait-elle ôté ? Pour la première fois depuis le début de son périple, Kiran sentit une idée effrayante lui effleurer l'esprit. Et si la femme qu'il aimait plus que tout dans ce monde de misère cherchait à le fuir, lui ? Ces interrogations sans réponse tournaient inlassablement dans son crâne. Il devait forcément y avoir une clé pour résoudre cette énigme. Encore fallait-il réussir à la trouver.

Alors qu'il faisait tourner la pierre turquoise au bout de sa chaîne, le reflet de la cheminée sur la face polie du bijou changea un court instant. Ce fut bref, infiniment bref. Comme un souffle balayant une brindille. Et pourtant Kiran n'avait pas rêvé.


Le prince se redressa soudainement. Son regard plongea vers le bas. Le tapis, la table basse et les deux canapés étaient toujours à leur place. Mais une nouvelle ombre s'était glissée sur le tableau. Une ombre qui venait de se révéler en passant devant l'unique source de lumière de la pièce : le feu de la cheminée.

Son souffle se figea au fond de sa gorge. En contre-bas, le tigre avançait pas à pas à travers son territoire. Son comportement entier transpirait la nervosité. Mais ce n'était pas là le détail qui focalisa l'esprit de Kiran.

Ces rayures, sur ce pelage blanc, il les reconnaîtrait entre toutes.

Était-ce seulement possible ? Ou venait-il vraisemblablement de s'endormir ? Kiran se releva souplement du haut de son perchoir et s'accroupit sur la poutre épaisse. Le sang s'agitait dans chacune de ses veines. Et pourtant, le moindre de ses muscles s'étaient tendus sous la tourmente. Il ne voulait pas l'effrayer. Il ne voulait pas voir le tigre blanc s'enfuir et disparaître à nouveau dans les bois.

Le grondement du félin fit dresser les poils de sa nuque. Il était percé à jour. Seulement, elle n'avait pas encore réussir à déceler sa cachette. À l'intérieur de lui, Kiran sentit son côté animal s'agiter. Sans plus attendre, il posa l'une de ses paumes contre le bois soutenant son poids. Puis, sans crainte, il se laissa tomber dans le vide.

Ses jambes amortirent habilement sa chute. Il se dressa alors au milieu de la pièce, poing serré autour du pendentif, se dévoilant pleinement aux yeux de la tigresse. Yeux dans lesquels il se permit de plonger un instant, rien que pour s'assurer que c'était elle. Son âme-soeur.

- Zoya,
souffla-t-il, comme par peur d'élever trop haut la voix. Tu es là. Tu … es enfin là.

Ses épaules s’affaissèrent légèrement alors qu'une tension vieille de plusieurs mois venait de disparaîtra avec ces simples mots. Un léger sourire étira brièvement le coin des ses lèvres. Kiran venait de redécouvrir ce que signifiait « être en paix ».
AVENGEDINCHAINS
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Patte blanche ?
Kiran & Zoya



Dans nos vies, il y a des instants qui d'un coup, te prennent par surprise et te renverse. Te bouleverse. C'est instant où il y a impacte. Ho bien sur, ils ne s'annoncent surtout pas. Tu sais que tu les vies par-ce que tu sens tout à coup ton cœur décoller brutalement et que tu penses avoir perdu, durant quelques longues secondes, l’ouïe tellement tes oreilles prennent l'envie désagréable de bourdonner bruyamment. Tu sens tout ton sang se figer en toi. Comme si le temps s'était arrêté, ou rallongé. Tu sais alors sans trop le savoir que tu es en train de vivre un point important de ta vie. Un curseur. Tu le sais par-ce que c'est logique, ça te saute aux yeux d'évidence. Mais en même temps, tu n'en est pas trop sur par-ce que tu es bien trop occupée à essayer de mettre de l'ordre dans tes émotions qui te submergent. Tu as besoin de temps pour comprendre. Un point impacte, ça ne s'avale pas facilement. Ça te percute et te laisse sonnée. Complètement groggy et incapable. Ça te marque et te détraque.

Et le pire. C'est que tu ne sait même pas pourquoi.

Sous l'armure stoïque de ma tigresse, je sens un long et interminable frisson me frapper tout entière. Comme si l'homme qui venait d’apparaître à mes yeux avait envoyé un souffle chaud sur l'onde calme de mon âme. La faisant vibrer et onduler comme un lac danseraient avec la brise. Comme si son seul regard dans l’opale de mes yeux avait suffi à me faire trébucher tout entière.
Les flammes du foyer qui brûlent derrière moi dansent dans ses yeux marbrés aux profondeurs insondables. Je me sens glisser dans le doute et la béatitude sans trouver la moindre prise pour ralentir ma chute. Ce regard brûlant m'avale tout entière sans que je ne puisse opposer la moindre résistance.
Il est beau. Terriblement beau. Et c'est sans honte ni aucune retenus que je laisse mon regard animal parcourir ses traits, ses formes, ses perfections. Son être tout entier.
Son jean sombre s’arrête brutalement sur le creux de ses reins parfaitement dessinés, laissent aux yeux de tous apparaître un corps fin, musclé et nerveux. Pas besoin d'y faire glisser ses doigts pour en comprendre la force, car ses muscles saillent sous le rythme de sa respiration. Sa peau, presque sombre, semble si douce qu'elle en ferait presque oublier la sombre menasse de la puissance qu'il affiche naturellement, par sa seule prestance. Son visage, lui et un mélange d'élégance et de mystère. Ses traits sont aussi fins que masculins, se liant tous deux parfaitement, dans l'équilibre harmonieux, de manière à rendre ce qui est beau encore plus beau encore. Sa longue crinière sombre de cheveux aux reflets gourmands est attachée en arrière avec désinvolture et les mèches sauvages qui s'en échappent jettent des ombres intimidantes sur son visage. J'en ai le souffle coupé.

Mon cœur fait un nouveau saut dans ma poitrine quand j'entends sa voix grave prononcer mon nom. Que dit-il ? Bien malgré moi, je fais un pas en arrière. Inquiète. Perdus. Dans la furieuse incapacité à comprendre et donc à réagir convenablement. J'en oublie momentanément mon amnésie. J'en oublie la logique et ma raison. Comment connaît-il mon nom ?

J'entends un cri plaintif sortir de ma gorge. Véritable expression féline de mon dilemme. Il se répercute sur les murs crème de l’immense pièce et me renvois le bruit de ce miaulement déchirant.

Je sens que quelque chose se passe en moi. Je sens cet homme. En moi. Quelque part, très loin en moi. Trop loin pour que je puisse comprendre.
Alors je continus à reculer. Furieusement. Dans la panique la plus totale. Mais je refuse de perdre son regard des yeux, comme si je voulais le fuir mais pas le perdre. Comme si j'avais peur de quelque chose que je veux, sans même savoir que je le veux.

Je finis par buter contre un canapé derrière moi, ce qui m’obligeât à me prostrer contre celui-ci dans la posture désagréable d'une bête prise au piège. La peur pris le dessus sur tout et me permit de rompre l'enchantement et de dévier mon regard du sien. Mais quand mes prunelles claires cherchèrent une porte de sortie, elles furent attirées par un éclat jumeau. Une couleur, très particulière, que je connais si bien. La pierre. MA pierre, brillait, splendide, au bout de sa chaîne, entre ses doigts.

Zoya, que fait tu ? T'amouracher d'un voleur ! N'importe quoi !
Passent de la peur à la colère la plus froide, brutalement, je me laissa engloutir sans plus aucune résistance. Le feu de mes émotions était trop fort. Trop instable. L'impulsivité est là pour pallier le manque de raison...
Alors je bondis, toutes griffes dehors avec la vitesse d'un cobra qui a décidé de subitement ne plus se laisser faire. Sauf que, seconde claque, un déchirement se produit immédiatement en moi. Ma tigresse. Ma si fidèle et aimée tigresse ne peut faire cela. Elle ne peut attaquer cet homme. Mais pourquoi ?
Elle me quitte en plein saut, laissent mes pattes puissantes se transformer en mains fragile, ma gueule dangereuse en une grimace choquée et mes 280 kilos de muscles en un petit corps frêle de femme. L'impacte qui aurait dû être important semble alors si fluet. Et si... douloureux. Je me retrouve projetée quelques mètres plus loin, sur le tapis, à deux doigts des flammes de la cheminée. Complètement nue, je m'attrape la tête avec un bruit plaintif en me roulant sur le côté. Ma longue crinière de cheveux détachés me cache du reste du monde. J'ignore si j'ai vraiment eu le temps de le percuter, s'il a vacillé ou s'il m'a juste renvoyée d'où je venais avec je ne sais trop quelle parade douloureuse. Mais j'ai mal. Ma main que je retire et place devant la lumière vive du feu est marquée par mon sang. Bravos. Je me sens ridicule et bafouée. J'ai envie de hurler ma frustration. Mais j'ai l'impression de me perdre dans un énorme n'importe quoi de réaction enchaînée et ratée. Je me réfère donc au silence.

Le souffle court, presque roulée en position fœtale, complètement mise à nu à ses yeux, je lute pourtant pour me reprendre. Je dois être courageuse. Je dois comprendre. Je veux savoir !

D'une main, je fis passer ma longue crinière brune derrière ma nuque pour révéler mon visage à cet inconnu tourmenteur. Mais magnifique.
Je ne lève pas les yeux et ne cherche même pas à le localiser dans la pièce. Peut-être qu'il est déjà presque sur moi pour se venger et m'achever. Ou peut-être est-il parti. Qu'importe. Ma tête bourdonne tellement fort que je ne veux même pas savoir.

" Que-ce que tu me veux ? " Demandais-je, la voix glaciale, tout en continuant à essayer d’arrêter le sang vermeil qui coulait déjà le long de mes lèvres et de mon menton. J'allais tacher son tapis, bien fait pour lui !
Sous mes doigts rougis par mon sang, je sentais tout près de ma nouvelle blessure, enfouie sous mon cuire chevelu, la fine trace de ma vieille blessure passée qui avait causée mon amnésie. Et alors que je me demandais pourquoi je pensais bêtement à son tapis, un petit éclaire de lucidité me souffla que peut-être, cet homme, je l'avais connus. Avant.

Mon souffle se coupa brutalement à cette idée. En attente de la suite. En attente de réponse. En attente de trouver une explication à tout ça.

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Patte blanche ?
Kiran & Zoya



Trop bercé qu'il était par ce bonheur, cette délivrance, de la retrouver enfin, trop confiant qu'il était en la force de ses sentiments pour elle, il ne pressentit pas l'attaque venir. Zoya, il l'avait vu tant de fois sous cette forme animale. Il l'avait tant côtoyée, tant admirée, tant aimée, que jamais l'idée qu'elle puisse sortir les crocs à son encontre ne lui aurait effleurer l'esprit. N'importe qui d'autre se serait effrayé de voir cet énorme félin surgir silencieusement dans son foyer. Pour Kiran, c'était son quotidien. Un quotidien qu'il avait perdu et qu'il désespérait de retrouver. Au point d'ignorer les alarmants signaux que lui renvoyait pourtant la situation.

Son être entier se raidit lorsque la tigresse se recroquevilla en position offensive. Un sombre instinct se ralluma brusquement dans son esprit alors qu'il vit les muscles puissants de l'animal se bander sous la fourrure blanche et épaisse. Les babines de la tigresse se retroussèrent, dévoilant à la lueur particulière du feu de cheminé l'éclat menaçant de ses canines impressionnantes. Elle l'attaquait. Pour de vrai. Sans arrière-pensé, ni volonté de jeu. Ce tigre voulait le blesser. Kiran perdit son sourire à l'instant où de vieux réflexes vitaux prirent le dessus.

Le collier et l'amazonite qu'il soutenait échouèrent entre les poils drus du tapis. Les doigts du prince déshonoré se refermèrent sur le premier élément qu'il trouva à proximité. Il attrapa le bras fin mais solide de la lampe sur pied trônant à côté de la table basse. Son bras réitéra ce même geste qu'il avait effectué des centaines de fois dans sa jungle indienne, au cours d’innombrables entraînements sous le soleil cuisant de son pays d'antan. L'arme bloqua l'assaut de la tigresse. Sûrement. Durement. Sans la moindre hésitation. L'inverse lui aurait sans doute coûté la vie.

Quelque chose de noir et de terriblement néfaste se répandit dans ses veines. Quelque chose qui le renvoyait deux ans plus tôt. Kiran se revit debout sur les cendres de son village anéanti. Il sentit à nouveau cet étau cruel et furieux enserrer son cœur meurtri. La dernière fois qu'il avait été contraint de se battre, il avait tout perdu.

A présent venait-il vraiment de lever la main sur Zoya ? Il fut troublé de voir le corps humain de sa fiancée rouler sans délicatesse sur le sol de sa maison. L'animal et la menace qu'il représentait s'étaient évaporés. Aussitôt le poids du regret s'abattit sur ses épaules. Une panique sourde, pleine de remords et d'incompréhension, l'envahit de haut en bas. Mais pourquoi avait-elle voulu l'attaquer ?! Kiran se débarrassa sans douceur de la lampe et l'envoya voler avec fracas derrière lui. Son âme et sa chair le suppliaient de rejoindre celle qui permettait encore à son cœur de battre sous sa poitrine. De demander pardon, de la consoler, la rassurer, de soigner le mal qu'il lui avait fait. Sa rationalité l'empêcha d'aller au-delà du premier pas inquiet qu'il avait lancé vers elle. Kiran s'immobilisa à nouveau au milieu de la pièce, déchiré en deux. Cette question l'empêchait de la rejoindre. Pourquoi sa tigresse s'était-elle rebiffée à son approche ?

- Bon sang … Je suis désolé, bilauta, je …

La voix de Zoya lui coupa le souffle. Ce timbre lui avait manqué. Il avait tant de fois rêvé de l'entendre, tant de fois supplié pour pouvoir l'écouter à nouveau. Mais jamais il n'avait imaginé recevoir une telle sécheresse dans les mots de sa belle. Ses yeux se focalisèrent sur le visage blessé de la jeune femme. Alors, Kiran sentit comme un fossé énorme s'effondrer entre eux. Il n'y avait que quelques pas qui la séparait d'elle. Et pourtant, il se retrouva incapable de briser la distance. Il ne la reconnaissait pas. Sa fiancée, son amour … avait tout l'air d'une étrangère. Il y avait trop de questions dans son esprit, trop d'incertitude, si bien qu'il fut incapable de formuler la moindre interrogation à son attention. Perdu et contraint de regarder de loin la femme qu'il aimait et qu'il avait blessé par nécessité, il ne trouva rien de mieux à faire que de répondre à l'exigence de la tigresse, qui pourtant n'avait pas lieu d'être.

- Qu'est-ce que tu veux dire, Zoya ?

Kiran détourna les yeux, serra durement les dents, avant de passer une main nerveuse sur son visage pour chasser en arrière les mèches de cheveux qui lui barraient le front. Il sentait sa patience mise à rude épreuve par ses nerfs à vif. Une tension nouvelle l'habitait. La paix qu'il avait cru acquise en retrouvant Zoya s'était faite expulsée avec perte et fracas. À présent l'agitation qui l'animait était plus éprouvante encore qu'auparavant. Bien plus fébrile aussi. Le tigre en lui s'agitait furieusement. Il gérait terriblement mal toute cette incompréhension.

- Ça fait deux ans, gronda-t-il tout bas. Deux ans que tu as disparu sans un mot et deux ans que je te cherche. Comment peux-tu te demander ce que je te veux ?

Ses sourcils se froncèrent sur ses yeux. Il reporta son attention sur elle, sur ce corps nu qu'il avait parcouru de ses doigts tant de fois. Zoya avait toujours eu son petit caractère, et bien heureusement, elle ne l'avait jamais épargné. Toutefois aujourd'hui Kiran se sentait blessé. Quelque chose clochait. Cet accueil n'aurait jamais dû être aussi froid.

- Que s'est-il passé, bilauta ? S'enquit-il d'un ton plus doux, reprenant ce surnom tendre qu'il avait l'habitude de lui donner. Pourquoi … as-tu fait ça ?

Son cœur se serra dans sa poitrine. Il devait comprendre pourquoi elle s'était montrée agressive. Peut-être ne l'aimait-elle plus. Peut-être le détestait-elle. Jamais il ne pourrait s'y résoudre, tant qu'il ne l'entendrait pas de sa bouche. L'orgueil du prince était bien trop gros pour lui permettre d'envisager les mille et unes possibilités qui auraient pu éloigner sa précieuse fiancée de lui. Plus encore qu'elle l'ait littéralement oublié.

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