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 J'te promets une histoire différente des autres | Trevis

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J'te promets une histoire différente des autres
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait, Si les mots sont usés, comme écrits à la craie, On fait bien des grands feux en frottant des cailloux, Peut-être avec le temps à la force d'y croire, On peut juste essayer pour voir
T’avais les nerfs. Tu sais, c’était ce genre de journée où dès le réveil, t’avais envie d’insulter le ciel pour être trop clair, le temps pour être trop froid, le vent pour être trop fort et les gens pour exister. Un oeil ouvert, c’était une bulle de haine - puis d’autres battements de paupière s’ensuivaient et d’ici le soir tu devenais une canette de soda qu'on aurait trop secouée. L’ennui, Trevor, c’est que ce genre de journée avec toi, c’était quotidien. T’as présenté ton majeur au soleil en ouvrant tes volets.
Ta vie avait repris son cours depuis peut-être une semaine. C’était à peu de choses près comme si ces quinze dernières années n’avaient jamais eu lieu, comme si t’étais à nouveau qu’un jeune adulte entrant tout juste dans la vie active, comme tous les autres. D’autant que t’avais plus de logement, plus d’emploi, plus de salaire, tant et si bien que tu avais fini par retourner crécher temporairement chez tes parents. Un bon paquet de choses semblait remarquablement identique à tes souvenirs d’adolescence, les vieilles habitudes - les meubles avaient-ils seulement été déplacés ? La seule différence semblait-il, c’est que tu étais, avec tes géniteurs, le seul encore sur place. Bonnie et Mortimer étaient partis faire leur vie en effaçant leurs traces, laissant leurs lits froids et quelques photographies. C’était calme, incroyablement calme, par rapport à la geôle que tu quittais à peine - un plaisir sans nom, et en même temps un sentiment d’angoisse. Car si rien n’avait changé, toutes ces images si familières avaient pris un coup de vieux assez vexant.

Tu avais 36 ans. A 36 ans, tu quittais le lit à 13 heures en t’étant réveillé à 6 (foutue horloge interne que ta dernière décennie avait détraquée), tardant si longtemps pour le seul plaisir de n’avoir personne pour t’arracher à Morphée, puis rattrapé par ta vessie tu t’en étais extirpé finalement et tu avais traîné tes lourdes jambes en cuisine. Tu étais passé comme un fantôme en caleçon devant ta mère et son journal d’où dépassait le sommet de sa tignasse grisonnante - elle n’avait pu s’empêcher de se lever pour venir t’embrasser en te voyant, même si elle savait pertinemment que tu avais horreur de ça. Tu l’avais laissée faire avec un grognement, rechignant à le lui rendre, mais finalement ta grosse bouche avait retrouvé le chemin de sa joue: après un pareil isolement, tu ne pouvais t’empêcher d’être un tant soit peu sentimental. Mais tu sentais quand même qu’il n’y avait pas que du soulagement dans son regard, et ça te faisait un peu mal. Ouais, son fils était en liberté, c’était plutôt bien, ok. Mais son fils, il avait cramé des gens, et il approchait la quarantaine sans avoir jamais eu de “vrai” travail. Tu étais seul, pas d’ami, pas de femme - un parasite qui renouait avec le plaisir d’être fainéant. Qu’est-ce que t’allais devenir maintenant ? T’étais pas certain de vouloir le savoir.
C’était un samedi, une journée des plus calmes. Ton père était sorti pour une raison quelconque - ta mère s'était fait tout un programme reposant sur un minimum de deux lessives et un peu de repassage. Et toi alors ? C’était pas facile de décider quoi faire après tant d’années à te faire bouffer ton libre-arbitre. Tu avais presque oublié ce que c’était que d’avoir un choix à faire, de ne pas te faire commander où aller et comment agir. On te dédouanait de toute responsabilité, et à l’heure actuelle, tu n'avais plus dans ton emploi du temps que les quelques séances de thérapie et de suivi psychiatrique que l’on t’avait étalé dans le mois à venir. Mais tu comptais bien renouer avec tes repères, tu avais déjà passé plusieurs coups de fil et cherché à retrouver ton vieux travail - pour l’instant, aucune de tes tentatives n’avait porté ses fruits. Tu avais beau le taire à tes proches, c'était un fait qui t'inquiétait assez.

Tu t’étais fait couler un café noir dans ton vieux bol Winnie, fouillant le frigo et les placards en quête de petit-déjeuner, mais rien ne te faisait plus envie qu’une énorme pile de crêpes. Et plus tu fouillais, plus l’envie balayait tout le reste, et tu as finalement renoncé à manger. Vidant ton bol d’une traîte, tu l’as abandonné dans l’évier, et une douche et demi plus tard, tu es sorti faire tes quelques courses. Forcément, un samedi après-midi, tu as été confronté à une interminable file d’attente et à une surpopulation de personnes âgées, l’estomac encore dans les talons. Et c’est ainsi que tu t’es retrouvé sur les nerfs dans Coconut Grove avec un gros paquet de sucre et un pack de lait dans les bras, et sur le dessus de cette pile un peu fébrile, qui dominait les têtes à cause de ton mètre 90, une boîte d’oeufs en équilibre précaire.
On en déduit aisément la suite - tu allais rentrer, faire des crêpes pour 8 personnes et en engloutir la moitié pour compenser l’irritation, l’attente et prochainement l’ennui, et ce jusqu’à trouver un autre quelque chose à faire pour remplir ta journée. Mais c’était sans compter bien sûr la maladresse d’un passant dont le coude aventureux provoqua la chute du paquet de sucre et de la boite d’oeufs dont le mélange alla se répandre sur le goudron. Une seconde et demi en suspens et le temps de poser plus ou moins doucement le pack de lait, et tu sautais à la gorge du type malchanceux pour lui refaire le portrait. S’ensuivit une formidable baston, et pour quelqu’un qui s’attendait à la dominer aisément, ce n’était pas tout à fait vrai. Tu lui éclatas le nez mais ta mâchoire ne fut pas en reste, et chacun de vous s’en tira avec un prémice de cocard. Des coups dans le ventre, des cols de t-shirt malmenés, des coups de pied dans les tibias et des tentatives pour atteindre les bijoux de famille. Mais après quelques sanglantes minutes finalement, tu t’en es sorti vainqueur et ton adversaire eut tôt fait de détaler.

Tu allais ramasser ton pack de lait et ton reste de sucre, essuyant le sang au coin de tes lèvres non sans en cracher d'abord une petite bouchée (tu avais dû te mordre la langue après le coup de poing dans ta mâchoire, mais tu étais loin de t'en soucier), d’autant plus enragé à l’idée de devoir refaire la putain de queue pleine de vieillards pour aller racheter des oeufs, quand ton regard tomba sur… sur un gamin, qui se reposait là, à quelques pas du cadavre de tes oeufs, en pleine rue. Blanc comme un linge, et pas le moins du monde paisible. Cela ne ressemblait pas tout à fait à du sommeil, mais tu n’étais pas certain qu’il soit tout à fait inconscient. Pourquoi ? C’était un comble de malchance. A moins que ce ne soit de votre fait ? Pas de conclusion hâtive, tu t’en avais pas la moindre foutre idée, et de toute façon tu avais mieux à faire. Tu as ramassé tes affaires, repris la route de la supérette et… Non. Bon, admettons, tu es un connard, mais là tu n’arrivais pas à te le permettre. Je m’en fous, il peut bien crever, que tu te répétais intérieurement, mais déjà, tes pas te portaient de son côté.
Tu l’as surplombé un peu, le dominant de toute ta hauteur avec ton faciès peu avenant - tu espérais qu’il se réveille tout seul et se barre, pour avoir la conscience tranquille et faire ce que tu avais à faire. Ton estomac grogna bruyamment, les coups qu’il avait encaissé n’avaient rien ôté à ta faim, et tu t’impatientais, mais il fallait bien que tu te résignes : tu n’allais pas l’abandonner. T'accroupissant, une main ferme posée sur son épaule - tu l’as remué doucement. « Eh, c’est pas le lieu pour une sieste, demi-portion. Tu m’entends ? Tu veux que je t’appelle une ambulance ? » T’as tout reposé au sol de nouveau et t’as fouillé la poche de ton jean à la recherche de ton téléphone. Pauvre garçon, il avait l’air si frêle - est-ce qu’il mangeait assez ? Non, ça suffit Trevor, c’était pas ton problème. Tu t’en foutais pas mal, de sa santé. Alors qu’est-ce que tu foutais là, hein ? Ah ça, ça te foutait tellement les nerfs de t'en préoccuper que tu sortais ta plus sale gueule juste pour le plaisir de ne pas le montrer.
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Trevis
Commencer le boulot un samedi à 13h30, c’était plutôt pas mal… Tu avais pu dormir plus longtemps qu’à l’accoutumée, passer la matinée avec ton frère pendant que Lloyd faisait les courses. Keith et toi avez écouté de la musique, dansé dessus, beaucoup rigolé avant que Lloyd ne revienne, 3 gros sacs remplis de provisions. De quoi tenir pendant plusieurs semaines !Et puis , en voyant tout ce que ton père avait ramené, une envie soudaine de faire à manger s'immisça dans ton esprit. Tu y succombas très vite, puisque tu te mis rapidement aux fourneaux. Tu aimais bien cuisiner, même si tu n'étais pas très doué parfois... Mais là, tu voulais faire les choses bien ! Bon ça n’allait pas être un truc digne d’un restaurant 4 étoiles non plus, mais plus un truc du style pâtes-carbo. Enfin, version vegan, bien entendu… Il y avait vu une recette qui te faisait de l‘oeil sur Internet depuis quelques temps, donc tu voulus l’essayer. Malheureusement, ça ne s’était pas passé comme tu l’escomptais… En plus d'avoir raté la cuisson des pâtes, t'avais aussi raté la sauce. Vraisemblablement, il 'y avait qu'à toi que ça pouvait arriver... Finalement, Lloyd proposa un restaurant livré à domicile. C’était bien meilleur que ta recette. Pour sûr, tu l’aurais en travers de la gorge pendant encore quelques temps…

Et puis, une fois ton repas fini, tu fis tes affaires, et te mis en route pour l’Océarium. T’as environ 20 minutes à pied jusque là-bas. De temps en temps tu prends ton vélo, mais aujourd’hui, tu as envie d’y aller à pieds. Tu prends donc ton sac, tes clés, tu mets tes chaussures - ce serait un peu bête de les oublier et d’y aller en chaussons - et tu décolles. Mais tu revins 3 secondes plus tard. T'avais oublié un truc très important : tes écouteurs. Quitte à marcher plein d'entrain pendant 20 minutes, pourquoi ne pas le faire en chanson ? Une fois ta précieuse paire enfoncée dans tes oreilles et la musique mise, tu te remis en route vers ton lieu de travail. Encore une journée parfaitement tranquille qui s'annonçait...

Durant les 10 premières minutes de ton trajet, tout allait bien. Tout à coup, tu entendis des éclats de voix. Curieux, tu te dirigeas vers la source de ces voix. Quel ne fut pas ton malheur quand tu vis un homme en frapper un autre. Bien évidemment, le choc fut si grand que du sang éclaboussa le trottoir, à 5 mètres d’où tu te trouvais. Ouhlala. Le sol se dérobe à tes pieds, tu vacilles. Foutue hématophobie, un vrai fléau. Hop, d’autres coups, plus de sang. Tu ne pouvais pas te voir, mais tu pouvais parier que tu étais aussi blanc qu’un linge. Tu n’allais pas bien, tu tremblais de partout, tu te sentais fébrile, un peu ailleurs. Tu essayas de te lever, de t’éloigner de cette scène, de reprendre tes esprits loin de tout ce sang. Malheureusement, tes jambes tremblaient beaucoup trop, et tu tombas en plein milieu de la rue. Heureusement que cette rue n’était pas beaucoup empruntée par les voitures, sinon tu n’aurais pas eu la force nécessaire pour te déplacer. Soudain, tu vis l’un des deux s’avancer vers toi. Tu as peur qu’il ne vienne pour te frapper toi aussi. Il n’a pas l’air très rassurant, ses traits assez durs, le nez cassé, les cheveux en bataille, du sang coulant de sa bouche et de plusieurs plaies sur son visage. Il n’en fallait pas plus pour que tu ne t’évanouisses. La suite, tu ne la connaissais pas entièrement, juste des voix lointaines, des mots sans trop de rapport les uns aux autres, et la sonnerie de ton portable.

Lorsque tu te réveillas, tout était blanc. Tu ne savais pas où t’étais, t’avais un peu peur. Puis tu te ressaisis, et examinas l’endroit où tu te trouvais. Autour de toi, il y avait une commode basique en simili-bois avec un petit bouquet de fleurs posées dessus, une petite table sur roulettes en plastique et un fauteuil où se trouvait Lloyd, Keith endormi sur ses genoux. S’ils étaient là, c’est que tu te trouvais dans un endroit sans dangers. Et cela te rassura énormément. Tu te relevas et constatas que tu étais dans un lit. A tagauche, se situait une petite machine qui faisait régulièrement un petit bip sonore. Un hôpital. Tu étais dans un hôpital. Par réflexe, tu te touchas le visage, à la recherche de boursouflures et de plaies laissées par ce mystérieux inconnu. Rien. C’était très étrange… Qu’avait-il bien pu se passer pendant que tu étais évanoui ?
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J'te promets une histoire différente des autres
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait, Si les mots sont usés, comme écrits à la craie, On fait bien des grands feux en frottant des cailloux, Peut-être avec le temps à la force d'y croire, On peut juste essayer pour voir
Tu te trouves bien con Trevor, devant ton gusse inconscient. T'as beau traîner pour l'aider en espérant qu'il finisse par s'en tirer tout seul, au fond de toi, t'as compris que c'était un peu de ton fait s'il était dans cet état. Peut-être parce que t'as pu capter un regard fugace avant que sa conscience ne se fasse la malle, et qu'il avait pas l'air de te trouver appréciable. Peut-être que t'étais rendu tellement laid que le seul fait de voir ta tête poussait les gens à s'évanouir, qui sait. T'en aurais pas été surpris, et c’est un peu comme ça que tu le prenais d'ailleurs. C'était pas nouveau : tu faisais peur. On était rarement beau quand on revenait de taule, et tu l'étais déjà pas beaucoup avant. Personne avait envie de soutenir le regard devant ta gueule.
T'étais pas forcément bon ou intelligent mais t'avais les bases - à défaut de te soucier d'assurer ta survie, tu savais globalement donner un coup de pouce à celle des autres. Tu lui as parlé, tu lui as pris la main, vérifié que son pouls était toujours là, t'as regardé s'il respirait. Heureusement qu'il était pas conscient, parce que ta sale gueule de mort était rendue trop prêt de sa petite bouille de bambin. Pas de danger, ça ressemblait rien qu'à un malaise vagal. Alors quoi ? Tu les as appelé, les urgences, merde. Et t'as perdu patience au combiné. Bougez-vous j'ai faim, t'avais envie de leur gueuler, et c’est un peu ce que t'as fait. Combien de temps t'es resté planté là ensuite avec tes restes de courses - va savoir. T'as eu le temps de lui balancer des regards mauvais, à ton patient dans les vapes. T’espérais encore qu’il ouvre l'oeil avant pour pouvoir te barrer vite : pas de chance, son inconscience durait. Et c'était pas normal ça - pourquoi ça durait putain ? Y’en avait pas, des si petites natures, en prison, tu comprenais pas d'où ça lui venait. C'était quand même pas ta faute ! Bien sûr que non…

Enfin, la libération. L'ambulance a débarqué, tu t'es dépêché de leur expédier le colis, de ramasser tes affaires, et de prendre la fuite. Enfin, t’aurais fait tout ça, mais c'est le moment qu'un connard choisit pour t'appeler. Tu commençais déjà à en avoir bien marre, faut dire. T'aurais répondu si ça avait été tes parents ou Bonnie, donc t'as vérifié quand même, mais c'était un autre nom à l'écran. Dagda. Putain cette bite molle choisissait bien son moment. Forcément t'as pas répondu, tu causais vite fait à l’urgentiste, mais une minute après, ça sonnait encore. « PUTAIN JE VEUX JUSTE FAIRE DES PUTAIN DE CRÊPES, FOUTEZ MOI LA PAIX. » Au cas où tu en doutais, oui, t'as l'air con à gueuler à plein poumon dans la rue. T'attends qu'il se lasse, mais vous êtes deux têtes de con. Tu décroches avec un « ALLO » pas forcément sympathique. Puis voilà qu'il t’engueule de prendre un ton de salopard et qu'il se plaint du bruit de l'ambulance dans ton dos. T'as buté qui encore, qu'il te demande, le bâtard. Est ce que c'est seulement surprenant, à ce stade, que tu t'énerves ? T’essaies de lui expliquer tant bien que mal, dans votre échange de provocations et d'insultes. Mais le ton monte, il te croit pas, le petit fils de pute, il veut que tu t'excuse. « MAIS PUTAIN, PUISQUE JE TE DIS QU'IL EST TOMBÉ TOUT SEUL, JE L'AI PAS COGNÉ JE SUIS PAS CON. JE TE JURE QU'À SA GUEULE IL SERAIT MORT SI JE M'EN ÉTAIS CHARGÉ. » Tu beugles trop fort et les passants te regardent mal, tu te sens honteux. Ça va, tu redescends, tu cèdes un peu - tu lui laisseras un mot à l'accueil de l'hosto, si y'a que ça. Mais par pitié qu'on te foute la paix.
Sauf que Dagda, il a l'argument qui tue, celui qui te fait déglutir, que te serre les tripes. Tu voudrais pas qu'il porte plainte, pas vrai ? T'as pas de raison de lui demander pardon pourtant, mais c’est fou ce que t’es influençable. « MAIS PUISQUE JE TE DIS QUE JE L'AI PAS TOUCHÉ. Merde, il porterait pas plainte pour ça ? Merde, merde, MERDE. MAIS C'EST PAS VRAI. » Et t'as pas fini de gueuler et de t’aggriper les cheveux. T'as beau dire que tu sais pas ce qu'ils comptent en foutre, que t'as pas son nom ni rien, que t'as pas le temps, Dagda insiste et se met à te rajouter des obligations. Il te balance que t'as une dégaine à traumatiser des gens, qu'il veut que tu te fringues autrement qu'en clochard, que tu parles autrement qu'avec des coups et des vulgarités. T'as pas que ça à foutre - mais il insiste sous ta pluie d'insulte, et il te conclue sur un « M'en fous ce que tu vas me dire, par contre, je te jure, j'vais à l'hosto surveiller que t'y ailles, et que tu sois limite en costard, connard. » avant de te raccrocher au nez. Forcément tu rappelles - forcément c'est occupé. Tu hurles un coup : t'en avais besoin, t'avais les nerfs pas loin de lâcher.

Ce que t'as fait ? T'es allé racheter cette putain de boîte d'oeufs et t'es rentré chez toi, faut pas pousser mémé dans les orties. T'as horrifié ta mère quand elle a vu l'état de ta tronche, t'as commencé à la rassurer, à lui dire que t'avais pas mal, que c'était pas grand chose - t'as vite déchanté quand t'as réalisé que c'était pas pour toi qu'elle s'inquiétait mais pour l'autre d'en face. Elle aussi, elle te parle de plainte, de retour en prison, et ça t'angoisse. Ça t’angoisse tellement que tu hausses le ton, que tu lui fais peur. C'est toi le plus grand et le plus costaud à la maison, de loin, et ça se ressent. T'as repris une douche pour te calmer, t'as soigné tes plaies, t'as collé des pansements par dessus. Puis tu sais quoi ? T'as fait des crêpes, parce que c'est pas un fragile et un connard qui allaient ruiner ton petit dej. Et le temps que la pâte repose ? Bon, j'admets, tu as regardé tes affaires et t'as daigné te changer. T'as commencé par mettre un pantalon pas trop délavé et sans trous, et la chemise qui te servait pour tes entretiens pro. Tu l'as boutonnée jusqu'au cou, faudrait pas que tu le traumatises avec tes scarifications, pas vrai ? Et t'es passé devant la glace - tu t'es senti comme un pingouin, t'avais clairement l'air con selon toi. T'as oublié ton humiliation en te remplissant l'estomac, c'était mérité, et ça t'a calmé suffisamment pour que tu te pointes à l'hôpital.
Tu sais plus à quel moment t'as déconné, mais tu t'es retrouvé devant le bâtiment soigné comme tout, bien peigné, et un peu parfumé aussi, une pile de crêpes à la main. Sûrement le fait de ta mère. T'as croisé du regard Dagda se bidonnant sur un banc derrière son journal d'agent secret, t'es devenu rouge de honte et tu lui as fait un doigt à distance avant de te dépêcher de rentrer pour plus avoir à supporter son rire de phoque. Tu te sentais tellement con, t'as fait trois demi-tours au moins avant d'oser demander à la secrétaire où se trouvait ton protégé, argumentant que t'avais sonné l'ambulance plus tôt et que c'était un peu grâce à toi qu'ils l'avaient pas laissé crever. Elle t'a regardé bizarre, mais elle t’apprit au moins qu'il s'appelait Idris Gallagher, et qu'il était toujours sur place. Putain sérieux ? T'avais un peu compté sur son départ rapide, c'était qu'un malaise pas vrai ? Qu'est ce qu'il foutait encore là ? Cela dit tu t'es pas fait prier plus, pour échapper aux regards qui te lorgnaient, t'as hâté le pas jusqu'à la chambre où on l’avait entreposé. T'as pas toqué, pourquoi faire - t'es entré comme dans un moulin, et tu t'es arrêté direct, en voyant que vous seriez pas seuls. Y'avait le probable père et un deuxième gamin. Merde, t'étais mal, ça pouvait partir en pugilat si tes excuses passaient pas. En tout cas, il était réveillé. « ‘Jour... » T'as hésité, tu t'es renfrogné, t'as ajusté un pansement.  « Je suis… Je suis le connard qui t'a ramassé tout à l’heure. Comme visiblement c'est un crime je viens m'excuser. » Ce mot là, il a eu tellement du mal à sortir que ça sonnait comme un sarcasme. T'as dégluti encore, t'étais nerveux, tu te sentais pas beau mais ridicule, et ça te colorait les joues. « J’t’ai ramené des crêpes si tu veux, et avant que tu poses la question elles sont pas empoisonnées. Je les ai faites et j'en ai mangé. » Regret instantané - ça te rend trois fois plus louche de l’avoir mentionné. Mais bon, fallait bien que tu te justifies, puisque ta gueule n’inspirait pas confiance. Déjà qu’elle allait pas avec le reste. Une tronche d’assassin dans des fringues de beau gosse.
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Trevis
Lloyd te raconta ce qu’il s’était passé. Tout du moins, ce que les ambulanciers avaient dit. Selon eux, tu t’étais évanoui, mais l’homme que tu avais aperçu avait appelé une ambulance, puis était parti une fois que tu aies été pris en charge. Tu es ensuite resté endormi quelques heures, Lloyd avait été prévenu et Keith avait voulu venir lui aussi. Ils sont restés à ton chevet jusqu’à ce que tu te réveilles. Tu n’avais écouté le récit qu’à moitié, réfléchissant à une parole que ton père avait dit. Selon les dires des ambulanciers, l’homme serait resté avec toi, et pis encore, ce serait lui qui aurait appelé les secours… Peut-être te serais-tu trompé sur son compte ? Après tout, à ton réveil tu n’as ressenti ni blessure ni douleur dans ton corps… Soudain, tu t’alarmas. Merde, ton patron ! Tu ne l’avais pas prévenu ! Ohlala… Heureusement, Lloyd te rassura en disant qu’il l’avait appelé pour lui expliquer la situation. Fiou, plus de peur que de mal…

Le reste de la journée se passa normalement, si ce n’est que malgré le fait que tu te sentes bien, l’infirmière ne voulait pas te laisser partir. Tu engloutis donc une collation assez conséquente pour lui prouver que tu allais reprendre des forces suite à ton malaise. Mais malgré cela, tu devais toujours rester au lit. Pourtant, tu te sentais parfaitement bien, prêt à repartir de bon pied… Mais non, elle ne voulait rien savoir. Boh, finalement, t’avais enfin un bon moyen pour ne pas aller au boulot et rester allongé dans un lit sans rien faire, donc bon, tu n’allais pas t’en priver.

Quelques temps plus tard, la porte s’ouvrit sans crier gare. Pensant trouver l’infirmière, tu te trouvas surpris quand tu vis un homme d’environ 2m de là où tu te trouvais – soit en contreplongée, allongé dans ton lit – le nez cassé, quelques plaies sur le visage fraîches de la journée, la bouche épaisse, les oreilles décollées, et une tignasse noire sur le crâne. En soit, pas un top model… Tu te demandas ce qu’il faisait ici, un plat de crêpes visiblement à la main, l’air penaud, voire gêné. L’homme s’arrêta directement, pris de court, après être entré sans frapper. « Il aurait au moins pu frapper… » pensas-tu. Tu ne savais pourquoi, mais son visage te rappelait quelque chose… Tu ne savais pas quand ni où, mais son visage te disait quelque chose.

«- Je suis… Je suis le connard qui t'a ramassé tout à l’heure. Comme visiblement c'est un crime je viens m'excuser. »


Ah… Son visage ne t’avait pas marqué. Cela avait peut-être un rapport avec le fait que tu aies été à moitié dans les vaps. Mais bon, tu n’étais pas un connard, tu allais quand même lui dire quelque chose de gentil…


« - Merci beaucoup. »


Tu avais peut-être paru un peu froid, mais bon, si cet homme n‘avait pas tabassé quelqu’un d’autre, tu serais à ton boulot à l’heure qu’il était… Mais d’un autre côté, il avait quand même appelé une ambulance et était resté avec toi jusqu’à ce qu’elle arrive. Il n’était peut-être pas si méchant qu’il en paraissait.

« - J’t’ai ramené des crêpes si tu veux, et avant que tu poses la question elles sont pas empoisonnées. Je les ai faites et j'en ai mangé.

- Oh, vous êtes très gentil, mais je suis vegan, je n’en mange pas… »


Oh lala, qu’est-ce que tu venais de dire… Tu vis son visage revêtir un air déçu, puis irrité. Et ça ne présageait rien de bon… Tu n’avais pas envie que, par un soudain excès de colère, il renverse tous ce qui se trouvait dans la chambre, et réduise ta tête en charpie… Même si Lloyd était là, tu ne donnais pas cher de ta peau, vu ce qu’il s’était passé plus tôt dans la journée.

« - Mais attendez, après tout ce que vous avez fait pour moi, ce serait impoli de refuser. Donnez-moi donc une de vos crêpes. »

Tu tenais à ta peau. Et puis, juste une bouchée, ça ne pouvait pas te faire de mal… Tu pris donc une bouchée, tout en regardant le visage de l’homme. Eh mais, elle n’était pas si mauvaise après tout, il était plutôt doué pour la cuisine ! Tu jetas ensuite un coup d’œil vers Lloyd. Celui-ci était impassible, mais tu savais très bien qu’il réfléchissait déjà à une incantation pour vous protéger si jamais l’homme faisait la moindre connerie.

« - Au fait, comment vous appelez-vous ? »

Lloyd se tourna vers toi, un peu surpris. Mais bon, tu te devais de connaître un peu l’homme qui t’avait sauvé la vie…
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J'te promets une histoire différente des autres
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait, Si les mots sont usés, comme écrits à la craie, On fait bien des grands feux en frottant des cailloux, Peut-être avec le temps à la force d'y croire, On peut juste essayer pour voir
Si y’a bien un truc que tu savais que t’étais pas, Trev, c’est un héros. Tu t’attendais clairement pas à un accueil en grande pompe avec des clairons, une foule en liesse - tu savais pertinemment que tu serais même pas le bienvenu dans la pièce, et que le plus tôt tu serais parti, le mieux tout le monde se porterait. Toi, t’étais juste là pour assurer tes arrières, pour t’assurer qu’il comptait pas utiliser la Loi contre toi - mais t’avais pas signé de contrat, et t’avais pas franchement envie de t’attarder. T’avais envie de rentrer chez toi, de remettre ton vieux t-shirt, de t’affaler sur le canapé et de profiter de ta liberté sans passer le crible du jugement d’un gamin qui n’avait rien à faire dans ton existence. Pire que ça, tu n’avais rien à foutre dans la sienne. Un taulard, fallait tenir ça le plus loin possible de la jeunesse, et plus encore quand elle faisait probablement pas ses 65 kilos. Qu’est-ce qu’il a pensé en voyant ta gueule entrer sans préavis dans ce qui lui servait momentanément de chambre ? T’aurais pas vraiment su dire, mais t’étais pas sûr qu’il t’ait reconnu. Tu pouvais pas franchement lui en vouloir - d’une, t’étais toujours pas convaincu d’être responsable de sa chute, et de deux, c’est vrai qu’avec l’effort vestimentaire et le ventre plein, t’étais plus du tout le même. Enfin, t’étais toujours moche et con, ça n’allait pas changer ta gueule - mais t’avais déjà moins l’air d’un terroriste, on pouvait au moins t’accorder ça.
Il t’a remercié. Pour être honnête, si pour lui, il y avait eu de la froideur dans sa voix, toi tu l’avais pas senti. Ça faisait combien de temps, en fait, qu’on t’avait pas remercié ? Les politesses, c’était pas vraiment monnaie courante en prison. Même avec Dagda, aka. le seul individu qu’on pouvait globalement considérer comme un vrai pote dans ta pauvre vie, ça sortait pas souvent, et il fallait souvent l’excuse de l’alcool ou d’autre chose pour se le permettre. Après cet hunger game de 15 ans en huis-clos, t’es devenu un boulet pour tes parents - et t’as vraiment pas fait grand chose de bien, depuis. Pourtant t’étais loin d’être qu’un salaud, mais ça s’était trouvé comme ça - et du coup, ce merci beaucoup, mine de rien, il t’a fait du bien. T’as pas souri pourtant, ça te venait pas facilement, ce genre de réponse-là. Mais t’as acquiescé de la tête, pour montrer que t’avais entendu, que t’acceptais son remerciement - en le regardant droit dans les yeux en même temps, pour la sincérité. Tu ferais pas l’affront de dire de rien, mais peut-être qu’au final dans ton regard brillant, ça y était déjà. En tout cas, t’es quand même passé vite dessus, parce que ça va, t’avais juste appelé une ambulance, on allait pas te sucer non plus. T’avais juste fait ton devoir d’humain - et c’était déjà pas mal.

Par contre, quand il a refusé tes crêpes, ça n’a pas été la même. Non mais, pour qui il se prenait ce petit con ? T’étais quand même bien gentil de les lui proposer ! Et puis vu sa stature, il avait très clairement besoin de manger. Vegan, hein ? Sur le coup, tu l’as vachement mal pris, t’as supposé que c’était la première excuse qui lui était venue pour pas y toucher - et c’était d’ailleurs assez malin de sa part, parce que t’allais pas aller vérifier si c’était vrai, et t’allais pas non plus lui en enfoncer une de force dans la gorge s’il te disait que éthiquement, il pouvait pas. T’étais pas un monstre pas vrai ? Et puis t’as fait le lien avec sa faible constitution, avec son malaise de tantôt, et t’as été soudain convaincu que le responsable, c’était pas toi mais son régime alimentaire de faiblard, et qu’au final, t’avais rien à faire là. Tu t’es senti con, à te culpabiliser d’un incident qui n’avait du coup rien à voir avec toi. Et à force de te sentir con et de te prendre un refus, tu t’es de nouveau senti irrité. Sourcils froncés, tronche menaçante malgré toi - t’avais jamais été très bon pour te donner l’air sympa. « Ouais, j’vois », t’as balancé sur un ton ferme et t’as fait un pas vif - pas pour le menacer, pas pour lui, mais pour atteindre la poubelle à son chevet. T’étais tellement vexé comme un pou que tu t’apprêtais sincèrement à tout balancer et à te barrer ensuite sans demander ton reste. Non mais, t’avais quand même pas que ça à foutre - c’était bien la peine d’avoir fait un effort ! T’étais déçu en fait, au fond de toi, même quand t’essayais d’être attentionné ça marchait pas. Très gentil, très gentil qu’il avait dit, mais cette fois, tu savais pertinemment qu’il te prenait pour un con.

Attendez. Tu t’es arrêté la main au dessus de la corbeille et tu l’as regardé. Il se ravisait. Vraiment ? C’était un mensonge alors, cette histoire de véganisme ? Ou alors, il était prêt à foutre en l’air sa propre morale pour te faire plaisir. Si c’était ça… Merde, t’étais pas sûr de savoir comment le prendre, ça te faisait bizarre. Comme si… Ouais, voilà : ça te faisait plaisir, un sentiment que t’étais pas tant que ça habitué à ressentir. T’as ramené ton bras, tu l’as dévisagé, t’as jeté un coup d’oeil au père qui disait rien - mais tu sentais comme une menace émaner de lui, tu savais pas pourquoi. Enfin, si, tu savais pourquoi : il avait raison de se méfier, vu le genre de mec que t’étais. Comme un peu de peur, un peu de colère, un peu de méfiance. Il était tendu - ça se voyait pas, mais tu le sentais, et ça t’a convaincu de faire ce qu’on te demandait de faire. T’étais débile, mais pas complètement non plus. « Tu peux me tutoyer, j’vais me sentir vieux. » C’est comme ça que la réponse t’est venue, moins dure que la précédente, mais plus blasée, d’une certaine manière. C’est là que t’as réalisé que tu étais vieux, putain. C’est vrai, pendant un instant, t’avais oublié. C’était tout à fait normal qu’il te vouvoie - t’avais du mal à t’y faire, t’avais du mal à te sentir comme un adulte respectable, c’était bien la dernière chose que t’étais. « T’es pas obligé- Bon, je pose ça là, t’en fais ce que tu veux. »
T’as posé les crêpes à côté de lui, et il en a saisi une sans tarder. T’avais vraiment pas prévu de t’attarder, t’avais presque amorcé un mouvement pour partir, mais t’étais assez curieux, en fait, et aussi assez touché. T’allais quand même pas lui tourner le dos alors qu’il foutait en l’air son régime pour toi ! En plus de ça, il t’avait accroché le regard. Il te dévisageait, presque un peu trop d’ailleurs - tu t’es senti obligé de le regarder en retour. Qu’est-ce qu’il y avait dans son oeil, de la peur ? T’étais pas tout à fait certain. D’une certaine manière, tu avais du mal à le sonder, t’y comprenais rien. Le gamin, il te donnait une drôle d’impression. Un peu comme s’il était conscient de tout, comme s’il maîtrisait l’ambiance, c’était difficile à dire. Tu te mettais à penser qu’il était peut-être un peu plus qu’un simple pleurnicheur. Tu sais pas, c’était des pensées fugaces, tu savais pas d’où elles venaient. Mais ce regard là, plein de jugement, tu te sentais accablé dessous, écrasé, lacéré, pénétré. T’as rien dit, le temps qu’il mange, tu essayais de savoir si ce juge là allait te faire passer l’évaluation ou si t’étais recalé. T’as eu l’impression qu’il ne la trouvait pas mauvaise, et ça t’a soulagé un peu, tu sais pas trop pourquoi. Plutôt que d’être réellement content, tu te sentais comme soulagé d’un poids. Et quand il t’a demandé ton nom, étrangement, t’as pas hésité.
« Trevor. Trevor McQueen » t’as répondu, en lui faisant face tout à fait - tu savais pas si tu devais approcher, mais c’était trop tard pour prendre la fuite, à l’évidence. Alors t’es juste resté planté là, perché là-haut, au dessus de tout le monde - tu prenais de la place, c’était toujours comme ça. « Ils m’ont dit ton nom à l’accueil. » Wouah, alors ça, c’était super maladroit comme réponse. Tu t’es senti débile, c’est pas comme ça qu’on faisait des présentations putain. T’as essayé de rattraper le tir, mais c’était pas si facile d’être sociable - « Idris, c’est ça ? Et vous, ça doit être de la famille ? » A ces mots-là, tu t’es tourné vers le vieux (qui avait plus ou moins ton âge au final) et le petit gamin (il était bizarre celui-là, ou qu’il avait les yeux fermés sans dormir, ou que t’avais aucune foutue idée d’où il posait ses yeux). « Ça te prend souvent, ce genre de malaise ? » t'as finalement demandé en reportant ton attention sur ton rescapé de guerre. Quitte à ce qu'il ne te laisse pas partir, autant faire en sorte qu'il y ait une conversation.
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Trevor & Idris
Tu pouvais sentir dans son regard que ton geste lui avait fait plaisir. Et tu étais content, tu aimais voir les gens sourire. Et puis honnêtement, ce n’était pas un petit écart d’une crêpe sur ton régime qui allait te tuer… Si cela te permettait de rendre quelqu’un content, c’était même mieux, même si être content juste pour une crêpe était assez… particulier. Mais bon, certaines personnes peuvent être heureuses à cause de choses anodines.

Tu appris ensuite qu’il s’appelait Trevor. Comme le crapaud dans Harry Potter, c’était cocasse. Mais néanmoins, tu aimais bien ce prénom. Tu trouvais qu’il lui allait bien, mais pas dans le sens «Oh, ça va bien avec son physique ingrat ». Non, tu n’étais pas assez méchant pour avoir ne serait qu’une once de ce genre de pensées. Non, tu pensais plus que ce nom lui allait bien, dans le sens « Un prénom peu commun assez cool », et une référence à Harry Potter, qui plus est.

Bon par contre, il te stressait à rester poireauter debout… « Tu sais, tu peux t’asseoir hein… ». Il t’avait demandé de le tutoyer, tu le fis donc par politesse. Tu tournas la tête vers Lloyd et Keith, mais ils n’avaient pas l’air aussi détendus que toi. Tu pouvais sentir la méfiance de ton père, son silence et son regard méfiant parlaient pour lui. Et Keith semblait ne pas vraiment faire partie de la discussion, il semblait ailleurs, ou endormi. Tu ne le savais pas puisqu’il avait mis ses lunettes noires pour passer inaperçu. Mais toujours est-il que tu ne sentais pas des auras très bonnes de leur côté.

Par la suite, il te fit apprendre qu’il connaissait déjà ton nom, ce qui te fit assez peur. A ces mots, tu sentis Lloyd tiquer un peu, mais il ne fit rien, te faisant confiance. Toi, tu te rappelas que ce n’était qu’un inconnu – qui certes t’avait sauvé de ton malaise, mais un inconnu quand même –, donc tu te devais de garder un peu de distance. Et quand il te demanda si Lloyd et Keith étaient de ta famille, ça fit encore plus tiquer ton père. Tu lui adressas un regard voulant dire «t’en fais pas, je gère la situation », pour le rassurer. Il te fit confiance, mais tu savais quand même que dans sa tête tournaient des incantations au cas où ça dégénèrerait. Tu te retournas vers Trevor, et lui répondis sereinement « Oui, c’est mon père et mon petit frère. » Même s’il avait tenté de se rattraper, comme s’étant rendu compte de sa boulette, tu restais quand même assez méfiant…

« Si ça m’arrive souvent ? Boh, juste quand je vois du sang… » Tu fis une petite moue, prenant un peu ça à la légère. En même temps, tu avais expérimenté cette sensation des dizaines de fois, et pourtant, tu ne t’y étais toujours pas habitué. Et tu ne t’y habituerais peut-être jamais. Mais néanmoins, tu connaissais les symptômes, tu savais reconnaître un début de malaise pour avoir suffisamment de temps de t’asseoir et éviter une mauvaise chute. Mais tu n’aimais vraiment pas cette sensation, ce qui était compréhensible. «Chuis hémophobe, j’ai la phobie du sang. Ca explique pas mal de choses non ?»

Il semblait ne pas vouloir bouger, soit. D’un côté, ça t’arrangeait, tu voulais en savoir plus sur lui. Pourquoi avoir frappé cet homme sans défense et pas toi, qui étais en plus sans défense ? Des remords ? Qu’était-ce donc ? Tu étais si curieux que tu ne résistas pas. « Je suis peut-être mal placé pour demander ça, mais pourquoi avoir frappé cet homme sans défense dans la rue ? Il y avait une vraie raison ? Et s’il n’y en avait pas, pourquoi ne pas m’avoir frappé alors que j’étais encore plus sans défense ? » Tu entendis Lloyd lâcher un petit grognement. Etait-ce de la surprise ? Tu n’en savais rien, tu voulais juste avoir ta réponse. Après tout, tu détestais la violence gratuite…
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J'te promets une histoire différente des autres
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait, Si les mots sont usés, comme écrits à la craie, On fait bien des grands feux en frottant des cailloux, Peut-être avec le temps à la force d'y croire, On peut juste essayer pour voir
Il avait pas ri quand tu lui avais balancé ton nom ridicule, et t’étais plutôt content et soulagé, parce qu’il avait tout juste l’âge qu’il fallait pour avoir la mauvaise référence et vouloir se foutre de ta gueule. Faut dire que Trevor, y’a 20 ans ou même 30, c’était un nom normal, un nom comme un autre, même un nom plutôt cool, qui t’équipait plutôt bien. Et puis Rowling et ses bonnes idées étaient passées par là, comme si son bouquin n'avait pas été parfaitement le même si elle n'avait pas appelé par ton nom le crapaud fugueur du plus incapable et lâche des environs. De quoi pourrir la vie entière d'un type tout à fait honnête, et tu as gardé une certaine bouderie envers le sorcier à lunettes pour ce seul argument. Il faut dire qu’un cafard avec un prénom de crapaud qui désignait à la fois un membre trop gros, ça tapait pas dans la dentelle. Trevor. Tu trouves pas que ce mot donne l’impression de cracher un mollard ? Quel prénom de merde quand même.

Le petiot te propose de poser ton gros derrière et de reposer tes jambes, et fondamentalement t’as rien contre, pourtant t’hésites quand même. Si tu t’installes, tu vas rester, et quitte à choisir tu préfererais éviter une scène pleine de malaise du type vaste silence et petit “bon bah j’vais t’laisser”. Debout au moins, la porte était plus près, la fuite intempestive avec. En plus, tu sais pas trop comment lui dire, mais tu te sens pas franchement désiré. Tu le sais, que son père voudrait que t’ailles voir ailleurs s’il y est, tu sais que t’es de trop dans le portrait de famille. Et en même temps, ce rejet t’agace. T’as envie de les confronter dessus, de leur dire : ouais, je casse des gueules, ouais je m’énerve, je suis grand, je suis un connard, je sors de taule, tout ce que tu veux. Qu’est-ce que tu vas faire ? En fait, ça t’irrite tellement que tu finis par accepter l’invitation d’Idris - tu t’approches dangereusement des membres de sa famille et tu te penches avec un genre de petit sourire pour attraper une chaise vide juste à côté d’eux. Pas de commentaire, ils t’ignorent donc tu fais pareil. Et tu la traînes bruyamment derrière toi, jusqu’à l’autre côté du lit, bien trop lentement dans un silence de mort. Tu t’avachis dessus en étalant tes jambes, en face de ton petit patient. Y’a pas à dire, t’as pas tellement le comportement qui va avec la tenue, mais que veux-tu, on porte pas tellement des costards en prison.

Là, tu l’écoutes répondre à ta question, et ça t’étonne pas mal ce qu’il te dit. Avec toute ta concentration, et en grattant ton vieux bouc mal foutu, tu réalises qu’en fin de compte, si, c’est à cause de toi qu’il est là. Mais bon, on pouvait pas porter plainte contre quelqu’un sous prétexte qu’il avait versé un peu de sang, pas vrai ? ...En fait, tourné comme ça, ça semblait tout à fait plausible, mais c’était pas ta faute après tout s’il avait peur du sang. « Ah, merde. » Y’avait pas des masses de compassion dans ta voix, même si t’étais pas moqueur du tout cependant. Putain, t’imagines si t’avais été hémophobe en prison ? ...T’aurais peut-être jamais fini en prison, en fait, vu que t’aurais été obligé de ne pas être violent. Mouais, c’était intéressant comme point de vue, mais tu l’enviais quand même pas. T’adorais ça, te battre, mine de rien. Ça te faisait un bien fou, ça te libérait d’un poids - tout ce mal à l’intérieur de toi, comme disait ta psy. C’était comme ça que tu arrivais à ne pas devenir fou, même si fou, tu l’étais déjà un peu.
Pourtant, quand il te confronte sur le sujet, tu te sens inexplicablement honteux. Parce que si tu te vantes souvent d’être un gros connard avec des gros poings, au fond y’a une part de toi qui a du mal à t’accepter, qui en souffre aussi, qui en a honte. Faut toujours que tu te caches derrière des faux semblants, que tu te montres pire que ce que tu es, pour te protéger d’un truc. Parce que t’es assez faible, au fond, Trevor. Psychologiquement, t’es faible, même s’il te faut plus que quelques gouttes de sang pour que tu t’effondres. « Sans défense, sans défense, techniquement moi aussi j’suis sans défense alors, oh. » Tu te sens jugé, tu cherches tes mots, tu sais pas trop quoi répondre. Ou plutôt, tu sais pas avec quel degré de mensonge ou d’honnêteté. « Il m’est rentré dedans, ok j’ai un peu chargé la mule, mais il m’a provoqué le premier. Et puis j’étais déjà en rogne. » T’as eu une grimace amère, c’était pas mal vrai tout ça. Tant pis si le commun des mortels comprenait pas, pour toi c’était un problème quotidien de ne pas savoir gérer tes pulsions.
Et puis tu sens encore le jugement de son paternel, et putain ce que ça te gonfle - tu lui lances un regard mauvais à lui, et tu rajoutes : « Et puis quoi encore ? Non mais ça va, j’veux bien reconnaître que j’suis un enfoiré mais pas au point de frapper un môme qui a perdu connaissance quand même, j’suis pas cruel ! J’sais pas pour quoi vous m’prenez mais j’ai une conscience. J’vais pas non plus frapper quelqu’un dans un lit d’hôpital, alors détendez-vous le slip, vous m’foutez les nerfs. » Et tu t’es renfoncé dans ta chaise en croisant les bras avec un air bougon. « J’suis bien navré que t’aies eu à voir ça, et tant pis si tu t’es fait une opinion de merde. Mais j’me suis excusé déjà, donc lâchez-moi la grappe avec. » Tu peux presque entendre la voix de Dagda dans ton crâne, en train de te dire de te calmer, d’arrêter de jouer au con parce que ça risque de mal terminer. T’entends sa voix te parler encore de porter plainte, tu sais que tu ferais mieux de calmer le jeu tout de suite, d’arrêter la provocation, la vulgarité et tout le reste. Mais t’y peux rien, tu te sens attaqué quelque part par ses accusations, et t’as toujours un mal fou à le cacher, quand quelque chose te blesse.
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