Welcome home
Passer des journées dans ce manoir, cela le rendait fou décidément, il ne supportait plus. Cela le rendait particulièrement morose à dire vrai. Le temps ne se prêtait pas à ce que l’humeur du Djinn s’améliore, bien au contraire. Il avait toujours tendance à être furieux, colérique. Il avait envie d’entraîner les autres dans ses pensées sombres, mais à part son maître, il n’avait pas grand monde. Il devait sortir, voir les âmes humaines à ses pieds pour trouver l’inspiration. La créature attendit quelques secondes, comme pour s’assurer que personne n’allait pénétrer le manoir et sortit à l’air frais. Il ne ressentait pas le froid. Il s’éloigna à grande enjambée, les mains dans les poches. Il semblait banal, presque normal. Son physique atypique ne pouvait pas duper. Il avait de tels traits, qu’il attirait le regard. Iblis avait un regard profond, rempli de démons. La créature se dirigeait vers le port. Le Djinn de feu se dirigea vers le quartier le plus côté, Golden Coast. Il avait pour idée d’aller voir l’eau. Certes c’était un Djinn de feu, et ce côté le poussait à craindre l’eau, mais d’un autre côté, il aimait bien s’en approcher. Peut-être bien avait-il un côté masochiste très prononcé. La créature avisa le ciel sombre, il faisait moche. Le soleil s’était caché derrière les nuages et Rashlan sentit la mauvaise humeur monter en lui.
Il était souvent de mauvaise humeur et un rien pouvait le mettre en colère. Il était une bombe à retardement, c’était ainsi depuis plus de vingt ans. Il avait beau côtoyer son maître, il n’en restait pas moins un être dangereux, vicieux. Il avait soif de sang et ici il devait se restreindre, se contrôler. Il s’agissait de ne pas faire trop de vague. Dans ce monde, on ne tuait pas comme on respirait. On devait être discret. Il était complètement dans ses pensées sur le port quand une voix l’interpella. Le Djinn se retourna alors qu’il vit Bélial. Un sourire mauvais se dessina sur son visage. C’était sa manière à lui de montrer son contentement de voir une très vieille connaissance. Il n’était un être très expansif, bien au contraire. «
Bélial, quelle heureuse surprise. » Il laissa l’autre Djinn lui tourner autour sans réagir. La situation l’amusait énormément et peut-être que finalement, cette journée qui s’annonçait morose, allait être très amusante. «
Depuis combien de temps es-tu ici ? » Lui demanda-t-il alors que l’autre Djinn parlait de tout ce qu’ils pourraient faire aux humains. Les humains si faibles, si fragiles, mais si fascinants pour des êtres comme eux. «
J’aime bien l’idée de les reproduire, mais ils sont lents, si lents à grandir. » Et c’était ennuyant. Iblis se plaisait à rêver de ce qu’il pourrait faire aux humains, néanmoins il ne franchirait jamais le pas.
Pas sans les ordres de son maître. Rashlan était un chien bien tenu en laisse même s’il ne l’avouerait jamais. Il était bien trop fier pour montrer la moindre faiblesse. La créature pencha la tête de côté en observant l’autre Djinn qui venait de lui lancer un défi. «
Il suffit d’un rien pour pourrir la vie des humains. Il suffit de ne pas se faire prendre et de leur faire croire qu’ils ont juste de la malchance. » Et certains étaient tellement suspicieux, que se croire malchanceux leur suffisaient à être très malheureux. «
Il faut être discret, les humains ont beau être faibles, s’ils nous repèrent, ce sera très mauvais pour nous. » Ils n’étaient pas des dieux, juste des créatures d’un autre monde. Oh Iblis aimerait bien être vénéré, jamais il n’irait dire le contraire. Mais il savait aussi qu’il devait faire attention. S’il s’attirait des problèmes, il n’osait imaginer ce que Wolfgang lui ferait. Il avait beau être un très mauvais Djinn, il savait très bien ce qui l’attendait s’il faisait mal les choses. Iblis était soumis, mais jamais il ne l’avouerait. Il se demanda un instant comment était le maître de Bélial. Car pour être ici, il fallait être invoqué.