Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 daughter of the sea | Oswald

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
avatar
Invité



daughter of the sea


Une minuscule gemme azur déposée sur un fil d’argent torsadé brillait de son éclat sur la peau claire de Billie Jean. Habituellement porté autour du cou, le collier fragile ne quittait désormais son écrin que pour venir se perdre entre ses doigts indécis. Pour l’instant, il résidait, ramassé au creux de sa main. Autrefois présent précieux d’un père aimant, il était désormais parure sépulcrale. Hésitante comme si elle se trouvait face à ses cendres, la jeune femme pensait à celui qu’elle avait toujours considéré être son père, son chevalier blanc. C’était un don incommensurable d’être aimée sans condition, sans limite, sans égoïsme aucun. Mais, maintenant que cet amour était manquant, elle se sentait comme une dépouille prise dans un mouvement perpétuel. Et, assez ironiquement pour une dépouille, elle ne se voyait pas survivre en l’état. Le besoin d’être aimée tordait ses entrailles et déformait ses pensées. La déréliction guidait ses pas dans le brouillard épais qui l’entourait et, chaque jour, dans chaque regard qui croisait sa route, elle cherchait une lumière ou le moindre signe. Si aujourd’hui elle sentait la culpabilité mordre son cœur en tenant son collier du bout des doigts, c’était parce qu’elle avait trouvé un nouveau chevalier blanc. Ou du moins, elle l’espérait.

Elle ignorait tout de sa voix, ne connaissait ses traits que par une vieille photographie déteinte et ne connaissait son existence que depuis quelque mois. Et là voilà qui lui confiait les pouvoirs d’un thaumaturge, sans même lui demander son avis. Billie Jean était le genre d’âme à entretenir l’espoir et la foi même lorsqu’ils étaient indécents. La famille était une valeur importante dans sa propre religion et elle se plaisait à confier à ce père éthéré toutes les qualités qui lui plaisaient, juste avant que la culpabilité ne l’engloutisse comme la marée. Celui qui l’avait élevée telle une reine des anciens contes était mort à cause d’elle, était-ce juste d’aller se réfugier chez son véritable géniteur aussi vite ? La question méritait réflexion mais son choix était fait et la gemme azurée retourna dans l’obscurité de son coffret.

Une heure plus tard, elle était assise sur une chaise à la forme artistique, entourée de discussions calmes. Le café où elle était assise proposait une ambiance cosy et chaleureuse qui n’arrivait pourtant pas à la détendre. Le tictac de sa montre aux fines dorures était inaudible mais résonnait pour elle, donnant une forme rythmée à son impatience. Son regard passait constamment de son thé aux parfums asiatiques à la porte d’entrée. Ses mèches blondes tressées le long de sa tête laissaient son air stressé dégagé. Anxieuse, elle tapait avec ses ongles sur la table et commençait à s’imaginer tous les scénarios possibles et imaginables. S’il ne venait pas ? S’il était méchant ? S’il ne l’aimait pas ? Voilà des pensées finalement très infantiles mais sincères. Sa mère avait servi de médiatrice avant qu’ils ne puissent échanger quelques messages pour fixer ce rendez-vous. Il ne pouvait pas avoir changé d’avis depuis lors. Si ?

Une fois de plus, elle releva les yeux de sa tasse parfumé et cette fois son air changea, son cœur accéléra un peu plus. Le dernier arrivé ressemblait beaucoup trop à la photographie envoyée par sa mère pour que le hasard ne lui joue un mauvais tour. D’un coup, elle avait envie de se transformer en une toute petite souris, de disparaitre sous les tables et de filer à toute vitesse dans une cachette réconfortante. Malheureusement, et contrairement à certains, la nature lui avait donné des écailles et non un museau. En se mordant la lèvre, elle attira son attention d’un signe de la main. Plus il avançait vers elle et plus le stress montait. Malgré tout, elle ne pouvait détacher ses yeux céruléens de son visage. Elle ressentit un pincement au cœur en se rendant compte qu’elle partageait plus de traits physiques avec ce quasi-inconnu qu’avec celui qui l’avait élevée. Soudainement devenu timide, elle ouvrit plusieurs fois la bouche sans qu’aucun son n’en sorte alors qu’il était à proximité. Ne sachant pas trop de quelle manière elle devait le saluer, elle se contenta d’un sourire timoré.

« Merci d’être venu. Je ne voulais pas déranger. »

La sirène avait réussi à articuler ces deux phrases comme un acteur improviserait après avoir oublié son texte. Qu’était-elle censée dire maintenant ? Oh bien sûr elle avait imaginé cette rencontre depuis le moment où elle avait été fixée mais la réalité rattrapait la fiction. Devait-elle préciser qu’elle était sa fille ? Non, il le savait et c’était une drôle d’entrée en matière. Devait-elle lui expliquer qu’elle ne lui en voulait aucunement de la situation dans laquelle ils étaient tous les deux ? C’était un peu brusque. Devait-elle s’excuser de le déranger et de débarquer ainsi dans sa vie ? Elle venait de le faire d’une certaine façon. D’un coup tout était confus dans son esprit et cette confusion se manifestait dans les traits de son visage.

« Merci », répéta-elle comme un vieux disque rayé. « Je m’appelle Billie Jean. »

Voilà une information qu’il devait sans doute déjà avoir. Soudainement gênée, elle détourna le regard. Il ne serait pas le premier irlandais à qualifier le prénom dont elle était affublée de stupide. Il avait déclenché beaucoup de sourires méprisants sur ces terres bien plus traditionnelles que la Californie. Complètement démunie face au caractère anxiogène de la situation, elle décida de se taire et d’afficher ce petit sourire timoré. Dans l’état actuel des choses, elle ne savait pas faire mieux.

panic!attack
Revenir en haut Aller en bas
 
daughter of the sea | Oswald
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
► URBAN LEGENDS :: Archives de UL V3 :: Ecrits :: Les écrits-