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 Can't hide my evil ways | ft. Maxwell

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Basil Egerton
Basil Egerton
MESSAGES : 3959
AGE DU PERSONNAGE : 49
RACE : Fantôme (ex-fée)
MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière
Can't
hide my
evil ways
ft. maxwell graham
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L’homme. Cette formidable machine. Tu ne cherchais pas la reconnaissance, tu n’as jamais été de ces hommes à vouloir révolutionner un monde, tu te moques éperdument de changer et convaincre des gens, encore moins des médecins ou des politiques. Tu n’étais pas un enseignant-chercheur, cela faisait des années que tu avais renoncé à cette poursuite : tu étais fossoyeur, gardien de cimetière, rien de plus qu’un amateur qui avait néanmoins l’audace de détenir le diplôme et le titre de docteur. Et pourtant, depuis l’abandon de ton grand domaine, tu avais trouvé le temps d’écrire des bouquins, épais et fournis. En apparence, ce n’était que des recherches - en creusant un peu, on se posait d’autres questions : quand, comment, d’où venaient tes affirmations, dans quelles circonstances avais-tu pu y aboutir, auprès de quels organismes t’étais-tu rendu toi qui matin et soir devait tenir le grillage d’un cimetière, toi qui avait quitté Londres pour une ville de piètre envergure, si peu adaptée pour développer tes travaux. Il y avait ce flou, ce mystère, mais les thèses, les recherches étaient là, solides, suffisantes pour que l’on puisse vouloir t’écouter. Et il y avait ce quelque chose, cela même qui avait conquit tes examinateurs des années plus tôt : cette conviction, cette passion, cette obsession même pour les sujets que tu abordais. Tu n’étais pas venu à Dublin aujourd’hui pour l’argent, pour la gloire, pour quoi que ce soit de ce genre. La fac de médecine t’avait simplement demandé : voudriez-vous parler de vos sujets d’expertise ? Et ta seule réponse fut de leur retourner cette question : combien d’heures voulez-vous m’accorder ?

Tu t’étais tenu là, droit dans tes souliers de cuir, chevilles nues, pantalon et chemise noirs trop cintrés sur la taille et nœud papillon léopard, le parapluie accroché au pupitre. Indifférent aux remarques, aux regards de travers. Tu étais là pour la science, non pas pour les élèves, et s’ils ne souhaitaient pas entendre ce que tu avais à dire, qu’ils sortent : tu avais donné des cours à de plus petits comités, à un seul individu même, et même à un seul individu mort ; tu n’étais pas là pour ton public. Alors tu avais introduit ton sujet : l’homme, cette formidable machine. Avant de parler de la mort, avant de parler de la vie, tu voulais parler de l’objet. Parce qu’ils n’étaient pas en biologie mais en médecine, tu voulais leur mettre dans la tête que le but ici n’était pas de sauver une personne mais de comprendre comment la vie fonctionnait en autonomie, comment survenait la mort avant d'avoir l'audace de se mettre sur son chemin. Toi, tu n’abordais pas la question de l’éthique - ou alors, ce n’était que pour lancer une pique salée à l’égard des lois et du droit britannique. Et puis, une fois que tu as eu introduit ton sujet, que tu es parvenu à attiser l’intérêt pour l’homme plutôt que pour le compte en banque que ces petits imbéciles auront à la fin de leur carrière - surtout une fois que toutes les petites têtes rousses qui te fixaient eurent compris qu’elles avaient affaire plutôt au passionné qu’au pédagogue, tu en es venu au vif du sujet, et tu n’as plus cessé de parler jusqu’à ce que l’on vienne t’interrompre.

Tu étais venu leur parler de tas de choses, comme un tour d’horizon d’un regard plus morbide. Tu leur avais parlé de l’interdépendance des organes, du cancer et de quelques autres maladies, de ce que signifiait la mort - cardiaque, cérébrale, un peu de la décomposition et un peu de la conscience, avec une belle ouverture sur la question de l’immortalité. Et pas de ces vantardises, pas de ces publicités autour de l’un de tes ouvrages, tu n’étais même pas présent dans ton discours : le corps était le seul sujet, et le reste demeurait accessoire. Et puis les masses fatiguées, affamées, lassées s’étaient mues vers la sortie, pas fâchées de retrouver un oxygène où tu n’avais pas expiré ton air vicié. En tout cas, s’il y avait des commentaires désagréables, ce n’était au moins plus sur les vêtements que tu portais. Tu avais saisi tes affaires, tu t’occupais de rassembler tes papiers, d'effacer le tableau (car enfin, tu aurais haï d’utiliser le vidéoprojecteur), jusqu’à ce qu’une silhouette du coin de l’oeil t’indique qu’il y en avait a minima un, dans les parages, qui se sentait le courage de te poser une question, sans craindre une réponse infiniment trop prolifique. « Je peux vous renseigner ? » as-tu poliment demandé à ton curieux en refermant ton cartable en cuir. Qu'il ose, ce n'était certainement pas toi qui allait le juger.
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Quelques rayons de soleil venaient baigner le campus de Dublin illuminant les visages, se reflétant sur les écrans de téléphone. Avec cette odeur d’été les regards des étudiants déviaient bien vite de leurs feuilles pour se perdre à travers la fenêtre. L’université était agitée par le stress des examens qui venait titiller les moins assidus. Ça faisait des années que Maxwell n’y étais plus soumis mais, en marchant dans ces couloirs bondés d’étudiants qui cherchaient le meilleur moyen d’en faire le moins possible, il eut un petit sourire. La faculté de médecine était particulièrement agitée, cette formation faisait toujours partie de celles qui imposent le plus de pression et les petites têtes blondes s’agitaient comme des fourmis avant de se faire écraser par le système. Une affiche rappelaient l’existence d’une dernière conférence était organisée et c’était assez évident qu’une grande partie des invités restait en bibliothèque. Un chercheur en biologie avait été invité dans le cadre du cours d’anatomie pour présenter le monde de la recherche scientifique dans lequel notre jeune médecin venait d’y mettre un pied. Le nom indiqué en bas de la feuille de papier blanche lui était familier et trônait fièrement sur deux ou trois livres qui ornaient sa bibliothèque personnelle. Intrigué, il décida de s’y rendre et dans l’auditoire, il tranchait assez fort avec le reste du public.

L’orateur de ces deux heures était un homme au style très anglais qui déblatérait avec une passion non-dissimulée sur le sujet presque philosophique de la mort. Déjà petit, Maxwell n’avait pas adhéré à tout le côté sacré que l’on donnait au corps humain et à la vie. A ses yeux, la mort n’était que le bouton off de la machine qui leur servait de substrat biologique. Par contre, ce phénomène avait l’intérêt de souligner toute la fragilité de ces corps qui déambulaient. L’être humain avait la fascinante capacité de se considérer comme beaucoup plus que ce qu’il était en réalité. Quoiqu’il en soit, Maxwell se contenta d’écouter cette brève introduction qui lui permettait de mettre un visage derrière des mots imprimés sur une feuille blanche. Il lui reconnaissait une certaine verve et n’importe quel observateur un peu connecté pouvait deviner qu’il avait bien plus à raconter que ce que ces deux heures lui laissaient. Malheureusement, quand le mot de la fin fut prononcé, la masse étudiante se dirigea vers la sortie dans un bruit de discussions ponctuées de quelques « au revoir ».

Maxwell fut le dernier à quitter sa chaise et à s’approcher de l’estrade pour observer d’un peu plus près l’auteur. Ils devaient avoir quelques années de différence et il se rendit compte à ce moment qu’il était passé de l’autre côté de la salle de classe, il n’était plus étudiant désormais. Néanmoins, après tant d’années de cours, c’était compréhensible que cette impression puisse être tenace.

« Je peux vous renseigner ? »

La réponse ne se fit pas désirée, Max n’était pas vraiment connu pour être timide ou timoré.

« J’ai lu vos livres ainsi que vos travaux qui n’ont pas été publiés. Plus particulièrement ceux sur la régénération cellulaire. Je suis assez curieux de la méthodologie que vous avez utilisée pour théoriser vos différentes idées. »

Il subsistait une inconnue dans le travail de Basil. Les idées étaient correctes mais, tout le travail scientifique qui pouvait les porter était plutôt obscur. Si ce genre de manque pouvait parfaitement exister dans ces pseudo-sciences qu’étaient la psychologie et autres domaines de fainéants, en médecine et en biologie, ça ne passait pas vraiment. Néanmoins, Maxwell n'accordait pas beaucoup de crédit à toutes les questions éthiques qui agitaient son domaine actuellement. Peut-être par pure projection, il soupçonnait son interlocuteur de partager sa façon de penser et que les informations manquantes n'aient pas étés obtenues de manière tout à fait légale.

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Tu ne lui avais d’abord accordé qu’un coup d’oeil, plutôt pour t’assurer qu’il était bien tourné dans ta direction, et présentait tous les signes de l’individu en attente. Suite à quoi tu lui avais demandé ce qu’il te voulait, puis seulement t’étais-tu davantage attardé sur sa personne. Il te semblait un peu plus âgé que la moyenne environnante, bien qu’encore assez jeune : s’il s’avérait qu’il était professeur, tu doutais fort qu’il soit très expérimenté. Il avait bonne allure, c’était à peu près tout ce qu’il y avait à voir au premier abord. Outre le fait qu’il avait une question pour toi, il ne semblait pas particulièrement intéressant. En fait, ce n’est que lorsqu’il s’est mis à évoquer tes ouvrages que tu as réellement prêté attention à lui, et tu as fini par délaisser ce que tu étais en train de faire.
Tu étais un OVNI dans la recherche scientifique, à trente-trois ans tu n’avais pas forcément eu le temps de la marquer en profondeur, ni de devenir une référence scolaire. Qu’un étudiant ait feuilleté tes travaux, rendu curieux par la perspective d’une conférence, c’était assez courant. Qu’il ait lu un de tes ouvrages pour se constituer une référence dans ton schéma de pensée particulier, à placer à tout va dans une dissertation, cela se trouvait encore. Que l’ensemble de tes travaux soient passés au crible d’un seul, c’était une exception - et que celui-ci mentionne des travaux hors publications n’arrivait tout bonnement jamais. Ce sont d’ailleurs ceux-ci qui ont provoqué ton attention, qui t’ont valu un haussement de sourcil, une légère moiteur sur le front.
De quels travaux parlait-il ? De ce que tu en savais, la plupart de ce qui n’était pas publié n’était en fait pas publiable. Il avait quelques ébauches que tu n’avais jamais eu le cœur ou le temps d’achever, que tu avais partagé avec le milieu scientifique dont tu ne t’étais jamais totalement détaché… Et puis, il y avait ces recherches tout bonnement illégales, voire liées au monde surnaturel, condamnées à rester dans ta cave pour les très rares personnes qui y avaient accès. Tomber sur ces recherches aurait suffi pour toi à justifier un meurtre, c’était l’enjeu qui se jouait immédiatement, et tu avais tout intérêt à répondre finement pour savoir si tu devais commencer à t’inquiéter.

La régénération cellulaire, c’est ce qui l’intéresse. Bien sûr, tu avais du mal à en faire quelque chose de publiable - car il était difficile de justifier scientifiquement l’usage de tes pouvoirs et de ta poudre de fée, qui plus est sur des cadavres. Ce qui expliquait en fait un flou, une connotation presque philosophique dans tes brouillons plein de ratures, qui reformulaient incessamment les mêmes données pour tenter de les rendre plus rationnelles et plus crédibles, de sorte à faire poser le moins de questions. Mais pour cette fois tu n’y échappes pas : il attend de toi que tu justifies tes résultats et explicites ta méthodologie. Mazette. Tu as pris quelques secondes pour réfléchir à pleines turbines, écrasant le silence du coin de ton sourire. « Je vous remercie pour votre intérêt, d’abord. » Ou comment gagner quelques secondes avant le malaise. « Le… socle de cette réflexion est relativement théorique en effet. Tout part de la capacité du corps humain à se rétablir de lui-même : une lésion cicatrise, des os se ressoudent - bien sûr l’exemple le plus significatif est celui du foie. J’ai souhaité raisonner à différentes échelles, en supposant que si un organe ou un tissu était en mesure de se régénérer, ce devait être applicable à l’échelle d’une cellule, d'un membre ou d’un organisme entier. » Jusque là, c’était facile, de la pure théorie, un première année aurait pu en dire autant. Mais il n'allait sans doute pas s'en contenter.
« Supposons que nous puissions accélérer le processus et estimant ses paramètres… Supposons que le phénomène soit applicable à des situations que la médecine n’envisage pas encore de pouvoir traiter sans avoir recours à des greffes, à de l'artificiel. En prenant en compte le fait qu’une seule cellule détient dans son ADN les informations suffisantes pour définir les termes de cette régénération... » Mais encore ? Ah, là, tu commences à avoir des difficultés. De belles phrases, mais où sont les preuves, les expériences, les résultats empiriques ? Tout ce que tu peux faire, c'est tourner autour du pot en espérant qu'il renonce. « Je sais que certains collègues prennent la direction d’autres organismes vivants dont les capacités régénératives dépassent de loin celles de l’homme. Ce n'est pas mon cas, j'ai préféré partir du constat que la régénération cellulaire était en quelque sorte le processus inverse de la putréfaction. Je pense que l'homme se suffit à lui-même, que toutes ses capacités n'ont pas encore été exploitées. C'est sur l'homme que je travaille, exclusivement sur l'homme. » Tu ne peux pas vraiment en dire davantage, ce serait bel et bien te vendre. Cela dit, tu ne peux pas t'empêcher un dernier commentaire sur un fond de plaisanterie. « S'il pouvait y en avoir davantage pour léguer leur corps à la science, la théorie serait peut-être moins assommante. »
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Maxwell attendait une réponse plutôt claire et directe. Lui-même n’était pas du genre à tourner autour du pot et à substituer les grandes phrases aux faits importants. Il voulait donc entendre parler de paradigmes, de méthodologies et d’hypothèses opérationnelles ou au moins opérationnalisables. La réponse ne fut pas vraiment à la hauteur de ses espérances ou du moins, s’en éloignant dans sa substance. La première partie fut d’ailleurs purement théorique et sa complexité ne dépassait pas les thèses de ces mamans qui avaient fait option biologie au lycée et savaient mieux que des immunologistes pourquoi il ne fallait surtout pas faire vacciner un enfant. Néanmoins, il écouta sans broncher tout en le regardant rassembler ses affaires. Par contre, face à la deuxième partie de l’explication, il haussa un sourcil, très peu convaincu. Les traités de médecine n’étaient pas écrits par les conseillers « scientifiques » de Marvel. Les recherches de pointes en génétique sont encore loin de poser ne serait-ce que l’hypothèse que le génome contienne la clé d’une guérison miraculeuse. En entendant l’hypothèse que la régénération serait le processus inverse de la putréfaction, il prit un air encore plus dubitatif. Les deux phénomènes n’étaient pas vraiment sur un continuum et faisaient entrer dans leurs processus des variables bien différentes autant dans leur nature que dans le rôle que l’homme peut jouer dessus. Cette série d’explication n’était pas vraiment celle qu’il attendait. Son interlocuteur avait l’air circonspect dans ses paroles et l’instinct du médecin lui disait que la vérité était ailleurs. Quant à sa dernière idée, il ne pouvait que manifester son accord. Malheureusement, les scientifiques ne géraient pas encore le monde.

« Quel que soit mon avis sur vos conceptions théoriques et leur agencement, mes questions portent davantage sur les expériences que vous avez mises en place. »

Ce n’était sans doute pas très poli de vouloir recentrer la conversation d’une manière aussi directe et limitative mais, ce n’était pas non plus adéquat de ne pas y avoir répondu de première intention. Les étudiants de cette conférence avaient déjà entièrement déserté l’auditoire mais, de nouvelles têtes blondes pointaient à l’entrée pour assister au cours suivant. Les auditoires restaient rarement libres pour les conversations. D’un geste de la tête, il désigna la sortie et proposa :

« On devrait sans doute poursuivre cette conversation à l’extérieur, les masses étudiantes risquent d’envahir la pièce »

Sans s'en rendre compte, il offrait la possibilité à Basil de gratter de précieuses minutes supplémentaires pour trouver une explication suffisante ou alors une porte de secours. Quant à lui, plus les secondes défilaient, plus il doutait fortement d'obtenir la réponse satisfaisante qu'il espérait obtenir en venant ici.


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Bien évidemment, la réponse ne lui avait pas plu. Rester vague, rester distant des détails, c’était un peu la condition de ta survie, quand un dixième à peine de tes actes aurait pu justifier de t’incarcérer dans la minute, ou à défaut de t’interner sur le long terme. Quel drôle de fait divers à faire jaser dans les chaumières, le fossoyeur arrêté pour s’amuser à régénérer des corps déterrés de son propre cimetière. Et quelle mauvaise publicité pour le monde scientifique. Mais comment ? La question réflexe, la véritable part d’ombre dans cette affaire. Assez de théorie : en quoi consistent tes opérations, de quelle façon expérimentes-tu, Basil ? Si toi même tu le savais. Si tu étais capable de comprendre précisément de quelle façon fonctionne cette faculté innée et inhérente aux tiens. Peut-être que si le surnaturel n’était pas incessamment contraint de se cacher, on en saurait un peu plus que ce qui saute aux yeux par la simple observation. Tout ce que tu en sais, c’est que ces capacités s’expriment différemment selon les individus, suivant une même ligne directrice. Mais expliquer cela à un humain ? Comment expliquer cela à un humain ? Il recentre la conversation, t’arrachant un mélange de ricanement et de soupir, et un sourire contrit et amusé. « Je comprends où se porte votre intérêt. J’aurais bien de la peine à m’accorder le moindre crédit à votre place, la théorie seule ne vaut pas grand chose. Ce qui explique, en fait, que ces travaux n’ont pas été publiés. » Tu te fais pensif, presque absent. Tu pèses le pour, le contre. Le secret surnaturel, on te bassine avec lui depuis la naissance. Onze années de ta vie à ne fréquenter que ton entourage proche, à te plonger dans cet air malsain pour t’éviter les erreurs grossières. Un air malsain trop plein de femmes qui t’a laissé tel quel. Mais l’instinct de survie tu ne l’as jamais eu, les valeurs de ta famille, de ta patrie, de ton espèce sont sans valeur devant le totem de la connaissance. Cet homme vaut-il d’exprimer la vérité plutôt qu’un mensonge ? Pour avoir parcouru l'ensemble de tes travaux, il doit largement en valoir la peine. Il t’offre au moins un temps de répit, en te proposant de sortir. Tu saisis ton cartable en opinant de la tête et prends la direction de la porte, en t’arrêtant près de l’ouverture pour l’y laisser passer le premier. « Bien sûr. Je peux vous proposer d’aller boire quelque chose ? » L’invitation fut très cordiale, suivi d’une réflexion plus en demi teinte, presque murmurée. « Un remontant ne fera pas de mal si je dois en dire davantage. » Tu quittes l’auditorium, encore indécis. Que pourrais-tu bien risquer ? Après tout, tes travaux ne se plaçaient-ils pas déjà au service de ces personnes même qui rêvaient de t’effacer de la surface du monde ? Tu avais déjà suffisamment d’ennemis mortels pour te savoir intouchable, et ce n’était pas pour t’encourager à être raisonnable. Très bien, tu lui montreras. Ce sera bien plus efficace que de longs discours, d’autant que tu as toujours un mal fou à trouver les mots justes quand il s’agit de décrire ce phénomène.
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La méthodologie scientifique était loin d’être parfaite, principalement à cause des limitations apportées par le genre humain et ses défauts. Entre les chercheurs qui étaient prêts à tout pour publier dans de grandes revues, quitte à cacher les béquilles de leur paradigme expérimental et ceux qui orientaient leurs recherches et leurs conclusions pour satisfaire de généreux donateurs, les raisons de se méfier de toute nouvelle étude pullulaient. Même s’il n’était finalement qu’un tout jeune chercheur, Maxwell se rendait bien compte de ces difficultés. Mais il avait voué sa vie à la connaissance et à la logique, ou du moins, le tiers qu’il avait presque atteint. C’était donc presque avec les mêmes espoirs que ceux d’une jeune fille naïve face à un bel homme qu’il s’était aventuré dans le monde de Basil, attiré par d’étranges idées découpées telles un puzzle dont de nombreuses pièces manquaient.

S’il avait été dubitatif dans un premier temps, la réaction du chercheur face à ses doutes le surprit. Lui-même reconnaissait que ses explications détournées ne valaient pas grand-chose. Au moins il ne le prenait pas pour un con, c’était déjà un bon début. Il y avait quelque chose dans son air qui laissait le médecin perplexe. Toujours aussi incapable de décrypter les émotions de ces cadavres en sursis qui tournoyaient dans son monde, il garda cette impression dans un coin de sa tête et le suivit à l’extérieur de l’auditoire qui se remplissait doucement d’étudiants. Comment un homme diplômé d’une université aussi prestigieuse que Cambridge en était arrivé à donner une banale conférence à des étudiants si peu motivés et à ne pas vouloir publier ses recherches visiblement à cause de difficultés méthodologiques. En Irlande, les universités et fonds privés devraient s’arracher les travaux d’un tel diplôme, lui-même n’avait eu aucune difficulté à pouvoir mettre en place son propre projet de recherche. Il y avait décidemment quelque chose d’étrange dans cette histoire.

Après avoir été dubitatif, le voilà sceptique quant à la proposition, n’arrivant pas à déceler si elle contenait un sous-entendu. Comme de temps à autre, son propre égo venait entacher sa réflexion. Ou peut-être l’intérêt scientifique qui l’avait poussé à franchir ces portes était mort et l’esprit du jeune médecin se tournait vers un autre de ses passe-temps. Quoi qu’il en soit, il haussa les épaules, peu convaincu que de l’alcool soit vraiment nécessaire à la description de travaux en biologie, quels qu’ils soient. L’inverse pourrait même être considéré comme une vérité générale.

« Et si vous me disiez directement à quoi tout ceci rime ? Quand on a un doctorat de Cambridge on peut presque publier n’importe quoi, les grandes revues s’intéressent plus au nom sur le papier qu’aux résultats. J’ai lu chacune de vos idées qui trainent dans la faculté de biologie, les articles disponibles sur internet ou en bibliothèque ainsi que l’entièreté de votre thèse de doctorat. Vous n’êtes pas un de ces chercheurs qui compte les publications au lieu de développer un raisonnement. Donc dites-moi si vous ambitionnez de réellement proposer une méthodologie concrète pour supporter vos idées ou si vous voulez vous contenter de faire de la littérature. Au moins je n’aurai plus à perdre mon temps. »

Quand il s’agissait d’interactions humaines ou sociales, la patience n’était pas vraiment sa qualité maitresse, il en faisait encore la démonstration. Sans doute était-il quelque peu contrarié par le manque de réponses concrètes.


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L’homme semblait doté d’une patience de loin inférieure à la tienne, il donnait quelque part l’impression de vouloir expédier tout le sujet dans la minute et d’avoir mieux à faire, ce dont tu ne pouvais douter. Il faut dire que tu avais un flegme très… anglais, en fin de compte, et bien que tu n’aimais pas beaucoup perdre ton temps sur des bêtises, tu n’aimais pas non plus te précipiter. C’est pourquoi, tandis qu’il te pressait, d’une façon qui t’empêchait de savoir s’il voulait te discréditer ou te complimenter, tu te mettais à l’observer avec l’air de n’écouter qu’à peine. Tu te demandais plutôt : mais quel était son nom au fait ? Tu ne t’en étais pas vraiment soucié, mais l’information manquait à présent qu’il t’avait côtoyé un peu plus longtemps qu’une demi-minute, et tu aimais bien savoir à qui tu t’adressais. Alors tu t’étais mis à regarder distraitement ses vêtements, son sac, ses affaires en fait à la recherche d’un badge ou d’une étiquette qui puisse te renseigner sans devoir interrompre sa tirade.

Tu l’avais écouté au moins suffisamment pour savoir que si tu ne t’empressais pas de lui donner une exclusivité dont se nourrir, il allait s’évaporer en moins de deux – ce qui serait assez dommage, considérant qu’il était peut-être le seul illuminé à avoir consulté tous tes travaux. Alors tu as rouvert ton cartable, avec quelque chose proche de la maladresse, si bien que tes documents ont manqué s’échapper sur le bitume et tu ne les as rattrapé qu’à temps. Seigneur, tu n’aimais pas que l’on te presse, mais tu t’étais mis à fouiller, et à pester un peu parce que tu ne trouvais rien de coupant. N’avais-tu donc pas un cutter, un coupe-papier, une aiguille dans un nécessaire de couture, mais où avais-tu la tête en partant ce matin ? Tu as finalement trouvé un prospectus étudiant en papier glacé, que tu as affuté entre tes ongles avant de t’entailler la main entre l’index et le pouce. Fourrant le papier dans ta poche, tu as retenu par le bras celui qui devait juste n’en plus pouvoir de tes simagrées. « J’en suis navré mais on ne peut pas publier sur n’importe quoi. Je ne désire pas faire de la littérature, mais je suis dans l’immédiat incapable d’exposer au monde une méthodologie concrète. Dites-moi, comment vous expliqueriez ce phénomène ? » Et ce faisant, tu as laissé la peau se reconstituer sous ses yeux. S’il voulait bien ne pas regarder ailleurs le temps d’une seconde, cela te simplifierait beaucoup la tâche, et te permettrait de finalement lui répondre d’une façon un peu moins fuyante.

Tu as relevé les yeux vers lui très sincèrement, avant d’approcher un peu ta tête, développant amicalement ta pensée sur le ton de la confidence. « Ecoutez, j’ignore comment vous en êtes arrivés à mes travaux sur la régénération cellulaire, il n’y a rien à en faire en l’état. Mais j’y ai travaillé beaucoup plus que ne le laissent entendre mes publications. Ce que vous avez pu voir s’apparente davantage à une cicatrisation accélérée, mais sur des dommages plus conséquents, l’effet est plus formidable encore et je suis convaincu qu’il pourrait être poussé et révolutionner la médecine moderne. » Même si, là encore, la médecine, tu t'en moquais assez. Tu te moquais suffisamment de sauver des vies pour consacrer tout ton temps à des gens déjà morts, ce qui n'a pas tardé à ressortir d'ailleurs. « Quant à ce que je vous disais sur la putréfaction, si cela vous a laissé perplexe : figurez-vous que ce même phénomène m’a permis d’interrompre momentanément la dégradation d’un corps, et je soutiens fermement que de le comprendre et de le maîtriser devrait permettre de lui rendre son apparence originelle. Irréaliste ? Oui je sais, "les avis divergent", heureusement je suis le seul à m'y intéresser. Et avant que vous ne me le demandiez : oui, j’ai expérimenté cela en laboratoire. Donc, voulez-vous que nous restions plantés là pour en parler, ou estimez-vous toujours que je vous fais perdre votre temps ? Autrement, ma proposition tient toujours. » En toute sincérité, tu estimais lui ouvrir une brèche sur l'une de tes études les plus passionnantes, tu aurais été franchement insulté qu'il s'en désintéresse. Mais bon, si cela peut en rassurer, tu ne comptais pas non plus l'assassiner pour si peu - encore que, il en savait beaucoup.
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Les postulats théoriques, les expériences pratiques et les statistiques étaient aux yeux de Maxwell les pierres anguleuses d’une argumentation. Lorsqu’il échangeait avec un universitaire, c’était ce à quoi il s’attendait et ne dérogeait jamais à sa propre règle. Contrarié par l’absence d’explications solides, le jeune médecin commençait à se dire qu’il avait perdu son temps. C’était un fait connu et reconnu qu’un fossé séparait la théorie et la pratique. Peut-être que les travaux du professeur Egerton devaient à jamais rester du mauvais côté du précipice. Après la menace sous-entendue de déguerpir de Maxwell, son interlocuteur commença à fouiller dans son cartable. Cette réaction eut le mérite d’intriguer Maxwell. Peut-être allait-il lui sortir une quelconque feuille de papier présentant une méthodologie exacte, même un brouillon pourrait le satisfaire. Malheureusement pour lui, ce n’était absolument pas le cas.

Un prospectus pour une association étudiante ? Se fichait-il de lui ? Une grimace tordit son visage alors qu’il continuait à perdre son temps. Et d’un coup, comme un signe envoyé par la providence, sa montre se mit à vibrer, le prévenant qu’il était l’heureux propriétaire d’un nouveau mail. Il n’eut pas le temps d’évaluer l’importance de l’expéditeur que son attention fut ramenée à la réalité.

« J’en suis navré mais on ne peut pas publier sur n’importe quoi. Je ne désire pas faire de la littérature, mais je suis dans l’immédiat incapable d’exposer au monde une méthodologie concrète. Dites-moi, comment vous expliqueriez ce phénomène ? »

Très peu intéressé par ce qui suivait, il détourna de nouveau son regard sur sa montre, ratant ce qui aurait changé sa vie à jamais. Pas de bol Maxwell, ça sera pour une autre fois. Ayant définitivement perdu tout son intérêt, il ne se demanda même pas de quel phénomène il pouvait bien lui parler. Peut-être était-ce un de ces illuminés qui croient aux esprits ou pire, à la psychanalyse.

« Ecoutez, j’ignore comment vous en êtes arrivés à mes travaux sur la régénération cellulaire, il n’y a rien à en faire en l’état. Mais j’y ai travaillé beaucoup plus que ne le laissent entendre mes publications. Ce que vous avez pu voir s’apparente davantage à une cicatrisation accélérée, mais sur des dommages plus conséquents, l’effet est plus formidable encore et je suis convaincu qu’il pourrait être poussé et révolutionner la médecine moderne. »

Cicatrisation accélérée ? Mais de quoi parlait-il ? Le médecin avait complètement décroché et commençait à imaginer les explications les plus invraisemblables avec un sourire moqueur en coin qu’il n’arrivait pas à réprimer à l’idée de révolution la médecine moderne avec quelque fantaisie que ce soit. Sans doute que ce type avait perdu un bon million de neurones depuis Cambridge.

« Quant à ce que je vous disais sur la putréfaction, si cela vous a laissé perplexe : figurez-vous que ce même phénomène m’a permis d’interrompre momentanément la dégradation d’un corps, et je soutiens fermement que de le comprendre et de le maîtriser devrait permettre de lui rendre son apparence originelle. Irréaliste ? Oui je sais, "les avis divergent", heureusement je suis le seul à m'y intéresser. Et avant que vous ne me le demandiez : oui, j’ai expérimenté cela en laboratoire. Donc, voulez-vous que nous restions plantés là pour en parler, ou estimez-vous toujours que je vous fais perdre votre temps ? Autrement, ma proposition tient toujours. »

La réponse était claire, oui il continuait à lui faire perdre son temps, ne se rendant absolument pas compte qu’il passait à côté de tout un monde qu’il refusait de voir car son propre égo lui bloquait la route. Ses mails étaient plus importants que l’existence de créatures capables de se régénérer par magie n’est-ce pas ? Son sourire moqueur s’élargit de même que son visage prenait cet air condescendant qui lui sied si bien.

« Vous me faites perdre mon temps »

Sans doute que le nombre de gens capable de lâcher ce genre de phrase d’un coup était assez limité. La preuve étant que la société tenait encore plus ou moins debout. Comment aurait-il pu réagir autrement ? Tout le discours de Basil reposait sur sa petite démonstration dont le médecin avait été distrait par une notification idiote. Malgré tout sa mère lui avait appris à être poli (comment ça ça se voit pas ?) et il souhaita bonne journée à celui qu’il prenait pour un illuminé avant de se détourner et de quitter l’endroit, reprenant son chemin vers sa destination originelle.


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Basil Egerton
Basil Egerton
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Hélas. Tu avais fait des concessions, tu avais trahi ton propre engagement au secret. Tu avais eu de l’espoir, et l’envie avait transcendé le tout et la morale. Tu devais être flatté, quelque part, d’avoir son attention, son écoute – tu as compris trop tard qu’elle s’était envolée peu avant que tu ne craques. Tu te disais : forcément, ce n’était pas un tour de passe-passe, cela devrait l’intriguer puisque c’est là même le sujet qui vous rapproche. Tu n’avais pas beaucoup à déduire pour savoir que vous aimiez tous deux la science : vous aviez encore les pieds dans l’université, et l’on ne poussait pas jusqu’au doctorat dans une discipline dont on ne voulait rien entendre.

Vous me faites perdre mon temps.

Tu t’es senti… Déçu. Il y avait peut-être de la colère, un côté scandalisé, un peu vexé aussi sans doute. Ta vie tournait autour de ce projet – et d’autres mais celui-ci tenait une bonne place – et si tu n’étais pas un homme susceptible, il y avait toujours des sujets plus sensibles que d’autres. Mais c’était la déception qui prévalait, devant son sourire où tu ne lisais pas la moquerie, tu ne la déduisais que de ses mots. Ce n’était pas tous les jours qu’un chercheur faisait le tour de ton œuvre, c’était d’autant plus dommage de ne parvenir à retenir son intérêt. En plus, tu passais pour un guignol. Un débutant, une arnaque monumentale. Tu ne savais pas défendre un sujet en face à face, d’où te venait-il l’audace de publier et tenir des conférences ? Tu t’es demandé, pendant une minute, si tu n’allais pas rougir de cette situation.

Tu n’as rien dit, tu n’as rien trouvé à dire. Tu as seulement rangé dans ton sac tout ce que tu avais déballé, plus ou moins volontairement, dans ta maladresse, et tu l’as refermé en bredouillant un « C’est bien dommage. » Il t’avait souhaité la bonne journée, tu le lui avais rendu sans mauvaise foi. Et puis tu n’as plus eu qu’à repartir de ton côté. Tant pis, tu aurais des jours meilleurs. Au fond, n’était-ce pas mieux ainsi ? Tu n’aurais pas dû exposer ce secret, de toute façon, c’était te glisser un caillou dans la chaussure – et il y avait deux organisations que tu n’aurais pas aimé te mettre à dos, d'autant qu'elles ne t’aimaient déjà pas beaucoup. Tant pis. Tu n’avais même pas retenu son nom dans le processus – pour une fois que tu avais conscience d’être à côté de la plaque. Quel drôle de personnage il était, tout de même, et tu savais qu'au moins maintenant il ne te lirait plus.
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