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 « Breathe, just breathe » AzenorxZachary

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'Cause you can't jump the track, we're like cars on a cable and life's like an hourglass, glued to the table no one can find the rewind button, girl. So cradle your head in your hands and breathe... just breathe.

Hôpital de Bray.

Les journées et les nuits à l'hôpital ne se ressemblaient jamais mais elles avaient toutes quelque chose en commun. Leur lot de surprise et d'émotions. Évidemment, je n'étais pas du genre à montrer que quoique ce soit me touchait mais je rentrais souvent épuisé, exténué. Pourtant, si l'on m'avait prédit la journée qui m'attendait, je n'y aurais jamais cru.

Y a quelque chose de morbide dans les habitudes, quelque chose de cruel. Quand on s'habitue à la mort, à la douleur, on a quelque chose qui disparaît au fond des yeux. Je n'ai plus le cœur qui se serre quand un patient hurle en crachant ses poumons, je n'ai plus le cœur qui se serre lorsque j'entends les bips des machines combler le silence d'une pièce. J'ai cru, quelques temps être vacciné. J'y ai tellement cru que je me suis cru invincible, indestructible. J'étais persuadé que les choses qui pouvaient encore me toucher, me briser, n'existeraient pas dans cet hôpital.

C'était sans compter sur aujourd'hui, sans compter sur son arrivée. Une simple pause café, dehors, adossé contre un mur. Une clope à la main et de la fumée avec laquelle je joue en toute discrétion. Le calme avant la tempête. Un tout petit instant de calme, sans devoir penser pour dix, courir partout et vivre dans le brouhaha. Un instant, que, si j'avais su, j'aurais fait durer bien plus longtemps. Mais j'étais très loin d'être devin, très loin d'imaginer ce qui m'attendait en franchissant à nouveau la porte de l'hôpital.

Alors c'est ce que j'ai fait, bêtement. J'ai franchi ces portes comme si rien ne pouvait m'atteindre. J'ai franchi ces portes comme tous les jours depuis des mois, jusqu'à la voir, là. Je la reconnaîtrai entre mille, entre tous. Sa chevelure, son odeur, son aura. Azenor. Mon cœur se serre en une seconde et le temps s'arrête.

Le bruit disparaît, tout disparaît. Je ne vois plus qu'elle, là, sur ce lit, et ce sang. Mes oreilles sifflent et mon cœur bat jusque dans mes tempes. Merde. Merde. Mais qu'est-ce qu'elle fout là ? Le temps d'arriver jusqu'à son lit, de mettre ma blouse, un clignement d’œil et tous ces souvenirs remontent.

La première fois qu'elle m'a abordé, que je ne voulais pas qu'elle m'approche. La première fois qu'elle m'a parlé, où je ne voulais pas vraiment qu'elle me parle. La première fois où elle a insisté, où je n'avais pas vraiment envie qu'elle insiste. Et puis l'habitude, l'attachement. Une gamine adoptée, déplacée de tous les côtés. Une vie un peu partagée et une envie incontrôlable de la protéger. Aze ne se taisait pratiquement jamais, elle parlait souvent pour nous deux. Elle m'a forcé plus d'une fois à garder mon calme, à éviter des bleus à bien des visages. Aze c'était à la fois trop et pas assez. Trop de mots, pas assez de méchanceté. Trop de douceur, pas assez de violence. Jamais dans la demi mesure, elle était sans doute l'une des seules à n'avoir jamais su me calmer.

Jusqu'à ce fameux jour, celui où elle a perdu une partie de sa famille, à nouveau. Elle a perdu sa mère et je n'ai pas su quoi faire. Elle ne pouvait plus parler pour deux et je n'avais toujours pas la moindre idée de ce qu'il fallait dire. Alors je n'ai rien dit, je suis resté là, pas loin. Sans un mot, là si elle avait besoin. Le silence nous a éloigné, ma connerie nous a sans doute éloigné. Mais jamais, non jamais je n'imaginais la trouver là, dans ce lit, face à moi.

Alors sans réfléchir j'attrape sa main. Je la serre tout en me retournant rapidement vers mes collègues « Je la connais. », les ignorant en moins d'une seconde je me focalise à nouveau sur elle, seulement elle. D'un sourire maladroit, la gorge serrée de tous ces souvenirs je lui lance bêtement. « C'est à moi de me retrouver avec du sang partout, pas à toi, tu te souviens. », je commence à trembler légèrement, et rajoute tout en serrant un peu plus sa main. « On va bien s'occuper de toi, t'inquiètes pas Aze, ça va aller. »

J'ai peur pour elle, lâche sa main et me retourne vers l'étendu des dégâts. Le monde tourne vite, trop vite autour de nous. Tout le monde s'occupe d'elle, j'observe la plaie. Merde. Une balle. Comment elle a pu se prendre une balle ? J'espère qu'elle n'a pas fait de connerie, je veux croire qu'elle n'a pas fait de connerie. J'enfile des gants, prends la relève. J'écoute les ordres des médecins, exécute un peu tout. On me demande de lui poser une perfusion, pour la douleur. On me demande de lui parler, de la rassurer. Il faut enlever la balle, l'opérer.

Alors j'acquiesce par réflexe, attrape le matériel sans pouvoir me sortir de la tête des images horribles où elle se prend une balle. Je me fais bousculer, on me demande de me ressaisir, alors je la fixe à nouveau, et je lui parle, comme à mon habitude, de ce ton qui ne laisse que trop peu transparaître mes émotions. « J'vais devoir te poser une perf d'anti-douleur dans le bras. Il faut que tu bouges le moins possible sinon je vais te faire mal. », j'attrape les aiguilles, nettoie son bras avant de reprendre. « Faudrait que tu parles pour rester éveillée, c'est important. », et comme un con, comme l'abruti que je suis, je finis par dire bêtement. « Ça faisait longtemps. T'es devenue quoi en cinq ans au juste ? »

Bien joué, sale con.

doctor sleep
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La louve au pelage blanc, elle court. Elle fonce parmi les arbres de la forêt la louve, les esquive comme elle peut. Parce que la louve elle veut pas mourir. Elle fait ce qu'elle peut pour échapper aux chasseurs qui veulent la voir à terre, vulnérable, juste par plaisir, juste par sadisme. Elle est étonnamment rusée la louve. Les hommes s'en étonnent. C'est comme si elle avait une conscience, c'est comme si elle était humaine. Et ce qu'ils ne savent pas tous ces abrutis habillés en verts avec un béret beaucoup trop rétrograde et un tatouage "I love mom." sur le bras, c'est qu'il y a vraiment une humaine derrière cette fourrure. Une femme qui serait capable de les bouffer cru si elle avait un peu plus de cran, si elle savait se défendre elle-même avant de savoir défendre les autres. La louve c'est toi. Et toi, t'es juste effrayée. T'as peur de mourir c'est vrai. Mais tu as encore plus peur de la souffrance, de la douleur. Celle-là même qui déchire ta chair, qui fait jaillir le rouge de ton flanc gauche. Celle que tu ressens maintenant.

Tu as perdu Azenor. Game Over. Tu as été touchée. Ton pelage d'un blanc immaculé vire petit à petit au carmin. La route n'est plus très loin, ta voiture non plus par la même occasion. Mais ils gagnent du terrain. Tu essaies de ne pas flancher, de faire abstraction de la douleur. Dans un élan d’adrénaline tu réussis enfin à accélérer. Tu as au moins un avantage, les humains se fatiguent vite. Quand tu es sûre d'avoir échappé à leurs regards sadiques, tu changes de forme. Nue, tu cours jusqu'à ta voiture. Bien heureusement, il n'y a personne, tu as pris soin de te garer dans un lieu un peu paumé en bordure de la forêt. Tu t'habilles comme tu peux avec les vêtements de rechange que tu as toujours dans ton coffre. Tu sers un pull autour de ta blessure histoire de la comprimer. C'est comme ça qu'ils font dans les films non ? Désormais, tu vas devoir conduire jusqu'à l'hôpital. Ça va être compliqué, tu n'es pas toute proche. Mais tu ne peux pas te permettre d'être encore là quand les chasseurs reviendront. Et s'ils te voient ? S'ils voient ta blessure ? S'ils comprennent ? S'ils rependent la rumeur ? Non, tu n'as pas envie de finir comme ta mère, traquée jusqu'à son dernier souffle.

Tu étais à peine sortie de ta voiture que tu voyais déjà une femme courir dans ta direction. À en juger par sa tenue et son attitude, elle ne travaillait pas ici. En revanche, elle avait compris que quelque chose n'allait pas. Elle avait vu le sang. Elle avait senti ta détresse. Il est probable que sans elle, tu sois encore en train d'agoniser sur le parking. La jeune blonde t'a aidé à marcher jusqu'à l'intérieur du bâtiment et elle a crié à ta place. Elle a hurlé à s'en casser les cordes vocales. Tu lui dois beaucoup. Tristement, tu n'as pas imprimé son visage. Ta tête tournait trop, tu n'as pas vu, pas fait attention. Tu serais incapable de la remercier si tu la recroisais. Et dans un sens ça t'ennuie. Tu es vraiment reconnaissante.

Il y a des gens qui arrivent de tous les côtés. Ils posent des questions, ils te forcent à t'allonger, ils remontent ton tee-shirt. Tous là, penchés sur ta blessure alors que toi tu souffres. Et puis soudain, une main qui sers la tienne. Et puis soudain, une voix familière. Et puis soudain, lui. Zachary. Plus rien ne compte. Tu as toujours mal bien sûr, mais les autres ne t'intéressent plus. Probablement qui si le côté gauche de ton corps n'était pas torpillé par la douleur, tu aurais ris. Tu as quand même pris sur toi pour lui répondre, les dents serrées. « Je voulais savoir ce que c'était d'être toi pendant un instant. » Il a l'habitude de ton ironie. C'est pas comme si tu avais décidé de le coller depuis votre première rencontre. Gamine, tu avais à peine vu son visage que tu voulais déjà en faire l'un de tes plus proches amis. Mais pour toi, ça n'a rien de bien spécial, pour toi c'est juste normal. « Je sais, j'ai confiance en toi. » Lui réponds-tu calmement. 

T'es attentive à lui, à ses gestes. Et tu as aussi ton côté protecteur qui surgit, qui grogne au fond de toi. Tu as envie d'engueuler les médecins, ceux qu'ils lui disent de se magner. T'as toujours été comme ça. Zach on n'y touche pas et on ne lui fait pas de réflexion. Mais là, c'est toi qui n'es pas en mesure d'en faire, des réflexions. Alors tu sers les deux et tu te tais. C'est pas vraiment dans tes habitudes, toi la grande franche. Finalement, il te parle de nouveau. Tu exécutes ses ordres, tu ne bouges pas. Ou du moins le moins possible. Les seringues ne t'effraient pas de toute façon. Tu es assez grande pour ne plus avoir peur de ça. Étonnamment, il t'a demandé de parler. C'était bien rare. Bavarde comme tu étais, tu devais sans doute le gaver quand vous étiez mômes, comme tu agaçais tout le monde en fait. Et finalement, il s'est habitué. Il y a sa question ensuite. Sa question maladroitement posée. Pour autant, tu ne le prends pas mal. Tu le connais Zachary, tu sais comment il est avec les autres. Tu sais comment il est avec toi. Toi t'as été trop conne et tu t'es éloignée. Tu pensais sincèrement que c'était mieux ainsi, qu'il n'avait pas à subir ta tristesse et ton malheur. Tu n'as toujours cherché qu'à le protéger, depuis le début. T'inspires, expires, et réponds un très léger sourire sur les lèvres parce que mine de rien, le voir te fais plaisir. « Je n'habite plus chez mon père, tu as dû le remarquer je pense. J'suis à Pilgrim village maintenant. Et je suis institutrice, comme ça moi aussi j'aide les gamins du quartier. Ça me fait bizarre encore de me dire que certains d'entre eux sont les enfants de nos anciens camarades. J'ai l'impression de vieillir si vite et j'suis toujours pas habituée à la vie d'adulte. Je crois que je suis destinée à être une gamine toute ma vie. Peut-être que je devais mourir beaucoup plus jeune et que personne n'a décidé de me donner le sens des responsabilités et le sérieux. Si cette personne m'écoute aujourd'hui, je la blâme très fort. » Décidément, tu ne sais pas parler sans raconter de bêtises.

Tes yeux ne se détachent pas de lui. Ton regard se fait triste, nostalgique. Tu repenses à ton enfance, à ton adolescence, aux bons moments passés ensemble, aux moins bons, aux bagarres que tu as évités, aux autres que tu n'as pas pu empêcher. Tu repenses à tes éclats de rires, à tes pleurs, à tes colères. Son attitude t'a parfois rendue chèvre mais tu n'as jamais pu lui en vouloir, pour quoique ce soit. Fatalement, tu as les souvenirs d'Ellen et de ces cinq ans qui te reviennent à la gueule violemment. Tu soupires et finalement tes yeux se baissent. « Je suis désolée Zach. Sincèrement. Je n'aurais jamais dû partir, m'éloigner, comme je l'ai fait. Pas pendant autant de temps en tout cas. J'ai cherché à revenir parfois. Je ne savais juste pas comment faire. J'ai même penser à venir frapper chez toi, à te demander de passer du temps avec moi, comme quand on était gamins. Et après je me suis dit que c'était stupide, une débilité sans nom. Parce que tu peux m'en vouloir et t'aurais toutes les raisons du monde pour ça. J'étais simplement... Triste. Et c'est con parce que la tristesse est basée seulement sur le manque affectif. Alors pourquoi quand on est triste, on fuit l'affection ? C'est juste débile... Je suis juste débile. »
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Je souris bêtement au son de sa voix. Comme si c'était la première fois que je l'entendais. Parce que j'ai le cœur qui se serre vraiment avec tous les souvenirs refoulés depuis cinq ans. Azenor m'a brisé le cœur comme aucune fille ne l'a fait, elle ne l'a pas fait exprès et je le sais. Ce n'est pas qu'elle a voulu me faire du mal, pourtant, j'ai rarement eu autant mal. Parce qu'en partant elle a arraché une partie de moi, celle où elle prenait toute la place, comblait mes silences, faisait taire mes peurs par son débit de parole dépassant celui des plus grands orateurs.

Le manque, horrible, impossible à guérir. Je n'aurais jamais cru dire ça, surtout pas d'elle, encore moins à mon âge. Azenor n'était pas de ces gens qui rentrent peu à peu dans votre vie, ceux qui viennent d'un commun accord pour construire une relation à deux. Azenor est du genre à s'imposer, elle arrive, pousse tout et elle s'installe. Dit comme ça, on pourrait croire qu'elle m'a forcé et si dans la forme c'est plutôt vrai, dans le fond c'est bien loin de la vérité. Azenor a ce don de s'imposer aux personnes qui ont besoin d'elle, de rester coller aux bombes à retardement pour les désamorcer. Un ange gardien bavard, un ange gardien qui fait râler mais qui ne failli jamais.

J'ai l'impression de l'avoir eue toute ma vie autour de moi. J'ai longtemps pensé que je ne passerai pas une seconde de ma vie sans elle. Mais ça, c'était sans compter sur cet incident, cette connerie. Pire qu'une explosion, pire qu'une bombe à retardement, le décès a touché tellement de gens directement et indirectement qu'on pourrait croire à un attentat. Et c'est ce que ça a été, pour moi, à l'intérieur. Une succession de coups, de peine, de larmes et de haine. Un amas d'incompréhension, de peur et de douleur. Parce qu'elle a disparu et que je ne l'ai pas retenue. Parce que je n'ai pas été là quand elle avait le plus besoin de moi.

Azenor, son petit nez qui se trémousse, son rire communicatif et sa douceur environnante. Azenor qui n'a jamais hésité à se caler entre moi et un autre abruti en colère, n'a jamais eu peur de prendre un coup perdu. Azenor qui m'a écouté hurler, pleurer mais qui ne m'a jamais laissé. Contrairement à moi.
La seule fois où elle avait vraiment besoin de moi, j'étais pas.
Putain, pourquoi j'ai fait ça.

Et puis y a sa voix qui s'élève, après sa respiration difficile. Sa voix qui prend toute la place et me glace le sang tellement ça fait longtemps. Je tourne mon regard vers elle et l'écoute comme si la situation n'était pas improbable et encore moins grave. Ses premières phrases semblent si banales, j'aimerais lui dire que je le sais, même sans lui avoir parlé. Que je ne l'ai pas perdue de vue même si j'ai pas été foutu de venir lui parler. Mais je ne dis rien, j'acquiesce simplement jusqu'à ce qu'elle dise cette phrase sur les responsabilités, celle qui me fait sourire plus que je ne le voudrais et me fait marmonner «  A qui le dis-tu. »

Sans arrêter d'écouter les ordres des médecins, j'exécute les ordres et me retrouve, sans m'en être rendu compte, assis à ses côtés, à nouveau une main proche de la sienne et sur le point de l'écouter. C'est le protocole, rester avec les patients touchés par balle le temps que l'on puisse faire plus d'examens. Les empêcher de bouger trop, ne rien risquer, être là s'ils ont trop mal. Le protocole mais clairement pas mon travail à moi. Pourtant, lorsqu'un interne arrive pour prendre ma place, je lui lance un regard noir sans le vouloir et il se casse.

Il n'a fallu que quelques minutes pour que tout s'enchaîne et qu'Aze dise des mots qui me touchent un peu trop. Il y avait encore trop de monde autour de nous pour lui répondre mais maintenant on est que tous les deux pour dix bonnes minutes et je le sais. Je n'ai plus d'excuse. Je passe une main dans mes cheveux et marmonne difficilement. «  Y en a pour dix, quinze minutes. Bouge pas trop et si t'as besoin d'un truc ou que t'as trop mal, hésite pas à me le dire. » Comme si c'est ça qu'elle attendait. Comme si ma petite phrase bien préparée allait lui faire oublier ce qu'elle vient de dire et les cinq dernières années.

Alors je baisse les yeux, évite son regard. Je déglutis douze fois et hésite trente fois avant de me lancer pour finalement dire, plus froid que je ne le voudrais «  T'as jamais été Einstein ça c'est certain. » Bien joué, Zach. «  Mais t'es pas débile, t'es juste humaine et t'as fait ce que tu pensais le mieux pour toi, c'est tout. » Je hausse les épaules avant d'apercevoir une cicatrice encore bien visible sur la moitié de mon avant bras droit.

«  Tu te souviens de ce jour là ? Je me suis explosé la gueule en vélo et j'avais tellement honte que je n'ai dit à personne que je m'étais fait mal. J'ai passé cinq jours sans que personne ne le voit et t'as fini par me prendre entre quatre yeux et m'engueuler parce que j'étais bizarre. Ça c'était débile. Ça a toujours été moi le débile de nous deux. »

Je soupire, sans doute un peu trop nostalgique avant de finalement affronter son regard et reprendre, aussi doux que je peux – du moins, j'essaie. «  J'ai pas envie qu'on passe notre temps à s'excuser, parce que j'ai perdu à ce jeu là vu le nombres d'excuses que je te dois Aze. Mais très sérieusement, c'est quoi ce bordel, qui t'a tiré dessus au juste ? » Je jette un coup d’œil rapide afin de vérifier encore une fois que nous sommes seuls et reprends. «  Je suis très heureux de revoir ta belle bouille et en plus de ça de pouvoir te droguer et t'écouter délirer d'ici quelques heures mais j'aurais quand-même aimé faire ça sans ton sang qui s'étale partout sur le sol, tu vois. » N'importe quoi, vraiment, n'importe quoi.

«  T'as des ennuis Aze ? » Et l'oscar de l'acteur le plus subtil et délicat revient à Zachary Madden, encore une fois.
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T'es vivante Aze. Tu sais pas comment, tu sais pas par quel miracle. Toi, t'étais persuadée de crever avant d'atteindre l'hôpital. D'ailleurs, t'as hésité. Tu savais pas si tu devais prendre la route, si c'était vraiment utile. T'avais juste peur de blesser des gens, de créer un accident. Et puis quand t'es arrivée à l'hosto, tu respirais encore. Pas défaitiste d'habitude, tu t'es dis que peu importe, ils n'arriveraient à rien, que t'avais déjà perdu trop de sang. Connerie. Une horrible pensée de traversa l'esprit. Peut-être qu'en fait il serait mieux que tu ne sois plus. T'as pas réfléchi sur le coup à ce que ça impliquerait. Lloyd était déjà dévasté par la perte de sa femme, il le serait encore plus par la mort de sa fille.

Tu as à peine le temps de ranger ces idées morbides que la voix de Zachary se fait entendre. Ça te réconforte tout autant que ça t'attriste. Tu le savais bien, à vivre dans la même ville, tu n'allais pas pouvoir le fuir indéfiniment. Dommage que ce soit ici, aux urgences, couverte de ton propre sang, que tu le retrouve. Tu ne veux vraiment pas qu'il s'inquiète. Mais d'un côté il a raison. Celui qui prend les coups, celui qui saigne, celui qui fait des conneries, c'est censé être lui. Ça a toujours été lui. Toi t'étais derrière, collée à lui, prête à te faire frapper si ça pouvait l'empêcher d'avoir des hématomes justement. Oui, des coups t'en as pris mais aucun qu'il n'a pas rendu. Toi, tu étais la voix. Tu étais celle qui s'exprimait pour deux. Lui, c'était les poings, celui qui se battait pour deux. Vous étiez complémentaire.

Ton débit de paroles est impressionnant. Même gravement blessée, tu racontes ta vie avec une facilité déconcertante. Tu ne vas pas t'en priver, pour une fois que c'est lui qui te demande de parler. La majeure partie du temps, on essaie plutôt de te faire taire. Il faut dire que tu racontes vraiment tout et n'importe quoi. Tu es capable de parler de sujet très sérieux comme la déforestation et juste après déblatérer sur l'intelligence de ton personnage de série préféré sans réelle transition. Décidément, ce n'est pas institutrice que tu aurais dû faire mais avocate. Parce que même si tu t'égards dans tes dires, tu es diplomate. Et à force de bavarder sans cesse avec n'importe qui, tu as développé cette faculté à argumenter sur les choses les plus insignifiantes de ce monde. C'est un talent comme un autre après tout.

Voir son sourire fait grandir le tien. C'était triste à dire mais tu avais comme oublié ça. Pas sa voix, ni son visage, non. Mais ses expressions, ses mimiques. C'était pourtant une sensation bizarre. Comme si tu ne t'en souvenais plus mais que ta mémoire ne l'avait jamais réellement effacé. Sans doute s'est il dit qu'on n'était jamais sûr de l'avenir, que tout pouvait arriver. Il s'est juste rappelé ce que tu as tenté tant de fois de mettre de côté. Avoue le, tu n'es pas douée pour ça. Oublier. Oublier pourquoi ? Pour te sentir mieux ? Pour que lui aille mieux ? Pour ne blesser personne ? Arrête Azenor. C'est de simples conneries. Tu sais que c'est faux. Tu n'es pas toi même. Ça fait longtemps que tu n'es plus toi même. Ça fait cinq ans exactement.

Le regard qu'il porte à la jeune personne, sans doute un interne, te ferait presque rire. Tu l'avais connu ce regard noir, sévère. Oh oui, tu l'avais connu. Posant ta main sur la sienne, tu prends la parole. « Contente de voir que tu es toujours aussi aimable. » Tu ponctues ta phrase d'un clin d'oeil et d'un rire. Rire qui te tire une grimace après avoir secoué ton corps. Tu sais que la perfusion va faire effet dans peu de temps et ça te soulage dans un sens. Quelle idée débile aussi de se promener dans la forêt sous une forme animale alors que tu sais que des chasseurs ne sont jamais bien loin. Sans doute est-ce un coup du sort pour te mettre en garde, te prévenir de ne plus recommencer. Dommage, tu es une tête de mule.

Tu lui présentes tes excuses. Vraiment, tu es sincère. C'est bien simple de toute façon, tu es incapable de demander le pardon si tu ne le penses pas. Tu ne le faisais déjà pas quand tu étais enfant avec tes frères et sœur, ce n'est pas pour commencer maintenant. Tu sais que Zach il peut être mal à l'aise là. En même temps il y a encore un peu de monde c'est compréhensible. Toi tu n'es pas facilement gênée mais tu es un cas un peu à part. Tu es Azenor et tu ne ressembles à personne d'autre. Sa réponse n'est d'ailleurs pas tellement celle que tu attends. Pourtant elle te convient tout autant étrangement. T'es déjà rassurée qu'il t'adresse la parole, tu ne vas pas en demander trop d'un coup.

Alors que tu pensais que conversation était close, il prit à son tour la parole. Il avait clairement raison. T'étais pas Einstein, tu l'as jamais été, tu le seras jamais et t'es même très loin de l'égaler. « C'est dommage, j'aurais aimé avoir sa moustache... » Azenor, ferme là. Pour une fois tais-toi. Tu as toujours ce mal à comprendre que non, toutes les situations ne se prêtent pas à l'humour. D'autant plus que tu sais être extrêmement sérieuse. C'est ça qui te rend étrange, complexe. « Je ne l'ai pas fait pour moi Zachary. » Aussi triste que ce soit, c'était vrai. Tu ne l'avais pas fait par égoïsme. Mais t'allais lui dire comment que c'était à cause/pour lui ? Comment t'allais justifier le fait qu'il n'était selon toi pas assez fort que te gérer toi et tes malheurs ? Alors finalement t'as préféré mentir. « Bon ok si peut-être que si en fait. Mais j'suis pas sûre que c'était réellement le mieux pour moi. Enfin bref. »

Ton attention se porte ensuite sur son bras. Sur sa cicatrice plus précisément. Si tu te souviens de ce jour là ? « Bien sûr que je m'en souviens. Je crois que j'ai rarement gueulé aussi fort. J'avais peur que ce ne soit plus grave que ce que c'était réellement. » Tu étais furieuse contre lui. Ce n'était pas si rare que ça mais pas à ce point là. « Je pense pouvoir dire à juste titre que nous sommes débiles tous les deux. » Rajoute tu pour mettre un terme à cette pseudo compétition de stupidité. Lui fais des conneries, toi tu en racontes. L'un n'est pas mieux que l'autre. D'autant plus qu'aujourd'hui c'est toi qui est dans un sacré merdier.

Enfin, la raison de ta venue est mise sur le tapis. Une moue embarrassée se dessine sur ton visage. « Un chasseur. J'ai eu l'incroyable bonne idée d'aller me promener en forêt... » Tu jettes un coup d'oeil aux alentours et murmure, parce qu'après tout on jamais trop prudent. « Comprend bien qu'une louve blanche c'est pas hyper fréquent en Irlande... Alors oui je sais, je ne devrais pas faire ça, c'est dangereux tout ça. Mais c'est comme un besoin vital. Idris a besoin de nager, moi de me transformer. » Sans ça, tu es plus facilement irritable. Tu soupires ta bêtise. « Par contre, je ne pense pas qu'ils chassaient des... des êtres comme nous... » Il te semblait important de le notifier. Si ça pouvait le rassurer c'était déjà ça. Finalement, tu lui souris. « Oh et moi aussi je suis très heureuse de te revoir. »
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Il y a ce geste, simple, presque trop, qu'Azenor effectue. Elle dépose sa main sur la mienne et ça ne semble être rien. Après tout, j'ai pris l'initiative de la toucher en premier, j'ai pris l'initiative de rompre toute distance entre nous il y a de ça quelques temps déjà. Pourtant, lorsque ça vient d'elle c'est différent. Lorsque c'est Azenor qui dépose sa main dans la mienne, je ne percute même pas sur l'instant, sans doute parce que je parle. Mon cerveau ignore ce geste qui n'est pas si anodin, ou du moins, qui ne l'était pas il y a quelques années.

Alors quand ma bouche se ferme, quand je finis par me taire et que je lui laisse la place de parler je réalise. Je réalise qu'elle me tient la main. Je réalise que je n'ai pas senti sa main dans la mienne depuis cinq ans. Je réalise qu'avant ça, j'avais quasiment tous les jours de ma vie sa main dans la mienne. C'est marrant parce que ma paume l'accueille comme si elle ne l'avait jamais quittée mais mon esprit lui a l'impression, lui, d'avoir à faire à une inconnue. Mon regard se pose dessus et pendant quelques micro secondes, mon cœur se serre. Cinq ans. C'est long, cinq ans. Pas long parce qu'on était plus que des amis, pas long parce que j'ai perdu le premier amour de ma vie. Long parce que j'ai vécu cinq ans sans ma meilleure amie.

La confiance, les réflexes. La sincérité et aucun moment de gêne. La facilité d'agir, de parler. Ne pas avoir l'impression d'être jugé, ne pas ressentir cette colère qui brûle dans mes organes. Parce que c'est ça, Azenor, ça a toujours été ça. Celle qui comblait mes silences trop lourds. Celle qui pansait mes plaies par un rire ou un sourire. Celle qui me laissait respirer, qui me laissait des instants de calme absolu ou rien ne me tiraillait. Azenor était cette magicienne qui savait arrêter le poison dans mes veines. Et d'un coup, tout s'est fini. D'un coup, tout s'est arrêté. Et là, en une fraction de seconde, je me reprends tout dans la figure. Et j'ai l'impression que la dernière fois que j'ai tenu sa main c'était hier. J'ai l'impression que la dernière fois que je n'ai pas été en colère c'était hier.

Je souris à sa remarque sur la moustache, d'un sourire en coin, d'un regard tendre. Comme il y a cinq ans, comme si l'on ne s'était jamais quittés. Et puis elle rajoute des mots, des mots qui changent mon regard, des mots qui ramènent dans le présent. Je retire lentement ma main, comme dans un besoin impulsif de m'éloigner, comme si quelque chose clochait. Azenor en rajoute, tente de se rattraper. Peut-être que ça aurait marché avec quelqu'un d'autre, mais pas avec moi. Quelque chose ne va pas, quelque chose que je ne sais pas.

En même temps, depuis cinq ans, depuis ce jour, je ne sais plus rien. Je déglutis sans oser répondre. La culpabilité revient, me ronge. Elle me bouffe violemment et me rappelle que je l'ai abandonnée, que je l'ai laissé tomber. Mais comme à son habitude, la louve reprend la parole et allège l'atmosphère. Elle balaye la noirceur en quelques mots, en quelques expressions. « T'as sans doute raison. » Je lui accorde ces quelques mots dans un sourire le plus sincère possible.

Et puis le sujet change, parce qu'il le faut. Parce que tristement on a toute la vie pour la culpabilité, les excuses et les remords mais pour ça, faut qu'elle vive. Et pour ça, faut que je sache ce qu'elle a foutu. À mesure que les mots s'échappent des lèvres de la louve, je me retiens de hurler. Je me retiens de lui hurler dessus à elle, et de hurler sur le monde aussi. J'ai envie de l'engueuler pour son imprudence et de tuer ces abrutis qui tirent sur les animaux. Alors je ne dis rien, pendant quelques instants de plus je reste silencieux, prends ma tête entre mes mains et ferme les yeux. Je prends sur moi, respire lentement et cherche comment répondre sans la vexer. Mais une fois de plus, c'est elle qui débloque la situation, me débloque. Elle qui chasse les doutes en se servant de sa voix. J'ai toujours trouvé ça dingue qu'elle devienne louve plutôt que sirène parce que clairement, elle a une influence sur moi rien qu'avec sa voix.

Je relève donc les yeux et pose à nouveau ma main dans la sienne. Dans un sourire tendre, je finis par lui dire. « Dis pas que tu devrais pas faire ça, tu peux pas demander aux gens de renier ce qu'ils sont et c'est certainement pas moi qui te le demanderai. » Je serre un peu plus sa main avant de continuer. « Mais le monde est dangereux. Il l'a toujours été et il le sera toujours, je sais. Mais aujourd'hui, il est vraiment très dangereux. Si tu savais ce qu'on voit ici, si tu savais ce que j'entends des enfants du foyer. » J'aimerais prendre le temps, j'aimerais expliquer calmement pendant des heures pourtant il ne nous reste que quelques secondes seul à seul. Quelques secondes et je ne l'entends plus parler pendant de longues minutes.

« On en reparlera, pense pas à ça avant de te faire opérer. » Je réfléchis plus rapidement que jamais avant de reprendre dans un soupir. « Tu veux savoir la dernière de Kyle ? Monsieur a une nouvelle lubie. Il a décidé que porter un caleçon le matin n'était pas utile. Une histoire de prendre l'air ou d'être libre. J'en sais rien. Évidemment, il se fiche totalement de savoir qui est à la maison. Soi disant, c'est bon pour la santé. Donc depuis une semaine, j'ai droit à l'exhibitionnisme de mon frère sans même avoir bu mon café. J'peux te dire que ça réveille. »

À peine ai-je terminé ma phrase que le chirurgien arrive et me fait signe. Alors je me lève, dépose un baiser sur le front d'Aze et lui dis. « On va y aller. Tu veux que je prévienne quelqu'un ? » Tout en disant cela, je prépare le brancard, commence à la déplacer. Les secondes semblent interminables et même si elle est entre les meilleures mains je ne peux pas m'empêcher d'avoir une boule au ventre en passant les portes du bloc opératoire. « J'reviens. »

Je m'éloigne quelques secondes le temps de me préparer et reviens dans la salle, juste à côté d'elle. Masque, gants, tout le bordel pour la regarder. Tout un protocole pour ma meilleure amie. « Pense à ce que je viens de te raconter sur Kyle et compte à l'envers. » Il faut qu'elle s'endorme en étant bien, en pensant des choses positives. Sous mon masque, mon sourire se défait à mesure que les secondes passent. Je profite pourtant de ses derniers instants d'éveils pour lui murmurer. « A tout à l'heure, t'as cinq ans de vie à me raconter et cette fois-ci, j'te laisse pas tomber. »

Et c'est fini pour un petit bout de temps. C'est fini pour le temps d'une anesthésie, d'une opération. Quelque chose de froid, de méthodique et directif. Une opération peu banale mais pas non plus inédite vu l'état du monde. Pourtant, aujourd'hui, je n'ai qu'une hâte c'est qu'elle se termine. Je ne peux pas m'empêcher de jeter quelques regards à mon amie endormie. Mon amie qui ne bouge pas, trop calme, trop silencieuse. Et je n'ai que trop hâte d'enlever cette image de mon crâne. Alors je ne traîne pas. Je me lave, me change. Mon service est fini et je suis à côté d'elle, prête à se réveiller d'un instant à l'autre. Téléphone en main, je suis appuyé contre son lit, sans la toucher, je sens pourtant la chaleur de son corps, comme pour me rassurer, me dire qu'elle est bel et bien là et qu'elle va bien. Et je n'ai plus qu'une hâte, entendre à nouveau sa voix.
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C’est étrange ces sensations que tu retrouves. Des sensations qu’en cinq ans tu n’as pas oublié, ou tout du moins pas totalement. Ta main dans la sienne, l’impression d’être réellement écoutée. Parce que tu l’as toujours su, tu avais beau l’agacer à parler autant, il t’écoutait, à l’inverse d’Ah reum. Parler  avec lui te faisait presque oublier la douleur et le sang. Un remède plutôt efficace. Et c’était ce qu’il était au final. Indirectement, vous étiez le doliprane de l’autre. Ça fait mal de vivre une grande partie de sa vie avec un antalgique constant et de s’en séparer brutalement pendant une si longue durée. Le manque se fait rapidement ressentir mais que tu le retrouves, c’est comme si rien ne s’était passé.

Il sait comment te rassurer Zach. Il te connait par coeur. Tes qualités, surtout tes défauts. Il connait ton humour profondément mauvais. Il connait ton hypersensibilité. De fait tes excès de colère, de joie, de tristesse. Tes fou-rires et tes sanglots. Il sait trouver les mots justes, ceux qui te remontent le moral peu importe la situation. C’était le cas présentement. Un léger sourire aux coins des lèvres, tu lui réponds calmement. « C’est justement parce que je sais que le monde est dangereux que je ne devrais pas le faire. Même en étant prudente je me fais tirer dessus. Pour autant, j’ai beaucoup trop de fierté pour renier ce que je suis. » Ta fierté, tu la portes comme un trophée. Il est si facile de l’oublier et de la mettre de côté dans ce monde. Ce n’est, selon toi, qu’une absurdité parmie tant d’autres. Tu lui accordes finalement le dernier mot. Il a raison après tout. À quoi bon se mettre la rate au court-bouillon avant l’opération ? Autant attendre d’être complètement sortie d’affaire.

Zachary te parle de Kyle, il te raconte des choses que tu préférerais peut-être ne pas savoir. Tu as peine le temps de rire, pas assez pour lui répondre, que déjà vous y allez. Et finalement, tu perds ton sourire. Tu n’aimes pas les hôpitaux, tu n’aimes pas les opérations. Mais après tout, qui aime ça ? Lentement, tu secoues la tête. « Surtout pas. N’appelle personne et ne le dis pas à mon père. Il s'inquiétait pour rien. Il doit déjà s’occuper de son fils aveugle, il a pas besoin d’une fille débile en plus. » Fière mais peu sûre de toi. Toujours à te rabaisser en permanence tellement que ça en devenait ridicule. Tu n’as jamais eu une haute estime de toi. Ça remonte avant tout ça. Avant l’Irlande. Avant les Gallagher.

Tu le sens se serrer, ton estomac. Si tu as peur ? Evidemment. Mais ça ira, Zach est là alors ça ira. D’ailleurs, quand ce dernier revient près de toi tout apprêté, tu ne peux empêcher un rire. « Oh ! Mais que tu es beau ! » Ça te fais bizarre, tu n’as pas encore l’habitude de te dire qu’il travaille ici, que tous les jours ils sauvent des vies. Et ton job à toi, il consiste à créer les futurs Zach. C’est plaisant de te dire qu’un jour, l’un des tes élèves sera sans doute à la même place que ton meilleur ami. Ou le pourquoi tu aimes tant ton métier. « J’ai pas très envie de penser à Kyle de cette façon je t’avoue… » Non vraiment, la vision du triton à poil ne t’enchante pas plus que ça, aussi drôle soit la situation. Lentement, tes yeux se ferment et tu ne luttes pas pour les garder ouverts. À quoi bon alors que c’est peine perdue ? Tu restes éveillée juste assez longtemps pour entendre Zach te murmurer quelque chose.

À en juger par le son qu’émet le machine près de toi, il semblerait que tu sois en vie. L’opération s’est déroulée sans encombre et aucun organe vital n’a été touché. Tu mets du temps à te réveiller. Ce n’est jamais bien simple. L'anesthésie ne quitte pas ton corps d’un coup d’un seul une fois que les médecins ont fini de charcuter le patient. Tu émerges lentement. Tu as vraiment du mal à te réveiller, rien d’anormal pour autant. Il faut simplement laisser le temps au temps. Tes yeux à peu près ouverts, tu scrutes tout autour de toi et t’arrête sur Zachary. « Salut » Tu arrives à peine à articuler mais il comprendra. Dans le cas contraire il attendra pour communiquer. « Alors je suis vivante … » Tu penses à voix haute, tu le dis à toi. T’es impressionnée et à la fois pas tellement. Mais quelle importance ? Maintenant, tu es sortie d’affaire et tu aimes l’idée que ce soit grâce à Zach.
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Azenor, dans toute sa douceur et sa mélancolie. Azenor qui parle de la fierté de ce qu'elle est et qui m'arrache un sourire. Elle est belle quand elle dit ce genre de choses. J'ai toujours été fier d'elle même si elle parlait beaucoup trop. Toujours été fier de la voir se battre pour ce qu'elle est et forcer les gens à faire de même. J'ai toujours été heureux de la considérer comme mon amie, comme ma meilleure amie. Je lui souris toujours alors qu'elle me demande de ne pas appeler son père.

Je laisse un soupir m'échapper mais ne la contredis pas. Dans les mêmes circonstances, je ne voudrais pas qu'Andy soit au courant. Alors je lui dis simplement, une fois de plus « T'es pas débile, Aze. » Et je me dis qu'au moins elle n'est pas seule, qu'au moins je suis là. J'aurais préféré d'autres retrouvailles, j'aurais préféré l'entendre rire plutôt que la voir aussi pâle. Mais on ne choisit pas ces choses là, sinon ce serait trop facile et elle comme moi, on a bien compris que la vie n'avait rien de facile.

Et puis je pars, je reviens en tenu. La remarque de la louve m'arrache un rire léger. C'est vrai qu'elle ne m'a jamais vu dans cette tenue. « Moins que toi dans ta belle blouse à pois, je t'assure. » Que je rétorque naturellement avant qu'elle ne réagisse à ma remarque sur Kyle et que je souris encore. C'est compréhensible mais pourtant, je reste persuadé que Kyle et ses bêtises sont les remèdes à beaucoup de maux. Puisque c'est le remède de tous les miens. Alors je hausse les épaules d'un air de dire que je suis un peu désolé, sans pour autant prendre la peine de le lui dire vraiment. Et puis ses yeux se ferment, et l'angoisse reprend.

L'opération se déroule bien. Concentré comme toujours, comme si ce n'était pas elle sur la table. Le seul objectif étant de sortir la balle et de ne pas créer de dommages sur la patiente. Je ne vois pas le temps passer et dès que le travail est terminé, dès que sa peau est recousue, je file me doucher, et me changer. Moins de quelques minutes après, me voilà de retour auprès d'elle, en salle de réveil. Assis sur un fauteuil, j'ai la balle désinfectée entre les doigts. L'idée de la récupérer peut paraître stupide mais je compte quand-même la montrer à Andy. Il saura me dire si elle vient de certains chasseurs ou si c'est juste une balle lambda.

Perdu dans mes pensées, je ne vois pas tout de suite que la brune se réveille. C'est sa voix, encore un peu enrouée et fatiguée qui me fait lever les yeux. Je glisse discrètement la balle dans la poche de mon sweat avant de me rapprocher d'elle et poser mes coudes sur le bord de son lit. Dans un sourire tendre, je lui réponds quasi au tac au tac. « Hey. » et sans avoir le temps de continuer, sa remarque me fait esquisser un nouveau sourire tout en me brisant un peu plus au fond.

Heureusement qu'elle est vivante. Heureusement qu'elle n'a rien de grave, aucun organe vital de touché. Heureusement qu'elle est arrivée à temps. Mais je ne dis rien de tout ça, passant une main sur son front pour vérifier qu'elle n'a pas de fièvre, je lui dis tendrement. « Bien sûr que t'es vivante, comme si j'allais te laisser mourir. C'est pas tellement mon genre. Je pensais que t'avais un peu plus confiance en moi que ça. »

Je commence à ressentir la fatigue tombée. Aze parle et respire, alors je peux respirer aussi. Je lui attrape le verre d'eau préparé avec une paille, et le lui tends. « Tu devrais boire tout doucement, vu qu'on t'a intubée tu vas avoir mal à la gorge mais faut éviter de trop tousser. » Des sujets médicaux pour éviter de rentrer dans le vif du sujet. Attendre le plus possible avant de poser les questions qui vont nous faire du mal.

« L'opération s'est bien passée. On a enlevé la balle et t'as rien de grave, va juste falloir s'occuper de ta cicatrice et que tu te reposes pendant quelques temps. Je m'occuperai de refaire tes pansements si tu veux. » Je hausse les épaules, pas tellement certain qu'elle dise oui. C'est une façon très maladroite de lui dire que j'aimerais qu'on se revoit. Vérifiant une fois de plus ses constantes en détournant le regard, je finis par lui dire, un peu plus doucement que le reste.

« On est pas obligé de parler de ce qui s'est passé ces dernières années. Du moins pas maintenant. T'as besoin de repos. J'te ramène dans ta chambre et je te laisse tranquille si tu veux. On pourra parler plus tard. »

Mon sourire a disparu pour laisser place à cette nostalgie, cette mélancolie. Je commence à me lever pour déplacer le lit. J'ai prévenu tout le monde que je m'en occuperai. La chambre est juste à côté et une part de moi aurait préféré qu'elle soit à l'autre bout de l'hôpital pour profiter de sa présence un peu plus longtemps. Parce que malgré moi j'ai peur qu'elle ne veuille pas qu'on parle, qu'elle ne veuille pas qu'on se revoit. J'ai peur parce qu'en cinq ans, elle a peut-être eu le temps de m'oublier. L'avantage de ne pas la voir, c'était d'avoir cet espoir que rien n'ait changé et qu'on soit toujours aussi important l'un pour l'autre. Le désavantage de l'avoir, c'est qu'il n'y a plus de place pour l'illusion, seulement pour la réalité.

Et j'ai bien trop peur de la réalité.
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« Breathe, just breathe » AzenorxZachary
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