Neve McDougall | This is me now

nom McDougall, du moins c’est ce qu’il y a sur ma carte d’identité depuis quelques mois prénom Neve Blodwyn, mais j’ai encore du mal à m’y habituer âge 34 ans… j’ai vraiment 34 ans lieu et date de naissance Dublin, et non pas New York où je n’ai JAMAIS mis les pieds… le 01 avril 1983, ils m’ont au moins laissé ça orientation sexuelle Bisexuelle, je ne suis pas sûre de savoir ce que je veux statut marital célibataire métier/études j’ai pas vraiment de job en ce moment situation financière plutôt aisée organisation aucune ft Katy Perry

Evangeline était quelqu’un d’excentrique et d’extravertie, elle aimait voir du monde, et quand elle était plus jeune elle avait un cercle d’amis assez étendu. Elle aimait sortir tout le temps, faire la fête jusqu’à pas d’heure. Elle était sociable, et il lui était impossible de laisser les gens dans le besoin, que ce soit un enfant de son école, un sdf, un animal perdu, elle se démenait pour leur venir en aide. Très souriante, elle ne se laissait jamais abattre, malgré les migraines qui la rongeaient régulièrement et qui l’obligeaient parfois à rester dans la pénombre pendant plusieurs heures. Elle était très forte, autant émotionnellement que physiquement, aucun obstacle ne pouvait l’arrêter, elle était très déterminée.
Mais Neve n’est plus tout ça, ou plutôt c’est une partie d’elle qu’elle a enfoui très profondément. Neve n’est plus aussi forte émotionnellement, elle est craintive et se terre chez elle la plupart du temps. Voir du monde la met mal à l’aise. Elle a peur de s’attacher à des personnes qu’elle devra peut-être un jour quitter, elle a mal de voir les gens vivre leur vie comme elle devrait pouvoir encore le faire. Elle a le secret espoir de retrouver sa vie d’avant, même si elle sait que c’est impossible. Elle se cherche et ne se retrouve pas.
Pourtant c’est quelqu’un de doux, et d’assez simple à apprécier, elle ne s’impose pas aux gens et n’aime pas les disputes, même si elle est douée pour appuyer là où ça fait mal. Elle n’aime pas ça néanmoins, faire du mal pour faire du mal. Et la culpabilité qu’elle traîne de son ancienne carrière alourdit ses peines un peu plus. Au fond, elle se dit qu’elle ne mérite pas d’être à nouveau heureuse, de vivre une vie normale, de retrouver une famille, d’avoir quelqu’un à aimer un jour et, qui sait, peut-être des enfants. Pas qu’elle croie véritablement au karma, mais pour elle, quelqu’un qui a pris autant de vies ne doit pas pouvoir continuer la sienne, et la perte d’Evangeline n’est pas suffisante pour racheter tout ça.
Elle a un vocabulaire assez vulgaire, notamment quand elle s’énerve, elle connaît une panoplie de jurons qui en ferait pâlir plus d’un. Elle est intelligente et a beaucoup d’humour, bon peut-être un humour assez décalé et qui ne plait pas à tout le monde, mais elle aime rire.
En résumé, c'est quelqu'un de simple, d'agréable, même si elle traverse une mauvaise passe depuis quelques temps, et si elle vous ignore, ne le prenez pas (forcément) personnellement, elle ignore tout le monde en ce moment.

Aujourd’hui je suis Neve McDougall, une femme irlandaise ayant beaucoup voyagé en Europe mais n’ayant jamais mis les pieds en Amérique. Neve a fait des études de géographie, c’est pourquoi elle connait si bien les différents pays du monde. Ses parents sont décédés depuis longtemps, elle n’a aucune famille. Elle est seule. Elle a eu un accident qui lui a fait perdre la vue d’un œil, et elle touche de l’argent en compensation. Elle est au chômage. Elle est arrivée à Bray il y a quelques semaines. Elle vit encore dans les cartons. Elle a du mal à défaire ses cartons. Elle a du mal pour tout en réalité. Elle se cherche. Elle ne se trouve pas. Nulle part. Elle ne sait pas quoi faire.

Avant j’étais quelqu’un d’autre. Avant j’étais Evangeline Theresa Reese. J’étais née à New York, où j’avais passé toute mon enfance auprès de mes parents et de mon petit frère.
J’avais été une petite fille qui adorait les gâteaux de sa maman, qui jouait au foot avec son papa, qui apprenait plein de bêtises à son petit frère.
J’avais été une adolescente qui avait bataillé avec son père pour entrer dans un lycée militaire. J’étais fière de l’homme qu’il était, et je voulais être comme lui, je voulais faire partie de l’armée des Etats-Unis d’Amérique. Il ne voulait pas, il était fier de son parcours mais il trouvait cela trop difficile à vivre pour sa petite fille. Mais je n’étais plus une « petite fille ». Alors j’étais entrée à l’école militaire, faisant, du moins je l’espérais, la fierté de ma famille.
J’avais été une jeune fille qui, à 17 ans, avait commencer à voir des choses, des scènes qui me paraissaient comme des hallucinations, que j’avais gardé pour moi de peur que l’on m’enferme, puis j’avais compris… j’avais compris que ces visions, c’était l’avenir.
J’avais été un soldat comme les autres pendant longtemps, malgré les migraines qui me prenaient parfois et qui suivaient, immanquablement, les visions que j’avais encore. Je vivais avec, je les gardais secrètes, elles n’étaient pas très fréquentes et je ne savais pas quoi en faire.

Mais un jour, ce fut bien une vision qui me fit changer complètement mes plans. Une vision qui me fit déserter. Je devais, avec mon escouade, partir en Afrique pour une opération de quelques mois, néanmoins je préférai partir pour Washington. J’avais vu que la maison d’un haut gradé, à Washington, allait être attaquée lors d’une réception et qu’il y aurait beaucoup de morts. Je savais ce que je risquais, mais j’avais dans la tête l’image d’une petite fille accrochée à son ours blanc, maculé de sang, en train de s’enfuir avant de se prendre une balle perdue, dans un couloir. Je risquais gros, ma carrière allait être fichue, mais cette petite fille… je ne pouvais pas l’abandonner.
Le soir de l’attaque, j’entrai furtivement dans la maison du général, je filai à son bureau où je vis une photo de la fillette, c’était sa fille. La porte s’ouvrit soudain, alors que je tenais le cadre entre mes mains, l’homme faillit crier, mais je réussis à le convaincre, je ne sais plus comment. Il a appelé la police, et des hommes plus qu’armés furent appréhendés quelques rues plus loin, attendant le bon moment pour agir.
Voilà comment j’étais devenue un « atout » de l’armée, bien sûr il avait d’abord fallu que le général me sauve de mon passage au conseil disciplinaire pour ma désertion, mais il s’était porté garant de moi, moi le petit soldat de 25 ans, sans véritable expérience. Le général m’avait longuement interrogée, il avait vu que je n’en savais pas beaucoup sur ce don. Je pense que je devais au fait d’avoir sauvé sa fille de n’avoir pas subi d’examen médicaux en tout genre, ceci dit, si j’avais quelque chose de bizarre biologiquement, cela fait longtemps que je serais au courant. J’en avais fait quelques-uns des séjours à l’hôpital. Le général m’avait testé pendant quelques semaines, c’est ainsi d’ailleurs que j’ai découvert que je pouvais avoir un certain contrôle sur mes visions, parfois j’arrivais à les faire venir pour ce que je voulais. Les migraines étaient encore plus terribles, mais je faisais ça pour mon pays.

Cela dura des années. Au début, je « surveillais » les grands évènements, je m’assurais que rien n’arrivait au président lorsqu’il partait en voyage. Mais le général, apparemment, convainquit deux de ses pairs de constater de quoi j’étais capable, et ils décidèrent d’utiliser mes capacités, non plus pour défendre nos sols, mais pour savoir quand lancer leurs missions à l’étranger, afin de prendre le moins de risque, et d’avoir de meilleurs résultats. Je n’avais pas compris ce que cela changeait vraiment.

Malgré ma très mauvaise réputation auprès des autres soldats, qui étaient persuadés que je couchais avec les généraux pour avoir des primes et ne pas être envoyée trop loin de ma famille, ma vie avançait et j’étais fière de ce que j’accomplissais. Mais sept ans.
Cela dura sept années. Sept années durant lesquelles je laissais ma vie personnelle presque de côté. Des amours ? J’en avais eu quelques-uns, rien de très sérieux, des soldats, des soldates, mais rien n’était plus important que la mission que je m’étais donnée. Protéger mon pays, les innocents, c’était tout pour moi. Même mes parents et mon frère, ses enfants, je les voyais si peu, et je finis réellement par cesser tout contact, passant le plus clair de mon temps à la base. J’y vivais, j’y avais un appartement comme bien d’autres, je n’étais pas une exception.

Sept ans pour rien. Sept ans de tromperies. De mensonges. De cachotteries. Mais j’étais seule, seule à savoir, contre les trois généraux et je ne pouvais en parler à personne, nous avions, nous quatre, signé un contrat de confidentialité sur tout ce qui se passait concernant mes visions, et ils ne pouvaient me poser aucune question sur l’origine de mon pouvoir – d’accord je n’en savais rien, mais c’était usant de le répéter encore et encore.
Un soir, pourtant, alors que j’étais tranquillement en train de regarder un film chez moi, j’eus une vision brutale. Je ressentis la douleur d’un coup de poing en plein visage, douleur qui me fit oublier sur le coup ma vision et j’appelai l’infirmière de la base car mon œil gauche, qui n’y voyait déjà plus grand-chose, eh bien, j’avais l’impression d’être aveugle. Malheureusement, ce n’était pas qu’une impression, et après quelques examens à l’hôpital, je pus reprendre le travail. Seulement, mon principal travail se retrouva affecté par ma nouvelle condition, non je n’eus plus de vision pendant plus de deux mois. Mes supérieurs avaient beau me demander de me forcer, d’insister, je n’arrivais pas à me convaincre. Une vue pourrie, ça se gère avec des lentilles, des lunettes, mais la cécité… et si je finissais complètement aveugle ? J’avais compris, depuis quelques années, que cela venait de mes visions, mais c’était important de continuer à « voir ». Mais… avais-je raison de continuer ? Pour eux ? Des bruits de couloir se répandaient… l’armée avait soi-disant mis au point, et s’en servait depuis quelques années, une machine qui calculait les probabilités, c’est comme ça qu’ils avaient tant de réussites lors des opérations. Grâce à cette machine, ils démantelaient tellement de « nids ». C’était ce que j’étais alors ? Une machine ?? Peut-être étais-je déjà aveugle depuis longtemps ? Aveugle par ma loyauté à mes supérieurs, à mon pays ? Il fallait que ça cesse, je ne pouvais plus…
Non, ce ne fut pas à mes chers supérieurs que je fis par de mon trouble, de mon envie d’arrêter, pas directement en tout cas, je devais retourner dans le système pour le quitter correctement.

J’avais quitté l’armée, à un prix lourd malheureusement. Mon silence contre mon départ, ma mort. Alors, Evangeline Theresa Reese avait trouvé la mort dans un accident de voiture, sans qu’elle puisse avoir un dernier contact avec sa famille, sans qu’elle puisse leur dire au revoir.
J’ai signé un nouveau contrat, en recevant mes nouveaux papiers, ma nouvelle vie, un contrat qui m’interdisait de remettre les pieds sur le sol américain, que j’avais défendu. Je suis partie, avec une valise de vêtement, quelques photos que j’ai pu emporter sans qu’elles ne manquent, quelques souvenirs. Je suis partie en Irlande, et j’ai recommencé à zéro.

Aujourd’hui, je suis Neve Blodwyn McDougall, je suis sans emploi, sans famille, sans ami, sans attache, sans tout, sans rien. Mon appartement lui-même est vide. Plein de cartons. Plein de vide. Je ne sais pas ce que je vais devenir. Si je vais devenir quelque chose. Si je vais mourir simplement… si ma nouvelle vie ne sera qu’une nouvelle fin.