Nouveau départ- Diane Silverton

nom Silverton prénom Diane âge29 ans lieu et date de naissance à Dublin, un 12 octobre orientation sexuelle Difficile à dire, jusqu'à présent le seul charme sous lequel elle a succombé est celui de l'or... statut marital Célibataire évidemment métier/études de brèves études de compta aussi ennuyeuses qu'inutile puisqu'elle n'a enchaîné que des petits boulots sans le moindre rapport avec sa formation... situation financière Confortable, mais sans plus  organisation Elle revient tout juste dans la région donc elle est hors de tout ça pour le momentft Katie McGrath

Je ne suis pas vraiment habituée à parler de moi. En grande partie parce que je sais que peu de gens partagent ma façon de voir le monde. Si c'est pour qu'on me dise que je suis pas normale, tordue, voire que je suis une salope de voleuse mégalomane autant ne pas se fatiguer à essayer d'expliquer... Surtout que bien franchement, je me contrefiche de l'avis des autres. Je n'ai jamais attendu leur approbation pour vivre !
Je vis dans le présent. J'évite le plus possible de penser au passé et le futur m'intéresse à peu près autant que les pubs au début des vidéos youtube (et j'ai installé ADBlock pour ceux qui avait des doutes). Je ne suis pas du genre à anticiper et prévoir deux coups d'avance sur la vie pour tout voir s'effondrer au premier imprévu ni à ressasser mes choix pour me demander où j'en serais si j'avais fait ceci ou cela il y a des années. Après tout, je n'ai pas à me plaindre de ce que je suis aujourd'hui !
Les gens ont tendance à croire que seul l'argent peut motiver le vol. Mon compte en banque n'est pas du tout du même avis. L'argent ne m'a jamais vraiment intéressée. Certes quand j'ai volé pour de l'argent, c'était plaisant de ne plus se retrouver avec juste des pommes de terre dans les placards au quinzième jour du mois mais je n'ai jamais voulu enchaîner les zéro sur mon compte. Généralement, 80% des primes qu'on me donnait finissaient dispersées ici et là. À ce propos, je pense être une des rares citoyennes du pays à pouvoir me vanter d'avoir donné plus de neuf milles livres pour des orphelins à travers plusieurs pays du monde ces dix dernières années. Comme quoi, c'est clairement pas moi la méchante dans l'histoire ! Pensez-y avant de me faire la morale !
D'ailleurs, les gens voient ma philosophie comme une mauvaise foi absolue. Ils ne comprennent pas à quel point ils sont loin du compte. Après tout, la mauvaise foi est là pour éviter ses propres sentiments honteux et je ne vois pas de raison de l'être en ce qui me concerne. Un peintre s'excuse t'il de peindre une toile ? Les musiciens se cachent-ils dans les caves pour jouer ? Bien sur que non ! À ma façon aussi, j'expose mon art au monde. N'en déplaise à ces jaloux !
Si avant je n'avais aucun problème pour aller à la rencontre et discuter avec des inconnus, je suis devenue plutôt méfiante avec les gens au premier abord maintenant avec ce qui m'est arrivé dernièrement. Je n'ai rien contre les autres bien sur mais plus loin je peux me tenir des chasseurs, mieux je me porte. Oh, et si je peux éviter les magiciens et leurs chiens de djinns, je préférerais. Quant, aux fées, je préfère les garder à l'œil. J'ai entendu bien assez de choses sur elles pour ne pas avoir envie de sentir leur poudre de trop près. En fait, il n'y a que les sirènes et les triton dont j'ai vaguement entendu parler. Ne les connaissant pas plus que cela, je suppose qu'il est préférable que la méfiance soit également de mise....
Si je n'ai pas de difficultés pour sympathiser avec les gens, rares sont ceux qui peuvent se considérer comme étant mes amis. Ils ont tous été là pour moi quand j'en ai eu besoin et je serais là à mon tour lorsqu'il faudra leur rendre la pareille. Je ne dirais pas que je sauterais d'un train en marche pour eux non plus. Même si ça ferait une belle déclaration, je sais bien que jamais je ne ferai de trucs du genre et je tiens à me préserver de la malhonnêteté autant que possible ! Cela dit, je suis prête à beaucoup de choses pour eux et je les considère comme de vrais membres de ma famille.
 S'il y a bien une chose avec laquelle je ne plaisanterais pas, c'est ma parole. Même si j'ai l'air de prendre beaucoup de choses à la légère, une promesse est une promesse et je ferai mon possible pour l'honorer. De plus, je refuse assez rarement de rendre service, pas que ce soit désintéressé cela dit... Et inutile de me regarder avec de gros yeux. Je ne crois tout simplement pas en les services désintéressés. À mon sens, chacun apportant son aide attend en retour une rétribution. Que ce soit sur le plan financier, pour s'assurer de l'aide en retour ou tout simplement par accomplissement personnel. Après tout, pourquoi accepterions-nous d'aider notre collègue de boulot à monter son canapé au deuxième étage de son immeuble si ce n'est pour pouvoir lui demander plus tard de monter notre machine à laver au quatrième dans un colimaçon ? Et pourquoi héberger chez soi son amie en pleine séparation difficile pendant deux mois ? Pour le plaisir de s'accomplir en tant qu'ami. Ce n'est pas nécessairement égoïste. Je crois juste l'humain incapable d'agir de façon désintéressé.
Parce que oui, j'y ai réfléchi à cette question d'aide et d'intérêts. En fait, c'est plus fort que moi. Lorsque j'ai un temps au calme, mon esprit ne peut s'empêcher de se poser des questions, de les décortiquer et de les retourner dans tous les sens. C'est comme ça, j'y peux rien.
On m'a toujours dit que la colère était mauvaise pour le teint. Heureusement, je ne suis pas de celles à qui la moutarde monte au nez facilement. Je ne me considère pas comme étant spécialement patiente non plus mais à mon sens, une pointe d'humour cassante et un soupçon d'ironie bien placés sont plus efficace que n'importe quel coup de gueule. Je reconnais cependant qu'il m'arrive d'en placer un peu plus souvent que nécessaire. Mais est-ce ma faute si je ne peux résister à l'appel d'une plaisanterie facile ?

Les paysages défilent de l'autre côté de la vitre du bus. Putain, l'Irlande... Ça fait combien d'années que j'ai pas remis les pieds ici ? Dix ? Onze ans peut-être ? Bah, il faut dire que mon passé ici n'était pas transcendant. Oh, il n'était pas horrible. J'en garde même quelques bons souvenirs mais il ne s'y est pas passé grand-chose.



Enfant, j'étais la petite gamine bien gentille qui faisait pâlir d'envie tous les parents. Gentille, travailleuse en classe, serviable et largement plus charmante que la moyenne, autant se l'avouer ! Pour achever ce portrait de la fille dont papa et maman pouvait être fier, j'étais capable de manipuler la pierre par la simple force de ma volonté. Evidemment, je n'en faisais pas étalage au quotidien et attendais que nous sortions passer quelques jours à la campagne chez mes grands-parents pour m'entraîner. Même s'il est arrivé quelques fois qu'un garçon qui venait de me tirer les cheveux se prenne un tir de caillou furtif derrière la tête. Après tout, la vengeance n'est-elle pas la base-même de la justice ?
Mais dans l'ensemble jusque là, j'étais encore un petit ange aimée et totalement innocente. Seulement voilà : l'adolescence est arrivée et c'est à partir de là que ça a commencé à dérailler un peu.
J'étais pas l'ado rebelle blasée typique des clichés. Je me posais surtout des questions en fait. Des tas de questions sur tout et rien : Qu'est-ce qui nous oblige à faire bonne figure en public en reniant ses côtés un peu excentriques pour se fondre dans la masse ? Pourquoi suivre le système actuel de la société puisqu'à l'évidence, tout le monde passe son temps à s'en plaindre ? Ne vaut-il pas mieux se définir ses propres codes ? Pourquoi des choses aussi subjectives comme la hiérarchie ou l'âge définit le comportement qu'on doit avoir avec les autres ? Si un objet nous intéresse, qu'est-ce qui nous empêche de le prendre ?... Bref, voilà le tableau.
C'est surtout cette dernière interrogation qui me trottait dans la tête à l'époque. Je me souviens que j'adorais me promener dans les bijouteries en ville à l'époque. Je flânais et regardais les vitrines, m'imaginant un jour les porter à de grands bals ou qui sait, à mon mariage peut-être... Cependant, vu mes économies de l'époques, je n'aurais même pas pu me payer une pauvre bague en toc. C'est là que ça a dérapé. Bon, avec le recul et en observant les faits, c'est difficile d'imaginer comment ça aurait pu virer autrement : une gamine de 14 ans à la moralité bien bancale au milieu d'une bijouterie où le moindre joyau demandait qu'on vende un rein pour se le payer et qui s'avère avoir la capacité  de manipuler à distance les pierre comme.... Tiens, les diamants par exemple !... Mouais, même un aveugle aurait vu le coup venir.
Un jour, je suis tombée en extase devant un collier en argent avec une douzaine de diamants. Il était vraiment magnifique. C'est lui qui a fait céder mes retenues.  Malheureusement, il était dans la vitrine du comptoir. Difficile de s'en emparer ici. J'ai donc attendu une partie de l'après-midi à me promener dans les rayons, sans quitter l'objet du regard. Le propriétaire de la boutique ne s'étonnait plus de me voir. Après tout, ça faisait plusieurs semaines que je traînais pendant des heures dans sa boutique. Finalement, une dame est entrée dans le magasin et par un heureux hasard, elle a eu un coup de cœur pour un bijou posé à côté du fameux collier. Son éclat lui avait apparemment tapé dans l'œil. Toujours est-il que le vendeur se fit un plaisir d'ouvrir la vitrine pour lui faire essayer. Du fond du magasin, après un ultime doute, je fis glisser les diamants avec leur chaîne hors de leur présentoir et ils tombèrent "malencontreusement" et silencieusement dans la poche du manteau de la dame. Les deux adultes n'y avaient rien vu. Une fois la transaction terminée, j'ai tranquillement suivi la dame hors du magasin et je n'ai eu qu'à transférer le collier de sa poche à la mienne en maîtrisant ses gemmes lorsque je suis passée à sa hauteur.
Mon butin en main, je suis bien gentiment rentrée chez moi. Bien sur, j'aurais du m'en vouloir, me sentir honteuse d'avoir fait ça mais je n'y suis pas arrivée. Je n'étais pas fière non plus mais je me sentais heureuse. Après tout, voler c'est un peu comme un compliment d'une certaine façon : Ça veut dire qu'on reconnaît la valeur et la beauté d'un objet ! Allongée sur mon lit, je faisais tourner le collier entre mes doigts, admirant son éclat sous la lumière de l'ampoule. C'était si beau ! Je sentais encore en moi l'excitation du vol, le soulagement d'avoir réussi et par-dessus tout, la joie d'avoir répondu à une de mes plus grande questions de l'époque : "Si un objet nous intéresse, qu'est-ce qui nous empêche de le prendre ?"-C'était nous. Nous et nos peurs de prendre des risques. Risques de se faire prendre ou de perdre ses apparences. Et est-ce que j'étais prête à renoncer à mon plaisir pour des conneries du genre ? Oh que non ! Si je devais vivre, ce serait à fond, sans retenue !
Pendant les années qui ont suivit je me suis donc offerte ici et là des « petits plaisirs ». Lorsque je me suis lassée des pierres précieuses, j'ai commencé à m'entraîner au vol plus... traditionnel. Je suis même devenue une sacrée pro avec le temps. Si au début, c'est surtout la chance qui m'a permise de ne pas me faire attraper, le talent a vite pris le relais. Ma collection s'est agrandie de façon vraiment épatante. Bijoux, livres, bibelots, appareil électroniques etc... Et le mieux dans tout ça, c'est que personne n'a soupçonné quoi que ce soit. En même temps, il faut dire que je ne faisais pas étalage de mes différents butins. Je les gardais cachés dans ma chambre pour le simple plaisir de les admirer et lorsqu'un objet ne m'intéressait plus, je le jetais dans une poubelle du quartier au hasard... Je n'avais pas besoin de ça au quotidien. J'avais simplement le goût des belles choses.
Cependant, après plus de quatre ans de chapardages en tout genre, j'ai commencé à m'ennuyer. Certes, je pouvais prendre tout ce dont j'avais envie mais au fil des années je me suis mise à voler autant pour l'objet que pour le frisson avant de passer à l'acte et le soulagement de quitter les lieux sans être prise. Ce besoin d'adrénaline devenait sans cesse plus fort et mes vols l'étanchaient de moins en moins. Tout avait un goût de déjà-vu... Je compris à ce moment que j'avais besoin d'un nouveau départ, de nouveaux horizons.

Ce fut donc difficile mais je tins bon les derniers mois qui suivirent jusqu'à obtenir mon diplôme de comptabilité. Je sais bien que dit comme ça, ça ne vends pas du rêve mais compte tenu de ma double vie devenant de plus en plus envahissante et de mon désintérêt total pour mon avenir « professionnel », j'ai préféré opter pour un domaine où mes facilités naturelles en maths me garantissaient un succès facile.
Une fois sortie de l'école, j'annonçai à mes parents mon départ pour Londres. Sur le coup, ils ne parurent pas très enthousiaste : ils étaient horrifiés d'imaginer leur « princesse » seule âgée de 19 ans dans les rues d'une aussi grande ville loin d'eux, surtout sur ce qui leur semblait être un coup de tête. Ça ne fut pas sans mal, mais après de dures négociations, je réussi à les convaincre de me laisser partir.

Londres a été une sacrée aventure pour moi ! Même si les quelques premiers mois ont été un peu compliqués, j'ai fini par me trouver un petit appart' en banlieue et un boulot de standardiste dans un service après-vente. Rien de bien sensationnel mais à côté de ça quel bonheur de découvrir un tout nouveau terrain de jeu pour mes chasses au trésor ! La ville et ses boutiques avaient l'air de s'étendre à l'infini. Me retrouver dans un endroit que je connaissais pas rajoutait du piment à ces vols. J'errais dans les rues à la recherche d'un butin éventuel que le hasard mettrai sur mon chemin.
Je me suis ainsi laissée aller pendant quelques mois jusqu'à ce qu'un soir, une rencontre plutôt imprévue ne fasse passer mon passe-temps du stade de simple plaisir à celui de deuxième job à part entière. Un métamorphe à la con m'est tombé dessus sous sa forme de corbeau pendant que je me baladais le soir. Il a agrippé mon téléphone à mon oreille et a voulu se barrer avec. Je n'aillais évidemment pas le laisser faire par le premier piaf venu ! Et ce qu'il y a de bien quand entraîne ses capacités de tempestaire sur des petites pierres uniquement, c'est qu'on arrive à les manier avec une sacrée précision ! Si j'arrivais à faire glisser des colliers avec discrétion dans la poche ou le sac de gens alors que j'étais à une bonne quinzaine de mètre, c'est pas un corbeau qui allait me poser problème. J'ai saisi une poignée de gravier et je les lui ai envoyés. Il a d'abord cru pouvoir les éviter en virant sur le côté mais il ne s'attendait pas à ce que les pierres décrivent un arc de cercle dans leur trajectoire pour finalement lui molester une aile. Il a voleté en croassant sur quelques mètres avant de tomber dans une petite ruelle à ma gauche. Bien décidée à récupérer mon bien, je me suis engagée dans ladite ruelle. C'est là que je l'ai vu reprendre forme humaine. Un peu choquée de voir un métamorphe pour la première fois (surtout qu'il était nu) j'ai hésité un peu avant de lui gueuler dessus pour qu'il me rende mon téléphone. Le ton était glacial au début entre moi qui était furieuse de m'être fait voler mon téléphone et lui qui n'était pas franchement ravi de s'être fait casser l'aile et du coup le bras. Cela dit, la discussion a fini par s'adoucir. Était-ce parce que nous avions reconnu le même instinct de voleur chez l'autre ? Probablement. À la seule différence qu'il volait pour l'argent, lui... Il m'a finalement proposé un marché. À cause de l'incident, il aurait du mal à assurer son boulot pendant un moment. Si je lui filais un coup de main, nous ferions 50/50 sur les gains et en prime, il pourrait me mettre en relation avec des gens qui pourrait faire s'envoler ma carrière de voleuse, si j'étais à la hauteur.
Sur le coup, je ne savais pas trop quoi répondre. C'est comme si vous jouiez au football avec vos amis et que soudain, un type débarque pour vous offrir une place dans l'équipe nationale d'Irlande... C'est un peu soudain. Cependant, vu les malheureux trois sous que j'arrivai à mettre de côté avec mon boulot, je me suis dit que ce ne serait peut-être pas si mal... Après tout, peut-être que l'occasion ne se représenterait plus.
C'est comme ça que j'ai formé mon binôme avec ce métamorphe. Au début, je me contentai de faire un peu son sale boulot mais ça m'a aussi permis d'apprendre quelques trucs sympas, comme crocheter une serrure ou faire les poches de quelqu'un. Je m'amusais vraiment. Ces vols étaient autrement plus risqués que ceux que je faisais d'habitude. Ce gars entrait chez des gens la nuit ou cambriolait des magasins en pleine nuit quand il y avait les rideaux de fer et les alarmes branchées. Bref, il était clairement un cran au-dessus de moi. Seul mon don me permettait de rester au niveau mais heureusement grâce à ses conseils je me suis bien vite améliorée. Mon seul regret était de ne pas pouvoir garder mes prises et l'argent obtenu en échange n'était qu'une très maigre consolation.
Quand son bras fut complètement remis, nous avions pensé à nous séparer. Après tout, les voleurs bossent généralement mieux dans leur coin pour des petits contrats qu'en équipe. Cependant, pendant les deux mois de convalescence, nous avions appris à nous connaître et nous commencions à vraiment faire du bon boulot ensemble. On a donc continué comme ça et clairement, si j'avais su que nous ferions un si bon duo, je ne lui aurais pas cassé l'aile ! Enfin, pas à ce point en tout cas. Ou peut-être que si pour lui apprendre à ne pas toucher à mes affaires...
Pendant pas loin de dix ans, on a eu Londres à nos pieds. C'était un vrai jeu pour nous. Le jour, je bossais à gauche à droite, enchaînant les boulots de standardiste à serveuse dans un café en passant par employée de poste. La nuit on se retrouvait, il me donnait les infos qu'il avait trouvé pendant la journée et on sortait à droite, à gauche. Quand il nous restait du temps le soir après nos petites affaires, nous allions boire, nous amuser... C'était vraiment marrant !  Ça va me manquer. C'était mes meilleures années....



« Nous allons arriver à Bray d'ici dix petites minutes mesdames, messieurs ! Vous pouvez commencer à vous réveiller ! Annonce la voix du conducteur du car.

Quelques légers rires des passagers lui répondent. Je décolle mon visage de la vitre et m'efforce de rassembler mes pensées éparpillées. Il ne faut plus que je repense à tout ça, c'est trop tard maintenant. C'est arrivé si vite. On a été trop ambitieux, trop confiant. On était trop surs de notre duo parfait et on en a oublié les risques qu'on encouraient. Il fallait bien que ça nous pète au nez un jour. Mais à ce point-là ? Mon métamorphe est mort, les clés de mon appart sont dans la boite aux lettres du propriétaire accompagné d'un mot où je lui annonce que je ne reviendrai pas, ce qui restait sur mon compte en banque est à présent dans la poche intérieure de ma veste et toutes les affaires que j'ai pu emmener sont dans mes valises. Ça m'apprendra à me frotter aux magiciens, ça... Je me suis toujours méfiée d'eux. Et c'est pas demain que je vais commencer à les aimer...

Ohlà... C'est si petit que ça Bray ? Ben je sens que ça va être drole, tiens ! Bah, après Londres je m'attendais bien à ce que tout me semble petit et c'est justement très bien pour ce que je viens y faire. J'aurais pu rentrer chez mes parents à Dublin mais je crois qu'après avoir vécu pendant dix ans par mes propres moyens,  je ne pourrai plus vivre à leur crochets et comment je leur aurais expliqué mon départ si brusque ? En leur avouant que leur fille est une voleuse et que le dernier type chez qui elle est allée faire ses affaires est un magicien et qu'il a envoyé un tueur potentiellement entraîné à tuer les gens comme elle ou bien un démon venu d'un autre monde ? Rien que pour voir leur têtes, ça aurait pu valoir le coup cela dit...
Le bus s'arrête finalement devant la gare. Tout le monde descend. Je saisis distraitement ma valise et mon sac de sport dans la soute avant de me mettre en chemin vers le centre ville. Même s'il y a quelques voitures, c'est plutôt calme ici. Ça change du brouhaha de la ville...C'est assez reposant. En fin de compte, c'est vraiment un bon endroit pour repartir à zéro, pour se ranger et mener une petite vie « clean ». Enfin, si j'arrive à ne pas retomber dans mes vieilles habitudes...