J'te promets une histoire différente des autres | Trevis
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Ven 12 Jan - 12:49
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Lun 22 Jan - 22:24
Trevis
Commencer le boulot un samedi à 13h30, c’était plutôt pas mal… Tu avais pu dormir plus longtemps qu’à l’accoutumée, passer la matinée avec ton frère pendant que Lloyd faisait les courses. Keith et toi avez écouté de la musique, dansé dessus, beaucoup rigolé avant que Lloyd ne revienne, 3 gros sacs remplis de provisions. De quoi tenir pendant plusieurs semaines !Et puis , en voyant tout ce que ton père avait ramené, une envie soudaine de faire à manger s'immisça dans ton esprit. Tu y succombas très vite, puisque tu te mis rapidement aux fourneaux. Tu aimais bien cuisiner, même si tu n'étais pas très doué parfois... Mais là, tu voulais faire les choses bien ! Bon ça n’allait pas être un truc digne d’un restaurant 4 étoiles non plus, mais plus un truc du style pâtes-carbo. Enfin, version vegan, bien entendu… Il y avait vu une recette qui te faisait de l‘oeil sur Internet depuis quelques temps, donc tu voulus l’essayer. Malheureusement, ça ne s’était pas passé comme tu l’escomptais… En plus d'avoir raté la cuisson des pâtes, t'avais aussi raté la sauce. Vraisemblablement, il 'y avait qu'à toi que ça pouvait arriver... Finalement, Lloyd proposa un restaurant livré à domicile. C’était bien meilleur que ta recette. Pour sûr, tu l’aurais en travers de la gorge pendant encore quelques temps… Et puis, une fois ton repas fini, tu fis tes affaires, et te mis en route pour l’Océarium. T’as environ 20 minutes à pied jusque là-bas. De temps en temps tu prends ton vélo, mais aujourd’hui, tu as envie d’y aller à pieds. Tu prends donc ton sac, tes clés, tu mets tes chaussures - ce serait un peu bête de les oublier et d’y aller en chaussons - et tu décolles. Mais tu revins 3 secondes plus tard. T'avais oublié un truc très important : tes écouteurs. Quitte à marcher plein d'entrain pendant 20 minutes, pourquoi ne pas le faire en chanson ? Une fois ta précieuse paire enfoncée dans tes oreilles et la musique mise, tu te remis en route vers ton lieu de travail. Encore une journée parfaitement tranquille qui s'annonçait... Durant les 10 premières minutes de ton trajet, tout allait bien. Tout à coup, tu entendis des éclats de voix. Curieux, tu te dirigeas vers la source de ces voix. Quel ne fut pas ton malheur quand tu vis un homme en frapper un autre. Bien évidemment, le choc fut si grand que du sang éclaboussa le trottoir, à 5 mètres d’où tu te trouvais. Ouhlala. Le sol se dérobe à tes pieds, tu vacilles. Foutue hématophobie, un vrai fléau. Hop, d’autres coups, plus de sang. Tu ne pouvais pas te voir, mais tu pouvais parier que tu étais aussi blanc qu’un linge. Tu n’allais pas bien, tu tremblais de partout, tu te sentais fébrile, un peu ailleurs. Tu essayas de te lever, de t’éloigner de cette scène, de reprendre tes esprits loin de tout ce sang. Malheureusement, tes jambes tremblaient beaucoup trop, et tu tombas en plein milieu de la rue. Heureusement que cette rue n’était pas beaucoup empruntée par les voitures, sinon tu n’aurais pas eu la force nécessaire pour te déplacer. Soudain, tu vis l’un des deux s’avancer vers toi. Tu as peur qu’il ne vienne pour te frapper toi aussi. Il n’a pas l’air très rassurant, ses traits assez durs, le nez cassé, les cheveux en bataille, du sang coulant de sa bouche et de plusieurs plaies sur son visage. Il n’en fallait pas plus pour que tu ne t’évanouisses. La suite, tu ne la connaissais pas entièrement, juste des voix lointaines, des mots sans trop de rapport les uns aux autres, et la sonnerie de ton portable. Lorsque tu te réveillas, tout était blanc. Tu ne savais pas où t’étais, t’avais un peu peur. Puis tu te ressaisis, et examinas l’endroit où tu te trouvais. Autour de toi, il y avait une commode basique en simili-bois avec un petit bouquet de fleurs posées dessus, une petite table sur roulettes en plastique et un fauteuil où se trouvait Lloyd, Keith endormi sur ses genoux. S’ils étaient là, c’est que tu te trouvais dans un endroit sans dangers. Et cela te rassura énormément. Tu te relevas et constatas que tu étais dans un lit. A tagauche, se situait une petite machine qui faisait régulièrement un petit bip sonore. Un hôpital. Tu étais dans un hôpital. Par réflexe, tu te touchas le visage, à la recherche de boursouflures et de plaies laissées par ce mystérieux inconnu. Rien. C’était très étrange… Qu’avait-il bien pu se passer pendant que tu étais évanoui ?
Lloyd te raconta ce qu’il s’était passé. Tout du moins, ce que les ambulanciers avaient dit. Selon eux, tu t’étais évanoui, mais l’homme que tu avais aperçu avait appelé une ambulance, puis était parti une fois que tu aies été pris en charge. Tu es ensuite resté endormi quelques heures, Lloyd avait été prévenu et Keith avait voulu venir lui aussi. Ils sont restés à ton chevet jusqu’à ce que tu te réveilles. Tu n’avais écouté le récit qu’à moitié, réfléchissant à une parole que ton père avait dit. Selon les dires des ambulanciers, l’homme serait resté avec toi, et pis encore, ce serait lui qui aurait appelé les secours… Peut-être te serais-tu trompé sur son compte ? Après tout, à ton réveil tu n’as ressenti ni blessure ni douleur dans ton corps… Soudain, tu t’alarmas. Merde, ton patron ! Tu ne l’avais pas prévenu ! Ohlala… Heureusement, Lloyd te rassura en disant qu’il l’avait appelé pour lui expliquer la situation. Fiou, plus de peur que de mal… Le reste de la journée se passa normalement, si ce n’est que malgré le fait que tu te sentes bien, l’infirmière ne voulait pas te laisser partir. Tu engloutis donc une collation assez conséquente pour lui prouver que tu allais reprendre des forces suite à ton malaise. Mais malgré cela, tu devais toujours rester au lit. Pourtant, tu te sentais parfaitement bien, prêt à repartir de bon pied… Mais non, elle ne voulait rien savoir. Boh, finalement, t’avais enfin un bon moyen pour ne pas aller au boulot et rester allongé dans un lit sans rien faire, donc bon, tu n’allais pas t’en priver. Quelques temps plus tard, la porte s’ouvrit sans crier gare. Pensant trouver l’infirmière, tu te trouvas surpris quand tu vis un homme d’environ 2m de là où tu te trouvais – soit en contreplongée, allongé dans ton lit – le nez cassé, quelques plaies sur le visage fraîches de la journée, la bouche épaisse, les oreilles décollées, et une tignasse noire sur le crâne. En soit, pas un top model… Tu te demandas ce qu’il faisait ici, un plat de crêpes visiblement à la main, l’air penaud, voire gêné. L’homme s’arrêta directement, pris de court, après être entré sans frapper. « Il aurait au moins pu frapper… » pensas-tu. Tu ne savais pourquoi, mais son visage te rappelait quelque chose… Tu ne savais pas quand ni où, mais son visage te disait quelque chose. «- Je suis… Je suis le connard qui t'a ramassé tout à l’heure. Comme visiblement c'est un crime je viens m'excuser. »
Ah… Son visage ne t’avait pas marqué. Cela avait peut-être un rapport avec le fait que tu aies été à moitié dans les vaps. Mais bon, tu n’étais pas un connard, tu allais quand même lui dire quelque chose de gentil…
« - Merci beaucoup. »
Tu avais peut-être paru un peu froid, mais bon, si cet homme n‘avait pas tabassé quelqu’un d’autre, tu serais à ton boulot à l’heure qu’il était… Mais d’un autre côté, il avait quand même appelé une ambulance et était resté avec toi jusqu’à ce qu’elle arrive. Il n’était peut-être pas si méchant qu’il en paraissait. « - J’t’ai ramené des crêpes si tu veux, et avant que tu poses la question elles sont pas empoisonnées. Je les ai faites et j'en ai mangé. - Oh, vous êtes très gentil, mais je suis vegan, je n’en mange pas… » Oh lala, qu’est-ce que tu venais de dire… Tu vis son visage revêtir un air déçu, puis irrité. Et ça ne présageait rien de bon… Tu n’avais pas envie que, par un soudain excès de colère, il renverse tous ce qui se trouvait dans la chambre, et réduise ta tête en charpie… Même si Lloyd était là, tu ne donnais pas cher de ta peau, vu ce qu’il s’était passé plus tôt dans la journée. « - Mais attendez, après tout ce que vous avez fait pour moi, ce serait impoli de refuser. Donnez-moi donc une de vos crêpes. » Tu tenais à ta peau. Et puis, juste une bouchée, ça ne pouvait pas te faire de mal… Tu pris donc une bouchée, tout en regardant le visage de l’homme. Eh mais, elle n’était pas si mauvaise après tout, il était plutôt doué pour la cuisine ! Tu jetas ensuite un coup d’œil vers Lloyd. Celui-ci était impassible, mais tu savais très bien qu’il réfléchissait déjà à une incantation pour vous protéger si jamais l’homme faisait la moindre connerie. « - Au fait, comment vous appelez-vous ? » Lloyd se tourna vers toi, un peu surpris. Mais bon, tu te devais de connaître un peu l’homme qui t’avait sauvé la vie…
Tu pouvais sentir dans son regard que ton geste lui avait fait plaisir. Et tu étais content, tu aimais voir les gens sourire. Et puis honnêtement, ce n’était pas un petit écart d’une crêpe sur ton régime qui allait te tuer… Si cela te permettait de rendre quelqu’un content, c’était même mieux, même si être content juste pour une crêpe était assez… particulier. Mais bon, certaines personnes peuvent être heureuses à cause de choses anodines.
Tu appris ensuite qu’il s’appelait Trevor. Comme le crapaud dans Harry Potter, c’était cocasse. Mais néanmoins, tu aimais bien ce prénom. Tu trouvais qu’il lui allait bien, mais pas dans le sens «Oh, ça va bien avec son physique ingrat ». Non, tu n’étais pas assez méchant pour avoir ne serait qu’une once de ce genre de pensées. Non, tu pensais plus que ce nom lui allait bien, dans le sens « Un prénom peu commun assez cool », et une référence à Harry Potter, qui plus est.
Bon par contre, il te stressait à rester poireauter debout… « Tu sais, tu peux t’asseoir hein… ». Il t’avait demandé de le tutoyer, tu le fis donc par politesse. Tu tournas la tête vers Lloyd et Keith, mais ils n’avaient pas l’air aussi détendus que toi. Tu pouvais sentir la méfiance de ton père, son silence et son regard méfiant parlaient pour lui. Et Keith semblait ne pas vraiment faire partie de la discussion, il semblait ailleurs, ou endormi. Tu ne le savais pas puisqu’il avait mis ses lunettes noires pour passer inaperçu. Mais toujours est-il que tu ne sentais pas des auras très bonnes de leur côté.
Par la suite, il te fit apprendre qu’il connaissait déjà ton nom, ce qui te fit assez peur. A ces mots, tu sentis Lloyd tiquer un peu, mais il ne fit rien, te faisant confiance. Toi, tu te rappelas que ce n’était qu’un inconnu – qui certes t’avait sauvé de ton malaise, mais un inconnu quand même –, donc tu te devais de garder un peu de distance. Et quand il te demanda si Lloyd et Keith étaient de ta famille, ça fit encore plus tiquer ton père. Tu lui adressas un regard voulant dire «t’en fais pas, je gère la situation », pour le rassurer. Il te fit confiance, mais tu savais quand même que dans sa tête tournaient des incantations au cas où ça dégénèrerait. Tu te retournas vers Trevor, et lui répondis sereinement « Oui, c’est mon père et mon petit frère. » Même s’il avait tenté de se rattraper, comme s’étant rendu compte de sa boulette, tu restais quand même assez méfiant…
« Si ça m’arrive souvent ? Boh, juste quand je vois du sang… » Tu fis une petite moue, prenant un peu ça à la légère. En même temps, tu avais expérimenté cette sensation des dizaines de fois, et pourtant, tu ne t’y étais toujours pas habitué. Et tu ne t’y habituerais peut-être jamais. Mais néanmoins, tu connaissais les symptômes, tu savais reconnaître un début de malaise pour avoir suffisamment de temps de t’asseoir et éviter une mauvaise chute. Mais tu n’aimais vraiment pas cette sensation, ce qui était compréhensible. «Chuis hémophobe, j’ai la phobie du sang. Ca explique pas mal de choses non ?»
Il semblait ne pas vouloir bouger, soit. D’un côté, ça t’arrangeait, tu voulais en savoir plus sur lui. Pourquoi avoir frappé cet homme sans défense et pas toi, qui étais en plus sans défense ? Des remords ? Qu’était-ce donc ? Tu étais si curieux que tu ne résistas pas. « Je suis peut-être mal placé pour demander ça, mais pourquoi avoir frappé cet homme sans défense dans la rue ? Il y avait une vraie raison ? Et s’il n’y en avait pas, pourquoi ne pas m’avoir frappé alors que j’étais encore plus sans défense ? » Tu entendis Lloyd lâcher un petit grognement. Etait-ce de la surprise ? Tu n’en savais rien, tu voulais juste avoir ta réponse. Après tout, tu détestais la violence gratuite…