Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

 

 "Dans la flotte le crayon a pas pied"

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
avatar
Invité




twenty-four hours

Texte concours PRD 2017; thème : Doctor Who; contrainte : ne pas mentionner le nom du héros ni de la série une seule fois.
image
L’homme, maître de ces lieux, tournait autour de la commande centrale, le cœur lourd. Lourd d’une perte, lourd de regrets. Une dernière nuit de vingt-quatre années. Sa peine avait duré une éternité semblerait-il aux yeux de ce vaisseau grognant son retour. Voir ainsi son épouse mourir et vivre ses dernières secondes. Il se souvient encore de ce restaurant sur Darillium, le fruit d’une étrange coïncidence ou bien d’une programmation temporelle complexe. Si le fruit de la discorde entre eux était le diamant le plus prisé de l’univers, il avait pu se métamorphoser en une soirée inoubliable. Il les entendait encore chanter, les deux tours solitaires auxquelles il avait demandé à ce qu’un restaurant soit construit à leurs pieds, se laissant envahir par leurs prestances telles des reines qui exigeaient réparation. A la fin du dîner, il avait emmené cette femme formidable à danser en contrebas des deux constructions en pierre, profitant ainsi du vent qui diffusait le son dans l’air. Des pas cadencés, un rythme léger et sa main pourvue de sa chevalière étriquant celle délicate de l’archéologue. Ils dansaient comme si leurs vies en dépendaient. Impossible de quantifier le temps passé à exécuter des pas synchronisés à la perfection. Il s’était permit de la soutenir par l’une de ses hanches pour ainsi la faire basculer en arrière et lui montrer que malgré l’âge, sa forme était toujours aussi difficile à évaluer. Elle le lui demandait souvent, où il puisait une telle énergie. Il lui répondait simplement qu’il suffisait de courir. Courir après le temps, courir après la paix, en voilà des inepties ! Mais c’est justement ce qui faisait sa force et ce pour quoi sa femme l’aimait. Dans cette valse longue où, pour la première fois depuis cette régénération, il se permettait de danser et prendre son temps, il s’accordait la proximité avec la gente féminine. Ce visage ridé n’était pas la plus belle de ses incarnations, mais la plus sévère. Professeur, ainsi était son titre qu’elle lui léguait avant de finir ses jours dans cette affreuse bibliothèque. La fin s’approchait, elle en était totalement consciente. Les pages du journal étaient épuisées, le sablier laissait couler ses derniers grains. Et pourtant, les amants semblaient s’amuser comme ils l’avaient toujours fais. Ils se riaient du monde, de l’injustice du temps. Il lui disait regretter que cela soit déjà fini, laissant glisser un commentaire comme quoi il avait horreur des fins. Son épouse lui souriait amusée, une plaisanterie s’échappant de sa bouche. Elle lui faisait remarquer que la dernière fois qu’il avait dit ceci, il avait failli passer à côté du plus beau testament que sa mère aurait pu lui écrire. Oh oui, sa belle-mère, la fille qui attendait. Il repensait très régulièrement à elle et des regrets lui montaient à la gorge.
Le temps avait été injuste, terriblement injuste et il continuait de l’être encore alors que ses heures étant des années ailleurs s’écoulaient à vive allure. Il avait relevé son bras en gardant leurs mains jointes, la faisant tourner sur elle-même. Il semblait si heureux et malheureux à la fois. Depuis combien de temps ne s’était-il pas permis une danse avec une compagne ? Bien trop longtemps, il attendait simplement la bonne partenaire. Mais cette femme n’était pas n’importe laquelle : elle était sa femme. Son épouse tout aussi complexe que lui. Cela était de bonne guerre, il était bien trop difficile à obtenir. Un électron libre dans ce vaste univers qui continuait, encore et toujours, à sauver la veuve et l’orphelin de l’injustice. Toujours de manières pacifiques, ainsi était son crédo. Il était normal pour lui de se marier à une psychopathe créée et formatée dans le seul but de le tuer, tout aussi imprévisible que lui.

Et voilà que cette nuit, ces vingt-quatre années, il voyait son épouse partir. Il le savait, il ne pouvait pas la retenir. Elle retournerait à son passer rendre son dernier soupir de manière atroces dans ses yeux alors plus jeunes. En voyant ses inquiétudes et ses remords, elle était venue posée sa main pourvue de son alliance sur sa joue usée et ridée. Un geste tendre à laquelle quelques larmes venaient se prête en accompagnement. Une délicatesse qui fit rougir d’eau salée les yeux du vieil homme usé. C’était injuste, terriblement injuste selon lui. Il avait pris du temps pour les autres, et le temps lui prenait toujours ses êtres chers. Il avait espéré secrètement que sa femme y échapperait. Que ses régénérations lui reviendraient tout comme les siennes lui étaient revenues. Qu’elle serait de nouveau capable de changer de visage comme lui pour ainsi repartir ensemble. Puis, le souvenir de Berlin et de son geste à son égard pour le sauver lui revenait en mémoire. Les doigts de l’homme étaient venus saisir ceux de son épouse déposés sur sa joue, les serrant doucement. Il profitait une dernière fois de ce geste qui, inconsciemment, le faisait sourire. Ce n’était pas la première fois, c’était comme un tic chez elle. Quand il avait besoin d’être rassurer à son sujet, sa main se déposait sur ses pommettes et il penchait légèrement la tête pour renforcer le contact. Il n’avait pas l’air d’être un vieillard aigri, mais d’un adolescent en plein chagrin.

« Le jour va se lever » disait-elle à son égard, souhaitant mettre fin à son supplice de cette manière. Elle prit de nouveau du recule, jetant un œil derrière les rayons du soleil qui pointaient le bout de leurs nez dans le dos de l’homme. Cette chaleur était glaciale, froide. Il refusait de faire face à cette horloge naturelle qui lui rappelait qu’il allait devoir y aller. Le premier levé de soleil qu’il refusait de voir car mortuaire. Pourtant, elle le prit par ses mains, l’incitant à se tourner pour faire face. Jamais de lâcheté, n’est-ce pas ? C’est ainsi ce qu’elle lui rappela son serment. La boite bleue était apparue à ses côtés, non pas pour le presser mais pour le soutenir. Sa plus vieille amie, sa plus vieille alliée, prête à partir loin. Son épouse lui fit un dernier sourire qui, lorsqu’il y jeta un œil, rayonnait bien plus que ce l’astre levant. Il passait une dernière fois sa main dans cette tignasse bouclée et sauvage, digne du caractère de sa propriétaire. Il ne pouvait pas rester en place, même dans les moments les plus douloureux. Il avait tendance à les fuir, à courir pour se cacher. Déposant un baiser sur son front, il prononça quelques mots à son égard. Quelque mot à l’intonation si banale et pourtant, si profonde. Il se souvenait de sa mort, seulement trop jeune pour l’honoré comme il se doit. Maintenant, c’était chose faite, il allait pouvoir cacher ses larmes dans sa fidèle boite. Bonne fin journée.



code shirosaki ; icons shirosaki



Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité




Give me novacaine

I'm the patron saint of the denial with an angel face and a taste for suicidal. Cigarettes and Ramen and a little bag of dope. I am the son of a bitch and Edgar Allan Poe raised in the city under a halo of lights.
image
Voronej, 8 Décembre 1991
A mon frère indique l’unique ligne déposée sur l’enveloppe. Un coup de langue pour clôturer ses mots qui ne seront jamais lus, tel un testament fantôme. Les cyrilliques tremblent, à peine lisibles et dessinés à la va-vite tandis que les hurlements traversent la porte. Des ordres, des chiens qui aboient, traquant la bête, le monstre. "ЛОВИТЕ ЕГО ! ЛОВИТЕ ЕГО !" Le brun débraillé tourne vivement la tête sur sa droite, sonde la porte et s’assure de ne pas y voir l’ombre des pieds à la faible entrouverture. Ses uniques regrets, il les dirige vers cet ainé dont son sang coule encore sur ses phalanges. On ne l’arrête plus.

Ses yeux charbonnés se pressent de retourner se concentrer sur le bureau qui n’était pas à lui. Il n’avait fait que l’emprunter à quelqu’un qui a su préserver sa fortune de la misère environnante. Injuste, il se retient de pester en silence. Injuste, vraiment ? Bien sûr, c’est la première chose qu’il ait apprise. Et aussi rebutante soit cette femme, il ne peut s’empêcher de l’aimer plus que sa protagoniste. Il se sert, il ne se gêne plus, profitant de sa présence dans ces lieux et d’un peu de temps restant pour dérober bibelot de valeur et cette plume qui lui a plu. Les seules traces qu’il laisse derrière lui sont ses perles carmin qui jonchent le sol et qui s’écoulent de ses mains. Il n’est pas blessé, du moins pas physiquement.

Les coudes fracassent la porte, et il ne sursaute pas. Il se contente d’ouvrir la fenêtre en grand, jouant les funambules à une trentaine de mètre au-dessus du sol pour s’échapper. Seul le cliquetis de ses chaînes décoratives sur son pantalon indique qu’il est en mouvement au-dessus des têtes inspectrices, cherchant à atteindre les hauteurs. Ils sont vieux, ils sont raides comme des bouts de bois, ils n'arriveront pas à le suivre bien loin. Les mendiants lèvent la tête, regardent ce drôle d’artiste à la tignasse hirsute qui a beau vouloir le masquer autant qu’il veut, il panique. Il ne veut pas se faire prendre. Leur distraction de la journée pendant qu’ils se font volés leur monnaie mendiée.

Que faisais-tu, Vlasi lui demandait-il lorsqu'il le voyait revenir à la maison couvert de bleus, de boue et de sang. Je lisais lui répondait-il avec sarcasme, insinuant subtilement que Stanislav ne savait pas user de ses yeux. Et là que fait-il ? Il fuit, quelle question. Il joue avec sa vie, comme à la roulette russe.

uc.



code shirosaki ; icons shirosaki



Revenir en haut Aller en bas
 
"Dans la flotte le crayon a pas pied"
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» DASH - plonger dans un océan de bonheur c'est aussi se noyer dans le malheur des autres
» Dans la vie, y'a des cactus ! [Sally]
» Jet de Moon dans un lac ( Castielounet)
» Intronisation dans la famille
» La princesse dans la tour

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
► URBAN LEGENDS :: Archives de UL V3 :: Autres-