MESSAGES : 3959 AGE DU PERSONNAGE : 49 RACE : Fantôme (ex-fée) MÉTIER/ÉTUDE : Gardien du cimetière | Lun 16 Mar - 15:43 | | Basil Egerton nom + Egerton, nom auquel se rattache le double titre de baronnet et de docteur. prénom + Basil âge, date et lieu de naissance + Londres 10.02.1975 - Bray 5.10.2013 indiquerait sa tombe ; il a 38 ans pour l'éternité, mais il aurait eu 45 ans aujourd'hui. nationalité/origine + jusque dans l'au-delà, il garde ses manières de britannique et son sang bleu d'aristocrate. Quoiqu'il n'en ait jamais adopté la nationalité, l'Irlande a malgré tout pris pour lui beaucoup d'importance - assez pour qu'il en soit réduit à hanter les lieux. statut civil et orientation + célibataire endurci et piètre père jusque dans la mort, Basil a toujours assumé sa bisexualité, son libertinage et son incapacité naturelle à développer des sentiments amoureux. métier/études + avant sa mort, il était docteur en biologie et diplômé de l'Université de Cambridge, chercheur chez les Dux Tenebris, et fossoyeur au cimetière de Bray. La mort le condamne à l'inactivité, mais il se considère encore le gardien du cimetière ; c'est plus fort que lui, il y revient, anxieux d'y voir marcher les vivants, anxieux qu'ils y trouvent un jour les cadavres qu'il y a laissé avant de partir. situation financière + son quotidien était plutôt très aisé, mais ses neveux ont hérité de lui à sa mort, et il n'a plus que faire des biens matériels - d'ailleurs, l'argent ne lui a jamais beaucoup importé. race sa triste réputation a sans doute entaché la communauté des fées pour toujours, mais c'est aux fantômes qu'il se rattache désormais. connaissance du surnaturel + fée jadis et prolifique boucher parmi les Dux Tenebris, il a eu l'occasion d'étudier dans les détails les plus infimes la plupart des créatures qui circulent dans Bray. Seuls les vampires lui sont réellement inconnus. Quoiqu'il en soit, il n'est pas du genre à juger la personne par le prisme de son espèce. ancienne organisation si pertinent + Dux Tenebris avatar + Eddie Redmayne crédits + Sokosid ✦ Ce qui frappe le plus dans sa façon d'être, c'est le cruel manque d'empathie qui le fait pencher vers le profil psychopathique - une gaucherie toute particulière dans les comportements sociaux et un mépris des normes, une attitude trop indécente et tactile, familière, franche et indélicate, enveloppée de lourdes politesses. Disons-le simplement, Basil est un être qui met mal à l'aise bien souvent par sa seule présence. ✦ Il est aussi un homme passionné et passionnel qui s'éprend de concepts et d'idées, souvent les plus morbides et macabres, les plus anormales et surnaturelles. Il a une fascination et une obsession pathologique pour la mort, le corps humain, les anomalies et les cas cliniques. ✦ S'ajoute à ces délicieuses habitudes une absence de remord généralisée : ses politesses exagérées sont aussi creuses et inconsistantes que sa nouvelle forme. Malgré tout, il fait preuve de générosité, d'amabilité et de bienveillance de manière toute aussi gratuite : il est à cette intersection du bien et du mal, le stratège menteur et manipulateur prêt à tous les sacrifices pour parvenir à ses fins, et la civilité désintéressée associée à un sourire de toutes les circonstances. Il cache bien son jeu, dira-t-on. ✦ On peut affirmer avec objectivité que Basil fait preuve d'une intelligence tout à fait remarquable - tant qu'elle jure sur une incapacité fonctionnelle à intégrer certains concepts fondamentaux comme la compassion et l'instinct de survie - laissant presque penser à une débilité congénitale. C'est un inadapté dans tous ses extrêmes. ✦ A bien des égards, il est d'un sang froid remarquable : la tristesse et la colère sont des sentiments qu'on ne décèle que rarement sur son visage, et il ne cille ni sous les insultes, ni sous les coups, car il a aussi peu d'intérêt pour l'opinion des autres que pour son propre ego. Il ne connait pas l'humiliation, sinon en quelques rares cas que l'on relie le plus souvent à ses domaines d'expertise. ✦ Cependant, il est tout aussi intolérant à la frustration, et c'est un sentiment qui le jette hors de ses gonds bien plus violemment que l'on pourrait s'y attendre - un état de rage, de détresse et d'angoisse qu'il ferait taire par tous les moyens, le meurtre y compris. Ce sont dans ces circonstances que lui, absolument pacifique, s'est mis à plusieurs reprises du sang sur les mains. ✦Pour éviter ce genre de débordements contrariants, il a plutôt pris pour habitude de compenser la frustration par le plaisir de la chair, à un degré parfois peu recommandable. Désormais hélas, l'un comme l'autre lui sont difficiles d'accès, et c'est un peu son éternelle damnation que cet état d'impuissance qui le dévore jour après jour, où il s'emmure dans la solitude et le silence. ✦ Assidu dans son travail, Basil déteste l'ennui et doit toujours s'occuper à quelque chose. Impatient lorsque inoccupé, il est également pointilleux et perfectionniste, et peu lui importe de devoir prendre son temps aussi longtemps qu'il a la sensation de faire avancer ses projets. A ce niveau, la mort lui est une véritable torture, et il est paradoxalement tenté de se comporter comme s'il faisait encore partie des vivants. ✦ Il a le goût du détail et de l'anecdote, et se nourrit de tout ce qui peut exciter sa curiosité : la nourriture de l'esprit, la seule qui ait jamais eu pour lui de la saveur de son vivant déjà. Il foisonne d'histoires et d'informations sur l'abondance de toutes ses fréquentations, tout autant parmi les morts que ceux qui foulent encore du pied le monde tangible. ✦ Le drame le plus monumental de son existence fantomatique, et il l'affirme lui-même, est bel et bien son incapacité à boire du thé - à en sentir les parfums riches et travaillés, leur goût ni l'effet de leurs toxines. Il est mort avec cette addiction, elle est entérinée dans ce qu'il subsiste de sa personne. Lui qui se réjouissait autrefois d'en trouver dans des placards, il ne supporte même plus de voir quelqu'un en boire devant lui. ✦ Aux complets trois pièces trop courts et nœuds papillons colorés; au tweed, redingotes, mocassins et pantalons de ville, chers et bien taillés s'est substitué éternellement ton habit de travail - la chemise noire d'enterrement, repliée sur les coudes, le pantalon serré découvrant tes chevilles nues et tes chaussures terreuses. Tu reflètes les cérémonies mortuaires et l'argent, l'aristocrate et le mépris des aristocrates dans le même ensemble, en toute simplicité. ✦ Il erre dans les lieux qu'il appréciait le mieux de son vivant - le cimetière, les brocantes, les bouquineries, le laboratoire des Dux où il exerçait une bonne partie de son art, et qui n'est plus accessible qu'aux morts à présent. ✦ Parmi les passe-temps qu'il a dû se résoudre à laisser derrière lui, on compte le violon, les romans de gare, les livres policiers, les poèmes lyriques et les croquis d'organes en coupe. Bien sûr, il lit encore ; et quand il en a l'occasion, il ne manque jamais d'écouter un morceau d'opéra ou de classique, mais rien n'a plus la même saveur. A titre informatif, il a toujours son écriture de femme toute en boucles et italiques. ✦ S'il fallait citer d'autres goûts certains dont la mort l'a détaché : le curry, le persil, la cannelle, le caramel, le gin et le bon tabac. Dans un autre registre, son éternel parfum de femme est également de l'ordre du souvenir, et le travestissement de même, qui n'a plus rien de plaisant quand on n'a plus véritablement d'existence matérielle. ✦ Il avait une chienne, un beagle appelée Mary d'après Mary Shelley. Assez stupide, toujours à se jeter dans ses jambes, plus encore lorsqu'il transportait des ossements. Il espère qu'elle vit encore et que ses neveux en ont hérité, parce que c'est bien le seul être qu'il préfère savoir vivant.
mon histoire tw; (évocations sans grands détails) meurtres, tentatives d'infanticide, nécrophilie, éphébophilie, cadavres, décapitation, dissection, enlèvement, torture. - Avant Bray:
EGERTON. Le nom n'est pas hasardeux. Vieille lignée de la noblesse anglaise qui trouve ses origines dans le Cheshire, elle étend désormais ses bras tentaculaires dans toutes les provinces du Commonwealth. Anglicane, féerique, et s'étant illustrée il y a quelques décennies dans le massacre d'irlandais, elle a su conserver aujourd'hui encore une influence à la Chambre des Lords britannique. Elle fait partie de ces grandes familles pour lesquelles l'idée de la préservation de l'espèce survit dans les restes d'un darwinisme social dépassé, et où les tensions entre fées et sirènes sont aux antipodes du mythe. Le nom a perdu de sa superbe ; depuis quelques temps déjà les ressources pécuniaires se dilapident et les Egerton sont relégués au rang de ces familles aristocrates en perdition dont les mœurs ont plus d'un siècle de retard.
Dans la petite branche dont tu fais partie pourtant, et bien qu'il ne restât qu'une ou deux générations à ta famille avant qu'elle ne s'affaisse, d'anciennes discordes ont refait surface, animées par une hargne nouvelle insufflée contradictoirement par un cœur irlandais. Catherine Sweetman est la digne descendante d'une vieille famille de fées qui n'a pourtant rien d'aristocrate. S'il fallait la décrire en un mot : ce serait caractère. En compétition avec sa sœur pour l'amour d'un triton qui avait tout d'un connard, elle fut celle qui renouvela la haine de ton sang pour les Ò Murchù en mariant un Egerton tout ce qu'il y a de plus anglais. Le cocktail des deux deviendrait bientôt un ressort dramatique absurde pour la petite ville d'Irlande qui avait vu renaître ces vieilles tensions. Bray, où ta mère avait vu le jour avant de partir pour Londres rejoindre son époux.
LES QUATRE FILLES ET LE DOCTEUR. Ton père était un baronnet - il espérait donc naturellement un fils pour ne pas laisser perdre son titre. Il fallut pourtant qu'il engendre trois filles avant que tu ne daignes pointer le bout de ton nez. Margaret, l'aînée, aussi douce qu'insipide, dont le spleen gonflait les veines avant même qu'elle ne respire. Agatha, l'ambition et l'arrogance de votre mère, minus sa bienveillance. Susan, insolente et invasive, probablement plus garçonne que tu ne l'as jamais été. Puis il y eut après toi Charlotte, votre cadette, la honte à votre sang, de loin la plus humaine et la plus terre à terre - mieux aurait-il valu que tu sois le dernier. Toi ? Tu étais l'héritier inespéré, dont on ne savait encore s'il fallait en être inquiet ou inconditionnellement fier.
ENFANCE EN RECLUS. Tu étais une fée et cela impliquait bien des choses. Il vous était difficile de maîtriser vos ailes avant l'âge de raison, c'est pourquoi les Egerton avaient cette tradition de n'exposer leur progéniture qu'à des membres du surnaturel -et essentiellement des fées- jusqu'à leur 11 ans. Mais c'était une vaste famille et les rassemblements immenses rythmaient vos années. Une coutume faisant l'unanimité - exceptée la tienne : tu n'étais pas un enfant social, et tu as vécu tes premières années particulièrement refermé, à demi plongé dans le silence. Enfant malingre, peu reconnaissant, assez désagréable et difficile à comprendre, tu laissais à tout un chacun une impression de mépris et de lourde indifférence qui n'était pas tout à fait fausse. Peu t'importait tes cousins du tiers monde ou tes grands-oncles d'Amérique. Peu t'importaient aussi les jeux et le sport, tu n'as jamais trop aimé crier et courir. Mais défier tes aïeux, tester leurs limites, taper juste, là où c'est douloureux - ton comportement te valut quelques punitions, et quelques bagarres que tu perdis sans doute.
Tu ne t'intéressais à personne, mais tu ne t'intéressais pas à rien. Disons-le, tu étais prometteur : tu t'es plongé dans la lecture, que tu maîtrisas presque en autodidacte pour le peu d'affection que tu avais pour ton précepteur, et sans passer par ces petits ouvrages pastels ponctués d'images au récit un peu trop superficiel. Tu aimais te noyer durant des heures dans ces énormes encyclopédies en dix tomes, et même si tu n'en comprenais pas tous les termes, tu acquis très tôt un vocabulaire et une culture générale plus développés que la moyenne. Tu étais intelligent, mais tu étais surtout curieux, et l'on sait comme l'association des deux fait des étincelles. A un mètre à peine, tu brisais les rêves de tes comparses en leur expliquant le mécanisme de la chute des dents et l'absurdité de la fée qui leur apportait les pièces, de même pour le phénomène de la fécondation, comme pour celui de la naissance. Très tôt, on comprit que tu serais un scientifique ou un médecin - et pour ton père, tu serais le meilleur : un peu de gloire pour redorer votre blason.
ENTRÉE DANS LE MONDE. 11 ans n'était pas un âge laissé au hasard, il coïncidait surtout avec l'entrée au secondaire. Et en bon aristocrate au patrimoine confortable, tu fus envoyé à un collège privé de Londres pour ne plus rentrer au domicile familial que les weekends. Tu commenças d'autre part le solfège et les cours de violon, et l'on t'imposa quelques sports où tu ne t'illustras que médiocrement. Ce fut aussi l'heure de tes débuts dans le beau monde, tu étais présenté comme un enfant prodige, malgré une indécrottable expression antipathique. L'occasion pour toi de te rapprocher un peu mieux de tes sœurs : Susan te tirait dans ses mauvais coups et ses farces douteuses, et Margaret vous vendait à votre mère de sa voix désagréable et lancinante. C'était alors Agatha qui plaidait ta cause - elle t'aimait sans que tu comprennes trop pourquoi, alors tu t'es mis à l'aimer en retour. Susan aussi, tu y tenais, même si elle avait une fâcheuse tendance à te critiquer à tout va et à te faire passer pour le dernier des imbéciles : c'est un peu en sa compagnie que tu appris à te laisser rabaisser sans y apporter le moindre crédit, par elle sans doute que naquirent tes penchants masochistes, elle qui la première te fit porter des vêtements de femme en secret tandis que toi tu lui prêtais les tiens. Et Margaret, la douce et désespérée Margaret, qui t'accablait de toute la misère humaine, de toute l'ingratitude masculine : c'est elle qui te parla tant et tant de la mort et du suicide qu'elle te fit goûter à leur poésie. Quant à Charlotte - Charlotte était la plus méfiante, bien qu'à mille lieues d'être malintentionnée. Charlotte était la plus lucide. Mais Charlotte ne disait rien à personne, parce que personne n'écoutait Charlotte.
MARGARET. Le premier drame notable eut lieu lorsque votre aînée toucha ses 17 ans. Elle tomba enceinte, la belle affaire - d'un homme de 25 qui ne s'éternisa pas auprès d'elle et fuit devant sa personnalité toxique. Elle n'aimait pas la vie, Margaret, pessimiste comme jamais aucune femme avant elle, sa vie entière portait autant d'espoir qu'un lundi matin d'après cuite. Porter la vie en son bas ventre ! Elle se haït plus que jamais pour imposer la cruauté de l'existence à une fille qui n'avait rien demandé. Alors, celle-ci née, pensez-vous bien : elle voulut la tuer de ses propres mains. Ce fut Susan qui s'interposa de justesse, à grand ressort de cris et de coups de poing. Margaret fut dès lors suivi par quelques psychiatres - et la jeune Alice, qui n'avait pas encore vécu, emportée par les services sociaux afin d'échapper à un destin tragique.
CHARLOTTE. Le second eut lieu un peu plus tard, tu avais déjà quitté Londres pour l'Université de Cambridge, mais j'y reviendrai plus tard. Il fallut que Charlotte s'éprenne d'un homme à son tour - si toutefois on pouvait appeler cela un homme : pour vos parents, il n'était qu'un prolétaire, un moins que rien, un laveur de vitre ou une futilité de ce genre, et surtout rien d'autre qu'un humain. Elle vous quitta, Charlotte, quand votre mère la mit à la porte, car cette petite idiote s'obstinait après l'amour. L'amour que tu ne connaissais pas, l'amour qu'aucun de vous ne voyait comme une chose enviable. Elle s'en alla pour Bray, vers des horizons plus heureux. Plus heureux ? On en rirait, mais patience.
CAMBRIDGE. Tu avais mieux à penser à ce moment-là bien sûr. Tes études accaparaient ton temps et ton esprit, tu étais passionné et tu excellais. Indifférent à tes camarades, toujours fourré dans tes ouvrages, les murs de ton dortoir parsemés de notes et de reproductions d'organes. La théorie commençait à te lasser, tu ne te voyais pas professeur, à rédiger la synthèse de ceux qui t'avaient précédé sur le terrain. Tu voulais ta liberté d'agir, de penser, tu voulais tes propres méthodes. Et tu les employas, ces méthodes nouvelles et décriables, lorsqu'il te fallut entamer ta thèse. Tu les employas, lorsque procédant à ton premier meurtre, tu mis sur ta table une femme enceinte et prélevas l'être d'entre ses entrailles. Le fantasme du mort donnant la vie, de la mort avant d'être né. On ne t'accusa jamais du crime, mais l'étincelle passionnée dans ton regard était inégalable - elle charma ton auditoire lors de ta soutenance de thèse, lequel n'hésita pas à te faire passer docteur.
Tu avais commencé à changer, cela se voyait de plus d'une manière. L'intérêt que tu avais pour l'humain ne se limitait plus au fonctionnement de son corps mais s'intéressait peu à peu à d'autres pans de sa personnalité. Tu ne t'enfermais plus dans un monde à part, comme si par le meurtre, tu avais su exporter dans la réalité ce petit jardin secret que ton esprit d'enfant faisait éclore en bourgeons noirs depuis trop longtemps. Plus ouvert, tu t'es mis à copier, imiter, séduire - à jouer, à convaincre, tu as pris tes aises et commencé à vivre. Ta rencontre avec Sirius dans la fin de ta scolarité fut sans doute l'élément déclencheur qui t'intéressa aux autres. Il fut ta première obsession vivante - cet adolescent atypique qui te mit à nu sur pellicule et donc tu dérobas la virginité, ce génie qui s'ignorait encore. Et tu revins parmi les tiens, portant ce nouveau visage, plus avenant, tout sourire. Tes passions, tu ne les soupçonnais plus : tu l'avais vue, la mort, enfin. Et tu n'en pouvais plus de ne plus la voir. Tu fis ton pied de nez à leurs attentes et tu t'en allas tête haute esprit léger, vers un cimetière de la périphérie londonienne dont le gardien venait de succomber.
CIMETIÈRE. Fort, tu ne l'avais jamais été ; le sport était un peu ton antéchrist. Creuser ne fut pas de tout repos, mais pour cette fois, tu t'y livrais avec délice. Tu pris goût à l'effort, à la sueur tâchant ton front moucheté, au soleil crevant le tissu étiré de ton dos. Creuser, et tu le faisais seul, tu le faisais à la main, tu te tuais à la tâche et tu en redemandais. Tu ne connus pas de vie sociale pendant près de six mois, tant mieux d'ailleurs puisque ta famille ne voulait plus entendre parler de toi. Un fossoyeur dans la famille, mais quelle honte ! Mais tu t'en foutais, toi, tu ne t'intéressais qu'à tes tombes, tu ne parlais qu'à tes morts, et tu étais ravi qu'ils ne te répondent pas.
Puis tu as pris tes marques, et ta face enjouée put reparaître dans le beau monde. Trop citadin dans l'âme pour te priver de cet air élitiste, mais ta présence faisait grincer des dents - surtout celles de ta mère qui s'efforçait tant bien que mal de te ramener à la raison. Mais il n'y avait rien à faire, ton obsession s'est dessinée, précisée, endurcie, et tu as recommencé à écrire. En secret, tu t'es mis à déterrer les morts - la science, ta première âme sœur, te manquait. Tu as repris tes recherches, tes vieux cahiers, tu t'es improvisé chirurgien, tu as étudié la mort et elle t'a tout appris. Ce nouveau caractère, cette voix trop douce, trop discrète, cette précision dans les gestes, ce souci du détail. Tu t'es remis à tuer, à quatre ou cinq reprises ; violer les lois en devint presque une routine. Pour toi c'était une véritable renaissance, enfin tu savais quelle était ta place dans l'organisme du monde.
Et tu as continué, inlassablement, tu n'en avais jamais assez. Tes nuits raccourcissaient, tu te consumais sitôt que tu n'avais plus rien à faire. Tu t'es mis à collectionner, à chercher au plus inhabituel, au plus difforme, au moins admis - naturellement, tu t'es intéressé à la maladie et au surnaturel. Et Scotland Yard, que tu ne cessais d'éconduire avec un peu de poussière de fée quand leurs pistes approchaient d'un peu trop près ton cimetière. Tu as initié des dizaines de recherches et d'ouvrages, très peu que tu fus en mesure de finir, et tant que tu ne pouvais tout simplement pas publier. Et s'il y a bien un sujet où tu étais passé maître, c'était bien sur l'effet de tes dons de guérison sur la putréfaction des corps - à tel point qu'à force de travailler sur celle-ci et sur la régénération des cellules, tu t'es même mis à envisager la question de l'immortalité.
MEREDITH. Ton addiction s'accrut de jour en jour, jusqu'à celui fatal où ton regard s'attarda sur un visage en larmes. Elle portait le noir du deuil, les joues creusées, les abysses brunes sous son regard. Tu t'en épris au premier coup d’œil, puis ce furent les premiers balbutiements d'une romance de cimetière. Tu la revis, et revis encore - bientôt tu ne vis plus qu'elle. Quoi qu'elle t'ait demandé tu l'aurais fait, ce qu'elle comprit sans mal : te prenant pour un illuminé trop crédule, elle s'inventa une passion pour la mort de sorte à te ressembler. C'était ton titre et ton argent qu'elle convoitait hélas, et il fallut donc peu de temps pour que tout ceci ne dégénère. Une fois la main mise sur ta petite fortune, elle avait compté fuir avec cette autre femme - cette femme répondant au doux nom de Agatha Egerton, quoi que tu ne le sus jamais.
Mais tu ne vis rien de tout cela, idiot que tu es. Tu étais fou d'elle à ce point que tu t'es mis en tête de l'épouser. Seulement, tu étais conscient que tes passions n'étaient pas tout à fait banales et qu'il y en avait une large partie que Meredith ne soupçonnait encore. Il fallait que tu en aies le cœur net, c'est pourquoi tu l'as prise par la main un soir et lui as demandé de te suivre. Elle était dans ta poche, ce jour-là, cette petite bague qui devrait t'attacher à ses chevilles pour l'éternité. Tu étais trop confiant - de but en blanc, exposant ton musée morbide, tu lui as tout avoué. Peut-être était-ce une erreur, qui peut le dire ? Tous ces mensonges qu'elle avait prononcé pour te convaincre se mirent à lui brûler la gorge devant l'ampleur de tes crimes. Elle perdit ses couleurs et te déversa au visage tout ce qu'elle aurait pu dire de pire, crachant impitoyablement sur tout ce qu'elle t'avait juré.
La colère ne t'avait jamais pris si furieusement, à tel point que quelques unes de tes articulations flanchèrent par tes seuls tremblements de rage. Ta propre pelle asséna le coup fatal, si violemment que son crâne se fendit en un craquement sinistre et qu'elle s'effondra raide dans une mare écarlate. Tu avais perdu pied, Basil, tuer ne t'avait pas suffi, et tu n'avais pas encore cessé de l'aimer. Tu baisas dans un silence terrible ses lèvres inanimées et t'approprias sa chair avant qu'elle ne refroidisse, puis tu disloquas sa nuque et fit de sa carcasse un véritable travail d'orfèvre. Son crâne, depuis lors, repose sur l'étagère de ta chambre, et tu lui parles quelques jours quand tu n'as rien à faire. On ne s'étonnera pas que tu n'aies plus rien espéré de l'amour après cette infortune.
CHARLOTTE, ENCORE. Tu avais pourtant bien assez à penser, mais la vie décida de ne pas te faire attendre. Un drame supplémentaire mit les Egerton sans dessus-dessous, la disparition de Charlotte. Et comme pour tous les drames de votre famille, ce n'était pas le fruit du hasard. Charlotte, évaporée à Bray ! Pour ta mère, c'était l'évidence : les Ò Murchù, ces tritons de malheur, en étaient responsables. Alors elle te pressa, toi qui était inutile et qui n'avait rien d'autre à faire, de t'y rendre pour tâcher de la retrouver. La police était incompétente, et ton père n'aimait rien moins que le scandale. Tu as refusé bien sûr - parce que tu te fichais bien du sort de ta sœur. Et de manière générale, elle ne manquait à personne, sauf peut-être à Susan. Votre mère n'avait jamais autant aimé sa cadette en dix ans que depuis qu'elle s'était volatilisée, et tu trouvais cela d'une hypocrisie incomparable. Alors tu refusais, mais à force de trouver son visage acariâtre devant ta porte tous les matins, tu t'es trouvé peu à peu dans l'incapacité de poursuivre tes activités illicites et tu as finalement cédé à la pression maternelle.
Ce que tu ignorais, que tout le monde ignorait d'ailleurs, c'était la raison profonde de cette disparition, mais je l'expose ici car tu le sauras bientôt. Il fallut que Charlotte commette une adultère, et que cette adultère lui fasse accoucher de jumeaux. Ces neveux que tu chéris au point d'envisager de tuer leur père, alors que leur véritable géniteur n'est autre que Gidéon Ò Murchù. Castiel n'a pas été fou de joie quand il l'a appris, mais ta mère n'aurait pas fait mieux. Elle aurait sans doute égorgé sa fille de ses propres mains si elle avait appris que ses petits-enfants lui venaient du triton qu'elle avait aimé autant qu'elle l'avait haï. Pendant plus de deux ans, ta sœur est restée en vie dans un état à peine humain, aux mains de ce fou qui en est aujourd'hui presque ta Némésis.
Poussé par-delà la mer d'Irlande par le souffle de la mère que tu rêvais d'assassiner, et tout fagoté de la frustration de n'être qu'un pion dans son schème de vengeance contre les O'Murchu, tu t'étais préparé au pire en arrivant à Bray. Pas assez sans doute, car rien ne s'est passé comme prévu : au lieu de tuer Hécate comme vous en aviez convenu, tu as croisé le chemin de la benjamine, l'insouciante Phoebe qui t'a plu sur l'instant, que tu as séduite et engrossée d'un fils sous le martyr d'une pulsion malsaine et inattendue. Ambrose, votre immonde progéniture inter-espèce que tu as regretté davantage chaque année depuis ce jour. Avec le recul, tu te trouves bien con - mais c'était ta vengeance et ce genre de sentiment de rancune n'était pas dans ta nature; tu l'avais consumée en une nuit et tu n'avais plus la moindre intention de tuer. Retrouvant comme par cet acte ton libre-arbitre, tu t'es libéré des consignes maternelles, et tu as suivi ton objectif propre : retrouver Charlotte et garantir tes neveux de la menace des O'Murchu. Tu as pris fonction au cimetière de Bray. Tu es entré comme chercheur dans les rangs des scientifiques des Dux Tenebris. Tu as trouvé de quoi te passionner et t'occuper, tu as eu des projets et ce séjour s'est éternisé et t'as détourné de ton premier but qui n'aboutissait à rien. Il y eut ton cousin, ton voisin cannibale, la naissance de ton fils, Phoebe qui voulait faire de toi un père ; il y eut Kochtcheï, surtout lui d'ailleurs, par lequel tu t'es embrigadé dans des projets toujours plus audacieux, toujours plus risqués, toujours plus intenses. Fuir les uns, poursuivre les autres, et tes cadavres toujours un peu partout. Tu n'as pas été très sage pendant ces deux années. Tu as vécu pleinement. Tu finis pourtant par arriver au but : par une oracle, Emily, tu appris l'adultère de Charlotte avec le père O'Murchu, le sang impur rampant dans les veines de tes neveux ; puis ce fut Castiel qui, au bord de l'incarcération, largua le cadavre défiguré de ta sœur sur ta propre table d'examen. Au choc succéda le soulagement, enfin tu étais prêt à tourner une page de ta vie. Mais quelque chose d'autre t'empêchait de vivre et chaque jour le sentiment se fit de plus en plus inadmissible. Phoebe n'avait jamais lâché prise, et toi tu perdais pied ; jamais tu n'avais ressenti de regret plus intense qu'à l'égard de ce monstre qui portait ton génome. Tu n'avais jamais eu la fibre paternelle, ni aimé les enfants d'ailleurs - mais cette fois, ça te rendait malade. Il fallait que tu le tues, si tu ne voulais pas tuer au hasard pour te passer les nerfs. Tu n'as jamais été le genre à partir en folie meurtrière à la première contrariété, mais cette fois tu en as été trop proche. Tu t'es mis à tuer de sang froid. Alors tu as fait ce que tout homme sensé ferait : tu t'es introduit chez les O'Murchu, volant à l'étage, allant briser une fenêtre. Tu as trouvé l'enfant, levé ton scalpel et... tu es mort. Fracassé à répétitions, décelant dans les ombres à travers la douleur le visage de ton agresseur - tu n'es pas mort sur le coup mais tu n'as pas tardé, d'ailleurs, il n'est plus resté grand chose de reconnaissable après que Castiel se soit occupé de toi. Laissant derrière toi un cimetière à l'abandon, où s'accumulaient les dépouilles les plus sordides, et une cave regorgeant de curiosités et d'illégalité. Pour n'importe qui, tu as disparu sans laisser de trace, sans un mot d'adieu, comme un courant d'air. Mais tu es mort. Pendant trois ans, tu n'es plus resté qu'un souvenir, partagé entre ta dépouille au fond de l'océan et ton âme errante au purgatoire. Trois ans, et même encore davantage : ta conscience, ton libre-arbitre, des concepts distants qui te revinrent par à-coups après la fracture, rupture, libération. Plus le temps s'écoulait depuis ton décès, plus tu te sentais regagner le monde matériel; apparaissant dans ce cimetière, t'évanouissant, revenant encore, et peu à peu tu te souviens. Mais tu es de retour maintenant ; de retour dans le monde des vivants, et tu n'as qu'une idée en tête. Tuer ce fils de 12 ans désormais ; le tuer, et tuer Castiel avec lui, pour la forme. Tu découvriras bien assez tôt que dans ton état actuel, la mort n'est hélas pas si facile à donner, pas plus qu'elle n'est facile à vivre.
prénom(s) et/ou pseudo Mos âge 22 fréquence de connexion EVERYDAYYYY où as tu découvert le forum? Par un ancien membre, mais JE SUIS LE PAPA MAINTENANT ton opinion sur le forum, design, codage inventé ou scénario? inventé demander un rp d'intégration? nop autre choses? Ah shit, here we go again. lien obligatoire à fournir pour le répertoire - Code:
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<libre>HOMME DE FOI (ESPÈCE AU CHOIX, H) +</libre> Basil est un homme résolument athée né dans une famille rigoureusement anglicane. Il se fait un point d'honneur à enquiquiner les hommes de foi qu'il rencontre, et c'est d'autant plus vrai qu'il assiste à un nombre faramineux de cérémonies funéraires. Bien évidemment, les prêtres passés par Bray ne font pas exception à la règle : Basil est leur hantise, et il revient encore les contrarier sur un ton bon enfant.
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