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 Everybody waiting for the fall of man + Neve

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T'as jamais aimé le Drunk Mermaid. Il était même pas appelé comme ça lorsque t'as emménagé la première fois à Bray, mais étonnamment, t'arrives plus à savoir ce que c'était son nom avant. Tu sais juste qu'il était tenu par trois soeurs toutes différentes les unes des autres. Mais t'appartenais pas à cette partie de la ville, ça a jamais été le cas et ça le sera jamais. Ce bar tranquille, propre, où l'on peut danser, tu l'as jamais compris. Toi tu danses pas, le bar c'est pas fait pour ça, c'est pour noyer tes problèmes, c'est pour oublier que t'as une vie de merde, pas te perdre dans des basses dégueulasses. Alors t'as même pas tenté d'y aller. Tu sais où te rendre de toute manière pour les soirées que tu recherches, et te fondre dans la masse humaine de Bray, la masse heureuse et vivante, ça fait pas partie de ton programme. Tu sors de chez toi la clope au bec déjà allumée et tu te diriges vers une rue annexe. Tu connais ce bar parce que t'as des relations. Les mecs les plus abjects du coin, tu les connais ... T'as beau avoir décroché, on oublie jamais d'où on vient, c'est toujours ce que tu t'es dit. La porte, c'est qu'un panneau de ferraille. Tu toques une fois avant de voir apparaître des yeux ternes et cernés qui te détaillent avant de disparaître de nouveau. Il ne faut que quelques secondes pour que la porte s'ouvre et t'entres dans le Smooth Criminal.

L'endroit est plus ou moins bondé tous les soirs, mais différemment du Drunk Mermaid, tout le monde est attablé ou accoudé au bar, les discussions se font dans le secret ou bien à la cantonade pour les plus imbibés. Ici, pas de musique spécifique, juste l'alcool et les vieux cons qui se bousculent et qui s'enfument à coups de clopes et de vestes en cuir. Le barman, c'est un djinn. Tu le connais bien, il t'a aidé plusieurs fois à rentrer chez toi alors que t'étais à quatre pattes à te traîner dans un caniveau. Tu sais que son bar, c'est un nid à chasseurs. On les reconnait pas à première vue, mais ils savent très bien quels genres de créatures rôdent par là, alors ils viennent se renseigner l'air de rien. T'en as vu plusieurs se faire avoir comme ça, t'as les têtes à éviter dans le coin de ton esprit, si tant est qu'ils soient encore dans les parages, il peut s'en passer des choses en trois ans.

Mais t'as le goût du risque alors tu te dis pourquoi pas. C'est sale, y a pas assez d'une seule personne pour tout nettoyer tous les soirs, et au final les ivrognes, ils s'en foutent de boire dans un lieu niquel, de toute façon, ça leur ressemble pas, eux qui dégoulinent de bière et de whisky. Tu t'avances vers le bar pour t'asseoir sur un tabouret, un peu en décalé des autres. T'aimes pas vraiment les gens, toi ton truc c'est de boire seul, éviter toute rencontre qui pourrait mener à quelque chose. T'as eu assez d'émotions pour toute une vie, t'aimerais fuir ce qui pourrait te tomber sur la gueule ensuite. Tu commandes un whisky, tu salues le djinn qui te regarde avec suspicion. Qu'est ce que tu vas bien pouvoir détruire dans son bar la prochaine fois River? Quelle connerie est-ce que tu vas faire ?

C'est bien la question que tu te poses à chaque fois, alors que tu te souviens de ta main contre sa gorge et de l'envie que t'as eu de l'étrangler, là, sur place. Tu t'étais promis de pas y penser, mais y a rien d'étonnant, t'as jamais vraiment été un mec qui tient ses promesses, faut pas se leurrer.
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Invité
J’étais sortie… oui, pour me changer les idées. Prendre l’air. Sortir de cet appartement. Mon cocon, mais qui m’étouffait. Et j’errais. D’habitude… ah, ça, j’en avais l’habitude de sortir dans des bars, boire en grande quantité, rentrer en taxi et avoir mal au crâne le lendemain. Non, ce soir n’était pas différent des autres fois. J’avais envie de boire, d’oublier, d’arrêter de paraître… paraître celle que je n’étais pas et pourtant je n’avais pas le choix… en fait, ce que je voulais c’était simplement oublier que je ne pouvais pas arrêter. Je devais faire le deuil de celle que j’étais avant. Le problème ? Je n’en avais pas envie. Je voulais rentrer chez moi, aux Etats-Unis, et je ne pouvais pas. Après tout, je n’y avais pas de « chez moi ». Après tout, j’étais morte depuis plusieurs mois.
Alors j’étais là, je marchais au milieu des gens souriants, des gens bien habillés, des gens heureux. Moi, la paria, la pouilleuse, l’apatride. La ratée. La finie. La morte. Oh, ce n’était pas dans mes habitudes ça, je l’avoue. Habituellement, j’étais bien habillée, moi aussi. Je souriais, moi aussi, je portais mon masque avec résignation, parfois c’était moins difficile. Mais là, je n’y arrivais pas. De mon seul œil valide, derrière mes lunettes qui lui permettaient de voir encore, je regardais dédaigneusement les gens qui me frôlaient, ces femmes bien maquillées, parfumées, apprêtée pour passer une bonne soirée. Ce que je pouvais les détester, ces femmes insouciantes de ma tristesse, qui me regardaient avec pitié. Dans ces conditions, impossible d’aller où j’avais l’habitude d’aller, ceux qui me connaissaient, ou du moins qui m’y avaient déjà vue, se demanderaient ce qui m’arrivait, si je ne m’étais pas fait agressée ou frappée par un bus pour être dans un état pareil.

Je me regardai dans une vitrine, mon reflet faisait pâle figure, j’avais les yeux encore gonflés d’avoir pleuré aujourd’hui, mes mains étaient abîmées d’avoir tout envoyé valser chez moi. Je me fichais du matériel, l’armée me versait assez d’argent pour que je rachète régulièrement mes appareils, meubles, et je détestais ça aussi. Je pouvais même pas me laisser crever tranquille, parce que quand je reprenais mes esprits, quand je redevenais lucide, je me faisais honte. Que penserait ma mère si elle me voyait dans cet état ? Que penserait mon frère, en voyant sa sœur si forte et déterminée à l’état de loque ? Que penserait mon père en se rendant compte quelle loque humaine était devenue la fille qui lui avait tenu tête pour entrer dans l’armée ?
Mes pas me menèrent dans un quartier où je n’allais habituellement pas, dans une rue où je savais néanmoins qu’il y avait un bar. J’en avais entendu parler, un endroit mal famé paraissait-il, mais je m’en fichais en réalité, il ne pouvait pas m’arriver grand-chose, je n’étais qu’une femme venue boire un verre… une ancienne militaire avec encore de bons réflexes. La porte métallique venait de s’ouvrir pour laisser entrer quelqu’un quand je m’approchai, le vigile me regarda en retenant la porte, je lui fis un simple signe de tête pour le remercier et je m’engouffrai dans le bar. En réalité, il n’était pas très différent de ceux qu’il m’arrivait de fréquenter quand j’étais à New York. Sans faire attention à la saleté, aux conversations avinées des clients à côté de qui je passai, je me dirigeai vers le comptoir et m’installai sur un tabouret, à côté d’un homme. Je laissai ma veste tomber sur le semblant de dossier de mon tabouret et posai mon portable sur le comptoir – comme si quelqu’un essaierait de me joindre… Je demandai un rhum sec au barman, la tête légèrement baissée pour ne pas avoir à le regarder franchement. Je me fichais peut-être de ce que les gens pensaient de moi en me voyant, ce n’était pas pour autant que j’affichais fièrement un visage dévasté par les regrets et les larmes.
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Skye est repartie. Tu le sens dans tes tripes, parce que que vous le vouliez ou non, vous êtes liés depuis le début. Tu peux pas t'empêcher de penser que c'est à cause de toi, et c'est sûrement le cas d'ailleurs, t'as pas pu t'empêcher de l'envoyer dans le mur, de l'insulter comme si elle pouvait l'assumer. Tu te revois la plaquer contre le sol et t'arrives même pas à te dire que t'es allé trop loin. Parce que vous franchissiez les lignes à chaque fois, chaque minute et chaque seconde, y a pas de violence entre vous, juste vous. Et toi t'es comme ça, t'es impulsif, t'étais énervé alors tu lui as mis la misère, mais là, elle a pas pu faire autre chose que se casser. Peut-être que si toi, t'as pas changé assez, peut-être qu'elle, tu l'as affaiblie. C'est ce que tu te dis alors que tu bois, assis au comptoir enfumé du bar où tu te sens presque chez toi. T'as été le poison qui l'a détruite et maintenant tu l'as perdue. A jamais ou peut-être pas, qu'est ce que tu en sais ? Tu ne la comprends pas comme tu voudrais, t'as jamais été foutu de faire assez d'efforts. T'aimes toujours de la mauvaise façon, de la plus malsaine, de la plus violente. Tu sais pas vraiment ce que c'est que l'amour, de toute manière, toi qui a laissé derrière toi mourir Orphée. Un poison, c'est ce que t'es. Même pas foutu d'assassiner celui que tu détestes le plus, t'as continué dans ta lancée. Un déchet de l'humanité, tu commences à comprendre le point de vue de tous ceux qui te croisent. T'as beau faire croire au monde entier que tu t'es posé, que t'as changé et que tout ça, c'est derrière toi, mais t'es le seul à le penser. Ceux qui te connaissaient savent bien qu'au fond t'es toujours le même petit con. Tu croises souvent ces flics qui t'ont ramassé plusieurs fois sur la route, même celle qui t'aimais bien malgré tout ce que t'as fait. Tu le vois dans leurs regards qu'ils te méprisent et qu'ils attendent tous que tu bouges ne serait-ce que d'un cil. Mais toi, tu commences à te dire que tu vas peut-être pas bouger comme ils veulent, toi tu vas peut-être changer d'avis et retourner sur cette montagne pour faire ce que t'aurais dû faire y a trois ans. Tu serais pourtant capable de te foirer, de te faire sauver par ton tigre et d'en être rendu à la même position que t'as là. T'es trop lâche pour te sauter la cervelle de toute manière, t'es trop lâche pour quitter encore. Trop lâche pour te battre et pour la suivre. Ce serait une mauvaise idée, de toute façon, tu connais personne de mieux pour couvrir ses traces, tu perdrais ton temps. Alors t'es là, la douleur mettant ton cœur du rouge au noir.

Mais y a pas de souci à avoir, tu sais parfaitement feindre. T'as été le petit con insouciant, celui qui fait des conneries, qui les assume pas, et qui en fait trente autres derrière, alors tu peux l'être encore un peu, juste le temps que t'y crois. Et après ce sera reparti, comme c'était reparti après Orphée. T'hésites à appeler Aidan, juste pour être sûr qu'il est toujours en vie, où qu'il soit sur cette foutue planète. T'aimerais qu'il revienne mais tu peux pas le lui imposer. Lana est morte dans cette ville, il aurait juste envie de la brûler alors que toi tu peux juste pas te résoudre à la quitter.

Tu sens quelqu'un s'asseoir à côté de toi alors tu tournes brièvement la tête. Elle a pas l'air vraiment dans son assiette, mais déjà une nana seule qui se pointe au Smooth, c'est jamais celles qui sont emplies de joie de vivre. Elle détonne un peu dans le décor, mais t'es pas forcément le mieux placé pour juger, après tout, la merde, elle peut tomber sur n'importe qui. « Mauvaise journée ? » T'es pas du genre à parler aux inconnus, mais quelque part, t'as pas besoin aujourd'hui de te retrouver seul avec tes pensées. T'aimerais les oublier, juste le temps que tu te convaincs que tout va bien.
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